Rappel du premier message :
L'appellation "Collège Central" n'apparaît pas dans la Bible.
Dans le Nouveau Testament, en rapport avec le judaïsme de l'époque, il est question du vocable grec presbuterion que l'on traduit généralement par "collège des anciens". En Actes 22:5, il est fait mention de pan to presbuterion ("tout le collège des anciens"), lorsque Paul prit comme témoins devant la foule de Jérusalem, le "Grand Prêtre et tout le collège des anciens" (TOB) pour construire sa défense.
Ainsi l'expression grecque pan to presbuterion servit à désigner dans la religion juive, les anciens de Jérusalem regroupés dans une fonction commune au sein du Sanhédrin.
Ce n'est que tardivement, sous la plume de l'auteur de la première épître à Timothée, que l'on utilise en 1 Timothée 4:14 le même substantif, mais cette fois-ci pour désigner le collège des anciens d'une église. Il s'agit peut-être de l'église d'Éphèse puisque dans l'exordium de l'épître il est demandé à Timothée de demeurer à Éphèse, avec pour mission d'enseigner (1 Timothée 1:3).
Les différentes épîtres du Nouveau Testament émettent l'existence d'une représentativité dirigeante à l'intérieur même des églises locales disséminées dans le bassin méditerranéen. Elles apparaissent comme indépendantes les unes des autres, et il n'existe aucun texte qui fasse référence à une consultation d'un collège central de Jérusalem — censé représenter le groupe de Brooklyn — par la hiérarchie d'une ecclésia — la grande foule dans les congrégations internationales.
L'événement mentionné dans les Actes d'apôtres concernant la polémique sur la circoncision ne peut être invoqué comme un exemple représentatif d'une pratique quotidienne et instituée.
Cependant, c'est cet événement que les Témoins de Jéhovah citent dans leurs publications et qui leur fait dire: "[Le Collège Central] avait la responsabilité d'examiner les problèmes qui touchaient les chrétiens où qu'ils soient. Il envoyait des lettres et des décrets, qui fortifiaient les congrégations et permettaient aux disciples de préserver leur unité de pensée et d'action. Comme les congrégations obéissaient à la direction du collège central, Jéhovah les bénissait et elles prospéraient. (Actes 8:1,14,15; 15:22-31; 16:4,5)".
Or, si le chapitre 15 des Actes fait bien mention d'un envoi de Paul et de Barnabas à Jérusalem, cette décision fut prise par "les frères" de l'église d'Antioche et non par le "collège central" de Jérusalem. Il semble que l'expression "les frères" d'Actes 15:2 englobe l'ensemble des membres de l'église d'Antioche et pas seulement un collège. Le fait que l'auteur utilise le groupe de mots tous adelphous — "les frères" — alors que pour l'église de Jérusalem, l'auteur fait bien la distinction entre "les apôtres et les anciens" (v.2). Il est possible de supposer que l'auteur n'a pas fait d'amalgame entre ces entités et que celles-ci devaient se comprendre dans leur singularité. De même que l'auteur utilisa comme synonyme, pour ne pas faire de répétition intempestive, "l'église" dont il est dit au v.3 qu'elle accompagna Paul et les autres envoyés, cela confirme que les expressions "les frères" et "l'église" désignent la communauté de croyants toute entière. Mais cela n'exclut pas le fait que dans cette appellation générale, le collège des anciens y soit inclus, mais pas en tant que seul élément décisionnaire.
À leur arrivée à Jérusalem, ils furent reçus par l'église de Jérusalem qui est nettement différenciée des apôtres et des anciens: "Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l'Église, les apôtres et les anciens" (TOB). Il faut noter qu'aussi au sein de leur citation, l'utilisation abusive du pluriel concernant l'agir primitif des Douze à Jérusalem, alors que nous ne connaissons l'envoi que d'un seul décret émis par l'église de Jérusalem suite à la visite des deux missionnaires d'Antioche.
Le texte montre aussi que ce que les Témoins de Jéhovah désignent comme le collège central (les Douze et les anciens) n'est pas au courant de la polémique qui a eu lieu à Antioche.
Cependant, une montée à Jérusalem s'imposait, non pour satisfaire à des exigences organisationnelles ou théocratiques, mais parce que la polémique avait été lancée par des frères venant de Jérusalem. Actes 15:1 désigne ces frères comme venant de la Judée, et dans la lettre qui clôtura leur discussion, les apôtres et les anciens reconnurent que ses frères venaient bien de Jérusalem ou de Judée: "Nous avons appris que certains des nôtres étaient allés vous troubler et bouleverser vos esprits par leurs propos; il n'en étaient pas chargés" (Actes 15:24). C'est ici que l'on peut clairement discerner la proximité des responsables de l'église et des fidèles. Ce n'était pas qu'un problème réservé aux élites, mais aussi à l'ensemble des croyants. Loin d'accepter cet enseignement venant des frères de Jérusalem comme étant une "parole d'évangile" à laquelle chaque ecclésia devait se plier sans broncher, l'église d'Antioche à brillamment démontré qu'elle ne voulait pas se laisser asservir par un enseignement douteux, sous prétexte qu'il tirait son origine de la plus ancienne communauté.
Cette première place que les Témoins de Jéhovah accordent au groupe de Brooklyn, en le définissant comme le "collège central moderne" devant lequel toutes les congrégations doivent s'incliner, ne reflète absolument pas la liberté d'agir, de contester, de résister que l'on retrouve dans cette jeune ecclesia du premier siècle et qui mis entre deux et trois siècles pour s'organiser.
Historique
Naissance du concept
Depuis sa création en 1884, la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania a été dirigée par un président et un conseil d'administration; à cette époque, la Société n'était qu'une société d'édition sans aucun autre but.
Les directeurs étaient nommés par Russell, et ne prenaient part à aucune des décisions. D'ailleurs, lors du procès de 1918, le témoignage sous serment de Alexander Hugh Macmillan concernant la décision de publier le livre Le Mystère Accompli révèle que les directeurs d'alors n'avaient pas été consultés par Joseph Franklin Rutherford pour la publication, Macmillan déclarant en outre que c'était l'habitude tant de Russell que de Rutherford de ne pas consulter les directeurs sur ce genre de choix.
En fait, jusqu'en janvier 1976, le président a exercé un contrôle complet que ce soit au niveau des doctrines, des publications et de l'activité de la Société Watch Tower et les groupes religieux avec lesquelles elle a été connecté — Étudiants de la Bible et Témoins de Jéhovah. Lorsque le deuxième président de la Société, Rutherford, rencontra l'opposition des administrateurs en 1917, il les renvoya; en 1925, il passa par-dessus le comité éditorial de la Société Watch Tower — celui ayant été établi par Charles Taze Russell afin d'exercer un contrôle éditorial du périodique La Tour de Garde après sa mort — alors que celui-ci s'était opposé à la publication d'un article qui modifiait les doctrines sur la chronologie biblique liée à 1914. En 1931, le comité de rédaction fut dissout.
En 1937, Joseph Rutherford condamna le "collège central" de la curie romaine comme étant une distinction — fautive selon lui — entre laïc et clergé. Toutefois, l'expression "governing body" apparut dans le vocabulaire des Témoins de Jéhovah en 1943 (Nathan Knorrà dans un numéro de Consolation peu après la mort de Joseph Rutherford (ici, cette expression ne sera pas traduite par "Collège Central" tant que le "corps gouvernant" — figurant alors dans les publications avec des minuscules — n'aura pas été clairement identifié à ce Collège).
La même année, La Tour de Garde décrivit la Watch Tower Bible and Tract Society comme le "corps gouvernant légal" des Témoins de Jéhovah oints. Un an plus tard, dans un article s'opposant à l'élection démocratique des anciens de la congrégation, le périodique déclara que la nomination des serviteurs de congrégation était le devoir d '"un corps gouvernant visible sous Jéhovah Dieu et son Christ."
Bien que le Collège devint institutionnalisé lors de la réforme des statuts de la Société Watch Tower en 1944, pendant plusieurs années le rôle et l'identité spécifique de l'organe directeur restèrent non définis. Un manuel de 1955 de l'organisation déclara que "le corps gouvernant visible a été étroitement identifié avec le conseil d'administration de cette société." Se référant à des événements liés à leur assemblée de 1957, une publication de 1959 dit que "le corps gouvernant spirituel des Témoins de Jéhovah surveillent les progrès [alors] le président de la Watch Tower Bible & Tract Society [agit]." L'Annuaire de 1970 des Témoins de Jéhovah fit remarquer que la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania était l'organisation utilisée pour planifier l'activité des Témoins de Jéhovah et leur fournir la "nourriture spirituelle", déclarant: "Ainsi, vraiment le corps gouvernant des Témoins de Jéhovah est le conseil d'administration de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania". Toutefois, ce n'est pas avant les années 1970 que le Collège Central fut réellement investi d'un pouvoir.
Le 1er octobre 1971, le vice-président de la Société Frederick William Franz s'exprima lors de la réunion annuelle de la Société en Pennsylvanie, à Buckingham, en Pennsylvanie, en déclarant que la corporation légale de la Société Watch Tower était une "agence" ou un "instrument temporaire" utilisé par le Collège Central pour le compte de l'"esclave fidèle et avisé". Trois semaines plus tard, le 20 octobre, quatre hommes supplémentaires rejoignirent les sept membres du conseil d'administration de la Société qui devint connu comme étant un Collège Central séparé et élargi. Le conseil d'administration ne s'était jusque là réuni que de façon sporadique, habituellement seulement pour discuter de l'achat de biens ou de nouveaux équipements, laissant les décisions concernant le contenu des publications de la Society Watch Tower au président et au vice-président, Nathan Knorr et Fred Franz. En effet, lors du procès Walsh de 1954 qui s'est tenu en Écosse, le vice-président Franz, témoigna sous serment que tous les pouvoirs étaient en fait aux mains du président, et que les membres du "Collège Central" n'avaient pas de droit de vote, ni n'étaient amenés à se prononcer sur les décisions. Il expliqua que tout changement y compris doctrinal, s'il était proposé par un membre autre que le président et le vice-président, devait d'abord avoir son accord, puis au final l'accord du président.
La Tour de Garde du 15 décembre 1971 fut la première à utiliser sans aucune ambiguïté l'expression "Collège Central des Témoins de Jéhovah" avec des majuscules, en tant que groupe défini comme leader du mouvement, accompagnée d'une série d'articles expliquant son rôle et ses relations avec la Société Watch Tower.
L'accent mis sur le nouveau concept de direction "théocratique" fut accompagnée de déclarations comme quoi la structure n'était pas vraiment nouvelle: La Tour de Garde déclara qu '«un collège central fit son apparition" quelque temps après la formation de la Zion's Watch Tower Society en 1884, bien il n'ait jamais été désigné comme tel à l'époque.
L'article affirmait que le président de la Société, Charles Taze Russell, était membre du collège central. L'Annuaire de 1972 des Témoins de Jéhovah indiqua que, suite à la mort de Rutherford en 1942, "l'une des premières choses que le collège central décida fut l'inauguration de l'École du Ministère théocratique" et ajouta que le "collège central" avait publié des millions de livres et de Bibles dans les trente années précédentes. Raymond Franz contesta ces allégations, déclarant que les actions des présidents Russell, Rutherford et Knorr étaient sans appel et qu'il ne consultaient pas les directeurs; cela prouvait que les Étudiants de la Bible et les Témoins de Jéhovah ont été sous un régime monarchique jusqu'en 1976, ne laissant aucune des décisions à un soi-disant "collège central".[
Ainsi, la Société Watch Tower réécrit son histoire en fonction de sa doctrine présente, dupant des millions de personnes qui n'iront jamais vérifier l'exactitude de ses déclarations
En 1972, La Tour de Garde renforça le concept d'un "Collège Central"; le périodique déclara que le terme faisait référence à un organisme qui administre la politique organisationnelle et fournit la direction, l'orientation et la réglementation et était donc "appropriée, adéquat et scripturaire".
Les changements organisationnels au plus haut niveau de la Société Watch Tower en 1976 accrurent considérablement les pouvoirs et l'autorité du Collège Central. Ce groupe n'a jamais eu une existence légale des entreprises et opère par le biais de la Société Watch Tower et de son conseil d'administration.
Le "Collège Central"
L'appellation "Collège Central" n'apparaît pas dans la Bible.
Dans le Nouveau Testament, en rapport avec le judaïsme de l'époque, il est question du vocable grec presbuterion que l'on traduit généralement par "collège des anciens". En Actes 22:5, il est fait mention de pan to presbuterion ("tout le collège des anciens"), lorsque Paul prit comme témoins devant la foule de Jérusalem, le "Grand Prêtre et tout le collège des anciens" (TOB) pour construire sa défense.
Ainsi l'expression grecque pan to presbuterion servit à désigner dans la religion juive, les anciens de Jérusalem regroupés dans une fonction commune au sein du Sanhédrin.
Ce n'est que tardivement, sous la plume de l'auteur de la première épître à Timothée, que l'on utilise en 1 Timothée 4:14 le même substantif, mais cette fois-ci pour désigner le collège des anciens d'une église. Il s'agit peut-être de l'église d'Éphèse puisque dans l'exordium de l'épître il est demandé à Timothée de demeurer à Éphèse, avec pour mission d'enseigner (1 Timothée 1:3).
Les différentes épîtres du Nouveau Testament émettent l'existence d'une représentativité dirigeante à l'intérieur même des églises locales disséminées dans le bassin méditerranéen. Elles apparaissent comme indépendantes les unes des autres, et il n'existe aucun texte qui fasse référence à une consultation d'un collège central de Jérusalem — censé représenter le groupe de Brooklyn — par la hiérarchie d'une ecclésia — la grande foule dans les congrégations internationales.
L'événement mentionné dans les Actes d'apôtres concernant la polémique sur la circoncision ne peut être invoqué comme un exemple représentatif d'une pratique quotidienne et instituée.
Cependant, c'est cet événement que les Témoins de Jéhovah citent dans leurs publications et qui leur fait dire: "[Le Collège Central] avait la responsabilité d'examiner les problèmes qui touchaient les chrétiens où qu'ils soient. Il envoyait des lettres et des décrets, qui fortifiaient les congrégations et permettaient aux disciples de préserver leur unité de pensée et d'action. Comme les congrégations obéissaient à la direction du collège central, Jéhovah les bénissait et elles prospéraient. (Actes 8:1,14,15; 15:22-31; 16:4,5)".
Or, si le chapitre 15 des Actes fait bien mention d'un envoi de Paul et de Barnabas à Jérusalem, cette décision fut prise par "les frères" de l'église d'Antioche et non par le "collège central" de Jérusalem. Il semble que l'expression "les frères" d'Actes 15:2 englobe l'ensemble des membres de l'église d'Antioche et pas seulement un collège. Le fait que l'auteur utilise le groupe de mots tous adelphous — "les frères" — alors que pour l'église de Jérusalem, l'auteur fait bien la distinction entre "les apôtres et les anciens" (v.2). Il est possible de supposer que l'auteur n'a pas fait d'amalgame entre ces entités et que celles-ci devaient se comprendre dans leur singularité. De même que l'auteur utilisa comme synonyme, pour ne pas faire de répétition intempestive, "l'église" dont il est dit au v.3 qu'elle accompagna Paul et les autres envoyés, cela confirme que les expressions "les frères" et "l'église" désignent la communauté de croyants toute entière. Mais cela n'exclut pas le fait que dans cette appellation générale, le collège des anciens y soit inclus, mais pas en tant que seul élément décisionnaire.
À leur arrivée à Jérusalem, ils furent reçus par l'église de Jérusalem qui est nettement différenciée des apôtres et des anciens: "Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l'Église, les apôtres et les anciens" (TOB). Il faut noter qu'aussi au sein de leur citation, l'utilisation abusive du pluriel concernant l'agir primitif des Douze à Jérusalem, alors que nous ne connaissons l'envoi que d'un seul décret émis par l'église de Jérusalem suite à la visite des deux missionnaires d'Antioche.
Le texte montre aussi que ce que les Témoins de Jéhovah désignent comme le collège central (les Douze et les anciens) n'est pas au courant de la polémique qui a eu lieu à Antioche.
Cependant, une montée à Jérusalem s'imposait, non pour satisfaire à des exigences organisationnelles ou théocratiques, mais parce que la polémique avait été lancée par des frères venant de Jérusalem. Actes 15:1 désigne ces frères comme venant de la Judée, et dans la lettre qui clôtura leur discussion, les apôtres et les anciens reconnurent que ses frères venaient bien de Jérusalem ou de Judée: "Nous avons appris que certains des nôtres étaient allés vous troubler et bouleverser vos esprits par leurs propos; il n'en étaient pas chargés" (Actes 15:24). C'est ici que l'on peut clairement discerner la proximité des responsables de l'église et des fidèles. Ce n'était pas qu'un problème réservé aux élites, mais aussi à l'ensemble des croyants. Loin d'accepter cet enseignement venant des frères de Jérusalem comme étant une "parole d'évangile" à laquelle chaque ecclésia devait se plier sans broncher, l'église d'Antioche à brillamment démontré qu'elle ne voulait pas se laisser asservir par un enseignement douteux, sous prétexte qu'il tirait son origine de la plus ancienne communauté.
Cette première place que les Témoins de Jéhovah accordent au groupe de Brooklyn, en le définissant comme le "collège central moderne" devant lequel toutes les congrégations doivent s'incliner, ne reflète absolument pas la liberté d'agir, de contester, de résister que l'on retrouve dans cette jeune ecclesia du premier siècle et qui mis entre deux et trois siècles pour s'organiser.
Historique
Naissance du concept
Depuis sa création en 1884, la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania a été dirigée par un président et un conseil d'administration; à cette époque, la Société n'était qu'une société d'édition sans aucun autre but.
Les directeurs étaient nommés par Russell, et ne prenaient part à aucune des décisions. D'ailleurs, lors du procès de 1918, le témoignage sous serment de Alexander Hugh Macmillan concernant la décision de publier le livre Le Mystère Accompli révèle que les directeurs d'alors n'avaient pas été consultés par Joseph Franklin Rutherford pour la publication, Macmillan déclarant en outre que c'était l'habitude tant de Russell que de Rutherford de ne pas consulter les directeurs sur ce genre de choix.
En fait, jusqu'en janvier 1976, le président a exercé un contrôle complet que ce soit au niveau des doctrines, des publications et de l'activité de la Société Watch Tower et les groupes religieux avec lesquelles elle a été connecté — Étudiants de la Bible et Témoins de Jéhovah. Lorsque le deuxième président de la Société, Rutherford, rencontra l'opposition des administrateurs en 1917, il les renvoya; en 1925, il passa par-dessus le comité éditorial de la Société Watch Tower — celui ayant été établi par Charles Taze Russell afin d'exercer un contrôle éditorial du périodique La Tour de Garde après sa mort — alors que celui-ci s'était opposé à la publication d'un article qui modifiait les doctrines sur la chronologie biblique liée à 1914. En 1931, le comité de rédaction fut dissout.
En 1937, Joseph Rutherford condamna le "collège central" de la curie romaine comme étant une distinction — fautive selon lui — entre laïc et clergé. Toutefois, l'expression "governing body" apparut dans le vocabulaire des Témoins de Jéhovah en 1943 (Nathan Knorrà dans un numéro de Consolation peu après la mort de Joseph Rutherford (ici, cette expression ne sera pas traduite par "Collège Central" tant que le "corps gouvernant" — figurant alors dans les publications avec des minuscules — n'aura pas été clairement identifié à ce Collège).
La même année, La Tour de Garde décrivit la Watch Tower Bible and Tract Society comme le "corps gouvernant légal" des Témoins de Jéhovah oints. Un an plus tard, dans un article s'opposant à l'élection démocratique des anciens de la congrégation, le périodique déclara que la nomination des serviteurs de congrégation était le devoir d '"un corps gouvernant visible sous Jéhovah Dieu et son Christ."
Bien que le Collège devint institutionnalisé lors de la réforme des statuts de la Société Watch Tower en 1944, pendant plusieurs années le rôle et l'identité spécifique de l'organe directeur restèrent non définis. Un manuel de 1955 de l'organisation déclara que "le corps gouvernant visible a été étroitement identifié avec le conseil d'administration de cette société." Se référant à des événements liés à leur assemblée de 1957, une publication de 1959 dit que "le corps gouvernant spirituel des Témoins de Jéhovah surveillent les progrès [alors] le président de la Watch Tower Bible & Tract Society [agit]." L'Annuaire de 1970 des Témoins de Jéhovah fit remarquer que la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania était l'organisation utilisée pour planifier l'activité des Témoins de Jéhovah et leur fournir la "nourriture spirituelle", déclarant: "Ainsi, vraiment le corps gouvernant des Témoins de Jéhovah est le conseil d'administration de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania". Toutefois, ce n'est pas avant les années 1970 que le Collège Central fut réellement investi d'un pouvoir.
Le 1er octobre 1971, le vice-président de la Société Frederick William Franz s'exprima lors de la réunion annuelle de la Société en Pennsylvanie, à Buckingham, en Pennsylvanie, en déclarant que la corporation légale de la Société Watch Tower était une "agence" ou un "instrument temporaire" utilisé par le Collège Central pour le compte de l'"esclave fidèle et avisé". Trois semaines plus tard, le 20 octobre, quatre hommes supplémentaires rejoignirent les sept membres du conseil d'administration de la Société qui devint connu comme étant un Collège Central séparé et élargi. Le conseil d'administration ne s'était jusque là réuni que de façon sporadique, habituellement seulement pour discuter de l'achat de biens ou de nouveaux équipements, laissant les décisions concernant le contenu des publications de la Society Watch Tower au président et au vice-président, Nathan Knorr et Fred Franz. En effet, lors du procès Walsh de 1954 qui s'est tenu en Écosse, le vice-président Franz, témoigna sous serment que tous les pouvoirs étaient en fait aux mains du président, et que les membres du "Collège Central" n'avaient pas de droit de vote, ni n'étaient amenés à se prononcer sur les décisions. Il expliqua que tout changement y compris doctrinal, s'il était proposé par un membre autre que le président et le vice-président, devait d'abord avoir son accord, puis au final l'accord du président.
La Tour de Garde du 15 décembre 1971 fut la première à utiliser sans aucune ambiguïté l'expression "Collège Central des Témoins de Jéhovah" avec des majuscules, en tant que groupe défini comme leader du mouvement, accompagnée d'une série d'articles expliquant son rôle et ses relations avec la Société Watch Tower.
L'accent mis sur le nouveau concept de direction "théocratique" fut accompagnée de déclarations comme quoi la structure n'était pas vraiment nouvelle: La Tour de Garde déclara qu '«un collège central fit son apparition" quelque temps après la formation de la Zion's Watch Tower Society en 1884, bien il n'ait jamais été désigné comme tel à l'époque.
L'article affirmait que le président de la Société, Charles Taze Russell, était membre du collège central. L'Annuaire de 1972 des Témoins de Jéhovah indiqua que, suite à la mort de Rutherford en 1942, "l'une des premières choses que le collège central décida fut l'inauguration de l'École du Ministère théocratique" et ajouta que le "collège central" avait publié des millions de livres et de Bibles dans les trente années précédentes. Raymond Franz contesta ces allégations, déclarant que les actions des présidents Russell, Rutherford et Knorr étaient sans appel et qu'il ne consultaient pas les directeurs; cela prouvait que les Étudiants de la Bible et les Témoins de Jéhovah ont été sous un régime monarchique jusqu'en 1976, ne laissant aucune des décisions à un soi-disant "collège central".[
Ainsi, la Société Watch Tower réécrit son histoire en fonction de sa doctrine présente, dupant des millions de personnes qui n'iront jamais vérifier l'exactitude de ses déclarations
En 1972, La Tour de Garde renforça le concept d'un "Collège Central"; le périodique déclara que le terme faisait référence à un organisme qui administre la politique organisationnelle et fournit la direction, l'orientation et la réglementation et était donc "appropriée, adéquat et scripturaire".
Les changements organisationnels au plus haut niveau de la Société Watch Tower en 1976 accrurent considérablement les pouvoirs et l'autorité du Collège Central. Ce groupe n'a jamais eu une existence légale des entreprises et opère par le biais de la Société Watch Tower et de son conseil d'administration.