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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Les Mythes et les Religions

    Arlitto
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 16:45

    Rappel du premier message :

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    Une des figures la plus connue de la déesse de l’amour et de la guerre se retrouve chez l’Ishtar babylonienne.


    L’étude  des textes anciens et les données archéologiques nous permettent sans  aucun doute de l’assimiler à Inanna, une déesse sumérienne. Elle est  connue pour ses nombreuses prouesses guerrières et son goût pour la  violence. Elle contrebalance ce trait de caractère par un grand instinct  maternel et un grand désir d’attraction. L’emprise qu’elle a sur les  dieux, les hommes et les animaux est illustrée par son emblème qui est  la chouette, oiseau nocturne de proie.



    Isis. Quels noms pourrait-on donner à cette déesse guerrière dont le désir était sans fin ?



    Mythologie perse : Anahita, Qadesh
    Mythologie mésopotamienne : Ishtar et Inanna
    Mythologie hourrite : Hébat, Shaushga
    Mythologie hittite : Hannahanna
    Mythologie phénicienne : Astarté, Qadesh, Ashtart, Anat, Atargatis, Shalim, Marie l’Egyptienne
    Mythologie arabe : Allat
    Mythologie égyptienne : Nephtys (Nebet-Hut), Anat, Qadesh, Marie l’Egyptienne
    Mythologie grecque : Athéna, Aphrodite, Ariane, Erigoné
    Mythologie nordique : Freya, Morrigane
    Mythologie maya : Coyolxauhqui
    Mythologie hindoue : Mahishâsuramardinî, Durga, Kali, , Saravastî
    Mythologie juive : Oholiba
    Mythologie chrétienne
    : Marie-Madeleine



    Dans  l’épopée de Gilgamesh, Ishtar est accusée de provoquer la mort  journalière de son époux lion. L’emblème par excellence de cette déesse  est le lion. La déesse en surmonte un dans de nombreuses  représentations. Le lion est un symbole très régulièrement associé à  Vénus. On qualifie Vénus dans de nombreux textes anciens, d’étoile du  matin et d’étoile du soir.  Le soleil à son lever fait progressivement  disparaître l’éclat de Vénus au matin, celle-ci ne réapparait qu’au soir  sous le nom de l’étoile du soir. Ashtart est l’étoile du soir  phénicienne, épouse d’Ashtar le dieu lion étoile du matin. Pour prouver  que les 2 lions étoiles ne forment qu’un, en Egypte il existe le signe  ‘kr qui est un hiéroglyphe où l’on voit les 2 lions soudés entre eux.  Ces 2 lions sont le symbole par excellence du nouveau soleil Horus qui  renaît en sortant de la colline primordiale. Ashtart est parfois  représentée nue tenant des lotus qui sont ses attributs habituels. La  déesse a un visage de lionne avec une coiffe hathorique. Dans les textes  de Ras Shamra, Shalim est l’étoile du soir.  On raconte que Shahar et  Shalim sont associées à la déesse solaire et l’aident à recueillir du  venin de serpent pour dissiper les gros nuages qui planent sur Terre.  Qadesh, déesse phénicienne, est représentée debout sur un lion dont  l’emblème est une croix symbole de Vénus. La version arabe se retrouve  chez Allat. Elle est laGrande déesse de la fécondité et la guerre. On la  représente accompagnée d’un lion. On retrouve des vestiges liés à cette  déesse à Palmyre. Elle apparaît sur des tessères, des stèles  babyloniennes. On la représente souvent debout et armée, assise entre 2  lions ou parfois dressée sur un lion comme à Hatra.





    1)  Qadesh au musée du Louvre, 2) double lion égyptien, 3) Durga grotte  d'Ellora, 4) Allat temple de Baalshamin à Palmyre 5) Ishtar au British  Museum 6) Mahishâsuramardinî grotte de Tamil Nad



    Ces  2 lions sont assimilés parfois à des chats. En effet Freya, la déesse  protectrice des passions de l’esprit et de la chair, conduit un char  tiré par 2 chats. Seule Frigg la femme d’Odin la dépasse en beauté.  Freya est une femme faucon (tout comme Horus) qui réside à Folkvang, le  Champ-des-Armées. Elle parcourt les plaines où se sont entre-tués les  guerriers. Elle peut emmener la moitié des morts aux combats, l’autre  moitié est emmenée par Odin. Son mari l’a quitté pour voyager dans des  pays lointains. Ainsi elle pleure sans cesse après lui. Nous voyons ici  Freya comme une pleureuse divine, fonction qu’on retrouve également chez  Nephtys (appelée aussi Nebet-Hut). C’est une déesse égyptienne qui aide  Isis à reconstituer le corps d’Osiris et à l’embaumer. Les 2 déesses  vont se transformer en êtres volants au-dessus de la dépouille pour la  protéger jusqu’aux funérailles. Ce rôle funéraire est également associé à  Hannahanna, la déesse hittite, reine des abeilles. Elle tente  maladroitement de retrouver Telepinu en envoyant une abeille à sa  recherche (son fils dieu de l’orage participe également). L’abeille doit  piquer les pieds et les mains de Telepinu. Elle doit le mettre debout  et le purifier avec de la cire et enfin le ramener auprès d’Hannahanna.

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    Nephtys dans la tombe Khabekhenit. Source : http://jfbradu.free.fr/egypte/LES TOMBEAUX/LES HYPOGEES/VALLEE-DES-ARTISANS/tombe-khabekhenit.jpg]http://jfbradu.free.fr/egypte/LES%20TOM ... khenit.jpg[/url].



    Marie-Madeleine  est également une grande pleureuse. Un passage très intéressant d’elle  se trouve en Luc 8:2 où on raconte que plusieurs femmes furent guéries  d’esprits mauvais et de maladie : « Marie, appelée la Magdaléenne, de  laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chouza, intendant  d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs  biens ». Ce passage fait référence aux 7 portes des enfers que doit  passer Ishtar/Inanna. En Luc 7:38, on apprend qu’une pécheresse a arrosé  les pieds de Jésus avec ses larmes. Il s’agit de Marie-Madeleine la  pleureuse. Tout comme Marie et Marie-Madeleine sont au pied de Jésus  lorsqu’il est sur la croix, Isis et Nephtys sont les pleureuses  d’Osiris. La punition d’Ereshkigal (la reine du Kigal) envers  Ishtar/Inanna a été la mort rituelle pour avoir causé la mort de son  époux. Marie-Madeleine est également connue sous son nom de Marie  l’Egyptienne. Des textes complémentaires à la Bible nous racontent une  histoire  qui semble avoir pris naissance chez les Palestiniens au VIème  siècle. Marie l’Egyptienne raconte à un ascète de 54 ans appelé Zosime,  qu’elle est tombée dans la débauche et qu’elle a un mal fou à combler  ses désirs. Elle a eu une multitude d’amants. Pour vaincre ses désirs,  elle a vécu 17 ans dans un désert, avec pour seule nourriture 3 pains. A  la fin de sa vie, Zosime découvre son corps près d’une rivière et il  demande à un lion de creuser de ses griffes une fosse pour pouvoir l’y  enterrer et finalement lui permettre le voyage aux enfers.



    Un  texte fort connu nous parle la descente d’Ishtar aux enfers. Ce texte  fut découvert dans le temple de Ninive. C’est une version écourtée du  texte appelé « la descente aux enfers d’Inanna ». Cette déesse décide de  se rendre aux enfers, dans le royaume d’Ereshkigal la reine des enfers,  pour retrouver son époux Tammuz et le réssusciter. Ishtar descendra aux  enfers en passant par 7 portes. Elle est obligée de se dévêtir  progressivement en passant les différents niveaux. Il s’agit d’un rite  visant à la déesse de s’absoudre de ses pêchés (les 7 péchés capitaux).  Au terme de cette descente, Ishtar meurt ce qui provoque l’arrêt des  accouplements des hommes et des animaux sur terre. Elle recherchait  chaque année son époux aux enfers. On célébrait un mariage sacré entre  ces 2 époux. Cette mort provoquée par une autre déesse est la même pour  Ariane, fille de Minos le taureau roi des enfers. Ariane est tuée de  manière violente par Artémis sous l’investigation de Dionysos. Celui-ci  était en fait jaloux de Thésée car il a été l’amant d’Ariane. Elle est  la déesse de la croissance printanière. Elle se pend au platane, arbre  qu’il lui est consacré, tout comme Odin et également Erigoné qui se pend  à un pin. Pour séduire Dionysos, Erigoné se transforme en grappe de  raisin. Apprenant la mort de son père, elle se pend de désespoir. Le but  est de redonner vie à la végétation. La mort de cette déesse pendue à  l’arbre signifie qu’elle meurt et descend aux enfers avant de remonter  au printemps.

    Le  désir charnel et les infidélités qui en découlent font partie  intégrante de la déesse grecque Aphrodite. Elle est mariée à Héphaïstos,  ce qui ne l’empêche pas de vivre de très nombreuses aventures avec  d’autres dieux. L’adultère d’Aphrodite avec Arès (le dieu de la guerre  grecque) est révélé par le dieu Hélios, qui sera maudit (ainsi que sa  descendance) par la déesse. Héphaistos finira par pardonner les  infidélités d’Aphrodite. Celle-ci est également la patronne de la  prostitution sacrée. Comme les filles du roi de Chypre refusent de  l’honorer, elle les pousse à la prostitution. On célébrait celle-ci  notamment à Aphaca qui est l’un des sanctuaires les plus célèbres de  Phénitie (à une journée de marche de Byblos). Ce site comprenait un  temple renommé d’Aphrodite-Astarté en principe fondé par Kinyras, roi de  Chypre. Le site était célèbre pour ses rites de prostitution sacrée.  Astarté est la souverraine céleste en Phénicie qui se serait éprise de  son gardien divin Kombabos.



    Ishtar  est également considérée notamment comme l’épouse d’An (la particule AN  signifie ciel). On l’appelle justement « la Reine du ciel ».  C’est probablement la raison pour laquelle beaucoup de noms de la déesse  contiennent cette particule. La déesse reine du ciel et de la terre  pour les Hourrites est Hébat (Hépat).Celle-ci est une déesse hourrite  femme de Teshub. Ils ont pour fils Sarruma, dieu de l’orage. Hébat est  appelée la déesse solaire de la cité d’Arinna. Dans le sanctuaire de  Yazĭlĭkaya (à côté de Boǧazköi), on représente Hébat au côté de l’aigle  bicéphale. Anat (Hanat), une déesse phénicienne porte aussi un nom  similaire : « la maitresse des cieux élevés ». C’est une déesse  guerrière qui est la maitresse des aigles parmi lesquels elle plane. Ce  caractère la probablement suivie en Grèce où elle est devenue Athéna et  cela explique pourquoi son attribut est la chouette, un autre rapace  mais cette fois-ci nocturne. L’aigle tient souvent dans son bec un  serpent. Ce serpent lui confère l’immortalité qu’il tient dans son bec  ou dans ses serres. Le serpent est bien le symbole de l’immortalité qui  permet de guérir et on le retrouve dans le caducée de la médecine. Le  culte d’Anat était répandu en Syrie et en Palestine mais également en  Egypte. Elle persiste jusqu’à l’époque hellénistique dans certains  milieux phéniciens. Au début du VIIe siècle, elle n’est vénérée qu’avec  certitude à Chypre. La rivalité d’Anat et du dieu Yam n’est qu’une autre  version de la lutte entre Athéna et Poséïdon. Le texte bilingue de  Lapéthos découvert sur un talon de lance dans un sanctuaire d’Athéna à  Idalion prouve qu’Anat et Athéna étaient confondus.



    Athéna  est également une déesse de l’amour et de la guerre. Elle est  représentée debout, le casque en tête, le bouclier dans la main gauche  et le bras droit qui brandit une lance. Athéna est connue par sa  naissance toute particulière. On raconte que Zeus après avoir avalé  Métis sur le point d’accoucher, souffre d’une terrible mal de tête et  qu’Héphaïstos lui fend le crâne avec une hache. Il en sort Athéna vêtue  d’une armure, d’un casque et prête au combat. On la considère comme la  déesse du tissage. Ce rôle est également attribué à la déesse aztèque  Coyolxauhqui. Elle est la déesse guerrière sœur de Huitzilopochtli qui a  poussé ses frères à décapiter sa mère. Huitzilopochtli sort armé du  ventre de sa mère et tue ses frères, sa sœur et tout ceux qui avaient  comploté contre sa mère. Cette naissance est céleste et identique pour  la déesse guerrière hindoue appelée Kali. Celle-cisort  du front de Durga. Selon le texte Devi-Mahatmya, lors du combat contre  Canda et Munda, la déesse Durga qui est assise sur un lion au sommet de  l’Himâlaya est tellement en colère que sont teint devient noir et de son  front jaillit Kâlî au visage terrible armé d’une épée et d’un lasso.  Elle tient à la main un bâton multicolore, orné d’une multitude de  crânes. Elle est vêtue d’une peau de lion. Elle est horrible à voir.  Elle détruit énormément de démons, d’éléphants, et de chevaux qu’elle  avale et déchire à belle dent. Tout comme Athéna, Saravastî sort du  front de Bhrama. Elle est considérée comme l’épouse de Brahma. On la  réprésente souvent avec le livre pustaka qui contient les formules du  Sacrifice. Parmi ses attributs on retrouve notamment la fleur de lotus  (padma). Les montures ou véhicules sont un lion, un oiseau l’anser qui  est un oiseau aquatique et la monture de Brahma, le bélier ou le paon.  Elle porte parfois une calotte crânienne appelée Kapäla. Certains textes  remplacent Bhrama par Vishnou ou par Krishna.

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    Athéna - Musée du Vatican.


    La  fleur de Lotus semble être un symbole souvent associé à la déesse de  l’amour et de la guerre. Lors de la rédaction de cet article, il me  semblait que Lakshmi correspondait à l’archétype de la déesse de l’amour  et de la guerre, néanmoins plusieurs raisons m’amènent à refuser  aujourd’hui cette hypothèse. Je laisse l’ensemble des arguments qui  m’avaient amené à tord à cette conclusion : « Lakshmi  est une déesse hindoue, femme de Vishnu. D’après la Praçnottaramâlâ, ce  sont des fleurs de lotus qui soutiennent Vishnu. Lorsque cette déesse a  2 bras, on la représente avec 2 lotus ou un lotus et un fruit. On a  représenté cette déesse également entre 2 éléphants qui l’aspergent.  Cette déesse est également vénérée en Indonésie. A Bali, un mythe  raconte que Lakshmi à dû se soumettre à l’amour de Vishnou et elle en  serait morte. Le riz est alors surgi de son nombril, après que son corps  ait été enterré. Un autre partenaire sexuel de cette déesse est Agni  Jatavedas (Agni est justement une image d’Horus, le fils d’Osiris).  Cette déesse est également associée à Indra le roi des dieux, qui est le  dieu responsable des orages et de la pluie. » 




    En  effet aujourd’hui, Lakshmi apparaît à mes yeux comme une divinité  distincte. Le principal argument est qu’elle est plus considérée comme  la mère de l’humanité et des dieux. Ce rôle ne semble pas être associé  généralement à la déesse de l’amour et de la guerre.

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    Lakshmi, la déesse hindoue au lotus. Source : http://users.skynet.be/lotus/lotus/lotus0-fr.htm



    Qadesh  également associée au lotus semble quant à elle davantage caractériser  la déesse de l’amour. Elle est une déesse (d’origine perse introduite en  Egypte) qui symbolise la volupté et le désir charnel. On la représente  nue et souvent sur un lion. Elle tient dans ses mains à la fois des  serpents et des lotus, attributs de l’érotisme. Le serpent qu’elle peut  offrir symbolise l’immortalité confèrée au dieu qui partagera sa couche.  Les serpents sont le symbole par excellence de l’immortalité par leur  renouvellement de la peau. Les fleurs de lotus symbolisent la vie  renouvelée.



    La  déesse de l’amour et de la guerre est célèbre par sa beauté légendaire  qui rendit fou beaucoup d’hommes. L’Anat perse appelé Anahita est d’une  envoutante beauté. Dans les textes, les adjectifs pour la qualifier sont  les suivants : puissante, brillante, de taille élevée, majestueuse,  jeune fille, belle, à la large ceinture, à la taille élancée, noble par  son visage brillant, ornée d’un brillant diadème d’or, ornée d’un  manteau du plus séduisant aspect couverts d’ornements d’or. On retrouve  encore dans sa représentation une association au lion. Cette divinité  fut propagée au Proche-Orient par les prêtres zoroastriens. Anahita est  assimilée à Nana, unedéesse d’origine suméro-akkadienne, qui est  également représente flanquée de son lion. Elle fut adoptée par les  peuples de Sogdiane. Toutes les déesses abordées plus haut sont toutes  d’une beauté prodigieuse.



    Au  terme de cette étude, nous pouvons retracer une histoire autour de la  déesse de l’amour et de la guerre. Celle-ci naîtra sous la forme de  l’Athéna guerrière et représentée par l’astre Vénus colérique. Pendant  une bonne partie de sa vie, la déesse de l’amour et de la guerre vivra  dans la douleur du désir inassouvi, et d’un besoin constant de  reconnaissance envers ses pères (An et Seth). Cette soif l’amènera  probablement à étendre son influence et entrera en guerre contre  d’autres dieux. Ce besoin d’attention se répercutera dans les très  nombreux temples construits en son honneur de par le monde. Elle  s’éprendra du dieu de la sagesse, de l’agriculture, de l’eau. Ce dieu  est alors intiment lié à la déesse des enfers Ereshkigal appelée  également Isis, Artémis,…L’union qui en découlera provoquera la mort du  dieu et Ishtar devra subir le rituel aux enfers afin de s’absoudre de  ces pêchés. Isis et Nephtys (Marie et Marie-Madeleine) seront les 2  grandes pleureuses du dieu mort qui seront gardiennes du corps d’Osiris.  Horus naîtra et Nephtys deviendra sa nourrice mais également sa  maîtresse. La disparition du taureau soleil survenue au moment de  l’apparition de la lionne vénusienne le soir sera une image de ce  qu’aura été le couple Enki avec la déesse de l’amour et de la guerre :  un instant éphémère.



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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:00

    Dionysos et sa résurrection


    Une  des plus énigmatique figures grecques est le dieu Dionysos. C’est un  dieu de la vigne mort et ressuscité tout comme Osiris, Jésus,  Quetzalcoatl et encore beaucoup d’autres divinités. Nous allons étudier  dans cet article les nombreux noms de cette divinité et son importance…


    Une  des plus énigmatique figures grecques est le dieu Dionysos. C’est un  dieu de la vigne mort et ressuscité tout comme Osiris, Jésus,  Quetzalcoatl et encore beaucoup d’autres divinités. Il a pour origine  Thrace situé dans la partie la plus au nord de la Grèce ou Phrygie,  ancien pays situé dans la partie occidentale de l’Anatolie  (approximativement le territoire de la Turquie actuelle). Il s’agit  d’une divinité très archaïque. On a découvert le nom Dionysos dans des  inscriptions mycéniennes. Mycènes est une cité très ancienne située au  sud-ouest de la Grèce, qui doit sa célébrité à ses découvertes  archéologiques. L’hypothèse de la propagation de cette figure d’origine  phrygienne en Grèce s’explique facilement par les colonisations en  provenance de l’Anatolie occidentale.


    L’étude  de Dionysos nous as permis de constater que ses appellations son  variées et correspondent notamment à Zagreus (Zagréos) du Mont Ida et à  Zeus Crétagénès du mont Dicté en Crète. Nous retrouvons aussi Sabazios  une divinité originaire de Phrygie et de Thrace, Bacchos (Bacchus) le  dieu grec du vin, Iakkos (Iacchos) fils de Zeus et de Jupiter. On peut  considérer que Dionysos a progressivement intégré divers nouveaux  aspects au cours du temps. Cette particularité est très fréquemment  rencontrée dans le domaine des mythes et des religions.


    La  figure la plus ancienne de Dionysos est Zagreus qui a pour origine la  Crète ou probablement la mer Egée. On considère qu’il est le fils de  Zeus et de Perséphone, déesse des enfers. Pour échapper à la jalousie  d’Héra, Zagreus se change successivement en chèvre, en lion, en cheval,  en serpent, en tigre et en taureau. Il s’agit de quasi tous les  attributs dont on a parlé dans l’article intitulé : «  Enki est ses  nombreux noms dans les mythes et les religions ».  Un autre Dionysos est  Zabazios. On le considérait comme fils de Cronos et de Cybèle. Il était  le dieu de l’orge qui donna aux hommes une sorte de bière. Une autre  divinité associée à Dionysos est Bacchos, le dieu du vin. Cette divinité  est l’image la plus récente du dieu Dionysos.

    Un  des grandes caractéristiques de Dionysos est la résurrection. Sous la  forme du taureau, Zagreus va être mangé par les Titans. Apollon va  enterrer ses restes. Son cœur va être confié par Athéna à Zeus qui va  l’avaler et ainsi donner naissance à Dionysos. Zagreus est lui aussi un  mangeur de chair crue. Ce cannibalisme est lié aux sacrifices humains.  Pour Zagreus on réalisait un sacrifice annuel en Crète d’un jeune enfant  qu’on remplaçait par Minos le roi-Taureau. Dans ce rite, cet enfant  dansait en imitant la chèvre, le cheval, le serpent et le veau. On le  sacrifiait ensuite et on mangeait sa chair sans la faire cuire. Le culte  du taureau mort et ressuscité est à lier au dieu Apis, une figure du  dieu Osiris. Le sacrifice humain est également une action réalisée à  l’encontre de rois dans plusieurs anciens rites du monde. Ce sacrifice  avait lieu lorsque le roi ne pouvait plus assumer certains pouvoirs.  Citons comme exemple l’histoire de Lycurgue, roi de Lydie (ancien pays  situé à l’ouest de la Turquie actuelle), qui fut déchiqueté sur le mont  Pangée par des chevaux sauvages sur ordre de Dionysos. Les Lydiens lui  avaient demandé d’arrêter la sécheresse. La réalisation des sacrifices  est une pratique mondiale et est en rapport évident avec la renaissance  et la croissance de la végétation. La résurrection de Dionysos est liée à  la renaissance de la vie et de la nature notamment par le rythme des  saisons.

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    Minos, le taureau roi de Crètes et des enfers.


    La  symbolique la plus utilisée pour représenter la mort et la renaissance  de Dionysos tourne autour de la végétation. On l’associe très souvent à  la vigne (et au vin) mais également au figuier, au myrte, au lierre, à  la grenade et au pin. Dans la légende grecque Sémélé est la mère de  Dionysos et elle meurt brulée par les flammes (ses autres noms sont  notamment Thyoné, Sémélô la déesse phrygienne de la Terre, et Diôné  l’épouse de Zeus à Dodone). Le fœtus de Sémélé ne meurt pas car un  lierre s’était venu s’intercaler entre lui et le feu céleste. Zeus le  récupéra et le plaça dans sa cuisse. Ainsi Dionysos est 2 fois né. Les  Titans sous les ordres d’Héra vont le découper en morceaux. Du sang  surgit un arbre le grenadier. Rhéa sa grand-mère va reconstituer son  corps tout comme Isis l’a fait avec Osiris. Dionysos est également  qualifié d’Iakkhos dont l’équivalent latin est Liber. Ce nom signifie  écorce d’arbre en latin et également un nom botanique utilisé pour  désigner la partie interne et vivante de l’écorce de l’arbre. Dionysos  est associé à la vigne et au lierre, des plantes qui ont besoin d’un  support pour se former. Le lierre qui est la plante favorite de Dionysos  s’enlace contre l’arbre de la même manière que le serpent s’enroule  autour du bâton d’Asclépios (dieu grec de la médecine). Dionysos est  souvent appelé le « Couronné de lierre ». Les autres dieux consacrés au  lierre sont : Perkunas, dieu de la foudre lituanien et Donar dieu du  tonnerre germain fils de Jord, la Terre. On peut considérer que c’est le  contact de la foudre et de la terre qui a donné le lierre.

    Les Mythes et les Religions - Page 2 Etpf
    Statue d'Asclépios, le dieu de la médecine grecque.


    Dans  la mythologie grecque, on raconte que Dionysos révélera les propriétés  enivrantes de la vigne à Icarios, qui l’accueillit chaleureusement sur  son île. Celui-ci transmet ses connaissances à des bergers qui se  crurent ensorcelés et a pour conséquence qu’Icarios est massacré sous  les yeux de sa chienne Maéra et enterré sous un pin (arbre consacré à  Dionysos). Erigoné, la mère d’Icarios se pendit à un pin après avoir  découvert son cadavre et le chien d’Icarios se jeta dans un puit.  (Ariane fut également pendue, sous un platane et par Artémis). Les  assassins d’Icarios furent recherchés à la demande d’Erigoné, retrouvés  et aussitôt pendus. D’après moi, cette histoire est un récit analogue à  la mort d’Osiris. Nous retrouvons notamment une image de la déesse  Ninanna qui meurt et descend aux enfers et du chien gardien des enfers  grec Cerbère ou Anubis le chien à l’avant de la barque solaire d’Osiris.  Icarios est très proche du célèbre Icare. L’histoire de ce personnage  est également imprégnée d’une descente aux enfers. En effet, Icare et  son père Dédale sont prisonniers d’un labyrinthe de Minos (un royaume  souterrain analogue au royaume des morts du taureau Osiris). Dédale  fabriqua des ailes à Icare avec des plumes et de la cire, mais il lui  recommanda également de ne pas trop s’approcher du soleil. Celui-ci fait  fondre la cire et Icare tombe dans la mer victime de sa folie des  grandeurs et de son orgueil. Il s’agit probablement d’une métaphore pour  expliquer la mort d’un être céleste disparaissant à l’horizon et qui  s’enfonce finalement vers les enfers.


    Pourquoi  associe-t-on la vigne à Dionysos ? Le vin est une boisson dont la  quantité de sucre dépend fortement du soleil. Le vin relibère ainsi  l’ardeur solaire captée durant l’été et symbolisée par le taureau  solaire. On considère le vin comme le sang des morts car il correspond à  la sève, au sang de la vigne qui est en repos en hiver. Le vin est la  sève de la vigne qui continue à vivre et à fermenter à l’abri de la  lumière dans des tonneaux, image de Dionysos qui meurt et descend dans  l’obscurité des enfers. Quand le vin a fermenté, il peut être libéré au  printemps et cela correspond à la naissance de Dionysos. Le retour de la  vie au printemps est symbolisé également par le pollen. La propagation  de celui-ci a pour réputation d’être la plus spectaculaire pour la vigne  et le pin, qui sont justement les attributs de Dionysos.



    Pour  compléter cette description à propos de Dionysos, nous pouvons  remarquer que cette divinité est proche des déesses. Lorsqu’il est  encore enfant, il est coupé de sa mère. Son éducation est donnée par les  Hyades sur un montagne boisée (le mon Dicté pour Zeus Crétagénès) ou  par les Courètes (Corybantes) et les Hyades sur le mont Ida ou l’Hélicon  pour Dionysos-Zagreus. Dionysos est également très efféminé. En effet,  Zeus ordonne à Hermès de confier Dionysos à sa tante Ino (tante  maternelle) et de l’élever comme une fille. On peut expliquer cette  particularité par le fait que Dionysos est un dieu fort proche des  anciennes croyances païennes qui considèrent le féminin comme sacré.  Dionysos signifie fils de Nysa, nom d’un mont mystérieux mais également  d’une nymphe qui reçut l’enfant d’Hermès et qui le nourrit de miel,  nourriture divine. Ne faut-il pas voir dans la figure d’Hermès l’ange  Gabriel (Thot pour les Egyptiens) qui permet à Marie d’enfanter Jésus ?  Le mythe de Dionysos et l’importance du vin est liée à ce qu’on peut  connaître dans la figure de Jésus mort et ressuscité dans une grotte. Le  corps de Zagreus va être démembré tout comme celui d’Osiris avant  d’être reformé et d’ainsi renaître et permettre le renouveau de la  nature. Le symbole de la résurrection est incontestablement lié à  l’arbre et au renouveau de la végétation au printemps ; cette symbolique  s’est répandue ainsi dans toutes les mythologies du monde.


    Sources bibliographiques

    - AUERBACH L & al., 2004. Encyclopédie de la Mythologie.Parragon Books Ltd, Royaume-Uni.

    - BROSSE J., 2001. Mythologie des arbres. Editions Payot et Rivages, Paris VIème.

    - FERRE J., 2003. Dictionnaire des mythes et des symboles. Editions du rocher.

    - LIPINSKI E., 1995. Dieux et déesse de l’univers phénicien et punique. Peeters, Louvain, Belgique.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:01

    Les abeilles, symboles d’une résurrection et d’une immaculée conception


    Les  abeilles sont quasi les seuls insectes aux vertus divines répandues  dans les mythes et religions du monde. Cet article a pour but d’initier  l’étude de ces insectes et de tenter de découvrir pourquoi les abeilles  sont sacrées dans les mythes et les religions. La principale qualité de  l’abeille concerne le don de produire le miel qui est un ingrédient  divin. Les vertus thérapeutiques, aseptiques, nutritives en ont fait un  des aliments de référence dans les anciennes civilisations. Outre cet  aspect il existe certains mythes très particuliers qui mettent en avant  la mort d’un taureau ou d’un lion et le symbole de l’abeille pour les  déesses vierges et pour représenter un acte de procréation. Ne ditons  pas « La lune de miel » car elle évoque l’union des jeunes mariés et la  fécondité ? Etymologiquement le mot apiculteur dérive du latin apicula  et du diminutif Apis (bœuf égyptien sacrifié). Etonnant quand on sait  que bons nombres de mythes font naître les abeilles du corps d’un bœuf  sacrifié.



    Le  miel est très nutritif. Sa composition en glucose et fructose le rend  très énergétique. Il est encore très souvent recommandé pour des  affections laryngées. Le miel est également un ancien conservateur.  Avant d’être brulé, le corps de Patrocle (ami d’Achille dans la  mythologie grecque) est immunisé contre la pourriture grâce au nectar et  à l’ambroisie dont les narines sont imbibées. La haute teneur en sucre  du miel a pour effet de le rendre bactéricide. Il a ainsi des vertus  aseptiques. Le miel aide également à la digestion grâce aux vertus de  ces enzymes qu’il contient. Le miel est un aliment particulier car il  est à la fois végétal et animal et ne produit pas de déjections (on n’en  retrouve guère dans les ruches). Tout comme le lait il est une des  références en tant qu’aliment naturel. Dans la bible, Yavhé dit en Exode  3:8 : « Je suis descendu pour le délivrer (en parlant du peuple des  Juifs) de la main des Egyptiens et le faire monter de cette terre vers  une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et  de miel, vers la demeure des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des  Perizittes, des Hivites et des Jébuséens ». On peut comparer le miel au  lait car ce sont tous les 2 des aliments produits par le corps. Ce sont  des aliments spontanés. Le miel est un aliment animal et végétal qui ne  produit pas d’effusion sanglante.



    Nous  rencontrons dans la Bible, à mon sens le passage le plus intéressant,  dans l’histoire de Samson. Ce personnage né d’une femme stérile et  annoncé par la venue d’un ange (on serait tenté de penser à Marie et à  Jésus). Dans le livre des Juges (14:5 à 10), on apprend que Samson  arrive avec ses parents près des vignes de Timna chez les Philistins. Il  souhaite y voir une fille de Philistins avec qui il souhaiterait se  marier. Un jeune lion rugissant vient à sa rencontre. Avec l’aide de  Yavhé, Samson déchire le lion tel un chevreau. Du cadavre du lion, il  découvre un essaim d’abeilles et du miel. A la suite de cet épisode,  Samson lance une énigme aux Philistins : « De celui qui mange est sorti  ce qui se mange, et du fort est sorti le doux ». Les Philistins  n’arrivent pas à résoudre l’énigme et sont obligés de pousser la future  épouse de Samson à lui soutirer la résolution de l’énigme qui est la  suivante : « Qu’y a-t-il de plus doux que le miel, et quoi de plus fort  que le lion ». Ce passage a un grand intérêt dans la mort du lion et la  naissance d’abeilles. Dans d’autres mythes tel que celui rencontré dans  la version hittite, on nous parle de Telepinu, un dieu absent. L’abeille  a pour rôle de le ramener auprès de Hannahanna (déesse assimilable à  Inanna d’après moi, la déesse sumérienne de l’amour et de la guerre).  L’abeille doit retrouver le dieu fugueur, le piquer aux pieds et aux  mains, le mettre debout, le nettoyer et le purifier avec de la cire. Les  piqures ont pour rôle de sortir le dieu de son sommeil en provoquant  une vive douleur. Lorsque Telepinu se réveille, il est fou de rage et  détruit tout sur Terre, tel le faucon vengeur et une figure bien connue  dans la mythologie d’un astre perturbateur. On peut songer à la vue de  ces 2 mythes qu’il y a une trame commune à ces 2 histoires.

    Les Mythes et les Religions - Page 2 4mwz
    Peinture du Samson biblique par Paul Rubens.


    La  confirmation de la mort d’un dieu taureau et la localisation du corps  de celui-ci par des abeilles est également confirmée dans le mythe  d’Aristée. Ce personnage est fils de la vierge Cyrène et d’Apollon. Il  apprend dans son jeune âge, la médecine, l’élevage des troupeaux, la  culture de la vigne par l’intermédiaire de Nymphes qui se sont chargées  de son éducation. Outre ces connaissances, on le qualifie comme celui  qui a réussit à élever les abeilles dans les ruches. On raconte qu’il  fut punit pour avoir voulu abuser Eurydice. Cette punition le contraint à  se séparer de ses abeilles et aura pour conséquence que l’humanité en  perdra temporairement leurs bienfaits. Il obtiendra de nouveaux essaims  en réalisant des sacrifices de taurillons et de génisses immolés non  consommés et pourrissant au soleil. Nous pouvons nous  convaincre que la  mort d’un dieu est étroitement liée aux abeilles, en étudiant le mythe  de Glaucus.


    Ce  personnage, est un nom référencé plusieurs fois dans la mythologie  grecque. Une des versions nous parle de la mort de Glaucus provoquée par  Ajax et ressuscité par Asclépios, spécialiste de la médecine tout comme  Aristée. Dans cette version, il est le fils de Minos, roi des enfers.  On raconte qu’il s’est noyé dans une jarre de miel. Polyidos, le devin  consulté retrouve le corps de Glaucus et il est enfermé avec lui dans un  tombeau, tant qu’il n’aura pas réussi à lui redonner vie. Grâce à la  plante d’un serpent, il réussit à le ressusciter et ils peuvent tous les  deux ressortir du tombeau.


    Les  abeilles sont dotées de caractéristiques particulières qui leur  permettent de les associer à des déesses. Sur le mont Ida en Phrygie,  Cybèle est la Mère des dieux et la Reine des abeilles. Elle conçut son  fils Attis après avoir cueilli la fleur d’amandier jaillie des organes  mâles coupés d’Agdistis/Cybèle, qui est née à la fois mâle et femelle,  et qui avait été castrée par les dieux. (Dans la Théogonie d’Hésiode,  les Nymphes Méliennes sont également nées du sang des testicules  d’Ouranos ; ce sont des nymphes du frêne). Quand Attis est devenu  adulte, il veut se marier et Cybèle le rend fou par sa jalousie, si bien  qu’il se castra et se tua. On considère Cybèle comme la Reine des  abeilles et celà a une importante signification : lors du vol nuptial  des abeilles, le mâle abandonne ses organes génitaux dans le corps de la  femelle. Il se castre et meurt. La future reine est ainsi celle qui a  provoqué la castration et la mort de celui avec qui elle s’est unie.  Concernant les ouvrières, on peut les comparer à des déesses vierges qui  seront à l’origine d’une immaculée conception. En effet, Les abeilles  sont capables de se reproduire par parthénogenèse c’est-à-dire sans  l’intervention de mâles, et ceci aboutit à la production de mâles qui  sont uniquement là pour féconder la reine, pour leur donner des  femelles. Les ouvrières sont d’excellentes représentantes pour les  déesses vierges. Les abeilles symbolisent admirablement la résurrection  car elles sont en repos en hiver et elles renaissent au printemps avec  l’arbre qui leur sert de demeure. J’ai démontré dans les articles  étudiant l’arbre des mythologies que l’arbre est un symbole par  excellence de la résurrection. De nombreuses déesses sont considérées  comme des arbres mourant et renaissant tels leurs fruits fermentés ou  non ; ces arbres mourants voient leur sève en analogie descendre en  hiver dans les racines et remonter au printemps pour redonner vie à la  nature tel un dieu voyageant aux enfers et refaisant surface au  printemps. Cet arbre sacré est le lieu d’habitation des abeilles tel  l’Yggdrazil. Dans un mythe toujours hittite appelé « la disparition du  feu », l’abeille, l’aigle et serpent doivent trouver le Feu disparu.  Après y être parvenu, ils retrouvent leur lieu d’habitation : un arbre.  L’aigle habite la partie supérieure du tronc de l’arbre, l’abeille la  partie moyenne et le serpent la partie inférieure. Cette vision est  conforme à celle de l’arbre Huluppu du mythe de « la descente aux enfers  d’Inanna ».

    Une  très belle illustration des abeilles dans les mythes concerne la  mythologie maya. Il serait amusant de considérer que l’inventeur de Maya  l’abeille se serait inspiré d’une représentation maya pour son abeille.  Nous retrouvons de nombreuses représentations de cet insecte dans le  codex maya de Madrid conservé au Musée des Amériques de Madrid. Le dieu  maya créateur et père des abeilles est Itzamnà. Il est également le dieu  maya créateur de l’écriture, du calendrier, et de la médecine (encore  et toujours les mêmes grandes caractéristiques). On le représente  souvent sous les traits d’un vieillard. Son épouse est Ixchel, déesse de  la lune. Une fois mariée, elle découvrit qu’elle était stérile (tout  comme la mère de Samson) et un jour un cerf apparut et piétina son  ventre qui lui permis d’avoir 4 fils les Bacabs. On peut considérer que  le dieu du soleil Kinich Ahau comme une deuxième image d’Itzamnà et  peut-être également de son fils qui lui permet de revivre. Ce dieu est  le soleil lorsqu’il parcourt le ciel pendant la journée et il est un  dieu des enfers la nuit.


    En  considérant ces mythes, nous pouvons retracer un fait qui est si  souvent rencontré sous d’autres formes et d’autres symboles dans les  mythes et les religions : la résurrection. En effet, un dieu taureau est  sacrifié. Il s’agit plus précisément d’un bœuf. En effet de très  nombreux mythes considèrent la mort d’un dieu (universel) après sa  castration et causée par l’union avec la déesse de l’amour et de la  guerre. Son corps est dépecé et reformé avant de donner naissance à un  dieu solaire qui est sa réincarnation. Ce personnage mort et ressuscité a  un lien très fort avec les abeilles. D’où l’importance de l’abeille  pour les divinités ou personnages suivants : Télépinu, Apis, Samson,   Ak-Mucen-Kab, Itzamnà, Aristée, Bacchus. Les abeilles sont celles qui  retrouvent son corps et qui symbolisent sa renaissance par le miel,  ingrédient de l’hydromel qui est la boisson source d’immortalité des  dieux. La divinité qui renaît sera dans un premier temps colérique est  bien illustrée par Horus ou Télépinu. La mort et la renaissance solaire  est bien représentée par le célèbre Icare. Pour quitter le labyrinthe de  Minos, il s’envole avec des ailes qu’il a pu coller grâce à de la cire  d’abeilles. En montant trop près du soleil elle fond et Icare plonge et  meurt dans la mer… Espérons que le mal qui touche les abeilles à l’heure  actuelle, soient une image de leur propre renaissance.


    Sources bibliographiques

    - AUERBACH L & al., 2004. Encyclopédie de la Mythologie.Parragon Books Ltd, Royaume-Uni.

    - BAILEY G., CARDEN M., CLARKE P. & al., 2006. Mythologie : mythes et légendes du monde entier. Ed. de Lodi, Paris.

    - BROSSE J., 2001. Mythologie des arbres. Editions Payot et Rivages, Paris VIème.

    - MAZOYER M., 2003. Télépinu, le dieu au marécage : essai sur les mythes fondateurs du royaume hittite. KUBABA, Paris.

    - TETART G., 2004. Le sang des fleurs : une anthropologie de l’abeille et du miel. Odile Jacob, Paris. 284 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:01

    La symbolique du loup et du chien dans les mythologies


    Plusieurs  dieux appartenant au même clan ont été représentés sous la forme d’un  chien/loup. La figure la plus connue est Anubis, le dieu égyptien  embaumeur, gardien des enfers. Comme toujours d’autres dieux de  mythologies différentes ont rempli cette fonction. Découvrons quelles  sont les autres caractéristiques des dieux chiens/loups…


    Le  loup est un animal qui a longtemps été associé à la mort dans les  mythes du monde. Il inspire crainte mais également respect. Son régime  alimentaire a contribué à lui donner une place importante dans certains  textes apocalyptiques où la gueule ouverte il détruit les astres ou des  divinités. Son terrier, habitat souterrain, a également contribué à en  faire une figure de gardien des enfers. Le loup n’est jamais seul et la  meute est une image synthétisant bien la hiérarchie que l’on peut  retrouver dans certains groupes divins, c’est-à-dire un loup et une  louve dominants et leur descendance.

    Une  prophétie nordique annonçait la destruction du monde par le terrible  loup Fenrir. Ce loup, fils de Loki croît quotidiennement d’une manière  prodigieuse. Les dieux vont lui fabriquer plusieurs chaînes (appelées  Leiding, Dromi) qu’il brise très facilement pour retrouver sa liberté.  Les Nains sont dès lors chargés de fabriquer la chaîne Gleipnir. Par  sécurité, la chaîne Gelgja, est également utilisée et passée au travers  d’un grand rocher nommé Gjol. On pourrait se demander si cet  enchaînement n’a pas un lien de parenté avec celui de Prométhée, qui fut  attaché à un rocher sur le mont Caucase. Au Ragnarök, la fin des temps  nordique, la gueule de Fenrir est grande ouverte. Sa mâchoire inférieure  touche la terre tandis que sa mâchoire supérieure touche le ciel. La  destruction apocalyptique d’un loup existe également dans la figure du  loup Skoll qui poursuit la gueule grande ouverte la déesse du soleil  Sol. Celle-ci mourra mais donnera naissance à un nouveau soleil. Le  frère de Skoll appelé Hati poursuit, quant à lui, la lune. Tous ces  mythes rejoignent la vision que l’on peut avoir du Déluge provoqué par  « l’œil du son » égyptien qui a détruit l’A’amenptah, la fameuse  Atlantide dont parle Platon. En effet, la croissance quotidienne d’un  astre peut être comparée à la croissance de ce loup qui provoque  destruction, chaos et morts sur Terre. La chaine chargée de maintenir la  trajectoire de cet astre aura été rompue ce qui aura provoqué de  terribles bouleversements sur Terre, notamment la disparition du soleil  mais heureusement il renaît toujours.

    Outre  la destruction cataclysmique qu’il provoque, le loup est un gardien des  enfers dans de très nombreuses mythologies. Anubis, le dieu embaumeur  d’Osiris, est une des figures les plus connues. Un de ses autres noms  égyptiens est Upuaut (prononcé Oupouaout). Celui-ci est un dieu à tête  de loup invoqué par les Egyptiens pour guider le soleil pendant son  séjour nocturne.  Il est appelé « le frayeur des chemins qui guide la  barque de Rê ». Il guide le souverain dans le royaume des morts et  également les guerriers en territoires ennemis. Comme toujours nous  retrouvons facilement un dieu similaire chez les Mayas. Il est appelé  Xolotl. C’est un dieu et un chien jaune. A la mort du 4ème soleil,  Quetzalcoatl (le serpent à plumes maya) est chargé de créer une  nouvelle rac. d’êtres humains. Xolotl, son frère jumeau, l’accompagne  vers Mictlan le monde des morts pour rassembler les ossements des hommes  tués par le déluge. L’accompagnement d’un dieu par un loup dans sa  barque solaire est également rencontré dans les textes mésopotamiens. En  effet, dans le texte « Enki au pays des morts », il est dit que les  flots se brisent comme un loup dévorant sur la proue du bateau. Une  vision déformée de ce chien gardien des enfers se retrouve dans la  mythologie grecque chez Cerbère. Ce chien d’Hadès a 3 têtes. Cerbère est  enchaîné à l’entrée des enfers. Il terrorise les morts et ceux-ci  doivent l’apaiser en lui offrant des gâteaux de miel. On retrouve  toujours ce chien gardien des enfers dans d’anciennes croyances des  Caraïbes : Opiel Guabiron est un demi-chien de la mythologie des  Caraïbes, mi-homme qui garde le royaume des enfers au niveau de la porte  de Coabey.



    Cette  vision de l’âme d’un dieu voyageant, telle la barque solaire d’Horus,  nous amène à retrouver la mort d’un dieu d’une grande importance et le  rôle de loups/chiens dans sa mort et dans l’accompagnement de son âme  dans l’au-delà. Un des qualificatifs d’Odin est « loup de combat » dans  la mythologie nordique. Le dieu était une embarcation qui faisait passer  les bons du connu à l’inconnu. Ceux qui passaient la gueule du loup  entraient dans le Walhall, royaume des morts. Odin est mort tué par le  loup Fenrir, nous laissant penser que sa disparition est survenue lors  du cataclysme provoqué par un astre errant. Il ne faut voir ce loup  géant comme la cause de sa mort mais plutôt une conséquence de l’union  avec la déesse de la guerre et de l’amour et l’assassinat par son frère  ou son fils selon les mythes. Cette mort se retrouve dans celle  d’Actéon. Celui-ci a été transformé par Artémis en cerf avant d’être tué  par une meute de 50 chiens appartenant à la déesse (Diane dans la  mythologie romaine). Cuchulainn est un héro irlandais qualifié de chien  dans les textes. Son nom signifie « chien de Culann ». En Irlande, on ne  donne pas de nom au loup (Chu), on le qualifie de « chien sauvage »  (D’arbois de Jubainville, 1904). Dans certaines versions de son  histoire, Cuchulainn refuse les avances de Morrigane, déesse celtique de  la guerre. En conséquence, il meurt sous les traits d’un taureau blanc  lors d’une terrible bataille, terrassé par le taureau brun Donn. Dans  certaines versions, Cuchulain meurt empoisonné pour avoir mangé de la  viande de chien. Dans la mythologie hindoue, Vŗtra est un dieu loup tué  par son adversaire Indra. Il fut transpercé, démembré et il renaît tel  un nouveau soleil. Sa renaissance est alors annoncée par le renouveau de  la nature.

    «  Lui dont les pouvoirs magiques
    Détournent de la terre les bienfaisantes pluies,
    Ennemi attaché à perdre les humains,
    Disputant le pouvoir à la rac. divine,
    Lui dont l’armée de démons à toujours
    Livré au dieu Indra une guerre incessante,
    Lui qui fut tant de fois écrasé, massacré,
    Renaît toujours nouveau, et inlassablement
    Recommence à la lutte où il perdra la vie. »



    Les Mythes et les Religions - Page 2 H14i
    Anubis l’embaumeur, tombe de Nebenmâat.

    Le  loup n’agit pas seul. En meute, il est d’autant plus à craindre. Dans  le livre IV d’Enoch, il est dit que des loups persécutent des brebis  ainsi que leurs enfants. Ces loups les poursuivent de toutes leurs  forces jusqu’à ce que le Seigneur descende auprès des brebis pour les  secourir et les conduire vers un autre pays. Les brebis fuient jusqu’à  une mer que le Seigneur va couper en 2 avant qu’elle ne se referme sur  les loups. Ce passage très intéressant est très clairement une autre  version du passage de la mer Rouge par les Juifs. Les égyptiens non  juifs qui les poursuivent sont donc des loups. Il n’est pas étonnant de  les considérer comme tels lorsqu’on sait que les suivants d’Osiris  appelés Shemsu sont des loups. D’ailleurs Khentamentiu, un dieu  assimilable à Osiris dont le nom signifie « le premier des Occidentaux »  provient de l’A’amenptah. C’est un dieu loup représenté sous la forme  d’un chien noir.

    Voilà  encore un thème qui nous emmène sur la trace de la mort d’un dieu  créateur ayant pris la peau du chien/loup. Nous nous retrouvons encore  et toujours face à une histoire unique, qui a façonné toutes les  croyances du monde. Lors d’un terrible bouleversement céleste, le dieu  loup sera tué par des membres de sa famille, par des loups appartenant à  sa meute probablement comme conséquence de s’être uni, à regrets par la  suite, avec la déesse de l’amour et de la guerre. A sa mort, un chien  gardien de son royaume souterrain, le soutiendra dans son voyage dans  l’au-delà. Cet évènement qui a marqué tous les mythologies du monde nous  parle d’un grand cataclysme provoqué par un astre céleste. Nous pouvons  considérer celui-ci comme le symbole de son retour sur Terre…

    Sources bibliographiques
    -  AUERBACH L & al., 2004. Encyclopédie de la Mythologie.Parragon Books Ltd, Royaume-Uni. 320 p.
    -  BAILEY G., CARDEN M., CLARKE P. & al., 2006. Mythologie : mythes et légendes du monde entier. Ed. de Lodi, Paris.
    -  BROSSE J., 2001. Mythologie des arbres. Editions Payot et Rivages, Paris VIème.
    -  BOBBE S., 2002. L’ours et le loup : essai d’anthropologie symbolique. Éditions Quae. 258 p.
    -  D’ARBOIS DE JUBAINVILLE H., 1904. Les dieux celtiques à forme d’animaux. Comptes-rendus des séances de l’année. Académie des inscriptions et belles-lettres. Volume 48, Numéro 3. pp. 365-372.
    -  PARKS A., 2007. Les chroniques du Gírkù. Ádam Genesis. Editions Nouvelle Terre.
    -  WILKINS W. J., 2006. Mythologie hindoue, védique et pouranique. L’Harmattan. 398 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:03

    Le mythe de Nahusha

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    Le mythe de Nahusha est un mythe majeur pour découvrir l’histoire qui a suivi la mort de Vŗtra (Osiris), tué par Indra (Seth).


    Le  mythe hindou de Nahusha nous fournit de précieuses informations sur la  période qui a suivi la mort du Créateur de l’humanité. Ce mythe nous  raconte comment Nahusha devient le nouveau roi des dieux en prenant la  place du dieu Indra rendu responsable de la mort du dieu Vŗtra (Vritra).  L’histoire de Nahusha comprend des similitudes intéressantes avec le  roi grec Salmonée, avec le roi grec Ixion, avec le dieu égyptien Râ, et  encore beaucoup d’autres personnages. Les facettes de ce dieu que l’on  trouve dans de très nombreuses mythologies à travers le monde feront  l’objet d’un article ultérieurement, tant ses visages sont variés et  complexes à décrire dans un seul article. Le mythe de Nahusha est  raconté plus d’une fois dans le Mahâbhârata (considéré comme le plus  long poème du monde).


    Le  mythe de Nahusha débute par la mort au crépuscule du Créateur Vŗtra,  qui est transpercé, démembré, écrasé par le roi des dieux Indra,  divinité du tonnerre et de l’éclair tel le Zeus grec. Touché par les  remords, Indra s’enfuit sous les eaux et reste introuvable. Le monde est  touché par la sécheresse et 3 grands mondes n’on plus aucun souverrain  pour les diriger. Les ŗshis souhaitent que le lumineux et glorieux  Nahusha devienne le nouveau Indra. Il refuse dans un premier temps, et  change d’avis par la suite. Brahmâ lui donne dès lors un pouvoir très  puissant : celui de priver de tout pouvoir celui qui pose les yeux sur  lui. Il abandonne très vite ses valeurs justes et vertueuses pour  s’adonner aux plaisirs, à la chasse, aux dés et aux femmes.


    Un  jour, Nahusha aperçoit Çaci, la belle épouse d’Indra et il désire en  faire sa femme pour jouïr de tous les droits (tout comme Ixion tentera  de séduire dans la mythologie grecque la reine des dieux Héra, femme de  Zeus).  Cet évènement sera sa plus grande erreur. Çaci trouve refuge  dans la demeure de Bŗhaspati, le guide spirtituel des devas, qui rassure  la déesse et qui lui promet qu’on retrouvera son époux Indra. Les dieux  du ciel tentent de calmer la colère de Nahusha. Ils lui expliquent  qu’il ne faut pas suivre l’exemple d’Indra qui a eu de très nombreuses  épouses. Malgré tout Nahusha ordonne qu’on lui livre Indranî (autre nom  de Çaci). L’hôte qui l’a accueillie refuse de la livrer. Indranî demande  un délai pour qu’elle puisse retrouver son époux. Elle part à sa  recherche et le voit en Himayala. Elle lui explique toute l’histoire  depuis sa disparition et lui demande d’assumer sa place de souverrain  des dieux : « lève-toi et chasse ton rival, montre ta force, ô  destructeur des fils de Diti et de Danu, obtiens ta puissance et sois  souverrain des dieux ».


    Indra  considère Nahusha fort dangereux depuis que les ŗshis lui ont accordé  une grande puisssance. Indra décide donc d’un stratagème. Indranî  accepte de devenir l’épouse de Nahusha à la condition qu’il se montre à  ses yeux avec un équipage plus pompeux que ses prédécesseurs : « ce sont  des chevaux ou des éléphants qui portent Indra ; il faut que tu te  procures un équipage, que ne possèdent ni Vishnu, ni Rudra, ni les  démons, ni les Géants. Que les saints ŗshis ensemble portent ta litière,  voilà ce que je désire de toi ». Nahusha accepte en reconnaissant sa  lumière capable d’ôter la lumière sur celui sur qui il pose les regards.  Il ordonne aux ascètes de le porter sur le lit divin.


    L’arrogance  de Nahusha lui monte à la tête. Il se trompe sur une hymne védique en  rapport avec le sacrifice. Par peur d’être corrigé, il frappe d’un coup  de pied Agastya le Sage (celui-ci est appelé dans les textes l’étoile  Canopus). Cette arogance est comparable à celle qu’a Salmonée, roi grec.  Celui-ci se fait adorer à l’égal d’un dieu. Il remplace les autels de  Zeus par les siens. Il voulait s’égaler à Zeus. L’arrogance de Nahusha  et le mauvais traitement envers Agastya est déplorée par Bhŗgu, un dieu  dont on dit qu’il est caché dans les tresses d’Agastya afin de ne pas  croiser le regard de Nahusha. Bhŗgu condamne dès lors Nahusha à vivre  sous la forme d’un grand serpent couché à terre pendant 10000 années. Ce  n’est qu’après cette période qu’il pourra regagner le ciel. Indra peut  reprendre sa place dans le ciel à condition que le meurtre de Vŗtra soit  puni. Il se voit obligé de vénérer Vishnu (autre nom de Vŗtra) : «  Qu’Indra accomplisse le sacrifice du cheval, en me prenant pour  divinité, après il retrouvera son rang ». Indra peut dès lors retrouver  sa place de roi des dieux.


    La  sentence de Nahusha n’est pas éternelle. Agastya lui annonce qu’il  regagnera le ciel avec la participation de sa descendance. Nahusha est  déjà roi mais n’a pas encore atteint la suprême dignité de souverrain.  Son retour au ciel sera confirmé par la venue de Cyavana, fils de Bhŗgu.  Il s’agit d’une étoile qui a fait vœu de vivre dans l’eau pendant 12  années. On dit d’elle qu’elle a une barbe et des tresses de couleur  rouge-brun. Cyavana est reconnu comme une personnification de la planète  Vénus tout comme Bhrgu son père. Des pêcheurs le trouvent dans ses  filets dans un fleuve. Cyavana demande aux pêcheurs de subir le même  sort que les poissons avec qui il a vécu pendant ces 12 années. Les  pêcheurs le reconnaissant comme un être supérieur. Ils ne peuvent tuer  les poissons sans le tuer. Ne sachant pas comment résoudre ce dilemme,  ils demandent l’aide de Nahusha. Cyavana propose qu’on l’achète pour une  somme à la hauteur de sa valeur. Nahusha accepte de le racheter mais il  a beau augmenter son prix (allant jusqu’à offir son royaume entier),  celui-ci n’est jamais au goût des attentes de Cyavana. Seule la vache Go  l’équivaut et elle est donc offerte par Nahusha comme rançon. Les  pêcheurs ne veulent pas accepter cette rançon mais ils la donnent à  Cyavana. Touché par ce geste, Cyavana emmène au ciel les pêcheurs et les  poissons et Nahusha obtient en récompense de son don la promesse qu’il  retrouva sa place au ciel.


    Nahusha  rencontre un jour le vaillant Bhîmasena. Celui-ci est un terrible  chasseur qui parcourt les bois et tue un grand nombre de lions et  d’éléphants. Nahusha l’enveloppe de ses anneaux de serpent et lui ôte la  force et la connaissance. Il explique à son descendant Bhîma que  quiconque l’approche, tombe immédiatement sous son pouvoir. Yudhishţhira  s’inquiète de l’absence de son jeune frère Bhîma. Comme il avait appris  qu’il était parti de bonne heure à la chasse il part à sa recherche. Il  retrouve son frère Bhîma en suivant les traces des bêtes féroces qu’il a  tuées ou mises en fuite. Pour éviter la mise à mort de son frère,  Yudhishţhira tente de le délivrer par la douceur. Nahusha accepte de  libérer son frère s’il peut répondre à plusieurs questions. Yudhishţhira  y répond correctement, si bien qu’il permet la libération de son frère  mais également Nahusha lui-même. Il perdit sa forme animale pour revêtir  sa forme divine et il monte, comme annoncé, au ciel.


    Il  semble que ce mythe se soit calqué sur le déroulement du jour et de  l’apparition du soleil, de l’étoile du matin et de l’étoile du soir. En  effet, le récit de cette histoire semble s’organiser suivant le schéma  suivant :


    1) Crépuscule

    Mort de Vŗtra tué par Indra. Celui-ci s’enfuit. C’est une période sans souverrain.


    2) Nuit

    Nahusha devient le roi des dieux. Il est soulevé dans le ciel par les étoiles ŗshis.


    3) Aube

    Bhŗgu  met fin au règne de Nahusha. Celui-ci est transformé en serpent. C’est  une période sans souverrain. Indra devra accomplir le sacrifice du  cheval pour remonter sur son trône.


    4) Jour

    Indra retourne sur son trône et remprend sa place de roi des dieux.


    5) Crépuscule

    Retour de Nahusha au ciel par la rencontre qu’il fait avec Bhîma.


    Quelles sont les explications de ces évènements à la lumière du jour et de la nuit :


    1) Crépuscule

    Indra  représente le ciel bleu et la lumière du jour. En tuant Vŗtra, il  souille le ciel de sang. C’est bien le soleil qui est responsable de  l’apparition de la couleur rouge du ciel au crépuscule. Lorsqu’Indra  s’enfuit, il est à l’extrémité du monde et sous les eaux. Ceci  correspond bien à l’image d’un soleil qui a disparu sous l’horizon.


    2) Nuit

    Nahusha  est doté d’un grand nombre d’étoiles éteincelantes sur son front.  Lorsque Nahusha est porté par les étoiles, elles se succèdent. Ceci  correspond au déplacement des étoiles durant la nuit.


    3) Aube

    Lorsque  Nahusha, le roi Nocturne, descend du ciel, cela correspond à la perte  de l’éclat des étoiles à l’aube. On peut considérer que Nahusha descend  du ciel nocturne pour rejoindre le monde souterrain. Sa transformation  en serpent symbolise la fuite de l’ombre le matin à la frontière du  monde visible sous une forme circulaire et faisant référence au serpent  égyptien notamment. Le cercle formé est la frontière entre le jour et la  nuit, en d’autres mots entre la vie et la mort. Cette période est  antérieure au lever du soleil. Indra ne regagne pas tout de suite son  trône. Son épouse Çaci part à sa recherche et est obligée d’aller en  Himalaya, les plus hautes chaînes de montagne du monde pour l’apercevoir  en tant que soleil. Le sacrifice du cheval doit être accompli avant  qu’il regagne le ciel.


    4) Jour

    Le soleil a retrouvé sa place dans le ciel.


    5) Crépuscule

    Bhîma  est enfermé dans les anneaux du serpent, ce qui signifie que Vénus est  encore située au niveau de l’horizon et la libération de Bhîma est  l’apparition de la lumière de Vénus au crépuscule.


    Nous  sommes bien face à une magnifique métaphore expliquant la lutte pour le  trône du ciel entre 2 catégories de divinités : les Pândava et les  Kaurava. Cette lutte est universelle et oppose toujours le bien au mal,  d’une façon parfois fort réductrice…


    Pour  plus d’informations concernant ce mythe, je vous renvois à l’article «  le poème d’Erra » qui complète assez étonnamment  cette histoire.


    Sources Bibliographiques :


    -  ELIADE M., 1947. Le « dieu-lieur » et le symbolisme des noeuds. Revue  de l’histoire des religions. Volume 134, numéro 134-1-3. pp. 5-36.


    - SCHAUFELBERGER G. & VINCENT G., 1999. Traductions de textes sanskrits tirés du Mahâbhârata et étude de l’œuvre. http://www.utqueant.org/mbh/mbh/resume.html.


    -  SPEIJER J.S., 1885. Le mythe de Nahusha. Actes du sixième congrès  internationnal des orientalistes, tenu en 1883 à Leide. 3ème partie,  section 2 : aryenne. pp. 81-117.


    - WILKINS W. J., 2006. Mythologie hindoue, védique et pouranique. L’Harmattan. 398 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:05

    Le lion, un symbole de Vénus
     
    Le  lion est un symbole très répandu dans les mythologies pour parler de  Vénus. Les dieux lions nous plongent dans l’histoire d’un bouleversement  planétaire qui toucha les 2 grands camps des divinités…


    Le  lion est un animal connu pour sa force et sa puissance ; il est aussi  susceptible, belliqueux, voire sanguinaire. Pour ses caractéristiques,  le lion fut un symbole de prédilection pour représenter Vénus, planète  qui a boulversé la face du monde il y a des millénaires. L’importance du  lion dans les mythologies est très ancienne : en sumérien on le  désignait par « Urmah », Ur-mah signifiant chien puissant. La naissance  de Vénus est très souvent représentée sur les murs des temples ou des  tombes égyptiennes par 2 lions qui se font face. La naissance d’Horus le  vengeur est symbolisée par un soleil (Vénus) émergeant des collines  primordiales et entre 2 lions.


    Double  lion égyptien, symbole de l'Etoile du matin et de l'Etoile du soir  (Vénus). Cette figure représente la naissance d'Horus.. Localisé au  Louvre. Source : http://egypte.web361.fr/index.php?lettre=a&entree=ay-ay-ai-ejehttp://egypte.web361.fr/index.php?lettr ... -ay-ai-eje.

    Une  des plus belles métaphores utilisée pour symboliser l’apparition de  Vénus dans le ciel nous parle d’un lion Ashtar (dieu phénicien)  responsable de la mort d’une antilope symbolisant l’humidité de la nuit.  Cette attaque est suivie de la chute d’Ashtar dans les enfers par les 2  serviteurs du taureau Él (très souvent représentés dans les sceaux  phéniciens par des griffons). Ce lion mort renaît le soir lorsqu’il tue  le Taureau Él et porte le nom d’Ashtart (parèdre d’Ashtar).  Ce mythe  symbolise donc l’apparition de Vénus dans le ciel au moment de l’aurore.  Elle perd son éclat lors de l’apparition du Soleil (Shapash). Elle  renaît le soir lorsque le soleil atteint l’horizon. La tablette III AB, C  de Ras Shamra (célèbre cité syrienne appellée Ugarit) nous synthétise  la chute d’Ashtar tué par les serviteurs de Él, à l’aurore :


    15.  [Voici que va paraître] Shapash (déesse du soleil Špš), le flambeau des  dieux. Elle s’élève la voix et [crie] (à Ashtar) : ‘Ecoute bien !

    16. Il se vengera, le Taureau Él, ton père, à la face du Prince-Mer (le dieu Yam), à la face du Juge-Fleuve (autre nom de Yam).

    17-18a.  Il ne t’écoutera pas le Taureau Él, ton père : certes, il arrachera le  support de ton siège ; certes, il renversera [le trône] de ta royauté ;  certes, il brisera le sceptre de ta juridiction’.

    Ashtar  sait sans doute que l’arrêté de Él est, comme on le lui dit, sans  appel, et il s’y soummet immédiatement. Il n’oppose aucune résistance.

    18b. Et Ashtar répond :

    19.  ‘Il m’a saisi, le Taureau Él, mon père. Moi [je n’ai pas] de maison  pour moi [comme] les (autres) dieux, de parvis [comme les (autres fils  de

    20. Qa]desh (Ashérat). En lion, je descendrai dans ma tombe (npš). Les étoiles-Kṯrm disparaissent dans la mai[son du Prince]-

    21. Mer, dans le temple du Juge-Fleuve. Il se venge le Taureau Él, son père à la face du Prince-Mer,

    22. à la face du Juge-Fleuve.’ Tu n’auras pas de pouvoir pour la royauté, ni de femme pour toi comme les (autres) dieux,

    23.  ni de servante comme les (autres) fils de Qadesh (Asherat). Et le  Prince-Mer [(te) regardera], et le Juge-Fleuve [(t’) observera], et il  dira :’Ashtar…’ »


    (Traduction provenant de DU MENSNIL DU BUISSON R., 1970. Etudes sur les dieux hérités par l’Empire romain. E. J. Brill, Leiden, Netherlands).

    Ce  texte a sa correspondance exacte dans la Bible en Isaïe 14:12. Le terme  utilisé pour qualifier l’Etoile du matin est Heylel en hébreux. Ce  porteur de lumière est appelé Lucifer en latin (« Lux » ou « Luci »  signifie lumière et « fer » porteur) et Phosphoros en grec.


    12. « Comment es-tu tombé du ciel,

    Étoile du matin (traduction du mot hébreux Heylel), fils de l’aurore ?

    As-tu été jeté à terre,

    Vainqueur des nations ?

    13. Toi qui avais dit dans ton cœur :

    ‘J’escaladerai les cieux,

    au-dessus des étoiles de Dieu j’élèverai mon trône,

    je siégerai sur la montagne de l’Assemblée,

    aux confins du spetentrion.

    14. Je monterai au sommet des nuages,

    je m’égalerai au Très-Haut.’

    15. Mais tu as été précipité au shéol,

    dans les profondeurs de l’abîme. »



    16. « Est-ce bien toi qui faisait trembler la Terre,

    qui ébranlait les Royaumes?

    17. Il a réduit le monde en désert,

    rasé les villes,

    il ne renvoyait pas chez eux les prisonniers.

    18. Tous les rois des nations, tous, reposent avec honneur,

    chacun chez soi.

    19. Toi, on t’a jeté hors de ton sépulcre,

    comme un rameau dégoûtant,

    au milieu des gens massacrés,

    transpercés par l’épée,

    jetés sur les pierres de la fosse,

    comme une charogne foulée aux pieds. »

    20. Tu ne leur seras pas uni dans la tombe,

    car tu as ruiné ton pays,

    fait périr ton peuple.

    Plus jamais on ne prononcera le nom

    de la rac. des méchants.

    21. Préparez le massacre de ses fils

    pour la faute de leur père.

    Qu’ils ne se lèvent plus pour conquérir la terre

    Et couvrir de villes la face du monde. »



    Tout  comme Heylel, Ashtar est soummis à un jugement qui lui fait perdre son  sépulcre et l’oblige à descendre en temps que lion dans sans tombe (le  Shéol pour Heylel). Le texte d’Isaïe nous permet de constater que ce  lion a ruiné son pays, a fait périr son peuple. Ses enfants doivent  également rester dans le monde du dessous comme les étoiles-Kṯrm  d’Asthar.

    Ce  terme de « porteur de lumière » est équivalent à celui du dieu  phénicien Resheph qu’on qualifie de « portier du soleil » (LIPINSKI E.,  1995).  Son nom se retrouve sous différentes formes dans les textes et  noms qui accompagnent sa représentation : en phénicien Ršp, en  cunéiforme Ra-sa-ap ou Ra-ša-ap, ou Ršp en égyptien. Avec le syllabaire  suméro-akkadien nous pouvons traduire Rasaap phonétiquement par  RÁ-SÁ-AB : « le père qui guide et qui brille » ou  RÁ-ŠA-AB : « le père  brillant qui assèche ». Il est représenté habituellement dans la posture  d’un pharaon frappant ses ennemis, le pied gauche en avant, le bras  droit brandissant une arme. Resheph est un dieu redoutable et  belliqueux, caractère du lion sur lequel on peut parfois le retrouver.  Son parèdre peut parfois être représentée dans la même attitude  combattante. L’attribut de Resheph est également l’arc comme l’indique  une référence de la cité syrienne Ugarit : « Resheph l’archer ». Dans la  Bible (Dt, 32:23-24). ce dieu est un génie destructeur au service de  Yavhé.


    « J’accumulerai sur eux les fléaux,

    J’épuiserai contre eux mes flèches.

    Une fois consummés par la famine

    Et attaqués par Resheph

    c’est Qatéb venimeux et la dent des bêtes

    que j’enverrai contre eux

    avec le venin des reptiles de la terre ».



    En  Palestine, Resheph est vénéré à Apollonia – Arsūf (nom en arabe), ce  qui laisse suggérer que ce dieu est lié à l’Apollon grec. A Chypre, le  dieu Resheph dieu-archer a fusionné avec lui. Un des surnoms d’Apollon  est Phoebus. Tout comme Heylel il fut banni de la montagne des dieux  appelée Olympe dans la mythologie grecque. Il avait comploté contre  Zeus.



    Marduk  nous livre de précieuses informations sur le premier grand passage de  Vénus, celui qui a provoqué le grand Déluge. Dans l’Enûma Eliŝ, l’Epopée  babylonienne de la Création on dit que Marduk est l’enfant soleil  d’Enki. C’est un dieu vengeur (tablette 3 ligne 10) tout comme Horus. Il  est responsable du Déluge : il déchaîne les vents (tablette IV, ligne  96-99), qui s’engoufrent dans la bouche de Tiamat. Celle-ci éclate sous  l’effet d’une flèche envoyée par Marduk. Il utilise les morceaux du  corps de Tiamat pour façonner le monde. Dans le poème d’Erra, nous  apprenons qu’Erra va enflammer la colère de Marduk, l’éloigner de sa  demeure et détruire les hommes. Marduk va provoquer le Déluge mais  également déstabiliser les étoiles. Son apparence va être altérée et il  restaurera son image par le feu. En l’absence de Marduk (qui a perdu son  éclat), Erra est chargé de combattre Enlil et Anu. Une autre version  concernant Marduk est conservée dans le poème d’Erra. Le dieu du Soleil Erra invoque le retour de Vénus, ce qui permet à Erra de devenir le roi des dieux :



    «Lorsque  Marduk eut entendu les propos d’Erra, ils lui semblèrent délicieux. Il  (Marduk) quitta sa demeure impénétrable et il alla vers celle des  Anunnaki. Lorsqu’il (toujours Marduk) fut entré et qu’il se tint [face à  eux], Šamaš (le soleil) obscurcit ses rayons en le voyant. Sîn (la  lune) fixait ailleurs […] Les mauvais vents se soulevèrent, transformant  le jour en ténèbres et [bousculant] l’ensemble de la Terre et le  tumulte des peuples […] Alors les Igigi (Nungal), terrorisés, s’en  furent dans les hauteurs et les Anunnaki se précipitèrent au fond de  l’abîme ».

    Traduction d’un passage du poème d’Erra par Don Moore.


    Dans l’article : « la symbolique du chien et du loup dans les mythologies »,  j’ai parlé du loup Fenrir, un autre animal sanguinaire qui qualifie cet  astre destructeur. Tout comme Marduk, il obsurcit les rayons du soleil.  Tout comme les dieux dont j’ai parlé plus haut, le loup Fenrir  s’enfonce profondémment dans la terre, où il va être enchaîné. Dans cet  épisode Fenrir est attaché à un grand rocher. Au Ragnarök, le loup  Fenrir attaque le monde des hommes et des dieux. Le passage ci-dessous  confirme clairement que Fenrir est un astre perturbateur :


    (Völuspá 40-41)

    A l’est habite la vieille

    Dans la forêt du fer,

    Et là elle met au monde

    Les enfants de Fenrir.

    Parmi eux tous,

    L’un deviendra,

    Sous la forme d’un monstre,

    De l’astre le destructeur.

    Il se rassasiera du sang.

    Des hommes à la mort voués.

    Il rougira de sang pourpre

    La demeure des dieux.

    Noirs deviendront les rayons du soleil

    Tout au long des étés suivants,

    Et terribles seront les tempêtes.

    En savez-vous davantage, vraiment ?

    (Source : DILLMANN F-X., 1991)



    Dans  la continuité de cette description, le dieu hittite Hahhima (présent  dans « le Mythe de la Disparition du soleil ») est un monstre  destructeur de vie sur la terre et au ciel. Son apparition a lieu  lorsque le soleil se réfugie au fond de la mer (parallèle évident avec  Ashtart, l’étoile du soir qui apparaît quand le soleil se couche). Cette  période est caractérisée par l’absence de souverrain des dieux. Vénus  est tenu responsable d’une période de grand gel qui immobilise les  dieux. Le dieu de l’Orage essaie de lutter contre Hahhima mais en vain.  Deux combats héroïques les opposeront. Le dieu de l’Orage appelle le  dieu du Soleil qui est introuvable. Seul le retour du Soleil à la place  du Gel pourra entraîner la disparition de Hahhima et permettre à la vie  de renaître à nouveau.



    Un  autre dieu hittite appelé Illuyanka est également le réprésentant des  forces obscures de la nature. Le mythe d’Illuyanka nous présente 2  versions différentes pour expliquer le retour du dieu de l’Orage au  pouvoir. Illuyanka est un serpent qui a vaincu le dieu de l’Orage. Il  vit sous terre. En sortant des entrailles de la terre, il menace l’ordre  établi par le dieu de l’Orage. Ce mythe tend à relativiser le rôle  négatif de cet astre pertubateur. En effet le dieu de l’Orage est  présenté comme un adversaire impitoyable, et rusé ; à l’opposé Illuyanka  est est généreux à l’image du monde sauvage. Dans la première version  du mythe, on apprend que le dieu de l’Orage (via le dieu de la tempête)  obtient de l’aide de la fille d’Illuyanka Inara, celle-ci a reçu l’aide  d’un mortel (Hupasya) par la séduction. Hupasya capture le serpent avec  une corde et le dieu de l’Orage le tue. Dans la deuxième version, le  dieu de l’orage agit seul. Il retrouvera ses yeux et son cœur grâce au  mariage de son fils qui vivait dans la belle famille. Le dieu de l’orage  combat une 2ème fois  Illuyanka sur la rive de la mer. Le fils du dieu de l’orage s’est rangé  du côté du serpent et demande à son père de l’épargner, mais en vain.



    « Quand  il fut à nouveau valide dans son corps comme auparavant, il alla de  nouveau dans la mer pour livrer bataille. Quand il lui livra bataille,  et quand il fut sur le point de vaincre le Serpent, le fils du dieu de  l’Orage était avec le serpent et appela son père dans le ciel :

    « Inclus-moi  avec eux ; n’aie pas pitié de moi » aussi le dieu de l’Orage les tua  (tous les deux) le serpent et son propre fils. Et ceci le dieu de  l’Orage […]. »

    (Deuxième version du mythe de Illuyanka, source : DILLMANN F-X., 1991).



    La  mort de l’astre destructeur est confirmée dans le mythe de Labbu, dont  une tablette endommagée de la bibliothèque d’Aššurbanipal donne de  précieuses informations. Dans ce mythe, Enlil charge un autre dieu de  tuer Labbu. Celui-ci est un monstre dont l’apparence est celle d’un lion  et d’un serpent qui est envoyé par le dieu Enlil pour détruire  l’humanité. Il vit dans l’eau. Il est le fils de Tiamat et la  « progéniture du Fleuve ». Il a pour but de détruire la Terre et  l’humanité. Labbu a une queue qui balaye le tiers des étoiles. Ce  monstre doit être tué par Tišpak. Celui-ci est chargé de sauver la terre  et prendre les rennes du pouvoir. Lorsque Labbu est tué, il est dit  que : « Et pendant trois ans, trois mois et un jour […] coula le sang du  Labbu.




    « Sa longueur était de cinquante milles,

    Et de un mille son [épaisseur ( ?)] ;

    Sa gueule mesurait six coudées,

    [Et sa langue ( ?)], douze coudées.

    Sur douze coudées (s’étendait)

    Le périmètre de ses oreilles.

    A soixante coudées de distance,

    Il [attrapait ( ?)] les oiseaux [de sa langue ( ?)].

    S’il se mouvait sous neuf coudées d’eau […],

    Il pouvait élever sa queue [jusque…]. »



    (Mythe de Labbu, source : DILLMANN F-X., 1991).

    Au  terme de cette investigation initiée à partir du lion, nous  redécouvrons encore ici le drame cosmique qui s’est conservé dans bons  nombres de mythes à travers le monde. Un astre pertubateur, dont la  naissance est causée par le dieu Enlil, est chargé de détruire  l’humanité. Sa taille et sa lumière sont responsables de la montée des  eaux, en d’autres mots du Déluge. Après cet épisode qui boulversa la  surface de la Terre, la vie a repris son cours. Le monde n’est pour  autant pas sain et sauf : Vénus réapparaît à proximité de la terre et  cause de nouveaux dégâts. La terre est plongée dans l’obscurité et des  tempêtes se déchaînent pendant plusieurs étés successifs. Les hommes et  les dieux sont immobilisés. Lors du 2ème passage,  un serpent a combattu le dieu de l’Orage et l’a mutilé. Il semble être  sanctionné par le dieu Él qui le fait précipiter dans les profondeurs du  Shéol.  Le dieu du Soleil est chargé d’assurer le règne sur le monde en  l’absence du dieu de l’Orage. Ce règne n’est pas éternel et un nouveau  passage de Vénus perturbe à nouveau la vie. A son retour, le Soleil  disparaît sous l’horizon et le monde est sans souverrain. Le dieu de  l’Orage retrouvera sa place du roi du monde après avoir vaincu le  lion-serpent lors d’un dernier grand combat cosmique…



    Remarque : pour plus d’information concernant ce drame cosmique, vous pouvez vous réferer à l’article « le mythe de Nahusha ».  Il donne de précieux détails concernant le résumé de cette conclusion.  Les noms sont différents, mais vous verrez très vite que ce mythe est  intimement lié à cette histoire.



    Sceau  cylindre sumérien représentant Nergal sortant de la butte primodiale.  Il est entouré par Ishtar et par Enki, des symboles représentant  l'Etoile du matin apportant la chaleur et l'Etoile du soir apportant  l'humidité.



    Sources bibliographiques

    -  AUERBACH L & al., 2004. Encyclopédie de la Mythologie.Parragon Books Ltd, Royaume-Uni. 320 p.

    -  BEYER D., 2001. Emar IV. Les sceaux. Missions archéologique de Meskéné-Emar. Recherche d’Astata. Orbis Biblicus et Orientalis, 20. Series Archaeologica. Editions universitaires, Fribourg, suisse. 490 p.

    -  BOISSELIER J., 1993. La sagesse du Bouddha. Gallimard. 191 p.

    -  CASSIN E., 1981. Le roi et le lion. Revue de l’histoire des religions. Volume 198. Numéro 198-4. pp. 355-401.

    -  CHIFFLOT T-G., 1955. La Bible de Jérusalem. L’Ecole biblique de Jérusalem.

    -  DILLMANN F-X., 1991. L’Edda, récits de mythologie nordique par Snorri Sturluson. Gallimard, Paris. Pp. 41-42.

    -  DU MESNIL DU BUISSON R., 1973. Nouvelles études sur les dieux et les mythes de Canaan. E. J. Brill, Leiden, Nederlands

    -  DU MENSNIL DU BUISSON R., 1970. Etudes sur les dieux hérités par l’Empire romain. E. J. Brill, Leiden, Netherlands.

    -  FERRE J., 2003. Dictionnaire des mythes et des symboles. Editions du rocher.

    -  KUNTZMANN R., 1983. Le symbolisme des jumeaux au Proche-Orient ancien. Naissance, fonction et évolution d’un symbole.Beauchesne, Paris.

    -  LAROCHE E., 1963. Le dieu anatolien Sarrumma. Syria. Volume 40. Numéro 40-3-4. pp. 277-302.

    -  LIPINSKI E., 1995. Dieux et déesse de l’univers phénicien et punique. Peeters, Louvain. 536 p.

    -  MAZOYER M., 2003. Télépinu, le dieu au marécage : essai sur les mythes fondateurs du royaume hittite. KUBABA, Paris.

    -  MAZOYER M. & PEREZ REY G.,2007. Monstres et monstruosités dans le monde ancien. KUBABA, Paris. 302 p.

    -  VIEYRA M., 1946. Une stèle hittite de Malatya. Comptes-rendus des scéances de l’année… Académie des inscriptions et belles-lettres. Volume 90, Numéro 1. pp. 130-135.

    -  WALTER P., 1999. Le devin maudit. Merlin, Lailoken, Suibhne. Texte et étude. Ellug, Grenoble. 252 p.

    -  WILKINS W. J., 2006. Mythologie hindoue, védique et pouranique. L’Harmattan. 398 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:06

    Les origines du déluge
     

    L’un  des récits le plus connus concernant le déluge est celui de la Genèse,  pourtant les très nombreuses versions étudiées dans cet article (pour  certaines beaucoup plus anciennes) nous permettent de reconsidérer sous  divers angles son récit moralisateur et de redécouvrir ses véritables  origines…


    Le  déluge a fait couler beaucoup d’encre, un bateau et un rescapé ont  trouvé écho dans quasi toutes les mythologies du monde. L’un des récits  le plus connus est celui de la Genèse, pourtant les très nombreuses  versions étudiées dans cet article (pour certaines beaucoup plus  anciennes) nous permettent de reconsidérer sous divers angles son récit  moralisateur et de redécouvrir les véritables causes du déluge.

    En Genèse 6:5-9, Yahvé envoie le déluge car les hommes sont mauvais de nature et il regrette de les avoir créés :

    « Yahvé  vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son  cur ne formait que de mauvais desseins à la longueur de journée. Yahvé  se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il s’affligea dans son  cœur. Et Yahvé dit : «  je vais effacer de la surface du sol les hommes  que j’ai créés – depuis l’homme, jusqu’aux bestiaux, aux bestioles et  aux oiseaux du ciel -, car je me repens de les avoir faits ». (Bible de  Jérusalem).


    On  se rend compte très vite en étudiant les variantes des autres  mythologies, que "dieux" est un terme qui regroupent plusieurs  divinités. Dans la 11ème tablette de l’épopée de Gilgameš découverte à  Ninive en Irak, Uta-napištî lui dévoile le récit du déluge. On apprend  qu’un groupe de dieux ont décidé de lancer le déluge :


    « Je vais te confier un secret des dieux !

    Tu connais la ville de Šuruppak,

    Sise [sur le bord] de l’Euphrate,

    Vieille cité, et que les dieux hantaient.

    C’est là que prit aux grands-dieux l’envie de provoquer le Déluge :

    [Les instiga]teurs en étaient Anu, leur père ;

    Enlil-le-preux, leur souverain ;

    Leur préfet, Ninurta, et Ennugi, leur contremaître. »

    (11ème tablette de l’épopée de Gilgameš, traduction de BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993).


    D’autres  textes découverts toujours dans la Bibliothèque de Ninive nous  confirment ce fait. En comparant 3 copies réalisées par des scribes  assyriens sur ordre du roi d’Assyrie Assurbanibal (datant du VIIème  siècle avant notre ère), on a pu recomposer un poème original dont le  héro principal est ‘Hasisadra, un analogue à Noé, qui a obtenu  l’immortalité des dieux. Il s’adresse à Izdhubar (Gilgameš) :


    « Je veux te révéler, ô Izdhubar, l’histoire de ma conversation et te dire la décision des dieux.

    La ville de  Šurippak, une ville que tu connais,

    Est située sur l’Euphrate ;

    Elle était antique et en elle [on n’honorait] pas les dieux.

    [moi seul, j’étais] leur serviteur, aux grands dieux.

    [les dieux tinrent conseil sur l’appel d’]Anou.

    [Un déluge fut proposé par [Bel]

    [et approuvé par Nabou, Nergal et] Ninih. »

    (« Le déluge de‘Hasisadra », traduction provenant de LENORMANT F., 2001)


    Cette  version nous confirme très clairement qu’Anou (An le dieu mésopotamien  du ciel) est le dirigeant d’un conseil. Le dieu qui a lancé l’idée est  Bel, soit Enlil, le dieu des vents. Le conseil a délibéré et la décision  est irrévocable malgré que le fait que le dieu Ea (dieu créateur  mésopotamien) ne soit pas d’accord. Ceci est confirmé par un texte  sumérien traduit pour la première fois en 1914 par Arno Poebel, dont le  héro du récit est Ziusudra (nom qui signifie une fois décomposé :  ZI-U-SUD-RÁ = vie de jours prolongés). Selon les listes royales  sumériennes, celui-ci régna sur la cité de Šurippak citée plus haut.


    «  Le Déluge [va anéantir] les agglomérations et recouvrir leur capitale,

    Pour détruire la rac. humaine : [Ainsi en a-t-il été décidé],

    Décision ratifiée par l’assemblée et irrévocable !

    Ordre porté par Anu et Enlil, et [inaltérable] :

    Le Royaume des Hommes [sera détruit] »

    (« Le déluge de Ziusudra », traduction provenant de LENORMANT F., 2001)


    Ce  Ziusudra se retrouve dans une version attribuée à Bérose, un scribe  chaldéen (terme qui qualifie la région située entre les cours inférieurs  de l’Euphrate et du Tigre où se sont formés Sumer et Akkad). Son nom  est très proche de l’original : Xisouthros. Bérose a réalisé ce récit en  se basant sur des livres sacrés de Babylone. L’œuvre est perdue mais on  a retrouvé 2 résumés anciens attribués à Alexandre Polyhistor (un  grammairien du 1er siècle av. JC ) et à Abydène, (un écrivain de la fin du 1er siècle  après JC). Cette version comprend un passage novateur : Cronos  (analogue grec d’Enki/Ea) annonce en rêve le déluge à Xisouthros et lui  demande d’enfouir les écrits disponibles dans la ville du soleil de  Sippara. Cette version reprend des passages biens connus du déluge tels  que notamment la construction du navire, le lâcher d’oiseaux, le  sacrifice réalisé sur la montagne où fait escale le navire (dans cette  version ils arrivent en Arménie). Les compagnons de Xisouthros qui ont  survécu vont déterrer les écrits, vont fonder de nombreuses villes,  bâtir des temples et reconstituer Babylone.


    Toujours  dans la période qui précède le déluge, divers textes nous renseignent  sur les catastrophes précédant le déluge. Dans le Poème akkadien  d’Atras-Hasis, un des textes les plus anciens du déluge, on apprend  qu’Enlil a décidé de mettre fin à l’humanité car elle était trop  bruyante. Dans les premiers temps, Enlil envoie d’abord plusieurs fléaux  tels que des épidémies et une grande sécheresse mais Enki est toujours  présent pour aider l’humanité. Il s’en suivra le déluge provoqué par  Ninurta le fils d’Enlil qui va laisser déborder les barrages célestes et  Nergal (assimilé à Osiris/Horus vengeur) qui va arracher les étais des  vannes d’en haut. Le déluge des Celtes se retrouve dans un texte qui  s’appelle les Triades (poésie bardiques des Cymris du pays de Galles).  On compte 3 catastrophes terribles de l’île de Prydain ou de Bretagne.  Une correspond à la dévastation par le feu, l’autre une grande  sécheresse et la dernière une grande inondation. Seul Dwyfan et Dwyfach  vont survivre grâce à un vaisseau sans agrès et vont repeupler l’île de  Prydain. Divers textes de par le monde nous signalent également des de  tremblements de terre et d’une obscurité généralisée à toute la terre.  On peut citer à titre d’exemple le livre ses secrets de Jean un des  écrits de Nag Hammadi (NH II, 1 ; IV, 1) ou le livre de Popol-vuch qui  est un recueil de traditions mythologiques des indigènes du Guatemala.  Dans ce livre on raconte que la terre est secouée d’un terrible  tremblement de terre. Le dieu de l’orage Hourakan fait pleuvoir sur la  terre une résine enflammée. On peut considérer qu’il s’agit de chutes de  météorites et des effets du passage à proximité de la terre d’un astre  bruyant :


    «   Les eaux, soulevées par le Cœur du Ciel Houracan, bouillonnèrent et un  grand déluge s’étendit à tout le créé… De la résine enflammée tombait du  ciel, la face de la terre devint noire, une pluie noire tombait jour et  nuit ; et il y avait dans le ciel comme le bruit d’un feu tumultueux.  Les gens couraient, s’écrasaient, grimpaient sur le toit des maisons,  mais celles-ci s’écroulaient sous eux ; ils grimpaient aux arbres, mais  ceux-ci les secouaient ; ils se cachaient dans les cavernes, mais  celles-ci les écrasaient. L’eau et le feu détruisaient tout ».

    (Traduction provenant de MEREJKOVSKI D., 1995)

    « Dès l’aurore, il chut des petits-pains, et des averses de grains-de-froment au crépuscule ».

    (11ème tablette de l’épopée de Gilgameš, traduction de BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993).


    Quelques  textes sont assez précis quand à la succession des destructions qui ont  abouti au déluge universel. Citons le codex Vaticanus (un codex maya)  qui est conservé à la bibliothèque du Vatican. Ce document distingue 4  grands évènements :

    1)  Tlatonatiuh (« soleil de terre ») : ce sont les géants ou les Quinamés  les premiers habitants de l’Anahuac qui meurent de famine.


    2)  Tlétonatiuh (« soleil de feu ») : période qui correspond à la descente  du dieu Xiuhteuctli. En aztèque Xiuhitl signifie météore. Ce dieu du  feu, parfois représenté avec un oiseau turquoise au-dessus de sa tête et  associé aux météores. Les hommes vont échapper au feu destructeur en se  transformant en oiseaux. Un couple d’humains trouvent asile dans une  caverne et repeuplent l’univers après cette destruction.


    3)  Ehécatonatiuh (« soleil de vent ») : un ouragan terrible provoqué par  le dieu Quetzalcohuatl. Les hommes pour la plupart vont être transformés  en singes au milieu de cet ouragan.


    4)  Atonatiuh (« soleil d’eau ») : Il se termine par une inondation, un  déluge universel. Tous les hommes vont être transformés en poisson sauf  un couple qui sont sauvés dans un bateau construit dans du cyprès. Sur  le Codex on représente les 2 humains préservés du déluge Coxcox et  Xochiquetzal. Ils sont assis sur un tronc et ils flottent au milieu de  l’eau.


    Revenons  sur le récit du déluge concernant Ziusudra et attachons-nous à la  figure du dieu Enki/Ea : dans ce récit, Enki et Nintu sont obligés  d’accepter par un serment la décision de provoquer le Déluge, étant  donné qu’ils font partie du conseil. Les textes de Ras Shamra (ancienne  cité d’Ugarit) nous on livré également un récit intéressant du déluge,  bien qu’il soit fragmentaire. Il nous précise la nature du serment fait  par Ea : il est dit qu’ « il s’était engagé à ne rien dire à âme qui  vive ». Cette raison peut expliquer dans une certaine mesure pourquoi  Enki/Ea/Cronos prévient le Noé du déluge dans un songe. Il prévient en  rêve Ziusudra/‘Hasisadra ou Uta-napištî de l’éminence du déluge afin  qu’il construise un bateau lui permettant de survivre lui, sa famille,  d’autres êtres humains, des animaux et des plantes variées. Ce rôle de  poisson, nous le retrouvons notamment dans le Catapata Brâhmana (I,  VIII, 1), un texte sacré de l’hindouisme qui évoque également le déluge.  Ce texte a été traduit pour la première fois par M. Max Müller. Il nous  relate la rencontre de Manu avec un poisson qui lui demande de le  protéger en échange d’être sauvé du déluge. Ce poisson qui grandit de  jour en jour est placé successivement du vase, à un grand bassin et  finalement dans l’océan. Dans l’année même où il aura atteint sa taille  maximale, le déluge surviendra. Il demande à Manu de construire un  vaisseau et de l’adorer. Une fois le déluge initié, le poisson tire le  vaisseau avec ses cornes, permettant ainsi à Manu de passer par-dessus  la « montagne du Nord ».


    Ce  poisson évoque très clairement le serpent aquatique Vritra (voir les  Veda) qui fut vaincu par Indra (Enlil/Zeus) et ses compagnons appelés  les Marut (au nombre de 49). Vritra tout comme Osiris (Ea/Enki) renaîtra  en un serpent céleste. On qualifie Vritra de serpent du ciel, de nuage  orageux qui s’allonge en rampant dans les airs. Indra frappe Vritra de  son foudre et en le déchirant il donne libre cours aux eaux qui étaient  enfermées dans ses flancs. La taille du serpent des airs est  déterminante : l’astre orageux et perturbateur s’est rapproché de la  terre et une fois suffisamment proche de celle-ci il émerge de l’océan  (une image pour expliquer la montée d’un astre dans le ciel à partir de  l’horizon) provoquant ainsi un raz-de-marée gigantesque.

    Dans  l’Edda, un recueil poétique de la mythologie nordique, on retrouve  également cette symbolique dans la figure du serpent Jormungand. Le  Ragnarök, la grande bataille des dieux nordiques, est annoncé par 3  années de guerre suivies d’un hiver très rude de 3 ans. Il s’en suit un  terrible tremblement de terre qui brisera tous les liens. Le loup Fenrir  est alors délivré de ses chaînes. Jormungand est le serpent qui  provoquera le raz-de-marée sur terre et qui détruira tout. Ce serpent  fut jeté dans l’océan lorsqu’il était petit. Après ce déluge, le couple  Lif et Lifthrasir donnera naissance à la nouvelle lignée humaine qui  repeuplera le monde. Jormungand est un serpent qui enserre Midgard de  ses terribles anneaux. Ce reptile croit sans cesse (tout comme le loup  Fenrir) et il devient si grand qu’il finit par se mordre la queue et  entourer la terre de ses anneaux. Ce serpent vit au fond de la mer.  Jormungand grandit aussi vite que son frère Fenrir. Ce dernier est un  loup géant. Un des ses fils est un astre destructeur qui détruira  l’humanité, comme le démontre très clairement le texte ci-dessous :


    (Völuspá 40-41)

    « A l’est habite la vieille

    Dans la forêt du fer,

    Et là elle met au monde

    Les enfants de Fenrir.

    Parmi eux tous,

    L’un deviendra,

    Sous la forme d’un monstre,

    De l’astre le destructeur.

    Il se rassasiera du sang.

    Des hommes à la mort voués.

    Il rougira de sang pourpre

    La demeure des dieux.

    Noirs deviendront les rayons du soleil

    Tout au long des étés suivants,

    Et terribles seront les tempêtes.

    En savez-vous davantage, vraiment ? »

    (Source : DILLMANN F-X., 1991)


    Citons  encore le mythe de Labbu (provenant encore d’une autre tablette de la  Bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive), un monstre aquatique à la fois un  serpent et lion qui est chargé de détruire l’humanité sous l’ordre  d’Enlil. Ce monstre est tué par Tišpak qui est chargé de sauver la terre  et destiné à reprendre les rennes du pouvoir. La queue de Labbu balaye  le tiers des étoiles. Ce mythe nous permet de conclure que 2 entités ne  font qu’une seule. Il s’agit en fait des 2 visages d’une même entité  destructrice : le loup/lion et le poisson/serpent qui provoqueront 2  destructions de nature différentes. Ces 2 entités ne font qu’une seule.  Elles donneront naissance à 2 forces destructrices : le loup qui a brisé  ses chaînes et qui a libéré sa colère et le serpent qui a atteint sa  taille maximale et qui provoque le déluge.


    Le  faucon et le phénix sont également les 2 symboles d’un dieu colérique  égyptien : Horus. Sous ses 2 aspects il est l’étoile du matin et  l’étoile du soir. L’âme d’Osiris voyage à travers l’univers il renaît  sous les traits d’Horus le faucon qui apporte la chaleur d’un 2ème soleil.  Lorsqu’il retourne vers sa demeure, il est le phénix qui annonce le  retour de la pluie. Le premier passage perturbateur aurait provoqué le  déluge universel qui aurait détruit l’Atlantide. Une partie des rescapés  se seraient réfugiés en Egypte comme le laisse penser le livre des  morts égyptiens. Au chapitre 17, Nephtys participe au rapatriement des  rescapés du déluge vers l’Egypte :


    (ligne 43-48)


    « Les  générations cadettes sauvées pour repeupler une multitude dans le ‘Lieu  du dessus-des-Eaux’ par Dieu à cet effet, les faisant arriver en deux  populations meurtries et épuisées sur les terres promises que Dieu avait  sauvé de l’eau dans sa Bienveillance à leur intention. Louées  soient-elles, ces générations, en leur nom de ‘Survivants du Déluge!’,  ainsi qu’en leur deuxième nom de ‘fils de la Triade du Couchant’ qui  parviennent en la demeure de l’Alliance ». (Traduction d’Albert Slosman  en 1979)


    Le  serpent destructeur est connu notamment sous le nom de Marduk. Ce dieu  est invoqué notamment dans le célèbre poème de l’Enûma Eliŝ, l’Epopée  babylonienne de la Création découverte à Ninive. Il dit que Marduk est  l’enfant soleil d’Enki. C’est un dieu vengeur (tablette 3 ligne 10) tout  comme Horus. Il est responsable du Déluge : il déchaîne les vents  (tablette IV, ligne 96-99), qui s’engoufrent dans la bouche de Tiamat.  Celle-ci éclate sous l’effet d’une flèche envoyée par Marduk. Il utilise  les morceaux du corps de Tiamat pour façonner le monde. Le Poème d’Erra (un  poème babylonien) complète le rôle de cette divinité dans le rôle d’un  astre perturbateur. Je n’en m’en étais pas rendu compte tout de suite,  mais je ce poème est une clé essentielle pour comprendre un pan entier  de l’histoire des mythologies. Ce poème décrit d’une manière très  précise le départ de Marduk de sa résidence ce qui a pour conséquence de  provoquer le déluge. Marduk est le lien de l’univers et s’il quitte à  nouveau sa résidence, l’univers se disloquera, ce qui provoquera un  nouveau déluge.


    « Le roi des dieux, ayant ouvert la bouche, prit la parole

    Et adressa ce discours à Erra, le champion des dieux :

    «Erra-le-preux, touchant l’opération que tu suggères,

    Sache que déjà autrefois, pour avoir quitté ma résidence, à la suite d’une colère, j’ai provoqué le Déluge !

    A peine avais-je quitté ma demeure que le lien de l’univers se défit :

    Le ciel en ayant été ébranlé, des étoiles célestes la position changea sans qu’elles pussent reprendre leur place ;

    L’Irkallu-infernal ayant bronché, le produit des sillons s’amenuisa, rendant désormais difficile la subsistance ;

    Le lien de l’univers défait, la nappe-souterraine baissa et le niveau des eaux descendit !

    A mon retour je vis comme il était malaisé de tout raccommoder !

    Le croît des êtres vivants était tombé, et je ne pus le restaurer

    Sans me charger, en personne, comme un paysan, de leur réensemencement !

    Je fis donc reconstruire mon temple, pour m’y réinstaller.

    Or, ma précieuse-image, maltraitée par le Déluge, avait son aspect terni !

    Pour faire rebriller mes traits et nettoyer ma tenue, je recourus au feu.

    Lorsqu’il eut achevé son travail et fait (à nouveau) resplendir ma précieuse-image,

    Et que, m’étant recoiffé de ma couronne impériale, je fus revenu à ma place,

    Mes traits étaient altiers, mon regard fulgurant !

    Les hommes qui, échappés au Déluge, ont été les témoins de cette opération,

    Te laisserai-je tirer les armes pour en anéantir la descendance ? »

    (Le poème d’Erra, traduction provenant de LENORMANT F., 2001)


    Marduk  prévient Erra qu’autrefois pour avoir quitté sa demeure il a provoqué  le déluge. Ce poème est étonnant dans le sens où il précise que le  déluge peut se répéter une seconde fois.  Lorsque Marduk remplace Enlil  dans l’Esagil, Erra lui promet qu’il peut à nouveau quitter sa demeure  sans provoquer de déluge. Marduk le croit et des nouvelles catastrophes  naturelles s’abattent sur terre. Le texte décrit les nombreuses  destructions des villes de la Mésopotamie. On explique que Babylone est  soumise à une révolte de la population « contre le gouverneur ». Nous  retrouvons d’une manière très insistante l’arrogance et la violence  d’Erra à la suite de ce bouleversement qui se considère alors comme le  dieu unique et le maître du monde. Le poème d’Erra n’est pas le seul  texte mythologique qui nous dévoile qu’il y a eu plusieurs grandes  destructions sur terre. Le Codex mexicain Telleriano Remensis indique  que la destruction du monde eu lieu 3 fois.


    « Une fois tous les 4 ans, il y a un jeûne de 8 jours, en mémoire de ce que le monde a péri 3 fois. » (LENORMANT F., 2001).


    A  la vue des différents récits du déluge, on constate qu’ils s’orientent  de manière quasi universelle sur la construction d’une embarcation  chargée de sauver Noé et une partie des êtres vivants de la terre. Les  causes qui sont invoquées telles que la méchanceté de l’homme, le non  respect des dieux sont souvent de nature à culpabiliser l’homme. Elles  ont tendance également à considérer les récits comme moralisateurs et  permettent d’une certaine manière d’écarter les véritables  questionnements sur l’origine céleste de cette catastrophe. Il faut  probablement lier en partie un oubli de l’humanité sur les récits du  déluge, étant donné la quasi destruction de l’espèce humaine. De plus  comme le signale les nombreux textes, Noé fut écarté de l’humanité ce  qui ne lui permis pas à la nouvelle humanité de comprendre les  mécanismes célestes du déluge.


    L’implication  de Vénus reste encore à l’actuelle une idée nouvelle, peu considérée  par les scientifiques. Les raisons traditionnelles pour expliquer le  déluge évoquent notamment le volcanisme, la venue sur terre d’un  astéroïde gigantesque et encore la précession des équinoxes comme  explication des périodes de glaciation et de dégel. Néanmoins la théorie  qui implique un changement d’orbite de Vénus et son implication dans  plusieurs déluges a pour mérite de reconsidérer les mythologies qui sont  encore à l’heure actuelle trop peu envisagées comme piste de recherche,  au regard des informations qu’elles contiennent sur nos origines. C’est  pour quoi l’étude approfondie des textes anciens combinée à la  méthodologie scientifique mérite toute notre attention. Cet article n’a  pour effet qu’une pierre lancée dans un vaste océan tant les sources  sont nombreuses et variées. Je ne pourrais pas m’attarder ici plus  longtemps, le temps me fait défaut, et il y a encore tant d’autres faits  importants à éclaircir. Néanmoins il a de fortes chances pour que de  nouvelles recherches m’amènent encore à compléter dans de nombreux  nouveaux articles cette vision nouvelle, tant les mythes du monde  tournent autour de ce cataclysme…


    Sources bibliographiques

    - ASTER., 2005. Le Déluge et ses récits : points de vue sémiotiques. Presses de l’Université Laval. 190 p.


    - AUERBACH L & al., 2004. Encyclopédie de la Mythologie.Parragon Books Ltd, Royaume-Uni. 320 p.


    - BAILEY G., CARDEN M., CLARKE P. & al., 2006. Mythologie : mythes et légendes du monde entier. Ed. de Lodi, Paris.


    - BAUDRY G-H., 2000. Le péché dit originel. Editions Beauchesne. 411 p.

    BOMPART-PORTE M., 2009. Si je t’oublie Ô Babylone… Le meurtre de masse du néolithique au monde mésopotamien. Harmattan. 320 p.


    - BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993. Lorsque les dieux faisaient l’homme. Editions Gallimard. 755 p.

    -  CAPART A. et D. 1986. L’homme et les déluges. Bulletins et Mémoires de  la Société d’anthropologie de Paris. Volume 3, Numéro 3-3. pp. 194-196.

    - DILLMANN F-X., 1991. L’Edda, récits de mythologie nordique par Snorri Sturluson. Gallimard, Paris. Pp. 41-42.

    - DOMENY DE RIENZI G-L., 1836. Océanie ou 5ème partie  du monde : revue géographique et ethnographique de la Malaisie, de la  Micronésie, de la Polynésie, et de la Mélanésie ; offrant les résultats  des voyages et des découvertes de l’auteur et de ses devanciers, ainsi  que ses nouvelles classifications et divisions de ces contrées. Volume 2. Firmin Didot, Paris. 447 p.

    - DURAND-FOREST J. & SOUSTELLE J., 1995. Mille ans de civilisations mésoaméricaines : Des Mayas aux Aztèques. L’Harmattan. 268 p.

    - FAIVRE D., 2007. Mythes de la genèse, genèse des mythes. L’Harmattan. 281 p.

    - FERRE J., 2003. Dictionnaire des mythes et des symboles. Editions du rocher. 989 p.

    - LENORMANT F., 2001. Histoire ancienne de l’Orient jusqu’aux guerres médiques. Tome 1. BookSurge Publishing. 510 p.

    - MABIRE J., 1999. La légende de la mythologie nordique. Ancre de Marine, Louviers, France. 277 p.

    - MEREJKOVSKI D., 1995. Atlantide-Europe : les mystères de l’Occident. Body, Mind & Spirit. 417 p.

    - NOUGAYROL J., 1960. Nouveaux textes accadiens de Ras Shamra. Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et belles-Lettres. Volume 104, Numéro 1. pp. 163-171.

    - PARKS A., 2007. Les chroniques du Gírkù. Ádam Genesis. Editions Nouvelle Terre. 516 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:12

    L’enchaînement de Prométhée
     
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     L’enchaînement de Prométhée est un mythe fort répandu en Géorgie et il est étudié dans cet article…

     

     L’histoire  de Prométhée et de son enchaînement est l’objet de cet article. Pour  avoir rencontré plusieurs mythes y ressemblant par certains aspects,  j’ai décidé de davantage m’y intéresser. Une poignée d’historiens et  théologiens ont étudié (dont Georges Charachidzé) les nombreux  personnages mythologiques de la région du Caucase qui ont subi le même  châtiment que Prométhée. Il existe plus de 200 versions de cette région  nous relatant l’enchaînement comme point de repère. La ténacité avec  laquelle cet enchaînement est raconté sous de multiples formes nous  laisse suggérer qu’il s’agit d’une croyance d’une grande importance. Je  dresse un récapitulatif non exhaustif des différentes versions de  Prométhée découvertes aux alentours du Caucase (principalement en  Géorgie) et mises en évidence par Georges Charachidzé :
     

     Prométhée : version grecque

     Pako : version kabarde

     Pak°’e : version bjedougue : tcherkesse occidentale

     Nesren : version tcherkesse

     Givargi : version païenne (forme christianisée Saint-Georges)

     Amirani : version géorgienne (de très nombreuses variantes)

     Abrskil : version abkhaze

     Artawazd : version arménienne

     Betken : version svane

     Betkil : version svane

     Cola : version svane

     Aram-Xut’u : version mingrélo-abkhaze

     Badur : version géorgienne orientale

     Ivane  de Kvarcixe : version géorgienne orientale

     Iagora : version géorgienne

     Dzhardzhi : version géorgienne


     Prométhée  est le créateur des hommes grec. Zeus, décide de priver les hommes du  feu, pour avoir été dupé par Prométhée pour ne pas avoir reçu la partie  noble d’un sacrifice. Prométhée pénètre en Olympe et dérobe le feu dans  la forge d’Héphaïstos et le transmet aux hommes. En conséquence de cet  acte, il va être enchaîné au sommet du mont Caucase où un aigle viendra  chaque jour lui manger le foie. Il sera délivré par Héraklès. L’histoire  de Prométhée est connue grâce à un nombre limité de textes : quelques  dizaines de vers dans la Théogonie et les Travaux d’Hésiode. Il y a  également la tragédie d’Eschyle « Prométhée enchaîné ». Il faut  également considérer les très nombreuses représentations du supplice.

     Il  faut voir l’enchaînement de Prométhée et de ses homologues comme  hautement symbolique. Pour chaque version, le héro est lié sur une  montagne dont la localisation est dépendante de l’origine du récit (le  mont Elbrouz, le mont Kazbek, le mont Ararat, le mont Masis). En  conséquence d’un désaccord avec Dieu (celui-ci est tantôt masculin,  tantôt féminin et son nom diffère selon les versions), le héro est  enchaîné. L’origine du supplice provoqué par Dieu n’est pas le même  selon les versions. Prométhée cherche à tromper l’esprit de Dieu, alors  qu’Amirani cherche à entrer en lutte avec le dieu suprême. Pour les  traditions abkhazes et arméniennes, la royauté sur terre est un  véritable enjeu et c’est encore plus ferme pour les Tcherkesses.

     Notre  protagoniste va être enchaîné à un pieu de fer, un rocher, un arbre  selon les versions. Certaines traditions concernant Amirani expliquent  qu’il est directement attaché au rocher. C’est également le cas pour les  légendes tcherkesses et arméniennes. Amirani peut être également lié à  une colonne (un pieu) qui prend appui au centre de la terre et qui  rejoint le ciel. D’autres versions (abkhazes et svanes) racontent que le  prisonnier est attaché au végétal. Nous pouvons considérer que cette  colonne ou cet arbre qui unit le ciel et la terre est synonyme de  stabilité sur terre. Les Géorgiens expliquent les tremblements de terre  par les secousses que le héro provoque en secouant le pieu. Avant qu’il  soit enfermé, certaines versions mettent en évidence le caractère  destructeur du Prométhée géorgien (voir le passage ci-dessous concernant  Pako). En Arménie, l’analogue prénommé Artawazd (version du VIIème  siècle) s’indigne de régner sur un champ de ruines à la mort de son  père. Il sera enfermé dans une grotte au sommet du mont Masis. Il ne  cessera de tenter de se libérer pour provoquer la destruction du monde.


     Pako détestait les Nartes depuis longtemps,

     Il imposa sur les Nartes le poids de la malédiction,

     Et le temps de la tribulation vint pour les hommes.

     Pako envoie ses rigueurs contre leur pays,

     Il ploie les chênes comme des roseaux, il abat les maisons,

     Il élève les vagues de la mer plus haut que le ciel,

     Il prive tout le monde de froment, d’avoine, d’orge,

     Il noie la terre sous des pluies incessantes,

     Et sèche, par un vent torride, les champs des Nartes.

     (CHARACHIDZE G., 1986).


     Le  supplice est d’autant plus douloureux qu’il s’accompagnera dans le  mythe grec d’un aigle dévorant quotidiennement le foie de Prométhée.  Pour Amirani, la présence du volatile est située exactement là où on  l’attend : entre son emprisonnement et sa libération (CHARACHIDZE G.,  1986). Mais sa nature est tout à fait différente de l’aigle. Il s’agit  en effet de son chien ailé Q’ursha (chiot d’un aigle) qui est à l’opposé  un protecteur. Celui-ci réduit ses chaînes en les léchant mais des  forgerons empêcheront sa libération en reformant ses chaînes. Dans la  légende techerkesse, le volatile le torture différemment : dès que le  prisonnier veut s’abreuver, l’aigle boit à sa place. Au regard de ces  fonctions opposées entre le volatile persécuteur et le volatile  protecteur, il est difficile d’expliquer la symbolique de cet animal  dans le mythe…


     Dieu  va également enfouir notre intéressé sous terre, sous une montagne,  dans une grotte, au fond de l’abîme. Dans plusieurs traditions  géorgiennes (Iagora, Badur, Dzhardzhi), un chasseur est pendu par la  courroie de son mocassin à un rocher ou à un arbuste sauvage et il  finira par plonger dans l’abîme. Dieu empêchera Amirani de voir la  terre, le ciel et la lumière. Notre Prométhée géorgien est enfoui sous  terre dans un lieu qui pourrait s’approcher du Shéol biblique qui est  situé dans les profondeurs de l’abîme. Ashtar le dieu phénicien est  précipité du ciel par 2 serviteurs du taureau Él. Ne faut-il pas voir  ces 2 serviteurs comme Kratos et Bios (dans l’œuvre d’Eschyle), les  anges de mains de dieu, qui vont amener Prométhée vers le lieu de son  enchaînement ? Il est fort tentant de relier cette grotte, cet abîme du  mythe aux enfers des nombreuses mythologies du monde.


     Dieu  continue son supplice en faisant remonter le prisonnier brièvement à la  surface. Un chasseur (parfois un berger) égaré retrouve le héro  enchaîné sur la montagne. Celui-ci lui demande de l’aider en lui  rapportant son épée qu’il n’arrive pas à atteindre. Comme celle-ci est  trop lourde, le chasseur doit aller chercher chez lui un moyen de  traction (chaîne du foyer ou courroie d’une charrue). Il perd du temps  avec sa femme qui ne comprend pas son acte. De retour en montagne, le  prisonnier a disparu : la montagne ou la crevasse s’est refermée. De  très nombreuses versions nous racontent qu’il remonte temporairement à  la surface et que sa non-libération est garante d’un équilibre sur  terre.


     Le  Prométhée géorgien se voit présenter des caractéristiques, qui à mon  sens, le rapprochent de Dionysos. En effet, Amirani ou Abrskil sont nés  d’une vierge. Dès sa naissance il va être arraché de sa mère et  continuera sa gestation dans un taureau (pour Dionysos sa gestation  continue dans la cuisse de Zeus). Amirani meurt et ressuscite tout comme  Dionysos. Celui-ci va transmettre des connaissances à Icarios qui lui  seront fatales : il va être massacré sous les yeux de sa chienne Maéra  et enterré sous un pin. Le chien compagnon d’Amirani est un parfait  analogue. Les attributs principaux de Dionysos sont le lierre ou la  vigne. Dans les versions concernant Amirani, on ne parle jamais de  végétaux nécessitant un support, néanmoins dans les versions  mingrélo-abkhaze, Aram-Xut’u ne supportait pas la vigne attachée, ni les  ronciers et il les arrachait sur son passage. Ceci peut se comprendre  lorsqu’on considère l’enroulement de ces vignes ou ronces comme des  symboles de son enchaînement. Une version concernant Amirani raconte que  Dieu lui demande (pour qu’il lui prouve sa force) d’enrouler l’hêtre  comme un lacet. Celui-ci se transforme dès lors une chaîne fixée au fond  de la terre. La symbolique de l’arbre de Dionysos est la même que pour  celle de Prométhée et de ses homologues.


     Les  très nombreuses versions de Prométhée découvertes en Géorgie et dans  les régions avoisinantes mettent en évidence l’importance de son  enchaînement. Georges Charachidzé évoque un échange envisageable entre  cette région du monde avec la Grèce. Il fut probablement de même avec  d’autres régions du monde et notamment l’Anatolie d’où les analogies  qu’il comporte avec Dionysos. Nous sommes toujours face à un rappel  d’une mort, d’un supplice. L’enchaînement de Prométhée cache  probablement un évènement plus important et destructeur, ces liens  pouvant préfigurer le calme que la terre aurait retrouvé avant le  dernier passage d’un astre destructeur. Cet astre a retrouvé une  configuration stable lorsque le lien entre la terre et le ciel s’est  reformé…


     Sources bibliographiques

     - AUERBACH L & al., 2004. Encyclopédie de la Mythologie.Parragon Books Ltd, Royaume-Uni.

     - BROSSE J., 2001. Mythologie des arbres. Editions Payot et Rivages, Paris VIème.

     - CHARACHIDZE G., 1986. Prométhée ou le Caucase. Essai de mythologie contrastive. Flammarion. 344 p.

     - DESAUTELS J., 1988. La souveraineté de Zeus dans le Prométhée enchaîné d’Eschyle. Dieux et mythes de la Grèce ancienne : la mythologie gréco-romaine. Social Sciences. pp.158-161.

     - FERRE J., 2003. Dictionnaire des mythes et des symboles. Editions du rocher.

     - LIPINSKI E., 1995. Dieux et déesse de l’univers phénicien et punique. Peeters, Louvain, Belgique.

     - SMITH P., 1988. CHARACHIDZE G., Prométhée ou le Caucase. L’homme. Volume 28, numéro 106-107. pp. 319-324.

     - SOCIETE DES ETUDES EURO-ASIATIQUES, 2003. Forge et le forgeron II. Le merveilleux métallurgique. L’Harmattan. 204 p.

     - SERGENT B., 1988. Georges Charachidzé, Prométhée ou le Caucase. Annales, Economies, sociétés, civilisations. Volume 43, numéro 1. pp. 185-189.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:14

    Ninmah (Ninhursag) est l’arbre de la connaissance
     
    Les Mythes et les Religions - Page 2 Vsli
     
    Ninmah  (Ninhursag) est la déesse de l’enfantement, la reine des dieux, la  déesse-matrice qui a créé l’humanité avec Enki et qui lui a permis de  distinguer le bien du mal lorsqu’elle était l’arbre de la connaissance…
     

     Le  jardin d’Eden est le verger dans lequel on rencontrait deux arbres  extraordinaires : l’arbre de la connaissance et l’arbre de la vie et de  la mort. Le premier emblématique de la tentation d’Adam et Eve est une  entité féminine. Par le fruit défendu, Adam et Eve accèdent à une  connaissance qui n’était réservée qu’à Dieu. Découvrons ici, au travers  de ses nombreux noms, qui était cette divinité créatrice qui leur a  transmis cette connaissance…

     
     Un  peuple de turcs de Sibérie orientale (les Yakoutes) raconte dans une  légende (ROUX JP., 1967) que l’homme primordial vivait à côté d’un arbre  merveilleux. Sa naissance était récente et il s’interrogeait sur son  origine. Une femme dévoilée jusqu’à la ceinture jaillit de l’arbre et  lui annonce qu’il sera l’ancêtre du genre humain. Elle va dès lors  allaiter l’homme, celui-ci sent dès lors ses forces décupler. On  rencontre très souvent ce récit chez les turcs. Dans certaines versions,  on explique que « Le  roi des arbres […] laisse parfois apparaître […] une déesse âgée, aux  cheveux blancs comme neige […], aux seins gros comme deux outres,  sortant de sa racine jusqu’à la ceinture ». Cette femme qui est la Grande Mère est appelée Ayisit pour les Yakoutes ou Umay pour les Altaï et les Khirghiz de Turquie.

     Les Mythes et les Religions - Page 2 Fh5j

     L’écrit  sans titre, un texte copte de la bibliothèque de Nag Hammadi (découvert  en Egypte) nous décrit que l’arbre de la connaissance, situé à  proximité de l’arbre de vie dans le nord du paradis, est doté de la  puissance de Dieu. Cet écrit est étonnant dans ses différences avec la  genèse et dans ses révélations concernant la création d’Adam et celles  qui concernent sa mère Eve. Le paradis aurait été créé par la Justice au  milieu des pierres. Adam a été créé par 7 grands archontes. Il est  laissé seul et au bout de 40 jours il commence à se mouvoir sur terre.  Eve est celle qui lui permettra de se lever et d’ouvrir les yeux. Adam  l’appellera dès lors « Mère des vivants ». Suite à celà, les archanges  décident de faire tomber Adam dans un sommeil et de l’instruire dans son  sommeil pour qu’il croie qu’il est né de la côte d’Eve. Ils décident  également de souiller Eve avec leur semence afin « qu’elle ne puisse plus retourner dans sa lumière ».  Eve, puissante, se moque de leur dessein. Elle place un sosie  d’elle-même à côté d’Adam et elle rentre dans l’arbre de la connaissance  pour y demeurer. Dans la suite du récit, on précise qu’Eve « s’est faite arbre ». Les archontes aveuglés vont éjaculer leur semence dans la sosie d’Eve.
     

     Ils s’approchèrent [d’Adam] et voyant le sosie de celle-là près de lui,

     ils se hâtèrent, croyant que c’était la véritable Eve et ils osèrent s’approcher d’elle.

     Ils la saisirent et éjaculèrent leur semence en elle.

     Ils firent cela avec fourberie ; (la) souillant non seulement selon la nature,

     mais  abominablement, puisqu’ils souillaient l’empreinte de sa voix qui avait  parlé avec eux auparavant en disant : « il y a quelqu’un avant vous ».

     (Extrait de l’Ecrit sans titre, PAINCHAUD L., FUNK WP., BRITISH LIBRARY, 1995)


     La  création de l’homme est également attribuée à Belet-ili (Nintu) dans le  poème d’Atraḥasîs. Ce récit a d’abord été connu par une des épaves de  la Bibliothèque d’Assurbanipal (version de Kasap-Aya qui est la plus  longue). D’autres versions, notamment celle du British Museum,  corroborent des pans entiers de ce récit. Belet-ili y est qualifiée de  déesse de l’utérus. C’est la sage-femme des dieux. Suite à la révolte  des Igigu contre le souverain des dieux Enlil, il est décidé dans  l’assemblée des dieux que Belet-ili soit chargée de créer un prototype  d’homme pour assurer la corvée des dieux. Elle est accompagnée par Enki  notamment qui est le seul capable de purifier tout l’argile. Les  différentes versions la qualifient notamment ainsi : Dame des dieux,  Dame-de-tous-dieux (Bêlet-kala-îlî), Mammi, Mammi l’experte,…


     « Or, une fois rassemblées [les mat]rices, Nintu [se tena]it là :

     [Elle co]mptait les mois de prégnance

     Jusqu’à ce qu’en la salle-aux-destins on annonçât le dixième.

     Ce dixième mois arrivé, elle dédaigna le « bâton » ( ?) et découvrit ( ?) le bas-ventre ( ?) :

     Son visage brillait de joie !

     Puis elle se couvrit la tête et fit la sage-femme :

     Elle se ceignit les lombes, prononça une bénédiction,

     Traça un trait-de-farine et mit en place une paroi-de-brique, (en disant) :

     ‘C’est moi qui l’ai produit, qui l’ai fait de mes mains !

     Qu’en la maison de la ‘consacrée, la Sage-femme soit en joie !

     Partout où quelque parturiente accouchera,

     Ou qu’une jeune-mère se débarrassera d’elle-même,

     La paroi-de-brique devra rester en place neuf jours,

     Pendant lesquels sera à l’honneur Nintu-la Matrice.’ »

     (Poème  d’Atraḥasîs, morceau paléo-babylonien du British Museum, BM 92608,  traduction provenant de BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993)

     Les Mythes et les Religions - Page 2 Zjmp
     Un des tablettes du poème d'Atrahasîs. British Museum.


     Comme on le découvre ci-dessus, Belet-îli (Nintu) est la déesse de la matrice et de l’enfantement ; dans le texte « Ligal.e, ou Ninurta et les pierres »  il en est de même pour la mère de Ninurta appelée Ninmaḥ. Cette œuvre  longue de 729 lignes a été entièrement recomposée grâce à pas loin de  deux cent témoins qui sont des tablettes ou des fragments (BOTTERO J.  & KRAMER S. N., 1993). Dans ce récit, Ninurta attriste sa mère  Ninmah qui avait été l’épouse d’Enlil à cette période. En effet, Ninmah  reproche à son fils « d’être passé prestement devant elle lorsqu’il eut triomphé, d’être passé devant elle sans même lui accorder un regard ». Les propos qu’elle tient à l’égard de son fils sont forts :
     

     « Une  fois, cependant, il attrista le cœur d’une femme : sa mère, Ninmaḥ, qui  en perdit le sommeil, sur sa couche où, se souvenait-elle, elle l’avait  conçu !

     Son corps vêtu d’une toison de laine, semblant une brebis, une brebis pas encore tendue.

     Elle se complaignait aigrement que lui fût fermée la Montagne :

     ‘Le seigneur (disait-elle), dont la Montagne n’a pu soutenir l’auguste puissance,

     Le sublime Champion, que nul ne peut approcher quand sa fureur s’enflamme,

     Tempête  qui s’abat, déversant tout son venin sur la terre, le Seigneur, le  ‘souffle’ d’Enlil, digne de la couronne, le champion trop haut placé  pour recevoir des ordres…’ »

     (Ligal.e, ou Ninurta et les pierres morceau – ligne 370-375 , traduction provenant de BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993)
     

     Ninurta est à l’opposé plein de bienveillance envers sa mère « qui a voulu gagner la Montagne et le suivre jusque dans la contrée rebelle même au milieu des horreurs de la guerre ».  Il lui donne dès lors le titre de la dame des monts (Nin hur. Sag).  Ninurta raconte que les montagnes sont la résidence de sa mère et que  ses vallonnements produisent des herbes aromatiques et que les franges  fournissent du vin et du miel. Sur les pentes des montagnes croissent  cèdres, cyprès, genévrier et buis. Ses montagnes sont le berceau d’un  jardin produisant de beaux fruits mûrs. Ce jardin peut faire penser au  jardin d’Eden et celà se confirme lorsqu’on étudie les tablettes de  Kharsaǧ. Ces textes ont été découverts en Irak au 19ème siècle et ils  datent du 3ème millénaire  avant Jésus-Christ. Anton Parks a confirmé la localisation du jardin  d’Eden sur les hauteurs de Turquie (monts KARA-DAĞ dont le nom est très  proche de la cité de Ninmah invoquée dans les tablettes de Kharsaǧ). Je  cite ici pour référence les traductions françaises des tablettes de  Kharsaǧ réalisées par Anton Parks. Elles sont disponibles depuis octobre  2011 dans son étude intitulée : « Eden ». Ninhursaǧ y est dénommée la  « Dame serpent » et Enlil « le « splendide serpent aux yeux brillants ».  Nous découvrons dans ces tablettes une description très élaborée de ce  jardin et les premiers temps de l’humanité qui rampait encore à 4  pattes. Ninhursag est la reine de la cité. Enki est chargé d’appliquer  les ordonnances d’Enlil. Il apprend à l’humanité que « le fer ne sert  pas à tuer mais à couper du bois ». Je ne peux m’attarder sur cette  œuvre extraordinaire tant les passages intéressants sont nombreux.  L’étude des tablettes de Kharsag nous confirme le rôle de Ninmah en tant  qu’arbre de la connaissance dans le jardin d’Eden, celui-ci  étant localisé dans les montagnes du nord de la plaine mésopotamienne.


     Ninmah  (Ninhursaǧ) a été l’épouse d’Enlil, mais d’autres textes anciens nous  apprennent qu’il n’en fut pas toujours ainsi. En effet le poème « Enki  et Ninmah » nous raconte qu’Enki fut également l’époux de Ninmah en  Dilmun (peut-être les îles de Baḥraïn-Failaka). Le poème « Ligal.e, ou Ninurta et les pierres »  n’est y pas contradictoire à cette idée lorsqu’on sait que Ninmah lie  l’orgueil de son fils à celui de son père. Ceci est un indice qui peut  laisser penser que cette déesse ne fut pas toujours unie à Enlil. Cette  idée est confirmée notamment par le poème « Enlil et Ninlil ».  Ce poème est connu par une vingtaine de manuscrits fragmentaires  retrouvés à Nippur (BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993). Il précise que  Ninlil est la Jouvencelle d’Enlil et que Nunbaršegunnu est l’Ancienne  d’Enlil. Un jour, Nunbaršegunnu avertit Ninlil encore vierge afin  qu’elle ne croise pas le seigneur au regard luisant sous peine d’être  mise enceinte (noter l’appellation étonnamment proche du nom donné à  Enlil dans les tablettes de Kharsaǧ). Dans un premier temps, elle refuse  les avances d’Enlil en expliquant notamment que sa mère et son père ne  l’accepteraient pas. A l’aide de son page Nuska qui lui fournit une  barque (son architecte de l’Ekur), Enlil parvient à la rejoindre et à la  féconder. L’assemblée des dieux vont dès lors le bannir.

     Les Mythes et les Religions - Page 2 Rg0u
     "Enki et Ninmah"

     
     En  respectant l’idée selon laquelle les mythologies sont dérivées les unes  des autres, nous retrouvons un passage évocateur de l’apparition de la  nouvelle épouse d’Enlil dans l’hindouisme. Ninmah y porte le nom de  Saravastî (Sâvitrî), celle-ci étant considérée comme la déesse hindoue  de la sagesse et de la connaissance. Dans un distique du Matsya Purâna  (WILKINS W. J., 2006), on dévoile que Sâvitrî délaisse Brahmâ alors  qu’elle est nécessaire pour l’accomplissement de sacrifices afin de  préserver la verdure et la vigueur des trois mondes. Un prêtre est  chargé d’aller la chercher mais il n’y parvient pas. Pour accomplir les  rites, Indra se met à la recherche d’une nouvelle épouse. Il rencontre  une laitière appelée Gâyatrî portant un pot de beurre qui était jeune,  belle et souriante. Celle-ci devient son épouse. Elle est emmenée dans  les appartements de  Sâvitrî pour être parée des plus beaux vêtements et  bijoux. C’est alors qu’arrive sur le lieu du sacrifice Sâvitrî.  Celle-ci voit la laitière dans ses appartements et les prêtres occupés à  réaliser les rites pour le sacrifice et elle rentre dans une colère  folle. Il semble que ce récit explique bien des choses et je vous  reporte ici la traduction en partie réalisée par WILKINS W. J., 2006 :


     « Oh  Brahmâ, dit-elle, as-tu toi-même conçu si coupable dessein que tu  veuilles me répudier, moi, ta femme légitime ? N’as-tu aucune honte à te  laisser pousser, par amour, à un acte aussi condamnable ? Toi que l’on  dit père des dieux, des vénérables sages, comment peux-tu agir  ouvertement d’une manière qui, n’en doute pas, suscitera la dérision  dans les trois mondes ? Mais comment montrer mon visage ou, délaissée  par mon époux, me donner le titre d’épouse ? »

     Un peu plus loin dans le récit :


     «  Sâvitrî s’exclama : ‘ ¨Par les pouvoirs que j’ai acquis de la pratique  du tapas, puisse Brahmâ ne jamais être adoré en aucun temple ni aucun  lieu, si ce n’est un seul jour par an. […] Et quant à toi, Indra, qui  menas cette laitière à Brahmâ, tu seras enchaîné par tes ennemis, retenu  en terre étrangère, et tes ennemis occuperont la cité’. Elle dit encore  s’adressant à Vishnu : ‘Et toi, qui l’as donnée en mariage à Brahmâ, tu  naîtras parmi les hommes, par la malédiction de Brhigu, et tu endureras  le supplice de voir ta femme ravie par tes ennemis ; longtemps aussi tu  erreras, humble gardien des troupeaux !’ »

     Encore un peu plus loin dans le texte :

     « Après  avoir prononcé ces malédictions, Sâvitrî quitta l’assemblée, suivie de  Lakshmî et des autres déesses, qui annoncèrent très vite leur intention  d’y retourner. Sâvitrî, s’enflammant de colère, leur parla en ces  termes : ‘Puisque maintenant, Lakshmî, tu m’abandonnes, puisses-tu ne  jamais mener une existence stable et toujours demeurer avec le vil,  l’inconstant, le méprisable, le criminel, le cruel, l’insensé, le  barbare ! Quant à toi, Indrânî, (autre nom de Gâyatrî) quand Indra se  verra accuser d’un meurtre d’un brahmane parce qu’il aura tué le fils de  Tvashtri, alors Nahusha obtiendra son royaume et s’écriera, désireux de  t’obtenir aussi : ‘Ne suis-je pas Indra ? Pourquoi donc la jeune et la  belle Indrânî ne veut-elle pas de moi ? Si je ne l’obtiens pas,  j’exterminerai tous les dieux’ ».

     
     L’arbre  de la connaissance Ninmah fut l’une des reines du monde avec son époux  Enlil. Elle était la mère des Anunnaki. Sous les traits de Ninhursaǧ,  elle symbolise une femme attachée aux Montagnes de Kharsag dans lequel  fut implanté le jardin d’Eden. Dans ce paradis terrestre, elle a animé  l’homme et elle lui a permis de distinguer le bien du mal et d’ainsi  ouvrir son intellect. Adam et la nouvelle Eve vont devoir quitter ce  paradis. Lorsqu’Enlil s’unit à sa nouvelle épouse, Ninmah est folle de  colère mais finit par accepter cette situation. En Dilmun, elle  deviendra temporairement l’épouse d’Enki, un grand généticien. Par ses  nombreuses tentations et aventures, la confiance que Ninmah lui portait  disparaitra. Elle lui retirera ainsi son « regard de vie ».  Mais elle finira par lui pardonner ces infidélités en participant  notamment à son embaumement sous les traits de Serkit (déesse des  naissances) avec Hathor, Nephtys et Neith. Cette déesse matrice restera à  tout jamais une des mères de l’humanité et également des dieux.

     Sources bibliographiques

     - BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993. Lorsque les dieux faisaient l’homme. Editions Gallimard. 755 p.

     - DUSCHESNE-GUILLEMIN J., 1986. Origines iraniennes et babyloniennes de la nomenclature astrale. Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Volume 130, numéro 2. pp. 234-250.

     - O’BRIEN C & JOY O’BRIEN B., 1999. The genius of the few. Dianthus Publishing Limited, The Pool House, Kemble, Cirencester, England. 372 p.

     - PAINCHAUD L., FUNK WP., BRITISH LIBRARY, 1995. L’écrit sans titre.  Traité sur l’origine du monde (NH II, 5 et XIII, 2 et Brit. Lib. Or.  4926 [1]). Les presses de l’université Laval, Québec, canada. 622 p.

     - PARKS A., 2007. Les chroniques du Gírkù. Ádam Genesis. Editions Nouvelle Terre. 516 p.

     - ROUX JP., 1967. Le lait et le sein dans les traditions turques. L’Homme. Volume 7, numéro 2. pp. 48-63.

     - WILKINS W. J., 2006. Mythologie hindoue, védique et pouranique. L’Harmattan. 398 p.

     Et un bouquin incontournable qui complète depuis peu (le 26 novembre 2011) cet article :

     - PARKS A., 2011. Eden. Editions Nouvelle Terre. 264 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:15

    Généalogie des dieux mésopotamiens, hymnes et prières
     

    Cet  article aborde la généalogie des dieux mésopotamiens en se basant sur  l’ouvrage de Marie-Joseph Seux intitulé « Hymnes et prières aux dieux de  Babylone et d’Assyrie ». Le schéma ci-dessus est synthétique. Il est  une première ébauche de cette généalogie et devrait probablement être  modifié sur certains points pour être correct.

    Aux  personnes reniant la personnalité à part entière des divinités les plus  anciennes, je conseille la lecture du livre suivant : « Hymnes et  prières aux dieux de Babylone et d’Assyrie » de Marie-Joseph Seux.  L’auteur compile ici des prières et hymnes dédiées aux divinités  mésopotamiennes. Cette compilation de textes anciens akkadiens et  sumériens est une base d’étude pour celui qui désire mieux comprendre et  découvrir les divinités mésopotamiennes


    En  synthétisant les informations de ces hymnes et prières et en recoupant  les répétitions, on redécouvre de manière assez précise une généalogie  de tout un panthéon de divinités. La généalogie de cette famille  représentée ci-dessous sous forme synthétique. Le  schéma est relativement simple par soucis de clarté. Il reste avant  tout un point de départ et il n’est pas forcément juste en réalité sur  tous les points. Pour certaines divinités, il reste toujours un certain  flou qu’il convient de faire disparaître par davantage de recoupements  et vérifications .


    Généalogie  des dieux mésopotamiens. Les dieux en rouges portent le titre de "roi  des cieux et de la terre". An et Ishtar en bleu son parèdres. Merci de  mentionner la source de cette image si vous la réutilisez.

    Certains personnages ont une place importance dans cette généalogie mais ils ne sont pas représentés pour plusieurs raisons :


    -         leur généalogie est incertaine. Ex : Nabû qui est fils d’Asari (Enlil) et à la fois fils héritier de Nudimmud.

    -          leur fonction est importante mais on ne  connaît pas ou peu leur  filiation dans les textes. Ex : Dumuzi qui est l’amant d’Ishtar et le  fils d’Éa, mais les textes compilés dans l’ouvrage de Marie-Joseph Seux  ne précisent pas qui est sa mère.


    Comme  la généalogie présentée ici le dévoile, bon nombre de divinités ont une  multitude de noms. Pour certains d’entre eux, je n’ai pas repris la  liste complète pour ne pas trop encombrer le schéma. Empiriquement, le  nombre de titres est proportionnel à l’importance d’une divinité. On  peut s’en rendre compte notamment avec la déesse de l’amour et de la  guerre qui présente une liste assez longue de titres et de surnoms. Ils  sont d’autant plus nombreux lorsqu’on retrouve les correspondants dans  d’autres régions du monde. On peut facilement admettre que les croyances  dédiées aux divinités les plus vénérées et les plus « importantes » se  soient propagées davantage géographiquement, ce qui peut expliquer leur  nouvelle appellation dans d’autres langues.


    Lorsqu’on  étudie ces textes, on se rend compte de la précision et la fois la  complexité de ce panthéon. Chaque dieu a sa place et une histoire qui  lui est propre. On va bien au-delà d’une simple dédicace au dieu du  soleil comme on pourrait le croire naïvement, notamment avec Shamash le  dieu du soleil mésopotamien. On compare bien cette divinité au soleil  mais davantage dans un souci glorifique. Ce Dieu roi des cieux et de la  terre a une place très précise dans le panthéon. Je cite ici une prière  dédiée à Shamash (dieu akkadien) qui illustre la minutie que l’ont peut  rencontrer dans les textes découverts en Mésopotamie :

    Shamash, fils d’Anu, sou[verain des Igigu],
    Shamash, fils héritier, qui illumines les cieux et la terre,
    Progéniture de Sin et de Ni[ngal],
    Seigneur de Sippar, protecteur de l’Ébabbar,
    Aimé d’Aya, la bru qui habite dans les cieux purs,
    Shamash, lorsque tu sors des cieux purs,
    Lorsque tu franchis la montagne de Cyprès,
    Que Bunéné, le ministre, te souhaite un cœur joyeux,
    Que Droiture vienne à ta droite,
    Que Justice vienne à ta gauche ;
    Le premier de tous les pays, c’est toi !
    Le Juge éminent, qui assure la justice au pays d’en haut et (au pays) d’en bas, c’est toi !
    (Extrait, p 216-p 217).




    Ce  Dieu solaire est appelé Utu en sumérien. Il est jumeau d’Ishtar. Il  portera le même titre « roi des cieux et de la terre », tout comme Enlil  son grand-père, laissant suggérer que Shamash est son successeur.  Shamash/Utu est incontestablement le dieu de la Justice en Mésopotamie.  Notez que lorsqu’on donne pour père Anu, cela ne signifie pas père au  sens strict du terme. La fonction solaire de Shamash est probablement  liée aux vertus de luminosité, d’abondance, du soleil. De plus il est  très courant de comparer les divinités aux astres du ciel. Le soleil est  un symbole fort de royauté qui prédominera en Egypte notamment. Cette  association au soleil peut compliquer l’identification d’un bon nombre  de divinités. A titre d’exemple, Erra (le Râ égyptien) est également un  dieu solaire et clairement distinct de Shamash.


    L’étude  des textes anciens reste et restera encore l’une des meilleures  méthodes pour redécouvrir les parentés entre les divinités. Les dieux  mésopotamiens sont les plus anciens du monde. Leur expansion s’étant  propagée à partir du Moyen-Orient et les multitudes de témoignages que  nous ont laissés les tablettes d’argile sont de très précieux outils à  utiliser sans retenue pour avancer dans ce vaste champ de recherche.


    Référence bibliographique

    SEUX M.-J., 1976. Hymnes et prières aux dieux de Babylone et d’Assyrie. Littératures anciennes du Proche-Orient. Les éditions du cerf, Paris. 558 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:16

    La tour de Babel a-t-elle existé ?
     
    Au  travers de plusieurs textes anciens mésopotamiens mais notamment juifs,  redécouvrons quel était le contexte de la construction de la tour de  Babel.

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    Prospectus "Turris Babylonica" de la section Cinquantenaire des Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles. Photographie. 

    Nous  connaissons tous le célèbre récit de la tour de Babel qui est  responsable de multiplication des langues sur Terre. Mais est-ce juste  un mythe ? A-t-il une origine autre que biblique ? Finalement peut-on  envisager que ce récit est plus qu’une légende ? Comme toute recherche  se basant sur des textes anciens il n’est jamais possible d’être  exhaustif, néanmoins au travers de plusieurs textes anciens et notamment  mésopotamiens, il nous est possible de corroborer ce fait par de  nombreux canaux divers et de découvrir davantage sur l’origine des  langues au travers des mythologies et religions.

    Le récit de la  tour de Babel se trouve dans l’ancien testament (Genèse 11). Le passage  n’est pas très long, il est retranscrit ci-dessous :
    « Tout  le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les  hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au Pays de  Shinéar et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : ‘Allons !  Faisons des briques et cuisons-les aux feu !’ La brique leur servit de  pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent : ‘Allons !  Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux !  Faisons-nous un nom et ne soyons-pas dispersés sur toute la terre !’
    Or  Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient  bâties. Et Yahvé dit : ‘Voici que tous font un seul peuple et parlent  une seule langue, et tel est le début de leur entreprises ! Maintenant,  aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là  confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les  autres.’ Yahvé les dispersa de là sur toute la surface de la terre et  ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là  que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et  c’est là qu’il les dispersa sur toute la surface de la terre. »
    (Bible de Jérusalem, genèse 11 : 1-9)

    De  tous les textes mésopotamiens, nous n’avons pas retrouvé de  retranspositions parfaites de ce passage. Néanmoins certains récits s’y  apparentent et le complètent. Citons dans un premier temps un texte  découvert dans les vestiges de l’ancienne cité de Babylone. Cette  inscription nous décrit la reconstruction de l’Etemenanki par le roi  babylonien Nabopolassar (BOST H., 1985). Nous y apprenons que cet  Etemenanki, la tour à étage de Babylone, avait été détruite et était en  ruines. Sur ordre de Marduk, elle devait être reconstruite par  Nabopolassar « pour assurer son fondement dans le sein du monde  inférieur et son sommet, et pour la faire semblable au ciel ». Les  principaux points communs entre le récit biblique de la Tour de Babel et  ce récit de Nabopolassar (BOST H., 1985) :

    1) la fabrication de briques et leur cuisson,
     2) l’utilisation de bitume pour jointoyer

      3) et surtout la mention semblable au ciel qui s’apparente au verset 4  de la genèse : « une tour dont le sommet pénètre les cieux » et parfois  traduite selon d’autres traducteurs « et sa tête est dans le ciel ».
    Les  historiens sont certains que la tour de Babel est bien la ziggourat  découverte à Babylone ou du moins ce qu’il en reste et qui portait le  nom de Etemenanki (« maison du fondement du ciel et de la terre »). On  peut faire la correspondance entre Babel et Babylone, dont le nom fut  fut donné par la première fois par les grecs. Babylone porte le nom en  sumérien de Ka-Dingir-ra et Bab-ili en akkadien (signifiant « porte de  dieu » ou « porte des dieux »). Cette tour était associée à l’Esagil, un  sanctuaire dont les vestiges ont été découverts à proximité de ceux de  l’Etemenanki.

    Une célèbre tablette découverte à Uruk appelée la  « Tablette de l’Esagil », écrite en 229 avant notre ère,  décrit très  précisément les dimensions de la ziggourat de Babylone : à savoir 3 x 60  coudées par côté ce qui équivaut à environ 90 mètres environ. Ces  dimensions confirment les découvertes réalisées par des fouilles  allemandes sur les vestiges de Babylone (ISELIN C.). L’Esagil était un  temple dont la forme peut faire penser à un L. C’était la demeure de  Marduk dont les descriptions lui donnaient notamment le nom de  « montagne des contrées » ou de « palais des dieux ». La tablette de  l’Esagil précise que le nombre d’étages de cette tour était de 8 (7  selon Hérodote).

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    Tablette de l'Esagil localisée au Musée du Louvre.

    Un  texte très connu appelé « Enûma Eliš » décrit la construction de la  tour à étage de Babylone dans ses premiers temps. Ce poème babylonien de  la création a été découvert à Ninive. Il fait l’éloge de Marduk qui  était le roi du ciel et de la terre. Les Dieux Annunaki prennent la  décision de créer un sanctuaire dédié en l’honneur de Marduk. Il  s’adrèssent à lui :

    « ‘Faisons le Sanctuaire dont le Nom a été prononcé par toi !
     Tes appartements seront notre étape : nous y prendrons repos !
     Jetons-les-bases de ce Sanctuaire, où sera installé notre Divan :
     Chaque fois que nous y viendrons, nous y prendrons repos !’
    Marduk, lorsqu’il eut ouï cela, ses traits brillèrent infiniment,
     Tel le plein-jour : ’Faites donc Babylone, (dit-il),
     Puisque vous en voulez assumer le travail !
     Que soit apprêté son briquetage, puis dressez son faîtage !’
    Les Anunnaki creusèrent le sol de leurs houes,
     Et, une année durant, ils moulèrent des briques ;
     Puis, à partir de la seconde année,
     De l’Esagil, réplique de l’Apsû, ils élevèrent le faîte.
     Ils construisirent de même la haute Tour-à-étages de ce nouvel Apsû.
     Et ils y aménagèrent un Habitacle pour Anu, Enlil et Éa.
     Alors, en majesté, il y vint prendre place devant ces derniers.
     Depuis le pied de l’Ešarra. on en pouvait contempler le pinacle !
     Une fois parachevée l’œuvre de l’Esagil, tous les Anunnaki
     Y aménagèrent leurs propres Lieux-de-culte :
     Trois-cents Igigi du Ciel, et six-cents avec ceux de l’Apsû y étaient rassemblés, au total !
     Le Seigneur, dans le Lieu-très-auguste qu’ils lui avaient édifiés pour Habitacle,
     A son banquet invita les dieux, ses pères »
    (BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993)

    Un  autre texte très ancien est à lier au récit de la Tour de Babel quant à  l’origine des langues : « Enmerkar et le seigneur d’Aratta ». Ce texte  découvert en 6 exemplaires a été étudié par S. N Kramer et (Lambert M,  1955). Il confirme l’idée selon laquelle le monde était régi dans un  premier temps dans une seule langue. Il raconte la lutte de pouvoir  entre le Seigneur d’Aratta et Enmerkar. Celui-ci souhaite bâtir divers  temples dont le temple d’Abzu de la cité d’Eridu.

    « Autrefois, il n’y avait ni serpent ni scorpion,
     Il n’y avait ni hyène ni lion,
     Il n’y a avait ni chien sauvage ( ?) ni loup,
     Il n’y avait ni frayeur ni terreur,
     L’homme n’avait pas de rival,
     En ces jours, le pays de Shubur et d’Hamazi,
     Sumer au langage harmonieux ( ?), le puissant pays des décrets princiers,
     Uri, le pays qui a tout ce qu’ul faut ( ?)
     Le pays de Martu, reposant en sécurité,
     L’univers entier, les peuples à l’unisson ( ?)
     A Enlil, en une seule langue…
    Alors a-da le seigneur, a-da le prince, a-da le roi
     Enki a-da le seigneur, a-da le prince, a-da le roi
     A-da le seigneur, a-da le prince, a-da le roi
     Enki, le seigneur de l’abondance (dont) les commandements sont dignes de confiance
     Le seigneur de la sagesse, qui comprend le pays,
     Le chef des dieux, rempli de sagesse, le s(eigneur) d’Eridu,
     Changea le discours dans leur bouche, (apporta ( ?) en lui la discorde.
     (Enmerkar et le Seigneur d’Aratta, BOST H., 1985).

    Dans  Enmerkar et le Seigneur d’Aratta, c’est Enki qui apporte la discorde  entre les peuples du monde, alors que c’est Yavhé qui est  traditionnellement considéré comme le responsable dans plusieurs  versions du récit de la tour de Babel. Dans le Targum (la traduction de  la bible hébraïque en araméen), des anges sont chargés par Dieu de  provoquer des tensions entre les peuples en leur apportant chacun une  nouvelle langue et une écriture. Un extrait assez évocateur nous  explique cette tragédie :

    «  Alors Yahvé  dit aux soixante-dis anges qui se tiennent devant lui : ’venez donc !  Descendons pour confondre là-bas leur langage pour qu’ils n’entendent  plus la langue les uns des autres’. La parole de Yahvé se manifesta sur  la ville et avec lui les soixante-dix anges correspondant aux  soixante-dix peuples, chacun ayant avec lui la langue de son peuple et  dans sa main les caractères de son écriture. Il les dispersa de la  surface de la terre en soixante-dix langues : l’un ne pouvait plus  savoir ce que l’autre voulait dire et ils se tuaient entre eux et ils  cessèrent de bâtir la ville ».
     (BOST H., 1985).

    D’autres  documents juifs décrivent sous de nouveaux aspects la construction et  la destruction de la Tour de Babel. Citons un passage du Livre des  Jubilés (Jub 10 : 18-27), un pseudépigraphe qui se prétend être la  révélation secrète de l’ange de la Divine Présence à Moïse. Le récit  biblique de la tour de Babel y est repris en partie mais on y retrouve  des modifications, des additions et des développements. La Tour est  détruite par l’intervention du Seigneur qui fit souffler un vent  puissant contre elle.
    Le Talmud qui est un des textes fondamentaux du  judaïsme rabbinique évoque également la construction de la tour. Les  raisons qui ont poussé à cette édification sont : monter au ciel pour y  demeurer, monter au ciel pour y pratiquer l’idolâtrie ou soit pour y  faire la guerre à Dieu (étonnant pour un être « non matériel »). Dieu  répondra par diverses actions : les hommes vont être dispersés, il va  confondre la langue des hommes et pour les derniers ils vont être  transformés en singes, en spectres ou en démons. Dans le Midrach (étude  approfondie de textes bibliques qui commentent plusieurs versets),  l’intervention de Dieu a pour effet d’enfouir un tiers de la tour, d’en  détruire un tiers par le haut, et de laisser le tiers central comme  vestige. La confusion des langues va engendrer la mésentente, la  violence et le meurtre. Ces conséquences sont également invoquées dans  des textes plus récents, tel que le IIIème livre des Oracles Sibyllins  (lignes 97-110) :

    « Or quand ce fut le  moment de s’accomplir pour les menaces que le Grand Dieu avait proférées  jadis contre les mortels lorsqu’ils avaient entrepris d’édifier une  tour au pays d’Assyrie (ils étaient tous de même parler et voulaient  s’élever jusqu’au ciel étoilé), l’Immortel aussitôt chargea les souffles  de l’air d’une grande violence et ces vents jetèrent à bas la grande  tour et excitèrent entre les hommes une mésentente mutuelle : voilà  pourquoi les mortels donnèrent le nom de Babylone à la ville.
      Lorsque la tour fut tombée et que les langues des hommes furent altérées  en parlers de toute espèce, toute la terre se remplit de rois locaux.  C’était alors la dixième génération d’hommes sortis du sol, depuis que  le déluge s’était abattu sur les premiers humains. Et Cronos, Titan et  Japet (père de Prométhée) devinrent rois… »
    (BOST H., 1985).

    Je  terminerai ce petit tour non exhaustif concernant les textes apparentés  ou liés à la tour de Babel avec le manuscrit écossais Dumfries N° 4 de  1710. Ce manuscrit franc-maçonnique est daté par le British Museum au  début du XVIIIème siècle. Bien qu’il soit très récent, il apporte des  informations en concordances avec les récits cités ci-dessus. Nous y  apprenons que c’est Nemrod qui va enseigner aux hommes les techniques  permettant la construction de la Tour de Babylone. Ce personnage  biblique présente des caractéristiques qui le rapprochent selon moi de  Thôt ou d’Imhotep. Dans le manuscrit Dumfries N°4, on décrit  Nemrod comme suit : « puissant devant le Seigneur ». Avec les particules  akkadiennes et sumériennes, on peut également confirmer ce sens :  NÈ-EM-RU-UD : « la puissante tempête à la lumière du Seigneur ».

    « Après  le déluge, le grand Hermorian fils de Cush et Cush était le fils de  Cham, second fils de Noé fut appelé ‘le père de la sagesse’, car il  trouva ces colonnes après le déluge avec les sciences inscrites dessus :  il les enseigna, lors de la construction de la Tour de Babylone, où il  fut appelé Nemrod ou ‘puissant chasseur devant le Seigneur’ .
    Nemrod  pratiqua la maçonnerie à la demande du roi de Ninive son cousin. Il créa  des maçons et les recommanda au seigneur du pays pour construire toutes  sortes de constructions alors en vogue, et il leur enseigna des signes  et des attouchements pour qu’ils puissent se reconnaître. »
    (Traduction provenant du site de PRESTON W. : http://wp.logenationalefrancaise.org)

    Au  regard des croyances anciennes et de l’archéologie, il nous est  possible d’admettre que la tour de Babel a bien existé et qu’elle fut  localisée à Babylone. Les textes relatant ses dimensions ne sont pas  tous unanimes sur la hauteur, nous laissant suggérer que cet édifice n’a  peut-être jamais connu la hauteur à la quelle elle devait être  construite. La destruction de cette tour est rendue responsable  notamment par le passage d’une langue unique à une multitude. Il n’est  pas impossible de retrouver dans cette histoire un reflet de la création  de nouvelles langues anciennes au départ du sumérien ou de l’akkadien,  l’étude des langues anciennes nous confirmant celà.

    Sources bibliographiques :
    - BOST H., 1985. Babel. Du texte au symbole. Labor et Fides, Genève. 268 p.
    - BOTTERO J. & KRAMER S. N., 1993. Lorsque les dieux faisaient l’homme. Editions Gallimard. 755 p.
    - CHAVALAS M. W., 2006. The Ancient Near East : historical sources in translation. Blackwell Publishing, USA. 445 p.
    - CHIFFLOT T-G., 1955. La Bible de Jérusalem. L’Ecole biblique de Jérusalem. 2117 p.
    - DIEULAFOY M., 1914. Le temple de Bêl Mardouk à Babylone. Note complémentaire. Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Volume 58, numéro 4. pp. 437-444.
    - ISELIN C. Tablette dite de l’Esagil. http://communaute.louvre.fr/louvre/tablette-dite-de-lesagil. le 29/03/2011.
    - LAMBERT M., 1955. Le jeu d’Enmerkar. Syria. Volume 32, numéro 32-3-4. pp. 212-221.
    - PARROT A., 1970. Bible et archéologie ; 1: Déluge et arche de Noé. (4e éd. complétée.), 2. La tour de Babel. (3e éd. complétée). Delachaux & Niestlé, Paris. 123 p.
    - PRESTON W. Le manuscrit Dumfries n°4. Loge d’étude et de recherche. http://wp.logenationalefrancaise.org/Documents_Dumfries.htm. le 20/03/2011.
    - SEUX M.-J., 1976. Hymnes et prières aux dieux de Babylone et d’Assyrie. Littératures anciennes du Proche-Orient. Les éditions du cerf, Paris. 558 p.

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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:17

    Le poème d’Erra


    Une épopée grandiose résumée dans cet article  nous raconte la glorification d’un dieu mésopotamien Erra.



    Une  des plus belles et des plus riches épopées mésopotamiennes est le poème  d’Erra (également appelé le poème d’Irra). La découverte de ce poème  datant du 1er millénaire avant Jésus-Christ a été exposée pour la  première fois par G. Smith en 1875. Aujourd’hui, les fragments dépassent  la cinquantaine. Par les recoupements de ces fragments, nous avons pu  reconstruire ce texte qui devait comporter dans son intégralité 700 vers  répartis sur 5 tablettes. Cet article se base en grande partie sur la  traduction  de Jean Bottéro et de Samuel Kramer que l’on retrouve dans  un livre de référence que je conseille très vivement : « Lorsque les  dieux faisaient l’homme ». J’ai décidé de vous transmettre ici un résumé  de cette histoire agrémentée de commentaires. Le poème d’Erra est  déroutant pour beaucoup d’aspects, et mérite qu’on s’y attarde…


    Comme  son nom l’indique, ce poème se concentre sur le dieu Erra, un dieu  guerrier. Il vante ses exploits guerriers et ses relations destructrices  à l’encontre de l’humanité et des dieux. Au début du récit, le dieu du  ciel An arrête les destins de 7 dieux qu’on nomme « les Sept ». Si le  tapage des habitants du monde lui semble pénible, An invite Erra à les  utiliser dans son armée pour massacrer les hommes et les animaux. Nous  retrouvons ici une raison apparentée à celle qui a provoqué le Déluge.  Les Sept tentent de faire sortir Erra de son lit, qui préfère rester  allongé à faire l’amour avec sa femme Mammi. Ils l’incitent à la haine, à  la gloire et au respect que la guerre peut accorder. Ils font remarquer  que le surplus d’animaux est néfaste pour la terre arable. Les bergers  l’implorent pour le bétail qui est abattu par des lions et des loups.  Après avoir entendu la requête des Sept, Erra décide de partir en  guerre.
    Išum,  son capitaine, tente de le raisonner afin de l’empêcher de faire du mal  contre les dieux, de saccager le pays et d’anéantir les populations.  Erra invoque le fait que les hommes le méprisent, alors que tous les  dieux redoutent sa bellicosité. Comme les ordres de Marduk (le roi des  dieux) ne sont pas respectés, Erra se rend en l’Esagil (le palais de  l’univers) pour enflammer la colère de Marduk et l’éloigner de sa  résidence. Son argumentation s’oriente autour de « sa précieuse image »  qui a sa surface encrassée la privant ainsi de son éclat.
    Marduk refuse de quitter sa demeure pour plusieurs raisons :
    -  pour l’avoir déjà fait auparavant, il a provoqué le Déluge occasionnant  ainsi une baisse de la production, de la croissance des êtres vivants.  Il a dû se charger en personne du réensemencement des êtres vivants et  de la reconstruction de son temple pour s’y réinstaller.
    - s’il  quitte sa demeure, les Anunnaki vont monter des enfers abattre les  vivants et qui les repoussera avant que Marduk puisse reprendre ses  armes
    - à la suite du déluge, sa précieuse image avait son aspect  terni. Il est difficile de retrouver les techniciens survivants du  Déluge qui ont contribué à la redorer. De plus, les matériaux tels que  le bois, l’ambre-jaune, le saphir, les gemmes nécessaires à l’opération  sont difficilement disponibles. Finalement Erra parvient à convaincre  Marduk. Il lui garantit une bonne gouvernance en son absence et termine  son discours par des propos délectables aux oreilles de Marduk : « Et  même, dans ce temple, quand tu le réintégreras, Prince Marduk, à gauche  et à droite de ta porte, je ferai se tenir accroupir, comme des bœufs,  Anu et Enlil ». Cette phrase à elle seule confirme qu’Erra et Marduk  sont alliés et opposés à ces 2 divinités.

    Une  fois accepté la demande d’Erra, Marduk se dirige vers la demeure des  Anunnaki. Les mauvais-vents se lèvent et le ciel s’obscurcit causant  ainsi la fuite des Igigi au ciel et celle des Annunaki au fond de  l’enfer. Nous sommes face probablement à un chaos provoqué par Marduk  qui a quitté sa demeure. Les lignes qui suivent sont malheureusement  perdues et concernent la restauration de la précieuse-image de Marduk.  Dans la suite du récit non détériorée, Erra se décide à partir en  campagne afin de ruiner le pays, et tous ses habitants jusqu’au dernier.  Il déclare notamment :
    - déclencher des hostilités d’une cité à l’autre
    - faire dévaler les bêtes de la montagne pour qu’elles saccagent les rues
    - introduire un porte-malheur dans le temple des dieux
    - pervertir le discours des hommes engendrant ainsi des blasphèmes,
    - chasser les travailleurs des campagnes…
    En résumé, il décide d’introduire le chaos généralisé dans le pays.

    A  la vue du sang versé, Enlil a quitté sa résidence sans vouloir y  rentrer. Il a juré de ne plus jamais réintégrer l’Ékur (Son temple sacré  à Nippur) par dégoût du sang versé. Išum, tente de comprendre pourquoi  Erra agit contre les dieux et les hommes. Erra lui rétorque en le  rabaissant que le roi des dieux a délaissé son siège et sa couronne,  relâchant ainsi la ceinture des dieux et des hommes. Išum semble flatter  Erra en rappelant sa suprématie sur la terre, en précisant qui dispose  de Šuanna (Babylone) et qu’il commande en l’Esagil. An l’écoute et même  Enlil l’obéït. Il précise qu’il a modifié ses apparences divines pour  introduire Babylone. Il a provoqué le trouble chez les Babyloniens qui  ont commencé à se rebeller et à incendier les édifices sacrés, tandis  que l’Imgur-Enlil criait pitié. Ceci était destiné à pousser le  capitaine de son armée Išum au pire. En effet, Erra suite à cette ruse,  déclare dès lors que les habitants de Babylone ne respectaient aucun  dieu. Le texte précise que sous la protection sacrée d’Anu et de Dagan,  il a fait tirer les armes en n’épargnant personne. Marduk s’est alors a  juré de ne plus jamais réintégrer l’Ésagil par dégoût du sang versé  (alors qu’il s’agit plus haut de l’Ékur pour Enlil).
    Erra  continue ses destructions. Il détruit le rempart de Sippar la ville de  Šamaš. Il a mis à la tête d’Uruk, un gouverneur qui a changé les  coutumes et supprimé les rites contre le gré d’Ištar. Celle-ci a alors  suscité un ennemi à la ville : les Sutéens. Par l’intermédiaire d’Erra,  de très nombreuses villes vont s’entredéchirent et Erra souhaite  qu’Akkad se relève et les abatte tous. Il termine sa folie meurtrière en  présence des Sept en détruisant la montagne de Ḫîḫi. De retour à son  siège, les dieux se tiennent respectueusement devant lui. Erra reconnaît  s’être irrité et son capitaine a atténué sa colère. Išum souhaite que  la population d’Akkad dispersée redevienne nombreuse et terrasse les  Sutéens par l’intermédiaire d’Erra et des Sept. Il veut finalement un  retour de l’abondance et un renouveau plus sain. Nous apprenons à la fin  du récit que c’est le fils de Dâbibu appelé Kati-ilâni-Marduk qui a  reçu cette révélation par Išum. Erra à l’écoute de ce récit qui lui  était délectable met en garde tout ceux qui n’exalterait pas à l’avenir  sa gloire…



    Pour  compléter ce résumé, nous pouvons donner des renseignements  complémentaires sur les 2 divinités principales de cette épopée, qui  sont Erra et Marduk. Tout d’abord concentrons-nous sur Marduk dont les  qualificatifs de ce texte sont « prince » ou « roi des dieux ». Suivant  l’époque, l’appellation Marduk ne désignait pas toujours la même  divinité. Dans un premier temps, ce nom est celui d’Enlil bien qu’on ne  connaisse pas son origine. Au travers de très nombreux textes (notamment  de nombreuses hymnes mésopotamiennes), nous constatons que Marduk et  Enlil ont la même famille : Sa première femme est Ninhursag et sa  seconde femme est Ninlil. Leur premier fils et Ninurta, un dieu guerrier  par excellence. Par la suite Marduk, est appelé Bêl (signifiant  seigneur). Ensuite il semble avoir été absorbé par une divinité  originaire de la région d’Eridu, dont le nom est Asarluhi (BLACK J.A. et  al., 2006). Une hymne dédiée à ce dieu nous apprend qu’il est le fils  d’Ea et on le nomme également Marduk. Il est sage comme son père, doué  d’entendement, le déluge puissant, d’un beau physique, le plus qualifié  des métallurgistes, conseiller, juge, le grand ministre de l’Eridug, le  superviseur de la purification des prêtres de l’E-Abzu ; lorsqu’An a  divisé les pouvoirs du ciel et de la terre, les incantations sont du  ressort d’Asarluhi (BLACK J.A. et al. « A hymn to Asarluhi»).



    Le  poème d’Erra semble faire la distinction entre Marduk et Enlil. La  phrase la plus explicite (que j’ai déjà citée plus haut) est la suivante  : « Et même, dans ce temple, quand tu le réintégreras, Prince Marduk, à  gauche et à droite de ta porte, je ferai se tenir accroupir, comme des  bœufs, Anu et Enlil ». On doute fort pour Marduk que sa propre statue  soit mise à ses pieds comme un bœuf. Le texte reste relativement vague  sur les relations entre Marduk et Erra. Contrairement à plusieurs  auteurs, je ne suis pas certain de voir une hostilité directe entre ces 2  divinités. Plusieurs passages pourraient nous donner plus de  renseignements à ce sujet, mais ils sont malheureusement perdus ou  abîmés. Dans le texte en IV : 1, nous en avons malgré un tout un bref  aperçu :  Isûm dit à Erra : « Même du Prince Marduk, Erra-le-preux, tu  n’as point respecté la gloire ». L’hypothèse qui pourrait expliquer la  confusion entre ces 2 divinités serait le transfert du titre d’Enlil  vers Asarluhi pour des raisons qui restent à élucider.



    L’épopée  d’Erra peut évoquer un phénomène céleste dans le départ de Marduk et le  réveil de sa colère. Celà peut se voir lorsqu’on dit que « pour avoir  déjà quitté sa demeure, Marduk a provoqué le déluge, et la position des  étoiles a changé sans qu’elles puissent reprendre leurs places ».  Lorsqu’Erra parvient à convaincre Marduk de quitter sa demeure, les  mauvais-vents se lèvent, le soleil s’obsurcit, les Igigi fuient au ciel  et les Annunaki se réfugient au fond de l’Absû (Cette dernière  conséquence étant inversée selon les prédictions faites par Marduk plus  tôt dans le récit). La suite du texte, pouvant nous renseigner sur le  phénomène, est malencontreusement également perdue. Nous sommes en tout  cas probablement face à un phénomène apparenté au Déluge. D’autant plus  que Marduk dans le récit précise que, pour avoir fui sa résidence, il a  provoqué le déluge. Celà risque de se reproduire s’il la quitte à  nouveau. Je renvois à l’article « les origines du Déluge» et l’article  « le lion, un symbole pour Vénus » pour plus d’informations à ce sujet.



    L’autre  grande divinité du poème Erra est un dieu guerrier redoutable, qui  souhaite être craint tant par les dieux que par les hommes. Nous voyons  dans ce texte, le roi des dieux An intervenir. Il autorise la  destruction des hommes, s’ils deviennent trop nombreux. Bien que le  poème donne Erra pour principal responsable des destructions  généralisées, nous pouvons considérer An comme celui qui tire les  ficelles. Il donne à Erra Sept guerriers qui l’inciteront à partir en  guerre bien que cela ne soit pas ses occupations principales dans le  début du récit. Ce changement d’attitude est identique pour le dieu  Nahusha du mythe Hindou (voir l’article « le mythe de Nahusha ») dont  des pouvoirs très puissants lui sont offerts par Brahmâ (analogue à  An ?). Les ŗshis hindous l’inciteront à devenir le nouvel Indra, bien  que ses préoccupations premières soient plutôt la chasse, les dés et les  femmes.



    Le  mythe de Nahusha débute par l’absence de souverain. Indra, le souverain  des dieux, se cache, car il est responsable de la mort du dieu Vŗtra  (sans doute Enki/Osiris). Dans le poème d’Erra, ceci est suggéré par  Erra, lorsqu’il semble remettre en cause le règne de Marduk. En effet  selon lui, les hommes n’en font qu’à leur tête en dépit des ordres de  Marduk ; il se rendra dans la demeure de cette divinité et convaincra de  lui laisser le trône en son absence. Une fois au pouvoir, tout comme  Nahusha, il a soif de reconnaissance. Il détruit tout et il massacre  tout le monde (tant les mauvais que les justes). Le mythe de Nahusha  semble compléter le poème d’Erra qui se termine par une glorification à  l’extrême d’Erra, même s’il reconnaît s’être emporté. Le geste de  Nahusha envers Agastya le Sage est considéré comme un blasphème par  Bhŗgu et Nahusha est condamné à ramper sur terre comme un serpent  pendant 10000 années. Indra peut regagner sa place de souverrain du ciel  et de la terre mais à une condition : il doit vénérer Vishnou (un autre  nom pour Enki/Osiris)…


    Sources bibliographiques

    - BLACK J.A., BLACK J., GREEN A., & RICKARDS T., 1992. Gods, Demons and Symbols of Ancient Mesopotamia : An Illustrated Dictionary. University of Texas Press. 192 p.

    - BLACK J.A., CUNNINGHAM G., FLUCKIGER-HAWKER E., ROBSON E. and ZÓLYOMI G., 1998. A hymn to Asarluhi. The Electronic Text Corpus of Sumerian Literature. http://translate.google.be/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www-etcsl.orient.ox.ac.uk/section4/tr4011.htm, Oxford. Consulté le 18/04/2011.

    - BODI D., 1991. The Book of Ezekiel and the Poem of Erra. Vandenhoeck & Ruprecht GmbH & Co KG. 324 p.
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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 17:17

    Cet article s’intéresse à des moments de la vie de Merlin moins connus aux yeux du grand public…

    Nous  connaissons tous sous une forme plus ou moins dénaturée de Merlin. Une  des images les plus répandues concerne celles que nous rencontrons au  travers de Merlin l’enchanteur ou de Merlin de la légende arthurienne.  Je n’aborderai pas ici les relations qu’entretient ce dernier avec la  cour du roi Arthur, mais plutôt d’autres aspects moins connus tels que  la raison de sa folie, son lien avec la nature, sa triple mort,…

    Une  des premières images que l’on a de Merlin, dans les textes écrits les  plus anciens, est celle d’un chef d’armée courageux et modéré appelé  Aurelus Ambrosius autour duquel graviteront des Bretons soummis à leurs  adversaires saxons (cf. De excidio et conquestu Britanniae de  l’historien breton Gildas, et  Historia ecclesiastica gentis Anglorum du  chroniqueur Bède). Avec son aide, les Bretons vont gagner plusieurs  batailles clés. Selon les écrits découverts, nous pouvons donner ici un  bref aperçu de ses différents noms de Merlin :

    Ambrosius : en latin,
    Merlinus : en latin,
    Lailoken : en latin (Ecosse),
    Marthin, Marzin ou Marzen : en breton ancien,
    Myrddin : en gallois,
    Merzen : en vieux gaëlique,
    Merlin : en français.


    Dans  le texte latin « Historia Regum Britanniae » du gaulois Geoffroy de  Monmouth, nous lisons pour la première fois que Merlinus est Ambrosius :  « Tunc ait Merlinus, qui et Ambrosius dicebatur : Alors Merlin, qui s’appelait aussi Ambrosius »  (FARAL E., 1929). Le récit impliquant Merlin raconte que Wortegirn va  usurper le trône du roi breton Constantin en l’assassinant. Les troupes  saxonnes venues du Nord vont pousser Wortegirn et son peuple à se  retrancher dans le pays de Galle. Pour se protéger, il décide de faire  construire une haute forteresse qui s’écroule chaque jour. Merlin, cet  enfant sans père, va être capturé par Wortegirn afin de solidifier le  mortier de cette tour par le don de son sang. Merlin oriente la solution  au problème en pointant du doigt la cause de cette instabilité : chaque  nuit un dragon rouge (symbolisant les Saxons) se bat contre un dragon  blanc (symbolisant les Bretons), faisant ainsi trembler le sol.  Aurelius, un des 2 fils de Constantin venge la mort de son père en  détruisant par le feu la forteresse de Wortegirn. Suite à cette  victoire, Aurelius souhaite créer un monument capable de défier le temps  afin de commémorer la mort de tous les braves tués au combat. Merlin  aidera le frère d’Aurelius appelé Uther afin de se fournir en pierres en  Irlande. A l’aide des pouvoirs de Merlin, les blocs de pierre peuvent  être transportés jusque dans la plaine de Salisbury, afin de former  l’actuel Stonehenge.

    Les Mythes et les Religions - Page 2 4ypt
    Site mégalithique de Stonehenge.

    C’est  dans cette fonction de chef d’armée, que Merlin va vivre un évènement  très douloureux qui provoquera son exil dans la nature. En effet,  plusieurs versions attestent dans ce sens. Le récit le plus explicite  est celui de Geoffrey de Monmouth appelé « Vita Merlini ». A la vue de  des compagnons tués, dans la bataille qui opposait le peuple gallois du  Goddodyn aux Scots d’Ecosse, Merlin rentre dans une très grande  tristesse et décide de s’exiler en forêt à l’abri des regards. Touché  par la perte des compagnons, il se considère comme le responsable comme  nous pouvons le lire dans un texte appelé « Vita Merlini silvestris »  conservé dans un manuscrit unique au British Museum. Un court extrait de  cette œuvre nous permet de juger du sentiment de culpabilité de Merlin,  dont l’autre nom écossais est Lailoken : « je  souffre dans ce désert un sort effroyable auquel, parmi les bêtes  sauvages, j’ai été condamné pour mes péchés parce que je ne suis pas  digne d’obtenir le pardon de mes crimes parmi les hommes : je suis  responsable du massacre de tous ceux qui furent tués dans la bataille  bien connue des habitants de cette contrée et qui eut lieu sur une  plaine entre Lidel et Carwanok » (traduction de WALTER P. & al., 1999).

    Merlin  rappela ses compagnons hors du combat et il leur ordonna d’ensevelir  ses frères dans une chapelle superbement décorée. Il déplorait ses  champions sans cesser de répandre des pleurs. Il couvrit ses cheveux de  cendre, lacéra ses vêtements et désormais, prostré sur le sol, il s’y  roulait en tout sens. Peredur et les autres nobles et chefs offrirent  leur consolation mais il ne voulut ni être consolé, ni supporter leurs  supplications. Merlin pleura trois jours entiers. Il refusait toute  nourriture tant la douleur qui le consumait était immense. Soudain,  alors qu’il faisait retentir ses plaintes nombreuses et répétées, un  nouvel accès de fureur le saisit : il se retira en secret et s’enfuit  vers la forêt, ne voulant pas être aperçu dans sa fuite.
    (Extrait de Vita Merlini de Geoffrey de Monmouth. Source : WALTER P. & al., 1999)


    Une  des grandes caractéristiques de Merlin est son lien avec la nature.  Face à sa douleur, la forêt n’est que le seul endroit dans lequel il  peut s’apaiser et dans lequel il retrouve un léger soulagement. Dans  Vita Merlini de Geoffrey de Monmouth, sa sœur Ganieda et sa femme  Gwendoline sont dans une profonde tristesse, ne sachant pas réellement  si Merlin est encore en vie. On le retrouve et on parvient à le  convaincre de revenir à la cour. Son rang royal le prédispose à être roi  mais il refuse les richesses qu’on lui propose. De plus, il désire se  préserver du « fléau de l’amour ». Il retourne en forêt. Sa sagesse et  sa capacité à lire dans les étoiles lui permettent de comprendre que sa  femme Gwendoline s’est remariée : « Et toi très haute Vénus qui,  disparaissant au-delà d’un certain point du ciel, accompagne le soleil  dans sa course zodiacale, que dire de ton double rayon qui sépare  l’éther ? Cette division n’annonce-t-elle pas que mon amour se sépare de  moi ? Un tel rayon est en effet le signe des amours désunis ». Suite à  cette vision, Merlin décide d’offrir un cadeau de mariage assez spécial à  Gwendoline : surmontant un cerf, il arrive à la cour accompagné d’une  harde de cerfs, de daims et de chevreuils. Malheureusement à la vue du  fiancé, son cœur se brusque et il fracasse sur le front de nouvel époux  les cornes du cerf qu’il chevauchait, le tuant ainsi. Dans sa fuite, il  est capturé et enchaîné. Il parviendra à obtenir sa délivrance en  révélant un secret pour le moins très embarrassant pour la reine  Ganieda : son adultère avec Merlin. Bien que la version de Geoffrey de  Monmouth n’évoque que de manière détournée la triple mort de Merlin,  d’autres récits nous rapportent (Lailoken, la version écossaise de  Merlin) que des bergers envoyés par la reine vont l’assassiner. Il sera  précipité d’une falaise, transpercé par un pieu et la tête inclinée dans  l’eau.

    Certains auteurs n’hésitent  pas à lier le dieu gaulois Cernunnos (à prononcer Kernunnos) à Merlin.  Tout comme celui-ci, Cernunnos est entouré d’animaux et particulièrement  de cerfs. . Cette divinité est représentée dans une posture de Bouddha  sur le célèbre chaudron de Gundestrup (cf ci-dessous), laissant suggérer  une spiritualité qui n’a pas pu s’acquérir que de la même manière que  Merlin, c’est-à-dire isolé des hommes dans la nature. On le retrouve  également sur les monuments de Reims, de Vendoeuvres, de Saintes, de  Sommerecourt. Ce personnage a toujours la tête surmontée de bois de cerf  ou parfois de cornes de boucs. A ses côtés, on retrouve quasi tout le  temps un serpent qui présente très souvent la caractéristique d’avoir  une tête de bouc. Cet emblème est le symbole par excellence du  personnage que l’on nomme Ptah, Amon, Khnum, Min ou Pan. Les ramures de  cerf ou les cornes de bouc évoquent le cycle de mort et de renaissance  particulièrement cher pour les divinités égyptiennes cités ci-dessus.  Comme le signale Yann Brekelien (cf bibliograpghie), Cernunnos est  probablement le personnage dont on parle dans le récit gallois du 13ème siècle  « Owein et Lunet », ou « la Dame de la Fontaine ». Dans ce récit,  Kynon, un des guerriers du roi Arthur, rencontre un homme de la nature  entouré d’animaux (cerfs, serpents,…) et qui a un contrôle sur ceux-ci.


    Cernunnos  sur le chaudron de Gundestrup et Khnum sur une colonne dans le temple  de Khnum. Analogie : serpent/sceptre dans une main et la torque (collier  funéraire celte) ou la croix ankh dans l’autre main. Les 2 plumes de  faucon verticales de Khnum sont remplacées par les ramures pour le dieu  Cernunnos.

    Le mythe de Merlin doit  être vu comme la survivance d’une ancienne tradition religieuse  préchrétienne. Il s’est construit autour d’anciennes croyances  transmises oralement et transcrites par écrit en grande partie à  l’époque médiévale. Les récits sont très nombreux et plusieurs éléments  laissent suggérer un emprunt à d’autres mythologies plus anciennes. Je  cite pour exemple deux passages assez particuliers : un sur Phoebus et  l’autre sur le phénix (cf ci-dessous). Cette mort particulière, ce lien  avec la nature et la quête intérieure que Merlin entreprend sont  d’autant de raisons pour s’intéresser davantage à ce personnage si  mystérieux…

    Merlin s’adressant à  sa sœur Ganieda : « Face aux autres demeures, fais-en construire une à  l’écart avec septante portes et autant de fenêtres : grâce à elles, je  verrai Phoebus qui vomit le feu avec Vénus et, dans le ciel nocturne,  j’examinerai le mouvement des astres qui m’apprendront les évènements  futurs du peuple de ce royaume ».
    (Extrait de la ligne 555 à 560 de Vita Merlini de Geoffrey de Monmouth. Source : WALTER P. & al., 1999).

    « Dans  les terres d’Arabie vit un oiseau unique et pérenne, le phénix. Grâce à  son privilège divin, il renaît de son propre corps : lorsqu’il devient  vieux, il cherche un lieu surchauffé par la brûlure du soleil. Là, il  rassemble un monceau de plantes aromatiques et il construit un bûcher  qu’il attise d’un battement rapide d’ailes. Ensuite il se place à son  sommet jusqu’à être entièrement consumé. Des cendres de son corps naît  un nouvel oiseau et c’est en vertu de cette loi que le premier phénix se  régénère éternellement ».
    (Extrait de la ligne 1345 à 1352 de Vita Merlini de Geoffrey de Monmouth. Source : WALTER P. & al., 1999).



    Sources bibliographiques

    - BREKILIEN Y., 1993. La mythologie celtique. Editions du rocher. 444 p.
    -D’AMOURS G.,1996. La figure de Merlin : folie ou éveil spirituel ? http://www.decourberon.com/merlin/folie.htm.  Consulté le 21/06/2011.
    -D’AMOURS G.,1996.  Origine et évolution de la figure de Merlin. Mémoire : la problématique du père dans la légende de Merlin. http://www.a525g.com/histoire/origine-merlin.htm. Université Laval. Consulté le 21/06/2011.
    - DE BORON R. & ALEXANDRE M., 2000. Robert de Boron : Merlin : Roman du XIIIème siècle. Librairie Droz. 342 p.
    - FARAL E., 1929. La légende arthurienne. Tome III. Paris, Champion. 186 p.
    -WALTER P. & al., 1999. Le devin maudit : Merlin, Lailoken, Suibhne : textes et études. Ellug, Grenoble. 252 p.

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