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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Initiation à l'étude des religions du Livre

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:10

    Rappel du premier message :

    Initiation à l'étude des religions du Livre


    Chapitre I: Histoire d'Israël

    Selon l'Ancien Testament, Israël est l'ensemble de douze tribus. Le nom est présenté sous la forme d'une personnification d'un personnage dont le nom, Jacob, est changé en Israël et qui apparaît comme étant le père des douze ancêtres des tribus (Gen. XXXII,29). Il est toutefois impossible de reconstituer l'histoire du nom. Celui-ci est composé du nom El et d'un terme sémitique signifiant "lutte".

    Isaac, fils d'Abraham, prit Rebecca pour femme et enfanta à l'âge de 60 ans deux enfants jumeaux: Esaü qui naquit le premier, suivi de Jacob (Gen. XXV). Jacob épousa deux soeurs: l'aînée, Léa, qui lui donna six fils et la cadette Rachel qui lui donna deux fils. En outre Jacob eut deux fils avec Bala, la servante de Rachel et deux fils avec Zephara, la servante de Léa (Gen. XIX-XXV,18).

    La plus ancienne mention du nom "Israël" apparaît sur une stèle dans la nécropole des pharaons à Thèbes (se trouve maintenant au Musée égyptien du Caire). Sur cette stèle, il y a 27 lignes à la gloire du Pharaon Menephta (-+1225) s'emparant de quelques villes palestiniennes et détruisant "Israël". À côté du mot "Israël" se trouve le signe idéographique de "peuple étranger".


    I. Situation avant la constitution de la Ligue des douze tribus

    A. Nos sources


    En dehors de l'Ancien Testament, nos sources sont peu nombreuses.

    1. Textes égyptiens de la XIIe dynastie (vers 1.800 av. J.C.) sur tessons d'argile mentionnant les ennemis de l'Égypte, notamment ceux de l'Asie voisine: la Palestine, la Phénicie. On y trouve des indications d'ordre ethnique, des noms de princes et de localités.

    2. Textes de Mari: Ce sont les archives des rois de Mari (ancienne ville du moyen Euphrate), contenant des textes juridiques et économiques, ainsi que la correspondance politique des rois de Mari avec leurs voisins proches ou lointains. Ces renseignements concernent la Syrie, mais pas la Palestine.

    3. Textes d'Amarna (400 tablettes trouvées en 1887) dans les restes d'une résidence du pharaon Amenophis IV (1375-1358). Il s'agit de la correspondance du Pharaon et de son prédécesseur avec les peuples d'Asie, écrite en caractères babyloniens sur tablettes d'argile. On y trouve des renseignements détaillés sur la politique, les événements contemporains, les populations et la vie en Palestine et en Syrie. C'est l'une des sources importantes de la préhistoire d'Israël.

    4. Textes de Ras-Shamra (découverts en 1929-1939 dans les ruines de l'ancienne ville d'Ugarit sur la côte en face de Chypre). L'écriture est cunéiforme alphabétique (29 caractères). On est assez loin d'Israël ; on y trouve donc peu de renseignements directs sur Israël même, mais une information utile pour comprendre le milieu préhistorique.

    Nous devons donc prendre la plupart de nos informations dans les récits de l'Ancien Testament. L'histoire de l'Ancien Testament est elle-même très complexe.


    B. Les textes bibliques

    a. Récits yahvistes


    (Dieu y est appelé YHVH, Yahvé):

    Ces premiers récits furent sans doute mis par écrit vers le milieu du Xe siècle, à l'époque de Salomon, dans le Royaume du Sud. Ils débutent par les traditions sur la création du monde, traditions empruntées aux grandes épopées mésopotamiennes. Ils retracent ensuite l'histoire jusqu'à celle des Royaumes de David et de Salomon, en passant par l'histoire des Patriarches, des douze tribus et des peuples voisins. Dieu est très humain et souvent présenté comme un homme, quoique tout autre, car il commande et le péché de l'homme, c'est de désobéir et de vouloir se prendre pour Dieu. Cela lui attire la malédiction divine. Toutefois Dieu est toujours prêt à pardonner.

    Il faut remarquer qu'à l'époque des Patriarches, Dieu n'est pas encore appelé Yahvé, mais est évoqué sous le vocable "El", nom générique signifiant "dieu" ou "divinité". C'était aussi le nom du chef du panthéon des dieux de Canaan. Il se retrouve dans des noms donnés par les Patriarches pour évoquer le dieu qu'ils vénéraient:

    El-Chaddai: le dieu de la montagne,
    El-Elyon: l'Exalté
    El-Olam, dieu de l'Éternité ou l'Éternel.

    On le retrouve aussi dans de nombreux noms de lieu comme Bethel, la maison de Dieu et aussi dans Israël.

    Le nom de Yahvé a été révélé à Moïse: "Je suis Yahvé. Je suis apparu à Abraham, Isaac et Jacob, mais sous mon nom de Yahvé, je ne me suis pas fait connaître d'eux" (Exode 6:3).

    Sources possibles du récit yahviste:

    * Épopée d'Atra-Hasis (le très intelligent) dont une copie datant de 1600 av. J.C. fut trouvée à Babylone. Elle nous raconte que les dieux fatigués par toutes les corvées qu'ils ont à assumer ont créé l'homme avec de l'argile mélangée avec le sang d'un dieu égorgé. Mais l'humanité prolifère et fait tellement de bruit que les dieux lui envoient des fléaux et finalement le déluge pour l'anéantir. Mais Éa avertit un homme qui construisit un bateau et y fit monter un couple de tous les animaux.

    * Poème Enouma Elish (Lorsqu'en Haut) (datant de 1100 av. J.C.): Au début de tout, il y avait deux principes sexués, Apsou, les eaux douces, et Tiâmat (tehôm, l'abîme), les eaux salées de la mer. De là sortirent les dieux que Tiâmat voulut tuer. Mardouk vainquit Tiâmat et la sépara en deux comme une huître pour en faire la voûte céleste. Puis Mardouk créa l'homme à partir du sang d'un dieu révolté.

    * Épopée de Gilgamesh, écrite à l'époque de Sumer, puis développée en Assyrie et en Babylonie ; elle fut recopiée en Palestine et chez les Hittites. Gilgamesh qui a vu mourir son ami Enkidu découvre l'horreur de la mort et cherche la plante d'immortalité. Quand il l'a découverte, elle lui est dérobée par un serpent et Gilgamesh doit se résigner à mourir.

    b. Récits élohistes

    Dieu y est appelé Elohim, pluriel de El, dieu principal des Cananéens tel qu'il apparaît dans les textes d'Ugarit au côté de Baal, dieu de l'orage et de la pluie, et de sa soeur Anat (Astarté), déesse de la guerre. Cette histoire sainte fut rédigée vers le milieu du VIIIe siècle dans le Royaume du Nord. Les anciennes traditions sont réécrites d'une manière moins vivante car Dieu est tout autre que l'homme. Il ne peut se manifester qu'au travers de songes ou par des théophanies. D'où l'importance des prophètes dans ces récits.

    c. Tradition deutéronomiste

    Après la chute de Samarie en 722, des lévites se réfugient à Jérusalem ; ils apportent avec eux les lois rédigées dans le Royaume du Nord. Ils les organisent et les complètent. C'est la première version du Deutéronome. Sous le roi impie Manassé, le livre deutéronomiste tombe dans l'oubli. Déposé au Temple, on le retrouve en 622 sous le règne de Josias, dans la version actuelle.

    Vers 700, les deux versions Yahviste et Elohiste sont fusionnées à Jérusalem, une fusion qui est plus qu'une simple addition des deux textes, mais qui donne l'occasion de compléter et de développer les traditions. La nouvelle version ainsi créée prend le nom de "jéhoviste".

    d. Tradition sacerdotale: (livres des prêtres)

    Elle débute pendant l'exil à Babylone dans les années 587-538. Les prêtres relisent les anciennes traditions et complètent les anciens textes. Cette oeuvre semble être achevée vers 400. La version finale des cinq premiers livres de l'Ancien Testament est généralement attribuée au prêtre Esdras.

    e. Classement des livres

    Pour les Juifs, ces premiers livres portent le nom de Torah (la loi). À la suite de ceux-ci, nous trouvons les livres attribués aux prophètes de Juda et d'Israël, appelés Neviim, puis finalement les autres livres, appelés ketubim. Si nous réunissons la première lettre de ces trois mots, TNK, nous formons le mot Tanak qui est le nom de la Bible en hébreu.

    Ce classement a été adopté par la Bible oecuménique (TOB), avec à la fin les livres qui ne sont reconnus que par les catholiques sous le nom de "deutérocanoniques": Baruch, Ecclésiastique ou Siracide, Judith, 1er et 2e Macchabées, Sagesse.

    La plupart de ces livres ont été écrits en hébreu sur des rouleaux de papyrus, sauf quelques rares passages en araméen. À l'origine les voyelles étaient absentes laissant la place à plusieurs lectures. Ce n'est qu'à partir du VIIe siècle de notre ère que des savants juifs, appelés massorètes, ont fixé le sens du texte en ajoutant des points au-dessus ou en dessous des consonnes à titre de voyelles.

    Au cours des derniers siècles avant l'ère chrétienne, ces livres ont été traduits en grec pour l'usage des Juifs de la diaspora qui ne parlaient plus l'hébreu ou l'araméen. Les plus anciennes sont les traductions d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion. La traduction la plus célèbre est appelée "la Septante". Selon la légende, elle a été réalisée par 72 savants appelés à Alexandrie et qui, travaillant séparément, ont produit la même traduction (IIIe siècle Av. J.C).

    Les originaux de ces traductions ont disparu car ils étaient aussi écrits sur des rouleaux de papyrus qui est une matière peu résistante au temps, sauf des fragments souvent très courts retrouvés dans les fouilles archéologiques. Lorsqu'un rouleau était détérioré par l'usage, on le recopiait. À partir de la fin du troisième siècle, on utilise un nouveau matériau, le parchemin, beaucoup plus résistant. Les textes sont recopiés sur des feuilles (recto verso) reliées en codex. Les deux plus anciens manuscrits conservés de cette manière datent du quatrième siècle de notre ère. Nous ne possédons donc que des copies de copies.

    * Les livres traduits en grec ont été classés en quatre parties:

    Le Pentateuque, les livres historiques, les livres prophétiques, les livres sapientiaux. Ce classement a été adopté par la plupart des bibles chrétiennes.

    D'autres versions parmi les plus anciennes ont été faites en syriaque, en copte et en latin (notamment la célèbre "Vulgate", traduction de Saint Jérôme (fin IVe-début Ve siècle).
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:27

    b. L'Évangile

    L'Évangile aurait réellement débuté par les versets 6 à 8: "Il y eut un homme, envoyé de Dieu, son nom était Jean" qui n'est cependant pas la lumière, mais vient seulement rendre témoignage à la lumière. Il se continue par le verset 19 qui explique le témoignage de Jean.

    (I, 19-51). Jean-Baptiste rend témoignage à Jésus comme étant "l'agneau de Dieu" attendu, ce qui convainc André, un disciple de Jean-Baptiste. André va chercher son frère Simon (Pierre) qui suit Jésus à son tour. Jésus rassemble ensuite d'autres disciples (Philippe, Nathanaël) et commence sa vie publique.

    Cette introduction semble indiquer que l'auteur vise un groupe de personnes qui croient que Jean-Baptiste est le Christ, des chrétiens qui n'ont reçu que le baptême de Jean (le baptême de l'eau) et n'ont pas reçu le baptême de Jésus (le baptême de l'Esprit). Aussi insiste-t-il sur le fait que c'est bien Jésus qui est le Christ et la lumière du monde et non pas Jean-Baptiste. Nous savons que de tels groupes ont existé, notamment par les Reconnaissances clémentines ou par les textes mandéens qui, bien que tardifs, mais sans doute basés sur des traditions anciennes, mettent en scène des gens qui vénèrent Jean-Baptiste comme étant le Christ.

    La vie publique de Jésus est émaillée de miracles dont certains sont inconnus des synoptiques (Noces de Cana, le paralytique de Bethzatha, Résurrection de Lazare p.e.). Jésus traverse la Samarie et parle à la Samaritaine lui annonçant que "l'heure vient ... où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité" (IV, 23).

    Ces nombreux épisodes de la vie publique de Jésus sont entrecoupés de discours théologiques. 

    "Le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu'il voit faire au Père ; car ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement" (V, 19). Comme le Père opère des résurrections, le Fils le fait également (V, 21). Cependant, c'est le Fils seul qui est instauré juge afin d'être honoré et de donner ainsi la vie éternelle. C'est le Père qui possède la vie, mais il l'a donné au Fils car celui-ci est le Fils de l'Homme (Le Messie) et le Fils peut donc la donner à ceux qui croient en lui. "Car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde" (VI, 33).

    Toutes ces notions (résurrection, vie éternelle, pain de vie) nous introduisent dans un climat de gnose, non pas une glose intellectuelle, mais une gnose mystique, ce qui est une caractéristique du quatrième Évangile. C'est la connaissance que le Messie apporte aux hommes, qui est source de salut bien plus que le sacrifice de la vie de Jésus.

    La connaissance, c'est la chair qui doit être mangée et le sang qui doit être bu. 

    Cela provoque l'ironie des juifs qui ne comprennent pas que manger la chair du Christ et boire son sang est une allégorie qui signifie croire à ce qu'il enseigne. Ce pain nouveau est bien différent de celui que "vos pères ont mangé ; ils sont morts, eux, mais celui qui mangera du pain que voici vivra pour l'éternité" (VI, 58). C'est une perspective toute différente de celle qui est enseignée par Paul. Ce qui diffère aussi de Paul, c'est l'absence de démonstration. L'auteur du quatrième Évangile n'est donc pas un philosophe qui manie la dialectique comme Paul savait le faire. À toute contradiction des juifs, il répond par des affirmations de foi. Le milieu dans lequel l'Évangile est écrit est encore un milieu juif, mais un milieu hostile. On est au bord de la rupture entre judaïsme et christianisme. Les juifs sont des frères, mais des frères ennemis qui n'ont pas compris que Moïse préfigurait le Christ.

    Jésus se présente comme l'envoyé du Père auquel il est entièrement subordonné: "Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous connaîtrez qui Je suis et que je ne fais rien de moi-même. Celui qui m'a envoyé est avec moi (VII, 28).Qui croit en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en celui qui m'a envoyé et celui qui me voit, voit aussi celui qui m'a envoyé" (XII, 44).

    C'est à la lumière de ces versets et de nombreux autres versets semblables dans l'Évangile qu'il faut comprendre les passages qui affirment que Moi et le Père, nous sommes un (X, 30), Il n'y a cependant pas de contradiction, les versets qui affirment l'identité entre le Père et le Fils sont souvent précédés d'une évocation de la subordination du Fils par rapport au Père: "Mon Père qui me les a données est plus grand que tout" (X, 29). (NB. Ce verset tel qu'il se trouve dans certains manuscrits - ceux qui ont servi à la traduction oecuménique du Nouveau Testament - a semblé incongru à des scribes. Nous trouvons donc une variante dans d'autres manuscrits "Ce que mon père m'a donné est plus grand que tout").

    "Le Père est en moi, comme je suis dans le Père" (X, 38)", est précédé du commentaire suivant: "Je vous ai fait voir tant d'oeuvres belles qui venaient du Père" (X, 32)... "Mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces oeuvres, afin que vous connaissiez et que vous sachiez que le Père est en moi, comme je suis dans le Père" (X, 38). Le Fils est donc ce qui manifeste le Père dans le monde et c'est par lui que le Père peut être connu. Le Fils est subordonné au Père quant à sa nature (il ne lui est pas consubstantiel comme l'affirmera le dogme de Nicée en 325), mais il est l'image parfaite du Père dans le monde. Sa puissance et sa gloire lui viennent du Père.

    Dans les discours des adieux, lorsque Jésus annonce sa mort prochaine, l'action de l'Esprit est particulièrement soulignée. 

    Cet Esprit est l'intermédiaire entre Dieu et les hommes, le Paracletos (Paraclet). Le terme est ambigu. S'agit-il simplement du pouvoir que Jésus possède de son vivant et par-delà la mort pour continuer à vivifier et instruire ceux qui croient en lui ? S'agit-il d'une autre personne qui doit venir dans le monde comme Jésus est venu et qui sera porteuse de ce pouvoir ? Les deux interprétations sont possibles.

    D'une part, la promesse de la Rédemption par l'accession à la vie éternelle est déjà réalisée "En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient - et maintenant elle est là - où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l'auront entendue, vivront" (V, 25).

    D'autre part, la promesse se réalisera aussi dans le futur:"L'heure vient où tous ceux qui gisent dans les tombeaux entendront sa voix et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection qui mène à la vie ; ceux qui auront pratiqué le mal, pour la résurrection qui mène au jugement" (V, 28-29).


    Il y une juxtaposition des deux conceptions. D'une part, il est dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie (V, 24).D'autre part il est dit aussi: Or la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est en effet la volonté de mon Père ; que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour" (VI, 39-40).

    La conception primitive que le jugement dernier est à venir (à l'occasion du retour du Fils de l'homme, selon les synoptiques) n'a pu être entièrement oubliée - la tradition était encore trop forte à l'époque - au profit de l'idée que la résurrection est déjà opérée pour le croyant.

    .
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:27

    B. Les Épîtres

    a. Première Épître de Jean

    Pour certains exégètes, dont Bultmann, il ne s'agit pas d'une épître, mais d'une homélie commentant un texte antérieur écrit en vers et disséminé dans le texte de l'Épître. 

    On ajoute même que ce texte antérieur ne serait que la continuation du prologue du quatrième Évangile.

    Nous avons vu, en effet, que dans le prologue, le verbe "dévoile" n'a pas de complément direct. Comme il est difficile d'admettre que celui-ci est un mot de la phrase précédente, on a cherché une autre solution et proposé que ce complément direct soit le début de la première Épître qui peut-être un accusatif aussi bien qu'un nominatif. Si cette hypothèse est exacte, il faut encore pouvoir reconstituer le texte de ce poème qui est un hymne au Verbe créateur. Les avis diffèrent évidemment. Dans l'hypothèse d'un texte antérieur, il faudrait aussi pouvoir identifier son auteur. Est-il le même que l'auteur de l'Évangile et de l'homélie ?

    Pour les partisans d'auteurs différents, on relève les arguments suivants:

    1. Le texte antérieur est en vers, l'Évangile et l'homélie sont de la prose. Rien n'empêche cependant de penser qu'un même auteur ne puisse mélanger de la poésie et de la prose dans un même texte.

    2. Le texte antérieur est centré sur le concept du Verbe (Logos), terme que l'on ne trouve que dans le prologue de l'Évangile et dans la première Épître, du moins dans sa signification spéciale d'ensemble de mots, constituant une pensée, une raison, le tout personnifié pour pouvoir s'incarner dans une personne. Dans le reste de l'Évangile, ce concept est représenté par un autre mot "onoma" (les noms), noms par lesquels il faut croire. Les signes opérés par Jésus "l'ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom" (XX, 30).

    3. Dans le prologue, la fonction du Verbe est notamment d'être créateur du monde où se trouvent les siens à qui il doit apporter la lumière. Cette fonction de créateur n'est plus évoquée dans les autres textes johanniques où le Christ apparaît comme révélateur et rédempteur.

    Rien n'empêche un même auteur d'écrire plusieurs textes sur des thèmes différents sans devoir nécessairement les évoquer tous dans chaque texte. Néanmoins, beaucoup de commentateurs retiennent l'existence de plusieurs textes écrits dans un même milieu de pensée: des communautés chrétiennes d'Asie d'origine juive mais hellénisées. Ces textes auraient été recueillis par un "éditeur" qui aurait, par inadvertance, mal remis à leur place plusieurs fragments et auraient ainsi donné l'ordre fort peu logique de certains versets, voir placer le "prologue" en tête de l'Évangile, plutôt que de le placer au début de la première Épître comme un tout servant de base à l'homélie constituée par le commentaire.

    Le vocabulaire et le style sont très semblables à ceux du quatrième Évangile. Toutefois, pour certains, il semble que les mots n'ont plus tout à fait la même signification. On se trouve non plus dans l'ambiance théorique d'une gnose à l'intention d'une certaine élite intellectuelle, mais dans le quotidien d'une Église où apparaissent des problèmes causés par des gens qui mettent en cause des éléments fondamentaux. Il y est question de "faux prophètes" (IV, 1) ou "antéchrists" (II,18), Ces gens nient que Jésus soit le Christ (II, 22), ou que Jésus-Christ se soit incarné (IV, 2 et ss). Ils se disent sans péché (I, 8) et connaître Dieu (II, 4). Il est bien sûr difficile de définir qui sont ces adversaires qui perturbent l'Église, sans doute des ébionites et des gnostiques.

    Quoi qu'il en soit, le thème central est exposé en III, 23: "Et c'est ici son commandement: que nous croyons au nom de son fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu'il nous a donné". L'Épître évoque aussi la notion du péché, d'une manière plus pratique que dans l'Évangile. Certains péchés mortels excluent définitivement le salut au point qu'il est vain de prier pour ceux qui les commettent. D'autres, bien qu'incompatibles avec la vie chrétienne, seront pardonnés grâce à l'intercession de l'Église (V, 16-17).

    Que faut-il penser des ressemblances avec l'Évangile d'une part et des nombreuses différences d'autre part ? Sans doute que l'Évangile et la première Épître n'ont pas le même auteur, mais appartiennent à un même milieu avec une certaine évolution dans le temps. Il y a des préoccupations semblables, comme affirmer la foi en l'incarnation du Verbe par Jésus, en opposition aux disciples de Jean-Baptiste dans l'Évangile et d'autres hérétiques dans la première Épître.

    b. IIe et IIIe Épîtres de Jean

    La situation évoquée dans ces deux Épîtres est la même que dans la première. La deuxième Épître où l'auteur se présente comme étant Jean l'Ancien (le presbytre) s'adresse à une communauté particulière, sans que nous sachions laquelle. Mais dans cette communauté, il y a ceux qui "suivent la vérité" et sont invités à s'aimer les uns les autres et à confesser que Jésus-Christ est venu dans la chair et ceux qui professent une autre doctrine et qui doivent être rejetés. Cette Église est donc en proie à un mal précis: le docétisme.

    La troisième Épître est adressée par l'ancien à un certain Gaius pour le mettre en garde contre les agissements d'un certain Diotrèphe qui cause des ennuis. Le mal à combattre ici est donc une certaine jalousie génératrice de schismes.

    La similitude des situations ne prouve pas que les trois Épîtres soient l'oeuvre d'un seul et même auteur, mais simplement qu'elles proviennent d'un même milieu. L'évocation de Jean l'ancien est peut-être à mettre en rapport avec ce que nous dit Papias au sujet d'un Jean le Presbytre qu'il a connu. Cela nous place donc dans le deuxième quart du IIe siècle.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:28

    C. L'Apocalypse

    C'est le livre le plus mystérieux du Nouveau Testament. Il comprend (1) une préface concernant une révélation accordée à Jean par Jésus-Christ, par l'intermédiaire de son ange, (2) des lettres adressées aux sept Églises d'Asie Mineure, (3) la révélation proprement dite, et (4) un épilogue.

    Le débat se place d'abord sur la question de l'unité de l'oeuvre. 

    Y a-t-il un seul auteur ou plusieurs auteurs? 

    Quant à la partie centrale, s'agit-il d'une seule révélation ou de plusieurs révélations qui ont été amalgamées ? Cette question est ainsi résumée par le R.P.Boismard: "Au siècle dernier, la mode était aux méthodes de dissection ; la quasi-totalité des commentateurs voyait dans l'Apocalypse la fusion de deux ou même trois écrits primitifs différents, le plus souvent d'origine juive, assez maladroitement compilés par un rédacteur chrétien. Mais au début du siècle, frappés par l'unité de style qui se dégage de l'ensemble de l'ouvrage, les exégètes ont dû modifier leurs positions ; l'Apocalypse, ont-ils dit alors, a été rédigée par un seul auteur; mais celui-ci s'est inspiré de sources différentes qu'il a complètement réassimilées, sans éviter toutefois certaines incohérences dues à la diversité de ces sources".

    Cela a amené Henri Stierlin, un historien des civilisations, à étudier l'oeuvre et à voir dans la partie centrale la combinaison de quatre apocalypses:
    Apocalypse des deux témoins.
    Apocalypse de l'adoration de l'Image.
    Apocalypse des fléaux s'abattant sur la Grande cité.
    Apocalypse du trône et des vingt-quatre sages.


    Toutes ces visions ont pour but de soutenir les chrétiens dans les moments difficiles qu'ils connaissent lors des grandes persécutions et de leur promettre que la victoire finale est assurée.

    Les commentateurs sont évidemment divisés quant à savoir de quelles persécutions il s'agit. L'énigme serait résolue si l'on pouvait déchiffrer le nombre de la bête, 616 selon certains manuscrits, 666 selon d'autres. L'interprétation repose sur la gématrie, procédé qui consiste à traiter comme des nombres les lettres d'un mot. Faut-il utiliser l'alphabet grec ou l'alphabet hébreu si l'on admet que la source est d'origine juive ? Nul ne sait. On pense à Caligula (37-38) ou à Néron (54-68) ou encore à Domitien, car selon Irénée, l'Apocalypse aurait été écrite vers la fin du règne de Domitien (81-98).

    Ce type d'interprétation est partagé par ceux qui ne voient dans les apocalypses que des allusions voilées à des événements survenus. Pour d'autres, les apocalypses sont de réelles visions sur l'avenir plus ou moins lointain, que l'auteur reçoit sans bien les comprendre.

    La grammaire est tout à fait étrange avec de nombreuses fautes. 

    On a donc pensé à une traduction d'un texte rédigé d'abord en hébreu car il y a de nombreuses constructions grammaticales normales en hébreu, mais inhabituelles en grec. Cela est sans doute dû au fait que l'auteur avait l'hébreu comme langue maternelle et le grec comme langue secondaire.

    L'Apocalypse a connu bien des difficultés pour être admise dans le canon des Écritures, peut-être à cause de son incohérence, de ses nombreux non-sens, de ses désordres et de ses contradictions, rendant toute interprétation difficile. 

    En tout cas, l'Église orientale a eu beaucoup de peine à l'accepter. 

    La Syrie et la Palestine y voyaient un apocryphe, les Pères grecs ne le citent que très rarement, le prêtre romain Caïus l'attribue à un hérétique, adversaire de Paul. 

    Au IVe siècle, Cyrille de Jérusalem, Grégoire de Naziance et Jean Chrysostome ne le comptent pas parmi les livres inspirés. Ce n'est qu'en 1330 qu'il est admis dans le canon des Églises orientales.

    D. Conclusions

    De tous les textes johanniques, l'Évangile occupe une place de première importance. Sa théologie sera interprétée en faveur de la consubstantialité entre le Père et le fils lors des grandes controverses christologiques qui aboutiront à la définition du dogme de la Trinité au cours du IVe siècle.

    La tradition d'un seul auteur qui, selon Irénée et Justin, était Jean, le Fils de Zébédée, s'est imposée dans l'Église, bien qu'au IIIe siècle déjà, Denys d'Alexandrie la récusait. Puisque Jean était l'auteur de l'Évangile, il ne pouvait être celui de l'Apocalypse en raison de la différence flagrante de style et de vocabulaire, mais aussi en raison de la différence d'idées. Aujourd'hui, il est préférable de reconnaître notre ignorance et de simplement admettre qu'une série de textes ont été rassemblés dans un même milieu et placés sous la paternité d'un apôtre afin de leur donner toute l'autorité nécessaire. Ils ont, en tout cas, concouru, avec les autres courants du christianisme primitif à former le proto-catholicisme d'où sont issues les grandes Églises chrétiennes.

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:28

    VI. Le Paulinisme

    De tous les acteurs du début du christianisme, Paul est le personnage que nous connaissons le mieux. Il nous a laissé des lettres dans lesquelles il nous donne lui-même quelques indications le concernant. Une partie de ces lettres a été reprise dans le Nouveau Testament à côté de quelques lettres qui lui sont attribuées, mais qui sont de ses disciples. Les Actes lui consacrent également 15 chapitres sur 28.

    A. La Personne de Paul

    Les divergences assez importantes entre les lettres et les Actes nous indiquent qu'il faut être prudent avant de déduire tel ou tel trait de caractère chez Paul ou tel ou tel événement de sa vie.

    Les lettres nous présentent un personnage qui est continuellement en conflit avec ceux qui enseignent un autre évangile que le sien. Il s'agit des gens de Jérusalem, mais aussi de chrétiens venus d'Alexandrie.

    Paul est vraisemblablement né à Tarse, en Cilicie, selon les Actes (IX,11 ; XXI, 39 ; XXII, 3), ce que nous confirment des écrits judéo-chrétiens (Ebionites, Esséens et Elkasaïtes) où on l'appelle "le Tarsiote".

    On ne peut situer sa naissance. 

    Dans les Actes (VII, 58) il est présenté comme un jeune homme (neanias) et, en Philémon IX, comme un vieillard (presbytès). Il est vrai que ces notions sont très élastiques dans l'Antiquité. L'épisode des Actes (le jeune homme qui garde les vêtements de ceux qui persécutent Etienne) pourrait se situer vers 32-33 (deux ou trois ans après la crucifixion). Si, à ce moment Paul est un jeune homme entre 16 et 25 ans, il serait né entre 8 et 17. Rien ne peut nous permettre de le confirmer avec certitude.

    Son nom juif est Saül (Saulos) ; son nom de citoyen romain est Paul (Paulos), ce qui est un "cognomen". 

    On ignore son "nomen" et son "praenomen" si toutefois il s'est conformé à l'usage romain. Il est citoyen romain par "droit de naissance" (Actes XXII, 28). On ne sait rien de sa famille, sauf qu'il se montre fier d'être de pure lignée juive: "Circoncis à huit jours, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu, fils d'Hébreux" (Philip. III, 5). Il a appris un métier manuel, ce qui l'aidera à subsister dans son activité missionnaire. Il aurait été un tisserand de tentes. Selon les Actes, il a été envoyé à Jérusalem pour étudier chez le rabbin Gamaliel (Actes XXII, 3), ce qui ne concorde pas avec sa propre affirmation dans l'Épître aux Galates (1,22) où il nous dit que lorsqu'il vient à Jérusalem, trois ans après sa conversion, il est inconnu de visage aux communautés de Judée.

    Ayant vécu à Tarse toute sa jeunesse, il a côtoyé les adeptes des religions à mystères, notamment le culte de Sandam, nom tarsiote d'Héraclès. Sandam est un dieu censé mourir tous les ans et monter au ciel, donc de ressusciter tous les ans pour revenir sur la terre. Dans quelle mesure connaît-il ces religions à mystères? Il ne nous le dit pas. On ne peut que faire des suppositions. À Tarse, on est en terre grecque. Quelque chose de l'hellénisme a dû imprégner Paul comme les concepts de Dieu, de l'Esprit, du Seigneur, de la raison, de l'âme etc. certes il ne parle pas un grec classique. Il parle plutôt la langue vernaculaire, la "koiné", comme beaucoup d'auteurs de cette époque, ce qui a corrigé le jugement sur Paul et sa langue. Il n'en est pas moins foncièrement juif de caractère: "discuteur, ergoteur, subtil, retors dans la polémique, âpre et tenace".

    Comment Paul s'est-il converti ? Sans doute a-t-il rencontré des chrétiens qu'il a commencé par persécuter (1 Cor. XV, 9 et Gal. I, 13), probablement en exagérant lui-même cette attitude pour bien la faire contraster avec son zèle d'après sa conversion. Dans les Actes, la persécution par Paul prend encore une dimension plus ample. J'ai persécuté cette secte jusqu'à la mort (Actes XXII, 4). Paul ravageait la communauté, entrant de maison en maison ; et traînant hommes et femmes, il les livraient à l'emprisonnement (Actes VIII, 3).

    Puis un jour, il a été "saisi" par le Christ (Philip. III,12). Aussi évangélise-t-il, non par choix, mais par nécessité (1 Cor., IX, 16). Il nous raconte lui-même sa conversion. "Il faut s'enorgueillir ! C'est bien inutile pourtant j'en viendrai aux visions et révélations du Seigneur. Je connais un homme en Christ qui, voici quatorze ans, était-ce dans mon corps, je ne sais, était-ce hors de mon corps, je ne sais, Dieu le sait - cet homme fut enlevé jusqu'au troisième ciel... jusqu'au paradis et entendit des paroles inexprimables qu'il n'est pas permis à l'homme de redire" (II Cor. XII, 1-5).

    Ce passage confirme ce que Paul a déjà écrit quelques années auparavant: "Cet évangile que je vous ai annoncé n'est pas de l'homme ; et d'ailleurs ce n'est pas par un homme qu'il m'a été transmis ni enseigné, mais par une révélation de Jésus-Christ" (Gal. XIII, 11).

     "Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ" (Gal. I, 1). Ou encore: "Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l'évangile de Dieu" (Rom. I, 1).


    Son orgueil, toutefois, il doit le tempérer. C'est pour cela que Dieu l'a créé faible et souffreteux dans sa chair. De quoi souffle-t-il ? Nul ne le sait, encore qu'on ait imaginé de l'épilepsie aux hémorroïdes en passant par la lèpre, l'ophtalmie purulente ou simplement les rhumatismes. Tout ce qu'il nous dit, c'est que sa santé est parfois ébranlée: "nous avons été accablé au-dessus de nos forces, au point que nous désespérions de vivre" (II Cor. I, 8-11).


    Le récit de sa conversion prend une tout autre allure dans les Actes. Le merveilleux s'en mêle. Le rédacteur des Actes, consciemment ou inconsciemment, n'hésite pas à nous décrire trois fois cette conversion. Dans la première version, la conversion se passe sur le chemin de Damas - précision absente dans les Épîtres - Paul voit une lumière que ses compagnons ne virent pas, entend une voix que ses compagnons entendirent aussi: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ?"

    Paul en devint aveugle et il ne recouvrera la vue qu'après avoir reçu à Damas l'imposition des mains par Ananas (Actes, IX, 1-9). La deuxième version est semblable à la première, sauf que, cette fois, les compagnons voient la lumière, mais n'entendent pas la voix (Actes XXII, 6-16). Enfin il y a une troisième version selon laquelle la lumière ne rend plus Paul aveugle et où il est précisé que la voix s'exprime en hébreu. De plus le Seigneur lui annonce qu'il lui apparaîtra encore dans l'avenir (Actes XXVI, 13-16). Comment expliquer cette répétition, sinon par la règle générale que les rédacteurs des Évangiles et des Actes reproduisent les traditions orales assez fidèlement et ne se rendent pas compte que c'est la même tradition qui leur parvient par plusieurs sources différentes avec les modifications qu'implique toute transmission orale.

    Dans l'Épître aux Galates, Paul nous raconte ce qu'il a fait après sa conversion, à savoir son séjour en Arabie (Idumée), son retour à Damas, sa première visite à Jérusalem après trois ans, son installation à Antioche et enfin sa visite après 14 ans à Jérusalem en compagnie de Barnabé et de Tite. Paul se rend à Jérusalem parce qu'il est en but avec "les intrus, ces faux frères qui se sont glissés pour espionner la liberté que nous avons dans de Christ Jésus... gens auxquels nous refusâmes de céder, fût-ce un moment" (Gal. II, 4-5).

    Tite est venu du paganisme, il n'est donc pas circoncis et Paul entend ne pas imposer les lois juives à ces pagano-chrétiens. À Jérusalem, Paul rencontre les "notables' , Jacques le Mineur, le frère de Jésus, Képhas (Pierre) et Jean qu'il appelle un peu ironiquement "les colonnes". Il ne leur cède rien et obtient même leur accord pour continuer son activité envers les gentils à condition que les nouveaux convertis se souviennent des pauvres, c'est-à-dire les "saints" de Jérusalem. Tout semble réglé et lorsque Pierre vient à Antioche, celui-ci mange avec les païens convertis au christianisme jusqu'à l'arrivée de gens de l'entourage de Jacques. Pierre change d'attitude envers les païens convertis, comme d'ailleurs les autres juifs convertis dont Barnabé. Cela provoque la colère de Paul qui n'hésite pas à écrire: "Quand Pierre vint à Antioche, je lui résistai en face et à tenir un violent discours à son égard" (Gal. II, 11 et ss). 

    Ces adversaires, Paul les rencontrera à plusieurs reprises. Il s'agit de judéo-chrétiens qui ont organisé une mission dans des régions non évangélisées par Paul, mais aussi dans les régions qu'il a lui-même évangélisées, comme par exemple à Corinthe. Manifestement, ces judéo-chrétiens professent un autre évangile que celui de Paul.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:29

    B. L'évangile de Paul

    Paul n'a pas connu Jésus en personne. Il s'intéresse donc fort peu à ce qu'il a fait ou à ce qu'il a dit, par exemple au baptême, car il l'a connu d'une autre manière: en esprit. Ce qui l'intéresse, c'est le Christ ressuscité qui s'est révélé à lui dans sa vision extatique.

    L'homme Jésus est mort et son sang a apporté le salut à l'humanité, soumise au péché depuis le péché d'Adam, mais seulement consciente du péché depuis la révélation de la loi par Moïse. La révélation de la loi n'a pas suffi pour libérer l'homme du péché.

    "Que dirons-nous donc ? La Loi est le péché ? En aucune façon. Mais je n'ai point connu le péché, sinon par la Loi. Car je n'aurais pas connu la convoitise, si la Loi ne m'avait pas dit: Tu ne convoiteras pas... Car, sans la Loi, le péché est mort. Car autrefois, sans la Loi je vivais ; le commandement une fois venu, le péché prit vie, mais moi je mourus... Car nous savons que la Loi est spirituelle, mais je suis charnel, vendu au péché. Car je n'approuve pas ce que je fais parce que je ne fais pas ce que je voudrais, mais je fais ce que je hais. Or, si je fais ce que je ne voudrais pas, je reconnais que la Loi est bonne. Ce n'est pas moi qui le fais, mais le péché qui habite en moi." (Rom. VII, 7 et ss.).


    La mort de Jésus a été une rançon pour faire surabonder la grâce qui a vaincu le péché. C'est pourquoi, les hommes sont sauvés par la foi en Christ car c'est la foi seule qui les sauve et leur permet de ne plus pécher.


    Quant à Jésus, qui est mort sur la croix, Dieu, en le ressuscitant, l'a fait Christ, c'est-à-dire Seigneur, digne de siéger à ses côtés. Il est le premier à avoir connu la résurrection qui sera la condition de tous ceux qui croient en lui. Lorsqu'il viendra, et sa venue est attendue avant même que Paul ne meurt, il ressuscitera ceux qui sont morts et nous ressuscitera, nous les vivants, avec eux. Jésus n'est donc pas un prophète, ni même un Messie comme celui qui était conçu dans le judéo-christianisme. Par sa résurrection, il est devenu un être céleste, Seigneur du monde, après avoir accompli l'oeuvre de salut en tant que second Adam.

    Paul présente son évangile comme si c'était un nouveau mystère: "Voici, je vais vous dire un mystère (1 Cor. XV, 51). Je ne veux pas vous laisser ignorer ce mystère" (Rom. XI, 25).


    C'est peut-être l'influence du milieu dans lequel Paul a vécu, mais le mystère qu'il nous propose est d'une autre nature que les mystères païens, même s'il leur emprunte leur langage et leur mythe, comme le mythe du sang rédempteur (voir mystère de Dionysos) ou la distinction entre les charnels et les parfaits. "Mais moi, frères, je n'ai pas pu vous prêcher comme à des spirituels, mais comme à des charnels" (1 Cor. III, 1-2).


    Cette doctrine aura une influence considérable pour l'avenir du christianisme. Elle triomphera sur l'opposition du christianisme primitif de type judéo-chrétien, centré essentiellement sur l'attente imminente du Royaume de Dieu. Elle fera au cours du Ve siècle l'objet d'un débat passionné entre St Augustin et Pélage.

    À côté de notions qui sont sans doute étrangères à la prédication de Jésus, comme celle de la Rédemption par le sang de Jésus, nouvel Adam venant parfaire l'oeuvre de Dieu ou la croyance en une résurrection globale et imminente par laquelle les corps terrestres seront changés en corps célestes (1 Cor. XV, 40 et ss), nous trouvons dans les Épîtres de Paul des passages remarquables pour présenter une christologie soulignant la dimension divine du Christ sans faire du Christ, Dieu lui-même.

    "Il n'y a pour nous qu'un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes" (1 Cor. IV, 6).

    Ce Jésus-Christ que Paul appelle Seigneur est certes le Jésus de l'histoire, mais il est surtout celui que Dieu a élevé au rang de Christ (oint-Messie) par la résurrection. Paul prêche, en effet, l'évangile de Jésus, "issu selon la chair de la lignée de David, établi, selon l'Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d'entre les morts" (Rom, I, 3-4).

    Il n'est pas Dieu, mais son image; L'évangile est voilé pour les incrédules "afin qu'ils ne perçoivent pas l'illumination de l'évangile de la gloire du Christ, lui qui est l'image de Dieu" (2 Cor. IV, 4). "Nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens mais pour ceux qui sont appelés, tant juifs que païens, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu" (1 Cor. I, 24).

    Cette compréhension très importante de la nature du Christ sera encore renforcée dans des lettres attribuées à Paul, mais qui lui seraient postérieures selon beaucoup d'historiens. "Il est l'image du Dieu invisible, Premier né de toute créature.... Trônes et Souverainetés, Autorités et Pouvoirs... Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute la plénitude" (Col. I, 15 et Ss.).


    Cette lettre aux Colossiens, qu'elle soit de Paul ou non, est remarquable à bien des égards. Elle est en tout cas une évolution par rapport à la pensée primitive de Paul, lui qui croyait en une transformation des corps matériels en corps spirituels. Pour l'auteur de la lettre aux Colossiens, la résurrection a eu lieu, mais elle est la résurrection de la foi.

    "En lui vous avez été circoncis d'une circoncision où la main de l'homme n'est pour rien et qui vous a dépouillés du corps charnel... Et vous, qui étiez morts à cause de vos fautes et de l'incirconcision de votre chair, Dieu vous a donné la vie avec lui" (Col. II, 11 et ss.).

    "Du moment que vous êtes morts avec Christ, et donc soustraits aux éléments du monde, pourquoi vous pliez à des règles" (Col. II, 20).

    "Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ" (Col. III, 1).

    Remarquable aussi l'hymne cité dans la première lettre à Timothée:

    "Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible et unique, honneur et gloire pour les siècles des siècles" (1 Tim. 11).
    "Car il n'y a qu'un seul Dieu,qu'un seul médiateur aussi entre Dieu et les hommes, un homme: Christ Jésus" (1 Tim. II, 5).

    Les lettres de Paul ont pris place dans le canon des Écritures et son évangile a supplanté les doctrines judéo-chrétiennes qui n'ont laissé que des traces dans les écrits canoniques. 

    Les quelques textes typiquement judéo-chrétiens, qui ont survécu, ont été relégués au rang d'écrits apocryphes, et suggèrent une christologie qui a été appelée "en mineur", tandis que les lettres de Paul annoncent déjà une christologie "en majeur" qui s'imposera surtout grâce à la tendance johannique.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:29

    VII. Les dogmes

    A. Formation du dogme de la Trinité


    a. Introduction


    Le thème de la Trinité est, pour les baha'is, d'un intérêt évident. 

    Comment comprendre qu'il y a continuité de révélation entre Jésus, Muhammad, le Bab et Baha'u'llah et par conséquent, convergence de leurs doctrines respectives lorsque, dans le christianisme, on évoque le dogme de la Trinité comme une spécificité chrétienne plaçant cette religion sur un plan supérieur. Jésus-Christ, selon ce dogme, n'est pas un prophète comme les autres, ni un simple apôtre de Dieu, car il est partie intégrante de la réalité divine.

    Afin de tenter une élucidation de cette question, il m'a paru utile de présenter, dans une première partie, une étude historique montrant comment le contenu de la révélation de Jésus, tout à-fait conforme à la théologie juive, s'est, peu à peu, imprégnée de concepts philosophiques d'origine grecque pour aboutir après trois et quatre siècles d'interprétations souvent divergentes, à un énoncé dogmatique, sous forme de symbole de foi, définissant la nature et les rapports des trois entités de la Trinité. Il a fallu, pour cela, créer une institution qui n'existait pas à l'origine et qui s'est donné le droit de trancher entre le vrai et le faux, de dire ce qui était orthodoxe et ce qui était hérétique. 

    Cette institution fut celle du Concile des évêques, convoqués en 325, pour la première fois en concile oecuménique, par l'empereur romain qui, à l'époque, n'était pas chrétien, mais entendait mettre fin aux querelles qui opposaient les Églises chrétiennes sur les questions doctrinales. 

    De nombreux ouvrages d'historiens chrétiens et non-chrétiens ont été consacrés à une telle étude avec une foule de détails qu'un simple exposé ne peut retenir. Un exposé ne peut être que très sommaire et réduire la réalité à un minimum de notions.

    .
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:29

    b. La croyance actuelle

    Le dogme de la Trinité concerne la croyance en un Dieu en trois personnes, la deuxième personne ayant une double nature: 

    la nature divine et la nature humaine. 

    La deuxième personne, Dieu le Fils, a été engendrée, mais non créée par la première personne, Dieu le Père. 

    Ces deux personnes sont consubstantielles, c'est-à-dire partagent une seule et même nature ou substance. La deuxième personne, Jésus-Christ, n'en possède pas moins une nature humaine complète, c'est-à-dire un corps et une âme. Quant à la troisième personne, le Saint Esprit, elle procède uniquement du Père selon les Églises orthodoxes, du Père et du Fils selon l'Église catholique.

    Cette doctrine s'est élaborée progressivement au cours des quatre premiers siècles de l'ère chrétienne et n'a été définitivement formulée qu'en 451 lors du concile de Chalcédoine, sauf en ce qui concerne le "filioque" qui sera introduit plus tard par l'Église romaine et qui sera refusé par les Églises orthodoxes.

    Le concile de Chalcédoine consacre la division du monde chrétien sur la question trinitaire car les décisions doctrinales de Chalcédoine ont été contestées par la plupart des évêques ralliés autour de Jérusalem, d'Alexandrie et d'Antioche qui ont adopté le monophysisme.

    Entre-temps, en 424, les Églises d'Osrhoène et d'Adiabène s'étaient déjà séparées du patriarcat d'Antioche en adoptant une doctrine issue du nestorianisme. 

    Nestorius, évêque de Constantinople, soutenait que dans le Christ, il y a deux natures: une nature humaine, l'homme-Jésus né de Marie, et une nature divine. 

    Ces deux natures sont unies indissolublement mais "sans confusion et sans changement de l'une à l'autre". Marie ne peut donc pas être appelée la mère de Dieu (Theotokos), mais seulement la mère du Christ (Christotokos). 

    Le patriarche d'Alexandrie, Cyrille, qui était monophysite, obtint de Rome la condamnation de Nestorius par un synode romain qui ne prit pas la peine d'examiner le dossier. Rome cherchait à s'allier avec Alexandrie contre Constantinople.

    Comment le monde chrétien en est-il arrivé à cette situation ? 

    C'est le résultat des confrontations doctrinales entre les différents courants de pensées nés de l'interprétation des éléments contenus dans la révélation de Jésus. Il est donc nécessaire de repartir de ces éléments pour suivre l'évolution.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:30

    c. Textes neo-testamentaires.

    Ce sont les textes les plus anciens que nous possédions et ils doivent donc retenir notre attention. Ils sont encore suffisamment proches de l'époque à laquelle Jésus a enseigné pour y trouver la trace des courants primitifs et être considérés comme inspirés par l'enseignement originel. Néanmoins il faut se rendre compte qu'à l'époque de la rédaction de ces textes, plusieurs traditions étaient déjà en cours d'élaboration dans les communautés primitives de Jérusalem, d'Antioche, de Damas, d'Alexandrie de même qu'en Grèce et à Rome.

    En ce qui concerne les matériaux qui formeront le dogme de la Trinité, trois éléments doivent être examinés. Dieu, Jésus et l'Esprit saint.

    Dieu: Il semble que le problème de Dieu ne se pose pas. Il est le Père, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles. C'est une réponse constante aux tendances gnostiques qui posent le problème de la création par un démiurge opposé au Dieu bon. Ces tendances ont, en effet, une origine orientale issue des concepts dualistes opposant les principes du bien et du mal. Nous retrouverons la même formule dans les symboles successifs qui seront rédigés au cours des conciles pour affirmer la croyance chrétienne en Dieu, Père créateur.

    Fils: La question essentielle concerne le Fils, incarné par Jésus. Dans les textes neo-testamentaires, la christologie est abordée dans une optique binaire car l'Esprit saint n'y apparaît pas comme une personne distincte.

    Qui est Jésus ? C'est la question que se posent d'abord les Juifs dans les quelques années qui suivent sa crucifixion.
    Ils ne répondent pas tous de la même façon à cette question. On peut déceler au moins sept courants de pensée qui montrent une progression et une majoration dans la perception que les Juifs, devenus chrétiens, ont de Jésus.

    À l'origine, Jésus leur apparaît comme un prophète, celui qui était annoncé par Moïse. Ce prophète parle au nom de Dieu car il est animé par un esprit prophétique, un esprit de puissance et de guérison qui lui vient du Père et qui continuera à agir sur le monde après sa mort. Pour effacer l'échec de la mort, il est nécessaire de triompher de cette mort par la résurrection qui est un mythe présent dans tous les cultes à mystères de l'époque. Cela est possible, car Jésus n'est pas seulement un prophète, il est aussi le Seigneur (Kyrios), c'est-à-dire celui qui a le pouvoir.

    Le pouvoir que possède Jésus en tant que Seigneur est d'abord de révéler la volonté de Dieu ainsi que les commandements auxquels il faut obéir.

     C'est l'objet de l'Épître de Jacques qui eut pour auteur sinon Jacques lui-même, identifié par la tradition comme le frère de Jésus, en tout cas un juif ayant accepté Jésus comme le Messie à une époque où la frontière entre judaïsme et christianisme était à peine franchie. Ce pouvoir est encore plus grand aux yeux de Paul. C'est le pouvoir d'affranchir l'humanité du péché car la loi révélée par Moïse n'avait fait que "proliférer le péché" sans apporter la grâce qui peut triompher du péché (Épître aux Romains, V, 20).

    Pour les chrétiens d'origine juive, Jésus est avant tout le Messie, celui qui a reçu l'onction divine, investi tantôt du pouvoir royal, tantôt du pouvoir sacerdotal (voir Ière Épître de Pierre et Épître aux Hébreux). Ce Messie est parti pour revenir bientôt instaurer le royaume de Dieu sur la terre. La traduction grecque du mot hébreux "Mashiah" est "Christos", d'où l'appellation Jésus-Christ qui perdra sa signification originelle chez les Grecs auxquels le concept du Messie est étranger.

    À l'époque de la naissance du christianisme, des courants spécifiques s'étaient formés en marge du judaïsme officiel, comme le courant essénien. Pour certains de ces juifs, l'attente d'un Messie terrestre, royal ou sacerdotal, avait fait progressivement place à l'idée d'un Messie céleste, soit un ange ou un archange, tantôt Michel lui-même, tantôt plus grand que Michel, soit un personnage céleste agissant pour le compte de Dieu et que l'on appelle le "Fils de l'Homme" dans le judaïsme tardif (Daniel, Hénoch). Ces tendances survivront longtemps et seront à l'origine de croyances selon lesquelles Jésus n'était pas un homme véritable, mais un personnage céleste ayant pris l'apparence d'un homme.

    Très rapidement, Jésus a été perçu comme "Fils de Dieu".

     Ce n'est pas un concept nouveau car Dieu est avant tout le créateur, c'est-à-dire le père de toutes choses. La destinée véritable de l'homme est de devenir enfant de Dieu en accomplissant sa volonté. Celle-ci nous est transmise par les prophètes qui sont des fils de Dieu par excellence. Le récit de la naissance miraculeuse renforce cette idée comme s'il était nécessaire d'apporter une preuve matérielle à une croyance qui est d'ordre spirituel. Dans l'Évangile de Marc, qui, selon les exégètes, est le plus ancien des Évangiles, Jésus est le Rabbi (maître) et le Nabi (prophète)mais plus que le Messie, il est "ho huïos tou theou", le Fils de Dieu au sens sémitique de "Ben Elohim". Pour affirmer cette tradition, Marc n'a pas besoin de recourir au récit de la nativité, pas plus que Jean d'ailleurs, ce que feront Matthieu et Luc après lui.

    Le concept de Fils de Dieu est renforcé par le quatrième Évangile qui introduit la notion du "Verbe incarné", ce Verbe (Logos) qui est fils unique (monogénès) de Dieu. 


    On ne peut s'empêcher de chercher un parallèle avec le logos de Philon d'Alexandrie sans pour autant conclure que Jean s'en est inspiré. Dans ce judaïsme philonien, le monde n'est pas le seul fils de Dieu, ainsi que l'enseignaient les stoïciens. Il a un fils aîné, le Logos qui est l'intermédiaire entre Dieu et le monde et qui est le créateur de celui-ci.


    De toutes ces conceptions de Jésus, une idée importante se dégage. Jésus n'est pas seulement un personnage humain, il a en lui quelque chose de divin qui le place au-dessus de l'humanité et lui donne le pouvoir tantôt de sauver les hommes comme chez Paul, tantôt de préparer le monde à recevoir le royaume de Dieu ou même à déjà y entrer lorsque ce royaume est conçu comme spirituel dans les coeurs des hommes (voir Évangile de Jean). Car pour Jean, le salut se trouve bien plus dans la connaissance que nous apporte Jésus que dans sa mort et sa résurrection. Tous les matériaux sont réunis pour spéculer sur la nature du Christ Jésus. Les textes neo-testamentaires ne le font pas car leur but est de témoigner de la vie et du message de Jésus. Les spéculations viendront au cours des siècles suivants lorsque la foi fera place à la réflexion doctrinale.


    Quant au Saint-Esprit, il n'apparaît pas comme une troisième personne. 

    Le mot "personne" ne figure d'ailleurs pas dans les textes neo-testamentaires. Le Saint-Esprit est la puissance qui émane de Dieu ou de Jésus car Jésus l'a reçue de Dieu. C'est rarement un sujet qui agit par lui-même.

    On peut donc conclure qu'il n'est pas explicitement question de Trinité dans les textes neo-testamentaires. Mais il y a une triade qui s'articule sur Dieu, Jésus et l'Esprit saint et qui fournira des données à la spéculation ultérieure. 

    Celle-ci se réfère plus particulièrement à des passages comme: "La grâce du Seigneur Jésus, la charité de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient toujours sur vous" (Fin de la 2e Épître aux Corinthiens) ou la formule baptismale donnée par Matthieu, "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" (XXVIII, 19).

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:30

    d. Le deuxième siècle

    Ce deuxième siècle ne sera pas encore celui de la préoccupation trinitaire. 

    Les penseurs chrétiens, les Pères apostoliques, du début de ce siècle sont toujours concernés par deux grandes questions: la cosmologie et la christologie. 

    On est donc encore dans la mouvance néo-testamentaire par la rédaction de textes de même nature et dont certains sont acceptés comme inspirés au même titre que ceux qui seront retenus par le canon des Écritures pour former plus tard le Nouveau Testament.

    Les uns inclineront, à l'instar des Évangiles synoptiques, vers une christologie en mineur que l'on appellera "adoptianiste" qui fait de jésus un homme adopté par Dieu soit à sa naissance, soit à son baptême. Tel est le cas du "Pasteur d'Hermas" où Jésus apparaît comme un homme qui a mérité d'être élevé par son maître - Dieu le Père - au rang de fils par adoption, à côté de l'Esprit saint, fils par nature.

    La christologie en majeur (ou haute christologie ou christologie pneumatique) est mieux représentée. 

    Elle suit davantage les traditions des écrits johanniques ou pauliniens. C'est une christologie de la préexistence: "Le Seigneur Christ, qui nous a sauvés, est devenu chair, alors qu'il était d'abord esprit, ou encore Il est à la fois charnel et spirituel, engendré et inengendré ; dans l'homme: Dieu ; dans la mort: la vie véritable ; à la fois de Marie et de Dieu ; passible et en même temps impassible ; Jésus-Christ, notre Seigneur".

    La haute christologie finira par l'emporter car "il faut que nous pensions de Jésus-Christ ce que nous pensons de Dieu... Car, si nous pensons bassement de lui, nous n'aurons que de petites espérances".

    À cette époque, les systèmes gnostiques vont se développer. 

    Ces systèmes posent avec audace la question de la pluralité du divin. Du Dieu transcendant et inconnaissable, le Dieu-qui-n'est-pas de Basilide ou l'Abîme de Valentin, émanent une série de couples d'éons avec, au bas de l'échelle, le dieu de l'Ancien Testament, créateur d'un monde mauvais. Tous ces éons constituent le monde divin, le "plerôme".

    Ces spéculations amorcent la question trinitairemais elles sont trop aventureuses pour ne pas être rejetées avec vigueur par les Pères apologistes. 

    Ceux-ci empruntent à Philon sa théorie du Logos créateur.

     Dieu a créé le monde non point directement, mais par l'intermédiaire du Logos qui est sa raison subsistante. Le Logos n'a pas été créé car il existe de toute éternité, mais il a été engendré par Dieu. La distinction stoïcienne est maintenue entre le Logos immanent (endiothétos) et le Logos proféré (prophoricos), c'est-à-dire la pensée préexistante, prête à être formulée et la parole qui l'exprime au-dehors de Dieu en vue de la création.

     Leurs réflexions centrées sur la nature des relations entre Dieu et le Logos qu'ils ne distinguent pas du Saint-Esprit les éloignent déjà du prologue du quatrième Évangile par ce recours à la philosophie qui suppose l'idée d'un commencement pour le Verbe proféré.

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:31

    e. Fin du deuxième siècle

    Un groupe d'Orientaux fait son apparition à Rome. 

    Ils sont appelés les "alogès" car ils rejettent le Logos qui, à leurs yeux, soutient une christologie bithéiste ; ils entendent défendre le pur monothéisme, la monarchie divine . On peut séparer ces "monarchiens" en deux tendances: le monarchisme dynamique et le monarchisme modaliste.


    Pour le monarchisme dynamique, Jésus n'est qu'un homme accrédité par Dieu (Actes II, 22). 

    C'était remettre en question les acquis de la haute christologie. 

    Cette doctrine n'avait donc aucune chance d'être acceptée, elle fut rapidement condamnée par le pape Victor (189-198). Par contre le monarchisme modaliste avait plus de chances.

    La divinité s'est incarnée dans le Christ qui n'est autre que Dieu devenu chair. 

    Cette doctrine affirmait d'une part un pur monothéisme et d'autre part la pleine divinité du Christ. 

    Aussi fut-elle populaire auprès des masses car elle ne s'embarrassait pas de formules philosophiques compliquées. Ce schéma fut, semble-t-il, complété par Sabellius qui présente pour la première fois une formule vraiment trinitaire. 

    Dieu agit sous trois "prosôpa" successifs (figures, ou visages ou formes transitoires): Comme créateur et législateur, Dieu agit en tant que Père ; quand Il naît de Marie et meurt sur la croix, Il agit en tant que Fils et quand Il sanctifie et vivifie, Il agit en tant qu'Esprit. Il n'y a donc qu'un principe unique qui agit sous trois modes.

    Une telle conception s'éloigne des textes neo-testamentaires. Elle sera combattue par deux grands noms du troisième siècle, Tertullien et Origène.

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:31

    f. Le troisième siècle

    * Tertullien en revient à la règle de foi traditionnelle selon laquelle le Fils procède du Père et envoie à son tour l'Esprit.

     Il y a donc une économie divine avec une organisation interne de l'unité divine, donc une certaine pluralité, avec un développement qui en découle. La grande contribution de Tertullien est d'avoir inventé le vocabulaire qui sera retenu pour élaborer le dogme de la Trinité. 

    Tertullien est aussi le premier Père à parler le latin. 

    Pour parler de la nature constitutive de Dieu, il utilise le mot "substantia" (substance) qui traduit les mots grecs "ousia" et "hypostasis". 

    C'est l'unité divine.
    Celle-ci n'est cependant pas ramassée sur elle-même, elle s'organise, elle se déploie mais sans division ni opposition en la Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, car Tertullien est aussi le premier à utiliser le mot "Trinitas". Ce déploiement aboutit à la formation de trois "personae" (le masque, le rôle, la personne juridique, le sujet personne). C'est donc "trois formes individuelles découpées dans le tissu commun de la divinité".

    Le déploiement ne signifie pas qu'il y a une chronologie car il a toujours été. La source en est le Père de qui procède le Fils et le Saint Esprit. 

    Le Fils est donc consubstantiel au Père car il en est la parole que le Père ne profère cependant qu'au moment et en vue de la création. Le Fils est toutefois subordonné au Père car il n'est qu'une portion de la substance divine qui peut faire des choses que la transcendance divine ne peut pas faire, c'est-à-dire se rendre visible.

    Origène commence par la trinité des hypostases, contrairement à Tertullien qui partait de l'unité de la substance. 

    Hypostase n'a donc pas, chez Origène, le même sens que chez Tertullien. 

    Origène parle aussi de deux réalités concrètes (pragmata) lorsqu'il évoque le Père et le Fils. Le Père est l'être absolu et incompréhensible qui ne devient connaissable et intelligible que par son Logos. 


    Le Christ, en tant qu'incarnation du Logos, a une personnalité propre, mais le divin en lui ne résulte pas d'un partage de la substance divine, car celle-ci est immatérielle et ne peut donc pas être partagée. 

    Il y a donc génération spirituelle sans commencement. 

    La nature divine du Logos est celle du Père car le Fils et le Père sont un par "l'ousie", mais autres par hypostase. 

    En tant qu'hypostase, le Fils est subordonné au Père, car il est causé par lui ; le Fils apparaît donc comme un "second dieu". Cette subordination est encore plus marquée lorsque Origène évoque l'Esprit saint. Il y a donc une hiérarchie entre les trois hypostases. Le Père agit pour tous les êtres, le Fils pour les êtres raisonnables et l'Esprit uniquement pour les saints, c'est-à-dire l'Église (De Principiis I, III, 5).

    C'est donc dans le courant de ce troisième siècle que l'idée trinitaire triomphe en prenant place dans les symboles ou credos des Églises.

     Ces formules de foi du IIIe siècle cherchent toutefois à se débarrasser des aspects trop ouvertement philosophiques pour se rapprocher de la tradition. 

    De plus, elles n'ont pas encore le caractère d'un dogme car elles différent d'Église à Église et tous les théologiens n'ont pas nécessairement adopté la doctrine du Logos. Les courants modaliste et adoptianiste existent toujours. Il faudra une crise grave provoquant l'intervention de l'autorité impériale pour concevoir une réunion de théologiens responsables qui se donneront le droit de trancher entre "le vrai et le faux". 

    Ce ne sera pas chose facile car ces réunions, appelées conciles, se succéderont au cours des IVe et Ve siècles dans un climat de confrontation.

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:32

    g. Quatrième et cinquième siècles

    La crise grave qui déclencha tout le processus est la crise arienne. 

    Il n'est pas question ici de décrire les motifs et les péripéties de cette crise. Pour en faire un bref procès, l'arianisme reprend l'idée qu'il y a en Dieu un Logos immanent, propriété de Dieu. Le Fils n'est Logos que par participation. Les natures du Père et du Fils sont donc dissemblables (anomoioi). Pour régler le conflit qui oppose Arius à son évêque Alexandre, l'empereur Constantin convoque en 325 le concile de Nicée. Celui-ci condamnera l'arianisme et rédigera un nouveau credo qu'il est intéressant à comparer avec les symboles utilisés jusqu'alors, comme le symbole de Césarée.

    * Symbole de Césarée :

    Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes choses visibles et invisibles.
    Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Verbe de Dieu, lumière de lumière, vie de vie, Fils unique, premier-né de toute la création engendré du Père avant tous les siècles, par qui tout a été fait, lequel pour notre salut s'est fait chair et a habité parmi nous, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté vers son Père, reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts.

    Nous croyons en un Saint-Esprit.
    Nous croyons que chacun de ceux-ci existe véritablement, le Père, qui est véritablement Père, le Fils qui est véritablement Fils, le Saint-Esprit, qui est véritablement Saint-Esprit, ainsi que le Seigneur l'a dit en envoyant ses disciples pour la prédication: "Allez enseigner toutes les nations".

    * Symbole de Nicée :
    Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes choses visibles et invisibles.

    Et en un Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, "seul engendré du Père, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu" ; lumière de lumière, "vrai Dieu de vrai Dieu", engendré, non créé ; "consubstantiel au Père", par qui tout a été créé dans le ciel et sur la terre, qui est descendu du ciel pour nous et notre salut, s'est incarné ; s'est fait homme, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et viendra juger les vivants et les morts.

    Et au Saint-Esprit.

    Ceux qui disent: il y a eu un temps où il n'était pas, et il n'était pas avant d'être engendré, il est né du néant, ou qui soutiennent qu'il est né "d'une autre hypostase ou d'une autre substance", ou que le Fils de Dieu a été créé, qu'il n'est pas immuable, mais soumis au changement, l'Église catholique et apostolique les anathématise


    Sur le premier alinéa concernant Dieu le Père, il n'y a aucun changement car il y a continuité de doctrine en opposition avec le gnosticisme.


    Le symbole de Césarée ne comporte que des données neotestamentaires soulignant que Jésus-Christ est le Verbe de Dieu qui est la lumière, le Fils unique, le premier-né, l'agent créateur, qui s'est fait chair. 

    Le symbole de Nicée introduit une série de mots et de concepts qui sont soulignés dans le texte ci-dessus et qui ne se trouvent pas dans les Écritures. De plus, le Verbe de Dieu est remplacé par le Fils de Dieu. De ce fait c'est Jésus lui-même qui devient le Fils unique, le premier-né de la création, l'agent de la création. Jésus n'est plus seulement l'incarnation du Verbe éternel, mais un être éternel, consubstantiel au Père. Ce sont là, des interprétations découlant des écrits et des études de certains Pères, comme Tertullien. Il est donc naturel que les évêques ne se soient pas ralliés unanimement à cette nouvelle formulation.

    Le symbole de Nicée, pas plus que les symboles précédents, ne s'intéresse pas encore à la nature de l'Esprit saint.

    La fin du symbole de Nicée remplace radicalement la quatrième partie du symbole de Césarée qui exprimait la croyance déjà bien établie qu'il y avait trois êtres distincts sans introduire de concepts philosophiques pour les définir, comme le fait le symbole de Nicée en ce qui concerne le Fils. Il introduit dans le symbole une condamnation précise des propositions ariennes, mais aussi la notion d'identité entre hypostase et substance. Pour Nicée, il n'y a qu'une substance et qu'une hypostase, porte ouverte aux confrontations ultérieures.

    Cette introduction dans un credo de notions étrangères au Nouveau Testament était loin de satisfaire les évêques orientaux à qui l'empereur et son conseiller, Ossius de Cordoue, avaient quelque peu forcé la main pour adopter les canons du concile. Aussi, furent-ils nombreux à adopter des positions nuancées une fois rentrés chez eux. Ils digéraient mal le mot "consubstantiel" (homoousios) d'autant plus que ce mot avait été condamné en 264-268 au concile d'Antioche lors du procès de Paul de Samozate. Ce mot avait en effet un parfum de modalisme.

    On peu dire que le monde chrétien se divisa en quatre tendances:

    - les "nicéens radicaux" qui souscrivaient entièrement à la formule de la consubstantialité et qui eurent pour un temps la faveur de l'empereur.

    - les nicéens modérés, appelés "homéousiens", qui suggéraient de remplacer "homoousios" par "homoiousios" qui signifie de substance semblable et non de substance unique.


    - les ariens radicaux, appelés "anoméens" (anomoios, dissemblable) et partisans des doctrines ariennes.


    - les ariens modérés ou semi-ariens, appelés les "homéens", et qui suggéraient d'utiliser le mot "homoios" (semblable, mais sans référence à la substance).


    Ces derniers reçurent l'appui en 360, de l'empereur Valence, après la convocation d'un concile à Constantinople qui adopta cette formule. Ce concile n'est plus reconnu par l'Église catholique parce que "hérétique". La formule fut néanmoins imposée à tous les évêques de l'empire et l'évêque Wulfila, formé à cette doctrine, partit évangéliser les peuples de langues germaniques (Ostrogoths, Wisigoths, Vandales, Burgondes) qui adoptèrent ainsi un christianisme arien qui finit par se répandre plus tard dans tout l'Occident, y compris à Rome.

    À l'empereur Valence, succéda Julien, l'apostat, qui rétablit la pluralité des cultes, avec une préférence pour les cultes païens et amnistia les évêques qui avaient refusé la formule homéenne.

     Alors régna la plus grande confusion, car dans plusieurs villes il y avait plus d'un évêque et donc plusieurs églises chrétiennes. C'est pour mettre fin à cette situation que l'empereur Théodose, nicéen convaincu, décréta en 381 que toutes les églises devaient revenir aux évêques nicéens. 

    Comme l'empereur se rendit compte qu'un édit ne suffirait pas, il convoqua le concile de Constantinople où les évêques de Cappadoce jouèrent un rôle de conciliation

    Ils proposèrent de conserver la notion de consubstantialité, chère aux nicéens, mais en la corrigeant par l'idée de trois hypostases, chère aux évêques orientaux. Cette formule fut acceptée et un nouveau symbole de foi fut adopté qui ne se trouve pas dans les actes du concile mais qui sera rappelé plus tard à Chalcédoine. Comme le texte qui suit se trouve déjà dans un écrit de 374, on doit en conclure que le concile a adopté un texte rédigé 7 ans plus tôt

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