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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Initiation à l'étude des religions du Livre

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:10

    Rappel du premier message :

    Initiation à l'étude des religions du Livre


    Chapitre I: Histoire d'Israël

    Selon l'Ancien Testament, Israël est l'ensemble de douze tribus. Le nom est présenté sous la forme d'une personnification d'un personnage dont le nom, Jacob, est changé en Israël et qui apparaît comme étant le père des douze ancêtres des tribus (Gen. XXXII,29). Il est toutefois impossible de reconstituer l'histoire du nom. Celui-ci est composé du nom El et d'un terme sémitique signifiant "lutte".

    Isaac, fils d'Abraham, prit Rebecca pour femme et enfanta à l'âge de 60 ans deux enfants jumeaux: Esaü qui naquit le premier, suivi de Jacob (Gen. XXV). Jacob épousa deux soeurs: l'aînée, Léa, qui lui donna six fils et la cadette Rachel qui lui donna deux fils. En outre Jacob eut deux fils avec Bala, la servante de Rachel et deux fils avec Zephara, la servante de Léa (Gen. XIX-XXV,18).

    La plus ancienne mention du nom "Israël" apparaît sur une stèle dans la nécropole des pharaons à Thèbes (se trouve maintenant au Musée égyptien du Caire). Sur cette stèle, il y a 27 lignes à la gloire du Pharaon Menephta (-+1225) s'emparant de quelques villes palestiniennes et détruisant "Israël". À côté du mot "Israël" se trouve le signe idéographique de "peuple étranger".


    I. Situation avant la constitution de la Ligue des douze tribus

    A. Nos sources


    En dehors de l'Ancien Testament, nos sources sont peu nombreuses.

    1. Textes égyptiens de la XIIe dynastie (vers 1.800 av. J.C.) sur tessons d'argile mentionnant les ennemis de l'Égypte, notamment ceux de l'Asie voisine: la Palestine, la Phénicie. On y trouve des indications d'ordre ethnique, des noms de princes et de localités.

    2. Textes de Mari: Ce sont les archives des rois de Mari (ancienne ville du moyen Euphrate), contenant des textes juridiques et économiques, ainsi que la correspondance politique des rois de Mari avec leurs voisins proches ou lointains. Ces renseignements concernent la Syrie, mais pas la Palestine.

    3. Textes d'Amarna (400 tablettes trouvées en 1887) dans les restes d'une résidence du pharaon Amenophis IV (1375-1358). Il s'agit de la correspondance du Pharaon et de son prédécesseur avec les peuples d'Asie, écrite en caractères babyloniens sur tablettes d'argile. On y trouve des renseignements détaillés sur la politique, les événements contemporains, les populations et la vie en Palestine et en Syrie. C'est l'une des sources importantes de la préhistoire d'Israël.

    4. Textes de Ras-Shamra (découverts en 1929-1939 dans les ruines de l'ancienne ville d'Ugarit sur la côte en face de Chypre). L'écriture est cunéiforme alphabétique (29 caractères). On est assez loin d'Israël ; on y trouve donc peu de renseignements directs sur Israël même, mais une information utile pour comprendre le milieu préhistorique.

    Nous devons donc prendre la plupart de nos informations dans les récits de l'Ancien Testament. L'histoire de l'Ancien Testament est elle-même très complexe.


    B. Les textes bibliques

    a. Récits yahvistes


    (Dieu y est appelé YHVH, Yahvé):

    Ces premiers récits furent sans doute mis par écrit vers le milieu du Xe siècle, à l'époque de Salomon, dans le Royaume du Sud. Ils débutent par les traditions sur la création du monde, traditions empruntées aux grandes épopées mésopotamiennes. Ils retracent ensuite l'histoire jusqu'à celle des Royaumes de David et de Salomon, en passant par l'histoire des Patriarches, des douze tribus et des peuples voisins. Dieu est très humain et souvent présenté comme un homme, quoique tout autre, car il commande et le péché de l'homme, c'est de désobéir et de vouloir se prendre pour Dieu. Cela lui attire la malédiction divine. Toutefois Dieu est toujours prêt à pardonner.

    Il faut remarquer qu'à l'époque des Patriarches, Dieu n'est pas encore appelé Yahvé, mais est évoqué sous le vocable "El", nom générique signifiant "dieu" ou "divinité". C'était aussi le nom du chef du panthéon des dieux de Canaan. Il se retrouve dans des noms donnés par les Patriarches pour évoquer le dieu qu'ils vénéraient:

    El-Chaddai: le dieu de la montagne,
    El-Elyon: l'Exalté
    El-Olam, dieu de l'Éternité ou l'Éternel.

    On le retrouve aussi dans de nombreux noms de lieu comme Bethel, la maison de Dieu et aussi dans Israël.

    Le nom de Yahvé a été révélé à Moïse: "Je suis Yahvé. Je suis apparu à Abraham, Isaac et Jacob, mais sous mon nom de Yahvé, je ne me suis pas fait connaître d'eux" (Exode 6:3).

    Sources possibles du récit yahviste:

    * Épopée d'Atra-Hasis (le très intelligent) dont une copie datant de 1600 av. J.C. fut trouvée à Babylone. Elle nous raconte que les dieux fatigués par toutes les corvées qu'ils ont à assumer ont créé l'homme avec de l'argile mélangée avec le sang d'un dieu égorgé. Mais l'humanité prolifère et fait tellement de bruit que les dieux lui envoient des fléaux et finalement le déluge pour l'anéantir. Mais Éa avertit un homme qui construisit un bateau et y fit monter un couple de tous les animaux.

    * Poème Enouma Elish (Lorsqu'en Haut) (datant de 1100 av. J.C.): Au début de tout, il y avait deux principes sexués, Apsou, les eaux douces, et Tiâmat (tehôm, l'abîme), les eaux salées de la mer. De là sortirent les dieux que Tiâmat voulut tuer. Mardouk vainquit Tiâmat et la sépara en deux comme une huître pour en faire la voûte céleste. Puis Mardouk créa l'homme à partir du sang d'un dieu révolté.

    * Épopée de Gilgamesh, écrite à l'époque de Sumer, puis développée en Assyrie et en Babylonie ; elle fut recopiée en Palestine et chez les Hittites. Gilgamesh qui a vu mourir son ami Enkidu découvre l'horreur de la mort et cherche la plante d'immortalité. Quand il l'a découverte, elle lui est dérobée par un serpent et Gilgamesh doit se résigner à mourir.

    b. Récits élohistes

    Dieu y est appelé Elohim, pluriel de El, dieu principal des Cananéens tel qu'il apparaît dans les textes d'Ugarit au côté de Baal, dieu de l'orage et de la pluie, et de sa soeur Anat (Astarté), déesse de la guerre. Cette histoire sainte fut rédigée vers le milieu du VIIIe siècle dans le Royaume du Nord. Les anciennes traditions sont réécrites d'une manière moins vivante car Dieu est tout autre que l'homme. Il ne peut se manifester qu'au travers de songes ou par des théophanies. D'où l'importance des prophètes dans ces récits.

    c. Tradition deutéronomiste

    Après la chute de Samarie en 722, des lévites se réfugient à Jérusalem ; ils apportent avec eux les lois rédigées dans le Royaume du Nord. Ils les organisent et les complètent. C'est la première version du Deutéronome. Sous le roi impie Manassé, le livre deutéronomiste tombe dans l'oubli. Déposé au Temple, on le retrouve en 622 sous le règne de Josias, dans la version actuelle.

    Vers 700, les deux versions Yahviste et Elohiste sont fusionnées à Jérusalem, une fusion qui est plus qu'une simple addition des deux textes, mais qui donne l'occasion de compléter et de développer les traditions. La nouvelle version ainsi créée prend le nom de "jéhoviste".

    d. Tradition sacerdotale: (livres des prêtres)

    Elle débute pendant l'exil à Babylone dans les années 587-538. Les prêtres relisent les anciennes traditions et complètent les anciens textes. Cette oeuvre semble être achevée vers 400. La version finale des cinq premiers livres de l'Ancien Testament est généralement attribuée au prêtre Esdras.

    e. Classement des livres

    Pour les Juifs, ces premiers livres portent le nom de Torah (la loi). À la suite de ceux-ci, nous trouvons les livres attribués aux prophètes de Juda et d'Israël, appelés Neviim, puis finalement les autres livres, appelés ketubim. Si nous réunissons la première lettre de ces trois mots, TNK, nous formons le mot Tanak qui est le nom de la Bible en hébreu.

    Ce classement a été adopté par la Bible oecuménique (TOB), avec à la fin les livres qui ne sont reconnus que par les catholiques sous le nom de "deutérocanoniques": Baruch, Ecclésiastique ou Siracide, Judith, 1er et 2e Macchabées, Sagesse.

    La plupart de ces livres ont été écrits en hébreu sur des rouleaux de papyrus, sauf quelques rares passages en araméen. À l'origine les voyelles étaient absentes laissant la place à plusieurs lectures. Ce n'est qu'à partir du VIIe siècle de notre ère que des savants juifs, appelés massorètes, ont fixé le sens du texte en ajoutant des points au-dessus ou en dessous des consonnes à titre de voyelles.

    Au cours des derniers siècles avant l'ère chrétienne, ces livres ont été traduits en grec pour l'usage des Juifs de la diaspora qui ne parlaient plus l'hébreu ou l'araméen. Les plus anciennes sont les traductions d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion. La traduction la plus célèbre est appelée "la Septante". Selon la légende, elle a été réalisée par 72 savants appelés à Alexandrie et qui, travaillant séparément, ont produit la même traduction (IIIe siècle Av. J.C).

    Les originaux de ces traductions ont disparu car ils étaient aussi écrits sur des rouleaux de papyrus qui est une matière peu résistante au temps, sauf des fragments souvent très courts retrouvés dans les fouilles archéologiques. Lorsqu'un rouleau était détérioré par l'usage, on le recopiait. À partir de la fin du troisième siècle, on utilise un nouveau matériau, le parchemin, beaucoup plus résistant. Les textes sont recopiés sur des feuilles (recto verso) reliées en codex. Les deux plus anciens manuscrits conservés de cette manière datent du quatrième siècle de notre ère. Nous ne possédons donc que des copies de copies.

    * Les livres traduits en grec ont été classés en quatre parties:

    Le Pentateuque, les livres historiques, les livres prophétiques, les livres sapientiaux. Ce classement a été adopté par la plupart des bibles chrétiennes.

    D'autres versions parmi les plus anciennes ont été faites en syriaque, en copte et en latin (notamment la célèbre "Vulgate", traduction de Saint Jérôme (fin IVe-début Ve siècle).
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:32

    * Symbole de Constantinople (381) :


    "Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre et de toutes les choses visibles et invisibles ; et en un Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, l'Unique engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non fait, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, qui pour nous les hommes et pour notre salut, est descendu des cieux, s'est incarné par le Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, s'est fait homme, a été crucifié sous Ponce-Pilate, a souffert, a été enseveli, est monté aux cieux et siége à la droite du Père, il reviendra en gloire pour juger les vivants et les morts, son règne n'aura pas de fin ; et en l'Esprit saint, Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est conjointement adoré et glorifié, qui a parlé par les Prophètes ; et en une Église sainte, catholique et apostolique. Nous confessons un baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen."


    Pour la première fois, le symbole de foi définit l'Esprit saint comme un Seigneur distinct du Seigneur Jésus-Christ. 

    On peut donc dire qu'enfin le dogme de la Trinité est instauré. 

    Remarquons qu'à ce stade, la formule ne contient pas le "filioque" qui sera ajouté par les chrétiens espagnols à la fin du VIe siècle et qui sera une des causes de la rupture entre l'Orient et l'Occident. À part ce "filioque", la formule ne sera plus modifiée et sera adoptée progressivement par toutes les Églises. 

    Les derniers à s'y rallier furent les latins: au VIIIe siècle dans l'empire de Charlemagne, au Xe siècle en Allemagne et au XIe siècle à Rome.

    Si la formule est unanimement adoptée, y compris chez les futurs monophysites, c'est parce qu'il n'y est pas explicitement question de la double nature du Fils. Cette question prolongera les confrontations christologiques pendant quelque 70 ans. 

    Trois thèses sont en présence: celle des Alexandrins, qui soutiennent la thèse de la nature unique, autrement dit le monophysisme, celle des Nestoriens qui soutiennent que le Fils est fait de (ek) deux natures et que par conséquent Marie ne peut être la mère de Dieu, et celle qui établit que le Christ est unique en (en) deux natures qui sont sans confusion (asunchytôs), sans changement (atreptôs), sans division (adiairétôs) et sans séparation (achoristôs). La thèse Nestorienne fut à nouveau condamnée en 449 à Ephèse, quant au monophysisme, il fut rejeté en 451 à Chalcédoine qui adopta la thèse de la double nature de Dieu le Fils.

    Rome s'opposera au 28e canon du concile, car ce canon accordait à Constantinople les mêmes privilèges qu'à Rome alors qu'au concile de Constantinople, on s'était contenté de donner une primauté d'honneur à l'évêque de Constantinople, capitale de l'empire. Par ailleurs les monophysites, soit les Églises arménienne, égyptienne et jacobite, ainsi que les Nestoriens qui s'étaient déjà séparés d'Antioche en 424 se coupèrent définitivement des Églises de Rome et de Constantinople.


    h. Conclusion

    On se rend compte que le dogme de la Trinité qui est une des bases essentielles du christianisme est l'aboutissement d'une longue réflexion philosophique qui s'est éloignée progressivement de la foi simple du début. C'est pourquoi aujourd'hui, on assiste à des tendances qui remettent en question ces formulations trop spéculatives et trop intellectuelles, mais qui sont strictement contrôlées, sinon combattues par la politique actuelle du Vatican en matière de dogme. 

    À titre d'exemple, citons Hans Küng, théologien catholique: "L'oeuvre des conciles, tout comme sa théologie sous-jacente, représente donc un travail incessant de traduction. Tout ce qu'on appelle la doctrine des deux natures est une interprétation, formulée dans la langue et les concepts hellénistiques, de ce que Jésus signifie réellement.

    Ne minimisons pas l'importance de cette doctrine: elle a fait l'histoire. Elle exprime une authentique continuité de la foi chrétienne et fournit des lignes directrices importantes pour l'ensemble de la discussion et pour toute interprétation future. Mais, d'un autre côté, il ne faudrait pas donner l'impression que le message relatif au Christ ne peut ou ne doit se formuler aujourd'hui que par le truchement des catégories grecques, inévitables à l'époque, mais désormais insuffisantes ; que par le moyen de la doctrine chalcédonienne des deux natures ; que grâce, par conséquent, à la christologie dite classique" (Hans Küng, Etre chrétien, page 141).

    Par ailleurs, le symbole de Nicée-Chalcédoine semble trop subtil avec des notions peu compréhensibles par le commun des mortels, comme "Jésus, fils unique de Dieu, est consubstantiel au père". C'est pourquoi l'Église préfère se référer à un symbole élaboré entre le IIe et VIe siècle, appelé "symbole des apôtres".


    "Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ; et en Jésus-Christ, son fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour, est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il reviendra pour juger les vivants et les morts. Je crois au Saint-Esprit, à la sainte-Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen".


    Cette formulation a le mérite de n'employer aucune des subtilités sémantiques et théologiques dont use le symbole de Nicée-Chalcédoine. Mais il laisse l'homme moderne assez sceptique devant les réaffirmations de la descente aux enfers, de la montée corporelle au ciel pour trôner à la droite du Père et de la résurrection de la chair.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:33

    B. Le péché originel et la rédemption

    L'idée que l'homme était une créature spirituelle supérieure, façonnée à l'image de Dieu, est partagée par de nombreux courants gnostiques bien avant le christianisme. Cet Esprit a perdu sa condition première et s'est laissé emprisonner dans la chair. Sa destinée est de retrouver sa condition première par la gnose qui lui apportera la délivrance. La doctrine chrétienne orthodoxe a rejeté tous ces courants gnostiques en les déclarant hérétiques. Elle a intégré le récit de la Genèse sur la chute d'Adam et Eve, qui ont été séduits par une voix opposée à Dieu. "Vous deviendrez comme Dieu" (Gen III, 5).

    Cette voix est celle d'un ange déchu (Satan ou le Diable) qui a choisi de désobéir à Dieu et pour qui il n'y aura pas de pardon. 

    Ce n'est cependant pas un dualisme total, car seul Dieu est créateur et tout ce qu'il a créé est bon. Mais quelques êtres spirituels, des anges, se sont révoltés et sont devenus source de mal, tout en restant des créatures. Ils ont entraîné le premier homme dans le péché et avec lui toute sa postérité. Pour le christianisme, ce récit correspond à "un fait qui a eu lieu au commencement de l'humanité".

    Le premier homme a péché et son péché a rejailli sur toute sa descendance, c'est-à-dire toute l'humanité. Cette doctrine est professée par Paul dans son Épître aux Romains: "Voilà pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a atteint tous les hommes: d'ailleurs tous ont péché" (Rom. V, 12).

    La question principale qui est ici soulevée est celle de la responsabilité de l'homme devant le péché. Pour Paul, la connaissance du bien et du mal ne suffit pas. "Effectivement, je ne comprends rien à ce que je fais ; ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais" (Rom. VII, 15).

    Avant que ne soit révélée la Loi par Moïse, l'homme ne pouvait porter la responsabilité du péché.
     "Car, jusqu'à la loi, le péché était dans le monde et, bien que le péché ne puisse être sanctionné quand il n'y a pas de loi, pourtant, d'Adam à Moïse la mort a régné, même sur ceux qui n'avaient pas péché par une transgression identique à celle d'Adam" (Rom. V, 13, 14).

    La loi révélée par Moïse avait donc fait accroître le péché. Cependant la loi, en elle-même, n'est pas mauvaise. C'est l'homme qui est mauvais car il est pécheur. 

    Nous savons, certes, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis charnel, vendu comme esclave au péché (Rom. VII, 14)La loi, elle, est intervenue pour que prolifère la faute, mais là où le péché a proliféré, la grâce a surabondé. (Rom. V, 20). Il fallait donc un rédempteur qui vienne donner à l'homme la possibilité de s'affranchir de la malédiction originelle. "Bref, comme par la faute d'un seul, ce fut pour tous les hommes la condamnation, ainsi par l'oeuvre de justice d'un seul, c'est pour tous les hommes la justification qui donne la vie" (Rom. V, 18).

    Jésus devient donc le sauveur (sôtèr). Dans les Évangiles, il ne reçoit ce titre que chez Luc et chez Jean (Luc, II, 11 ; Jean IV, 42), sans toutefois qu'il soit fait allusion au péché originel.

    Pour Pélage, l'homme a le pouvoir de sortir du péché par la force naturelle de sa volonté libre. St Augustin s'opposa de façon radicale: l'homme n'a pas ce pouvoir, il doit être aidé par la grâce qui est un don gratuit de Dieu même si l'homme est responsable du fait qu'il est doué du libre-arbitre.

    Le concile d'Orange (529) a adopté un augustinisme modéré: Dieu prédestine au bien, mais le mal naît du libre-arbitre de l'homme: "Dieu génère en l'homme de nombreuses bonnes actions dont l'homme n'est pas responsable... L'homme, par lui-même, n'est responsable que de ses péchés" (canons 20 et 22). 

    La position de l'Église a finalement été tranchée au Concile de Trente en 1546. Le libre-arbitre est incapable du bien sans le secours de la grâce. Mais l'homme doit coopérer avec celle-ci en vue de son salut. "Quand Dieu touche le coeur de l'homme par l'illumination de l'Esprit saint, l'homme n'est pas sans rien faire en recevant cette inspiration, qu'il peut d'ailleurs rejeter ; et cependant il ne peut pas non plus, sans la grâce de Dieu, se porter par sa volonté libre vers la justice devant Lui".

    Jansenius (1585-1638), évêque d'Ypres, influencé par la réforme, nourrit une vision pessimiste de l'homme, qui ne peut être sauvé que par la grâce accordée par Dieu aux seuls prédestinés. Cette doctrine a été condamnée par Rome.

    Le catéchisme actuel réaffirme la doctrine du semi-augustinisme: "Tout notre salut vient de la grâce de Dieu et notre réponse de foi est elle-même un don de grâce... Justifiés par la grâce venue du Christ, nous n'en sommes pas moins sauvés librement. La grâce vient libérer notre liberté, pour lui permettre de répondre aux prévenances divines... La coopération de l'homme à son salut, tout en étant un don de grâce, demeure un acte de liberté".

    Ainsi donc, l'homme naît en état de péché. Ce n'est pas un péché commis, mais un péché contracté. S'il meurt dans cet état, il est condamné à l'enfer. Afin d'être lavé de cette tache, il doit être baptisé.

    Le "baptême" est un rite ancien sous la forme d'ablutions qui permettent le passage du monde profane au monde sacré.

    Les pharisiens utilisèrent ce mot après l'Exil lorsque les rites d'ablution se multiplièrent. Le mot est inconnu des esséniens bien que ceux-ci connaissaient de nombreuses ablutions rituelles, notamment en préparation du repas sacré quotidien. Au Ier siècle de notre ère, le baptême fut administré aux prosélytes après la circoncision afin de leur permettre l'accès aux sacrifices du Temple. Jean-Baptiste lui donne une dimension particulière en le pratiquant dans l'eau vive du Jourdain: Le baptême de Jean-Baptiste appelle à la conversion pour le pardon des péchés.

    "Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés" (Marc, I, 4). Jésus abandonne le "baptême d'eau" pour instaurer le "baptême de l'esprit". Jean répondit à tous: "Moi (Jean-Baptiste), c'est d'eau que je vous baptise ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu" (Luc III, 16). "Je me suis souvenu alors de cette déclaration du Seigneur: Jean, disait-il, a donné le baptême d'eau, mais vous, vous allez recevoir le baptême dans l'Esprit Saint" (Actes, XI, 16).


    Cela n'empêcha pas la communauté chrétienne de continuer le rituel de l'immersion dans l'eau.


    Cet acte signifie pour celui qui se convertit dans la foi du Christ une adhésion à la communauté chrétienne. Il se substitue en cela à l'ancien rite de la circoncision. Mais pour Paul, ce baptême signifie la participation à la mort et à la résurrection de Jésus et fait du chrétien un "fils de Dieu". Car tous, vous êtes, par la foi, fils de Dieu, en Jésus-Christ (Gal. III, 26).

    Le baptême doit être confirmé par le sacrement de "confirmation". Dans les premiers temps, les deux sacrements étaient administrés en même temps, car on baptisait des adultes. À partir du IIe siècle, la pratique du baptême s'étend aux enfants. Dans l'Église occidentale, les deux sacrements ont été séparés. Le baptême est donné à l'enfant nouveau-né par le prêtre et la confirmation, vers l'âge de 12 ans, par l'évêque. Dans l'Église orientale, on a conservé la pratique des deux sacrements conjoints. Au début, le baptême se pratiquait par "l'immersion". C'est toujours le cas dans les Églises orthodoxes et les Églises "uniates", ainsi que dans certaines sectes protestantes. À partir du XIIe siècle, l'Église catholique donne le baptême par "affusion (eau versée sur la tête)". L'Église anglicane baptise et les principales sectes protestantes pratiquent le baptême par "aspersion".

    Les sacrements du baptême et de la confirmation confèrent la vie éternelle à la condition de ne pas retomber dans le péché, du moins dans le péché mortel. Si c'est le cas, il faut recourir au "sacrement de la pénitence et de la réconciliation". La remise des péchés appartient à Dieu qui l'a conféré à son Messie: "Eh bien afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre" (Marc II, 10).
    À son tour Jésus confère cette autorité à ses apôtres: "Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jean XX, 23).

    L'Église en a donc fait un sacrement qui a évolué au cours des siècles. Dans les premiers temps, ceux qui avaient commis des péchés particulièrement graves (idolâtrie, adultère, homicide...) devaient faire une pénitence publique et attendre souvent de longues années avant de recevoir la réconciliation. C'est à partir du VIIe siècle que s'introduit la pratique "privée" de la pénitence. Elle se réalise par la confession devant le prêtre qui peut accorder la réconciliation (absolution) immédiate. Cette réconciliation concerne tous les péchés, tant les péchés graves que les péchés véniels. Celui qui a omis de recourir à ce sacrement avant sa mort, est condamné au feu éternel de l'enfer, sauf si un prêtre lui administre un autre sacrement appelé "extrême-onction".

    Cette pratique est basée sur le verset suivant de l'épître de Jacques: "L'un de vous est-il malade ? Qu'il fasse appeler les anciens de l'Église, et qu'ils prient après avoir fait sur lui une onction d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient ; le Seigneur le relèvera et, s'il a des péchés à son actif, il lui sera pardonné" (Jc V, 14-15).

    On pratiquait cette onction d'huile à ceux qui étaient gravement malades dans l'esprit de l'épître de Jacques. 

    Mais au cours des siècles, cette onction a été conférée presque exclusivement à ceux qui étaient sur le point de mourir dans l'espoir qu'ils guérissent, mais surtout pour leur conférer le pardon de leurs péchés et leur éviter la damnation éternelle en enfer.

    Il est vrai qu'aujourd'hui les théologiens ont quelque peu gommé les références à l'enfer. Le "Bilan de la théologie du XXe siècle", publié en 1970 chez Casterman consacre 18 pages à l'eschatologie, mais rien en particulier sur l'enfer: "Maintenant l'objectif n'est plus de thématiser, dans un discours de style informatif, l'essence de la mort et du jugement du ciel, de l'enfer et du purgatoire".
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:33

    C. L'Eucharistie (du grec "eucharistein", rendre grâce)

    L'Eucharistie trouve son origine dans les repas sacrés pratiqués avant le christianisme. Dans le récit de l'exode, Dieu envoie la "manne" pour soutenir son peuple pendant la traversée du désert. Cette nourriture est le signe de l'Alliance. La nourriture symbolise la Parole de Dieu. "Fils d'homme, mange-le, mange ce rouleau ; ensuite tu iras parler à la maison d'Israël" (Ezéchiel, III, 1).

    La Sagesse elle-même invite les croyants en ces termes: "Allez, mangez de mon pain, buvez du vin que j'ai mêlé" (Prov. IX, 5). 

    Jésus prit un dernier repas (la dernière Cène) avec ses disciples avant son arrestation :
    Pendant le repas, il prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit, le leur donna et dit: "Prenez, ceci est mon corps". Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna et ils en burent tous. Et il leur dit: "Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude" (Marc XIV, 22-24).


    Dans son Évangile, Luc ajoute: "Faites cela en mémoire de moi" (Luc, XXII, 19). 

    Il est très curieux de constater que Jean dans son Évangile ne reproduit pas ces paroles de Jésus lorsqu'il évoque la dernière Cène.

    Jésus réunit ses disciples pour ce dernier repas, au cours duquel il annonce la trahison d'un des disciples et sa mort prochaine. Il fait ensuite un résumé de son enseignement. C'est au cours du récit de la multiplication des pains que Jean, dans son Évangile (chapitres V et VI), évoque la nourriture céleste qui descend du ciel par l'intermédiaire du Christ. Celui-ci se présente comme le pain de vie, et offre son corps et son sang comme une véritable nourriture et un véritable breuvage. "Car ma chair est vraie nourriture, et mon sang vraie boisson" (Jean, VI, 55). Le corps et le sang de Jésus ne sont-ils donc pas le symbole de ses enseignements ?

    Dans les premiers temps, les disciples se rassemblaient pour rompre ensemble le pain

    "Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières" (Actes II, 42).

    Par la suite, le rite a associé à cette action de grâce, la notion du renouvellement du sacrifice de Jésus. De même qu'il a offert son corps sur la croix, il l'offre à nouveau par le sacrifice de la messe à tous ceux qui prennent l'hostie. Celle-ci rappelle le pain du repas. "Paschase Rabert, un moine de Corbie, définit explicitement le premier l'identité du corps historique du Christ et de son corps eucharistique, jetant les bases de la doctrine catholique de la transsubstantiation, c'est-à-dire de la présence réelle et substantielle du corps et du sang du Christ dans le pain et le vin consacrés.

    Bérenger de Tour (+ 1088) a contesté cette interprétation de l'Écriture. Pour lui la présence du corps du Christ dans l'hostie n'est qu'une présence figurée. Il fut condamné par un Concile tenu à Paris et forcé de récuser sa conception lors d'un autre Concile, tenu quelques mois plus tard (1079) à Rome. Le Concile de Latran (1215) fit une déclaration solennelle confirmant la présence réelle du Corps du Christ dans l'hostie.

    Le Protestant Jean Calvin, à son tour, récusa la doctrine ; il y voyait une incompatibilité avec le sacrifice unique de la Croix, ce qui amena le Concile de Trente (1562) à confirmer ce dogme: "Parce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que ce qu'Il offrait sous l'espèce du pain était vraiment son Corps, on a toujours eu dans l'Église cette conviction, que déclare le saint Concile à nouveau: par la consécration du pain et du vin s'opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son Sang ; ce changement, l'Église catholique l'a justement et exactement appelé "transsubstantiation".

    La croyance dans la présence réelle du Corps du Christ dans l'hostie consacrée est donc la doctrine officielle de l'Église catholique qui la pratique sous la forme du pain sans levain.

     Elle est partagée par les Églises orthodoxes qui recourent à la double forme du pain avec levain et du vin. Les protestants font plus ou moins de réserves selon les sectes. Les luthériens admettent une "consubstantiation" plutôt symbolique. D'autres pratiquent une simple commémoration de la Cène.

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:34

    D. Le retour du Christ

    "Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; et alors il rendra à chacun selon sa conduite" (Matth. XVI, 27)


    Selon Pierre Teilhard de Chardin, cette attente du retour du Christ est "la fonction chrétienne par excellence, et le trait le plus distinctif peut-être de notre religion... Hélas, la hâte un peu enfantine, jointe à l'erreur de perspective, qui avait fait croire la première génération chrétienne à un retour imminent du Christ, nous a laissés déçus, et rendus méfiants".

    Cette erreur de perspective dont parle le Père Teilhard peut se lire en Matthieu: "En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le Fils de l'homme venir comme roi" (Matth. XVI, 28).

    "De même, vous aussi, quand vous verrez tout cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, qu'il est à vos portes. En vérité, je vous le déclare, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive" (Matth. XIV, 33-34).
    Pour Paul, ce retour est non seulement imminent, il se fera de son vivant: "Je vais vous faire connaître un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais tous, nous serons transformés, en un instant, en un clin d'oeil, au son de la trompette finale. Car la trompette sonnera, les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés" (I Cor. XV, 51-52).

    Comme cet avènement n'a pas eu lieu avant la mort de Paul, la notion d'une date incertaine prit de plus en plus de place dans l'esprit des fidèles. L'auteur des Actes a donc suggéré: "Vous n'avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité" (Actes I, 7).

    La perspective du retour s'éloigne considérablement pour l'auteur de la deuxième épître de Pierre: "Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier: pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu'il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion" (2 Pierre III, 8-9).

    Les disciples avaient pourtant interrogé Jésus pour qu'il leur précise le moment de cette seconde venue. L'Évangile de Marc consacre son chapitre XIII à cette réponse. Matthieu reproduit cette réponse en son chapitre XXIV et Luc en son chapitre XXI, tous deux avec les variantes d'usage. Les principaux enseignements de ces textes sont:

    - Le temps du retour sera celui qui est annoncé par la prophétie de Daniel sur l'abomination de la désolation, 2300 jours après la reconstruction du Temple de Jérusalem (Daniel, XII).

    - L'heure exacte est tenue secrète et connue du Père seulement, mais le retour se fera comme le passage d'un voleur dans la nuit.

    - Il importe donc de veiller car les signes avant-coureurs seront terribles.


    L'annonce d'un nouvel intermédiaire, envoyé par Jésus lui-même et porteur de l'Esprit de vérité est pourtant bien évidente chez Jean: "Lorsque viendra le Paraclet que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra lui-même témoignage de moi" (Jean XV, 26).

    Pour le christianisme romain, l'Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants avant l'avènement du Christ. L'imposture religieuse de l'Anti-Christ, "c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair" sera le signe avant-coureur du retour attendu. Que penser des nombreuses professions de foi que l'on rencontre aujourd'hui chez ceux qui déclarent ne plus avoir besoin de révélation religieuse, mais prétendent entretenir des rapports directs avec Dieu !


    VIII. Conclusion

    Le christianisme est en fait une nébuleuse d'Églises et de sectes, qui n'ont qu'un élément commun: la référence à Jésus en tant que Messie (Christ)

    Lorsqu'il s'agit de définir la nature de la personnalité de Jésus, nous nous trouvons devant un éventail de conception allant d'un homme choisi par Dieu pour délivrer un message jusqu'à l'incarnation pure et simple de Dieu. 

    La division en Églises et sectes ne s'est pas seulement opérée en raison de la diversification des doctrines, mais aussi pour des questions de pouvoir.

    Lorsqu'un groupe de personnes, suivant souvent un évêque, contestait l'autorité de la hiérarchie, il en résultait parfois un nouveau schisme et donc une nouvelle secte qui devenait une nouvelle Église lorsque le nombre des schismatiques devenait important.

    Un chrétien ne peut donc pas dire qu'il suit l'enseignement de Jésus. En réalité, il suit l'interprétation particulière de son Église ou de sa secte. Beaucoup de personnes, surtout en Occident, sont en désaccord avec l'interprétation officielle de l'Église à laquelle ils appartenaient ou simplement doutent de la pertinence de cette interprétation, car celle-ci apparaît comme peu compatible avec les connaissances scientifiques actuelles. En conséquence, ils rejettent l'idée même de la révélation religieuse quand ils ne nient pas carrément l'existence d'une réalité divine. Certains ne vont pas jusque-là, ils se contentent de se forger leur propre interprétation ou leur propre système de croyance et rejettent l'appartenance à une Église. Ce phénomène, appelé déchristianisation, a pris de plus en plus d'ampleur au cours des derniers siècles.

    Cela démontre bien qu'une révélation, comme celle de Jésus, est soumise aux aléa de l'histoire et requiert un renouvellement de l'Alliance. Jésus ne se présentait-il pas comme le médiateur d'une nouvelle alliance: "Voilà pourquoi il est médiateur d'une alliance nouvelle, d'un testament nouveau" (Hébreux, IX, 15).

    La rechristianisation et la réunification des Églises chrétiennes ne semblent donc pas découler du pouvoir des hommes, mais nécessiteront une nouvelle révélation qui est sans doute la véritable compréhension de l'attente eschatologique des premiers temps, aujourd'hui quelque peu oubliée. Avant d'en arriver à cela, il fallait une étape intermédiaire, celle de la révélation musulmane qui fait l'objet du chapitre suivant.


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