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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Les Mythes et les Religions

    Arlitto
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 16:45

    Rappel du premier message :

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    Une des figures la plus connue de la déesse de l’amour et de la guerre se retrouve chez l’Ishtar babylonienne.


    L’étude  des textes anciens et les données archéologiques nous permettent sans  aucun doute de l’assimiler à Inanna, une déesse sumérienne. Elle est  connue pour ses nombreuses prouesses guerrières et son goût pour la  violence. Elle contrebalance ce trait de caractère par un grand instinct  maternel et un grand désir d’attraction. L’emprise qu’elle a sur les  dieux, les hommes et les animaux est illustrée par son emblème qui est  la chouette, oiseau nocturne de proie.



    Isis. Quels noms pourrait-on donner à cette déesse guerrière dont le désir était sans fin ?



    Mythologie perse : Anahita, Qadesh
    Mythologie mésopotamienne : Ishtar et Inanna
    Mythologie hourrite : Hébat, Shaushga
    Mythologie hittite : Hannahanna
    Mythologie phénicienne : Astarté, Qadesh, Ashtart, Anat, Atargatis, Shalim, Marie l’Egyptienne
    Mythologie arabe : Allat
    Mythologie égyptienne : Nephtys (Nebet-Hut), Anat, Qadesh, Marie l’Egyptienne
    Mythologie grecque : Athéna, Aphrodite, Ariane, Erigoné
    Mythologie nordique : Freya, Morrigane
    Mythologie maya : Coyolxauhqui
    Mythologie hindoue : Mahishâsuramardinî, Durga, Kali, , Saravastî
    Mythologie juive : Oholiba
    Mythologie chrétienne
    : Marie-Madeleine



    Dans  l’épopée de Gilgamesh, Ishtar est accusée de provoquer la mort  journalière de son époux lion. L’emblème par excellence de cette déesse  est le lion. La déesse en surmonte un dans de nombreuses  représentations. Le lion est un symbole très régulièrement associé à  Vénus. On qualifie Vénus dans de nombreux textes anciens, d’étoile du  matin et d’étoile du soir.  Le soleil à son lever fait progressivement  disparaître l’éclat de Vénus au matin, celle-ci ne réapparait qu’au soir  sous le nom de l’étoile du soir. Ashtart est l’étoile du soir  phénicienne, épouse d’Ashtar le dieu lion étoile du matin. Pour prouver  que les 2 lions étoiles ne forment qu’un, en Egypte il existe le signe  ‘kr qui est un hiéroglyphe où l’on voit les 2 lions soudés entre eux.  Ces 2 lions sont le symbole par excellence du nouveau soleil Horus qui  renaît en sortant de la colline primordiale. Ashtart est parfois  représentée nue tenant des lotus qui sont ses attributs habituels. La  déesse a un visage de lionne avec une coiffe hathorique. Dans les textes  de Ras Shamra, Shalim est l’étoile du soir.  On raconte que Shahar et  Shalim sont associées à la déesse solaire et l’aident à recueillir du  venin de serpent pour dissiper les gros nuages qui planent sur Terre.  Qadesh, déesse phénicienne, est représentée debout sur un lion dont  l’emblème est une croix symbole de Vénus. La version arabe se retrouve  chez Allat. Elle est laGrande déesse de la fécondité et la guerre. On la  représente accompagnée d’un lion. On retrouve des vestiges liés à cette  déesse à Palmyre. Elle apparaît sur des tessères, des stèles  babyloniennes. On la représente souvent debout et armée, assise entre 2  lions ou parfois dressée sur un lion comme à Hatra.





    1)  Qadesh au musée du Louvre, 2) double lion égyptien, 3) Durga grotte  d'Ellora, 4) Allat temple de Baalshamin à Palmyre 5) Ishtar au British  Museum 6) Mahishâsuramardinî grotte de Tamil Nad



    Ces  2 lions sont assimilés parfois à des chats. En effet Freya, la déesse  protectrice des passions de l’esprit et de la chair, conduit un char  tiré par 2 chats. Seule Frigg la femme d’Odin la dépasse en beauté.  Freya est une femme faucon (tout comme Horus) qui réside à Folkvang, le  Champ-des-Armées. Elle parcourt les plaines où se sont entre-tués les  guerriers. Elle peut emmener la moitié des morts aux combats, l’autre  moitié est emmenée par Odin. Son mari l’a quitté pour voyager dans des  pays lointains. Ainsi elle pleure sans cesse après lui. Nous voyons ici  Freya comme une pleureuse divine, fonction qu’on retrouve également chez  Nephtys (appelée aussi Nebet-Hut). C’est une déesse égyptienne qui aide  Isis à reconstituer le corps d’Osiris et à l’embaumer. Les 2 déesses  vont se transformer en êtres volants au-dessus de la dépouille pour la  protéger jusqu’aux funérailles. Ce rôle funéraire est également associé à  Hannahanna, la déesse hittite, reine des abeilles. Elle tente  maladroitement de retrouver Telepinu en envoyant une abeille à sa  recherche (son fils dieu de l’orage participe également). L’abeille doit  piquer les pieds et les mains de Telepinu. Elle doit le mettre debout  et le purifier avec de la cire et enfin le ramener auprès d’Hannahanna.

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    Nephtys dans la tombe Khabekhenit. Source : http://jfbradu.free.fr/egypte/LES TOMBEAUX/LES HYPOGEES/VALLEE-DES-ARTISANS/tombe-khabekhenit.jpg]http://jfbradu.free.fr/egypte/LES%20TOM ... khenit.jpg[/url].



    Marie-Madeleine  est également une grande pleureuse. Un passage très intéressant d’elle  se trouve en Luc 8:2 où on raconte que plusieurs femmes furent guéries  d’esprits mauvais et de maladie : « Marie, appelée la Magdaléenne, de  laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chouza, intendant  d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs  biens ». Ce passage fait référence aux 7 portes des enfers que doit  passer Ishtar/Inanna. En Luc 7:38, on apprend qu’une pécheresse a arrosé  les pieds de Jésus avec ses larmes. Il s’agit de Marie-Madeleine la  pleureuse. Tout comme Marie et Marie-Madeleine sont au pied de Jésus  lorsqu’il est sur la croix, Isis et Nephtys sont les pleureuses  d’Osiris. La punition d’Ereshkigal (la reine du Kigal) envers  Ishtar/Inanna a été la mort rituelle pour avoir causé la mort de son  époux. Marie-Madeleine est également connue sous son nom de Marie  l’Egyptienne. Des textes complémentaires à la Bible nous racontent une  histoire  qui semble avoir pris naissance chez les Palestiniens au VIème  siècle. Marie l’Egyptienne raconte à un ascète de 54 ans appelé Zosime,  qu’elle est tombée dans la débauche et qu’elle a un mal fou à combler  ses désirs. Elle a eu une multitude d’amants. Pour vaincre ses désirs,  elle a vécu 17 ans dans un désert, avec pour seule nourriture 3 pains. A  la fin de sa vie, Zosime découvre son corps près d’une rivière et il  demande à un lion de creuser de ses griffes une fosse pour pouvoir l’y  enterrer et finalement lui permettre le voyage aux enfers.



    Un  texte fort connu nous parle la descente d’Ishtar aux enfers. Ce texte  fut découvert dans le temple de Ninive. C’est une version écourtée du  texte appelé « la descente aux enfers d’Inanna ». Cette déesse décide de  se rendre aux enfers, dans le royaume d’Ereshkigal la reine des enfers,  pour retrouver son époux Tammuz et le réssusciter. Ishtar descendra aux  enfers en passant par 7 portes. Elle est obligée de se dévêtir  progressivement en passant les différents niveaux. Il s’agit d’un rite  visant à la déesse de s’absoudre de ses pêchés (les 7 péchés capitaux).  Au terme de cette descente, Ishtar meurt ce qui provoque l’arrêt des  accouplements des hommes et des animaux sur terre. Elle recherchait  chaque année son époux aux enfers. On célébrait un mariage sacré entre  ces 2 époux. Cette mort provoquée par une autre déesse est la même pour  Ariane, fille de Minos le taureau roi des enfers. Ariane est tuée de  manière violente par Artémis sous l’investigation de Dionysos. Celui-ci  était en fait jaloux de Thésée car il a été l’amant d’Ariane. Elle est  la déesse de la croissance printanière. Elle se pend au platane, arbre  qu’il lui est consacré, tout comme Odin et également Erigoné qui se pend  à un pin. Pour séduire Dionysos, Erigoné se transforme en grappe de  raisin. Apprenant la mort de son père, elle se pend de désespoir. Le but  est de redonner vie à la végétation. La mort de cette déesse pendue à  l’arbre signifie qu’elle meurt et descend aux enfers avant de remonter  au printemps.

    Le  désir charnel et les infidélités qui en découlent font partie  intégrante de la déesse grecque Aphrodite. Elle est mariée à Héphaïstos,  ce qui ne l’empêche pas de vivre de très nombreuses aventures avec  d’autres dieux. L’adultère d’Aphrodite avec Arès (le dieu de la guerre  grecque) est révélé par le dieu Hélios, qui sera maudit (ainsi que sa  descendance) par la déesse. Héphaistos finira par pardonner les  infidélités d’Aphrodite. Celle-ci est également la patronne de la  prostitution sacrée. Comme les filles du roi de Chypre refusent de  l’honorer, elle les pousse à la prostitution. On célébrait celle-ci  notamment à Aphaca qui est l’un des sanctuaires les plus célèbres de  Phénitie (à une journée de marche de Byblos). Ce site comprenait un  temple renommé d’Aphrodite-Astarté en principe fondé par Kinyras, roi de  Chypre. Le site était célèbre pour ses rites de prostitution sacrée.  Astarté est la souverraine céleste en Phénicie qui se serait éprise de  son gardien divin Kombabos.



    Ishtar  est également considérée notamment comme l’épouse d’An (la particule AN  signifie ciel). On l’appelle justement « la Reine du ciel ».  C’est probablement la raison pour laquelle beaucoup de noms de la déesse  contiennent cette particule. La déesse reine du ciel et de la terre  pour les Hourrites est Hébat (Hépat).Celle-ci est une déesse hourrite  femme de Teshub. Ils ont pour fils Sarruma, dieu de l’orage. Hébat est  appelée la déesse solaire de la cité d’Arinna. Dans le sanctuaire de  Yazĭlĭkaya (à côté de Boǧazköi), on représente Hébat au côté de l’aigle  bicéphale. Anat (Hanat), une déesse phénicienne porte aussi un nom  similaire : « la maitresse des cieux élevés ». C’est une déesse  guerrière qui est la maitresse des aigles parmi lesquels elle plane. Ce  caractère la probablement suivie en Grèce où elle est devenue Athéna et  cela explique pourquoi son attribut est la chouette, un autre rapace  mais cette fois-ci nocturne. L’aigle tient souvent dans son bec un  serpent. Ce serpent lui confère l’immortalité qu’il tient dans son bec  ou dans ses serres. Le serpent est bien le symbole de l’immortalité qui  permet de guérir et on le retrouve dans le caducée de la médecine. Le  culte d’Anat était répandu en Syrie et en Palestine mais également en  Egypte. Elle persiste jusqu’à l’époque hellénistique dans certains  milieux phéniciens. Au début du VIIe siècle, elle n’est vénérée qu’avec  certitude à Chypre. La rivalité d’Anat et du dieu Yam n’est qu’une autre  version de la lutte entre Athéna et Poséïdon. Le texte bilingue de  Lapéthos découvert sur un talon de lance dans un sanctuaire d’Athéna à  Idalion prouve qu’Anat et Athéna étaient confondus.



    Athéna  est également une déesse de l’amour et de la guerre. Elle est  représentée debout, le casque en tête, le bouclier dans la main gauche  et le bras droit qui brandit une lance. Athéna est connue par sa  naissance toute particulière. On raconte que Zeus après avoir avalé  Métis sur le point d’accoucher, souffre d’une terrible mal de tête et  qu’Héphaïstos lui fend le crâne avec une hache. Il en sort Athéna vêtue  d’une armure, d’un casque et prête au combat. On la considère comme la  déesse du tissage. Ce rôle est également attribué à la déesse aztèque  Coyolxauhqui. Elle est la déesse guerrière sœur de Huitzilopochtli qui a  poussé ses frères à décapiter sa mère. Huitzilopochtli sort armé du  ventre de sa mère et tue ses frères, sa sœur et tout ceux qui avaient  comploté contre sa mère. Cette naissance est céleste et identique pour  la déesse guerrière hindoue appelée Kali. Celle-cisort  du front de Durga. Selon le texte Devi-Mahatmya, lors du combat contre  Canda et Munda, la déesse Durga qui est assise sur un lion au sommet de  l’Himâlaya est tellement en colère que sont teint devient noir et de son  front jaillit Kâlî au visage terrible armé d’une épée et d’un lasso.  Elle tient à la main un bâton multicolore, orné d’une multitude de  crânes. Elle est vêtue d’une peau de lion. Elle est horrible à voir.  Elle détruit énormément de démons, d’éléphants, et de chevaux qu’elle  avale et déchire à belle dent. Tout comme Athéna, Saravastî sort du  front de Bhrama. Elle est considérée comme l’épouse de Brahma. On la  réprésente souvent avec le livre pustaka qui contient les formules du  Sacrifice. Parmi ses attributs on retrouve notamment la fleur de lotus  (padma). Les montures ou véhicules sont un lion, un oiseau l’anser qui  est un oiseau aquatique et la monture de Brahma, le bélier ou le paon.  Elle porte parfois une calotte crânienne appelée Kapäla. Certains textes  remplacent Bhrama par Vishnou ou par Krishna.

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    Athéna - Musée du Vatican.


    La  fleur de Lotus semble être un symbole souvent associé à la déesse de  l’amour et de la guerre. Lors de la rédaction de cet article, il me  semblait que Lakshmi correspondait à l’archétype de la déesse de l’amour  et de la guerre, néanmoins plusieurs raisons m’amènent à refuser  aujourd’hui cette hypothèse. Je laisse l’ensemble des arguments qui  m’avaient amené à tord à cette conclusion : « Lakshmi  est une déesse hindoue, femme de Vishnu. D’après la Praçnottaramâlâ, ce  sont des fleurs de lotus qui soutiennent Vishnu. Lorsque cette déesse a  2 bras, on la représente avec 2 lotus ou un lotus et un fruit. On a  représenté cette déesse également entre 2 éléphants qui l’aspergent.  Cette déesse est également vénérée en Indonésie. A Bali, un mythe  raconte que Lakshmi à dû se soumettre à l’amour de Vishnou et elle en  serait morte. Le riz est alors surgi de son nombril, après que son corps  ait été enterré. Un autre partenaire sexuel de cette déesse est Agni  Jatavedas (Agni est justement une image d’Horus, le fils d’Osiris).  Cette déesse est également associée à Indra le roi des dieux, qui est le  dieu responsable des orages et de la pluie. » 




    En  effet aujourd’hui, Lakshmi apparaît à mes yeux comme une divinité  distincte. Le principal argument est qu’elle est plus considérée comme  la mère de l’humanité et des dieux. Ce rôle ne semble pas être associé  généralement à la déesse de l’amour et de la guerre.

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    Lakshmi, la déesse hindoue au lotus. Source : http://users.skynet.be/lotus/lotus/lotus0-fr.htm



    Qadesh  également associée au lotus semble quant à elle davantage caractériser  la déesse de l’amour. Elle est une déesse (d’origine perse introduite en  Egypte) qui symbolise la volupté et le désir charnel. On la représente  nue et souvent sur un lion. Elle tient dans ses mains à la fois des  serpents et des lotus, attributs de l’érotisme. Le serpent qu’elle peut  offrir symbolise l’immortalité confèrée au dieu qui partagera sa couche.  Les serpents sont le symbole par excellence de l’immortalité par leur  renouvellement de la peau. Les fleurs de lotus symbolisent la vie  renouvelée.



    La  déesse de l’amour et de la guerre est célèbre par sa beauté légendaire  qui rendit fou beaucoup d’hommes. L’Anat perse appelé Anahita est d’une  envoutante beauté. Dans les textes, les adjectifs pour la qualifier sont  les suivants : puissante, brillante, de taille élevée, majestueuse,  jeune fille, belle, à la large ceinture, à la taille élancée, noble par  son visage brillant, ornée d’un brillant diadème d’or, ornée d’un  manteau du plus séduisant aspect couverts d’ornements d’or. On retrouve  encore dans sa représentation une association au lion. Cette divinité  fut propagée au Proche-Orient par les prêtres zoroastriens. Anahita est  assimilée à Nana, unedéesse d’origine suméro-akkadienne, qui est  également représente flanquée de son lion. Elle fut adoptée par les  peuples de Sogdiane. Toutes les déesses abordées plus haut sont toutes  d’une beauté prodigieuse.



    Au  terme de cette étude, nous pouvons retracer une histoire autour de la  déesse de l’amour et de la guerre. Celle-ci naîtra sous la forme de  l’Athéna guerrière et représentée par l’astre Vénus colérique. Pendant  une bonne partie de sa vie, la déesse de l’amour et de la guerre vivra  dans la douleur du désir inassouvi, et d’un besoin constant de  reconnaissance envers ses pères (An et Seth). Cette soif l’amènera  probablement à étendre son influence et entrera en guerre contre  d’autres dieux. Ce besoin d’attention se répercutera dans les très  nombreux temples construits en son honneur de par le monde. Elle  s’éprendra du dieu de la sagesse, de l’agriculture, de l’eau. Ce dieu  est alors intiment lié à la déesse des enfers Ereshkigal appelée  également Isis, Artémis,…L’union qui en découlera provoquera la mort du  dieu et Ishtar devra subir le rituel aux enfers afin de s’absoudre de  ces pêchés. Isis et Nephtys (Marie et Marie-Madeleine) seront les 2  grandes pleureuses du dieu mort qui seront gardiennes du corps d’Osiris.  Horus naîtra et Nephtys deviendra sa nourrice mais également sa  maîtresse. La disparition du taureau soleil survenue au moment de  l’apparition de la lionne vénusienne le soir sera une image de ce  qu’aura été le couple Enki avec la déesse de l’amour et de la guerre :  un instant éphémère.



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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:19

    La redécouverte d’Ur, la cité sumérienne de Nanna-Sîn
     
    Les Mythes et les Religions - Page 3 41dj
     
    Ur,  une ancienne cité sumérienne, nous livre une partie de ses secrets  depuis sa découverte par Leonard Wooley et son équipe au début du 20ème  siècle…


     Le Moyen-Orient fut l’objet de recherches intensives au cours du  20ème siècle. Un peu partout sur ce vaste territoire, des fouilles se  sont organisées et ont permis de réécrire l’histoire et notamment la  naissance d’une des plus anciennes civilisations. Ces fouilles se sont  principalement orientées vers des tells, qui sont en fait des collines  artificielles formées par l’accumulation de ruines superposées.

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     Schéma des villes de Sumer et d’Akkad et localisation d’Ur. 

     
     Une des premières mentions d’Ur est donnée dans la Genèse 11:31 :  « Térah prit son fils Abram, sont petit-fils Lot, fils de Harân, et sa  bru Saraï, femme d’Abram. Il les fit sortir d’Ur des Chaldéens pour  aller en pays de Canaan, mais arrivés à Hârân, ils s’y établirent ». En  1853, l’anglais Taylor identifia le site en Irak grâce à une inscription  sur un cylindre d’argile. Il a fallu attendre 1922, pour que voit le  jour une campagne de fouilles conduite par le British Museum et  l’université de  Pennsylvanie, sous la direction de Leonard Wooley. Son  équipe et lui fouillèrent le tell al-Muquaiyar pendant 6 saisons  d’hiver. Le schéma ci-dessous donne une idée générale du site d’Ur.


     Une des premières découvertes était une enceinte contenant les  restes de 5 temples positionnés à proximité de la ziggurat du  roi-Ur-Nannu (appelé également Ur-Nanna) qui était dédiée au dieu de la  lune Nanna-Sîn. Cette ziggurat est celle qui est la mieux conservée des  sites mésopotamiens. Mesurant à sa base 60,50 m sur 43 m, elle atteint  encore à l’actuelle 20 mètres de haut (le premier et la moitié du second  étage ont subsisté). Du temps de la 3ème dynastie d’Ur, elle comportait  3 étages de plus en plus petits et couronnés par une chapelle.

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     Ziggurat d’Ur


     Les fouilles ont permis également de mettre à jour des maisons qui  étaient toutes pour la plupart des villas à étages comportant 13 ou 14  pièces. Quelques années après la découverte de la célèbre tombe de  Toutankhamon, Leonard Wooley et son équipe découvrirent à leur tour des  tombes d’une richesse extraordinaire dans une butte de quinze mètres de  haut située au sud des temples. Ils avaient mis au jour les tombes  royales d’Ur. Elles étaient antérieures à celle de Toutankhamon de plus  de 1000 ans et elles n’étaient pas moins riches. Au total plus de 1800  sépultures ont été découvertes. Ces tombes eurent un retentissement  énorme dans le monde de l’archéologie sumérienne. Seize d’entre elles  étaient toutes particulières tant par leur architecture que par les  richesses qu’elles renfermaient. On y découvrit des harpes et des lyres,  des statuettes, des coupes et des gobelets en or, des vases aux formes  étonnantes, de la vaisselle de bronze, des bas-reliefs en mosaïque de  nacre, de lapis-lazuli et d’argent. Un petit aperçu de ces merveilles  est visible dans le diaporama ci-dessous. A l’heure actuelle, une partie  de ces œuvres se trouvent dans le Musée de Philadelphie, au British  Museum ou ce qui reste du Musée de Bagdad.


     Dans les tombes royales d’Ur, des personnages riches et puissants  ont été enterrés. Ceux-ci étaient pour la plupart accompagnés de  nombreux individus (jusque 63 dans la « tombe du roi » et jusque 74 dans  la tombe appelée « la Grande Fosse de la Mort »). Il s’est avéré que  ces individus étaient en fait enterrés avec leur maître et manifestement  morts par empoisonnement. Il y avait des soldats avec leurs armes, des  cochers avec leurs chariots, des musiciennes avec leur lyre et des dames  de la cour avec leur parure (voir schéma ci-dessous). Cette manière de  procéder se rencontre également pour l’Egypte, la Chine, l’Assam et même  chez les Comans de Russie.  Dans certaines tombes, on a retrouvé des  vases en métal et des sceaux cylindres qui ont livré les inscriptions de  8 hommes et 4 femmes. Bien qu’aucun d’entre eux ne figurent sur les  liste royales sumériennes, il n’est pas pour autant impossible que  certains aient été reines ou roi comme le suggèrent les titres de Nin  (applicable aux reines ou aux prêtresses) pour Pû-abi et Nin-banda et de  lugal pour Meskalamdug et Akalamdug.
     

     Une des découvertes les plus énigmatiques faite par l’équipe de  Wooley concernent une couche d’argile découverte dans les puits de  creusement des fouilles. Avec l’avancement des forages, on découvrait de  nouvelles couches de dépôts plus profondes comprenant des débris de  vases. Ces objets en céramique étaient toujours équivalents à ceux  découverts dans les tombes royales, laissant suggérer qu’au cours des  siècles la civilisation sumérienne n’avait pas subi de grands  changements. A un moment, les archéologues sont arrivés dans une couche  d’argile vierge de toute présence humaine. Cette couche faisait 3 mètre  d’épaisseur et était identique à celle de certaines alluvions.  Au-dessous de celle-ci, ils retrouvent très subitement une couche de  terre contenant à nouveau des débris de céramique, mais cette fois-ci  cette poterie avait complètement changée d’aspect et elle était réalisée  à la main. Selon des calculs très précis, il était évident que cette  couche d’argile n’était pas laissée par des traces d’alluvions de  l’Euphrate car le niveau de fouille était trop élevé par rapport au  niveau du fleuve. La seule explication plausible aux yeux de Leonard  Wooley pour étayer ce phénomène était le déluge. Pour confirmer cette  hypothèse, 2 autres forages ont été entrepris et ont conclu de manière  identique. Des restes de petits animaux marins confirment l’origine  marine de l’argile. Un peu partout dans une zone large de 160 km et  longue de 630 km allant du golfe persique en direction du nord-ouest,  cette couche d’argile a été retrouvée. Seule l’épaisseur de la couche  étant différente. L’étendue du déluge n’est pas forcément localisée à  cette zone. En effet, cette zone correspond in fine à la localisation  des dépôts d’alluvions. A la vue de l’âge des couches de débris laissés  par l’homme, cette inondation s’est déroulée il y a 4000 ans av. JC.



     Les listes royales sumériennes peuvent être utilisées comme point  de départ pour l’étude des lignées royales d’Ur. Une liste royale  sumérienne de base a été reconstruite à partir de 15 vieilles copies  babyloniennes, bien qu’elles diffèrent sur plusieurs points : expression  différentes, longueur des règnes, certaines dynasties sont citées dans  un ordre différent,… Sur base de ces listes et des découvertes  archéologiques corroborant les dynasties royales sumériennes, un schéma  récapitulatif représente ci-dessous les trois dynasties d’Ur et donne  pour chaque roi la durée du règne. La toute première dynastie d’Ur a été  créée vers 2560 ans av. JC par Mesanepada (« Héro choisi par An »). A  cette époque, c’était encore une petite ville (plus petite qu’Uruk et  Lagash), donc la richesse était due au commerce maritime de son port  fluvial. Mesanepada a fait de cette ville la capitale de toute la  Mésopotamie. Néanmoins cette hégémonie ne persistera pas. Balulu sera le  dernier roi de cette dynastie. Pour la seconde dynastie d’Ur, on ne  sait presque rien. Par contre la 3ème dynastie d’Ur est fort  documentée. En 2113 ans av. JC, Utu-hegal est détrôné par Ur-Nammu  (« guerrier de la déesse Nammu ») gouverneur d’Ur. Quatre ans plus tard,  il se fait couronner à Nippur et il est alors appelé roi d’Ur, roi de  Sumer et d’Akkad. Ainsi la 3ème dynastie d’Ur est fondée et  c’est une des périodes les plus brillantes de l’histoire mésopotamienne.  On peut à proprement parler de la renaissance de la culture sumérienne.  Ur-Nammu meurt sur le champ de bataille. Un long poème nous décrit ses  funérailles et les trésors qu’il emporte dans sa tombe.

     Les Mythes et les Religions - Page 3 C111
     Liste des rois des dynasties sumériennes. 

     
     Son fils Shulgi (« noble jouvenceau ») lui succède. C’est lui qui  promulgue probablement le plus ancien recueil de lois découvert à Nippur  sur une tablette et sur 2 fragments à Ur. Ce « Code » a un grand  intérêt historique car outre la précision juridique sur les droits des  citoyens, il précise notamment qu’Ur-Nammu a développé l’agriculture, il  a creusé plusieurs canaux, il a restauré les fortifications détruites  ou délabrées, il a bâti ou rebâti des temples et des ziggurats  (notamment à Ur, Uruk, Larsa et Nippur). Shulgi se fait appeler «  roi  des Quatre régions » et il se fait adorer comme un dieu. Il s’attèle à  s’emparer de la région comprise entre les 2 affluents Tigre l’Adhem et  le Grand Zab. Il étend également le territoire de son royaume à l’Elam  (Iran). Les montagnards d’Iran sont utilisés comme une légion étrangère  chargée de protéger la frontière orientale. Shulgi et son fils Amar-Sîn  sont les 2 rois qui connaissent l’apogée du royaume. L’empire d’Ur est  alors bien organisé.


     La 3ème dynastie d’Ur rencontre les premiers conflits annonciateurs  de la fin du royaume sous le règne de Shu-Sîn, frère et successeur  d’Amar-Sîn. Dans les textes, les responsables du déclin sont le pays ou  le peuple appelé Martu en sumérien, Tidnum et Amurrum en akkadien. Ce  pays s’étend de l’Euphrate jusqu’à la Méditerranée. Amurrum désigne  l’ouest. Les gens de ce pays sont appelés les Amorrhéens ou les  Amorrites. Les Martu sont considérés dans les textes comme « des  barbares qui razzient les villages et volent voyageurs et caravanes ».  En 2028 ans av. JC, Ibbi-Sîn succède à son père Shu-Sîn. L’empire se  morcelle malgré la conquête de Suse, d’Adamtu et du pays d’Anshan.  Plusieurs cités (Eshnunna, Suse, Lagash, Umma et Dêr) vont se révolter  et se séparent provoquant des problèmes d’approvisionnement en  nourriture à Ur. Les Martu vont pénétrer au cœur de Sumer. Ishbi-Erra se  proclame indépendant et le royaume va être coupé en 2. C’est Ishbi-Erra  qui va repousser les Martu. Les Elamites alliés au gens du Nord et aux  Su sous la conduite de Kindattu, roi de Simashki marchent sur Ur.  Ishbi-Erra les refoule. Mais 3 ans plus tard, ils reviennent avec un  autre chef et ravagent Sumer. La cité d’Ur va être attaquée, pillée,  incendiée. Cela est attesté dans plusieurs tablettes découvertes en  Irak. Elles portent les noms suivants  « la lamentation sur la ruine  d’Ur », « la lamentation sur la ruine de Sumer et d’Ur » et « la seconde  lamentation sur la destruction d’Ur ». On y apprend que la destruction  d’Ur a été décidée sur base d’un jugement d’An et d’Enlil malgré la  grande tristesse de Nanna, le fils d’Enlil.


     Qui [peut] renverser son destin (le destin d’Ur), quelque-chose qui ne peut être altéré ?
     Qui [peut] s’opposer à la décision d’An et Enlil ?
     An a terrifié Sumer de sa demeure ; le peuple était effrayé.
     Enlil a apporté une tempête glaciale ; le silence s’est répandu dans la cité.
     Nintu a obstrué l’utérus du pays.
     Enki a stoppé l’eau dans le Tigre et l’Euphrate.
     Utu a retiré les déclarations de justice et les décisions justes.
     Inanna a accordé la bataille et la lutte au pays rebellé.
     Ningirsu a versé Sumer aux chiens comme du lait.
     La rébellion est tombée sur terre, quelque-chose qui n’était pas connu.
     C’était quelque-chose qui n’avait pas été vu, quelque-chose d’inexplicable, quelque-chose qui ne pouvait être compris.
     Tous les pays étaient confondus dans leur crainte.
     Les dieux de la cité se sont détournés, le berger s’est dispersé.
     La population a aspiré la crainte.
     La tempête les a immobilisés…
    (Extrait  de la lamentation sur la ruine de Sumer et d’Ur, traduit de l’anglais  sur base de la version de Michalowki’s (1989). Source : CHAVALAS M. W.,  2006.)


     Les Mythes et les Religions - Page 3 Joej
     Tablette de « la lamentation sur la ruine d’Ur », localisée au  Musée du Louvre. (C) RMN - Gérard Blot, Source :  http://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/9E9CA/82-001017.jpg.


     Références bibliographiques

     - CHAVALAS M. W., 2006. The Ancient Near East : historical sources in translation. Blackwell Publishing, USA. 445 p.

     - CHIFFLOT T-G., 1955. La Bible de Jérusalem. L’Ecole biblique de Jérusalem. 2117 p.

     - KELLER W., 2005. La Bible arrachée aux sables. Editions Perrin, Paris. 604 p.

     - ROUX G., 1985. La Mésopotamie. Editions du seuil. 600 p.

     - YOUSIF E.-I., 1999. L’épopée du Tigre et de l’Euphrate. L’Harmattan. 150 p.

     
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:19

    Pourquoi le 21 décembre 2012 ?


    Comment  la date du 21 décembre 2012 a été déterminée pour la fin d’un cycle  maya de 13 baktuns ? Une explication synthétique sur les calendriers  mayas peut nous éclairer…


    A  l’heure actuelle, la date du 21 décembre 2012 fait couler beaucoup  d’encre. A mon sens, l’hypothétique fin du monde (mais devrait-on plutôt  l’appeler fin de cycle) tire son origine de la datation du début de  l’ère maya en l’an 3113 avant notre ère par l’archéologue britannique John Eric Thomson. Celui-ci s’est basé sur les études des spécialistes mayas John T. Goodman and Juan H. Martinez-Hernandez.  Aujourd’hui, cette étude est sérieusement remise en cause par la  communauté scientifique. L’étude du calendrier maya est un prérequis  indispensable pour juger de l’importance de la datation exacte du début  de l’ère maya, et de son implication dans le calcul de la fin du grand  cycle de 13 baktuns (5125 ans).

    Les  Mayas avaient élaboré un système permettant de dater avec grande  précision n’importe quel jour de l’année. Il était composé  principalement de 2 calendriers distincts le tzolkin et le haab.

    1) Le tzolkin
    Le  calendrier le plus répandu était appelé tzolkin. Il s’étendait, sous  diverses appellations, à tout le Mexique. Ce calendrier était constitué  de 260 jours. Ainsi la date de naissance des Mayas était déterminée sur  base de cette année religieuse et non en fonction de l’année solaire  comme pour nous.

    Ce calendrier était composé de 20 hiéroglyphes différents précédés d’un nombre de 1 à 13 (20 x 13 = 260 jours au total) :

    1)    Imix,
    2)    Ik,
    3)    Akbal,
    4)    Kan,
    5)    Chiccan,
    6)    Cimi,
    7)    Manik,
    8′)    Lamat,
    9)    Muluc,
    10)  Oc,
    11)  Chuen,
    12)  Eb,
    13)  Ben,
    14)  Ix,
    15)  Men,
    16)  Cib,
    17)  Caban,
    18)  Eznab,
    19)  Cauac,
    20)  Ahau

    Comme les chiffres 20 et 13 n’ont pas de commun diviseur, il fallait 259 jours pour qu’un même jour puisse se répéter ;

    2) Le haab
    L’année  civile solaire ou civile est, comme la notre, composée de 365 jours. Ce  calendrier comprend 18 mois de 20 jours et 1 mois de 5 jours appelé  « uayeb » ou « uayeyab » qui vient s’ajouter en fin de cycle. Les  hiéroglyphes de ces 19 mois sont présentés ci-dessous. Ils sont précédés  par la numération vigésimale des Mayas (en base 20).



    3) Le compte calendaire : la combinaison entre le tzolkin et le haab.
    On  peut positionner le jour du calendrier tzolkin dans le calendrier haab.  Un schéma très simple nous permet de comprendre la combinaison entre  ces 2 calendriers (cf ci-dessous). Un jour issu de la combinaison entre  les 2 calendriers (exemple : 1 imix + 4 Uayeb) ne peut réapparaître  qu’uniquement 52 ans plus tard. En effet, le plus petit commun multiple  entre 260 et 365 est 18980 et 18980 jours correspond à 52 ans. Il faut  donc 52 cycles du calendrier haab et 73 cycles du calendrier tzolkin  pour réobtenir la même combinaison.


    4) Le compte long
    Le  système numérique maya, apparu selon Morley au IVème ou au IIIème  siècle, est d’une grande utilité pour écrire une date en combinant les 2  calendriers présentés ci-dessus. Il est en base 20 (numération  vigésimale). Le premier nombre n’est pas un mais le 0 (représenté par un  coquillage). Celui-ci apparaît, chez les Mayas, bien avant son  transfert de l’Inde vers les Arabes. (Voir ci-dessous).


    Représentation  de la numération maya. Un point correspond à une unité et une barre à 5  unités. Le zéro est représenté par un coquillage.

    Comment  s’écrit une date en Maya ? Une date est composée principalement par  l’addition de plusieurs groupes d’hiéroglyphes que l’on peut séparer en 7  catégories du haut vers le bas :
    1)      Nombre + hiéroglyphe baktun (20 katuns ou 144 000 jours)
    2)      Nombre + hiéroglyphe katún  (20 tuns ou 7 200 jours)
    3)      Nombre + hiéroglyphe tun (18 unials ou 360 jours)
    4)      Nombre + hiéroglyphe unial (20 kins ou 20 jours)
    5)      Nombre + hiéroglyphe kin (jour)
    6)      Nom du jour tzolkin (nombre + hiéroglyphe)
    7)      Nom du jour haab (nombre + hiéroglyphe)

    Cette  série de 7 signes est appelée « compte long ». A cet ensemble de  signes, on peut rencontrer également des hiéroglyphes supplémentaires  (hiéroglyphes A à G) qui décrivent le mois lunaire, la phase de la lune à  la date considérée et également d’autres signes divers complémentaires.  Ce système était très efficace car il n’était pas possible de retrouver  une même date avant 374440 ans.

    5) Système simplifié
    Ce  système permettant d’alléger l’annotation des dates est composé  uniquement du katún, du jour du tzolkin et sa position dans le haab.

    6) Le « u kahlay katunob » ou « compte des katuns » ou le « compte court »
    2  siècles avant l’arrivée des Espagnols, un système simplifié a été créé.  Il permettait une exactitude que pour une période de 256 ans (7200  jours x 13). Il ne nécessitait plus qu’un hiéroglyphe correspondait au  jour final du katún. En d’autres mots, on considère un cycle composé de  13 katúns ayant chacun une appellation de la sorte : « le katún + Nombre  + ahau ». Les katúns ne se succèdaient pas dans l’ordre. En effet, on  commençait par le katún « 13 ahau » jusqu’au katun « 1 ahau » ensuite on  enchainait avec les nombres pairs : le katun « 12 ahau » jusqu’au katún  « 2 ahau ». Les anciens Mayas représentaient cette succession de katúns  sous la forme d’une roue ayant l’allure ci-dessous :


    Au  terme de cette synthèse des systèmes de datation maya, il est possible  d’entrevoir que la date présumée de la fin du cycle maya est calculée  sur base de la datation du début de l’ère maya par John Eric Thomson.  En effet, une stèle (la stèle C) découverte à Quirigua au Guatemala  précise notamment l’importance du cycle de 13 baktuns (cycle de 5125  ans). Outre cette découverte, les textes mayas précisent que le début de  l’ère maya, avec le calendrier calendaire, correspond à la date du 4  ahau 8 cumcú. En nous basant sur l’évaluation de Thomson pour le début de l’ère maya, nous pouvons facilement calculer que (le 4 ahau 8 cumcú) 3113 av JC selon Thomson +  13 baktuns correspond à l’année 2012 (13 baktuns = 1 872000 jours, soit  1872000 divisé par 365,25 jours donne environ 5125 ans). Il est dès  lors très facile d’imaginer qu’une toute petite erreur dans la datation  du début de l’ère maya au jour près serait catastrophique pour les  personnes croyant dur comme fer à la fin du monde le 21 décembre 2012…

    Sources Bibliographiques
    - ANNEQUIN G., 1980. Chichen Itza ou le chant du cygne de la civilisation maya. Editions Famot, Genève. 125 p.
    - PERET B, 1955. Le livre de Chilám Balám de Chumayel. Editions Denoël, Paris. 230 p.
    - RACHET G., 1983. Dictionnaire de l’archéologie. Editions Robert Laffont, Paris. 1052 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:20

    L’île d’Agilkia ou la nouvelle Philae
     
    Les Mythes et les Religions - Page 3 Ogs8
     
    L’île  de Philae, une des plus belles îles égyptienne, était menacée par la  montée des eaux du Nil suite à la construction d’un nouveau barrage à  Assouan. Cet article présente une partie des temples qui ont été  déplacées dans les années 70 sur l’île d’Agilkia.

    L’île de Philae  située au sud de la ville d’Assouan en haute Egypte était menacée  définitivement par la montée des eaux du Nil suite à la construction  d’un nouveau barrage à Assouan dans les années 70. Afin de conserver les  temples, ceux-ci ont été déplacés par les archéologues de l’Unesco sur  l’îlot d’Agilkia. La topographie de cette île a dû être modifiée afin de  ressembler à celle d’origine. Les temples de l’île de Philae ont été  réalisées par le pharaon Nectanébo Ier, les Ptolémées et par les  Empereurs romains tels que Tibère et Trajan. Ils étaient dédiés  principalement à Isis et à Hathor.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Ysin
    Schéma des temples de Philae. 

    Cette  île merveilleuse a attiré de nombreux pélerins. Le temple d’Isis est  situé actuellement au nord de l’île d’Agilkia, qui est accessible par  bateau à moteur. Ce temple est précédé d’un pylône (porte de Ptolémée  II). Il comporte une cour, une enfilade de pièces (le Mammisi), une  grande salle hypostyle précédée d’un pylône et un sanctuaire.


    L’accès  au temple principal d’Isis est situé au sud. Un petit temple dédié à  Nectanébo Ier nous accueille sur cette avant-cour du temple d’Isis,  bordé à gauche et à droite par des colonnades. Celle de droite n’est pas  finalisée. Les colonnes sont décorées par des bouquets de fleurs. Le  portique de gauche est percé de fenêtres qui s’ouvrent sur le Nil.

    Avant-cour  du temple d’Isis. Colonnade de gauche. Les traces noires sont des  traces laissées par le limon du Nil. Le temple de Nectanébo Ier (sur la  gauche) est composé notamment de colonnes surmontées par des têtes  hathoriques.

     

    Le  Mammisi du temple d’Isis est une chapelle de la naissance divine. C’est  l’endroit d’accouchement d’Horus par Hathor. La salle la plus profonde  de ce Mammisi est composée de tout un panel d’animaux de la forêt qui  aident à l’accouchement d’Hathor (babouin, serpent, grenouille,…). Sur  la fresque ci-dessous, on voit notamment l’allaitement d’Horus et une  petite grenouille en bas à droite.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 C0ps
    Mammisi de la déesse Hathor 

    La  salle hypostyle du temple d’Isis a été dégradée par les chrétiens  coptes. Ceux-ci voyaient sous un mauvais œil l’adoration d’idoles  égyptiennes. En plus de marteler plusieurs divinités, ils se sont  réapproprié cette salle en y ajoutant notamment un autel, celle-ci  devenant ainsi une église copte (voir photo ci-dessous). Leur croix,   présente à de nombreuses reprises dans le temple d’Isis, est parfois  composée de 12 traits faisant référence aux 12 apôtres. Les 4 points  sont les 4 clous de la crucifixion de Jésus.


    Salle hypostyle du temple d'Isis - Autel chrétiens copte.

    Dans  le sanctuaire, le Saint des Saint, on réalisait un culte 3 fois par  jour (matin, midi et soir) afin d’aider l’accouchement d’Isis. Une  statue d’Isis devait s’y trouver, seuls le Grand Prêtre pouvait s’en  approcher. Au dessus de la porte, une scène d’offrande nous montre Horus  représenté avec un doigt porté à sa bouche, afin de signifier qu’il  était un enfant.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Npvf
    Sanctuaire du temple d'Isis - Offrande du roi, Horus et son doigt dans la bouche.

    A  l’est du Temple d’Isis, le kiosque de Trajan (un empereur romain) était  destiné à recevoir la barque d’Isis. Celle-ci effectuait rituellement  le voyage jusqu’à l’île voisine de Biggeh dédiée à l’époux défunt  Osiris.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Jw2e
    Kiosque de Trajan.


    Source Bibliographiques
    - RACHET G., 1983. Dictionnaire de l’archéologie. Editions Robert Laffont, Paris. 1052 p.
    - Visite personnelle de l’île d’Agilkia le 25 octobre 2011.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:22

    Le temple principal de Kôm Ombo dédié à Haroëris et à Sobek

    A  40 km au Nord d’Assouan, le temple de Kôm Ombo domine la rive droite du  Nil. Le nom ancien de ce tertre (« Kôm ») est Nb(j)•t, soit Nebyt. Ce  Nom s’est transformé progressivement par l’ajout d’une voyelle ou d’une  consonne en Jmb (démotique), en Embw (copte) et en Ombo (grec et latin).  Il ne faut pas confondre Nb(j)•t avec la ville de Seth entre la Thèbes  occidentale et Denderah qui est mentionnée dans un passage du Texte des  Pyramides. Les premiers passages relatifs à Kôm Ombo n’apparaissent qu’à  la Première période intermédiaire.



    Vue  aérienne (via google maps) et schématisation des ruines de Kôm Ombo. Le  temple principal est structuré en 3 grandes parties, dont seules les  décorations sont datées précisément : le naos ou le temple proprement  dit ; le pronaos avec sa grande salle hypostyle délimité par le second  mur d’enceinte, six chapelles percent la paroi nord de celle-ci ; la  cour entourée du premier mur d’enceinte. Les coordonnées des  constructions de ce site sont les suivantes : 24°27'7.87"N,  32°55'42.08"E.



    Les  temples de Kôm Ombo ont été déblayés par le Service des Antiquités en  1893. Ils datent de l’époque post-pharaonique. L’état de délabrement  actuel est dû en partie par les hommes qui ont occupé le lieu et qui  s’en sont servis comme carrière. Le Nil a également rongé le plateau  détruisant ainsi le montant ouest de la grande porte et une bonne moitié  du mammisi.  L’ensemble de Kôm Ombo était entouré à l’origine par un  mur ancien de briques, dont il ne reste qu’une infime partie encore  intacte. Le mur actuel a été construit après le déblaiement. Le temple  principal, dédié à Sobek et à Horus le Grand, est orienté  nord-est/sud-ouest. Quelques édifices l’entourent : à l’ouest le mammisi  (non visible sur la carte ci-dessus) et la grande porte d’entrée dont  seul le montant subsiste ; à droite en passant par cette porte la  chapelle d’Hathor ;  au sud les vestiges d’un puits ptolémaïque ; et au  nord-ouest le reposoir, deux puits romains avec un bassin, la « porte  romaine », des colonnes, la base d’une église copte et un presbytère  copte.



    Le  temple principal présente la particularité d’être divisé en 2 parties  parfaitement symétriques. On ne peut malgré tout pas par parler d’un  temple double car les textes (principalement des monographies),  décrivant le temple majeur de Kôm Ombo, précisent notamment « temple  d’Haroéris et Sobek, seigneurs d’Ombo. On retrouve également des restes  d’inscriptions associant les 2 divinités. Les sanctuaires présentent la  particularité d’associer l’ouest ou l’est à l’une ou l’autre divinité,  alors qu’il n’y a pas de partage exclusif sur les parois des autres  salles. Certains considèrent que la partie gauche (nord) est dédiée à  Haroëris, sa femme Tasenetnéféret et leur fils Penebtaoui, tandis que la  partie droite (sud) est dédiée à Sobek, son épouse Hathor et son fils  Khonsou. L’état de conservation des salles ne permet pas d’être  catégorique.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 R9re
    Grande Salle hypostyle à Kôm Ombo.



    Haroéris  (Transcription grecque de Ḣr-wr, Horus le Grand ou Horus l’ancien) de  Kôm Ombo, est un dieu faucon guerrier et purificateur. Un mythe révèle  que les 2 yeux d’Haroéris sont le soleil et la lune, tandis que la  version héliopolitainne  racontent que les enfants d’Atoum-Rê sont ses  enfants-yeux Shou et Tefnout. Un texte assez étonnant, traduit par  Adolphe Gutbub, provenant du naos du temple de Kôm Ombo nous précise le  caractère guerrier d’Haroéris. Ce récit nous décrit une traque de  rebelles qui s’étaient réfugiés dans la butte d’Ombo. Rê, Haroëris, et  Harsiesis (Horus le jeune) se rendent dans les temples d’Ombo. Un espion  envoyé par Thôt à la demande de Rê trouve 257 ennemis sur la rive du  « Grand Lac » (peut-être le Nil).



    Apparemment  ces ennemis émettent des calomnies à l’encontre de leur père (Rê ou  Haroëris ?), selon ce que l’espion peut entendre. Rê souhaite qu’un dieu  puisse les massacrer tous jusqu’au dernier. Thôt répond alors : « C’est  Haroëris, qui réside ici, et (qui est aussi) le dieu Shou, fils de Rê ;  il est le maître du massacre de la terre entière ; qu’il aille donc  contre eux et qu’il accomplisse un carnage parmi eux ». Le passage se termine ainsi : « On  le convoqua en présence de Rê, et Rê lui donna sa force ; il le munit  d’armes de combat et de tout équipement de guerre. Le visage d’Haroëris  devint cramoisi, sa majesté fut en rage, tous ses membres se mirent à  trembler, car il était en fureur, ses couteaux attaquant ces méchants  ennemis, être au cœur intrépide pour repousser les rebelles. »  (Passages provenant de « Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne  Égypte, II. Mythes, contes et poésies par  LALOUETTE C., 1987 »).  Cet épisode se rencontre également dans le temple d’Esna. Le texte  décrit qu’une guerre s’est déclarée à la suite d’un grand bouleversement  planétaire. Les rebelles ont entendu un jour les paroles de Rê en amont  et à l’ouest de Per-Neter (la maison de dieu), le lieu dans lequel Rê  s’est réfugié pour se cacher de ses ennemis. Cet endroit est appelé le  « château d’Ombo » dans le texte de Kôm Ombo, ou « le très grand château  du dieu caché » pour la version d’Esna.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Fntz
    Scène  de purification du pharaon par Horus le Grand (à gauche) par Thôt (à  droite), sur la façade de la Grande salle hypostyle du temple principal  de Kôm Ombo. Sobek (derrière Horus le Grand) est coiffé ici par 2 plumes  recourbées avec présence de cornes de bélier et d’un disque solaire.  Photo prise le 22 novembre 2011.



    Sobek  est quant à lui, le dieu crocodile vénéré à Kôm Ombo et également dans  la région de Fayoum. On peut également l’identifier au dieu grec  Souchos. C’est un dieu des eaux, de la fertilité. Dans les époques les  plus récentes, il devient une réplique de Rê sous le nom de Sobek-Rê et  se confond avec d’autres dieux tels qu’Horus le Jeune, Osiris, Ptah,  Khnum, Amon, Khonsou et Hâpy. Dans les Textes des Pyramides, le papyrus  Tebtynis du Fayoum et le papyrus de la Bibliothèque nationale de  Strasbourg n°2 et n°7, Sobek est le fils de Neith. Dans ces textes,  celle-ci est également appelée Chedit, Mehet-Ouret et Isis. Elle prend  les traits d’une vache. On apprend à Kôm Ombo que Sobek est vénéré à  Crocodilopolis. Cette ville, appelée Chédit en égyptien, est située au  sud-ouest de Menphis dans la région de Fayoum. Selon plusieurs écrits  égyptiens (« connaître l’occident », les textes des Pyramides, le texte  des Sarcophages,…), Sobek vivrait dans la région de Bakhou. La montagne  de Bakhou est originellement la montagne, localisée en Lybie, derrière  laquelle se couche le soleil. Néanmoins cette région désigne également  au Nouvel Empire la chaîne arabique. Les égyptologues envisagent  également, vu le très grand nombre d’inscriptions, un grand centre de  culte dans la ville de Sumnu, bien qu’elle ne soit pas encore localisée.  Même si le culte de cette divinité a été fort répandu, il semblerait  que ce n’était pas toujours le cas comme le suggère le papyrus de la  Bibliothèque nationale de Strasbourg n°2 et n°7 qui décrit Sobek comme :  « le secret de la vache-ahet, le fils ainé de Mehet-Ouret ». Selon  cette description, on pourrait se demander si Sobek n’était pas un des  nombreux noms d’Horus. Le papyrus VI du Ramesseum (puits tombal situé  derrière le temple de Ramsès II), confirme ce retour au mythe osirien  que Sobek semble incarner. La prudence reste de mise, étant donné la  constante évolution des la mythologie égyptienne.



    Sobek de Chedit, grand chasseur,
    Mâle ( ?) des dieux, dont l’attaque est féroce,
    Grand […] vigilant, rapide, aux dents aiguës,
    Qui saisit grâce à sa puissance, puissant par son baï.
    Noun prend soin de toi à l’intérieur du Grand-Bassin.
    Isis te guide (vers) l’horizon, […].
    Sobek de Chedit se lève dans la région de l’horizon
    Vers […] les offrandes de la Double-Vérité.
    (Deuxième hymne du papyrus VI de Ramesseum, ligne 71 à 77. Traduction provenant de BARUCQ A. & DAUMAS F., 2009).


    Les Mythes et les Religions - Page 3 8nvv
    Dernier  pilier de la colonnade est de la cour du temple principal de Kôm Ombo :  Sobek avec l’une de ses coiffes caractéristiques.



    Les  textes de Kôm Ombo sont très variés : on y retrouve des scènes  d’offrandes, des hymnes dédiées à des divinités, des recommandations  destinées aux prêtres et souvent localisées sur les montant des portes,  des textes dédiés aux pharaons et énumérant les travaux exécutés sous  son règne, des textes astronomiques présentes sur le plafond du pronaos,  « des hymnes d’exhortation à la crainte divine », des calendriers très  précis sur le déroulement de l’année liturgique entre les fêtes. Pour  être complet, les récits mythiques décrivant les rapports entre  divinités nous précisent notamment : le récit du premier combat et du  deuxième combat de Shou contre les ennemis de Rê abordé plus haut, le  récit de la création d’Osiris à Kôm Ombo, le mythe de la déesse  Tasentnefert (la femme d’Haroéris), le mythe des enfants-yeux de Rê,…  Bien que l’ensemble des scènes présentées sont parfois moins élaborées  que celles du Nouvel Empire, elles véhiculent des informations  importantes qui se recoupent souvent par les Textes de Pyramides.



    Un  magnifique calendrier, situé dans la salle des offrandes, illustre leur  système de numérotation égyptien (voir ci-dessous). Il est réparti sur  12 mois de 30 jours et divisé en 3 grandes saisons : 4 mois d’inondation  du Nil, 4 mois de germination et développement des cultures et 4 mois  de récoltes. Etonnamment, le calendrier égyptien n’est composé que de  360 jours. Contrairement aux Mayas, les Egyptiens ne représentent pas le  zéro. De plus leur système de numération est en base 10 comme nous.



    Le  système hexadécimal égyptien (voir ci-dessous) est composé comme suit :  1 (bâtonnet), 10 (anse de panier), 100 (rouleau de papyrus), 1000  (fleur de lotus), 10 000 (doigt pointant le ciel), 100 000 (têtard),  1000 000 (dieu agenouillé supportant le ciel), 10 000 0000 (supposition  sur ce dernier hiéroglyphe). Ce dernier hiéroglyphe appelé šn est le  symbole de l’éternité qui est à l’origine du cartouche des pharaons. Le  cercle s’est transformé en ellipse afin d’y accueillir les hiéroglyphes  du pharaon en son sein. On peut remarquer que ce symbole est présent  dans de très nombreuses mythologies : mythologie nordique avec  (Cernunnos), mythologie maya (voir codex de Borbonicus à la planche 14),  mythologie assyrienne (voir la stèle d’Ishtar posée sur 2 lions au  British Museum), mythologie égyptienne (notamment sur un nombre  considérable de sarcophages),…

    Les Mythes et les Religions - Page 3 C8vo
    Calendrier  de la salle des Offrandes du temple principal de Kôm Ombo. Sur la  droite de l’image, on reconnaît les unités et les dizaines égyptiennes.


    Les  scènes du temple principal de Kôm Ombo témoignent également de la  médecine avancée des égyptiens (voir les instruments de médecine  ci-dessous). En effet, cette connaissance proviendrait du dieu scribe  Thôt-Djehouty. Celui-ci aurait transmis son savoir aux égyptiens. De  nombreux papyri décrivent cette connaissance très élaborée. Je cite  comme référence le papyrus d’Edwin Smith qui est un traité de médecine  composé de descriptions anatomiques détaillées de nombreuses  pathologies. Il aurait été écrit par le célèbre ministre et architecte  Imhotep du pharaon Djoser (il serait le fils de Ptah et d’une mortelle  selon la mythologie). Les égyptiens pratiquaient depuis plusieurs  millénaires avant nous la dentisterie : des momies avec des plombages et  des prothèses dentaires ont été découvertes. Le papyrus d’Ebers précise  de nombreux remèdes contre les odontalgies, les gingivites, les  ulcérations, les abcès et les pulpites. Ce papyrus décrit notamment des  préparations de dentifrices destinées à raffermir les gencives. Un  couloir de ronde du temple principal de Kôm Ombo est composé d’un  magnifique panneau sur lequel figure Isis en position d’accouchement et  des instruments de médecines (balances, sondes, pinces, bistouris, cf  ci-dessous). Le mécanisme de reproduction était connu au niveau  microscopique, compte tenu de certaines fresques sur lesquelles nous  pouvons observer des spermatozoïdes et des ovules (voir la photo  ci-dessous). Ils ont inventé les tous premiers tests capables de  discerner le sexe sur base de l’urine et de préparations à base d’orge  ou de blé.


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    Représentations  d’ovules et de spermatozoïdes à l’intérieur de la tombe d’Aménophis II  dans le livre appelé « l’Amdouat ». Ce genre de représentation est  notamment rencontré aussi dans la tombe de Ramsès IV. Source : http://tatiana.blogs.com/photos/valle_des_rois_tombe_dame/amenophis_ii_14.html.



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    Scène  du mur interne de l’enceinte extérieure au nord du temple principal de  Kôm Ombo, composée d’instruments de médecine au centre. Isis est  présentée en position d’accouchement sur la gauche. Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:SFEC-KÔM_OMBO-2010-05-076_(2).JPG.



    Compte  tenu de la richesse d’informations rencontrées dans le temple principal  de Kôm Ombo, il m’est difficile vous présenter ici une étude  exhaustive. Ce temple a été étudié en trautre par l’égyptologue Adolphe  Gutbub. Il a compilé et étudié l’ensemble des inscriptions du naos. Son  travail a été poursuivi à sa mort en 1987 par notamment Danielle  Inconnu-Bocquillon, qui fut l’une de ses élèves. J’aurais voulu  m’attarder davantage sur l’étude de ce temple et de ses inscriptions,  malheureusement celà m’est aujourd’hui difficile faute d’avoir d’autres  priorités de recherches. Je reste néanmoins susceptible de compléter  dans l’avenir cet article, dont le travail s’est inspiré principalement  du livre suivant : « GUTBUB A., 1995. Kôm Ombo. Institut français d’archéologie orientale. 523 p. ».


    Sources bibliographiques

    - Visite du site de Kôm Ombo réalisée le 24 novembre 2011.

    - BARQUET P., 1964. Parallèle égyptien à la légende d’Antée. Revue de l’histoire des religions. Volume 165, Numéro 165-1. pp. 1-12.

    - BARUCQ A. 1962. Giuseppe Botti. La glorificazione di Sobk e del Fayoum in un papiro ieratico da Tebtynis. Revue de l’histoire des religions. Volume 161, numéro 161-2. pp. 243-245.

    - BARUCQ A. & DAUMAS F., 2009. Hymnes et prières de l’Egypte ancienne. Les Editions du Cerf. 558 p.

    - GRANDET P., 2003. Cours d’égyptien hiéroglyphique. Editions Khéops. 845 p.

    - GUTBUB A., 1995. Kôm Ombo. Institut français d’archéologie orientale. 523 p.

    - LALOUETTE C., 1987. Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne Égypte, II. Mythes, contes et poésies. Editions Gallimard. 311 p.

    - LEVÊQUE P., 1996. Recherches  égyptologiques : Adolphe Gutbub. Textes édités par Danielle  Inconnu-Bocquillon, Kôm Ombo I; Bulletin de liaison du Groupe  international d’étude de la céramique égyptienne. ВСЕ XVIII. Dialogues d’histoire ancienne. Volume 22, numéro 22-2. pp. 299.

    - QUAEGEBEUR J., 1975. Le dieu égyptien Shaï dans la religion et l’onomastique. Edition Peeters. 350 p.

    - SAUNERON S., 1965. L’Egypte. Presses Universitaires de France, 239 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:23

    Le mythe de la création japonais et l’archéologie : à la (re)découverte de la période Jômon (16 500 ans bp-900 ans bp)


    Cet  article est à la fois un voyage dans la mythologie japonaise et une  redécouverte de la culture Jômon. Je remercie Mickaël d’avoir bien voulu  réserver une place à ce texte qui ne vise pas l’exhaustivité. En effet,  la protohistoire japonaise et la vie spirituelle des hommes et des  femmes de la période Jômon sont un objet d’étude trop complexe pour être  examinés et analysés en si peu de lignes. Les mythes d’argile un  ouvrage de ma plume (parution en 2013) abordera cette question en  s’appuyant notamment sur les données matérielles de l’archéologie  nipponne et de l’ethnologie. Notre objectif se limite ici à souligner  l’existence matérielle d’artefacts d’un usage manifestement symbolique  (et certainement religieux) susceptibles d’être en relation avec des  rites supposés mettre en scène l’épisode de la création, en particulier  le « sacrifice » de la déesse Izanami et son séjour éternel au royaume  souterrain des morts (Yomi). La mort par démembrement d’une divinité est  l’une des caractéristiques de nombreuses mythologies (notamment  asiatiques) que Mircea Eliade attribue à des sociétés qui pratiquaient  des cultes en lien étroit ou direct avec la fertilité. Même fertilité  qui – selon l’archéologue Brian Hayden -joue un rôle politique, social,  économique et religieux central au sein des sociétés de chasseurs  cueilleurs complexes.



    La période Jômon : un « mésolithique » japonais caractérisé par la mise en place d’une société de chasseurs-cueilleurs complexes

    En  Asie, le passage du Paléolithique supérieur à la culture Jômon est  marqué par l’usage de la poterie et par une tendance progressive à la  sédentarité. Ont simultanément coexisté les cultures Shengwen [1]  (Chine), Chulmun [2] (Corée) et Jômon, toutes associées à un style de  fabrication de céramiques et à un mode de vie sédentaire. Les poteries à  cordons -ou « Jômon »[3]- (voir illustration ci-dessous) seraient les  doyennes de l’Humanité [4], mais la récente découverte en Chine de  fragments de poteries plus anciens ( 20 000 ans bp) laisse la question  en suspens. D’ailleurs, la date de leur apparition au Japon a été  récemment réajustée, elles remonteraient, selon la professeure Junko  Habu, à environ 16 500 ans bp[5], soit 4 000 ans avant son usage  quotidien par les civilisations moyen-orientales[6]. Ces créations sont  apparentées à un modèle produit à une date ultérieure (11 000 ans av.  JC) dont des fragments ont été excavés sur les berges du fleuve Amour  (Russie). Il est prudent de dire que les poteries les plus anciennes de  l’histoire humaine auraient été façonnées et cuites par des groupes  humains présents dans un large triangle Sibérie-Chine-Japon. Sur une  échelle planétaire, il s’agit plutôt d’une révolution de forme  (manufacture de contenants), car l’usage de la terre cuite (pour la  fabrication de statuettes d’argile) est antérieure aussi bien en Europe  Orientale (28 000-27 000 bp[7]) qu’au Japon.

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    Poterie  (vue d’ensemble et détail du motif à cordes) de la période Jômon  retrouvée sur le site de Okyuzuka (préfecture d’Ishikawa). Musée  d’histoire du site originel de Nonoichi-Machi. Photographie Rémy Valat).



    La  Protohistoire nippone échappe au schéma conventionnel des archéologues  occidentaux. Elle correspond, selon le découpage chronologique déterminé  par les archéologues japonais, aux périodes culturelles[8] Jômon  (縄文)[9], Yayoi (弥生)[10] et Kôfun (古墳)[11], c’est-à-dire la continuité  chronologique remontant à 16 500 ans bp (ou 11 000 ans bp, selon  d’autres estimations) jusqu’à 645 ap. JC. Ces subdivisions singulières  reposent uniquement sur des données matérielles (constatation de  l’absence fabrication d’objets usuels en terre cuite, puis leur  manufacture selon des modèles caractéristiques variables dans le temps  et, en période finale de la Protohistoire, sur un mode d’inhumation des  élites politiques locales) et diffèrent des critères européens, fondés  sur une perspective globale interdisciplinaire. Si la période précédente  (Iwajuku) coïncide aux grandes lignes des changements techniques et  culturels du Paléolithique, la période Jômon pose problème du point de  vue de l’archéologie occidentale, car l’absence d’une société agraire  (qui place l’agriculture au cœur du fonctionnement de la société) ne  permet pas de la caractériser comme une culture du Néolithique. Certains  auteurs (Laurent Nespoulous, Sahara Makoto) la rattache aux  caractéristiques communes du Mésolithique européen, dont l’évolution  générale tendrait à la « néolithisation[12] ». De même le phénomène de  « télescopage », de « rattrapage » ou d’« accélération » technologique  de la période Yayoi est une singularité japonaise : l’apparition  synchrone du bronze et du fer font passer l’archipel de l’ « Âge de  pierre » à l’ « Âge du fer », bien que culturellement (avec la pratique  funéraire du dépôt d’objets en bronze), elle pourrait encore se  rattacher à l’ « Âge du Bronze » en Europe[13].



    Les  cent (ou cent-cinquante) siècles du Jômon ont été subdivisés en six  principales sous-périodes par les archéologues nippons permettant de  dégager les principales phases de l’évolution technique et des  changements culturels de la période (les limites chronologiques  indiquées ci-dessous sont celles conventionnellement admises au Japon) :  le Jômon initial (proto-Jômon, selon d’autres auteurs, 10 000 à 8 000  bp), précoce (ou archaïque, 8 000-6 000 bp), antérieur (ou ancien,  6 000-3000 bp), moyen (3 000-2000 bp), postérieur (ou récent,  2 000-1 000 bp) et final (1000-500 bp). La culture Jômon sera  progressivement subjuguée par une nouvelle vague de migrants venue du  continent à la période Yayoi (Ve siècle av. JC-IIIe siècle ap. JC),  importatrice de technologies (riziculture, bronze) et d’une culture  nouvelles.



    La  population japonaise protohistorique a fait l’objet de nombreuses  recherches, mais nos connaissances sur son effectif et son mode de vie  restent en bonne partie spéculatives en dépit de l’importance des  données de l’archéologie. Selon le professeur Shuzo Koyama[v14], la  population générale (avec des variations locales) aurait décuplée entre  le Jômon naissant (20 100 hab.) et moyen (261 300 hab.), puis diminué  progressivement de deux tiers (160 300 hab. Jômon tardif /75 800 hab.  Jômon final), mais ces estimations sont probablement surévaluées. Ces  variations ont été constatées sur la façade orientale de l’archipel ;  sur le versant ouest, la population aurait augmentée lentement pendant  toute la période. Il est certain que la densité est toujours restée  inférieure à un habitant au kilomètre carré, sur tout le territoire  archipelagique.



    Sur  l’ensemble des îles du Japon (à l’exception probablement de l’île  d’Hokkaidô), les groupes humains étaient mobiles dans les limites d’un  territoire dispensateur de nourriture (grâce à l’adoucissement du  climat) et adaptaient leurs stratégies de subsistance en fonction des  disponibilités. La découverte de la poterie a permis certes la  conservation des aliments, mais les tribus continuèrent à connaître des  migrations saisonnières lorsque les ressources d’un endroit se  tarissaient ou s’étaient épuisées. Les stratégies de subsistance sont  opportunistes et les conditions de vie ont considérablement varié dans  le temps et dans l’espace. Les membres de la communauté chargés de la  collecte, de la chasse ou de la pêche se dispersaient du centre  principal d’habitations (rarement de grottes) ou de centres de chasse,  de pêche ou de collecte périphériques pour ravitailler le groupe[15].  Lorsque les ressources alimentaires viennent à suffire (sur les îles  d’Hokkaidô et de Kyûshû[16] principalement), les communautés se  sédentarisent et le ravitaillement en profondeur s’effectue à partir de  centres périphériques permanents.

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    Carte du Japon.



    Les  hommes du Jômon se sont adaptés aux ressources naturelles :  essentiellement installés dans le nord-est du Japon, leur environnement  de prédilection était les forêts à feuilles caduques, productrices de  fruits durs (plus de 50 % de l’apport calorique des hommes du  Jômon[17]). La poterie servait à la cuisson lente et à la conservation  des fruits de la cueillette, ce qui eu pour principal effet d’améliorer  les conditions sanitaires et l’espérance de vie (celle-ci excèdait  légèrement la trentaine d’années pour les individus ayant pu atteindre  l’âge adulte). Ces cultures marginales, que nous pourrions qualifier  d’horticulture (ou de « niches de productions »[18]), ne constituaient  pas le régime principal de la population et le cycle saisonnier des  collectes d’aliments et de la chasse rendaient les hommes tributaires  des aléas de la nature.



    Les  communautés n’étaient pas totalement autarciques : des liens de  proximité existaient, comme en témoignent les changements et les  parentés stylistiques dans les productions artisanales. L’amélioration  de la qualité des produits artisanaux[19], la présence de produits finis  exhumés en des sites éloignés[20] de leur lieu de production[21] prouve  l’existence d’une économie reposant sur l’échange de biens (déjà  constatée au Paléolithique, mais d’une plus grande ampleur et sur de  plus longues distances, par voies de terre et de mer[22]), la  spécialisation de la production et la gestion des surplus.



    Ces  changements ont probablement modifié la physionomie des communautés qui  se sont structurées tout en générant des inégalités sociales plus  prononcées. Il n’existe pas de traces archéologiques significatives de  hiérarchisation pérenne (Jômon moyen et tardif), la distinction entre  les individus était probablement horizontale, en fonction de leur  position « socio-économique» au sein de la tribu. Bien qu’il n’existait  probablement pas, selon la professeure Junko Habu, de transmission  héréditaire du pouvoir[23], nous sommes bien en présence d’une société  ayant toutes les caractéristiques des chasseurs-cueilleurs complexes.



    La mythologie japonaise : tableau général

    Les mythes japonais ont été modifiés et épurés lors de leurs rédactions ; toutefois des deux mythes officiels subsistants, le Kojiki comporterait  les séquences et les épisodes les plus complets. Ces textes, rédigés  plusieurs siècles après l’introduction de l’écrit au Japon[24], sont  pour les plus importants, le Nihongi (日本紀) ou Nihonshoki (日本書紀)[25] et  le Kojiki (古事記).



    Le  premier, rédigé en 720 ap. JC, a fait l’objet d’une traduction du  chinois classique vers la langue anglaise par William George Aston  (1841-1911)[26], linguiste de formation et interprète auprès de la  légation britannique au Japon ; le second, traduit en 1882 par Basil  Hall Chamberlain, a été finalisé en 712 ap. JC. Or, ces textes, et a  fortiori le premier cité, sont l’aboutissement d’un long processus  séculaire de tentatives publiques et privées d’écriture de l’histoire du  Japon ancien[27]. Son objectif est de figer une histoire officielle et  de mettre un terme aux nombreuses contrefaçons et ré-écritures servant  des intérêts particuliers. Le flores des généalogies fictives mettaient  en péril l’équilibre de l’État, car ces dernières justifiaient des  revendications à l’exercice de hautes fonctions. Cette histoire a été  transcrite phonétiquement en hiragana[28]  pour « en faciliter l’intelligence » et en élargir le lectorat  potentiel (entre 720 et 878 ap. JC). Cette version de vulgarisation est  intitulée Kana Nihongi.



    Le tableau mythologique tel qu’il nous est parvenu décrit un environnement naturel dans lequel évoluent les dieux (les kami),  mais rien dans la description de la faune, de la flore et des paysages  ne permet de « dater » le texte. Le cadre géographique paraît atemporel,  voire immuable : l’espace japonais est celui des dieux, tels qu’ils  l’ont façonné et ne paraît susceptible d’aucun changement. Le décor est  le Japon au présent de la rédaction, c’est-à-dire le VIIIe siècle ap.  JC. En revanche, d’un point de vue diachronique, une évolution se  dessine. Floue et incertaine dans leurs descriptions de la « Création »,  le Kojiki et le Nihongi décrivent  nettement un univers avec un panthéon de divinités immanentes et  omniprésentes duquel émergent progressivement des « héros »,  héréditairement d’essence divine, qui entrent -à leur mort terrestre-  dans le panthéon des kami (dieux)  japonais. Ces « héros » et les premiers empereurs de l’ « âge  historique » sont des fabrications postérieures reflétant le contexte  géopolitique et social de la période Kôfun.



    Le  mythe des origines japonais, comme tous les mythes, a subi des  influences culturelles et religieuses d’un environnement géographique et  temporel proches (notamment le taoïsme chinois[29], le bouddhisme[30])  ou plus lointains dans l’espace et dans le temps (groupes de populations  venues d’Asie centrale à la période Paléolithique) et d’Océanie[31].  Ces empreintes extérieures sont indéniables, mais un simple regard porté  sur les mythes fondateurs de civilisations géographiquement proches  (mais pas seulement), la Corée (royaume de Koguryŏ[32]) et la Chine par  exemples, permettent de relever de frappantes similitudes : les deux  traditions attribuent communément à un œuf l’origine de l’univers  (« mythe de l’œuf cosmique »[33]). Tous ces récits ont la même trame,  parce que les mythes de la création de l’humanité, outre leurs  similtudes dans le récit, auraient – bien que modifiés dans le temps-  été tous imaginés dès le Paléolithique[34]. Il ne fait quasiment aucun  doute que le 1er volume du Kojiki et le chapitre « l’Âge des Dieux » du Nihongi (et  plus particulièrement l’épisode relatif au couple divin Izanami et  Izanagi) recèlent de précieuses informations -certes altérées- sur le  panthéon, la cosmogonie et probablement les rites autochtones du Japon  préhistorique[35].



    Si  la création de l’univers est le résultat d’un « œuf cosmique » scindé  en deux parties, la suite du récit est porteuse de récurrentes  références à la fertilité (démembrement de la déesse Izanami, morte en  se sacrifiant pour donner la vie), signe que ce récit pourrait être le  produit d’hommes appartenant à une société pratiquant la domestication  des plantes[36]. Ce qui pourait effectivement correspondre à la période  Jômon. D’ailleurs, cet épisode se situe juste après celui de la Création  elle-même :  ce récit aurait été -du point de vue eladien- élaboré par  des populations de générations plus anciennes pratiquant le nomadisme et  vivant de la prédation.



    La Création (I) : de l’« œuf cosmique » à l’Être suprême ?

    Proche  des premières lignes de l’Ancien Testament (nous prenons ce texte comme  point de référence, parce qu’il est largement connu du public  occidental), le Nihongi décrit  l’univers antédivin comme une masse chaotique oviforme renfermant deux  éléments[37], l’un positif et l’autre négatif qui, une fois séparés,  donneront naissance au Ciel et la Terre. Le ciel, espace « pur »,  « clair » et éthéré s’est détaché de la lourde et énorme masse de ce qui  deviendra la Terre pour s’élever et occuper son nouveau domaine. C’est  dans le Ciel que les « êtres divins masculins» font leur apparition :  ces divinités sont produites par le germe original, devenu un roseau  (comme axe mettant en communication le céleste et le terrestre).



    La première d’entre-elles est kuni-toko-tachi-no-mikoto[38]  (国常立尊). Ce dieu primordial, qualifié par un idéogramme soulignant son  importance (尊)[39], pourrait s’apparenter aux Êtres suprêmes, tels  qu’ils apparaissent dans de nombreuses religions traditionnelles. De  même le Kojiki (ainsi qu’une tradition du Nihongi et le Kogoshui)  attribue (par son appellation même) la fonction de « maître du centre  du ciel » au premier dieu : Amenominakanushi (天之御中主)[40].



    Le  phénomène de la croyance en un « Être divin, céleste, créateur de  l’univers » est, selon Mircéa Eliade, avéré, quasi-universel et serait, à  la lecture du Kojiki,  également une des caractéristiques de la tradition japonaise[41]. Elle  l’est également des cultures ayant donné préséance aux dieux ouraniens  dans les civilisations proches, telles la Chine[42] et la Corée[43].  L’historien des religions ne peut certes définir avec certitude si cette  dévotion aurait été l’unique et originelle croyance des hommes  protohistoriques et si, comme l’écrit Mircea Eliade, les « autres formes  religieuses (…) apparues ultérieurement [représenteraient] des  phénomènes de dégradation »[44].



    S’il  est presque certain que cette conception du divin trop abstraite et  personnifiée est présente dans l’environnement culturel et géographique  du Japon protohistorique, il est difficile d’affirmer que cette croyance  ait été celle des populations du Jômon. Certes, le culte d’Êtres  suprêmes a été constaté par les ethnologues : aussi bien en Afrique, en  Asie[45], en Australie, en Amérique du Nord, sur le continent Arctique  et globalement par les peuples ouralo-altaïques (groupe linguistique  auquel appartient le japonais). L’hypothèse de la croyance en un Deus Otiosus (c’est-à-dire  un dieu créateur tombé dans l’inaction) serait d’autant moins à exclure  qu’il était encore vénéré au XIXe siècle, sous une forme édulcorée, par  les populations Ainu de l’île septentrionale d’Hokkaidô (populations  qui seraient les descendantes directes des hommes et des femmes du  Jômon). Ce dieu appelé « kamui », laisserait effectivement supposer que les dieux japonais, les « kami »,  auraient – après un « phénomène de dégradation[46] » –été appropriés  par les communautés de l’archipel et se seraient, selon un processus  constaté auprès d’autres civilisations, substitués à la primo divinité  omnipotente[47]. La vénération d’un Être suprême pourrait peut-être  s’apparenter à un culte rendu à l’  « esprit » d’un grand ancêtre du  clan… Ces spéculations – bien qu’étayées par des enquêtes ethnologiques-  ne sont pas confirmées par l’archéologie : aucun indice matériel ne  laisse supposer de l’existence d’une telle croyance[48]. Le doute  subsiste, mais l’hypothèse d’un Être suprême paraît être, de mon point  de vue, spéculative, faute de preuves matérielles (statuettes ou  artefacts représentant cette entité).



    La Création (II) : la « faute » d’Izanami, le sacrifice du double impur et le voyage initiatique d’Izanagi

    « Alors, toutes les divinités célestes ordonnèrent aux deux divinités Izanagi-no-mikoto et Izanami-no-mikoto : Parfaîtes et solidifiez ce pays qui flotte à la dérive.Elles  leur confièrent une céleste hallebarde ornée de joyaux et elles les  mandatèrent. En conséquence, les deux divinités, debout sur le céleste  pont flottant pointèrent vers le bas cette hallebarde ornée de joyaux et  elles barattèrent. Cela faisait clapoter l’eau salée. Et quand elles la  retirèrent, des gouttes tombèrent de l’extrémité de cette hallebarde ;  elles s’empilèrent les unes sur les autres et elles formèrent une île.  C’est l’île d’Onogoro-jima. Les divinités descendirent du ciel sur cette  île, y dressèrent soigneusement un céleste pilier et y édifièrent un  pavillon de huit brasses. Alors Izanagi-no-mikoto demanda à son  épouse : Izanami-no-mikoto : comment ton corps s’est-il formé ? Et elle répondit : Mon corps s’est formé progressivement, et il est un endroit où il ne s’est pas formé. Alors, Izanagi-no-mikoto dit : Mon  corps s’est formé progressivement et il est un endroit où il s’est trop  formé. En conséquence, je pense que nous pourrions engendrer le pays en  comblant l’endroit de ton corps qui ne s’est pas assez formé avec  l’endroit de mon corps qui s’est trop formé. Que penses-tu de cet  enfantement ? Izanami-no-mikoto répondit : Ce serait bien ainsi. À ce moment, Izanami-no-mikoto dit : Et  bien, moi et toi, venons à la rencontre l’un de l’autre en tournant  autour de ce céleste pilier, et unissons-nous en ce lieu. Ils échangèrent ainsi des serments et il dit : Toi, viens à ma rencontre en tournant vers la droite. Moi, j’irai à ta rencontre en tournant vers la gauche. Et quand ils eurent fini d’échanger des serments, ils tournèrent, et Izanami-no-mikoto, la première, dit : Quel bel homme !Puis Izanagi-no-mikoto dit : Quelle belle femme ! Après que chacun eut ainsi parlé, il dit à son épouse : Il n’est pas bon que la femme parle la première.Cependant,  ils s’unirent sur la couche nuptiale, et l’enfant qu’ils engendrèrent  n’avait point d’os. Ils placèrent cet enfant sur un esquif de roseau et  ils le jetèrent au fil de l’eau. Ils donnèrent ensuite naissance à l’île  d’Awa, mais celle-là non plus ne fut pas comptée au nombre de leurs  enfants.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Djiv
    Le couple divin Izanami-Izanagi.



    Alors les deux divinités s’interrogèrent et elles dirent : les  enfants que nous avons engendrés ne sont pas bons. Nous devons sans  aucun doute en faire parvenir la nouvelle auprès des divinités  célestes. Et  elles remontèrent ensemble demander leur avis aux divinités célestes.  Alors les divinités célestes pratiquèrent la divination et elles  dirent : Ils ne sont pas bons car la femme a parlé la première. Redescendez et parlez à nouveau[49]. [Retournés  sur le monde terrestre, le processus se répète, mais cette fois Izanagi  s’exprime le premier et sont ainsi créées les premières îles de  l’archipel nippon.]



    Pour  les Japonais, la création du monde n’est pas l’oeuvre d’un dieu  originel unique, mais plutôt celle de sa descendance, plus précisément  du premier couple de sexes différenciés et opposés  (masculin-féminin/ciel-terre[50]) : Izanagi et Izanami. Les couples sont  une constante des mythes de la création ou de la recréation du Monde  (mythologie nordique) [51]. Ce duo d’êtres complémentaires  (frère-soeur/mari-femme) constatant la vacuité du monde terrestre,  créent, par un acte au net symbolisme sexuel, la première île de  l’archipel en barattant l’eau salée à l’aide d’une hallebarde céleste  ornée de joyaux, le tamaboko (玉鉾);  des gouttes retombées sur les flots, puis agrégées entre-elles et  solidifiées émergent une île, baptisée : le « pilier du centre de la  terre » (Ono-Goro-Jima). Le mythe de la création du monde terrestre est  tout au long du récit associé au tamaboko, objet renvoyant à la notion de centralité, d’axe du monde, d’échelle permettant la communication entre le ciel et la terre (axis mundi).  C’est autour de cet axe, planté dans le sol, que les deux divinités se  déplacent, prononcent la phrase rituelle du mariage sur les différentes  îles sur lesquelles ils se rendent pour procréer de nouvelles divinités  ou créer de nouvelles îles.




    La  création reste cependant entachée, par le « péché originel [52] »  d’Izanami. Cette dernière ayant prononcé – en lieu et place de l’époux-  la phrase rituelle précédant l’union physique, cette maladresse  constitue un irréparable manquement : c’est la « faute [53] ». Cet acte  est sanctionné par la naissance de monstruosités, notamment un enfant  sans os (une limace), lequel est abandonné sur esquif de roseau [54].  Plus tard, lorsque le protocole est respecté, Izanami crée les  principales composantes de la nature (les rivières, les montagnes, les  arbres, etc.), mais également le soleil et la lune.



    Toutefois,  la « faute » d’Izanami ne peut être expiée : Izanami meurt en couche en  donnant naissance au dieu du feu, Kagu Tsuchi (迦具土), mais de son corps  en décomposition sous l’action destructrice des flammes apparaissent les  divinités associées à la fertilité : l’eau, la terre, le mûrier, cinq  variétés de graines (chanvre, millet, riz, maïs, légumes secs) et le ver  à soie. Commence alors pour Izanagi, un parcours initiatique[55] :  enfanticide de Kagu Tsuchi, descente dans le monde chtonien des morts  (Yomi) pour y retrouver son épouse, échec de sa quête initiale (Izanagi  éclairé par une dent d’un peigne aperçoit le corps décomposé d’Izanami,  enfreigant ainsi la promesse qu’il avait faite à son épouse de ne pas  porter son regard sur elle) et enfin purification du dieu à son retour  dans le monde terrestre des vivants, préliminaire à son ascension  définitive dans les cieux. Izanami est par conséquent responsable de son  malheur, par son péché, elle est devenue impure[56].



    Ce  voyage initiatique aux enfers (répété par les dieux Opo-kuni-nushi[57])  témoigne des racines profondes du mythe, dont on retrouve la trame, par  exemple dans la tradition indoeuropéenne et dans de nombreux mythes  anciens[58] : la tristesse d’Izanagi n’est pas sans évoquer la  lamentation universelle décrétée par les Ases après la mort du dieu  Balder[59], le regard fatal échangé par le couple rappelle celui  d’Orphée et d’Eurydice[60], le voyage sans retour de Gilgamesh[61] aux  enfers, histoires ayant comme thématique commune et récurrente un séjour  au pays des morts. Cet épisode souligne aussi et surtout l’importance  de la purification après la souillure ou kegare[62] (souvent la putréfaction ou les excréments), une constante fondamentale du Shintô (la  religion nationale du Japon). Enfin, ce récit laisse à penser qu’il  aurait existé des rites d’initiation au sein des communautés Jômon (des  ablations volontaires de dents, constatées sur des squelettes retrouvés  dans des tombes de différents sites Jômon confirment cette hypothèse).



    Un mythe ritualisé ?

    Dans  les sociétés traditionnelles, les mythes sont mis en scène : le temps  de la Création est « réactualisé ». Si il est difficile de « dater »  l’élaboration de l’épisode de la « mort d’Izanami », de forts indices  prêtent à penser que ce dernier faisait partie intégrante des rites de  quelques communautés de la période Jômon. La concordance des données  archéologiques avec le récit et les caractéristiques de la société qui  la produit (société pratiquant la domestication des plantes, nous  l’avons dit) viennent étayer cette hypothèse.



    Les  traces matérielles sont des indicateurs de rites, associés à des  croyances, exprimées par le mythe. Le tableau ci-dessous fait  sommairement le lien entre les vestiges matériels et des éléments du  mythe.



    Objet

    Interprétation

    Probables représentations symboliques des divinités



    Masques

    Il  existe peu de données archéologiques sur les masques de la période  Jômon : une trentaine seulement a été inventoriée[63]. Les plus anciens  modèles ont été retrouvés dans l’île de Kyûshû : ils ont été  confectionnés à partir de valves d’huîtres, percées pour représenter la  bouche et les orbites oculaires.
    Au Jômon tardif, deux grandes  catégories de masques (avec des variations régionales), portés  probablement dans un cadre rituel, dominent :
    la première totalement  en terre cuite (voir illustration) dont l’objectif est d’amplifier  l’expression des traits du visage et de le dissimuler) ;
    la seconde,  les masques dits « composites », probablement fabriqués en matière  organique animale[64] et dont il ne subsiste que quelques parties dures  en terre cuite (oreilles, bouches, nez[65]).
    Ils paraissent avoir été  conçus pour être utilisés lors d’événements exceptionnels. S’appuyant  sur des données ethnographiques de populations de la limite nord du  Pacifique, l’archéologue Ohtsuka Kazuyoshi avance l’hypothèse que ces  ornements étaient portés lors de cérémonies d’initiation. Le  travestissement rituel, le port de masques ou la peinture corporelle se  retrouvent également dans les cultes chamaniques. Il n’est pas exclu que  ces artefacts soient des représentations du visage des divinités  Izanami ou Izanagi (ou de tout autre être surnaturel).

    Dogû (figurines en terre cuite)

    Les  dogû (土偶) sont des statuettes anthropomorphes ou zoomorphes en argile,  abondamment représentées dans les sites Jômon. Les premières  réalisations à figuration humaine, datent du Paléolithique supérieur,  mais sont très rares. Les représentations anthropomorphiques des  statues, parfois thériomorphes ou asexuées, pourrait s’interpréter par  l’ambiguïté des deux divinités de la création, mais il s’agirait plutôt  d’un signe de l’évolution des techniques et des conceptions spirituelles  (transition de motifs symboliques à des représentations proches de la  réalité). Certaines figurines sont représentées, tel Izanagi, en train  de pleurer[66]. Statistiquement les représentations feminines sont  nettement majoritaires.
    Ces statuettes ont été fréquemment retrouvées  avec des parties manquantes et les figurines intégrales -ou dont les  pièces ont été retrouvées suffisament proches pour reconstruire l’objet  original- sont nettement plus rares. Ces artefacts ont souvent été  réparés (collage à l’asphalte). L’hypothèse rituelle de leur destruction  volontaire ne paraît faire aucun doute dans certains cas et serait  sujette à caution dans d’autres. Dans la première hypothèse, il paraît  évident que les figurines du Jômon moyen étaient fabriquées dans une  glaise peu homogène, les rendant fragiles après leur cuisson, ou bien  préalablement fragilisées à l’aide d’un procédé technique[67].
    Des  spécialistes japonais (Fujimori Eichii et Mizuno Masayoshi) ont fait le  lien entre ces destructions rituelles volontaires et la mythologie, et  plus particulièrement l’assassinat de la déesse Opo-guë-tu-pime-no-kami  par le dieu Susa-no-wo-no-pikoto (épisode ressemblant à celui de la mort  d’Izanami, mais produit provenant d’une autre tradition). Selon le Kojiki et le Nihongi,  des éléments épars de son corps démembré tombés à terre des plantes de  consommation humaine auraient germées. Ces destructions volontaires de  figurines s’apparenteraient à un sacrifice symbolique et pourraient  faire référence à un culte pour le renouvellement des espèces (la  figurine pourrait dans ce cas symboliser une mère ou bien une  « personnification mythique » de la fertilité).
    Enfin, certaines  statuettes ont été retrouvées enterrées sous une dalle de Pierre[68]  (site de Sugisawa, préfecture de Yamagata[69]) : elles pourraient être  la représentation d’Izanami séparée de son époux pour l’éternité.

    Eléments matériellement présents dans le mythe de la création

    Artefacts et monuments symbolisant un axe vertical

    Les  artefacts et monuments symbolisant un axe vertical sont une  caractéristique de la culture Jômon (voir illustrations): certaines  catégories de tombes (en particulier les tombes en forme de « cadran  solaire », tel le monument funéraire du site de Oyu, préfecture  d’Akita), les artefacts en forme de phallus ou de baguettes (les  « baguettes de pierre » ou sekibo, 石棒). Ces derniers sont souvent ornés  d’inscriptions évoquant le mouvement (celui « du ciel autour de cet axe  [70]»), ils pourraient être une représentation de l’axis mundi de la mythologie japonaise, le tamaboko [71].  Il a été constaté par les archéologues que ces baguettes étaient  volontairement brisés : les taux de destruction volontaire sont élevés  et dans certains cas le taux est de 100 % et de nombreuses pièces  portaient des marques de concrétion (site de Terano-Higashi, préfecture  de Tochigi).
    Sur le site de Mawaki (préfecture d’Ishikawa), un poteau  sculpté de 2,5 m de long et de 45 cm de diamètre a été retrouvé. La  partie centrale du pilier porte la représentation d’un centre circulaire  avec sur chaque côté, droit et gauche, un croissant de lune. Ces  objets, et en particulier le « pilier de Mawaki » pourraient être une  représentation du Tamaboko.
    L’épisode de la danse d’Izanami  et d’Izanagi autour de cet axe (inspirée de la tradition chamanique)  pourrait avoir été inclus dans le mythe, parce qu’inspiré d’une pratique  rituelle de la période Jômon (ou bien le contraire).



    Rémy Valat


    Monument  circulaire du site de Chikamori (préfecture d’Ishikawa). Des monuments  en pierre plantées, situées au centre de l’espace communautaire,  servaient de cimetière, mais pas toutes ces constructions : celle de  Chikamori (cercle monumental de poutres de châtaigners) serait sans lien  avec la mort. Il existe des constructions megalithiques, érigées autour  d’un axe central (matérialisée ou non) en différents points du Japon  (Imodasawada 4, préfecture de Iwate, Oyu, préfecture d’Akita, Wappara,  préfecture de Nagano et en Hôkkaidô, etc.), mais leur signification  exacte nous échappe (mais celle-ci devait dépasser le cadre funéraire).  Photographie : Rémy Valat.



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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:24

    Le mythe de la déesse Soleil disparue Amaterasu ou Déméter


    L’étude  des mythes japonais les plus anciens, et notamment compilés dans le  Kojiki, peuvent nous entrainer dans un voyage aux détours souvent  inattendus. La mythologie japonaise me semblait, avant de finir cet  article, relativement autonome et à part des autres mythologies de part  le monde. Néanmoins il n’en est rien. Elle présente des points communs  évidents avec de nombreuses mythologies. Cet article s’orientera  principalement autour du mythe principal du « miroir d’Amaterasu » et  son analogue grec « l’hymne homérique à Déméter ». Vous remarquerez un  lien évident entre des ces deux mythes qui ont été écrits à la même  époque (8ème siècle). J’ai découvert toute une foule de mythes analogues  à ceux du Kojiki, néanmoins il me semble important de poursuivre les  recherches avant de vous les exposer. Cet article ne serait alors que la  partie émergée d’une vaste étude impliquant la majorité des mythologies  du monde et qu’il faudrait situer dans un contexte politique et social  planétaire.



    Chapitre 1er, le Kojiki

    Comme  base de recherche de cet article, je renvoie au Kojiki terminé en 712  après JC., une commande de l’Impératrice Gemmei qui souhaitait prouver  que chaque Impératrice et Empereur du Japon était le descendant direct  de la Grande déesse Amaterasu, la déesse du Soleil japonaise. Le  compilateur de ce texte est Ôno Yasumaro. Il s’est basé notamment sur  les souvenirs d’Hieda no Are, un sage réputé si intelligent qu’il  pouvait répéter oralement tout ce qu’il avait entendu ou lu. Trente ans  plus tôt, l’Empereur Temmu – considéré comme le principal partisan des  Grandes Réformes de l’Etat japonais – réalisait une demande similaire  mais elle n’avait pas pu être aboutie. Comme le signale Delmer Brown  (cf. sources bibliographiques), la demande de Temmu était dans  l’intension d’augmenter son pouvoir aussi vite que possible étant donné  la crainte qu’il avait pour d’éventuelles rebellions ou invasions de  l’étranger. Même si nous n’avons pas une image complète des motivations  de Temmu pour sanctifier sa souveraineté, les enregistrements  historiques montrent que lui et ses successeurs ont donné de sérieuses  et continuelles attentions pour construire une religion nationale pour  la vénération de la Grande déesse Amaterasu. La preuve la plus évidente  du support du gouvernement pour la Grande Déesse Shinto a été trouvée  dans une mise à jour du code de loi officiel japonais appelé « Engi  Shiki ». Les 10 premiers volumes (au total 50 volumes) sont dédiés à la  loi Kami qui inclut une très grande quantité de détails concernant  l’autel de la Grande Déesse Amaterasu et les rituels à réaliser en son  honneur.

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    Déesse du Soleil Amaterasu sortant d’une grotte. Œuvre réalisée par Shunsai Toshimasa’ (春斎年昌) au 19ème siècle. 



    Chapitre 2, le miroir d’Amaterasu

    Comme  je l’ai précisé plus haut, l’objet de cet article tourne autour de  cette déesse essentielle Amaterasu. Comme présenté dans la photo  précédente, nous l’apercevons sortant d’une caverne. Le Kojiki raconte  qu’elle s’y est enfermée suite à conflit avec son frère appelé le dieu  de l’orage Susanoo, né de la purification du nez d’Izanagi. Amaterasu,  quant à elle, est née de la purification de l’œil gauche d’Izanagi. Les  hostilités de son frère débutent lorsqu’il désire partir pour le pays de  sa mère défunte Izanami (que Kagu Tsuchi aurait tué à sa naissance par  le feu), alors qu’il est désigné par son père pour régner sur la Mer.  Izanagi ne comprend pas les plaintes de son fils et pour le punir il le  condamne à régner à Taga dans l’Afumi. Irrité, Susanoo détruit des  cultures de riz, et souille le palais de sa sœur en y éparpillant des  excréments. Amaterasu semble l’excuser en précisant qu’il s’agirait  plutôt de vomissement dû à une consommation excessive d’alcool (noter  qu’Indra, le dieu de l’orage hindou, est tout comme lui réputé pour ses  nombreux excès). Malgré ses excuses, Susanoo continue ses actions  malveillantes et devient de plus en plus violent. Il se rend au Ciel  pour voir sa sœur mais il clame qu’il n’a pas d’intension négative. En  preuve de sa bonne foi, il échange son sabre (brisé en trois morceaux)  contre cinq bijoux d’Amaterasu, chacun étant chargé de transformer ces  éléments en divinités. Comme il parvient à créer cinq divinités, son  exploit supérieur à celui d’Amaterasu lui monte à la tête et il détruit  tout sur son passage. L’outrage ultime est de lancer un cheval fouetté  dans le Hall Céleste du tissage, si bien qu’une tisseuse se pique et  meurt.



    A la suite de cet évènement,  Amaterasu est terrifiée et elle se réfugie dans une caverne. L’absence  de sa lumière provoque l’éclaircissement du ciel et la mort de la  nature. Les huit-cent myriades de dieux sont affectées par cette  disparition. Elles se concertent dans une Assemblée divine et un plan  est élaboré. Un miroir est construit et est placé au milieu d’un arbre  (appelé cleyera japonica) composé de cinq-cent branches. Dans les  branches supérieures, on place des guirlandes de perles et dans les  branches inférieures des bandes d’étoffes bleues et blanches. Le tout  est positionné à la sortie de la caverne. Toutes les divinités y sont  également présentes. La déesse Ame no Uzume danse et chante. Elle  réalise un striptease qui provoque l’hilarité générale et Amaterasu  intriguée souhaite savoir qui est cette déesse. Ame no Uzume  déclare : « nous nous réjouissons et sommes heureux car il y a une  déesse plus glorieuse qu’Amaterasu ». Celle-ci intriguée s’avance en  direction de la sortie. Le fameux miroir est positionné au dehors de la  caverne. Il suscite la curiosité d’Amaterasu qui s’approche  progressivement de la sortie. Le dieu « Ame-no-ta-jikara-wo-kami » (le  dieu-à-la-Puissante-Main-Céleste) l’attrape par la main et la fait  sortir de sa caverne. La lumière est ainsi restaurée sur le monde  provoquant le renouveau de la nature.



    Chapitre 3, l’enlèvement de Perséphone

    L’absence  de la déesse Amaterasu et la manière dont elle attirée à l’extérieur de  son refuge est lié intimement à un mythe grec impliquant la déesse  Déméter : « l’enlèvement de Perséphone ». Par soucis de clarté je résume  ci-dessous ce mythe : Pérséphone, fille de Démeter est enlevée par  Hadès, régnant sur le royaume des morts, par la volonté de Zeus. Sa mère  entend ses cris d’appels à l’aide et elle cherche alors sa fille sur la  terre et sur la mer accompagnée d’Hékaté qui tient dans ses mains des  torches ardentes avant de rejoindre Hélios. Celui-ci lui apprend à  Déméter que sa fille a été donnée en mariage à Hadès par Zeus. Quand  elle découvre la raison de la disparition de sa fille, elle dérobe sa  beauté et sa jeunesse. Elle devient ainsi méconnaissable. Elle quitte  l’Olympe et se rend vers les villes des hommes. Les quatre filles de  Kéléos, nourrisson de Zeus, l’aperçoivent sous un olivier à proximité du  puits où elles viennent prélever de l’eau mais elles ne la  reconnaissent pas comme une déesse. Elle se dit être Déo et elle aurait  été enlevée par des pirates mais elle aurait réussi à s’enfuir. Se  déclarant être une excellente nourrisse et bonne, elle se sent prête à  vivre dans la demeure d’un homme ou d’une femme qui pourrait lui donner  ces rôles. Les filles de Kélos lui apprennent que sa mère Métaneirè a  donné naissance à un jeune enfant malgré qu’elle soit âgée. Métaneirè  accepte de la recevoir pour lui proposer un rôle de nourrice. Une fois  dans la maison de Kéléos, la lumière resplendissante de la déesse saisit  Métaneirè de respect et de terreur. Celle-ci lui propose alors son  siège éclatant qu’elle refuse. La sage Lambé approche alors un siège  recouvert d’une peau blanche et Déméter accepte dès lors de s’asseoir.  Cette sage Lambé réussit à l’amuser par des plaisanteries et change  ainsi son état d’esprit. Déméter accepte le rôle de nourrice que lui  propose Métaneirè. Démeter oint le nourrisson avec de l’ambroisie et  l’entoure d’un feu durant la nuit. Métaneirè découvre horrifiée son  enfant entouré de grandes flammes. Déméter entre alors dans une terrible  colère déclarant qu’elle aurait mis à l’abri de la vieillesse son fils,  néanmoins il resterait toujours honoré car il a dormi dans ses bras.  Elle fait part de son envie d’être honorée comme il se doit notamment  par la construction d’un temple en son honneur. La déesse quitte la  demeure en changeant de stature et de forme (« en rejetant la  vieillesse ») et la lumière jaillit de son corps. La demeure s’emplit de  splendeur et Déméter s’en va. Métaneirè est complètement affecté par ce  qui vient de se passer et ses nourrices informent Kéléos qui décide de  construire un temple magnifique en l’honneur de Déméter. Celle-ci  toujours affligée dans sa peine par la disparition de sa fille affecte  la terre et les hommes par une profonde famine (Déméter ayant caché  toutes les semences de la terre). Zeus envoie de nombreux dieux avec  d’innombrables présents en son honneur mais son cœur ne fléchit pas. Il  décide donc de flatter Hadès, via son messager Hermès, afin de laisser  revenir à la lumière la fille de Déméter. Le souverain des enfers  accepte de laisser partir Perséphone mais il la force à manger des  grains de grenade. Ayant gouté à la nourriture de l’enfer et condamnée  dès lors à vivre aux enfers selon la loi de ce royaume, Déméter lui  propose de retourner un tiers de l’année dans le royaume d’Hadès. La  retrouvaille de cette déesse avec sa fille est heureuse. La tendresse  de  la déesse Hékatè envers Perséphone est également évoquée (nombreuses  caresses) car celle-ci « l’avait accompagnée et suivie ». Zeus envoya  Rhéia afin de ramener Déméter parmi les dieux lui promettant tous les  honneurs et également que sa fille ne resterait qu’un tiers de l’année  dans le royaume souterrain. Rhéia tente d’apaiser par ses propos Déméter  (le récit précise que Déméter est irritée contre Zeus), qui accepte à  la fin du récit d’initier plusieurs rois aux rites sacrés.

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    Triptolème  recevant de Déméter et sa fille Perséphone les céréales pour apprendre  l'agriculture à l'humanité. Bas-relief d'Éleusis (440 av. J.-C.) exposé  au Musée national d'archéologie d'Athènes. 



    Chapitre 4, lien entre le miroir d’Amaterasu et l’enlèvement de Perséphone

    On  aurait ainsi un parallèle entre Déméter et Amaterasu. Toutes deux sont  des déesses de la fertilité en chagrin. Leur rôle sur terre est  indispensable et les dieux sont affectés par son absence. Dans les deux  mythes, la déesse est triste et semble contrainte à cacher son éclat.  Dans le mythe de Déméter, sa lumière se reflétant dans la maison de  Kéléos est comparable à celle d’Amaterasu illuminant la caverne dans  laquelle elle s’est réfugiée. Nous avons dans ces deux mythes un  symbolisme fort concernant le rôle divin d’Amaterasu et de Déméter. La  frivolité d’ Ame no Uzume est une des étapes du changement d’état  d’esprit d’Ameterasu, tout comme le rôle de Lambé dont les plaisanteries  changent l’état d’esprit de Déméter. La nudité n’est pas clairement  évoquée dans les Hymnes homériques mais ce n’est pas le cas de toutes  les versions de ce mythe grec. En effet, une version de attribuée à  Philochore explique que Lambé énonce des frivolités et réalise des  gestes futiles. La notion de nudité est également évoquée dans la  version de Clément d’Alexandrie lorsqu’il précise que Baubô «  se montre  de tout son corps tout ce qu’il y a d’inconvenant ». Notez que Baubô  signifie en grec vulve. L’Hymne à Déméter de Philikos (un contemporain  de Ptolémée II) nous apporte un élément important : le silence de  Déméter est brisé par l’intermédiaire de Lambé qui tient des propos sans  retenue et permet ainsi à la déesse de «  se lever d’un rocher nommé  sans sourire ». Ce rocher semble évoquer la caverne d’Amaterasu. Outre  l’intervention d’une déesse frivole, la symbolique du miroir ou du siège  est comparable. Nous y retrouvons un stratagème afin de faire assoir la  déesse dans son rôle divin : dans la version japonaise, un miroir est  placé au milieu d’un arbre et il est sensé refléter une image d’elle  rayonnante ; dans la version grecque, Déméter est assise sur un trône  d’or caché par un drap blanc. Ce moment caractérise le changement d’état  d’esprit opéré pour les deux déesses qui doivent dévoiler à nouveau  leur image lumineuse. On pourrait considérer le siège brillant de  Déméter comme une image du reflet de la lumière solaire d’Amaterasu dans  le miroir. Le symbolisme va bien plus loin : nous avons également un  rappel du péplos bleu de Déméter et du drap blanc posé sur le siège qui  se retrouve dans les bandes bleus et blanches suspendues dans l’arbre  japonais. Celui-ci se retrouve aussi  dans la version grecque (arbre à  feuilles persistantes) lorsque Déméter attend sous celui-ci les filles  de Métaneiré avant d’entrer dans la maison de Kéléos. Cela n’est pas un  hasard. La grande différence consiste en la précision du mythe grec. Il  ajoute notamment la retrouvaille de Déméter avec sa fille et les  honneurs auquel elle a droit. Le point final commun de ces deux mythes  considère la sortie d’Amaterasu de sa caverne et de Déméter de la maison  de Kéléos. Cet évènement s’accompagne dans les deux cas du retour de la  lumière sur le monde et que les deux déesses ne semblaient plus  assumer.


    Comparaison entre « le mythe du miroir d’Amaterasu » et l’hymne homérique de Déméter ».


    Mythe japonais

    Mythe grec



    Déesse principale du mythe

    Amaterasu, la déesse du soleil et de l’agriculture

    Déméter  à la belle couronne, déesse de l’agriculture, elle est capable de  changer d’apparence et lorsqu’elle reprend son apparence normale une  lumière jaillit de son corps.



    Cause du départ de la déesse de l’agriculture

    Susanoo envoie un taureau fouetté dans hall du ciel et une tisseuse de Déméter se tue

    Zeus demande à Hadès (Aidôneus) son frère, le dieu des enfers, d’enlever Perséphone



    Action de la déesse et conséquence sur Terre

    Fuite dans une caverne obstruée par un rocher, disparition de la lumière du soleil

    Interruption  des activités agricoles de Déméter qui part à la recherche de sa fille,  changement d’apparence en une vieille femme sans lumière



    Conséquence pour les Dieux

    Les dieux sont inquiets de l’absence de lumière et se réunissent en un conseil pour trouver une solution

    Zeus le chef du panthéon grec s’inquiète de la famine des humains



    Réticence de la déesse à reprendre sa place divine

    La déesse est réticente à l’idée de sortir de sa caverne

    Dans la demeure Kéléos, Déméter est réticente à s’assoir sur le trône de Métaneirè.



    Comparaison symbolique des éléments du miroir-arbre et du siège

    Un arbre aux feuilles persistantes est placé devant la caverne

    Un  peu plus tôt dans le récit grec, la déesse était assise au bord de la  route (non loin du puits Parthénien) et un olivier touffu croissait,  soit un arbre aux feuilles persistantes, au-dessus d’elle. « Elle était  semblable à une vieille femme privée du pouvoir d’enfanter et des dons  d’Aphrodite »



    On accroche à l’arbre, aux  branches supérieures des guirlandes de joyaux, aux branches moyennes un  miroir. Noter que plus tard dans le récit, Amaterasu s’empare du miroir  et également de la guirlande de joyaux

    La déesse est  invitée à s’assoir sur un siège éclatant (le récit ne le précise pas  mais probablement que le siège reflète sa propre lumière tout comme un  miroir)

    Aux branches inférieures de l’arbre, on place des bandes d’étoffes blanches et bleues

    La  Sage Lambè approche pour la déesse un siège solide qu’elle recouvrit  d’une peau blanche. Noter qu’un peu avant d’entrer dans la demeure,  Déméter est décrite : « le péplos bleu flottait autour des pieds légers  de la déesse »



    Déesse dansante

    Ame  no Uzume  danse , chante et dévoile son sexe devant l’Assemblée divine.  Amaterasu sort de la caverne intriguée de savoir qui est cette déesse

    La déesse Lambè (la frivole Baubô), plaisante ce qui fait rire Déméter et réjouît son âme



    Conséquence finale du récit

    Renouveau de la nature.

    La  vérité sur la vraie nature de Déméter est racontée au mari Kéléos et  celui-ci convoque la multitude du peuple pour construire un temple dédié  à Déméter. Elle reste malgré tout amère et il faudra le retour de sa  fille et également tous les honneurs qu’elle désire sur l’Olympe pour  qu’elle s’apaise et qu’elle reprenne son rôle dans l’agriculture.



    Sources bibliographiques

    BROWN D. Kojiki. Japanese Historical Text Intiative. University of California at Berkeley. http://sunsite.berkeley.edu/jhti/Kojiki.html. Consulté le 15/10/2012.

    CHAMBERLAIN B. H., 1981. The Kojiki. Records of Ancient Matters. Periplus Editions, Boston.

    HOMÈRE, 1893. Hymnes homériques. Traduction de Leconte de Lisle. A. Lemerre, pp. 441-456 Consulté le 17 novembre 2012.

    OLENDER M., 1985. Aspects de Baubô. Textes et contextes antiques. Revue de l’histoire des religions. Volume 202, Numéro 202-1. pp. 3-55.



    .
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:25

    Les Mythes et les Religions - Page 3 32ss

    Papillon
    La métamorphose de la chenille en papillon est un symbole universel.

    Que symbolise le papillon ?
    Au  Japon, le papillon est un emblème de la femme; deux papillons figurent  le bonheur conjugal. Léger, le papillon est un esprit voyageur; sa vue  annonce une visite ou la mort d'un proche.
    Chez les Aztèques, le  papillon est un symbole de l'âme, ou du souffle vital échappé de la  bouche de l'agonisant. Un papillon jouant parmi les fleurs représente  l'âme d'un guerrier tombé sur un champ de bataille. En effet, les  guerriers redescendent sur terre sous forme de colibris ou de papillons.
    Au  Zaïre, un mythe raconte que l'homme suit de la vie à la mort le cycle  du papillon. Il est dans son enfance une petite chenille, une grande  chenille dans sa maturité; il devient chrysalide dans sa vieillesse; sa  tombe est le cocon d'où sort son âme, qui s'envole sous la forme d'un  papillon.
    La ponte de ce papillon est l'expression de sa réincarnation.
    En  Grec, le terme de psyché désigne à la fois, l’âme humaine et le  papillon. Selon la mythologie, Prométhée façonna le corps humain avec de  l’argile, et Athéna y insuffla un papillon pour l’animer.
    La métamorphose de la chenille en papillon est un symbole qui est repris dans toutes les mythologies.
    Comme le papillon qui émerge de sa chrysalide, l’âme humaine est appelée à renaître des épreuves pour s’éveiller à la sagesse.
    Tous les cliparts sont au format gif. Image avec fond transparent.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 8bjt
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:26

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Oxu0
    Cerf

    Cet animal évoque la force, mais aussi la grâce.

    Que symbolise le cerf ?

    Cet  animal évoque la force, mais aussi la grâce. Le cerf est l'un des  animaux les plus représentés parmi les symboles religieux et mythiques.

    La ramure du cerf se renouvelle périodiquement. C'est pourquoi il est souvent comparé à l'arbre de vie.

    Cet animal symbolise la fécondité, la croissance et la renaissance.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Auug
     
    Les  bois évoquaient également la croix portée par le Christ alors que la  ramure à dix cors des plus beaux cerfs représentait les Dix  Commandements.

    Majestueux, le cerf représente l'agilité et l'autorité. C'est pourquoi il évoque la royauté.

    Le  cerf est également au centre de nombreuses paraboles religieuses. Lors  de la christianisation de l’Europe, les prêtres missionnaires  utilisèrent la force métaphorique du cerf pour convertir les païens.

    Dans l'Antiquité, le cerf était consacré à Diane (Artémis), la vierge chasseresse.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 I8qy
     
    À  cause de sa longévité supposée, plusieurs siècles selon le poète grec  Hésiode, les Égyptiens en avaient fait l'emblème de la vieillesse. Cet  animal sacré était lié au culte des morts et à la résurrection.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Ggho
     
    Les prouesses sexuelles du cerf sont à l’origine de l’expression « avoir des cornes ».

    Cette  expression puise son origine dans le conte Merlin l’enchanteur qui date  du XIIe siècle. Apprenant que son épouse se remarie, Merlin fonce à dos  de cerf sur son rival ; fou de colère, il arrache les cornes de sa  monture et tue l’amant en lui envoyant le trophée au visage.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:26

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Nmbr

    Vampirisme

    Le vampirisme est né des puissantes vertus que l’homme a toujours attribué au sang.


    Histoire du vampirisme

    Le vampirisme est né des puissantes vertus que l’homme a toujours attribué au sang ainsi qu’à sa peur de la vengeance des morts.

    La parfaite conservation de certains cadavres a largement contribué aux croyances en l’immortalité de certains êtres maléfiques.


    La peur des morts-vivants

    Dans l’Antiquité, le panthéon assyrien possède des démons suceurs de sang dont la cruelle Lilith.

    Dans  la Bible, Lilith est la première femme créée par Dieu. Mais, il utilisa  de la boue, mélangée à des immondices pour la façonner.

    Créature impure et mauvaise, Adam la rejeta. Dieu créa alors Ève.

    Symbole du mal absolu, du vice et de la luxure, Lilith représente l'abandon aux sens.

    De leur côté, les Romains ont Lamia, une goule malfaisante qui vampirise et dévore les fœtus.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Slgk 
    Panoplie du tueur de vampires au 19e siècle.
     
    Il  existe des écrits religieux irlandais, du 7e ou 8e siècle, qui font  mention des vampires. L'excommunication est d'ailleurs préconisée pour  ceux qui croient aux morts-vivants.

    C’est au XIe siècle que l’on trouve la première mention officielle du vampirisme en Occident. Le mythe s’étend au monde entier.

    Ainsi,  au XIIe siècle, il est tellement bien implanté que l’on doit, en  Angleterre, brûler ces créatures pour apaiser la colère populaire.

    Autant préciser que ce sont de pauvres victimes innocentes qui font les frais de cette superstition.

    Depuis  une dizaine d'années, de nombreux squelettes, datés du Moyen Age,  étrangement mutilés ont été découverts en Europe. Les individus ont subi  des mutilations afin qu'ils ne reviennent pas à la vie.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 1nnw
     
    La  pierre placée dans la bouche empêche l'âme de s'échapper et le défunt  de revenir à la vie (Kilteasheen, Irlande). « Vampires et morts-vivants  au Moyen Âge » diffusé sur Arte
     

    À  partir de 1730, des tombes sont profanées en grand nombre. Les  cadavres, soupçonnés d’être des vampires, sont déterrés, leurs cœurs  sont transpercés d’un pieu puis les corps sont brûlés.

    Le  phénomène prend tant d’ampleur que l’armée est obligée d’intervenir. Ce  macabre rituel est parti de Grèce pour s’étendre à toute l’Europe  centrale.

    En  décembre 1732, des médecins militaires autrichiens ont enquêté sur une  série de décès survenus dans un village de Serbie, qui fait alors partie  de l'Empire austro-hongrois.

    Les  habitants du village ont expliqué aux Autrichiens que 17 personnes  étaient mortes subitement en l'espace de trois mois. Plusieurs d'entre  elles se seraient transformées en vampires.

    Le  chirurgien en chef a rédigé un rapport précis des autopsies qu'il a  réalisé, car les autorités craignaient qu'il ne s'agisse d'un foyer  épidémique.

    Le chirurgien a constaté que sur les 17 corps, seuls quatre se décomposaient selon un processus qui lui semblait naturel.

    Les autres cadavres présentaient, selon lui, des anomalies :


    • Ongles longs

    • Peau souple

    • Présence de sang frais à l'intérieur du corps

    • Présence de sang à la commissure des lèvres


    Le  chirurgien a conclu dans son rapport à des actes de vampirisme. La  presse s'est aussitôt emparée de l'histoire qui a fait la Une dans toute  l'Europe.

    La rumeur est venue se greffer sur des peurs préexistantes. Une gigantesque chasse aux vampires s'est alors organisée.

    De nombreuses tombes de personnes récemment décédées ont été profanées, les dépouilles exhumées et les têtes tranchées.

    Des cadavres ont été brûlés sur des buchers.



    Autopsie d'un vampire

    Depuis  le 18e siècle, la médecine a fait des progrès. Elle a établi que les  stigmates du vampirisme n'étaient en fait que les marques d'un processus  normal de décomposition.

    Un corps peut paraître inaltéré simplement parce que les gaz issus de la décomposition font gonfler les tissus.

    Les marques de sang, autour de la bouche, sont les conséquences d'un rejet de liquide gastrique.



    Le syndrome de Dracula

    Les  scientifiques ont cherché à trouver des bases rationnelles pour  expliquer le vampirisme. Les dernières théories médicales s’orientent  vers une maladie rare : la porphyrie.

    Cette  affection héréditaire aboutit à l’accumulation dans le sang d’un des  composants de l’hémoglobine, la porphyrine. Cela entraîne divers  symptômes cutanés.

    Dans  les années 1980, des chercheurs ont décrit une forme très rare de cette  maladie. Les patients développaient des dents pointues, une  hypersensibilité à la lumière et un besoin de sang.

    Des cas, inconnus par nos ancêtres, de cette maladie, ont certainement dû alimenter la peur populaire.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:28

    Centaure
     
    Les  Centaures étaient des créatures mi-hommes mi-chevaux. Ils descendaient  d'Ixion, le premier homme à avoir assassiné un membre de sa famille, et  qui conçut le premier Centaure en s'unissant à une nuée à laquelle Zeus,  le dieu suprême, avait donné la forme de son épouse, Héra.
    Les Centaures vivaient en Thessalie, autour du mont Pélion, et étaient considérés comme des êtres sauvages, non-civilisés.

    Ils  entrèrent en conflit avec leurs voisins, les Lapithes : profitant du  mariage de Pirithoos, le roi des Lapithes, ils avaient tenté d'enlever  la mariée ainsi que d'autres femmes Lapithes. Les héros Thésée et Nestor  prirent part au combat pendant lequel beaucoup de Centaures périrent. 


    Fils de Chronos, Chiron est un Centaure très différent. Contrairement aux autres Centaures, c’est un personnage bon et cultivé.
    D’une grande sagesse, il se vit confier l'éducation d'un grand nombre de dieux et de héros.


    Les Mythes et les Religions - Page 3 Atpn 
    Centaure (Musée d'Art de Sarasota, Floride).
     
    Héraclès,  le plus grand des héros grecs, eut à plusieurs reprises maille à partir  avec les Centaures. Un jour qu'il était l'hôte de Pholos, alors qu'il  chassait le sanglier d'Érymanthe, le héros se plaignit qu'on ne lui  servait pas de vin, alors même qu'une jarre de vin était entreposée dans  la pièce.
    Les Mythes et les Religions - Page 3 T9x5 
    Chiron était un centaure cultivé.
     
    Pholos  lui fit remarquer que Dionysos, le dieu du vin, avait décrété que cette  jarre appartenait en commun à tous les Centaures. On ouvrit la jarre,  et les autres Centaures, qui avaient senti l'odeur du vin, arrivèrent en  foule. Une bagarre éclata alors, au cours de laquelle Héraclès abattit  plusieurs Centaures de ses flèches empoisonnées. Son hôte, Pholos,  mourut lui aussi, et l'une des flèches d'Héraclès atteignit même  l'immortel Chiron. Ce dernier souffrit tellement de sa blessure qu'il  préféra finalement renoncer à son immortalité.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 H37e 
    Héraclès tuant le Centaure. 
     
    Le  Centaure Nessos (en latin Nessus) allait se venger par la suite  d'Héraclès. Beaucoup plus tard, après avoir vainement tenté d'abuser de  l'épouse d'Héraclès, Déjanire, et avoir été mortellement blessé par une  flèche du héros, il conçut un plan machiavélique.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Av58 
    Thésée combattant un Centaure.
     
    Avant  de mourir, il murmura à l'oreille de Déjanire qu'il pouvait lui donner  un moyen infaillible de s'assurer de la fidélité de son époux. Il lui  suffisait de recueillir le sang coulant de sa blessure chaque fois  qu'elle aurait des doutes sur la fidélité d'Héraclès, elle n'aurait qu'à  en enduire ses vêtements, et plus jamais il ne la trahirait. À l'insu  d'Héraclès, Déjanire remplit donc un flacon du sang de Nessos, qu'elle  mit soigneusement de côté.
    Des années plus tard, dans un moment de  doute et de jalousie, Déjanire mit en pratique le remède de Nessos. Les  conséquences en furent dramatiques. Couverte du sang empoisonné de  Nessos, la tunique d'Héraclès lui provoqua d'horribles brûlures et le  héros mourut dans des souffrances épouvantables.


    Les Mythes et les Religions - Page 3 Lorq 
    Centaure luttant contre un Lapithe . British Museum 
     
    Le  centaure roman a perdu le tempérament primaire de son modèle grec. Il  tire avec son arc une flèche vers le ciel pour montrer au fidèle ou au  pécheur la voie à suivre.
    C’est donc une version assagie du monstre original que l’on nomme également « centurelle » ou « hippocentaure ».
    Cependant, il incarne toujours la séduction et le diable.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:29

    Chimère
     
    La  Chimère est un monstre femelle à l’apparence terrifiante. Elle possède  une tête et un corps de lion, une tête de chèvre sur le dos et une queue  à tête de serpent. Comme le dragon, elle crache des flammes.


    La Chimère répandait la terreur, notamment dans la Turquie actuelle.

    Ce  monstre serait le fruit de l’union d’Echidna (la vipère) avec le géant  Typhon. La Chimère est tuée par Bellérophon qui réussit à apprivoiser  Pégase, le cheval ailé.
    Comme il ne peut l’approcher, à cause des flammes qu’elle crache, il la transperce de flèches de plomb.
    Au contact de sa chair enflammée, le métal fond en elle et la consume.


    Le  mot « chimère » est resté dans notre vocabulaire pour désigner une  illusion ou un projet utopique. Peut-être en référence à l’apparence de  la Chimère qui était composée de plusieurs attributs empruntés à des  animaux différents, ce qui est bien sûr impossible.



    Les Cyclopes
     
    Dans la mythologie grecque, les Cyclopes sont des géants dotés d'un seul oeil au milieu du front.

    Les  premiers Cyclopes (Cyclopes ouraniens) étaient fils d'Ouranos, le dieu  du ciel, et de Gaia, la déesse de la terre. Craignant que ses fils ne  lui prennent son pouvoir, Ouranos les refoula dans le ventre de leur  mère (la terre).

    On distingue quatre sortes de cyclopes :


    • Cyclopes ouraniens

    • Cyclopes forgerons

    • Cyclopes bâtisseurs

    • Cyclopes pasteurs


    Après  que le Titan Cronos eut détrôné son père Ouranos, les Titans connurent  une brève période de liberté, mais furent bientôt emprisonnés dans le  Tartare, la partie la plus sinistre du monde souterrain.

    C'est  Zeus, le fils de Cronos, qui les délivra. Zeus et ses frères avaient en  effet besoin de leur soutien dans la lutte qu'ils avaient engagé contre  Cronos et les autres Titans.

    Grâce  notamment aux Cyclopes, Zeus et ses frères remportèrent la victoire.  Pour remercier Zeus de les avoir libérés, les Cyclopes lui forgèrent des  éclairs foudroyants, ainsi que le trident de Poséidon et, pour Hadès,  dieu du monde souterrain, un casque qui le rendait invisible.

    Les trois Cyclopes qui permirent à Zeus de remporter la victoire prirent les noms suivants :


    • Argès « l’éclair »

    • Stéropês « la foudre »

    • Brontês « le tonnerre »



    Les Mythes et les Religions - Page 3 Hey3 
    Le Cyclope Polyphème projetant un rocher sur Ulysse.

     
    Ces  trois Cyclopes furent tués plus tard par Apollon, car il leur  reprochait d’avoir fourni à Zeus la foudre avec laquelle le dieu suprême  tua Asclépios, fils d’Apollon.
    Les  cyclopes forgerons sont les aides d’Héphaïstos, dieu boiteux de  l’artisanat, du feu et de la métallurgie (Vulcain pour les Romains).

    Cet  habile forgeron était censé avoir élu domicile sur l’île volcanique de  Lemnos. Plus tard les Romains le situèrent au cœur du volcan de l’Etna,  en Sicile.

    Les  Cyclopes forgerons travaillent l’airain afin de fabriquer l’armure des  dieux et des héros. Parmi ces Cyclopes, les plus célèbres sont Pyracmon  « l’enclume » et Acamas « l’infatigable ».

    Durant toute l'Antiquité, les Cyclopes gardèrent cette image d'habiles techniciens au service d'Héphaïstos.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 4o7d 
    Cyclope Polyphème. B
     
    Les Cyclopes bâtisseurs sont censés avoir édifié les « murailles cyclopéennes » de Mycènes et Tirynthe.

    Dans  l'Odyssée, Homère présente une image très différente des Cyclopes. Lors  de son éprouvant voyage de retour après la chute de Troie, Ulysse  débarque sur une île habitée par les Cyclopes, probablement la Sicile.


    Ceux-ci sont décrits comme « des brutes sans foi ni loi ». Ils élèvent des troupeaux de moutons.

    Dépourvus  de toute capacité technique, ces géants sont ici des bergers primitifs  qui n’hésitent pas à dévorer les hommes qui pénètrent sur leur  territoire.

    Le  Cyclope Polyphème, fils du dieu de la mer, Poséidon, commence par  dévorer six des compagnons d'Ulysse et garde les autres enfermés dans  une caverne afin de les manger plus tard. Mais Ulysse, qui a dit à  Polyphème qu'il s'appelait « Personne », réussit à enivrer le monstre et  à lui crever son oeil unique à l'aide d'un pieu enflammé.


    Alertés  par les hurlements de Polyphème, les autres Cyclopes entendent ce  dernier leur dire que c'est « Personne » qui l'a frappé: ils en  concluent que Polyphème est devenu fou et Ulysse parvient à s'échapper  avec ses hommes en s'accrochant à la laine des moutons du Cyclope.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Tuzc
    Polyphème. 

     
    Les  Cyclopes anthropophages d'Homère semblent avoir été les modèles de ces  terrifiants géants qui ont peuplé depuis d'innombrables contes de fées  et de livres pour enfants.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:31

    Dragon : symbolisme, origine
     
    Contrairement à la réputation occidentale, le dragon est, en Chine, un animal bénéfique et lié au pouvoir.

    Pour  les Occidentaux, le dragon crache du feu, symbole apparenté à l’Enfer.  Pour les Chinois, le dragon réunit symboliquement tous les éléments.

    Le dragon est présent dans les légendes du monde entier. Son aspect et son symbolisme divergent selon les cultures.


    Le dragon chinois

    Il  existe en Chine, une quantité de dragons différents qui peuvent revêtir  plusieurs formes. D’apparence animale, humaine ou les deux à la fois,  les dragons se transforment en nuage ou en source, vivent dans les cieux  ou dans les mers.

    Les Mythes et les Religions - Page 3 Eguq 
    Dragon sur un temple à Taiwan.
     
    Le  dragon peut posséder des cornes ou des bois de cerf. Il est également  souvent représenté avec des ailes recouvertes d’écailles ou de poils. Ce  dragon là, celui que nous connaissons le mieux, est affublé de griffes  puissantes et l’air qu’il souffle peut devenir nuage, pluie ou feu.

    Chaque dragon à la morphologie différente porte un nom :


    • Tch’eu-lung pour les dragons sans corne

    • Kiao-Lung pour les dragons à écailles

    • K’ieou-lung pour les dragons à cornes

    • Ying-long pour les dragons ailés


    Dans la religion populaire, le dragon est devenu le maître de la pluie. De grandes cérémonies lui sont consacrées.

    On  peut également s’attirer ses faveurs en lui présentant une jeune femme  que l’on substitue au dernier moment. Ce marché de dupe attise sa colère  et  il provoque alors le tonnerre et la pluie.

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    Dragon bleu. Céramique chinoise. Dynastie Ming, 1522-1566. Palace Museum, Beijing. 

     


    L’année du dragon est une année bénéfique, signe de paix, de richesse et de bonnes récoltes.

    Le dragon est l’animal du levant. Il est bleu ou vert. C’est le yang qui prédomine, une énergie masculine puissante.

    Comme le souverain, il est un pivot entre le ciel et la terre. Il participe au maintien de l’harmonie.

    Le dragon est un symbole de pouvoir. L’empereur ou les grands dignitaires portaient une robe de cérémonie, appelée le mangpao.

    Ce  vêtement était orné d’un dragon à cinq griffes enroulé autour d’une  perle. Le tissu était revêtu d’un motif de lotus et de nœuds qui sont  les emblèmes bouddhiques du bonheur.

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    Mangpao. (Victoria and Albert Museum, London)
     
    Sa semence, déposée et congelée dans les entrailles de la Terre, devient le jade, pierre précieuse pour les Chinois.

    Les  Chinois attribuent au jade toutes les vertus dont celle de conserver  les corps. D’ailleurs, à l’époque des Zhou, on voit apparaître les  premiers jades cousus sur les linceuls.

    A l’époque des Han, le défunt de sang royal est entièrement revêtu de plaques de jade cousues ensemble par des fils d’or.

    Le dragon n’a-t-il  pas la réputation d’être immortel ?

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    Coupe en jade. (Shangai Museum)
     
    Certaines  légendes racontent que les dragons s’accouplent en mêlant leur souffle.  Les œufs, nacrés et multicolores, sont déposés près des rivières.

    Le dragon symbolise les quatre éléments fondamentaux : air, terre, eau et feu.

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    Le dragon chinois est immortel. 

     
    Animal ailé, il est apparenté aux airs. Mais, ses écailles et sa longue queue en font un reptile terrestre.

    Il crache du feu et est aussi associé à l’eau.

    Le dragon dans la mythologie chinoise

    Le  dragon est omniprésent dans la mythologie chinoise. Nugua (ou Nuwa),  déesse à l’origine du monde selon la cosmogonie chinoise, est un être  mi-humain, mi-dragon.

    Le dragon  est presque toujours bénéfique et aide dieux et hommes à vaincre les forces du mal ou les catastrophes naturelles.

    Le dragon apparaît par exemple dans l’une des versions du mythe du déluge.

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    Peinture murale d'un dragon à Chinatown. 

     
    Exceptionnellement,  il est fait référence à un dragon maléfique dans le premier mythe du  déluge. En effet, le dieu-ouvrier Gong-Gong prend la forme d’un dragon  noir quand il remue les eaux du monde, à tel point qu’elles se  précipitent contre la barrière du ciel, faisant craindre le retour du  chaos.
    Par  contre, la version majeure du déluge narre comment le héros Yu maîtrise  les eaux grâce à ses prouesses physiques surhumaines. Mais, il ne peut  réussir l’exploit d’arrêter le déluge sans l’aide de dragons aquatiques  et d’une tortue.

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    Dragon-cheval sortant des eaux (VIIIe siècle avant notre ère). Bibliothèque Nationale, Paris. 

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    Une légende raconte qu’un dragon, sorti du fleuve jaune, apporta à Yu le Grand les plans du monde.

    Le  prince Yu est le fondateur mythique de la première dynastie des Xia. Il  est un héros civilisateur à qui l’on attribue le fait d’avoir dompté  les inondations du fleuve jaune. Il est souvent représenté dans la  couleur qui sera plus tard réservée exclusivement aux empereurs de  Chine : le jaune.

    Les plans du monde se traduisent en chiffre allant de un à neuf.

    Sur le modèle d’un carré divisé en neuf parties égales, Yu a créé neuf provinces.


    Dragon : Yin et Yang

    Les  empereurs de Chine s’asseyaient sur un trône sculpté de dragons. Ces  animaux étaient associés aux pratiques de géomancie, ou feng-shui.

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    Dragon chinois symbole du yang.
     
    Les géomanciens recherchaient les meilleurs sites pour l’emplacement des villes, des palais ou des tombeaux.

    Les  ouvrages devaient bénéficier de la puissance des grands courants  telluriques. Ces courants magnétiques pouvaient être de nature  négative  (yin)  ou positive (yang.)

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    Dragon aquatique à Kyoto.
     
    Le  courant positif était symbolisé par un dragon mâle. Ce courant suivant  les lignes escarpées des hauteurs où résidait le dragon.

    Les  routes qui cheminaient de mont en mont étaient appelées lung-mei  (routes du dragon.)Ces routes étaient d’ailleurs soigneusement protégées  et il était interdit de construire à proximité.

    Bien sûr, il fallait respecter l’équilibre entre le yin et le yang lors de la construction des édifices.

    Le dragon dans les autres civilisations


    Pour  les Celtes comme pour les Romains, le dragon était un symbole guerrier.  L’emblème de l’empire d’Orient était un dragon pourpre.

    Chez  les Celtes, Uther Pendragon, le père du roi Arthur, avait adopté pour  emblème le dragon. Uther avait vu en songe un dragon traverser le ciel  en jetant des flammes. Ses devins avaient vu là un présage selon lequel  il devait hériter du royaume de son frère.

    Le  présage se réalisa et Uther fit confectionner deux étendards  représentant des dragons, dont l’un l’accompagnait dans toutes ses  batailles.

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    Statue d'un dragon en Slovénie.
     
    Dans la littérature celtique, le mot dragon désigne aussi un chef. Un pendragon est un chef suprême.

    Dans  le seul folklore britannique, on compte plus d’une cinquantaine de  dragons différents. Dans le monde entier, on en recense des milliers.

    En  Europe, la légende la plus connue est celle de saint Georges tuant le  dragon. Cette légende a trouvé de nombreuses variantes avec des  ingrédients identiques : un dragon qui ravage un royaume et exige un  tribut annuel. Le tribut est en général une belle jeune fille. Un  chevalier s’empresse de tuer le dragon pour sauver le royaume et épouser  la belle.

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    Saint Georges terrassant le Dragon. Nîmes (Gard, France).
     
    Pour  les chrétiens, c’est la Foi qui est symbolisée par le preux chevalier.  Ce dernier sauve l’Eglise, personnifiée par la princesse, des démons du  paganisme, représenté par le dragon.

    Il y a beaucoup de dragons dans les légendes et les mythes. Mais d’où viennent donc ces animaux aux pouvoirs surnaturels ?

    D’où viennent les dragons ?

    En l’absence de toute preuve fossile, il est difficile d’accorder beaucoup d’importance aux légendes qui décrivent les dragons.

    On peut cependant s’interroger sur l’origine de ces légendes. Sur quelles bases s’appuient-elles ?

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    Mythique dragon.
     
    La  première chose qui nous vient à l’esprit est la concordance évidente  entre ces dragons et certains animaux préhistoriques qui ont disparu.

    Les  reptiles volants sont particulièrement proches de la description des  dragons. Certains reptiles marins ont également des caractéristiques  communes avec les fameux dragons aquatiques.

    Cependant,  rien n’indique à ce jour à part quelques témoignages non étayés de  preuves, que des animaux préhistoriques ont survécu après la fin du  Crétacé.

    D’autres animaux à l’apparence étrange tels les varans ont également pu, à une époque lointaine, terroriser nos ancêtres.

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    Varan de Komodo.
     
    Il est tout de même assez étrange que ces légendes parlant de dragons soient si persistantes et surtout si universelles.

    Mais,  nos aïeux avaient la fâcheuse habitude de voir des dragons partout.  Pour les anciens cartographes, le dragon est presque un animal familier.  Ils en parsemaient les cartes des régions inexplorées.

    Pour  eux, ils représentaient l’inconnu et les plaçaient au milieu des  girafes et des éléphants. On peut constater la présence de dragons sur  de nombreuses cartes anciennes mêlées à des animaux bien réels.

    Quand  Marco Polo est revenu de Chine,  l’alligator s’est transformé, sous le  crayon des dessinateurs, en dragon ailé avec une queue terminée en tête  de serpent.

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    Illustration des récits de Marco Polo. Bibliothèque nationale, Paris.

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    Certains grands serpents comme le python ont également été qualifiés de dragons jusqu’au 19e siècle.

    Bien  qu’il y ait eu de nombreuses confusions dues à l’ignorance, il est peu  probable que  les crocodiles, varans ou serpents soient à l’origine des  légendes.

    Peut-être que les dragons n’ont en fait aucune réalité animale et qu’ils ne sont que des symboles.

    C’est après tout le sens que leur donnent les Chinois.

      La date/heure actuelle est Ven 17 Mai 2024 - 5:38