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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Initiation à l'étude des religions du Livre

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:10

    Initiation à l'étude des religions du Livre


    Chapitre I: Histoire d'Israël

    Selon l'Ancien Testament, Israël est l'ensemble de douze tribus. Le nom est présenté sous la forme d'une personnification d'un personnage dont le nom, Jacob, est changé en Israël et qui apparaît comme étant le père des douze ancêtres des tribus (Gen. XXXII,29). Il est toutefois impossible de reconstituer l'histoire du nom. Celui-ci est composé du nom El et d'un terme sémitique signifiant "lutte".

    Isaac, fils d'Abraham, prit Rebecca pour femme et enfanta à l'âge de 60 ans deux enfants jumeaux: Esaü qui naquit le premier, suivi de Jacob (Gen. XXV). Jacob épousa deux soeurs: l'aînée, Léa, qui lui donna six fils et la cadette Rachel qui lui donna deux fils. En outre Jacob eut deux fils avec Bala, la servante de Rachel et deux fils avec Zephara, la servante de Léa (Gen. XIX-XXV,18).

    La plus ancienne mention du nom "Israël" apparaît sur une stèle dans la nécropole des pharaons à Thèbes (se trouve maintenant au Musée égyptien du Caire). Sur cette stèle, il y a 27 lignes à la gloire du Pharaon Menephta (-+1225) s'emparant de quelques villes palestiniennes et détruisant "Israël". À côté du mot "Israël" se trouve le signe idéographique de "peuple étranger".


    I. Situation avant la constitution de la Ligue des douze tribus

    A. Nos sources


    En dehors de l'Ancien Testament, nos sources sont peu nombreuses.

    1. Textes égyptiens de la XIIe dynastie (vers 1.800 av. J.C.) sur tessons d'argile mentionnant les ennemis de l'Égypte, notamment ceux de l'Asie voisine: la Palestine, la Phénicie. On y trouve des indications d'ordre ethnique, des noms de princes et de localités.

    2. Textes de Mari: Ce sont les archives des rois de Mari (ancienne ville du moyen Euphrate), contenant des textes juridiques et économiques, ainsi que la correspondance politique des rois de Mari avec leurs voisins proches ou lointains. Ces renseignements concernent la Syrie, mais pas la Palestine.

    3. Textes d'Amarna (400 tablettes trouvées en 1887) dans les restes d'une résidence du pharaon Amenophis IV (1375-1358). Il s'agit de la correspondance du Pharaon et de son prédécesseur avec les peuples d'Asie, écrite en caractères babyloniens sur tablettes d'argile. On y trouve des renseignements détaillés sur la politique, les événements contemporains, les populations et la vie en Palestine et en Syrie. C'est l'une des sources importantes de la préhistoire d'Israël.

    4. Textes de Ras-Shamra (découverts en 1929-1939 dans les ruines de l'ancienne ville d'Ugarit sur la côte en face de Chypre). L'écriture est cunéiforme alphabétique (29 caractères). On est assez loin d'Israël ; on y trouve donc peu de renseignements directs sur Israël même, mais une information utile pour comprendre le milieu préhistorique.

    Nous devons donc prendre la plupart de nos informations dans les récits de l'Ancien Testament. L'histoire de l'Ancien Testament est elle-même très complexe.


    B. Les textes bibliques

    a. Récits yahvistes


    (Dieu y est appelé YHVH, Yahvé):

    Ces premiers récits furent sans doute mis par écrit vers le milieu du Xe siècle, à l'époque de Salomon, dans le Royaume du Sud. Ils débutent par les traditions sur la création du monde, traditions empruntées aux grandes épopées mésopotamiennes. Ils retracent ensuite l'histoire jusqu'à celle des Royaumes de David et de Salomon, en passant par l'histoire des Patriarches, des douze tribus et des peuples voisins. Dieu est très humain et souvent présenté comme un homme, quoique tout autre, car il commande et le péché de l'homme, c'est de désobéir et de vouloir se prendre pour Dieu. Cela lui attire la malédiction divine. Toutefois Dieu est toujours prêt à pardonner.

    Il faut remarquer qu'à l'époque des Patriarches, Dieu n'est pas encore appelé Yahvé, mais est évoqué sous le vocable "El", nom générique signifiant "dieu" ou "divinité". C'était aussi le nom du chef du panthéon des dieux de Canaan. Il se retrouve dans des noms donnés par les Patriarches pour évoquer le dieu qu'ils vénéraient:

    El-Chaddai: le dieu de la montagne,
    El-Elyon: l'Exalté
    El-Olam, dieu de l'Éternité ou l'Éternel.

    On le retrouve aussi dans de nombreux noms de lieu comme Bethel, la maison de Dieu et aussi dans Israël.

    Le nom de Yahvé a été révélé à Moïse: "Je suis Yahvé. Je suis apparu à Abraham, Isaac et Jacob, mais sous mon nom de Yahvé, je ne me suis pas fait connaître d'eux" (Exode 6:3).

    Sources possibles du récit yahviste:

    * Épopée d'Atra-Hasis (le très intelligent) dont une copie datant de 1600 av. J.C. fut trouvée à Babylone. Elle nous raconte que les dieux fatigués par toutes les corvées qu'ils ont à assumer ont créé l'homme avec de l'argile mélangée avec le sang d'un dieu égorgé. Mais l'humanité prolifère et fait tellement de bruit que les dieux lui envoient des fléaux et finalement le déluge pour l'anéantir. Mais Éa avertit un homme qui construisit un bateau et y fit monter un couple de tous les animaux.

    * Poème Enouma Elish (Lorsqu'en Haut) (datant de 1100 av. J.C.): Au début de tout, il y avait deux principes sexués, Apsou, les eaux douces, et Tiâmat (tehôm, l'abîme), les eaux salées de la mer. De là sortirent les dieux que Tiâmat voulut tuer. Mardouk vainquit Tiâmat et la sépara en deux comme une huître pour en faire la voûte céleste. Puis Mardouk créa l'homme à partir du sang d'un dieu révolté.

    * Épopée de Gilgamesh, écrite à l'époque de Sumer, puis développée en Assyrie et en Babylonie ; elle fut recopiée en Palestine et chez les Hittites. Gilgamesh qui a vu mourir son ami Enkidu découvre l'horreur de la mort et cherche la plante d'immortalité. Quand il l'a découverte, elle lui est dérobée par un serpent et Gilgamesh doit se résigner à mourir.

    b. Récits élohistes

    Dieu y est appelé Elohim, pluriel de El, dieu principal des Cananéens tel qu'il apparaît dans les textes d'Ugarit au côté de Baal, dieu de l'orage et de la pluie, et de sa soeur Anat (Astarté), déesse de la guerre. Cette histoire sainte fut rédigée vers le milieu du VIIIe siècle dans le Royaume du Nord. Les anciennes traditions sont réécrites d'une manière moins vivante car Dieu est tout autre que l'homme. Il ne peut se manifester qu'au travers de songes ou par des théophanies. D'où l'importance des prophètes dans ces récits.

    c. Tradition deutéronomiste

    Après la chute de Samarie en 722, des lévites se réfugient à Jérusalem ; ils apportent avec eux les lois rédigées dans le Royaume du Nord. Ils les organisent et les complètent. C'est la première version du Deutéronome. Sous le roi impie Manassé, le livre deutéronomiste tombe dans l'oubli. Déposé au Temple, on le retrouve en 622 sous le règne de Josias, dans la version actuelle.

    Vers 700, les deux versions Yahviste et Elohiste sont fusionnées à Jérusalem, une fusion qui est plus qu'une simple addition des deux textes, mais qui donne l'occasion de compléter et de développer les traditions. La nouvelle version ainsi créée prend le nom de "jéhoviste".

    d. Tradition sacerdotale: (livres des prêtres)

    Elle débute pendant l'exil à Babylone dans les années 587-538. Les prêtres relisent les anciennes traditions et complètent les anciens textes. Cette oeuvre semble être achevée vers 400. La version finale des cinq premiers livres de l'Ancien Testament est généralement attribuée au prêtre Esdras.

    e. Classement des livres

    Pour les Juifs, ces premiers livres portent le nom de Torah (la loi). À la suite de ceux-ci, nous trouvons les livres attribués aux prophètes de Juda et d'Israël, appelés Neviim, puis finalement les autres livres, appelés ketubim. Si nous réunissons la première lettre de ces trois mots, TNK, nous formons le mot Tanak qui est le nom de la Bible en hébreu.

    Ce classement a été adopté par la Bible oecuménique (TOB), avec à la fin les livres qui ne sont reconnus que par les catholiques sous le nom de "deutérocanoniques": Baruch, Ecclésiastique ou Siracide, Judith, 1er et 2e Macchabées, Sagesse.

    La plupart de ces livres ont été écrits en hébreu sur des rouleaux de papyrus, sauf quelques rares passages en araméen. À l'origine les voyelles étaient absentes laissant la place à plusieurs lectures. Ce n'est qu'à partir du VIIe siècle de notre ère que des savants juifs, appelés massorètes, ont fixé le sens du texte en ajoutant des points au-dessus ou en dessous des consonnes à titre de voyelles.

    Au cours des derniers siècles avant l'ère chrétienne, ces livres ont été traduits en grec pour l'usage des Juifs de la diaspora qui ne parlaient plus l'hébreu ou l'araméen. Les plus anciennes sont les traductions d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion. La traduction la plus célèbre est appelée "la Septante". Selon la légende, elle a été réalisée par 72 savants appelés à Alexandrie et qui, travaillant séparément, ont produit la même traduction (IIIe siècle Av. J.C).

    Les originaux de ces traductions ont disparu car ils étaient aussi écrits sur des rouleaux de papyrus qui est une matière peu résistante au temps, sauf des fragments souvent très courts retrouvés dans les fouilles archéologiques. Lorsqu'un rouleau était détérioré par l'usage, on le recopiait. À partir de la fin du troisième siècle, on utilise un nouveau matériau, le parchemin, beaucoup plus résistant. Les textes sont recopiés sur des feuilles (recto verso) reliées en codex. Les deux plus anciens manuscrits conservés de cette manière datent du quatrième siècle de notre ère. Nous ne possédons donc que des copies de copies.

    * Les livres traduits en grec ont été classés en quatre parties:

    Le Pentateuque, les livres historiques, les livres prophétiques, les livres sapientiaux. Ce classement a été adopté par la plupart des bibles chrétiennes.

    D'autres versions parmi les plus anciennes ont été faites en syriaque, en copte et en latin (notamment la célèbre "Vulgate", traduction de Saint Jérôme (fin IVe-début Ve siècle).
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:11

    II. Histoire antérieure à la constitution de l'État d'Israël

    Le territoire qui deviendra plus tard le royaume unifié d'Israël sous Salomon et qui est d'abord connu sous l'appellation "pays de Canaan", n'est pas peuplé de peuples sédentaires, mais de nomades, aux âges:

    - de l'ancien bronze (IIIe millénaire av.J.C.),
    - du bronze moyen (2000-1600),
    - du bronze récent (1600-1200).

    Le pays était déjà peuplé de populations pré-cananéennes avant l'âge du bronze, comme le suggèrent les noms de lieux et de villes au vocable non sémitique. Nous sommes fort peu renseignés à leur sujet. Aux XIXe et XVIIIe siècles, le pays connaît une vague de conquérants sémitiques dont nous ne connaissons pas les noms. Au XIVe siècle arrivent les "Houri", dont l'A.T. nous a conservé le nom sous la forme "horites". Ils ne sont ni sémites, ni indo-européens. Leur langue s'apparente à celle des "Ourartou" qui habitaient les montagnes de l'Arménie. Des petits groupes indo-européens s'installent également sur le territoire. À cette époque, un empire "Hyksos" s'étendait du Moyen-Orient jusqu'aux frontières de l'Égypte.

    Ces Hyksos dominent la population locale dans des villes souvent fortifiées constituant autant de petits royaumes, entre lesquels il y a de vastes étendues de culture non occupées. Lorsque les "Hyksos", après avoir envahi l'Égypte, en furent refoulés, ils perdirent leur puissance à la suite des incursions que firent les Égyptiens en territoire syro-palestinien. À l'empire "Hyksos" succéda l'empire "hittite", peuple sémitique. Ces peuples sont divisés en de multiples clans parlant des dialectes cananéens. L'un d'entre eux (un dialecte tardif de Juda) deviendra la langue commune dans laquelle seront écrits la plupart des livres de l'Ancien Testament. Elle sera appelée hébraïque dans le Nouveau Testament. Cette langue a dû succéder à un ancien araméen, parlé par des gens qui ne sont pas encore enracinés dans le pays.

    À partir du XIIIe siècle av. J.C., on assiste à une migration de plusieurs peuples qui s'établissent dans le pays de culture, c'est-à-dire dans l'espace resté libre entre les anciennes villes cananéennes. Certains de ces envahisseurs traversent l'Asie Mineure et balayent les Hittites sur leur passage. Ils longent la côte syro-palestinienne et se dirigent vers le Sud. D'autres viennent du Sud se dirigeant vers le Nord. D'autres peuples encore arrivent de la Grèce et de ses îles. Ils sont évoqués dans les textes égyptiens comme "peuples de la mer". Parmi eux, les Philistins s'établirent le long de la côte et donnèrent le nom au pays, la Palestine.

    C'est à cette époque que des familles et des clans sémites ont commencé leur migration vers le territoire syro-palestinien. Parmi ces migrations, il faut relever celles qui sont associées à l'histoire des Patriarches et ensuite à la sortie d'Égypte.


    A. Histoire des Patriarches

    C'est une des traditions vivantes de ce qui sera plus tard la Ligue des douze tribus d'Israël. Elle a comme arrière-plan un phénomène historique mais ne se trouve racontée qu'une fois les douze tribus installées sur le territoire d'Israël au temps des rois David et Salomon. Les Patriarches devinrent les héros de légendes locales et les fondateurs de cultes pratiqués dans les lieux consacrés par la réception des promesses divines: tels les sanctuaires de l'Arbre à l'Est de Sichem (Gen XII, 6 ; XXXV, 2, 4), le lieu saint de Bethel (Gen. XII, 8 ; XIII, 3 ; XXVIII, 11-22 ; XXXV, 1, 3, 5, 7), le sanctuaire de Bersabée (Gen. XXI, 22 ; XXVI, 23 ; XLVI, 1-4), le térébinthe sacré de Manré près d'Hébron (Gen. XIII, 18 ; XVIII, 1). Or ces Patriarches ne vivaient pas encore dans les terres de culture, mais sous la tente. Les traditions de théophanies et les promesses divines remontent donc à cette époque antérieure à l'occupation des terres de culture. Elles furent dès lors transplantées ultérieurement pour se fixer dans les sanctuaires sacrés d'Israël.


    B. La sortie d'Égypte

    Il est certain que des sémites s'étaient établis en Égypte et y avaient été exploités par les pharaons. La Bible nous le raconte par la tradition relative à Joseph vendu par ses frères. On peut dater ce séjour des sémites en Égypte au XIIIe siècle avant J.C.

    À l'époque d'Amarna et par la suite, un élément de la société qui n'était ni la classe féodale, ni la vieille population indigène, a dû jouer un certain rôle. Dans l'écriture cunéiforme des tablettes d'Amarna, ce groupe est représenté sous un symbole de deux signes syllabiques SA.GAZ que l'on retrouve en syllabes phonétiques dans une lettre du seigneur Abdihipa de Jérusalem, sous la forme "Habiru" qui doit correspondre au mot "Hébreux" de l'Ancien Testament. Ces Hébreux sont connus dans les documents de l'ancien Orient: en Babylonie, chez les Hittites en Syro-Palestine et chez les Égyptiens des XIXe et XXe dynasties sous la forme "pr". Il ne s'agit pas d'un peuple, mais de gens d'une certaine condition sociale, notamment des gens soumis à des corvées.

    Sous Séti Ier (1319-1301), la population du Goshem fut réduite en esclavage. Le pays de Goshem, situé dans le delta du Nil, avait accueilli les fils de Jacob. Selon les annales de Ramsès II, Séti Ier occupa les nouveaux esclaves à construire la forteresse de Pitom, près du Lac Timsah, et à reconstruire la ville de Tanis pour en faire la nouvelle capitale de l'empire égyptien. Sous Ramsès II, les "pr" traînaient des pierres servant à la construction de la grande forteresse de la ville de Ramsès, le bien-aimé d'Amon. Sous Ramsès III, les "pr" étaient installés dans la ville d'Héliopolis. Sous Ramsès IV, on les retrouve parmi les ouvriers des carrières.

    On ne peut trouver grand-chose dans les documents historiques concernant cette sortie d'Égypte sous la conduite de Moïse. Le récit miraculeux du passage de la mer Rouge nous est donné par la tradition sacerdotale. C'est donc un récit très tardif. La tradition ancienne parle seulement d'un endroit se trouvant "près de la mer". Il y a donc un fondement historique. L'archéologie ne permet pas non plus de retracer avec certitude l'itinéraire qu'auraient suivi ces "Hébreux". Les spécialistes nous présentent quatre itinéraires possibles. La question est loin d'être tranchée.

    Quant au rôle de Moïse, seule la tradition religieuse nous rend compte de l'événement "car aucun document datant de son époque, pas une stèle, pas une bribe de preuve, n'ont été découverts qui authentifieraient son historicité".

    Pour les historiens modernes, la personne historique de Moïse n'est pas mise en doute, mais il n'aurait été qu'un remarquable chef de nomades pénétrant en terre cananéenne par le sud avec les clans qui formeront les tribus de Lévi, Siméon et Juda. Son influence religieuse sur ces tribus se serait étendue par la suite, après sa mort, sur les autres tribus et la tradition en aurait fait le fondateur et le législateur de la religion juive.


    C. La révélation du Sinaï

    La tradition religieuse associe à la sortie d'Égypte un autre événement qui a marqué l'histoire. Cet événement est connu sous le nom de "Révélation du Sinaï" et fait aussi de Moïse le médiateur de cette révélation. Dans le récit biblique, Moïse s'est sauvé d'Égypte en raison du meurtre d'un égyptien qui maltraitait un "Hébreu". Lors de cet exil, Dieu lui est révélé par une voix sortant d'un buisson ardent, lui annonçant son nom nouveau "Yahvé" (Je suis celui qui est) et lui enjoignant de retourner en Égypte pour délivrer son peuple. Moïse réussit à faire sortir les Hébreux d'Égypte pour les conduire dans la Péninsule du Sinaï.

    Lors du séjour des Hébreux dans le Sinaï, les dix commandements sont révélés à Moïse, ainsi que les fondements de la loi.

    Pour Martin Noth, on ne peut nier que l'événement de la révélation du Sinaï est basé sur un fait réel bien que mystérieux. On ne peut pas savoir où il s'est passé exactement. La tradition ancienne du Pentateuque parle du Sinaï, tandis que le récit deutéronimiste parle du mont Horeb. Si le Sinaï est la tradition ancienne, il ne faut pas pour autant l'associer à la péninsule qui aujourd'hui porte ce nom et où se trouve le Djebel Mousa (2244m) ou le Djebel Katerin (2602m). Ce n'est qu'à partir du VIe siècle apr. J.C. que cette association se fait, donc à l'époque byzantine. Certains pensent que l'événement a dû se passer quelque part dans le Nord-Ouest de l'Arabie, en territoire madianite (là où la tradition place le séjour de Moïse, lorsqu'il se sauva d'Égypte et où il eut la révélation du nom de "Yahvé"). C'est loin d'être certain, car l'association entre Madianites et Israélites (Ex. III, Num., X,29) est postérieure à la tradition ancienne.

    Par contre la description de l'environnement que nous trouvons dans Ex. XIX et Ex. XIII (le Sinaï fumait comme un four de fonderie, Yahvé descendit sur lui dans le feu, une colonne de nuages et de feu servait de guide) fait penser à une région volcanique. Une telle région ne se trouve pas dans la péninsule du Sinaï, mais par exemple en Arabie du Nord-Ouest où des traditions de l'A.T., en dehors du Pentateuque, parlent de la région de Seir en association avec le Sinaï. Cette région se situe dans les montagnes à l'est du wadi el araba (là se trouve le Mont Pharam) entre la Mer Morte et le golfe d'El Akaba (Dt. XXXIII,2). On trouve la "sortie de Seir" à côté de la "venue de Yahvé du Sinaï". Dans Jug.V, 4, la "sortie de Seir" est suivie de son "arrivée dans les champs d'Édom".

    C'est à cette occasion que l'Alliance a été renouvelée entre Dieu et le peuple. "Ce pacte signifiait la soumission du peuple à la domination du Dieu qui leur était apparu et à la reconnaissance des prétentions de ce Dieu à être adoré à l'exception de tout autre".

    Cette alliance constituait la clause essentielle du pacte sinaïtique, et les lois qui en font partie sont des ajouts postérieurs.

    Cette révélation se serait faite dans des temps très reculés, avant la sortie d'Égypte. Lorsque plus tard les familles et les clans se sont trouvés rassemblés en Palestine et formèrent une ligue de tribus, les différentes traditions qui avaient marqué quelques groupes se seraient amalgamées en un seul récit et imposées à l'ensemble des tribus.

    Quoi qu'il en soit de la personnalité de Moïse, historique ou mythique, sa figure domine les livres du Pentateuque. Il n'existe nulle part ailleurs et à cette époque d'écrits de cette envergure. Tous les autres peuples des environs qui eurent une histoire tout à fait semblable, connurent les mêmes développements, ne laissèrent aucune trace de leur existence, si ce n'est quelques mentions égyptiennes et leur évocation dans le récit biblique lors des relations souvent belliqueuses avec les tribus d'Israël.


    D. La Ligue des Douze Tribus

    De toute manière, ces peuples sémitiques qui s'installent dans le pays de culture entre les villes cananéennes fortifiées, sont organisés en famille, voire en clans. Généralement l'installation se fait en principe sans heurt avec la population cananéenne des villes. Dans d'autres cas rapportés par la tradition, il fallut s'installer par la force. Parfois, pour obtenir la tranquillité, certains clans acceptent de se mettre au service des élites cananéennes (tribus d'Issachar, Zabulon, Aser qui se fixèrent dans la plaine de Jesreël et Acco).

    Aux yeux des Israélites, les Cananéens représentent un peuple étranger. Leurs moeurs et leurs dieux sont inacceptables. Les Cananéens vénèrent Astarté, grande Déesse Mère de la fécondité et d'un jeune dieu représentant la végétation dans ses apparitions et disparitions annuelles. Cela était fêté par une "noce sacrée" où figuraient des représentants de la divinité, en une sorte de prostitution sacrée. À ce culte s'ajoutait celui de Baal, en ses multiples représentations locales. Les Israélites ne pouvaient accepter ces cultes, surtout la vénération de divinités féminines. Aussi les Cananéens sont présentés comme des hommes pervers, lubriques, dépravés et sans pudeur. Toutefois les rapports de bon voisinage ne sont pas exclus et les moeurs cananéennes ne seront pas sans exercer une influence sur la vie des Israélites, surtout lorsqu'ils fonderont eux-mêmes leurs propres villes.

    Les clans vont se rassembler en tribus et les tribus se confédérer en ligues appelées "amphictyonies". À l'origine, il y eut sans doute des groupes sénaires dont certains ont subsisté comme tels. Il est vraisemblable que les tribus de "Léa" ont formé un premier groupe de six (Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Zabulon et Issachar). Ultérieurement ce groupe a incorporé d'autres tribus pour former un groupe de 12. C'est sans doute à cette occasion que disparut la tribu de "Lévi" et qu'apparurent les tribus de Manassé et d'Ephraïm, prenant la place de l'ancienne tribu de Joseph.

    Outre les douze tribus qui forment l'amphictyonie qui portera le nom d'Israël, nous trouvons d'autres ligues comme celles de 12 tribus araméennes (Gen.XXII, 20-24), de 12 tribus édomites (Gen. XXXVI, 10-14) et de 6 tribus horites (Gen. XXXVI, 20-28). Une telle amphictyonie ne constitue pas un état, chaque tribu restant indépendante. Elles se rassemblent néanmoins autour de sites sacrés comme Sichem, Bethel et Silo, liens véritables entre elles. À Silo, un temple fut même édifié et il semble qu'Éli et ses fils y faisaient déjà fonction de prêtres. Dans la guerre contre les Philistins, l'Arche fut accompagnée par les fils d'Éli, preuve que la fonction était déjà héréditaire.

    Nous trouvons la liste des douze tribus formant l'amphictyonie d'Israël sous deux formes. La première se trouve dans Gen. XXIX, 31 et 30, 24 et dans les bénédictions de Jacob (Gen. XLIX, 1-27) ; la seconde dans Nomb. XX, 4. En outre dans Nomb. XXVI, 4-51 nous trouvons la liste des clans appartenant aux tribus. De plus nous trouvons une description des tribus dans Jos. XIII - XiV, 21 reproduisant une ancienne délimitation des frontières (voir aussi Juges I, 21, 27-35).

    a. 1er groupe: Tribus de Léa

    1ère forme - 2ème forme
    -----------------------
    Ruben - Ruben
    Siméon - Siméon
    Lévi - Gad
    Juda - Juda
    Zabulon - Zabulon
    Issachar - Issachar

    b. 2e groupe: Tribus de Rachel

    1ère forme - 2ème forme
    -----------------------
    Joseph - Manassé
    Ephraïm - Ephraïm
    Benjamin - Benjamin

    c. 3e groupe (Bala, servante de Rachel) :

    1ère forme - 2ème forme
    -----------------------
    Dan - Dan
    Nephtali - Nephtali
    (Zelpha, servante de Léa) Gad - Gad
    Aser - Aser

    À l'Est, dans la Transjordanie, nous trouvons d'autres tribus également sémitiques:
    * les Édomites au Sud du Wadi el-Hesa.

    * les Moabites entre ce Wadi et l'Arnon.

    * Au Nord de l'Arnon, une série de petites villes-royaumes.

    * Au Nord Ouest de Moab sur le cours supérieur du Yabbok, les Ammonites (actuellement Amman).

    * Au Nord des Ammonnites, les Araméens qui deviendront plus tard un empire important (région de Damas).

    "L'originalité d'Israël n'a pas consisté au début dans un culte particulier et unique en son genre, pratiqué au sanctuaire central, mais en ce qu'il était soumis à une loi divine, lue à intervalles réguliers à la réunion des tribus, et à laquelle Israël promettait fidélité dans des pactes sans cesse renouvelés. Ceci explique pourquoi l'unique fonction pan israélite dont nous parle expressément l'A.T. depuis les temps les plus anciens n'ait pas été un sacerdoce, mais un corps juridique".

    Ce corps était constitué de "petits juges" dont nous trouvons la liste dans Jug. X, 1-5 ; XII, 7-15. Il faut distinguer ceux-ci des "grands juges", dont le livre des juges nous raconte l'histoire. Ces derniers n'étaient pas de vrais juges mais des chefs charismatiques de tribus dirigeant les guerres qui éclataient. Les rédacteurs deutéronomistes les firent entrer dans la liste des juges parce que l'un d'eux, Jephté, avait en même temps appartenu à la liste des "petits juges" que seule la tradition ancienne connaissait.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:16

    III. Constitution de l'État d'Israël

    La tradition rapporte que Gédéon, après sa brillante victoire sur les Madianites, avait été invité à devenir souverain héréditaire sur Israël, mais il avait répondu: "Je ne veux pas dominer sur vous, ni mon fils ne doit dominer sur vous ; c'est Yahvé qui doit dominer sur vous" (Juges, VIII, 22-23) . Ces paroles ont sans doute été insérées au moment où la royauté était déjà instaurée et à titre de critique de l'état de choses existant.

    Israël a dû finalement accepter la monarchie en raison de la modification des données politiques. Israël en tant que collectivité se voit menacé dans son existence par la montée en puissance du peuple philistin qui cherche à obtenir la suprématie sur la région. Les conflits avec les Philistins vers l'an 1000 se transformèrent en une véritable guerre où les Israélites furent vaincus et l'Arche sainte tomba aux mains de l'ennemi.


    A. Saül

    C'est pour cela que l'on fit appel à Saül, fils de Kis, un Benjamite. La tradition rapporte que Saül eut une rencontre avec le prophète Samuel qui lui donna l'onction en qualité de "nagid" (chef désigné) (I Sam., XI). C'est en cette qualité que Saül rassembla des tribus pour délivrer la ville de Jabès menacée par les Ammonites. À la suite de sa victoire sur les Ammonites, Saül est proclamé roi "devant Yahvé" dans le sanctuaire de Gilgal. Saül rassembla les tribus pour en faire une armée dont il prit le commandement avec son fils Jonathan. Au début Saül connut le succès dans des escarmouches avec des postes avancés des Philistins. Il fut également victorieux dans un conflit avec les Amalécites (une ligue de tribus habitant le désert du Sud).

    Toutefois, Saül est un chef militaire, donc un "roi profane", fonction qu'il peut difficilement cumuler avec celle de royauté sacrale. Sans doute fut-il tenté de le faire mais il s'attira les foudres de Samuel qui déclara que Dieu le réprouvait. "L'esprit de Yahvé se retira de Saül et un esprit mauvais envoyé par Yahvé l'envahissait souvent" (I Sam. 16, 14). Le règne de Saül aurait duré deux ans (I Sam. XIII,1, qui serait une interpolation deutéronomistique). Les Philistins reprirent l'avantage à Eben-Ezer, décimèrent l'armée de Saül à Gelboë et tuèrent ses fils. Lui-même se donna la mort. Les Philistins ramassèrent les cadavres de Saül et de ses fils, ils coupèrent la tête de Saül et la promenèrent avec ses armes dans toutes les villes, puis ils empalèrent son corps et ceux de ses fils sur la muraille de Beth-Sean. Leurs corps furent récupérés de nuit par les gens de Jabès, pour les enterrer chez eux.


    B. David

    À partir du règne de David, les textes du Nouveau Testament appartiennent à une tradition historique d'un genre nouveau. Avant David, nous n'avons que des récits populaires et des traditions. À partir de David, les récits sont davantage historiques. En ce qui concerne le règne de David, nous disposons de deux récits:

    - Récit de l'ascension de David et de son accession aux trônes de Juda, d'Israël et de Jérusalem (I Sam. XVI, 14 et ss.).
    - Récit de la constitution de l'empire et de la succession de David avec comme références de courtes annales (I Sam. VIII, 1-14).

    David est un homme de Juda, originaire de Bethléem. D'abord écuyer de Saül, il ne tarde pas à être envié par celui-ci. Il doit fuir dans les montagnes du Sud de la Cisjordanie où il rassemble une troupe d'aventuriers qui vit de razzias (I Sam. XXV, 2-43). En II Sam XXV, 15 et ss, nous trouvons un autre exemple d'une troupe de 600 hommes sous la conduite d'un Gathite, Ittaï.

    Dans les textes de Mari, nous trouvons le mot Dawidum qui signifie "commandant", qui pourrait être à l'origine du nom "David" car celui-ci était inconnu auparavant. David portait-il un autre nom qui se serait perdu ? Ce nom aurait-il été remplacé par un pseudonyme qui lui serait ensuite resté comme nom ?

    David se met au service du prince philistin, Achis de Gath (I Sam. XXVII, 2 et ss.) et obtient ainsi le fief de Sicéleg au sud de la plaine côtière. David trouvait en cela le moyen de se soustraire aux poursuites de Saül. Les autres princes philistins se méfiaient de David, aussi lui et ses hommes furent-ils exclus des combats contre Saül et les tribus israélites. De son fief, David entretint des rapports amicaux avec les tribus du Sud en envoyant à leurs chefs le produit de ses razzias. Après la mort de Saül, David s'établit à Hébron à proximité du sanctuaire de Manré qui était déjà le sanctuaire des six tribus du Sud (Juda, Caleb, Othnien, Cain, Jerachmeel, Siméon) qui constituaient donc un groupe à part dans la ligue des douze tribus. "Les Hommes de Juda vinrent et oignirent là (Hébron ou Manré) David comme roi sur la Maison de Juda" (II Sam. II,4). On ne sait pas grand-chose sur les circonstances de cet événement probablement suscité par David lui-même. Comme l'onction royale eut lieu dans un sanctuaire, elle acquit un caractère sacral ce qui la différenciait de llévation de Saül à la royauté profane.

    Dans le Nord, le général de Saül, Abner, qui avait survécu à la défaite de Gelboë, emmena le seul fils survivant de Saül, Esbaal, à Manahaïm en Transjordanie (loin des Philistins) et le fit roi, sans fondement sacral. Esbaal devint donc nominalement roi d'Israël. (NB. D'où la deuxième signification du mot Israël pour désigner le royaume du Nord et non plus la ligue des douze tribus). Entre les deux royaumes, il y eut de nombreux incidents de frontières au cours desquels Abner tua un frère de Joab de l'entourage de David.

    Esbaal finit par se brouiller avec Abner qui entra en pourparler à Hébron avec David pour lui soumettre les tribus du Nord. David accepta à condition d'épouser Michal, fille de Saül (David avait déjà une épouse, Achinoam ou Abigail). Mais Joab tua Abner pour venger son frère, peut-être sous l'instigation de David bien que celui-ci s'en défendit ; "Le peuple entier et même Israël, reconnut que le meurtre d'Abner ne venait pas du roi" (II Sam. III, 37).

    Après deux ans de règne, Esbaal fut assassiné par deux chefs de bandes qui vinrent apporter à David la tête d'Esbaal à Hébron. David les fit exécuter et plaça la tête d'Esbaal dans la tombe d'Abner. Le meurtre ne fut donc pas imputé à David. Grâce à son mariage avec Michal, David devenait l'héritier naturel du royaume d'Israël. Les anciens des tribus vinrent le trouver à Hébron et il fut "oint", roi d'Israël. Ce n'était pas l'unification de deux pays, mais la juxtaposition de deux royaumes distincts avec un seul et même roi. Les Philistins avaient toléré les royautés de David et d'Esbaal sur deux petits royaumes séparés.

    En devenant roi des deux royaumes, David apparut comme trop puissant aux yeux des Philistins qui réunirent une armée pour chercher David (II Sam. V, 17). Ils occupèrent la plaine de Rephaïm à l'Ouest de l'état urbain de Jérusalem (restée une ville jébusite indépendante). David attaqua l'armée philistine par surprise en venant par des chemins de traverse et réussit à vaincre les Philistins. Ceux-ci réunirent alors toutes leurs forces pour une nouvelle tentative. David arriva cette fois du Nord d'une manière tout aussi imprévue que la première fois et réussit à nouveau à battre les Philistins. Cette nouvelle défaite marque la fin de la puissance philistine sur la Palestine. Les Philistins se retirèrent dans leurs possessions primitives et ne furent plus qu'un petit état voisin.

    David gouvernait les deux royaumes de sa ville d'Hébron, au coeur de Juda, ce qui indisposait les gens d'Israël. Il ne pouvait pas non plus déplacer sa capitale au coeur d'Israël (par exemple à Sichem), ce qui aurait mécontenté les gens de Juda. Aussi décida-t-il, après cinq ans de règne, de conquérir Jérusalem qui se trouvait à la frontière des deux états.

    Jérusalem était une très ancienne ville, déjà mentionnée au IIe millénaire avant J.C. dans les textes égyptiens du "bannissement". Elle est aussi mentionnée comme résidence du seigneur urbain Abdihipa dans les tablettes d'Amarna. C'était une ville sans grande importance avec un territoire peu étendu.

    David conquit Jérusalem avec ses mercenaires et en fit sa résidence (II Sam. V, 6-9). Il récupéra également l'arche d'alliance qui avait été capturée par les Philistins et la ramena à Jérusalem qui devint ainsi le centre sacré des douze tribus. David plaça l'arche sur le sommet de la montagne de Sion au Nord de la Cité où plus tard s'éleva le Temple de Salomon. En incorporant les villes restées cananéennes dans le tissu des territoires de Juda et d'Israël, David donna une cohésion aux deux nouveaux états (Juges I, 27-35 et II Sam. XXIV, 5-7). Cela ne changeait toutefois pas grand-chose pour les habitants de ces villes qui conservèrent leurs coutumes, David se faisant simplement reconnaître comme le souverain des castes seigneuriales à la tête de ces villes. David agit de même en soumettant les territoires voisins:

    - Les Philistins sans que ceux-ci ne perdent leur indépendance sur le petit territoire qui leur était resté.
    - Les Moabites au Sud de l'Arnon, après avoir fait passer par les armes 2/3 de leur armée. Les moabites gardèrent leur roi qui dut accepter David comme Suzerain.
    - Les Ammonites vaincus par Joab. David se proclama roi d'Ammon.
    - Les Araméens (II Sam. VIII, 3-8) à qui les Ammonites avaient demandé de l'aide. David y établit un gouverneur à Damas. Le pays de Damas devint une province. Seules les tribus nomades araméennes restèrent insoumises sous la conduite du roi Hadadeser de Zoba, mais durent payer un lourd tribut.
    --Les Édomites qui furent également châtiés de manière cruelle. David créa une nouvelle province avec un gouverneur.

    David n'était pas encore le roi d'un territoire unifié. Il était roi de Juda, d'Israël, de Jérusalem, d'Ammon et Suzerain des provinces d'Aram, Édom, Moab et peut-être Zoba. Cela faisait néanmoins un nouvel empire syro-palestinien (les Hyksos en avaient formé un auparavant), qui put se constituer en profitant de la faiblesse des puissances voisines:

    l'Égypte de la XXI dynastie, dominée par les prêtres.
    - la Babylonie,
    l'Assyrie,
    - les Hittites.


    C. La Succession de David

    C'est une page peu glorieuse de l'histoire du Roi David. Celui-ci avait longtemps hésité à se prononcer sur sa succession au trône qui n'existait que par sa seule présence. Il fallait donc un successeur capable d'assumer la fonction.

    La dernière partie de son règne fut l'objet de conflits entre ses fils (II Sam VI, 16, 20-23, VII, IX, 1 et 20-22). Le seul petit-fils survivant de Saül (fils de Jonathan), Meribaal, était perclus des deux pieds. C'est donc dans la famille de David lui-même qu'il fallait chercher un successeur d'autant plus que le prophète Nathan, qui avait désigné David comme roi futur choisi par Yahvé, avait annoncé que la dynastie de David se prolongerait bien après sa mort (II Sam, VII, 7,8 et ss.). Le mariage de David avec Michal, fille de Saül, avait été stérile, malgré l'espérance de David de légitimer ainsi sa succession. De plus le droit successoral israélite attribuait la plus grande partie de l'héritage au fils aîné du père quelle que soit la position de la mère dans le harem (Deut. XXI, 17).

    David avait cinq fils nés à Hébron, ou peut-être même avant son établissement à Hébron car il avait déjà deux femmes à ce moment (II Sam. III, 2-5). La liste est complétée par les fils nés à Jérusalem. Le Fils aîné, Amnon, fils de Achinoam fut assassiné par Absalom sous prétexte qu'il avait violenté sa demi-soeur, Thamar. Absalom était le troisième fils (le second ne joue aucun rôle, sans que l'on sache pourquoi). Celui-ci perdit la faveur de son père. Il crut que le pouvoir de David vieillissant était affaibli. Il le destitua et se proclama roi. David dut se réfugier à Mahanaïm où il rassembla ses mercenaires. Ceux-ci rencontrèrent l'armée d'Absalom issue des tribus et remportèrent la victoire. Absalom fut tué quoique David ait donné l'ordre de l'épargner (II Sam. XV). David se fit rappeler à Jérusalem par les Judéens, mais les Israélites, mécontents, se révoltèrent. Une nouvelle fois l'ordre fut rétabli par les mercenaires de David.

    Le fils suivant était Adonia. Il revendiqua le trône et se ménagea l'appui de personnages importants dans l'entourage de David, tels que le général Joab et le prêtre Abiathar du sanctuaire royal de Jérusalem, mais il s'aliéna d'autres personnages importants, comme Bénaïa, chef de l'escorte royale et rival de Joab ainsi que le prêtre Zadok auquel se joignit le prophète Nathan (I Roi, I, 8). Pour influencer David, devenu vieux, on se servit de sa dernière femme, Bethsabée qu'il avait séduite tout en faisant tuer par traîtrise le mari, Urie (II Sam, XI, 2 et ss.). Natham avait reproché cette faute à David (II Sam. XII, 1 et ss.). Mais maintenant, il en profitait. De cette union était né un fils, Salomon. On ne sait pas jusqu'à quel point Nathan influença Bethsabée qui avait obtenu de David de choisir son fils, alors qu'Adonia s'était déjà proclamé roi. David fit donc oindre Salomon par le prêtre Zadok. On ne connaît pas tous les détails de cette sordide affaire, mais ce qui est certain, c'est que Salomon, qui n'était pas l'aîné des fils de David, lui succéda grâce à ces intrigues de cour.


    D. Le Règne de Salomon

    Sources:

    1) Livre de l'histoire de Salomon (I Roi XI, 41).
    2) Récit deutéronomiste (I Roi III-XI), compilation des archives administratives du Roi avec une foule de détails.
    3) Sentences sapientiales (I Roi, V, 12, 13).

    Salomon accède au trône sans difficulté, ni contestations. Avec l'aide de Benaïa, chef des mercenaires de David, il liquide le parti de Adonia, y compris le général Joab et Adonia lui-même. De David, il reçoit un immense héritage qu'il n'agrandira plus, mais qu'il parvint à maintenir tant bien que mal.

    Exemple 1: Le prince édonite Hadad, réfugié en Égypte, revient dans son pays et se fait reconnaître comme roi d'Édon, sans que Salomon fasse quelque chose car il conserve tout de même l'usage de la route vers Akaba, le prince ne régnant que sur la montagne.

    Exemple 2: Un aventurier araméen du nom de Razon, reprend Damas sans doute au début du règne de Salomon. C'est l'origine du royaume araméen de Damas qui allait devenir un jour la nation la plus forte en Syrie-Palestine.

    Salomon maîtrisa cependant la grande révolte de l'Éphraïmite, Jéroboam, qu'il avait chargé d'une fonction - en ne sait pas très bien laquelle - dans le territoire de la "Maison de Juda". Jéroboam put s'enfuir en Égypte où il resta jusqu'à la mort de Salomon. Salomon fut surtout un bâtisseur:

    - agrandissement de Jérusalem, construction du Temple au Nord de la cité jésubite de David,
    - constructions dans d'autres villes, comme à Megiddo (écuries pour les chars).

    Pour cela, Salomon utilisa les gens des cités cananéennes sous la férule de Adoniram, chef des corvées (I Roi IX, 15, 20-22). Les hommes des tribus étaient surtout enrôlés dans l'armée et n'étaient donc pas soumis aux corvées. Il fit venir le bois de Tyr (traité avec le roi Hiram).

    C'est un excellent administrateur. Il divise Israël en douze districts dirigés par un intendant, dépendant du chef des intendants qui est un fonctionnaire royal (I Roi, IV, 8-19). On ne trouve rien de semblable dans Juda, sans doute trop pauvre ou peut-être une telle organisation a-t-elle été oubliée par la tradition (la division de Juda en 12 districts avec la liste des localités que l'on trouve en Jos. XV, XVIII et XIX est plus tardive).

    Salomon mène une vie luxueuse à la cour en contraste avec la pauvreté des petites gens (I Roi, V, 2, 3). Il tente d'imiter les grands rois orientaux de l'Égypte et de la Mésopotamie. Il entretient un harem important avec beaucoup de femmes étrangères (I Roi, XI, 1 et ss.), notamment une princesse égyptienne, fille d'un pharaon de la XXIe dynastie. Le Deutéronomiste lui en fait grief et affirme que ce sont ces femmes qui l'ont détourné de Dieu et poussé à l'idolâtrie. Il ramassa une immense fortune par toutes sortes de transactions commerciales, avec une flotte sur la Mer Rouge.

    Dans les récits, nous voyons l'admiration pour ce règne dont l'éclat a dû impressionner les états voisins. Mais le peuple ploie sous les charges et le sentiment premier qui s'était toujours montré assez hostile à la royauté, sentiment déjà manifesté sous David, va s'exacerber rapidement. La royauté profane a toujours été considérée comme suspecte. Avec David, elle s'était quelque peu sacralisée, car Yahvé avait été avec David, surtout en Juda. Salomon contribua donc à gaspiller l'immense héritage reçu de David et prépara les années difficiles qui allaient suivre.

    Salomon mourut en 926-925. C'est la première datation certaine. Ce décès intervient après 40 années de règne tout comme pour David. Il s'agit sans doute d'un chiffre rond correspondant souvent dans l'Ancien Testament à une génération d'hommes.


    E. Succession de Salomon

    Il n'était pas douteux que son fils aîné, Roboam, devait lui succéder. Celui-ci monta d'ailleurs sans difficulté, sur les trônes de Juda et de Jérusalem. Mais ce ne fut pas le cas pour le royaume d'Israël, car selon l'histoire du prophète Ahia de Silon (I Rois, XI, 29-39 ; XII, 1-32 ; XIV, 1-18), les Anciens se réunirent à Sichem et exigèrent de Roboam, également présent, qu'il allège les charges devenues si accablantes sous Salomon. Roboam refusa brutalement et les Anciens rompirent avec la dynastie de David. Ils rappelèrent l'Éphraïmite Jéroboam, qui s'était réfugié en Égypte et l'élevèrent à la royauté d'Israël, car avant qu'il ait levé la main sur Salomon, le prophète Ahia de Silo l'avait déjà désigné comme futur roi d'Israël au nom de Yahvé. Jéroboam choisit Sichem comme capitale.

    Dans l'État de Juda, la succession se fit de manière héréditaire à l'intérieur de la dynastie davidienne et Jérusalem resta la capitale de l'État. La succession dans l'État d'Israël fut plus tumultueuse, car le nouveau roi devait chaque fois être désigné par un prophète au nom de Yahvé ce qui provoqua des prises de pouvoirs et des changements de dynastie.

    En ce qui concerne le sanctuaire sacré, Jérusalem attirait toujours les tribus du Nord comme du Sud en raison de l'arche d'alliance qui y avait été rétablie par David. Jéroboam s'insurgea contre cette pratique et voulut créer d'autres sanctuaires locaux comme Béthel et Dan qu'il équipa de manière fastueuse en y faisant installer un "veau d'or", mentionné par Osée comme le "veau d'or de Samarie" (Osée VIII, 5,6). Cela lui valut la condamnation du Deutéronomiste pour qui Jérusalem était le seul sanctuaire légitime.

    Les rapports entre les deux États furent difficiles. Ils nous ont été transmis avec des lacunes par le Deutéronomiste qui a utilisé les "Mémoires des rois de Juda et d'Israël". Celles-ci avaient déjà vraisemblablement résumé les annales officielles des deux États.

    La décadence de l'empire davidico-salomonien avait fait de Juda et d'Israël, de petits États enfermés dans le monde des États syro-palestiniens. Ils furent entraînés dans de multiples conflits pour faire valoir leurs droits contre des puissances étrangères.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:16

    F. Royaume du Nord (935-721)

    Les Philistins tentèrent de recouvrer leur hégémonie sur Israël, mais sans réellement y parvenir. Il en fut de même de l'Égypte, mais Roboam parvint à écarter le danger. Il paya un lourd tribut, en rassemblant tous les objets d'art du Temple. Sheshonk Ier, fondateur de la XXIIe dynastie égyptienne, fit graver sa glorieuse expédition sur un mur du grand temple d'Amon à Karnak. Dans la liste des villes conquises, aucune n'est située en Juda. Il semble donc que les troupes égyptiennes aient contourné Juda par le Negeb et le territoire d'Édom pour pénétrer dans la plaine de Jezréel et traversé Israël. Megiddo a conservé les preuves de leur passage sur une stèle découverte dans les fouilles. Cette expédition resta toutefois sans lendemain.

    Beaucoup plus menaçante fut la monarchie araméenne fondée à Damas, surtout que le roi Asa de Juda incita Benhadad, descendant de la vieille dynastie des rois d'Aram, à attaquer Israël, alors gouvernée par Baasa, en lui faisant un riche présent. Les Araméens s'emparèrent de plusieurs villes dans le Nord d'Israël, mais aussi des États urbains de la Transjordanie que David avait annexés à Israël. Les rois israélites se rapprochèrent de Juda et cherchèrent des alliances auprès des Phéniciens (mariage du prince royal Achab, fils et successeur d'Omri, avec Jézabel, fille du roi de Sidon). Ce mariage déclencha la violente réprobation du prophète Élie car Jézabel entendait pratiquer son propre culte dans un sanctuaire élevé à Samarie. Dans ces conflits, Israël semble avoir eu le dessous et en sortit fort affaibli, ce qui permit aux Moabites de secouer le joug de leur vassalité.

    C'est alors que se précisa la menace la plus importante qui entraîna la disparition de la dynastie des Omrides et de l'État d'Israël. Celle-ci vint du nouvel Empire assyrien qui s'était déjà implanté dans toute la Mésopotamie. Assourbanipal II (883-859) avait conquis la Syrie du Nord et atteint la côte méditerranéenne. Son fils Salmanasar III (858-824) continua la conquête de la Syrie du Centre et du Sud et combattit des coalitions de princes syro-palestiniens parmi lesquels figure "l'Israélite Achab".

    En 845-44, la dynastie des Omrides connut une fin peu glorieuse et un nouveau roi, Jéhu, fut désigné. Celui-ci voulut restaurer le culte de Yahvé dans toute sa pureté en détruisant les hauts lieux de Baal (II Rois X, 18-28). Jéhu dénonça l'alliance avec les Phéniciens et s'abstint de se ranger aux côtés des belligérants lorsque Salmanasar revint pour la quatrième fois en 841. Jéhu accepta plutôt de payer son tribut au grand roi d'Assyrie, comme mentionné sur l'obélisque de basalte de Salmanasar trouvé dans la ville royale assyrienne de Cala. Les dernières expéditions de Salmanasar brisèrent la puissance de l'État araméen, ce qui provoqua un nouveau répit pour Israël sous le roi Jéroboam II qui parvint même à reconquérir quelques territoires perdus dans le Nord. Cela profita aussi à Juda sous le règne d'Ozias.

    Le répit fut de courte durée. En Israël, la dynastie fondée par Jéhu fut renversée. Un des usurpateurs qui occupèrent le trône d'Israël (Peqah, fils de Remalya) voulut former une ligue avec les Araméens et les Judéens. Mais le roi Achaz de Juda refusa. Il s'en suivit une guerre appelée syro-éphraïmite dans l'Ancien Testament (II Rois, XV, 37 ; XVI, 5 ; Is. VII, 1 et ss.). Les alliés israélites et araméens s'en vinrent mettre le siège devant Jérusalem. Achaz sollicita l'aide du Roi d'Assyrie, Téglath-Phalasar qui en profita pour conquérir définitivement les royaumes d'Aram et d'Israël, sauf un petit territoire à la tête duquel Osée se fit consacrer roi de Samarie, après que le peuple eut renversé Peqah, vaincu par les Assyriens. Après la mort de Téglath-Phalasar, Osée commit l'imprudence de refuser de payer le tribut. Le successeur de Téglath-Phalasar, Salmanasar V, lança une expédition qui s'empara du petit royaume, sauf Samarie qui résista encore quelques années. Sous le règne de Sargon, en 722-721, Samarie fut également conquise. C'est la fin du Royaume d'Israël.

    C'est l'époque de la prophétie classique (prophète en grec signifie propagateur des oracles divins). Le mot hébreu (nival) servait à désigner les extatiques et ensuite les hommes de Dieu doués de puissance. Finalement il désigna les hommes qui paraissaient en public comme les envoyés de Dieu, proclamant leur message sous forme de sentences. Ces messages annonçaient les événements historiques qui se déroulaient comme un grand jugement de Dieu, qui n'était plus tout à fait le Dieu d'un État, d'un peuple ou d'une ligue de tribus, mais un Dieu qui se mêlait de l'histoire du monde. Le Dieu de ces prophètes devenait en quelque sorte et pour la première fois un Dieu universel. Le puissant roi d'Assyrie devenait un outil dans les mains de Dieu (Is. X, 5) comme plus tard le roi néo-babylonien Nabuchodonosor (Jer. XXVII, 6) et enfin Cyrus, roi de Perse, qui fut même un "oint de Dieu" (Is. XCV, 1).

     Élie (Eli-Yahu, Mon Dieu, c'est Yahvé) :

    Apparaît au IXe siècle, sous le règne du roi Akhab à qui il reproche d'avoir épousé Jézabel, fille du roi de Tyr et d'avoir accepté que celle-ci introduise les dieux Baals et ses prophètes. Élie est le modèle de la foi sans partage. Sa vision de Dieu est le modèle de la vie mystique: c'est le maximum qu'il est permis à un homme de voir. Le Dieu d'Élie est un Dieu caché, enveloppé de mystère dont on pressent la présence dans le silence et dans le vide. Élie est aussi le défenseur des pauvres, il est universaliste car son Dieu n'est pas réservé aux seuls Israélites. Élie est libre, en effet, de fréquenter les païens, mais à qui il demande une foi sans condition.


    Amos:

    Envoyé dans le Nord au temps de la splendeur de Samarie sous Jeroboam II, Amos est un prédicateur populaire, réclamant l'accomplissement de la justice car il est frappé par le luxe des maisons et surtout par l'injustice des riches. Amos annonce déjà le désastre qui punira Israël dont il ne restera qu'un petit reste, ce qui permet de garder l'espérance. Le Dieu d'Amos n'est pas non plus un Dieu national, car Dieu veille sur les moeurs de toutes les nations.

    Osée:

    Prêche à la même époque qu'Amos. Originaire du Nord, il découvre la tendresse de Dieu pour que nous soyons bons ou que nous le devenions. Dieu nous aime comme un époux aime son épouse (thème qui sera souvent repris dans la Bible). Osée fait un constat implacable du péché du peuple: pas de fidélité, de tendresse, de connaissance.


    Récit Élohiste:

    C'est aussi pendant cette période que fut composé le récit Élohiste. Des populations entières furent déportées en Assyrie laissant des peuples étrangers s'installer dans les territoires abandonnés, tandis que dans les provinces assyriennes créées en territoire syro-palestinien, des révoltes successives rendirent la vie difficile.


    G. Le Royaume du Sud

    Pendant tout ce temps, le Royaume de Juda, petit état coincé entre Israël et les Philistins, conservait son indépendance.

    Le roi Achaz avait refusé de se joindre aux Araméens et aux Israélites qui résistaient à l'Assyrie. Au contraire il appela le roi d'Assyrie à l'aide et dut se reconnaître vassal de l'Assyrie, en tout cas jusqu'à la mort de Sargon en 705. Il dut aussi concéder l'installation du culte officiel du dieu Assur et faire construire un autel aux côtés de l'autel des holocaustes dans le Temple de Jérusalem. À la mort de Sargon, les états du Sud voulurent s'affranchir de la tutelle assyrienne.

    Le fils d'Achaz, Ézéchias, mèna une politique complexe d'alliance avec l'Égypte et Babylone en révolte contre l'Assyrie. L'Assyrien Sénnachérib, en 701, vint attaquer Juda et força Ézéchias à se retrancher dans Jérusalem. (Ézéchias fit creuser dans le roc une sorte de tunnel qui amèna les eaux de la source de Guibon jusqu'à la piscine de Siloë à l'intérieur des remparts). Finalement Sénnaréchib leva le siège en se contentant d'un lourd tribut de la part d'Ézéchias.

    Son fils Manassé qui lui succéda est un roi présenté par la Bible comme violent et impie. Il régna pendant 45 ans en se soumettant sans histoire au roi d'Assyrie Assourbanipal. Ce roi lettré et artiste nous a laissé une bibliothèque de plus de 20.000 tablettes d'argile sur lesquelles sont gravées les annales du royaume et les grandes oeuvres littéraires du Moyen-Orient. À la fin de son règne, une nouvelle dynastie apparaît à Babylone, tandis qu'à l'Est, dans l'Iran actuel, les Mèdes deviennent puissants.

    Lorsque Josias monta sur le trône, il portait tous les espoirs du peuple. C'était un roi pieux qui régna pendant une trentaine d'années. Il récupéra une partie des territoires du Nord. Sous son règne, des lévites du Nord se sont réfugiés à Jérusalem, apportant avec eux leur propre histoire sainte (la tradition élohiste), des lois et les oracles de leurs prophètes. Des scribes vont entreprendre la fusion des deux histoires, l'histoire judéenne (yahviste) et l'histoire du Nord (élohiste), ce qui donnera une nouvelle rédaction appelée "jéhoviste".

    C'est sur cette base que Josias entreprend une grande réforme politique et religieuse (2 Rois, XXII-XXIII).

    Deutéronome:

    En 622, on découvrit dans le Temple un rouleau contenant des lois provenant de l'ancien royaume du Nord. Cet ensemble, complété, deviendra le Deutéronome. De nouveaux épisodes furent rédigés, appartenant à la tradition deutéronomiste, sur Josué, les Juges, Samuel et les Rois. Les oracles des prophètes du Sud furent mis par écrits (Sophonie, Nahum, Habacuc, Jérémie).

    Ce livre est en fait le résultat d'une rédaction qui s'étend sur plusieurs siècles. C'est un nouveau courant de pensée... On peut résumer ce courant comme suit: Dans le Royaume du Nord, on se rend compte que les lois attribuées à Moïse ne collent plus à la réalité. Elles avaient été faites pour un peuple nomade, or celui-ci est devenu une nation organisée, avec toutes sortes de problèmes nouveaux, tel le danger des cultes païens, pratiqués en Canaan, l'injustice des riches écrasant les petits, etc. Il fallait donc faire une deuxième rédaction de la Loi, sous l'influence des prophètes (Élie, Amos, Osée). La loi n'est pas une simple succession d'ordonnances, elle est l'expression d'une véritable alliance entre Dieu et le peuple:

    - Le Seigneur est le seul Dieu d'Israël.
    - Il s'est choisi un peuple qui doit aimer Dieu: "Shema Israël... Écoute, obéis Israël, le Seigneur est unique ! - Tu aimeras le Seigneur de tout ton coeur."
    - Il a donné à son peuple une terre, à condition que celui-ci reste fidèle.
    - C'est dans la liturgie que le peuple (assemblée convoquée par Dieu) se souvient et entend la parole de Dieu.
    - Dieu nous éprouve pour voir si nous mettons notre confiance uniquement en lui.
    - La loi n'est pas un code extérieur, mais exige de répondre à l'amour par l'amour.
    - Le Temple est le lieu unique où Dieu se rend présent. Il faut y monter trois fois l'an en pèlerinage.
    - Dieu annonce la venue du vrai prophète.

    Nahum :

    Prêche vers 660. Il voit la ruine de la capitale assyrienne, qui se produisit en 612 (évocation du combat de chars dans Ninive inondée).

    Sophonie :

    Commence à prêcher en 640 lorsque Josias monte sur le trône. Le livre débute par la constatation que "Jérusalem ne s'est pas approchée de son Dieu". Voici venir le grand jour de la colère de Dieu, "Dies irae, dies illa" (Jour de colère que ce jour-là). Puisque les grands, rois, prophètes, prêtres ont failli, Sophonie se tourne vers les pauvres de coeur. Mais Dieu entrevoit la délivrance "au sein de la fille de Sion", au milieu de son peuple et de tous les peuples purifiés par son amour.

    Habacuc :

    Prêche vers 600 quand les Babyloniens commencent à déferler sur la Palestine. Ils sont pour lui l'instrument de Dieu, destiné à punir les Assyriens.

    Jérémie :

    Prêche à l'époque du roi Josias. Comme ses prédécesseurs, il constate l'iniquité du peuple et voit venir le châtiment

    Isaïe (I-XXXIX) :

    Est présenté comme le fils d'Amos. Il reprend l'histoire sous les rois de Juda, dénonce l'iniquité du peuple qui sera puni. Mais Dieu le délivrera. Le premier Isaïe se termine sur l'annonce de l'exil à Babylone.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:17

    H.Les nouvelles révélations de l'archéologie


    Cette reconstitution de l'histoire d'Israël part de l'hypothèse que les données bibliques ont un fondement historique malgré le merveilleux et le miraculeux qui les caractérisent. Telle était l'opinion d'Albright et de ses étudiants qui pensaient avoir découvert les preuves archéologiques de la conquête de Josué. Dans les années 1920 et 1930, Alt, un bibliste allemand, formula la théorie de l'infiltration pacifique. Selon lui, les Israélites étaient des pasteurs nomades qui transhumaient régulièrement avec leurs troupeaux, en hiver, dans les régions des steppes orientales, puis, en été, dans les hauteurs occidentales de Canaan. Une troisième hypothèse fut défendue en 1970 par Mendenhall, un bibliste américain, qui expliqua le peuplement du territoire par une révolution paysanne où les "Apirou" et les paysans s'unirent pour s'affranchir de la domination féodale des Cananéens. Ils eurent recours à une idéologie religieuse, le culte d'un Dieu unique et transcendant, YHWH, pour s'opposer au polythéisme des rois cananéens...



     Cette théorie fut rapidement abandonnée, et des découvertes archéologiques récentes, dans les années 1980 et 1990, donnèrent l'occasion aux archéologues Finkelstein de l'université de Tel-Aviv et Silberman, directeur historique au "Ename Center for Public Archeology and Heritage Presentation" en Belgique de reformuler toute la problématique de l'histoire primitive d'Israël.

     "La découverte des vestiges d'un réseau très dense de villages de montagne... indique qu'aux alentours de l'an 1200 av. J.C., une transformation sociale radicale a eu lieu dans la région montagneuse du centre de Canaan... Dans les hauteurs auparavant dépeuplées, depuis les monts de Judée au sud jusqu'aux montages de Samarie au nord, loin des cités cananéennes menacées par l'effondrement et la désintégration, environ deux cent cinquante communautés ont soudain occupé les zones élevées. Ce furent les premiers Israélites".

     Ces mêmes découvertes indiquent une occupation assez importante au nord alors que le Sud n'est que pauvrement peuplé. Les régions du nord furent donc propices à l'instauration d'un État unifié qui connut son apogée aux IXe et VIIIe siècles. Le Sud n'aurait pas eu cette capacité et leur héros, David, n'aurait pas été en mesure de créer cet état unifié que la Bible nous décrit sous David et Salomon. Mais lorsque l'État du nord s'est effondré à la suite de la conquête assyrienne, le Sud se mit à prospérer surtout sous les règnes d'Ezéchias et de Manassé. Ezéchias prend l'initiative de rassembler tout Israël et Juda "pour que l'on vienne au Temple de Yahvé à Jérusalem célébrer une Pâques pour Yahvé".

     L'idée d'une monarchie centralisée et d'une religion nationalisée aurait pris naissance sous le règne d'Ezéchias, contrastant avec l'idolâtrie dont sont systématiquement accusés les dynasties du Nord, mais aussi, dans une moindre mesure, les descendants de David qui occupent le trône de Juda. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant tout ce qu'avait fait David, son ancêtre. Le successeur d'Ezéchias, Manassé, retourne d'ailleurs à cette idolâtrie car "il ne fit pas ce qui est agréable à Dieu... imitant la conduite des rois d'Israël".

     À Manassé, succède Josias, après le court règne d'Amon. Pendant son règne, Josias (639-609 av. J.C.) continuera la réforme religieuse entreprise par Ezéchias. C'est à cette époque qu'une première compilation aurait été effectuée par des deutéronomistes. Ceux-ci auraient décrit l'histoire des patriarches, la sortie d'Égypte et la conquête de Canaan par Josué ainsi que l'unification de toutes les tribus sous David et Salomon pour donner à Josias le prototype de leur idéal étatique et religieux. Josias put ainsi redonner à Israël et à Juda la gloire de David, faisant triompher le culte de Yahvé, le Dieu unique.

     Hélas, "leurs convictions religieuses exaltées, et leur opinion tenace selon laquelle YHVH seul pouvait protéger Juda et la dynastie davidique des attaques de leurs adversaires devront s'incliner devant les dures réalités de l'histoire. Mais cette fois-ci, ils laisseront à la postérité un brillant témoignage, qui maintiendra leurs idées en vie. Leur monument sera la collection impérissable de textes hébraïques qui expriment leur vision de l'histoire et leurs espérances pour l'avenir. Cette saga collective sera la fondation inébranlable à la Bible hébraïque telle que nous la connaissons aujourd'hui".

     Josias voulut empêcher le pharaon Neko II de traverser le territoire de Juda pour joindre ses forces aux Assyriens menacés par les Babyloniens. Il trouvera la mort à Megiddo. Ses successeurs, Joachaz, Joiaqim et Joiakîn ne pourront empêcher les Babyloniens de s'emparer du pays.


    IV. Les occupations étrangères

     En 605, le roi babylonien Nabuchodonosor bat les Égyptiens dans le Nord de la Syrie et arrive à Jérusalem en 603, qu'il prend une première fois en 597, se contentant pour cette fois d'un lourd tribut et d'une première déportation. Jérémie prêche la soumission à Babylone, mais on ne l'écoute pas. Il est déclaré traître à sa patrie et il meurt étouffé dans la boue d'un puits où on l'a jeté.

     En juillet 587, après un an de siège, l'armée du roi de Babylone s'empare définitivement de Jérusalem. C'est la fin du Royaume de Juda et la déportation d'une partie de la population.


    A. Exil à Babylone

     L'exil à Babylone a laissé la trace d'une intense activité religieuse et littéraire. Le peuple a perdu sa terre, son roi, son temple. Cette catastrophe suscite un intense sursaut grâce à des prophètes (Ézéchiel, le second Isaïe) et aux prêtres.

     Ézéchiel :

     Fait partie du premier convoi des déportés en 597. Pendant dix ans à Babylone, il reproche au peuple sa mauvaise conduite, comme Jérémie resté à Jérusalem. Mais il attend la délivrance et prépare en cachette les drapeaux de la délivrance par ses frères de Jérusalem. Ceux-ci arrivent en 587, pas comme libérateurs, mais dans un nouveau convoi de déportés. La prédication d'Ézéchiel devient alors un message d'espérance car Dieu va restaurer son peuple et Jérusalem renaîtra, transfigurée par Dieu.

     Dieu n'habite plus seulement dans le Temple car il ne veut pas habiter matériellement un lieu, mais spirituellement un peuple de fidèles. Ce peuple sera conduit par le bon Berger et Dieu recréera le peuple par sa Parole et lui donnera la vie de l'Esprit.

     Ce message d'Ézéchiel servira de base à ce que l'on a appelé le "judaïsme".

     Le Second Isaïe. (XL à LV) :

     Ce texte est rédigé par un disciple d'Isaïe. Il se présente comme la Voix qui prêche dans le désert, animé d'une foi intense car Dieu a toujours été celui qui nous a tirés de la maison de servitude. Il le fera car il en a le pouvoir, il est le seul créateur et il nous aime plus qu'une mère. La libération sera un nouvel exode encore plus merveilleux que la sortie d'Égypte. Dans LII,13 à LIII,12, nous trouvons le merveilleux passage sur le Serviteur souffrant. Ce Serviteur est une personnification du peuple d'Israël, humilié, méprisé, mis à mort, mais espérant dans la justice divine qui punira ses bourreaux.

     C'est à cette époque que Cyrus, roitelet d'un tout petit royaume, la Perse, province du grand empire Mède, s'empare de Babylone et se présente comme le bras du Grand Dieu "Mardouk: Mardouk, le grand Seigneur... regarda avec joie les oeuvres de Cyrus... Il le fit entrer à Babylone sans bataille, ni combat" (Cylindre d'argile retrouvé à Babylone). Cela fut d'autant plus facile, que Cyrus bénéficia de la complicité des gens de Babylone, excédés de l'incapacité de leur roi, Nabonide.

     Pour Isaïe, Cyrus n'est rien d'autre que le "messie" car Dieu l'a choisi et l'a marqué de son onction pour libérer les Hébreux.

    Les Prêtres :

     Afin d'augmenter l'espérance des Juifs exilés et raffermir leur foi, des prêtres relisent l'histoire des origines et la remanient de manière significative. C'est ce que l'on appelle la tradition sacerdotale. De plus, ils rassemblent les recueils des lois, travail déjà commencé à Jérusalem avant l'exil, (p.e. le code de sainteté, Lev. 17-26). Cette oeuvre largement réalisée pendant l'exil sera complétée après le retour à Jérusalem (p.e. la loi sur les sacrifices, 1-7, la loi de pureté, 11-16) et deviendra le Lévitique. Ce livre est le troisième livre de la Torah, classé avant le Deutéronome qui, pourtant, lui est antérieur. C'est un ensemble de règles à suivre et d'interdits à respecter. Dieu est saint, il est donc tout autre que nous. Dieu est le Vivant, il est la Vie. Les rites, les prescriptions et les interdits sont là pour essayer d'imiter la sainteté de Dieu. Avec cette rédaction de la tradition sacerdotale déjà entreprise avant l'exil, poursuivi pendant l'exil et terminée après l'exil vers l'an 400, nous avons le texte hébreu de la Torah, tel que nous le connaissons maintenant, sans exclure quelques modifications légères au cours de la retranscription des manuscrits.

     Très schématiquement, le texte se présente comme suit, en tenant compte que dans le détail, il y a de courtes insertions ou des remaniements par les autres traditions :

    - Genèse 1-11: fusion de textes yahvistes et élogieuses.
    - Genèse 12-50: fusion de textes yahvistes et élohistes, remaniée par la tradition sacerdotale.
     - Exode 1-18: idem.
    - Exode 19-24: insertion d'un long récit élohiste dans un court début et une courte finale yahvistes.
    - Exode 25-40: passage d'origine sacerdotale, avec insertion de 32 à 34 d'une fusion de textes yahvistes et élohistes.
    Lévitique: texte d'origine sacerdotale.
     - Nombres 1-10: passage d'origine sacerdotale.
    - Nombres 11-12:fusion de textes yahvistes et élohistes.
    - Nombres 13-36:fusion de textes yahvistes et élohistes, remaniée par la tradition sacerdotale.
    - Deutéronome: origine deutéronomiste.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:17

    En 550, Cyrus s'empare du pouvoir en Médie, va jusqu'en Asie Mineure s'approprier les immenses richesses du roi Crésus et revient fonder le nouvel empire perse et la dynastie des Achéménides. Les Hébreux de Babylone ne seront pas déçus car en 538, Cyrus signe dans sa capitale d'été, Ecbatane, un édit permettant aux Juifs de retourner chez eux.

    Cyrus a étendu ses conquêtes vers l'Est. Son fils, Cambyse s'empare de l'Égypte. Mais c'est Darius Ier (522-486) qui va organiser et consolider l'immense empire. Il le divise en vingt satrapies. Il veut malheureusement s'emparer de la Grèce et, après quelques succès, vient échouer à Marathon en 490. Ce sera le début du déclin. Xerxès I sera battu à Salamine, Artaxerxès Ier et Darius II devront se battre en Égypte pour maintenir leur pouvoir, mais la Perse perdra l'Égypte sous Artaxerxès II. Les derniers empereurs devront lutter contre les nombreuses révoltes des satrapies, si bien qu'ils n'auront plus la force de résister aux Grecs qui ont refait leur unité sous Philippe de Macédoine dont le fils Alexandre écrivit une nouvelle page de l'histoire de ces régions.

    Cette période où la Palestine fait partie d'une satrapie et est donc une province de l'empire perse est féconde pour la religiosité du peuple juif. Ceux-ci sont revenus en grand nombre, beaucoup de prêtres, quelques lévites, des esclaves et des serviteurs du Temple. Les moins motivés religieusement sont restés à Babylone où ils se sont fait une bonne situation. Le retour est vu d'un mauvais oeil par les samaritains qui occupaient la place. Les Juifs les considèrent comme impurs et refusent donc leur collaboration pour reconstruire le Temple. Des édits successifs de Darius Ier et d'Artaxerès Ier permettent en effet cette reconstruction et la restauration du culte à Jérusalem. Cette restauration est aidée par la prédication des prophètes Agée, Zacharie, Malachie, Abdias, Joël et surtout un autre disciple d'Isaïe à qui l'on doit les chapitres LVI à LXVI, connus sous le nom de troisième Isaïe. À cette époque, la langue commune des peuples soumis à l'empire perse est l'araméen qui a supplanté l'hébreu en Palestine au point que le peuple ne peut plus lire les Écrits sacrés. L'hébreu devient une langue sacrée, connue uniquement des prêtres et des scribes qui doivent en faire le commentaire en araméen pour le peuple.

    Agée :

    En 520, Agée s'adresse aux rapatriés en termes cinglants: "Quoi, voilà bientôt vingt ans que vous êtes rentrés. Vous avez rebâti vos maisons et la maison de Dieu est toujours en ruine!"

    Zacharie :

    Écrit dans le même esprit qu'Agée, mais il emploie déjà le langage apocalyptique qui va devenir un genre littéraire de plus en plus important.

    Malachie :

    Quand Malachie parle, le Temple est reconstruitOn y célèbre le culte et les rites, mais le peuple a repris ses mauvaises habitudes d'avant l'exil, d'où la réaction vigoureuse de MalachieSon langage est poétique: [size=16]"J'ai eu faim... Quand donc, Seigneur, t'avons-nous vu avoir faim ? ... Je vous aime dit Dieu. Et vous dites: En quoi, nous aimes-tu..." Par huit fois, Malachie interpelle le peuple de cette manière pour mettre à nu le péché ; le péché de ceux qui offrent leurs restes à Dieu, le péché des prêtres qui ne prêchent plus la Parole de Dieu, le péché de ceux qui répudient leur femme, le péché de ceux qui ne savent plus distinguer le bien du mal. Alors le jugement de Dieu viendra et il sera précédé par le retour d'Élie. C'est ce texte qui contribue à donner une importance considérable à Élie dans le judaïsme.


    Le Troisième Isaïe (LVI à LXVI) :

    56, 1-8: Les étrangers peuvent appartenir au peuple de Dieu.
    56, 9 - 57,21: Lamentations sur ceux qui croient faire partie automatiquement du peuple de Dieu.
    66, 1-16: Au contraire Dieu donne à la Fille de Sion le pouvoir d'enfanter un peuple nouveau.

    Les Scribes :

    Outre les prophètes, des scribes comme Esdras, Néhémie complètent les Écritures par les Chroniques. Des sages recueillent des réflexions antérieures (Ruth, Jonas, Proverbes, Job), que l'on appellera les livres de sagesse. La Sagesse est évoquée comme la personnification de la première des créatures, par qui tout le reste a été fait (Prov. VIII, 22-31). Cette époque est féconde pour la rédaction des Psaumes.

    Pendant cette période de l'exil et du retour, la nécessité s'est fait sentir d'expliquer pourquoi la vision des deutéranomistes a tourné à l'échec. Les textes de la Bible seront remaniés une dernière fois pour expliquer que la protection de YHVH était conditionnelle car Dieu continuait à châtier les rois et le peuple lorsqu'ils ne se conformaient pas à sa volonté. Ce remaniement est appelé "sacerdotal" par les spécialistes.

    C'est aussi l'époque où prend naissance un nouveau type de littérature religieuse: le Midrash et le Targum. Le Midrash (arac: rechercher) est une méthode d'interprétation du texte sacré:

    - le Midrash halakah définit les règles de conduite (Halakhôt: lois),
    - le Midrash aggadah cherche à édifier.
    Le Targum est une traduction orale en araméen de l'Écriture.


    C. La Période grecque

    Alexandre le Grand a conquis tout le Proche-Orient et le Moyen-Orient:

    332: Conquête de l'Égypte et fondation d'Alexandrie.
    331: Prise de Babylone, Suse, Persépolis.
    327: Alexandre est aux portes de l'Inde.
    323: Il meurt à Babylone à l'âge de 33 ans, sans descendance. Ce sont ses généraux qui se partagent son empire en trois états portant le nom de leur fondateur :

    - Les Antigonides en Grèce,
    - Les Lagides en Égypte,
    - Les Séleucides en Syrie jusqu'aux Indes.

    La Palestine échoit aux Lagides, connus aussi sous le nom de Ptolémées, car la plupart de leurs rois portent ce nom. Les Lagides régneront sur la Palestine de 333 à 198. La communauté juive est dispersée et présente dans trois centres principaux:

    * À Alexandrie, elle s'hellénisera en harmonisant la pensée juive à la culture grecque. Les Juifs d'Alexandrie (un cinquième de la population de la ville) ont oublié l'hébreu et l'araméen. Ils vont donc traduire les textes hébreux en grec (la Septante), ce qui deviendra l'Ancien Testament pour le christianisme. Alexandrie possède un philosophe de grand renom, Philon qui essayera de reformuler la foi traditionnelle à la lumière de la philosophie grecque.

    * À Babylone, la communauté restera importante, bien que l'on ne sache pas grand-chose de son histoire. Mais elle produira plus tard une oeuvre de toute première importance, le Talmud de Babylone.

    * En Palestine, la communauté est divisée. Une partie est attirée par la culture grecque, car le grec a remplacé l'araméen comme langue de communication internationale. L'autre partie est farouchement attachée à l'héritage hébreu-araméen. Celle-ci sera le noyau de la résistance lorsque la Palestine passera aux mains des Séleucides qui n'auront pas la même politique de tolérance que les Lagides.


    V. La restauration temporaire (l'État hasmonéen)

    En 198, le roi séleucide, Antiochus III, s'empare de la Palestine. En 167, Antiochus IV supprime les privilèges des Juifs, interdit le sabbat et la circoncision ; il profane le Temple. Des grands prêtres acceptent cette domination tandis que le peuple se révolte sous l'impulsion des Macchabées. Il s'agit d'une famille à qui l'on a donné le surnom de Martel ou Macchabée. L'histoire de cette révolte nous est racontée dans les deux livres, I et II Macchabée, conservés en grec, et qui ont été admis dans le canon de la Septante.

    Le père, Mattathias, et ses cinq fils donnent le signal de la révolte, ils prennent le maquis après avoir égorgé un émissaire d'Antiochus IV (Épiphane). Ils conduisent des combats de harcèlement des forces séleucides jusqu'au moment où le cinquième fils, Juda, parvient à libérer Jérusalem en décembre 164. Juda meurt dans un combat. Son jeune frère, Jonathan, continue la lutte et finit par obtenir la fin des hostilités et à se faire reconnaît comme vice-roi sous l'autorité des Séleucides. Son frère Simon se proclame "grand prêtre souverain, général et chef des Judéens" (I Macchabée, XIII, 41 et ss.). Simon fut assassiné par son gendre qui cherchait à prendre le pouvoir, mais celui-ci fut vaincu par Johannes, fils de Simon, qui se proclama roi sous le nom de Jean Hyrcan Ier.

    La dynastie des Hasmonéens, du nom d'un ancêtre (Hasmon), est fondée ; elle régnera jusqu'à la domination romaine en 63. L'histoire de ces rois hasmonéens n'est guère reluisante, faite de luttes intestines, de corruption et de scandales. Les derniers hasmonéens, deux frères, Hyrcan et Aristobule se disputent le pouvoir. Ils font appel aux Romains pour régler leur différend et Pompée se présente à Jérusalem avec ses troupes. Aristobule indispose Pompée qui l'envoie, prisonnier, à Rome tout en établissant Hyrcan comme Grand Prêtre. Hyrcan parvint à se maintenir à cette position malgré de nombreuses intrigues et péripéties. Finalement en 37, Hérode obtient le soutien de l'empereur Antoine et prend une possession incontestée de la royauté. Il règne jusqu'en 4 av. J.C.


    VI. La Période romaine

    À la mort d'Hérode, l'État de Judée cesse d'exister comme État plus ou moins indépendant. Le territoire est partagé entre ses fils, mais sous la tutelle des Romains:

    - Archelaüs fut tétrarque de Judée, Idumée et Samarie,
    - Antipas, tétrarque de Galilée et Pérée,
    - Philippe, tétrarque de Trachonitide, Batanée et Auranitide.

    L'histoire de ces petits états est sans grand intérêt, sauf en ce qui concerne les insurrections de militants juifs (les zélotes) pour essayer de s'affranchir de la tutelle des Romains. Nous en possédons un récit de toute première valeur dans les deux ouvrages de l'historien, Flavius Josèphe: "la Guerre des Juifs et les Antiquités judaïques". En 66 ap. J.C., notamment, le Procurateur Florus se livra à de terribles exactions à Jérusalem. Le peuple se révolta sous la conduite d'Éleazar, un fils du Grand Prêtre.

    Le Gouverneur de la province de Syrie, Cestius Gallus, descendit d'Antioche à la tête d'une légion et de nombreuses troupes de renfort, mais ne réussit pas à rétablir l'ordre. Il dut, au contraire, se retirer à Antioche laissant le territoire aux mains des insurgés qui ne parviennent pas à s'unir malgré un effort d'organisation.

    Un certain Joseph, qui devint plus tard l'historien Flavius Josèphe, fut envoyé comme chef suprême en Galilée mais se heurta à un parti de zélotes commandés par Jean de Gishala. Finalement l'empereur Néron envoya un de ses généraux, Flavius Vespasien, avec des troupes importantes. Vespasien se rendit progressivement maître de tout le pays et Josèphe dut se soumettre. Il fut d'ailleurs traité avec mansuétude par Vespasien, si bien qu'il prit un nom romain avec le prénom de son protecteur.

    Les zélotes s'étaient retirés dans Jérusalem où ils massacrèrent leurs adversaires. C'est à cette époque que la toute jeune communauté chrétienne de Jérusalem quitta la ville pour se réfugier à Pella, dans la Décapole. Vespasien vint mettre le siège devant Jérusalem. Entre-temps, Néron était décédé et Vespasien fut proclamé empereur le Ier juillet 69, après les courts règnes de Galba, Othon et Vitellus. Vespasien laissa le soin de maîtriser la révolte palestinienne à son fils Titus. Au printemps 70, Titus commença l'assaut de Jérusalem avec pas moins de quatre légions et de nombreuses troupes auxiliaires. Il réussit à s'emparer de la ville en juin 70 et finalement du Temple lui-même dont l'enceinte était une puissante forteresse. On était en août 70, le Temple fut complètement détruit.

    Les rebelles détenaient encore plusieurs places fortes dont la forteresse de Massada qui résista encore pendant trois années. Lorsque le général romain Silva réussit à s'en emparer après avoir fait construire par des esclaves juifs une rampe spectaculaire pour accéder au sommet, les défenseurs se donnèrent mutuellement la mort. Au printemps 130, l'empereur Hadrien se trouvait dans la région.

    Une ville romaine avait été construite sur les ruines de Jérusalem, ce qui souleva à nouveau le pays. Le chef de cette insurrection qui éclata en 132 s'appelait Simon, à qui l'on donne le surnom de Bar-Kochba (fils des étoiles). Il réussit pour un temps à s'imposer car les Romains ne semblaient pas prendre la chose très au sérieux. Jérusalem fut délivrée et Simon s'y installa pour diriger le pays. Après l'échec des gouverneurs Tineus Rufus et Publicius Marcellus pour mâter l'insurrection, Hadrien dépêcha son général Julius Severus qui s'était distingué en Bretagne. Severus s'empara de Jérusalem, forçant Simon à se réfugier dans une localité du nom de Beth-Ter (aujourd'hui Chirbet el-yehud, "Ruines des Juifs").

    Serverus y envoya un fort contingent de troupes et s'empara de la localité tandis que Bar-Kochba trouvait la mort dans le combat. Cela se passa en 135. Jérusalem prit le nom de Colonia Aelia Capitolina. Le lieu saint fut occupé par un temple de Jupiter Capitolin, on édifia un temple de Vénus là où se trouve actuellement le Saint Sépulcre. Il fut interdit aux Juifs de pénétrer dans la ville sous peine de mort et la province perdit son nom de Judea pour celui de Palestina. On revenait ainsi à l'ancienne appellation "pays des Philistins".

    Tel fut l'épouvantable épilogue de l'histoire d'Israël. Les Juifs n'eurent d'autres ressources que de se disperser aux quatre coins du monde dans la longue diaspora qui ne prit fin qu'à notre époque où ils furent autorisés à rentrer en Palestine et à récréer un État d'Israël.


    A. Les communautés religieuses

    Parallèlement à cette histoire profane, dramatique à bien des égards, des périodes grecque, hasmonéenne et romaine, une autre histoire est vécue sur le plan religieux, celle des sectes juives et de la naissance du christianisme.

    L'aristocratie dirigeante, formée de prêtres de haut rang, a toujours cherché à se concilier le pouvoir, celui des Séleucides, des Hasmonéens et des Romains. On les connaît sous le nom de Sadducéens car ils font remonter leur légitimité à Zadocq, prêtre sous David. C'est moins une secte religieuse qu'un parti politique. Ils sont conservateurs et refusent les nouvelles orientations de la croyance juive, telles que l'existence de l'âme et la résurrection.

    À l'opposé de ces prêtres de haut rang, nous trouvons les nombreux prêtres de la base, qui appartiennent plutôt à la mouvance pharisienne. Les pharisiens sont les héritiers des Juifs pieux, les Hassidim, qui veulent construire une nation sur des bases spirituelles depuis l'époque d'Esdras (IVe siècle av.J.C.). Leur nom signifie "les séparés", car ils sont profondément religieux, attachés à la loi et à sa pratique mais "séparés" ou opposés aux Sadducéens. Ils ont une connaissance profonde des Écritures. Leur hostilité au pouvoir, notamment celui des Hasmonéens, leur vaudra bien des persécutions. Alexandre Jannée, un des rois hasmonéens, fit massacrer plus de six mille pharisiens en représailles, car pendant la Fête des Tabernacles, il s'écarta du rite habituel et le peuple fit pleuvoir sur lui des citrons.

    Les Samaritains sont un groupe à part, issu du mixage des populations restées en Samarie lors de la déportation en Assyrie et des colons venant d'autres régions de l'empire avec leurs traditions et leurs dieux. Ils n'acceptent que la Torah dont ils ont une version particulière avec des variantes notoires par rapport au texte hébreu.

    À côté de ces divisions mentionnées dans le Nouveau Testament, un mouvement religieux important occupa une scène plus ou moins cachée. Il s'agit des esséniens dont nous connaissons l'existence par plusieurs sources:

    - Philon d'Alexandrie dans "Quod omnis probus liber sit" (par.75 à 91) et dans "l'Apologie des Juifs" (par. 1 à 18).
    - Flavius Josèphe dans La Guerre des Juifs (par. 119 à 161) et dans les "Antiquités judaïques" (par. 18 à 22).
    - Pline l'Ancien dans son "Histoire naturelle"

    Notre connaissance des moeurs et doctrines esséniennes fut renforcée lorsqu'à partir de 1947 on découvrit les documents de la Mer Morte. En outre, plusieurs sectes de type baptiste se constituèrent dont l'exemple le plus connu est Jean le Baptiste mentionné dans le Nouveau Testament.

    * Le Second Zacharie :

    Selon les spécialistes, le livre de Zacharie ne comptait que huit chapitres. À l'époque d'Alexandre, un auteur inconnu y ajouta les chapitres 9 à 14, connus sous le nom de Second Zacharie:
    - 9-10: Alexandre y est accueilli comme le Nouveau Messie,
    - 11-13: Dieu et ses prophètes symbolisés par le Berger sont vendus par les trafiquants (les Mauvais prêtres),
    - 12,10 et 13,1: En celui qui est frappé, c'est Dieu lui-même qui est atteint.

    * Qohélet ou Ecclésiaste :

    Livre étrange s'il en est ! Le Qohélet (Celui qui parle dans l'assemblée, le Prédicateur) écoute un sermon où tout est bien ordonné: Dieu est bon et tout se déroule selon son plan... "Ce n'est que du vent, dit le Qohélet ! Il n'y a qu'une chose qui compte, c'est bien manger..." Étrange conseil, mais qui vise à nous dire de ne pas s'accrocher à nos illusions. Il y a Dieu d'une part et le monde avec son absurdité d'autre part. Puisque tu ne sais pas de deux choses laquelle réussira, fais les deux.

    * Le Livre de Daniel :

    Ce livre fut rédigé à l'époque macchabéenne vers 164 par un auteur inconnu qui donne l'impression d'écrire à une autre époque de persécution, en prenant le nom de Daniel, héros païen cananéen mentionné par Ézéchiel. Le livre est classé parmi les Écrits dans la Bible juive et la TOB, et parmi les Prophètes dans la Bible grecque. L'histoire est centrée sur la personne de Daniel qui est jeté dans la fosse aux lions ; une pierre tombale est posée dessus et est scellée. Le roi mène le deuil: Daniel est mort. Mais il en sort vivant. Daniel est la personnification du peuple juif, mis à mort par ses persécuteurs grecs (les Séleucides) mais renaissant par l'action des Macchabées. Les chapitres 7-12 inaugurent un genre littéraire nouveau: l'apocalypse (révélation). L'auteur présumé (non pas l'auteur lui-même, mais celui dont il prend le nom) est un saint qui est près de Dieu qui peut lui révéler ses secrets et, par conséquent, lui permettre d'annoncer l'avenir.

    * Les Psaumes :

    Ce livre est évoqué ici, parce qu'il est impossible de le dater. En fait, les Psaumes ont été introduits progressivement dans la Bible. On en a rédigé à toutes les époques, les plus anciens remontant à l'époque de David. Certains ont été rédigés pendant l'exil et un nombre assez significatif est de l'époque de la restauration du Temple. Les derniers sont de l'époque macchabéenne.

    On peut classer ces 150 psaumes de plusieurs manières:

    a. Selon l'auteur présumé ou la personne de référence:

    - 73 psaumes sont dits de David (à la légende de David, s'est attachée l'image d'un poète récitant des psaumes en s'accompagnant d'un instrument: "Psaltérion" en grec, d'où les termes "Psautier" pour le livre et "Psaumes" pour les textes). Cela ne veut pas dire que David est l'auteur de tous ces psaumes.
    - 12 portent le nom de Asaph,
    - 11 le nom des Fils de Coré,
    - quelques psaumes sont attribués individuellement,
    - 35 sont sans attribution.
    N.B. Cette répartition est celle de la Bible grecque, elle diffère dans la Bible hébraïque et dans la Bible syriaque.

    b. Selon les genres littéraires utilisés :

    A savoir des hymnes, des supplications, des actions de grâce, voire des cantiques (p.e. les psaumes 120 à 134 portent le titre de Chant des Montées. Ils étaient sans doute chantés lors des montées à Jérusalem).

    c. Selon une tradition voulant s'aligner sur les cinq livres du Pentateuque:

    1. De 1 à 41: Le duel du juste et du réprouvé.
    2. De 42 à 72: L'exil de l'âme.
    3. De 73 à 89: L'attente des fins dernières.
    4. De 90 à 106: La joie dans le triomphe de la justice divine.
    5. De 107 à 150: L'allégresse de la délivrance.[/size]
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:18

    B. Les livres deutérocanoniques ou apocryphes

    Le Livre de Daniel fut le dernier livre à être incorporé dans le canon de la Bible juive (canon élaboré vers l'an 90 de notre ère par les Rabbins de Palestine et composé uniquement de livres écrits en Hébreu), mais aussi dans la Bible protestante, car lors de la Réforme au XVIe siècle, les Protestants suivirent St Jérôme qui était aussi partisan de ce canon. Par contre, les Catholiques, lors du Concile de Trente (1545-1549), reconnurent comme également inspirés une série d'autres livres qui avaient été rédigés ou traduits en Grec. Ils les appelèrent les deutérocanoniques (seconde loi), alors que les Protestants continuent de considérer ces livres comme apocryphes (cachés, tenus secrets).

    Ces Livres deutérocanoniques ou apocryphes sont les suivants:

    Tobie :

    Le vieux Tobie, un saint devenu aveugle, se désespère: la jeune Sara, malgré sa vertu, a vu mourir tous ses fiancés et veut mourir. Tout cela est absurde. Dieu est-il absent, indifférent ? Dieu est présent dans chacune de nos vies, mais il est caché. Il faut savoir le découvrir.

    Cantiques des Cantiques :

    Un merveilleux poème qui célèbre de manière très réaliste l'amour humain dans toute son épaisseur charnelle.

    Siracide ou Ecclésiastique :

    Traduction en grec par un petit-fils d'un livre écrit vers 190 av. J.C. par le grand-père. La fidélité à la loi et sa pratique permettent d'acquérir la vraie sagesse. La personnification de cette sagesse est présente dès la création du monde et c'est par elle que le monde fut créé.

    * I Macchabée :

    Écrivant vers 100, l'auteur favorable aux Macchabées, nous raconte l'histoire des trois premiers: Juda, Jonathan, Simon,

    * II Macchabée :

    Il ne s'agit pas d'une suite au livre précédent, mais d'un résumé, fait vers 124, d'un livre antérieur écrit par Jason. On y découvre la spiritualité des Pharisiens et leur attachement total à Dieu. La guerre des Macchabées est une guerre sainte, engendrant le martyre, comme celui du vieil Éleazar. On y retrouve la doctrine pharisienne de la résurrection.

    * Judith et Esther :

    C'est Dieu qui sauve. Il choisit pour cela les moyens les plus faibles: la main d'une femme.

    Deux autres livres viennent compléter la série des deutérocanoniques, mais ils ont été écrits dans la diaspora, l'un à Babylone l'autre en Égypte.

    * Baruch (Babylone) :

    Attribué à Baruch, secrétaire du prophète Jérémie, ce livre est composé de quatre parties écrites à des époques différentes:
    - Nos péchés ont rompu notre relation avec Dieu (I, 1-14).
    - Le seul recours que l'on a, c'est la tendresse et la fidélité de Dieu (1, 15 - II,18).
    - La sagesse de Dieu n'est autre que la loi. C'est donc en pratiquant la loi que l'on acquiert la sagesse (III, 19 - IV, 4).
    - Encouragement à Jérusalem car Dieu lui accorde sa lumière et sa miséricorde (IV,5 - V,9).

    * La Sagesse (Égypte) :

    Composé à Alexandrie vers 50-30 avant J.C, ce livre est divisé en trois parties:
    - La destinée humaine selon Dieu (I - V). Sommes-nous nés du hasard ? Non, car Dieu a créé l'homme incorruptible en le faisant image de sa propre nature.
    L'éloge de la Sagesse (VI,1 - XI,3). L'auteur nous presse de rechercher la sagesse de Dieu, ami de l'homme. C'est elle qui guida Adam, Noé, Abraham et Moïse.
    - Méditations sur l'Exode (XI,4 - XIX,22). Les plaies d'Égypte sont punition pour les uns, salut pour les autres.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:18

    C. Les Écrits de la Mer Morte

    Nous sommes ici en présence de textes dont certains ne font pas partie de la Bible, puisqu'ils furent rédigés à l'usage d'une communauté particulière que la plupart des historiens rattachent aux esséniens.



    Un jeune bédouin de quinze ans, cherchant une brebis perdue, s'aventura dans des grottes situées sur la rive occidentale de la Mer Morte, près d'une vieille ruine appelée "Khirbet Qum'ran". Il découvrit dans une de ces grottes des jarres contenant des rouleaux. Après bien des péripéties, ces rouleaux aboutirent à Bethléem et purent être transmis à l'Université hébraïque de Jérusalem. Par la suite, on entreprit une fouille systématique des grottes de Qum'ran, ce qui permit de mettre la main sur un grand nombre de manuscrits dont certains en relatif bon état, mais beaucoup à l'état de fragments.



    Les manuscrits découverts sont, en partie, des textes bibliques, comme par exemple les deux rouleaux d'Isaïe. Cette découverte met dans les mains des exégètes une version du Livre d'Isaïe qui est de mille ans antérieure au plus ancien manuscrit de la Bible hébraïque. Ce qui est tout aussi intéressant, ce sont les textes qui ont été rédigés par la secte elle-même et que l'on peut classer comme suit:

    * La Règle ou le Manuel de discipline :

    Ce document établit le mode de vie des membres de la communauté. Il commence par une introduction qui définit le but et l'idéal de la communauté. Il décrit la cérémonie d'entrée. Vient ensuite la règle proprement dite, énonçant les divers règlements en vigueur dans la communauté y compris le code pénal. Cette partie est introduite par une exhortation à l'obéissance, est parsemée de digressions doctrinales et s'achève dans une parénèse où il est recommandé de se soumettre à la volonté de Dieu et de le bénir constamment. Le rouleau se termine par un hymne célébrant la toute puissance de Dieu et le néant de l'homme. Viennent ensuite les appendices avec des règles complémentaires et un livre liturgique, les bénédictions. Il s'agit d'un texte composite, remanié à plusieurs reprises.

    Ce rouleau doit être mis en parallèle avec un texte connu depuis 1896-1897, découvert dans une geniza du Caire, publié en 1910 sous le titre "Fragments d'un ouvrage sadocite" car le texte se réclamait des "Fils de Sadoq" et nommait la communauté à laquelle le texte s'adressait "La Nouvelle Alliance au pays de Damas". Or plusieurs fragments de ce texte ont été retrouvés dans les grottes de Qum'ran. C'est donc une oeuvre de la secte judéenne elle-même, mais rédigée dans la région de Damas où la communauté s'était réfugiée pour un temps, lors d'une persécution. Cette nouvelle règle fait état dans son introduction "des ordonnances premières dans lesquelles les membres de la Communauté commencèrent à être instruits". On retrouve donc en partie le code du Manuel de discipline amendé par les ordonnances dernières.

    * Le document de Damas :

    Cet écrit peut être daté de l'époque allant de 4 avant J.C. jusqu'à 6 après J.C., époque où la communauté de Qum'ran se serait exilée à Damas. Tous ne partagent pas ce point de vue, car selon eux, Damas ne serait que le symbole d'un lieu d'exil, soit le lieu où les sectateurs se sont retirés en se séparant du Temple de Jérusalem. Dans ce cas, le "Document de Damas" pourrait être antérieur au Manuel de discipline et les ordonnances premières seraient les lois juives de la Torah.

    Quant au Manuel de discipline, on ne peut le dater de manière précise car il est composite, mais sa rédaction finale ne peut être antérieure au moment où la Communauté est déjà bien implantée à Qum'ran. On y fait allusion, comme d'ailleurs dans le Document de Damas, à un Maître de Justice qui pourrait être l'auteur des règles ou du moins son principal réformateur et par conséquent fondateur de la communauté. Mais le grand problème est d'identifier le personnage connu sous ce nom dans plusieurs écrits de la secte.

    * Le Règlement militaire :

    Allégorie décrivant la guerre entre les "fils de lumière", les membres de la secte et les "fils de ténèbres", toutes les forces du mal. Ce livre met en lumière le caractère dualisant de la doctrine de la secte.

    * Les Pésher(im) (explications) :

    Il s'agit de commentaires sur des livres connus de la Bible, comme la Genèse ou les livres de prophètes (Habacuc, Nahum, les Psaumes etc.). Le commentateur reproduit une phrase du texte biblique et en donne ensuite le commentaire en l'actualisant par des événements contemporains, faisant du texte biblique une sorte de prophétie de l'avenir. Ce procédé sera utilisé fréquemment par la suite sous une forme ou sous une autre, par exemple par les auteurs chrétiens qui évoqueront des passages de l'Ancien Testament comme une prémonition, sinon une annonce, de la prédication de Jésus.

    Le plus célèbre de ces commentaires, est le "Commentaire d'Habacuc". Ce commentaire est soumis à une étude minutieuse des exégètes et des historiens pour essayer de dater la fondation de la secte et l'époque de son existence. Il y est fait allusion, en effet, à un peuple particulier, les Kittims, à des personnages précis: "Le Maître de Justice, le prêtre impie, l'homme de mensonge et la Maison d'Absalon".

    Les Historiens ne sont pas d'accord sur l'identification de ces personnages. Pour certains, les Kittims sont les Macédoniens et les personnages dont il est question, ont vécu soit à l'époque séleucide, soit à l'époque macchabéenne. Dans le premier cas, le Maître de Justice serait un Grand Prêtre (Onias III), illégitimement écarté en 175 av. J.C. par les Séleucides au profit de Jeshua (Jason, Jésus), de la famille des Tobiades, rapidement remplacé par Ménélas, le prêtre impie qui fit assassiner Onias.

    Pour d'autres, les Kittims sont toujours les Grecs, mais l'histoire se place sous un des règnes hasmonéens. Les rois hasmonéens se prévalurent du titre et de la fonction de Grand Prêtre, usurpant ainsi, aux yeux des Hassidim, une fonction à laquelle ils n'avaient pas droit. Il en résulta des conflits entre Grands-Prêtres et Pharisiens. L'un d'entre ces pharisiens fonda à Qum'ran une communauté en opposition avec le pouvoir saduccéen de Jérusalem. Plusieurs hypothèses sont alors possibles selon le roi hasmonéen que l'on retient comme étant à la fois le "prêtre impie" et "l'homme de mensonge". Par exemple Jean Hyracn (135-104) persécutant le pharisien Éleazar ou encore Aristobule Ier (104-103) et Juda ben Jédédiah qui pourrait être Juda l'essénien. Selon d'autres hypothèses, le prêtre impie serait Alexandre Jannée, (103-176) qui serait en même temps l'homme de mensonge (celui-ci pourrait, toutefois, être Absalon, frère d'Alexandre Jannée ou encore Simon ben Shetah, le frère de sa femme Salomé Alexandra). La difficulté serait alors d'identifier le Maître de Justice. Ce serait toujours Juda l'essénien qui fut déjà aux prises avec Jean Hyrcan et Aristobule, mais aurait été persécuté par Alexandre Jannée.

    Comme on a retrouvé à Qum'ran des pièces de monnaies datant de Jean Hyrcan, d'Aristobule Ier et d'Alexandre Jannée, la secte n'aurait pas été fondée par le Maître de Justice, mais celui-ci serait un chef surgi au cours de son histoire.

    Il en serait de même, dans la dernière hypothèse, selon laquelle les Kittims sont les Romains appelés par Aristobule II pour régler son conflit avec son frère. Aristobule II serait alors le prêtre impie et l'homme de mensonge et le Maître de Justice pourrait être Onias le Juste, lapidé en 65, comme raconté dans le Talmud.

    * Les Hymnes :

    C'est un livre de prières propres à la communauté de Qum'ran.

    En dehors de ces écrits propres à la secte, on découvrit encore des manuscrits de deutérocanoniques (Tobie, le Siracide) ou encore des livres qualifiés d'apocryphes par les catholiques et de pseudépigraphes par les protestants. Ceci nous amène à parler de la dernière catégorie de livres religieux écrits au cours du dernier siècle avant l'ère chrétienne et du premier siècle de l'ère chrétienne.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:19

    D. Les Apocryphes (pseudépigraphes) de l'Ancien Testament

    Les Écrits de la Mer Morte ne sont pas, en effet, les seuls documents religieux rédigés en marge de la Bible et bien souvent dans la diaspora. 

    Quelques livres intéressants pour la pensée religieuse ont vu le jour, même s'ils n'ont pas trouvé leur place dans le canon des Écritures saintes. Quelques-uns ont pourtant figuré au début de l'ère chrétienne, comme le Troisième Livre d'Esdras, dans les plus anciens manuscrits grecs et dans quelques manuscrits latins, dont la Vulgate de St Jérôme. Le Livre d'Hénoch figure encore de nos jours dans la Bible éthiopienne.

    * I Hénoch :

    Une collection d'écrits, prophéties et exhortations sont mises dans la bouche du Patriarche Hénoch. Elle comprend cinq recueils principaux, dans lesquels se sont glissées beaucoup d'interpolations (du fait notamment de son utilisation par le christianisme primitif). L'original fut probablement écrit en hébreu mais est perdu. De la traduction grecque qui suivit, on a conservé quelques fragments. C'est donc dans sa version éthiopienne, que nous le connaissons.

    L'introduction évoque le jugement dernier qui doit faire trembler les pécheurs. Elle est datée de la fin de la première moitié du Ier siècle avant notre Ére. La première partie concerne la chute des anges et l'assomption d'Hénoch. Elle fut écrite au temps des persécutions d'Antiochus Épiphane, soit vers 166 av. J.C. La deuxième partie est appelée le Livre des Paraboles. Elle est importante pour l'histoire du Messianisme. Il faut placer sa rédaction dans la première moitié du Ier siècle avant J.C. La troisième partie s'intitule le Livre du changement des luminaires du ciel. On situe sa rédaction vers 135 avant J.C. La quatrième partie est le Livre des Songes (les songes d'Hénoch) écrit peu de temps avant la mort de Juda Macchabée (160 av. J.C.). La cinquième partie est le Livre de l'exhortation et de la malédiction. Il aurait été écrit au commencement du IIe siècle av. J.C. Si les justes persécutés sont les Pharisiens, les oppresseurs sont les Hasmonéens.

    * Le Livre des Jubilés :

    Dieu raconte à Moïse l'histoire du monde jusqu'à ce jour, en la divisant en "jubilés" de quarante-neuf ans. C'est une réécriture de la Genèse, c'est pourquoi on l'appelle aussi la Petite Genèse, avec l'ajout de traditions historiques en vigueur dans le peuple juif. Écrit en hébreu à l'origine, il fut traduit en grec, puis en latin et finalement en éthiopien. Nous possédons un quart de la version latine et la version intégrale en éthiopien. On ne sait rien de l'auteur. Un pharisien sans doute, peut-être un essénien car on a retrouvé un fragment dans les grottes de Qum'ran. Il date sans doute du IIe siècle av. J.C.

    * Les Testaments des Douze Patriarches :

    Ce livre rapporte les recommandations que font les douze fils de Jacob à leurs descendants. Il contient aussi de nombreuses interpolations chrétiennes. On situe sa rédaction en hébreu vers la fin du IIe siècle av. J.C. On possède des fragments en hébreu et une version grecque.

    * Les Psaumes de Salomon :

    Il s'agit de dix-huit psaumes apparentés aux psaumes davidiques. Ils furent écrits à l'époque de la rivalité entre Hyrcan et Aristobule, donc vers 64-63 av. J.C.

    * Les livres sibyllins :

    Des prophéties attribuées aux Sibylles circulaient dans l'Antiquité depuis le VIe siècle avant notre ère. Des Juifs alexandrins y insérèrent des interpolations juives pour s'en servir à titre de propagande, puis en écrivirent de toutes pièces. La plupart subirent des interpolations chrétiennes. Toutefois, le troisième livre semble n'avoir subi aucune interpolation chrétienne.

    C'est un recueil de textes antérieurs au Ier siècle av. J.C., sans que l'on puisse dater exactement les fragments. Nous y trouvons la défense du monothéisme ainsi que des spéculations messianiques et eschatologiques.

    * La Lettre d'Aristée :

    Aristée, haut fonctionnaire de Ptolémée II, écrit à son frère, Philocrate, pour lui raconter comment fut composée la version grecque de la Bible hébraïque. Cette lettre a sans doute été composée au commencement du Ier siècle av. J.C.

    * La Vie d'Adam et Eve :

    Le récit biblique y est traité avec beaucoup de liberté. On y retrouve la curiosité sur le ciel et sur l'avenir messianique et eschatologique. Écrit en hébreu à la fin du Ier siècle avant J.C., nous en avons des versions en grec, en latin et en slavon.

    * II Hénoch (Les Secrets d'Hénoch) :

    Hénoch est élevé au ciel pour y recevoir la connaissance de ces régions et de leurs mystères. Dieu lui raconte comment il a créé le monde et lui livre des vues sur l'avenir. Le livre aurait été composé à Jérusalem, en grec, par un Juif au début du Ier siècle de notre ère. Nous n'avons conservé que deux versions en vieux slave, l'une plus longue l'autre plus courte.

    L'ascension d'Isaïe :

    Cette fois, c'est Isaïe qui est élevé au ciel pour y connaître les mystères divins. Nous ne possédons plus les documents juifs concernant le martyre d'Isaïe et ses visions célestes. Car ces documents ont été utilisés par un rédacteur chrétien au cours du Ier siècle de notre ère pour la première partie de son oeuvre. Malgré les interpolations chrétiennes, cette première partie peut encore figurer parmi les apocryphes de l'Ancien Testament. Mais dans une deuxième partie décrivant un grand combat entre les anges et Satan, Isaïe est informé de la mission que Dieu le Père donne à Jésus. Il voit la descente de celui-ci, traversant les sept cieux, la terre et le shéol avec pour chaque endroit une forme correspondant aux habitants, et par conséquent une forme humaine pour la terre. Puis le Christ remonte au ciel pour y connaître sa glorification. Nous avons des fragments grecs et latins de l'oeuvre et une version complète en éthiopien. L'oeuvre est plutôt classée parmi les apocryphes du Nouveau Testament.

    * IV Macchabée :

    Cet ouvrage est daté du Ier siècle de l'ère chrétienne. L'auteur reprend les récits de II Macchabée, concernant le martyre du vieil Éléazar et de ses sept enfants, mais en les modifiant sensiblement. Il se sert de ce récit pour philosopher sur la question de la raison. Est-elle souveraine et doit-elle l'emporter sur nos passions ?

    * IV Esdras :

    Vers la fin du Ier siècle chrétien, un Juif publie sept visions qu'aurait reçues Esdras, le Scribe fondateur du judaïsme après l'exil. Pourquoi la destruction de Jérusalem (en 70) ? Quelle est la condition de l'homme en proie au péché ? Il n'y a d'espoir que dans l'avenir messianique et eschatologique. L'original a dû être écrit dans une langue sémitique, l'hébreu ou l'araméen, mais il a été traduit en grec, version dont il ne reste que quelques fragments. Par contre la version grecque a été abondamment traduite en latin, syriaque, éthiopien, arabe, arménien, sans doute en raison de son utilisation par de nombreuses Églises chrétiennes.

    * II Baruch :

    Ne subsiste qu'une version syriaque sur base d'une traduction grecque d'un écrit original en langue sémitique, composé vers la fin du Ier siècle chrétien. Comme le IV Esdras, c'est une apocalypse nous livrant des conceptions messianiques et eschatologiques.

    * III Baruch :

    Écrit composé en grec au commencement du IIe siècle chrétien. Est cité par Origène. Il est conservé en grec avec des adaptations slaves. Nous y retrouvons les spéculations juives sur le ciel.


    VII. Conclusion

    L'histoire profane d'Israël n'a rien d'extraordinaire en comparaison à l'histoire des autres peuples sémitiques qui furent ses voisins dans le Proche-Orient. Tous ces peuples connurent les mêmes vicissitudes, tantôt indépendants et glorieux, tantôt asservis par les grands empires. Pourtant de tous ces peuples, seul le peuple juif, issu de la Ligue des Douze Tribus, nous a laissé un florilège de textes profondément spirituels. L'histoire profane elle-même ne nous est léguée que pour nous transmettre une leçon de spiritualité. Si bien qu'une grande partie de cette littérature a été rassemblée en un ouvrage, la Bible, qui fut traduit dans le monde entier. Il a été reconnu comme sacré et inspiré non seulement par les juifs eux-mêmes, mais par les chrétiens, les musulmans et aujourd'hui par



    les baha'is.

    Certes aujourd'hui, on ne lit plus ce texte au premier degré, sauf par quelques fondamentalistes attardés. Ce n'est plus la Parole de Dieu au sens premier du terme car il convient de dégager la notion de Dieu de tout anthropomorphisme. Il ne parle pas, mais il diffuse son Esprit saint dans la création, comme moteur de cette création et comme source d'inspiration pour ceux qui ont été les Moïse, Jésus, Muhammad et Baha'u'llah. C'est en raison de cette inspiration que ces grands Éducateurs nous ont légué les valeurs essentielles de la vie individuelle et collective, en les traduisant dans des lois, des principes et des ordonnances organisant l'évolution de nos civilisations. C'est ce même Esprit saint qui, à un autre degré, a inspiré les auteurs des textes bibliques, tant du Nouveau que de l'Ancien Testament.

    Essayer de retracer l'histoire véritable du peuple hébreu, découvrir comment il a traduit sa spiritualité dans des récits légendaires, mythiques, paraboliques et parfois historiques, nous aide à mieux comprendre notre époque et ses enjeux. Car notre époque récuse l'exclusivisme et le fanatisme religieux, de même que les croyances superstitieuses. Cela n'est possible qu'en cherchant à comprendre le sens de la tradition sans rejeter les acquis de la critique historique.


    BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE I

    Burrows Millar, Les Manuscrits de la Mer Morte, Robert Laffont, 1972.

    Charpentier Etienne, Pour lire l'Ancien Testament, Cerf, 1982.

    Daniélou Jean, Les Manuscrits de la Mer Morte et les origines du christianisme. Éditions de l'Orante, 1974.

    Dupont-Sommer A., Les Ecrits esséniens découverts près de la Mer Morte, Payot, 1960.

    Finkelstein Israël et Silberman Neil Asher, La Bible dévoilée, Bayard, Paris, 2002.

    Josèphe Flavius, The Jewish War, Penguin Books, 1959

    Noth Martin, Histoire d'Israël, Payot, 1954.

    Rops Daniel, La Bible Apocryphe, Cerf-Fayard, 1953.

    Roth Cecil, The dead see scrolls, a new historical approach, New-York, Norton and Cy, 1965.

    Sachar Abram Léon, Histoire des Juifs, Flammarion, 1973.

    Terrien S., Les Pays bibliques, Editions des deux Coqs d'or, 1957.

    Time-Life, Les Origines de l'Homme, Les Israélites, 1976.

    Tisserant Eugène, Ascension d'Isaïe, Letouzey et Ané, 1909.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:19

    Chapitre II: Le Christianisme 

    I. Le dossier

    A. Les sources non chrétiennes

    * Tacite (54/56-120) (Annales XV, 45) :

    Il raconte que Néron à qui l'on attribuait la cause de l'incendie de Rome en juillet 64, a tenté de rejeter cette responsabilité sur ceux que "le vulgaire appelait chrétiens. Leur nom leur venait de Christ qui, sous Tibère (14-37), fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Cette superstition sacrilège fut momentanément réprimée, mais elle réapparut par la suite et se répandit non seulement en Judée où elle avait pris naissance, mais également à Rome où se retrouvent et sont pratiqués tous les rites religieux les plus atroces et les plus répugnants du monde. On commença donc par s'emparer de ceux qui se proclamaient ouvertement chrétiens puis, sur leurs déclarations, d'une énorme quantité de gens. Ils ne furent pas condamnés pour incendie, mais pour haine du genre humain... De leur exécution, ll fit une fête: on les vêtit de peaux de bêtes, on les fit dévorer par des chiens, on les crucifia, on les brûla à la tombée de la nuit afin qu'ils servent de flambeaux... Il en résulta que la pitié s'émut pour ces gens ; bien que coupables et méritant les plus durs châtiments, ils n'étaient pas sacrifiés au bien général, mais à la cruauté d'un seul."

    * Suétone (70-141). (Vie de Claude, ch.25) :

    "Il chassa de Rome les Juifs qui s'agitaient sans répit à l'instigation de [size=120]Chrestus". Ce texte prouve tout au plus que vers 50 il y avait des chrétiens à Rome.[/size]

    * Pline le Jeune (32-125) :

    Gouverneur de Bithynie écrivit en 112 à l'empereur Trajan, pour signaler qu'il y avait des chrétiens autour de lui et qu'il les a fait arrêter. "Ils chantent des hymnes au Christ comme à Dieu."

    * Flavius Josèphe (37 / ?) :

    "En ce temps-là vécut Jésus, homme sage, si toutefois il est permis de l'appeler un homme, car il accomplit des oeuvres merveilleuses et enseigna les hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Et il entraîna bien des Juifs et bien des Grecs. Celui-là était le Messie. Pilate l'ayant fait mettre en croix, ceux qui l'avaient aimé d'abord n'y renoncèrent pas. Car il leur apparut après avoir repris vie le troisième jour. Les prophètes divins ayant du reste prédit cela de lui et bien d'autres prodiges. La race des chrétiens, qui tire de lui son nom, existe encore aujourd'hui" (Antiquités Juives XVIII, 3).

    Les mots imprimés en caractères gras ont vraisemblablement été ajoutés par un scribe chrétien dans le texte original de Flavius Josèphe.

    Nous trouvons encore une allusion à Jacques, le "frère de Jésus dit le Christ" (Antiquités Juives XX, 9,1), dans un texte qui raconte l'exécution de Jacques.
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:20

    B. Les sources chrétiennes

    a. Les Évangiles

    * Les Évangiles canoniques:

    Quatre Évangiles ont été retenus dans le canon. Les Évangiles selon Marc, Matthieu, Luc et Jean. D'autres évangiles ont été écrits dans le courant du IIe siècle. Les principaux sont:



    * Les évangiles de l'enfance:

    - Protévangile de Jacques qui raconte la vie de Marie, de sa naissance à son mariage, puis la naissance de Jésus et l'adoration des Mages, enfin le massacre des innocents et le meurtre de Zacharie.

    - L'évangile de Thomas l'Israélite et l'évangile arabe de l'enfance.

    Ces trois textes ont pour but principal d'exalter la virginité de Marie et plus généralement l'état de virginité, ce qui suppose un milieu judéo-chrétien très marqué par l'encratisme.

    * Les évangiles apocryphes:

    L'évangile selon Nicodème, dont les ch. I-XVI sont appelés les actes de Pilate. Il a pour but de montrer que Pilate était favorable à Jésus, tandis que la seconde partie raconte la descente de Jésus aux enfers, selon le schéma courant chez les judéo-chrétiens.

    L'évangile selon Pierre (fragments) qui relate la passion, la mort, l'ensevelissement et la résurrection du Christ.

    * Les évangiles perdus:

    Ces textes sont connus par des citations ou par des fragments:

    - l'évangile selon les Hébreux,
    - l'évangile selon les Egyptiens,
    - l'évangile des Ebionites,
    - l'évangile de Barnabé,
    - l'évangile de Barthélemy,
    - l'évangile de Matthias,
    - l'évangile de Thomas,
    - l'évangile de Philippe.

    Ces trois derniers évangiles ont été retrouvés en entier dans une version copte dans les documents de Nag Hammadi
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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 11:20

    b. Les Épîtres

    * Les Épîtres de Paul:

    1e lettre aux Thessaloniciens, Corinthe 50/51,

    Lettre aux Philippiens, Ephèse 55/57,

    Lettre aux Galates, Ephèse 55/57,

    1e lettre aux Corinthiens, Ephèse (?), 55/57,

    2e lettre aux Corinthiens, Macédoine 55/57,

    Lettre aux Romains, Corinthe 57/58, Billet à Philémon, Rome 61/63,

    2e lettre aux Thessaloniciens (authenticité contestée),

    Lettre aux Colossiens (très contestée), Rome (?),

    Lettre aux Ephésiens (contestée), Rome (?),

    Lettres pastorales contestées: deux lettres à Timothée et une lettre à Tite.

    Selon certains exégètes, certaines lettres auraient été fabriquées avec des fragments provenant de plusieurs lettres. Paul mentionne avoir écrit de nombreuses lettres. Certaines seraient donc perdues.

    * L'Épître aux Hébreux.

    * Les Épîtres catholiques:

    Épître de Jacques,
    Épître de Jude,
    1e et 2e Épîtres de Pierre,
    1e, 2e et 3e Épîtres de Jean.

    * Nombreuses épîtres apocryphes, dont l'épître de Barnabé.


    c. Les Actes

    * Actes des Apôtres: (seul texte retenu dans le Nouveau Testament) ;

    * Actes apocryphes:

    Actes de Paul qui comprennent les actes de Paul et de Thècle, la correspondance (apocryphe) de Paul avec les Corinthiens, et le martyre de Paul.
    Actes de Pierre qui rappellent les écrits pseudo-clémentins.
    Actes de Jean qui racontent les voyages missionnaires de Jean en Asie.
    Actes d'André, de Thadée qui rappellent les origines de la chrétienté à Edesse.
    Actes de Thomas qui évoquent l'oeuvre missionnaire de Thomas en Inde.


    d. Les Apocalypses

    * Apocalypse de Jean (finalement admise dans le canon du Nouveau Testament)

    * Apocalypses apocryphes:

    - Apocalypse de Pierre qui a figuré au canon des livres saints. Elle est consacrée aux fins dernières: le jugement général, le bonheur du ciel réservé aux élus, les tourments de l'enfer appliqués aux damnés.

    - Apocalypse de Paul qui décrit la montée de Paul au troisième ciel (II Corinthiens XII, 2). Paul est conduit par un ange au lieu des âmes justes, où s'élève la cité dorée du Christ, puis à la rivière de feu, où souffrent les damnés parmi lesquels on voit des évêques, des prêtres, des diacres (ces deux textes ont inspiré la Divine Comédie de Dante).

    - Apocalypses d'Etienne, de Thomas etc.


    e. Les autres écrits apocryphes

    - Les Odes de Salomon

    - Le Pasteur d'Hermas.

    - Les ouvrages pseudo-clémentins.

    - La didactyle, etc.


    f. Les livres juifs christianisés

    - Testaments des Douze Patriarches.

    - Quatrième, Cinquième et Sixième Esdras.

    - Oracles Sibyllins

    - L'Ascension d'Isaïe.


    g. Les écrits des Pères de l'Église

    * Les Pères apostoliques, c'est-à-dire de la période qui suit immédiatement celle des apôtres (donc début du IIe siècle): Ignace d'Antioche, Polycarpe de Smyrne, Papias de Hiérapolis, Justin le philosophe.

    * Les Pères apologétiques: Irénée de Lyon, Hippolyte de Rome, Clément d'Alexandrie, Tertullien de Carthage, Origène.

    * Les Pères conciliaires, c'est-à-dire les nombreux évêques qui ont joué un rôle important dans les controverses christologiques des IVe et Ve siècles, notamment lors des Conciles de Nicée (325), de Constantinople (381), d'Ephèse (431) et de Chalcédoine (451).

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