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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme

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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:19

    Compagnonnage, franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme


    CHRONOLOGIE HISTORIQUE


    Les associations opératives

    Le haut Moyen Âge a connu, en Occident, des associations de métier, dont certaines sont peut-être héritières des "collegia" de l’empire romain.
    Dès le XIe siècle, elles s’organisèrent en confréries ou guildes, où le savoir-faire professionnel se transmettait par cooptation et initiation, mais il n’existe aucune preuve qu’elles aient été contaminées par les sociétés initiatiques, ni même, comme certains l’ont affirmé, qu'elles aient été directement influencées par l’ordre des Templiers. 

    Les guildes d'artisans étaient dominées par un maître qui supervisait l'avancement des apprentis et des compagnons.




    926 : Charte des maçons d'York.

    1015 : création de la loge des tailleurs de pierre de la cathédrale de Strasbourg.

    Vers 1080, l’utilisation du terme "compagnon" est attestée.

    1100 : les maçons tiennent leur assemblée devant le roi Henri Ier d’Angleterre (1100-1135), Grand Maître des maçons anglais.

    1110 : apparition des premières guildes anglaises de métiers.

    1145 : l'archevêque de Rouen bénit l'assemblée des Maçons 

    1150 : assemblée des maçons à Kilwinning (Ecosse).

    1189 : 
    - 11 février, le Concile de Rouen, présidé par l'archevêque Gautier de Constance, condamne, en raison du danger de parjure, les confréries dont les membres promettent de se porter secours mutuellement 64.

    - L’ordre des Frères Pontifes (spécialisés dans la construction de ponts tel celui d’Avignon et de routes) obtient du pape Clément III un grand nombre de franchises. Bien que rattaché en 1277 aux frères Hospitaliers de Jérusalem, l'ordre des Frères Pontifes continua son œuvre opérative jusqu’au milieu du XVIe siècle. (Jean de Médicis fut maître de l’ordre en 1562).
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:19

    Les Templiers.
    L'Ordre du Temple.

    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Templier
    Le Templier : moine, bâtisseur et chevalier (dessin de Viollet-Le-Duc)

    PETITE HISTOIRE DE L'ORDRE DU TEMPLE


    A la Saint-Jean d’hiver de l’an 1118, Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer fondent à Jérusalem une milice pour protéger les pèlerins affluant d'Occident depuis la reconquête de Jérusalem : la Milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, une communauté qui va pendant 3 siècles gérer une grande partie des richesses de l'Europe.
    C’est d’abord un groupe de 9 
    [ltr]chevaliers[/ltr]
     ("miles Christi" = soldat du Christ), installé par Baudouin II (couronné roi de Jérusalem, à Noël, dans l’église de Bethléem) dans la partie méridionale du Temple de Salomon : Hugues de Payns (ou Payens) de la Maison des comtes de Champagne (chevalier du Saint-Sépulcre), Godefroy de Saint-Omer, André de Montbard (oncle de saint Bernard), Payen de Montdidier, Geoffroy Bissol, Archambault de Saint-Amand, Rolland, Gondemare et Roral.
    Le patriarche Garimond (ou Gormond) reçoit les vœux (pauvreté, chasteté et obéissance) des premiers frères (selon les us et coutumes des chanoines réguliers du Saint-Sépulcre, dont la milice conservera les rituels, rituels provenant de Saint-Victor de Paris par l’intermédiaire de Godefroi de Bouillon) et leur donne mission de "garder voies et chemins contre les brigands, pour le salut des pèlerins" (ut vias et itinera, ad salutem peregrinorum contra latronum) pour la rémission de leurs péchés.

    En 1127, Hugues de Payns passe en Occident avec 5 frères (Godefroy de Saint-Omer, Payen de Montdidier, Geoffroy Bissol, Archambault de Saint-Amand et Rolland) pour obtenir du Saint-Siège la confirmation de son institut et pour demander conseil à Bernard de Clairvaux.

    Le 13 janvier 1129, au concile de Troyes, l’assemblée comprend, outre le légat, 12 archevêques et évêques, 4 abbés bénédictins et 4 abbés cisterciens.
    A l’ouverture du concile, les frères chevaliers ne sont que 14. Les Pères mettent au point la règle donnée par Garimond, en louant ce qu’ils estiment profitable et en retranchant ce qui ne leur semble pas justifié.
    Bernard de Clairvaux s’étant dérobé, Jean Michel Manrique écrit les 72 articles approuvés par le concile : « Bien que certainement un nombre considérable de religieux Pères donne de l'autorité à mes paroles, je ne dois pourtant point passer sous silence ceux qui se trouvaient présents et qui donnèrent leur avis, moi, Jean Michel, qui ai eu l'honneur, par une faveur du Ciel, d'écrire cette page par l'ordre du concile et du vénérable abbé de Clairvaux à qui ce soin revenait et avait été confié ».
    La Règle des pauvres soldats du Christ et du Temple de Salomon est très stricte. Les punitions imposent des jeûnes sévères pour des délits concernant toute entorse aux règles de l’ordre.

    Hugues de Payns demande plusieurs fois à l’abbé de Clairvaux d’encourager la jeune milice, mais Bernard ne manifeste pas beaucoup d’enthousiasme (l’admission du scandaleux comte de Champagne, Hugues de Troyes, semble être à l’origine de cette attitude).
    Toutefois, entre 1128 et 1136, Bernard rédige le traité De laude novae militiae pour exposer à l’ordre naissant des Templiers quels principes spirituels doivent guider son action.

    "Les Templiers, avant le concile de Troyes, n'étaient qu'au nombre de neuf ; on institua une règle pour les nouveaux religieux et on leur assigna un costume qui fut le vêtement blanc, en vertu des ordres du seigneur pape Honoré et du seigneur Étienne, patriarche de Jérusalem. Jusqu'alors ils n'avaient eu d'autres vêtements que ceux que le peuple portait à cette époque. Dans la suite et sous le pontificat du seigneur pape Eugène, à ce qu'on rapporte, ils commencèrent à faire attacher à leurs manteaux des croix faites de drap rouge que les chevaliers et les frères inférieurs appelés servants portaient également." (Guillaume de Tyr 1)Leurs affaires ont si bien prospéré qu'ils ont en ce moment, dit Guillaume de Tyr, dans leur couvent environ trois cents chevaliers, tous revêtus du manteau blanc, sans compter les frères servants."

    Par la bulle Omne datum optimum du 29 mars 1139, 
    [ltr]Innocent II[/ltr]
     confirme l’institution des moines combattants : « Nous vous exhortons à combattre avec ardeur les ennemis de la croix, et en signe de récompense, Nous vous permettons de garder pour vous tout le butin que vous aurez pris aux Sarrasins sans que personne ait le droit de vous en réclamer une part. Et nous déclarons que votre maison, avec toutes ses possessions acquises par la libéralité des princes, demeure sous la protection et la tutelle du Saint Siège. »
    Le pape accorde au grand maître des Templiers, Robert de Craon, des privilèges considérables : droit de construire ses propres églises et de conserver le butin pris aux Sarrasins ; l’ordre est placé sous la tutelle exclusive du Saint-Siège ; les évêques sont privés de tout ou partie des dîmes et de tout droit de regard sur les commanderies.

    Les Templiers ont pour devoirs religieux : l'obligation d'assister à la messe 3 fois par semaine, de faire abstinence les lundis et mercredis, outre les vendredis et les samedis, d'observer 3 grands jeûnes, d'adorer la croix solennellement à 3 époques de l'année, de communier 3 fois par an, enfin, toutes les maisons de l'ordre doivent faire l'aumône 3 fois par semaine.

    Les chevaliers du Temple prononcent, à leur réception, les 3 vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, et prêtent en outre serment : « Je jure de consacrer mes discours, mes forces, ma vie, à défendre la croyance à l'unité de Dieu et aux mystères de la foi ; je jure d'être soumis et obéissant au grand maître de l'ordre... Chaque fois que besoin en sera, je passerai les mers pour aller combattre, je donnerai secours contre les rois et les princes infidèles, et, en présence de trois ennemis je ne fuirai point, mais seul je les combattrai... »
    Dès lors ils appartiennent entièrement à l'ordre, renonçant à tout lien de famille, ne pouvant rien posséder en propre : c'est l'ordre qui se charge de leur entretien.

    Au sommet de l’ordre se trouve le grand maître et le chapitre des dignitaires de l’ordre : le sénéchal, le maréchal, le commandeur de la terre et du royaume de Jérusalem, le drapier, les commandeurs des autres provinces.
    Puis viennent ensuite les commandeurs des maisons, les chevaliers, les sergents, le commandeur du port d’Acre, les casaliers chargés des fermes, les turcoples (troupes auxiliaires), les chapelains (les prêtres qui officient pour les Templiers) et les frères de métiers.

    Les manteaux de lin ou de laine des chevaliers sont blancs tandis que ceux des sergents, des chapelains et des écuyers sont gris ou noirs. Tous ont une ceinture de lin qui doit leur rappeler leur vœu de chasteté.

    L’étendard de l’ordre, le gonfanon "baucent" (ou baussant) est constituée d’une bande noire et d’une bande blanche frappée de la croix latine pattée rouge.

    Devises des Templiers :
    - « Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da gloriam » (Non pas à nous, Seigneur, pas à nous, mais à Ton Nom donne la gloire ! Psaume 113)
    - « Memento finis » (Pense à ta fin !)

    Le patron des Chevaliers du Temple est saint Georges.

    Le sceau de l’ordre figure un cheval monté par 2 cavaliers avec l’inscription : "Sigillum militum Christi". Contrairement à la signification homosexuelle qu’on lui a donnée, cette image est destinée à perpétuer le souvenir de la pauvreté primitive des chevaliers ; car, au commencement, ils étaient si pauvres qu'un seul cheval servait pour deux.

    Le maître du Temple tient l'abacus, un bâton de commandement spirituel et temporel, analogue à la crosse pastorale de l'évêque.

    1140 : les Templiers s’installent à Paris.

    Le 9 janvier 1144, la bulle Milites Templi de 
    [ltr]Célestin II[/ltr]
     permet aux chapelains du Temple de prononcer l'office une fois par an dans des régions ou villes interdites "pour l'honneur et la révérence de leur chevalerie", sans pour autant autoriser la présence des personnes excommuniées dans l'église.

    Le 7 avril 1145, la bulle Militia Dei d'
    [ltr]Eugène III[/ltr]
     confirme l'indépendance des Chevaliers du Temple vis à vis du clergé séculier en leur donnant le droit de prélever des dîmes ainsi que de bâtir leurs chapelles et d'enterrer leurs morts dans leurs cimetières.

    Le 27 ou 28 avril 1147, à Paris, lors du chapitre général placé sous la présidence du pape Eugène III et du roi de France Louis VII, les prérogatives du maître, qui se bornent au maintien de l’observance et à la nomination des petits officiers de l’ordre, sont édictées, et le pape octroie officiellement aux Templiers la croix latine pattée rouge qu’il leur demande de porter cousue sur l'épaule gauche, du côté du cœur : « Que cet insigne leur serve de bouclier et qu’ils ne tournent jamais bride en face d’aucun infidèle ! »
    La bulle Omne datum optimum de 1139, nommant la croix rouge à deux reprises (mais sans en préciser la forme exacte), atteste qu’une telle croix était déjà portée par les Templiers.
    La croix du Temple serait issue de la croix de l'ordre du Saint-Sépulcre, croix grecque transformée en croix latine, dont on aurait retiré les quatre croisettes.

    Le pape 
    [ltr]Alexandre III[/ltr]
     accorde sa protection à l'Ordre du Temple en 1163.

    Du 23 au 30 août 1179, Saladin assiège et prend la Forteresse d'Ateret au Gué de Jacob sur le Jourdain ; les 700 chevaliers du Temple sont tués et les 800 autres résidents sont emmenés captifs ; Saladin ordonne de démolir les restes de la fortification.

    En mai 1187, 150 templiers, dirigés par leur grand-maître, Gérard de Ridefort, sont défaits par plusieurs milliers de musulmans à Séphorie, près de Nazareth.
    Le 4 juillet, l’armée chrétienne est vaincue à Hattin près de Tibériade : il y a plus de 30.000 morts, le plus grand nombre du côté franc, et autant de blessés. Guy de Lusignan, ses frères Amaury et Geoffroy, Renaud de Châtillon, Gérard de Ridefort, Onfroy IV de Toron (mari d'Isabelle, la sœur de Sybille et de Baudouin IV), et Guillaume V de Montferrat, qui se sont réfugiés dans la forteresse de Tibériade, sont assiégés.
    Le 5, les Francs se rendent contre la promesse d'épargner la population. Saladin fait emmener les prisonniers dans ses prisons de Damas, à l'exception de Renaud de Châtillon (qui a pillé une caravane malgré une trêve conclue entre Baudouin IV de Jérusalem et Saladin) qu'il décapite lui-même, des 300 moines-soldats (Templiers et Hospitaliers) qui ont refusé de se convertir à l'islam et des mercenaires musulmans qu'il fait exécuter sur place.

    En 1257, l’ordre du Temple possède 3 468 châteaux, forteresses et maisons dépendantes, réparties dans 19 provinces et sous-provinces. Les Templiers sont les
    [ltr]banquiers[/ltr]
     de l’Europe ; ils utilisent la lettre de change que l'on croit à tort inventée par eux (ce sont les banquiers de l'Antiquité grecque qui l'ont créée).

    Le pape 
    [ltr]Martin IV[/ltr]
     (1281-1285) essaie d’unir, sous l’impulsion de Raymond de Lille (l’un des 2 Templiers canonisés par la suite), les Templiers et les Hospitaliers qui en viennent souvent aux mains : en vain.


    [ltr]Boniface VIII[/ltr]
     (1294-1303), à son tour, souhaite unir le Temple et les Hospitaliers mais le Grand maître des Templiers, Jacques de Molay, refuse cette proposition.
    Or, l’Empire latin d’Orient, avec la chute de Saint-Jean-d’Acre le 16 juin 1291, a cessé d’exister. Les Templiers dont le grand maître Guillaume de Beaujeu a été tué et remplacé par le moine Gandini, ont défendu héroïquement la ville, pendant 45 jours, de concert avec les Hospitaliers. Presque tous les chevaliers ont été tués et les grands maîtres des 2 ordres, avec leurs trésors, ont fait voile vers Chypre où ils se sont établis.
    A partir de ce moment, les Templiers ne combattent que très mollement les infidèles. Leur but parait plutôt être de fonder un Etat séculier de nature aristocratique et sacerdotale, d'abord dans l'île de Chypre, puis en France où ils sont propriétaires de biens immenses. Le Temple de Paris, centre de l'ordre, comprend dans son enceinte, murée et fortifiée, à peu près le tiers de la ville.

    Le 11 juillet 1302, près de Courtrai, lors de la bataille des éperons d'or, l'armée du roi de France Philippe IV, dit Le Bel, est battue par les milices flamandes composées de gens du peuple, d'artisans, de paysans, auxquels il faut ajouter des chevaliers et des templiers : les Flamands ramassent les éperons d’or des chevaliers français.

    Au printemps 1304 ou 1305, ou en 1306 ou 1307 (selon les sources), un ex-commandeur des Templiers (exclu de l’ordre), nommé Esquin de Floyran, incarcéré pour meurtre à Toulouse, révèle à son compagnon de cellule (qui mouchardera) que les Templiers adorent les idoles, qu’ils doivent, au cours de la cérémonie d'initiation, cracher 3 fois sur la croix, baiser diverses parties du corps des officiants, le bas de l'échine notamment, et s'engager à pratiquer la s.........
    Le roi de France, Philippe IV le Bel, fait libérer Esquin de Floyran. Il l'enverra répéter ses "révélations" au roi d'Aragon et au pape 
    [ltr]Clément V[/ltr]
    .
    Des chercheurs sont persuadés qu'Esquin de Floyran connaissait très bien le chancelier Guillaume de Nogaret et qu’il a fait ses "révélations" en échange de sa liberté et moyennant une rétribution qu’il réclamera, en vain, début 1308.

    Nogaret, qui hait les Templiers, fait organiser dans tout le royaume une savante campagne d'intoxication contre l'ordre. On ne demande pas mieux que de croire les accusations portées contre eux. Certains des chevaliers font montre avec ostentation de leur puissance financière et on reproche à ces moines soldats de n’avoir pas su conserver la Terre sainte.
    Le secret qui entoure la réception des nouveaux frères laisse place à toutes les calomnies : on soupçonne l’ordre de contraindre ceux qui veulent y entrer à cracher sur un crucifix, à renier la croix.
    Outre les accusations sur un grand nombre de leurs actes en Palestine, mille bruits infâmes circulent sur leur vie intérieure, l'altération de leur foi mêlée de superstition orientale et de magie sarrasine, sur les vices dégradants qu'ils ont rapportés de l'Orient, sur les idoles qu'ils adorent, etc.
    Les motifs personnels ne manquent pas au roi Philippe : plusieurs Templiers l'ont mal secondé lors de son appel contre le pape 
    [ltr]Boniface VIII[/ltr]
    , sa demande d'être admis dans l'ordre a été repoussée et il a emprunté beaucoup d'argent au Temple (qui est une sorte de banque pour les princes et les rois).

    En avril 1305, lors de l’élection papale, Philippe le Bel et les Colonna apportent leur soutien au futur pape, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux.
    Le 14 novembre, Bertrand de Got, pape sous le nom de 
    [ltr]Clément V,[/ltr]
    est consacré en présence du roi en l’église Saint-Just à Lyon.

    En 1306, pressé par le roi de France (qui lui demande la suppression des Templiers, alors que, poursuivi par les émeutiers parisiens, il a trouvé asile chez eux), Clément V demande à Jacques de Molay, Grand Maître des Templiers, d’accepter la fusion de son ordre avec celui des Hospitaliers, le nouvel ordre prenant le nom de Chevaliers de Jérusalem (la fusion des ordres militaires est souhaitée depuis un quart de siècle par les papes et les conciles). Jacques de Molay refuse.
    Ruiné après la reddition de la Guyenne et de la Flandre, mis dans l'impossibilité de frapper de nouveaux impôts par le mécontentement populaire et ne pouvant dépouiller de nouveau les juifs puisqu’il les a chassés, Philippe le Bel ne peut sortir de sa situation désespérée que par la destruction des Templiers afin de s'emparer de leurs dépouilles.

    A l'été 1307, à Poitiers, Clément V reçoit Jacques de Molay, le grand-maître du Temple, qu’il a convoqué. Molay nie catégoriquement les grotesques accusations portées contre l’ordre.
    Le 24 août, le pape annonce l’ouverture d’une enquête et en avertit Philippe le Bel.




    Arrestation des Templiers de France

    Le 14 septembre 1307, le roi Philippe, dans une lettre adressée à tous les officiers du pays, accusent les Templiers d’hérésie, profanation, idolâtrie et s........ (l’acte d’accusation, lu dans toutes les provinces du royaume, est l’œuvre de Guillaume de Nogaret) et ordonne leur arrestation en un "jour donné gardé secret" : le vendredi 13 octobre 1307 à 7 heures. Les chevaliers sont arrêtés, leurs biens saisis.
    Arrêté avec les autres templiers de France, Jacques de Molay avoue, le 24 octobre, sans être torturé (semble-t-il) certaines erreurs de l’ordre en matière de foi et de morale. Il écrit à ses frères pour les inciter à révéler ce qu’ils savent. Le tribunal de l’
    [ltr]Inquisition[/ltr]
     lui a demandé : « Comment les frères ont-ils été reçus au Temple ? Les a-t-on dévêtus et baisés en bout de l’échine, sous la ceinture, sur le nombril et en la bouche, puis invités à pratiquer la s........ ? ». Trois baisers initiatiques étaient donnés aux frères par ceux qui les recevaient : sur les lèvres (
    [ltr]baiser gnostique[/ltr]
     ?), le nombril et l'épine dorsale, selon Hugues de Bure ; sur la bouche, l'anus et le pénis, selon Raoul de Gisy (Bernard Marillier). Molay a reconnu, qu’à son entrée dans l’ordre, on avait exigé qu’il crachât sur le Christ mais qu’il s’était contenté d’expectorer par terre.
    Selon Michelet , le chef principal de l'accusation, le reniement, avait un fondement réel : dans la cérémonie initiatrice, il est certain qu'on reniait le Christ, mais ce reniement était-il symbolique, une imitation du reniement de Pierre ?

    Du 19 octobre au 24 novembre 1307, 140 Templiers de Paris sont soumis à la torture des inquisiteurs ; l’un des chevaliers confie : « J’avouerais que j’ai tué Dieu si on me le demandait ! ».
    Cent trente-sept avouent des ignominies : adoration d’idoles (Baphomet), adoration du dieu 
    [ltr]Mithra[/ltr]

    [ltr]manichéisme[/ltr]
    , reniement du Christ en crachant sur son image, négation des sacrements, messes noires, rites obscènes, 
    [ltr]homosexualité[/ltr]
    , cupidité, ivrognerie ("boire comme un Templier" : bien que certains prétendent que, dans cette locution, le mot "Templier" est une corruption de temprier, ancien nom des verriers), conversion à l'
    [ltr]islam[/ltr]
     (en fait relation amicale probable avec l’ordre militaire et initiatique des chiites ismaéliens, les Assassins, lui aussi "gardien de la Terre sainte").
    "Hugues de Pairaud, visiteur de France, explique le 9 novembre qu’il conduisait les jeunes Templiers dans des endroits secrets et se faisait baiser par eux sur la partie inférieure de l’épine dorsale, sur le nombril et sur la bouche. Ensuite il faisait apporter une croix en présence du nouveau frère et il lui disait qu’il fallait, en vertu des statuts de l’ordre, renier trois fois le Crucifié et cracher sur la croix et sur l’image de Jésus-Christ." (Laurent de Vargas)




    L'idole Baphomet

    Baphomet ou Bafomet, Baffomet, Bahomet, Bahumet, etc. est le nom d'une idole (une tête humaine à 1 ou 3 visages sur 4 pieds) qu'on dit avoir été adorée par la secte des 
    [ltr]gnostiques[/ltr]
    .
    Silvestre de Sacy pense que le mot Baphomet est simplement une déformation du nom du prophète 
    [ltr]Mahomet[/ltr]
    .
    Münter fait remarquer que les figures ou têtes enchantées employées par les 
    [ltr]sorciers[/ltr]
     dans l'exercice de leur art, lesquelles étaient réputées animées par le 
    [ltr]diable[/ltr]
    , s'appelaient des têtes de Mahomet, et venaient en partie de l'Orient, en partie de l'Espagne.
    Raynouard reconnaît dans Baphomet le nom de Mahomet.
    Gaucerant, un frère occitan de Montpezat, avoue avoir adoré une image bafométique qui, en langue d'oc, est une déformation de Mahomet, comme le prouve un poème de 1265, Ira et Dolor : « E Bafomet obra de son poder » (Et Mahomet fait briller sa puissance).
    Des idoles qu'on a désignées, à tort ou à raison, sous le nom de Baphomet, étaient des représentations humaines, réunissant les attributs des 2 sexes.
    Arrêté dès octobre 1307, le frère Larchant avoue avoir vu cette tête à Paris et précise que les frères l'adoraient, la baisaient et l'appelaient leur Sauveur.
    Questionnés à Carcassonne en novembre 1307, 2 frères parlent d'une figure baphométique ; l'un d'eux précise que cette figure est nommée Yalla.
    Le procès-verbal d'avril 1310, dressé par Nogaret, établit l'accusation d'idolâtrie : « Ils [les Templiers, ndlr] adoraient ces idoles ou cette idole. Ils la vénéraient comme Dieu [...], spécialement dans leurs grands chapitres [...]. Ils disaient que cette tête pouvait les sauver. Les rendre riches. Qu'elle donnait à l'Ordre toutes ses richesses. Qu'elle faisait fleurir les arbres. Qu'elle faisait germer [...] ».
    La tête humaine (c’est parfois une vraie tête) est tantôt masculine, jeune ou vieille, imberbe ou barbue, tantôt féminine "à la semblance d'une fée ou de la Vierge" mais elle est parfois androgyne. Certains la disent "noire comme la face d'un infidèle". D'autres pensent que la tête barbue représente celle de 
    [ltr]Jean-Baptiste[/ltr]
     et que les chevaliers ont été en rapport avec les
    [ltr]mandéens[/ltr]
     (secte des bords du Jourdain : la "religion de lumière") qui considéraient Jésus comme un faux prophète, le vrai prophète étant le Baptiste.
    Pour Radulphe de Gisy c'est un "maufé" (un diable).
    Hugues de Pairaud affirme qu'il a tenu entre ses mains, dans un chapitre général à Montpellier, cette tête d'homme montée sur 4 pieds, 2 du côté de la face et 2 derrière.
    La tête comporte 2 nez et 3 yeux ou peut avoir 2 ou 3 faces (dans les églises orthodoxes, la tête à 3 visages est le symbole de la 
    [ltr]Trinité[/ltr]
    ).
    La tête peut être aussi celle d’un animal (bouc, bélier, bœuf ou chat noir) qui parle et rend des oracles.
    Le matériau, parfois recouvert de peau humaine, est varié : bois peint parfois doré, os, or, argent, vermeil.
    La plupart des frères avouent avoir peu vu cette idole parce qu’elle était souvent placée dans un lieu sombre, et recouverte d'un voile. Beaucoup disent en avoir seulement entendu parler.
    Cette tête fut recherchée avec insistance par l’inquisiteur Guillaume de Paris, mais c’est Guillaume de Pidoye, administrateur des biens du Temple à Paris, sommé de présenter à la Commission de la sainte inquisition toutes les idoles de métal ou de bois tenues par l’Ordre, qui montra la fabuleuse Caput LVIIIm. Cette tête était un grand chef d’argent ayant figure de femme. Il apparut qu’il s’agissait en fait d’un reliquaire à l’intérieur duquel on aurait trouvé des ossements qualifiés comme étant les os de l’une des légendaires onze mille vierges (dont ste Ursule) martyrisées à Cologne en 383.
    On a retrouvé aussi plusieurs échantillons représentatifs d’une tête censée être adorée par les Templiers dans le Cabinet des Antiquités du muséum impérial de Vienne.
    A noter que figure fréquemment sur les sceaux templiers un personnage à 2 têtes (celle d’un jeune homme ou d’une jeune fille ou d’un androgyne et celle d’un vieillard barbu) tenant une équerre et un compas.
    "On se rappelle que les templiers furent accusés d'adorer certaines idoles nommées « têtes de Baphomet ». M. de Hammer en a découvert une douzaine dans le cabinet impérial des antiques à Vienne. On les avait prises pour des idoles tibétaines. M. de Hammer a déchiffré les inscriptions arabes, grecques ou latines qu'elles portent, ainsi que les symboles dont elles sont chargées. Le nom de l'idole « Mêté », c'est-à-dire dire la Raison, la Sagesse en langue grecque, s'y reproduit partout, accompagné des doctrines 
    [ltr]gnostiques[/ltr]
     et des abjurations de la foi chrétienne. C'est du mot « Mêté » et de celui de « baphé », baptême, que s'est formé le nom de « Baphomet », qui signifie « baptême de l'esprit », et qui a rapport au baptême de feu des anciens gnostiques. La « Mêté » est représentée sur ces idoles, conformément aux idées des gnostiques, et particulièrement à celles des ophites, sous une figure humaine, réunissant les attributs des deux sexes ; elle est accompagnée de la croix tronquée ou de la clef de la vie et du Nil des anciens Egyptiens qui ressemble à un « T », du serpent si fameux dans toutes les mythologies, de la représentation du baptême de feu, et en outre de tous les symboles 
    [ltr]maçonniques[/ltr]
    , tels que le soleil, la lune, l'étoile signée, le tablier, la chaîne, le chandelier à sept branches, etc."


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    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Empty Re: Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme

    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:27

    Abrasax

    Formule magique et sacrée, 
    [ltr]Abrasax[/ltr]
     (appelé aussi Abracax ou encore Abraxas, du nom duquel on a tiré la célèbre formule abracadabra), est, dans la Gnose, le nom du dieu de l'année. La somme des 7 lettres de son nom donnent le nombre du cycle annuel, soit 365. Il est le symbole de la totalité de la Création, du cosmos et de la Connaissance (gnosis).
    Selon Jérôme de Stridon, Abraxas correspond au nombre mystique et caché de 
    [ltr]Mithra[/ltr]
    , dont la somme des lettres, en grec, donne aussi 365.

    Abrasax figure dans la liste des principaux démons établie par l'Église lors du concile de Braga (561-563).

    Depuis le philosophe 
    [ltr]gnostique[/ltr]
     Basilide d'Alexandrie (+ vers 145), dont la doctrine tenta de synthétiser les courants chrétien, égyptien, mithriaque, grec et celte, les Abraxas se présentent sous la forme d'intailles (pierres fines gravées en creux) ou de gemmes montées en bague.

    Le Temple utilise les Abraxas (ils portent l’inscription : "SECRETUM TEMPLI") dès la période d'Hugues de Payns, héritier de la famille des comtes de Champagne qui en avait réactivé l'usage.
    L'emploi de l'Abraxas n’est nullement l'apanage des seuls Templiers : son utilisation est constante durant tout le Moyen Age et répandue au sein des corporations, notamment celles des maîtres maçons et des tailleurs de pierres, de la bourgeoisie et de la noblesse.
    L'Abraxas Panthée, utilisé par le Temple (presque exclusivement par le maître et les hauts dignitaires), est souvent accompagné par les 3 lettres grecques I A W (iota, alpha et oméga), placées non sur le bouclier mais sur le champ du sceau, et de 7 étoiles figurant les 7 lettres du nom Abraxas.




    L’ordre ismaélien. La société des Assassins.

    Les historiens signalent à plusieurs reprises les analogies de doctrines reliant les chiites ismaéliens aux Templiers : les 2 ordres sont à la fois initiatiques et militaires et portent le titre de "Gardien de la Terre sainte".

    Les Templiers seraient entrés en contact avec les 
    [ltr]ismaéliens[/ltr]
     nizarites du Vieux de la Montagne, Hassan ibn al-Sâbbâhune, une société secrète dont les membres sont qualifiés par les sunnites de "Hachichiyin" (consommateurs de hachisch), terme transformé en Assissini par les Croisés et qui donnera en italien assassino puis en français assassin. Amin Maalouf donne, dans son roman Samarcande, une étymologie différente ; le mot proviendrait de asâs (base, fondement) : « D'après les textes qui nous sont parvenus d'Alamout, Hassan aimait appeler ses adeptes Assassiyoun, ceux qui sont fidèles au Assas, au Fondement de la foi (Assas veut également dire Gardien en arabe), et c'est ce mot, mal compris des voyageurs étrangers, qui a semblé avoir des relents de haschich. » 

    Les rencontres auraient eu lieu dans la forteresse musulmane d'Alamut, dans les montagnes de Syrie.
    Al-Sâbbâh règne sur ce nid d'aigle, avec ses fidâiyyûn ou fedaïn, véritable confrérie de moines guerriers.
    Sur cette citadelle flottent quatre drapeaux : un blanc pour la pureté, un jaune pour la dévotion, un rouge pour la guerre et un vert pour la Connaissance secrète d'Allah.

    Dans les rites d'Alamut, le grade de chevalier est conféré non par des princes, mais par les sheiks (maîtres spirituels) ; lors de leur adoubement, les chevaliers de l’islam boivent dans une coupe. Les chroniques musulmanes de Syrie mentionnent plusieurs élévations au grade de chevalier, conférées parmi les ismaéliens, la première ayant eu lieu en 578 de l'hégire soit en 1182.
    Retranchés dans leurs châteaux d'Irak et de Syrie, les membres de l'ordre ismaélien ont un vêtement voisin de celui des Templiers, portant sur une robe blanche une ceinture rouge.
    Dans la constitution des deux ordres, templier et ismaélien, la hiérarchie est identique, les degrés sont les mêmes.
    Les Templiers seraient allés jusqu’à armer chevaliers des ismaéliens initiés et des catholiques grecs hostiles à la papauté.
    Les Druzes du Liban, chiites proches des ismaéliens, auraient transmis aux Templiers des enseignements ésotériques.

    Cependant, en 1172, des ambassadeurs des Ismaéliens, reçus par le roi de Jérusalem, sont assassinés par des frères du Temple.

    Jean de Joinville, biographe de Saint Louis, rapporte la visite, en 1248, du Vieux de la Montagne à Acre où il est reçu par le roi Louis IX et où les deux souverains échangent des cadeaux. Le Vieux de la Montagne sollicite l'aide du roi Louis contre les Mongols qui envahissent la Perse. Le roi de France reçoit l'ambassade du Grand-Mongol en décembre.




    Arrestation des Templiers d’Europe

    Le 22 novembre 1307, devant les aveux des 137 chevaliers, le pape Clément V ordonne aux rois et princes d’Europe d’arrêter les Templiers et de mettre sous séquestre toutes leurs terres et leurs biens, à l'exception des possessions de l'ordre dans la péninsule ibérique (bulle Pastoralis praeminentiae).




    Le procès

    En décembre 1307, Jacques de Molay et des dignitaires se rétractent devant 2 cardinaux envoyés par le pape.

    5 au 15 mai 1308 : les États généraux de Tours approuvent les poursuites de Philippe le Bel contre les Templiers.
    Le 5 juillet, le pape, après avoir auditionné 72 membres de l'ordre, se dessaisit de l’affaire des Templiers et la remet à l’Inquisition. Il décide que des conciles provinciaux jugeront, en tant que personnes, les Templiers et qu’un concile se prononcera sur le sort à réserver au Temple en tant qu’institution.
    Le 12 août, à Poitiers, la bulle Faciens misericordiam crée des commissions diocésaines chargées d'enquêter sur les agissements des Templiers et des commissions pontificales chargées de juger l'Ordre du Temple ; la bulle Regnans in cœlis convoque un concile, à Vienne sur le Rhône, qui se prononcera sur le sort à réserver au Temple en tant qu’institution.

    Le 12 novembre 1309 se tient la première commission pontificale : le pape s’étant réservé le jugement des personnes de quelques dignitaires (aux termes de la bulle Faciens misericordiam rédigée en août), Molay, attendant le jugement du pape, garde le silence ; un seul frère, Ponsard de Gisy, précepteur de la commanderie de Payns, dénonce les aveux faits sous la torture.

    Le 7 avril 1310, 9 chevaliers présentent la défense de l’ordre devant la commission pontificale.
    En mai, Philippe le Bel réunit le concile provincial de Sens, présidé par une âme damnée de Philippe, l'archevêque de Sens, Marigny, frère du ministre Enguerrand de Marigny : 54 Templiers étant revenus sur leurs aveux sont condamnés comme relaps et brûlés le 12. De semblables exécutions sont ordonnées, et avec la même rapidité, par les conciles provinciaux. Les chevaliers qui échappent à la mort sont condamnés à de lourdes peines.
    Le 11 mai 1310, 21 templiers se présentent au concile de Mayence pour protester de leur innocence et en appeler au pape.
    Le 21 octobre, un synode réuni à Salamanque déclare les Templiers innocents ; des synodes ont fait de même et à Ravenne le 17 juin et à Mayence le 1er juillet.




    Le Concile œcuménique de Vienne

    Lors du 
    [ltr]concile œcuménique de Vienne[/ltr]
    en Dauphiné (16 octobre 1311 - 6 mai 1312), malgré la majorité des Pères qui souhaitent défendre l'ordre et les rois et princes d'Angleterre, d'Espagne, d’Ecosse et d'Allemagne qui reconnaissent l'innocence du Temple, le pape 
    [ltr]Clément V[/ltr]
    , forcé par Philippe qui a besoin d'argent pour mener la guerre en Flandres (le 20 mars 1312, le roi, accompagné de ses trois fils et de ses frères, Charles de Valois et Louis d'Évreux, arrive à Vienne à la tête d'une grande armée), abolit l’ordre par la bulle Vox in excelsodatée du 22 mars 1312 à Vienne et communiquée au concile à la séance du 3 avril :
    "Une voix a été entendue des cieux, une lamentation et un cri d'amertume, car le temps vient, le temps est déjà venu, le Seigneur se plaint par son prophète : "Cette nation a provoqué ma colère et ma fureur, je vais me retirer de leur vue à cause du mal de ses fils, parce qu'ils ont provoqué ma colère en me tournant le dos et non leurs visages ; ils ont installé des idoles pour les honorer dans la maison où mon Nom est invoqué ; ils ont construit des haut-lieux à Baal pour sacrifier leurs fils aux idoles et aux démons" (Jérémie 32,31-35). Nous avons reçu des accusations secrètes contre les maîtres, les précepteurs et autres frères de l'Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem et aussi contre l'Ordre lui-même. La sainte Eglise Romaine honorait ces frères et leur Ordre avec son appui spécial, les avait armés du signe de la Croix contre les ennemis du Christ, leur portait la plus haute estime, et la fortifiait de nombreux exemptions et privilèges. Ils sont tombés dans le péché de l'apostasie impie, le vice abominable de l'idolâtrie, le crime mortel des sodomites, et d'autres hérésies. Alors que l'Ordre avait eu un saint et bon commencement, méritant l'approbation du Siège apostolique. Puis vint l'intervention de notre cher fils dans le Christ, Philippe, l'illustre roi de France. Il n'avait pas l'intention de s'approprier pour lui-même aucune des possessions des Templiers. Pour nous donner une meilleure lumière sur le sujet, il nous a envoyé des informations sûres pa messagers et par lettres. Il y a même un des chevaliers, un homme de sang noble et pas de petite réputation dans l'Ordre, qui témoigna secrètement sous serment en notre présence, qu'à sa réception le chevalier qui le recevait lui demanda de renier le Christ, ce qu'il fit en présence d'autres chevaliers membres de l'Ordre, il cracha aussi sur la croix que lui tenait le chevalier qui le recevait. Le témoin affirma encore qu'il avait entendu dire que c'était la façon habituelle de recevoir de nouveaux membres : à la demande de la personne recevant la profession religieuse, la personne faisant profession renie Jésus Christ, et pour se moquer du Christ crucifié crache sur a croix qui lui est tendue, et les deux commettent à l'autre des actes horribles contraires à la morale chrétienne, comme le témoin en a confessé en notre présence. Nous avons convoqué à venir en notre présence de nombreux précepteurs, prêtres, chevaliers et autres frères de l'Ordre qui n'étaient pas de petite réputation. Ils ont prêté serment par le Père, le Fils et le Saint-Esprit, nous avons exigé, en vertu de la sainte obéissance, invoquant le jugement divin avec la menace de la malédiction éternelle, qu'ils nous disent la pure et simple vérité. Après cela, entendant faire notre propre enquête avec le Grand Maître, le visiteur de France et les principaux précepteurs de l'Ordre, nous ordonnons au Grand Maître, au visiteur de France, et aux maîtres d'Outremer, de Normandie, d'Aquitaine et du Poitou de se présenter à nous pendant que nous sommes à Poitiers. Nous avons donné le pouvoir et la mission à nos fils bien-aimés Béranger, alors Cardinal avec le titre de saint Nérée et saint Achille, maintenant évêque de Frascati, et Etienne, Cardinal avec le titre de saint Cyriaque des bains, et Landulf, Cardinal diacre avec le titre de saint Ange en lesquels nous avons pleine confiance pour la prudence, l'expérience et la loyauté, pour faire une enquête minutieuse avec le Grand Maître, le visiteur et les précepteurs concernant la vérité de ces accusations portées contre eux, contre les personnes de leur Ordre et contre l'Ordre lui-même. Ils ont confessé entre autres choses qu'ils avaient renié le Christ et craché sur la Croix à leur réception dans l'Ordre du Temple. Quelques-uns d'entre eux ont ajouté qu'eux-mêmes avaient reçu de nombreux frères en utilisant le même rituel, à savoir reniement du Christ et crachat sur la Croix. Quelques-uns ont même avoué certains crimes horribles et comportements immoraux ont nous ne dirons rien pour l'instant. Après cette confession et dépositions, ils ont demandé aux cardinaux l'absolution pour l'excommunication encourue pour ces crimes, humblement et dévotement, à genoux, les mains jointes, ils ont fait leur demande avec de nombreuses larmes. L'Eglise ne ferme jamais son coeur aux pécheurs qui reviennent. Nous avons décidé avec l'avis de nos frères de continuer l'enquête sur les crimes et transgressions. Elle sera continuée par les ordinaires locaux et d'autres sages personnes dignes de foi que nous déléguerons dans le cas des membres individuels de l'Ordre, et par des personnes prudentes de notre choix dans le cas de l'Ordre dans son ensemble. Une fois que tout ceci a été fait, nous avons convoqué les cardinaux, patriarches, archevêques et évêques, les abbés exempts et non exempts et les autres prélats et procurateur élus par le Concile pour considérer l'affaire. La majorité des cardinaux et des élus du Concile, dans une proportion de plus des quatre cinquièmes, a pensé qu'il était meilleur, plus expédient et avantageux pour l'honneur de Dieu et pour la préservation de la Foi Chrétienne, ainsi que pour l'aide à la Terre Sainte et beaucoup d'autres raisons, de supprimer l'Ordre par voie d'ordonnance du Siège apostolique et de redonner aux propriétés l'usage auquel elles étaient destinées. Donc, avec un coeur triste, non par jugement définitif, mais par ordonnance apostolique, nous supprimons, avec l'accord du saint Concile, l'Ordre des Templiers ainsi que sa règle, son habit et son nom, par un décret inviolable et perpétuel, et nous interdisons à quiconque à partir de maintenant d'entrer dans l'Ordre de recevoir ou de porter son habit ou d'affirmer être un Templier."

    La bulle Ad providam Christi vicarii du 2 mai 1312, transfère les biens et terres du Temple aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (à l'exception des biens situés en Espagne et au Portugal).
    Le roi Philippe, dans sa lettre au pape du 24 août, dit que "les biens dont il s'agit pour la France étant sous sa garde, le droit de patronage lui appartenant, et le pape avec le concile lui ayant demandé son consentement pour cette destination, il le donne volontiers, déduction faite des sommes employées à la garde et à l'administration de ces biens".

    La bulle Considerantes du 6 mai 1312 détermine le sort des chevaliers : ceux ayant avoués ou ayant été déclaré innocents se verront attribuer une rente et pourront vivre dans une maison de l'ordre ; tous ceux ayant niés ou s'étant rétractés, subiront un châtiment sévère.

    Une seconde commission pontificale est nommée le 22 décembre 1313. Elle est constituée de 3 cardinaux et d'avoués du Roi de France et doit statuer sur le sort des 4 dignitaires de l'Ordre : Jacques de Molay, maître de l'Ordre du Temple, Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, Hugues de Pairaud, visiteur de France et Geoffroy de Goneville, précepteur en Poitou-Aquitaine. Ils réitèrent leurs aveux devant la commission.
    Le 18 mars 1314, les 4 Templiers sont condamnés à la prison perpétuelle ; Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay proclament l’Ordre innocent de toutes les accusations portées contre lui ; ils reviennent sur leurs aveux, deviennent donc relaps et sont livrés au bras séculier. Le soir même, sur l’île de la Cité, Molay et Charney sont brûlés vifs, conformément au droit médiéval qui punit de mort les relaps. Lorsqu’il monte sur le bûcher, le Grand-maître lance (selon les versions) : « Clément, juge inique et cruel bourreau, je t’ajourne à comparaître dans quarante jours, devant le tribunal du souverain juge ! » ou « Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races ! »
    Le pape Clément V meurt le 20 avril. Quant à Philippe IV le Bel, qui n’a jamais pardonné aux frères du Temple ni leur richesse, ni d’avoir participé contre lui à la bataille de Courtrai en 1302, ni d’avoir refusé son admission dans l’ordre, il trépasse le 29 novembre.




    Maître Jacques

    L'origine mythologique revendiquée par les 
    [ltr]Compagnons[/ltr]
     comprend 3 figures emblématiques : Salomon, maître Jacques et le père Soubise, et 2 moments : la construction du temple de Jérusalem dont Jacques aurait été l'architecte avec son ami Soubise (tous deux initiés par Hiram) et la fin de l'ordre des Templiers, bâtisseurs féconds, maître Jacques devenant alors Jacques de Molay, le dernier maître exécuté en 1314.




    Après le concile de Vienne, les Templiers se retirent dans diverses maisons religieuses ou dans l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, comme le signalent de nombreux actes.
    Humbert Blanc se réfugie en Angleterre où il aurait perpétué leur tradition.

    Une tradition 
    [ltr]maçonnique[/ltr]
     affirme que Kilwinning, la loge écossaise la plus ancienne, a été fondée par le roi d’Ecosse Robert Bruce après sa victoire sur les Anglais à Bannockburn en 1314, et qu’elle accueillait des Templiers qui s’étaient enfuis de France.

    Dans la péninsule ibérique, les Templiers sont réunis aux 
    [ltr]Ordres[/ltr]
     de Calatrava et de Sainte Marie de Montesa en Aragon ; le 10 juin 1317, une bulle du pape 
    [ltr]Jean XXII[/ltr]
     reconnaît l’ordre de Sainte-Marie de Montesa, affilié à Cîteaux, qui réunit, dans le royaume de Valence dépendant du roi d’Aragon, les biens de l’Hôpital et du Temple.
    Au Portugal, les Templiers ont leur siège principal à Castro Marino puis à Tomar, la ville aux sept collines.
    En 1318, le roi Denis Ier regroupe les Chevaliers dans la Milice de Jésus-Christ ou ordre des Chevaliers du Christ affilié à Calatrava ; la Milice est reconnue le 15 mars 1319 par une bulle du pape Jean XXII.
    Une croix blanche, symbole d’innocence, est ajoutée à l’intérieur de la croix rouge du Temple.
    Les chevaliers jouissent de tous les privilèges, droits, exemptions et juridictions qu'avaient auparavant les chevaliers du Temple.
    Ils sont peu à peu déchargés des 3 vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance.

    [ltr]Alexandre VI[/ltr]
     (1492-1503) leur permet de se marier, et, comme ils rendent de grands services en expulsant les Maures du royaume et en étendant même leurs conquêtes au-delà des mers, les rois de Portugal les comblent de richesses.
    Le roi Jean II (+1495) leur abandonne même toutes les possessions et les colonies de l'Afrique, ne se réservant que le droit de suzeraineté ; mais l'ordre devient si puissant que les souverains voient d'un œil envieux et défiant cet état de prospérité.
    Il est donc décidé que les nouvelles conquêtes de l'ordre seront une propriété de la couronne.
    Le pape 
    [ltr]Jules III[/ltr]
     réunit, en 1550, la grande maîtrise de l'ordre à la couronne de Portugal : les rois, à dater de ce jour, deviennent les administrateurs de l'ordre.




    La Société des Templiers

    Fondée au milieu du XIXème siècle par Christoph Hoffman dans la ville de Württemberg, la Société des Templiers est un courant religieux protestant d'Allemagne. Ses membres, qui prônent le retour aux sources du christianisme, créent des implantations urbaines et agricoles sur la Terre Sainte.
    En 1858, les Templiers, qui comptent alors 5.000 membres, sortent officiellement de l'Église luthérienne. Ils sont les premiers en Palestine à se servir de machines agricoles et à employer les engrais chimiques.
    Lors de la déclaration de la Première Guerre mondiale, la Palestine abrite alors 1.200 Templiers, lesquels, lors de l'invasion britannique, sont expulsés en direction de l'Allemagne. Après la signature du Traité de Versailles, ils sont autorisés à retourne en Palestine.
    De nombreux Templiers de Palestine, et principalement les jeunes, adhèrent au parti national-socialiste ; en 1932, le parti nazi est créé en Palestine.
    Les templiers nazis se joignent aux groupes armés arabes lors de la Grande révolte arabe en Palestine (1936 à 1939) contre la colonisation juive.
    Les membres de la Société des Templiers sont arrêtés par les Britanniques et internés dans des camps, jusqu'à leur expulsion vers l'Australie. Il ne leur sera jamais permis de revenir en Israël.




    L’ordre des Nouveaux Templiers

    En 1900, l’Ordre des Nouveaux Templiers est fondé en Autriche par Jörg Lanz von 
    [ltr]Liebenfels[/ltr]
     (éditeur de la revue Ostara) qui rencontrera Hitler au début des années 20).




    L’ordre de l'Etoile d'Argent

    En 1912, Edward Alexander Crowley (1875-1947), occultiste et créateur d’une secte adonnée à la magie sexuelle, l’ordre de l'Etoile d'Argent (Astrum Argentium), est introduit dans l'Ordre des Templiers d'Orient (Ordo Templi Orientis) et, sous le nom de Baphomet, prend la direction de la branche anglaise de l'ordre.




    En 1936, 4 commissaires de police belges créent la Milice du Temple proche des idéaux du rexisme de Léon Degrelle.

    Au début du XXIe siècle, on dénombre 47 ordres du Temple et une soixantaine d’ordres militaires prétendent à une certaine spiritualité templière...

    En 2002, une copie du parchemin de Chinon (daté du 17 au 20 août 1308) attestant que le pape Clément V a accordé, en 1308, son absolution aux dignitaires de l'ordre (ce qui est parfaitement normal puisqu'ils avaient avoués leurs erreurs), est découverte dans les archives secrètes du Vatican par une chercheuse, le Dr Barbara Frale. Ce parchemin a été publié au XVIIe siècle par Baluze dans son ouvrage Vitae Paparum Avenionensis (Vies des papes en Avignon).




    ORIGINES TEMPLIERES DE LA FRANC-MACONNERIE


    Dans le rite maçonnique d’York, formé au XVIIIe siècle, les membres sont nommés "maçons de l’Arche royale" et passent successivement par 4 grades ; l’étape suivante est celle des "maçons royaux et élus" qui passent par 3 grades successifs ; la dernière étape est celle des "chevaliers de l’ordre du Temple".

    Ecossais installé en France depuis 1707, celui que l'on appela par la suite le Chevalier de Ramsay, vise, en vain, à rattacher la 
    [ltr]maçonnerie[/ltr]
     aux ordres chevaleresques chrétiens de Saint-Jean de Jérusalem et du Temple.
    A la même époque, le baron allemand Carl von Hund déclare que "la franc-maçonnerie plonge ses racines dans l’ordre du Temple et que par conséquent tout maçon est aussi un templier".

    Au XVIIIème siècle, des membres de la loge maçonnique du collège de Clermont qui veulent continuer l'ancien ordre des Templiers s'affilient des personnages très distingués de la cour et de la noblesse partageant les idées 
    [ltr]déistes[/ltr]
     de cette époque. Bourbon-Conti, le duc de Cossé-Brissac sont grands maîtres de cet ordre aristocratique dont les débris se reformeront sous le Directoire. Cette société est persécutée sous la Restauration. Après 1830, elle admet dans ses rangs l'abbé Châtel qui y officie quelque temps comme primat des Gaules ; puis elle se fond dans la maçonnerie. L’ordre survit en Angleterre : le prince de Galles est nommé grand maître des templiers en 1873.

    1756 : France, installation du Rite de la Stricte Observance qui insiste sur les origines templières de la franc-maçonnerie.

    1782 : le convent maçonnique de Willemsbad (à la base du Rite Ecossais Rectifié) rejette l’origine templière et condamne la pratique de l’alchimie par les frères.

    En 1808, Napoléon Ier autorise Raymond de Fabré-Palaprat, un illuminé, à reconstituer l’ordre du Temple. Ce dernier se proclame grand maître (Mgr Bernard Raymond) et organise des cérémonies. Quelques francs-maçons, convaincus de l’origine commune des 2 institutions, le rejoignent.




    LE TRESOR DE L'ABBE BERANGER SAUNIERE


    En 1886, l’abbé Béranger Saunière aurait découvert, lors de la restauration de l’église de Rennes le Château (Aude), un fabuleux trésor dans une tombe : l’
    [ltr]Arche d’Alliance[/ltr]
    , l’or des Wisigoths, le butin de Dagobert, le trésor des cathares, 
    [ltr]le Graal[/ltr]
    , l’or des Templiers ?
    Parmi ce trésor se trouvaient des pièces d’or datant de saint Louis et un calice du XIIIe siècle qui auraient appartenu aux Templiers et des parchemins d’une inestimable valeur (?) signés par Blanche de Castille.
    Selon les ouvriers qui participèrent aux travaux, il s’agissait d’un chaudron contenant des pièces d’or et de bijoux.
    Depuis des centaines de passionnés ne cessent de chercher…

    Dans le Parzival de Wolfram Von Eschenbach, le Graal est gardé à "Munsalvaesche par de vaillants chevaliers qui ont leur demeure auprès du Graal. Ces Templiers livrent combat afin d'expier leurs pêchés.... Leur nourriture, ils la reçoivent d'une pierre qui, en son essence, est toute pureté, on l'appelle lapsit exillis. Elle leur donne une telle force que leur corps garde la fraîcheur de la jeunesse. Cette pierre est ainsi nommée le Graal".




    CITATIONS


    Ils (les Templiers, ndlr) vivent sans avoir rien en propre, pas même leur volonté. Vêtus simplement et couverts de poussière, ils ont le visage brûlé par le soleil, le regard fier et sévère ; à l'approche du combat, ils s'arment de la foi au dedans et du fer au dehors ; leurs armes sont leur unique parure : ils s'en servent avec le plus grand courage dans les périls, sans craindre ni le nombre ni la force des barbares ; toute leur confiance est dans le Dieu des armées, et, en combattant pour sa cause, ils cherchent une victoire certaine ou une mort sainte et glorieuse (...) Le chevalier du Christ donne la mort en toute sécurité et la reçoit avec plus d'assurance encore. S'il meurt, c'est pour son bien, s’il tue, c'est pour le Christ… (Bernard de Clairvaux 1090-1153)

    De cette manière fut aboli l'ordre du Temple, après avoir combattu cent-quatre-vingt-quatre ans et avoir été comblé de richesses et orné des plus beaux privilèges par le Saint-Siège. Il n'en faut pas imputer la faute au pontife, car il est constant que lui et son concile n'ont fondé leur décision que, sur les allégations et les témoignages que le roi de France leur a fournis. (Bernard Guy ou Guidonis 1260-1331, Vie de Clément V)

    La proscription des Templiers fut l'ouvrage exclusif de la cupidité et de la vengeance. (Bignon 1662-1743)

    Si tant de témoins ont déposé contre les Templiers, il y eut aussi beaucoup de témoignages étrangers en faveur de l'ordre. (Voltaire 1694-1778)
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:28

    Le compagnonnage

    Le compagnonnage paraît être une survivance des sociétés secrètes de l'antiquité. L'antiquité avait d'ailleurs ses sociétés d'ouvriers.
    Chez les Juifs, par exemple, nous trouvons l'association des khasidéens, qui donnèrent plus tard naissance aux esséniens, et dont la mission était, dans l'origine, d'entretenir et de réparer le temple que Salomon avait fait bâtir, ce même temple d'où les compagnons actuels, notamment ceux qui s'intitulent les enfants de Salomon, prétendent être sortis. A en croire ces derniers, le troisième roi des Juifs, pour récompenser ses nombreux ouvriers (plus de 200.000, dit-on) de leurs travaux, leur aurait donné un devoir ou, ce qui revient au même, une doctrine, et les aurait unis fraternellement dans l'enceinte de l'édifice qu'ils venaient de construire.
    Les gens du bâtiment sont les créateurs du compagnonnage, société initiatique d'apprentissage et de solidarité réunissant des artisans.
    Les compagnons constructeurs des cathédrales médiévales assurent que "ce que tu fais te fait".
    L'origine mythologique revendiquée par les compagnons comprend 3 figures emblématiques (Salomon, maître Jacques et le père Soubise), et 2 moments : la construction du temple de Jérusalem et la fin de l'ordre desTempliers, bâtisseurs féconds, maître Jacques devenant alors Jacques de Molay, le dernier maître exécuté le 18 mars 1314.

    - Les Enfants de Salomon se composent des tailleurs de pierre appelés "compagnons étrangers ou loups", des menuisiers et des serruriers du devoir de liberté dits "gavots" et descharpentiers dits "renards de liberté" puis "compagnons de liberté".

    - Les Enfants de maître Jacques assurent que leur fondateur, un des premiers maîtres de Salomon et collègue de Hiram, naquit dans une petite ville des Gaules, nommée Carte, aujourd’hui Saint-Romili, située dans le midi de la France, mais que l'on chercherait vainement sur les cartes. Il aurait eu pour père un célèbre architecte nommé Jakin ou Jacquin, se serait exercé à la taille des pierres dès l'âge de quinze ans, aurait voyagé dans la Grèce, où il aurait appris la sculpture et l'architecture, serait venu en Égypte, puis à Jérusalem, où il aurait exécuté avec tant de grâce deux colonnes, qu'on se serait empressé de le recevoir maître.
    Maître Jacques et son collègue, maître Soubise, après les travaux du temple achevés, seraient revenus ensemble dans les Gaules, jurant de ne jamais se séparer ; mais la jalousie du second s'étant émue de l'ascendant du premier sur leurs disciples, il y aurait eu séparation : Maître Jacques, aurait été débarqué à Marseille, Maître Soubise, à Bordeaux.
    Un jour, s'étant éloigné de ses disciples, maître Jacques se serait vu assailli par dix disciples de maître Soubise ; mais en se sauvant il aurait fait une chute dans un marais ; soutenu par les joncs, il aurait été délivré par les siens et se serait retiré à la Sainte-Baume, dans la grotte où vivra pendant 30 ans 
    [ltr]Marie-Madeleine[/ltr]
    . Mais, bientôt trahi et livré par un de ses disciples, appelé "Jéron" selon les uns, "Jamaisselon les autres, il serait mort frappé de cinq coups de poignard, dans sa quarante-septième année, quatre ans et neuf jours après sa sortie de Jérusalem, 989 ans avant J.-C. Les compagnons lui ayant ôté sa robe auraient trouvé sur lui un petit jonc qu'il portait en mémoire de ceux qui l'avaient sauvé dans le marais, et aussitôt ils auraient adopté le jonc pour emblème.
    En général, on n'accuse pas Soubise d'avoir trempé dans cet assassinat. Les larmes qu'il versa sur la tombe de son collègue ont levé une partie des soupçons qui pesaient sur lui. Quant au traître, il serait allé, de désespoir, se jeter dans un puits que les disciples de Jacques auraient comblé avec des pierres. La défroque du martyr aurait été mise dans une caisse.
    A la destruction des temples, les enfants de maître Jacques s'étant séparés, son chapeau aurait été donné aux chapeliers, sa tunique aux tailleurs de pierre, ses sandales aux serruriers, son manteau aux menuisiers, sa ceinture aux charpentiers et son bourdon aux charrons.
    Selon une autre tradition, maître Jacques ne serait autre que le dernier grand maître des templiers, Jacques de Molay, lequel aurait accueilli sous la bannière de son ordre des enfants de Salomon en dissidence avec la société mère, et leur aurait conféré un devoir nouveau vers 1268. Le père Soubise ne serait autre qu'un moine bénédictin qui aurait donné aux charpentiers de haute futaie des statuts spéciaux. Cette seconde légende est acceptée assez généralement comme se rapprochant plus que la précédente de la vérité.
    La division des sociétés de compagnonnage en trois classes date de la fin du XIIIe siècle. Ce qu'on peut affirmer, c'est que les enfants de Maître Jacques sont d'une origine moins ancienne que ceux de Salomon, et qu'ils en sont même un démembrement.
    Les Enfants de Maître Jacques, dont l’emblème est une patte d’oie (pédauque), ne comprennent en principe que les tailleurs de pierre, compagnons passants, dits "loups-garous", et lesmenuisiers et serruriers du devoir, dits "dévoirants" déformés en "dévorants".

    - Les Enfants du père Soubise se composaient à l'origine d'un seul corps d'état, les charpentiers, "compagnons passants ou drilles" ; les couvreurs et les plâtriers s'y sont adjoints ensuite.

    Les Enfants de Maître Jacques et du Père Soubise prennent seuls le nom de "Compagnons du devoir".

    Héritiers sans doute des ghildes, fratries et hanses nées dès le VIIIe siècle, les compagnonnages apparaissent formellement au XIIIe siècle, principalement dans le cadre de la construction des cathédrales. Le serment et le secret soudent les membres de ces associations.
    Les parcours des compagnons sont attestés à Rouen au XIVe siècle.
    Au début du XVe siècle, les brodeurs, les menuisiers, les tondeurs estent en justice en tant que corps ; l'essentiel des caractères du compagnonnage est, en tout cas, dessiné.

    Les différents compagnonnages rassemblent chacun plusieurs corps de métiers. Tous ont en commun l'usage d'un argot spécifique et des pratiques rituelles initiatiques, plus ou moins secrètes ; tous se rattachent à un passé mythique et, sinon chrétien, du moins biblique ; tous enfin ont pour triple objectif la moralisation, la défense et la formation des ouvriers (terme générique comprenant aussi bien les artisans que les ouvriers). Ils intègrent un examen initiatique, conclusion d'un tour de France sanctionné par la réception d'un chef d'oeuvre. Tous disposent d'un réseau de maisons où ils peuvent trouver le toit et le couvert, maisons appelées "cayennes" (sises près des grands fleuves où la maréchaussée n’a pas le droit d’intervenir), gérées par des "mères". Également pour des raisons de sécurité, chaque compagnon porte un surnom comprenant deux éléments : son origine régionale (Ardéchois) et un trait caractéristique de sa personnalité (Cœur Fidèle). Enfin, tous nourrissent vis-à-vis des autres compagnonnages une solide hostilité (allant parfois jusqu’à la violence), de même qu'à l'intérieur de chaque compagnonnage des rivalités opposent les différents corps de métiers.

    Certains historiens voient dans le compagnonnage l’ancêtre du syndicalisme et du mutualisme.




    1250 :
    - Les comtes de Champagne octroient la liberté de circulation aux compagnons forgerons (les Forgerons du Devoir).
    - Les maçons fondent la Grande Loge de Cologne.

    1275 : à Strasbourg, première assemblée générale des maçons constructeurs. Les anciens compagnons constructeurs se groupent en confraternités de Saint-Jean et se réfèrent à saint Jean du Tonnerre.
    Pendant longtemps, à la question : "D'où viens-tu ?", les francs-maçons affirmaient : "Je viens de la Loge de Saint-Jean", peut-être en souvenir de cette Confraternité de Saint-Jean ou peut-être aussi en rappel des neuf chevaliers qui, à Jérusalem, le jour de la Saint-Jean d'hiver de l'année 1118, prêtèrent serment et fondèrent l'ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon.
    On dit que c'est à Strasbourg, en 1440, que les maçons constructeurs allemands changèrent leur nom de "frères de Saint-Jean" pour s'appeler "francs-maçons".

    1276 : l'empereur Rodolphe Ier de Habsbourg octroie des franchises aux tailleurs de pierres de la cathédrale de Strasbourg .
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:29

    La franc-maçonnerie

    La franc-maçonnerie semble issue du compagnonnage, quoique certains prétendent l’inverse et que d’autres nient toute parenté entre les deux sociétés.
    Institution philanthropique et société de pensée, la franc-maçonnerie (abrégée en maçonnerie) est une association dont les membres se recrutent par cooptation, selon des rites initiatiques conformément au mythe hiramique. Elle se fixe pour but de réunir en son sein les "hommes libres et de bonnes mœurs" qui veulent travailler à l’amélioration matérielle et morale ainsi qu’au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité.
    Les maçons se réunissent dans des loges, locaux installés près des chantiers, où se transmettent, sous la férule d’un maître maçon, les secrets du métier. 

    D’après Jules Boucher, voici le mythe hiramique, tel qu'il fut découvert ou élaboré au XVIIIe siècle.
    Hiram (à ne pas confondre avec son homonyme, le roi Hiram de Tyr qui fournit à Salomon des ouvriers et du bois de cèdre pour la construction du Temple de 
    [ltr]Jérusalem[/ltr]
    ) était un maître bronzier engagé par le roi Salomon sur le chantier du Temple (1 Rois 7,15-22).
    Hiram coula notamment la mer de bronze et les deux colonnes Jachin et Boaz à l’intérieur desquelles auraient été placés des écrits précieux.
    Le pilier de la miséricorde, placé à droite, appelé Yachin ou Jachin, évoque l’idée de solidité et de stabilité. Il comporte les Kabbale. Sephirot porteurs de semence, de l'aspect masculin, positif de la création : Hokmah, Chesed et Netzah. Il est associé au taoisme. yang asiatique, à tout ce qui insuffle la vie et pousse à son développement. Marqué de la lettre hébraïque Yod (initiale de Yachin), il est souvent représenté comme une colonne de couleur blanche (dans le temple maçonnique, la lettre est "J" et la colonne est rouge). On l'appelle aussi parfois pilier de la Force, par opposition à la Forme, en tant que Force créative. Il est associé au soleil.
    Le pilier de la rigueur, placé à gauche, est appelé Boaz. Il comporte les Sephiroth réceptacles de la semence, les Sephiroth teintées de l'aspect féminin, négatif de la création, en ce sens qu'elles tendent à restreindre cette création : Binah, Geburah et Hod. Il est associé au yin asiatique, à tout ce qui contient, résorbe et confine la vie afin de mieux la contrôler. Marqué de la lettre hébraïque Beth (la première du mot Boaz), il est souvent représenté comme une colonne de couleur noire (elle est blanche dans le temple maçonnique). On l'appelle aussi parfois pilier de la sévérité, ou même pilier de la Forme, par opposition à la Force, en tant que Forme du moule dans lequel vient s'inscrire la Force de Yachin. Il est associé à la lune.
    Dans le temple maçonnique, lors des cérémonies, les apprentis s’alignent au pied de la colonne "J", les compagnons près de la "B" et les maîtres se tiennent dans la chambre du milieu.
    Les travaux s'achevaient, mais les compagnons d'Hiram n'avaient pas tous été initiés aux secrets merveilleux du Maître. Trois d'entre eux décidèrent de les lui arracher. Postés chacun à une porte différente du Temple, ils sommèrent tour à tour Hiram de leur livrer ses secrets. Le Maître répondit successivement à chacun d'eux, en fuyant d'une porte à l'autre, qu'on n'obtiendrait pas sa parole par des menaces et qu'il fallait attendre le temps voulu. Alors ils le frappèrent, l'un d'un coup de règle sur la gorge, l'autre d'un coup d'équerre de fer sur le sein gauche, le troisième d'un coup de maillet sur le front qui l'acheva. Puis, ils se demandèrent l'un à l'autre la parole du Maître. Constatant qu'aucun d'eux ne l'avait obtenue, ils furent désespérés de leur crime inutile. Ils cachèrent le corps, l'inhumèrent dans la nuit près d'un bois et plantèrent sur sa tombe une branche d'acacia.

    L'arche d'alliance était faite de bois d'acacia plaqué d'or (Exode 37,1-4). La couronne d'épines du Christ aurait été tressée d'épines d'acacia. Dans la pensée judéo-chrétienne, cet arbuste au bois dur, presque imputrescible, aux épines redoutables et aux fleurs de lait et de sang, est un symbole solaire de renaissance et d'immortalité.
    Guénon souligne que les rayons de la couronne d'épines sont ceux d'un soleil.
    Le symbole de l'acacia rejoint l'idée d'initiation et de connaissance des choses secrètes.
    L'écorce de l’acacia (notamment l'acacia phlebophylla et l'acacia longifolia) a des effets hallucinogènes.
    Une légende africaine bambara place l'acacia à l'origine du rhombe. Alors que le premier forgeron, encore enfant, taillait un masque, "une esquille de bois d'acacia se détacha et sauta au loin en produisant un vrombissement semblable au rugissement du lion. L'enfant appela deux de ses camarades, prit le fragment de bois, perça un trou à l'une de ses extrémités, y passa une ficelle et le fit tournoyer" (J. Servier).
    Une pratique védique est encore en vigueur : un disque d'acacia est percé d'un trou ; avec un bâton en bois de figuier, rapidement tourné dans l'orifice, on produit, sous l'effet de la friction, le feu sacré qui servira au sacrifice. L'acacia représente le principe féminin, le bâton de figuier le principe masculin.
    La louche sacrificielle (sruk) attribuée à Brahma est en bois d'acacia.
    On voit donc partout l'acacia considéré comme un support du divin, dans son aspect solaire et triomphant.

    Dans l'application symbolique du mythe aux cérémonies maçonniques d'initiation au grade de Maître, le récipiendaire s'identifie à Hiram Abiff. Il doit d'abord mourir à lui-même : les trois coups de la légende symbolisent la triple mort, physique (gorge), sentimentale (sein gauche) et mentale (front). Mais, comme toutes les morts initiatiques, cette phase prélude à la renaissance physique, psychique, mentale, en un nouvel Hiram, que symbolisent les qualités décrites par le texte biblique et la branche d'acacia déposée sur le drap du récipiendaire pour rappeler celle qui fut plantée sur la tombe d'Hiram.

    Évoquant le mythe de la mort d'Hiram, le frère Gérard de Nerval écrivait dans Voyage en Orient : "Il faut savoir mourir pour naître à l'immortalité."
    Le secret d'Hiram, la parole recherchée du Maître, réside précisément dans cette loi du devenir intérieur, dans une transformation spirituelle : investi des qualités d'Hiram, l'initié devient Maître à son tour et s’efforce d’élever sans cesse un temple idéal.
    Les trois assassins figurent l'Ignorance, l'Hypocrisie ou le Fanatisme, l'Ambition ou l'envie, à quoi s'opposent les qualités de Hiram : le Savoir, la Tolérance et le Détachement ou la Générosité. 
    Tous les francs-maçons se disent "orphelins d'Hiram" et aussi "fils de la veuve" [comme Hiram, fils de la veuve Nephtali (nom à rapprocher peut-être de Nephtys, sœur d’Isis, épouse de Seth, mère d’Anubis)].

    David Stevenson prétend que, "d’après une vieille tradition maçonnique, les maçons ont vénéré Thot/Hermès, dieu de la sagesse, qu’ils considéraient comme leur maître". L’hermétisme est la doctrine de la connaissance, dont l'origine est attribuée au dieu égyptien Thot (divinité de la Connaissance), transmise au dieu grec Hermès Trismégiste le Trois Fois Grand, également divinité de connaissance, puis aux gnostiques. Messager divin et fils de Zeus, Hermès (assimilé à Thot, le fondateur de la science secrète ) possédait la sagesse et la connaissance du monde, terrestre et céleste, de la médecine comme de l'astrologie ; c'est pourquoi il fut aussi le dieu des philosophes et des alchimistes. "Hermès est à la fois le dieu de l'hermétisme et de l'herméneutique, du mystère et de l'art de le déchiffrer" . Les hermétistes se disent disciples d'Hermès qui serait l'auteur de La Table d'émeraude, à la fois traité de médecine et d'alchimie. "Pendant des siècles, la Table d'Emeraude a été la bible des alchimistes, hermétistes, gnostiques (surtout les manichéens, ndlr) et rosicruciens, ainsi que de quelques obédiences maçonniques". Les Grecs donnent le nom de leur dieu Hermès à la divinité égyptienne Thot, dont le culte se tient en Moyenne-Égypte à Khemenou qui devient Hermopolis Magna. Cette assimilation est officielle sous les Ptolémée, comme en témoigne le décret de l'assemblée des prêtres égyptiens gravé sur la célèbre Pierre de Rosette en 196 avant notre ère . "Hermès trismégiste résulte de la fusion de Thot et d’Hermès dans le milieu Grec d’Alexandrie. Il était connu du monde Romain en tant qu'Hermès l’Egyptien. L’Hermès des papyrus magiques devient une déité susceptible de sonder les coeurs des hommes. Mais d’autres pensaient que le dieu avait été un être humain à l’origine qui s’était divinisé. Pour Ammien Marcellin, le Trismégiste était un homme doté d’un esprit gardien exceptionnellement fort. Au final, Hermès préfigure le Christ avec une nature humaine et une nature divine" .

    Des symboles sont utilisés par les membres comme signes de reconnaissance : les outils des constructeurs de cathédrales (maillet, ciseau, équerre, compas, niveau, perpendiculaire, règle, levier, truelle et hache) constituent le premier support auquel viennent s’ajouter tabliers et sautoirs. Créés par l'intelligence de l'homme afin qu'ils prolongent la puissance et la dextérité de la main, les outils sont les accessoires permettant de transformer la matière. La Franc-Maçonnerie spéculative les utilise de manière symbolique et chacun d'entre eux possède une signification propre, attribuée selon les offices, les grades et les différents rites. Les outils constituent l'apport le plus évident et vérifiable du Compagnonnage à la Franc-Maçonnerie.

    Les principaux outils maçonniques sont :

    - le compas (outil du Grand Architecte de l'Univers, outil de la conscience, de l'exactitude de la mesure, dont le degré d'ouverture marque le grade du Franc-Maçon)
    - le ciseau (symbole de discernement)
    - l'équerre (symbole de rectitude, droiture)
    - la hache (symbole de dégrossissage)
    - le levier (symbole de volonté)
    - le maillet (symbole de force)
    - le niveau (symbole d'égalité et d'équilibre)
    - la perpendiculaire (symbole de profondeur)
    - la règle (précision)
    - la truelle (cohésion). 
    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme FM


    Les Maçons furent appelés Frères trois points, en référence à leur signature maçonnique. À l'origine, ces trois points ne se trouvaient pas dans le compagnonnage. Tardivement, on les a justifiés en affirmant que les deux premiers points représentent la dualité et l'union des Francs-Maçons tandis que le troisième montre le but élevé vers lequel ils aspirent. Les trois points représentent aussi, symboliquement, les trois coups que reçut Hiram avant de mourir mais aussi, tout aussi logiquement, la totalité du principe ternaire qui est d'usage constant dans la Franc-Maçonnerie.

    Dans les Loges maçonniques, hormis le triangle lumineux (delta), les triades sont nombreuses, telles les trois Lumières de l'atelier, les trois piliers, les trois chandelles, les trois marches Tenant à l'Orient, les trois points, les trois ans de l'apprenti, les trois voyages, les trois compagnons assassins d'Hiram, les trois maillets, les trois degrés des Loges bleues, et quelques autres qui tous montrent que le fonctionnement humain, physique et symbolique se fonde toujours sur trois plans avant de s'organiser et de s'incarner dans l'individu et la société. 






    Après sa victoire sur les Anglais à Bannockburn le 24 juin 1314, le roi d'Ecosse, Robert Bruce, fonde l'Ordre de St. André du Chardon qui accueille les Templiers qui se sont enfuis de France.
    A noter que figure fréquemment sur les sceaux templiers un personnage à 2 têtes (celle d’un jeune homme ou d’une jeune fille - ou d’un androgyne - et celle d’un vieillard barbu) tenant une équerre et un compas.

    Le 1er mai 1315, jour de l'Ascension : assemblée générale des tailleurs de pierre et des maçons de la ville de Strasbourg.

    Le 18 juin 1326, le Concile d'Avignon condamne les guildes, fraternités et confréries "dont les pratiques, les insignes et le langage secret lui paraissent menacer l'orthodoxie de la foi".

    En 1375, est fait mention de la Compagnie des Maçons de la Cité de Londres.

    1376 : les maçons de Londres s’appellent "freemasons".

    Le manuscrit Halliwell dit Regius (1390) est le premier document connu attestant l'existence de la Franc-maçonnerie opérative anglaise.

    1420 : le roi Charles VI rédige une ordonnance pour les cordonniers de Troyes : "Plusieurs compaignons et ouvriers du dit mestier, de plusieurs langues et nations, alloient et venoient de ville en ville ouvrer pour apprendre, congnoistre, veoir et savoir les uns des autres" .

    En 1425, l'archevêque de Winchester supprime les assemblées de maçons, mais ils sont soutenus par l'archevêque de Cantorbéry.

    En 1440, à Strasbourg, le nom de "franc-maçon" remplace celui de "frère de saint Jean".

    En 1480, des compagnons charpentiers sont reçus, à Rhodes, par le Grand Maître des Hospitaliers de Saint-Jean-de Jérusalem et effectuent le rituel d’une "entrée en chantier".

    En 1485, les Hospitaliers et leur grand maître, Daubusson, soutiennent la Maçonnerie.

    Au XVIe siècle, avec la Réforme, les loges commencent à admettre dans leurs rangs des hommes fortunés, des hommes de loi et des ecclésiastiques. Progressivement, elles deviennent des sociétés de pensée consacrées à la formation des consciences et à la défense de nouveaux principes tels que la fraternité, l’égalité et la paix.

    31 Août 1539 : à Paris, grève des compagnons imprimeurs.

    Au XVIe siècle, les premiers textes juridiques tentent expressément d'empêcher les réunions des compagnons. Les libations, les mères, les réunions, les masques, attirent sur les compagnonnages les foudres des justices ecclésiastiques et royales. Les imprimeurs de Lyon sont ainsi menés entre procès et émeutes de 1539 à 1573 contre l'autorité royale qui, malgré la multiplication des interdits, est en fait impuissante à empêcher l'accroissement des compagnonnages. Ces derniers s'engagent dans les conflits religieux : les gavots de Salomon tiennent pour les réformés, les dévoirants de maître Jacques pour les catholiques et les rivalités entre les sociétés s'attisent, en même temps que leur capacité d'intervention sur les salaires et les embauches.

    L'édit de François Ier, du 28 décembre 1541, interdit aux compagnons "de se lier par serment, de se donner des capitaines ou chefs de bande, de se former, en dehors des maisons ou ateliers de leurs maîtres, en rassemblements de plus de cinq, sous peine d'être punis comme monopoleurs d'amendes arbitraires ; de porter épées, poignards ou bâtons ès maisons de leurs maîtres, ni par la ville ; de faire enfin aucun banquet pour entrée et issue d'apprentissage ou autre raison de métier".

    En 1578, les comptes de la construction du Corpus Christi College distinguent les maçons francs (free) et les maçons grossiers (rough).

    1599 : les Minutes de Mary's Chapel (Ecosse) paraissent être les plus anciennes Minutes de loge du monde.

    8 juin 1600 : John Boswell d'Auchinleck est présent à une réunion de Mary's Chapel : ce serait la plus ancienne participation non opérative aux travaux d'une loge.
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:29

    La Rose-Croix

    En 1623, des affiches sur les murs de Paris annoncent la naissance de la Société de la Rose-Croix.
    La Rose-Croix est une fraternité internationale en quête de la sagesse ésotérique qui perpétue les enseignements que les initiés se sont transmis à travers les siècles.

    Les rosicruciens affirment que l'origine de leur ordre remonte à l'Égypte ancienne [au règne d’Akhenaton (Amenhotep ou Aménophis IV) fondateur du monothéisme] et qu'il a perduré à travers les siècles en restant volontairement dans l'ombre.
    Leur enseignement constitue une combinaison de différents éléments empruntés à l'hermétisme égyptien, au gnosticisme, à la Kabbale juive ainsi qu'à d'autres croyances et pratiques occultes.

    Le mouvement apparaît en Allemagne, après la publication de Fama Fraternitatis (1614), suivie de la réédition de la Fama avec une Confessio Rosae Crucis (1615) puis Les Noces Chimiques révélant les étapes initiatiques qui mènent au château de la Connaissance où se trouve le Graal. Ces manifestes relatent le voyage en Orient d'un personnage mythique désigné par le pseudonyme de Christian Rosencreutz (d’où le nom de la Fraternité) qui aurait vécu au moins un siècle plus tôt et fondé l'ordre des Rose-Croix pour communiquer la sagesse secrète qu'il avait acquise.

    L'emblème des sociétés rosicruciennes est formé d'une ou plusieurs roses ornant ou encadrant une croix. Trois roses rouges symbolisent la lumière, l’amour et la vie ; c'est la triade Licht, Liebe, Leben chantée par le poète et écrivain allemand, Schiller (+ 1805), duquel plusieurs loges maçonniques honorent la mémoire.

    Jusqu'au XVIIIe siècle, il y a un lien étroit entre Rose-Croix et franc-maçonnerie (le rose-croix Elias Ashmole fut, par exemple, initié à la franc-maçonnerie en 1646), puis elles deviennent indépendantes (la franc-maçonnerie conserve cependant le grade de Chevalier Rose-Croix).

    1642 : année des plus anciens documents existants de la Loge de Mother Kilwinning (Ecosse).
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:30

    LE ROI ARTHUR
    LE GRAAL


    LE ROI ARTHUR


    L'Histoire et les légendes arthuriennes

    De 500 à 550, les Celtes de l’Ile de Bretagne parviennent à arrêter les envahisseurs anglo-saxons. C'est ici que se situe l'épisode légendaire du roi Arthur ou Arthus (du celtique "arzh" : ours) attestant de la volonté des Bretons à sauver leur culture celtique et leur religion, chrétienne certes, mais plutôt faite d'un amalgame de christianisme et de croyances anciennes rémanentes.

    Une coalition de tribus celtes de Bretagne vainc les Saxons au mont Badon. La légende dit qu'Arthur est le héros de cette entreprise. Les historiens s'interrogent sur la localisation exacte et la date de cette victoire (516 ? 518 ? 540 ?) qui témoigne de la résistance des Bretons chrétiens aux envahisseurs.
    Saint Gildas (+ en 569 ou 570), retiré sur l’Ile de Houat (Bretagne), écrit un Sommaire de l’histoire de l'Angleterre depuis la conquête romaine (De excidio et conquestu Britanniae) dans lequel il ne mentionne pas Arthur mais célèbre la victoire du Mont Badon qu’il date de 540.

    Jordanès, historien goth de langue latine du VIe siècle, compose, en 551, son ouvrage intitulé De origine actibusque Getarum dans lequel il fait le récit de la campagne des Gaules d’un certain Riothamus « roi des Brettones » (d'après Léon Fleuriot, le nom de Riothamus n'est qu'un terme signifiant "grand roi") : s'agit-il d'Arthur ?

    On trouve la première allusion à Arthur dans le poème Gododdin (v. 600) du gallois Aneirin.

    Adomnan, dans sa Vita Columbae (VIIe siècle), évoque un grand guerrier du nom d'"Arturius".

    Vers 850, Arthur est mentionné dans Historia Brittonum (Histoire des Bretons) attribuée au moine écossais Nennius. Nennius raconte qu’un chef guerrier (Dux bellorum), Arthur, à la tête des tribus celtes de Grande Bretagne (ou plus exactement de la Domnonée, région qui correspond, aux Iles Britanniques, au territoire actuel des Cornouailles, du Devon et du Somerset), aurait remporté une douzaine de batailles dont certaines en Irlande et sur le Continent lorsqu'il résistât à la fois aux légions romaines et à la poussée nordique des Angles et des Saxons : sa plus célèbre bataille étant la douzième, celle du Mont Badon (vers 516) où tombèrent en un seul jour 960 guerriers. Nennius raconte que dans le pays d’Arthur se trouvaient des curiosités remarquables, dont "Cain Cabal", une pierre où l’on voyait l’empreinte de la patte de Cabal, le chien d'Arthur, et "Licat Anir", le tombeau d'Anir, le fils d'Arthur, tué par son père (les dimensions du tombeau variaient : sa longueur était de 6, de 9, de 12 ou de 15 pieds).

    Le Butin d’Annwn (Preiddeu Annwn) est un poème gallois du Xe siècle mentionnant Arthur ; il relate son voyage accompagné de ses hommes jusqu’à Caer Siddi (Château des fées) pour en rapporter un chaudron magique.

    Les Annales Cambriae (deuxième moitié du Xe siècle) relatent une bataille remportée par Arthur en 518 (probablement au Mont Badon) au cours de laquelle il aurait porté durant 3 jours et 3 nuits la croix du Christ sur ses épaules.

    La légende celtique d'Arthur commence surtout à se répandre après la conquête de l'Angleterre par les Normands (1066).

    Il est fait mention d'Arthur dans :
    - le recueil de contes gallois Mabinogion (v. 1100) où Guenièvre, la femme du roi Arthur et certains de ses chevaliers apparaissent pour la première fois,
    - dans trois Vies de saints gallois publiées en latin au début du XIIème siècle (celles des saints Cadoc, Paterne et Carentoc) et évoquant, dans divers épisodes, la figure d'Arthur ainsi que celles de quelques-uns de ses compagnons : Ké et Béduire,

    Les traditions et légendes évoquant le roi Arthur, son entourage et la quête du Graal sont assemblés par de nombreux auteurs :
    - Guillaume de Malmesbury : Gesta Regum Anglorum (1125) où apparaît le personnage de Gauvain,
    - Geoffroy de Monmouth, évêque de Saint Asaph (Galles du Nord) : Prophetiae Merlini (1134), Historia Regum Brittaniae (v. 1135), Vita Merlini et Le roman de Thèbes (v. 1150),
    - le poète anglo-normand Robert Wace : Le Roman de Brut (v. 1155) et Le Roman de Rou (1155/1160) ;
    - Benoît de Sainte-Maure : Le Roman de Troie (1155/1160) et Chronique des ducs de Normandie 1170/1175) ;
    - Thomas d'Angleterre : Tristan (1170/1175) ;
    - Chrétien de Troyes : Erec et Enide (v. 1165), Cligès ou la Fausse MorteLancelot ou le Chevalier de la CharretteYvain ou Le Chevalier au Lion (v. 1170/1180), Perceval ou Le Conte du Graal (v. 1181) ; les romans de Chrétien de Troyes sont adaptés en Allemagne par les poètes Hartman von Aue [Erec (v. 1185) et Iwein (avant 1205)] et Wolfram von Eschenbach [Parzival (v. 1210)] ;
    - Béroul : Tristan (1181) ;
    - Marie de France (seconde moitié du XIIe siècle) : Lai de YonecLai de FrêneLai de Lanval ;
    - Layamon (fin XIIe siècle/début XIIIe) : Brut, adaptation en anglais médiéval du Roman de Brut de Wace.
    - Robert de Boron : Le Roman de l’Estoire dou GraalMerlin et Perceval en prose (v. 1200/1210) et Joseph ;
    - Raoul de Houdenc : Méraugis de Portlesguez (v. 1210) ;
    - Païen de Maisières : La Demoiselle à la Mule (1200/1210) ;
    - Rusticello de Pise : Guiron le Courtois et Meliadus de Leonnoys ;
    - Gerbert de Montreuil et Manessier : Troisième et quatrième continuations du conte du Graal (v. 1230) ;
    - Jean Froissard : Meliador (1383/1388) ;
    - Geoffrey Chaucer : Les Contes de Cantorbéry (The Canterbury Tales) écrits à partir de 1387 ;
    - et des anonymes : Peredur (début du XIIe par un auteur gallois), Anseis de Carthage (1190-1200 ; convergence des gestes d'Arthur et de Charlemagne, fusion des traditions légendaires celtiques, franques et hispano-arabes), Le Livre de CaradocPremière continuation du conte du Graal (v. 1200), Le Chevalier à l’épée (1200/1210), Durmart le Gallois (1200/1220),Perlesvaus ou Le Haut Livre du GraalLe Roman de JaufréLancelot du Lac en prose ou Lancelot-Graal (1215/1230), Gliglois (v. 1225), La Quête du Saint Graal et La Mort le Roi Artu (v. 1230), Tristan en prosePerceforestYsaïe le Triste (v. 1230), Cycle Post-Vulgate ou Suite Post-Vulgate ou Roman du Graal (entre 1230 et 1240), L’Atre périlleux (v. 1250), Tristan en prose 2ème version (v. 1250), HunbautLes Merveilles de RigomerClaris et Laris (v. 1250/1275), Blandin de Cornouaille (XIVe s.), Le Chevalier au Papegau (fin XIVe/début XVe).
    En Angleterre, au XVe siècle, sir Thomas Malory (+1471), écrivain et traducteur, reprend l’ensemble de ces œuvres et entreprend leur compilation en moyen français : Le Morte Darthurou Le Morte d'Arthur (La mort d'Arthur).
    Au XIXe siècle, la légende inspire les Idylles du roi au poète anglais Tennyson, ainsi que Parsifal, drame musical du compositeur allemand Richard Wagner.

    En 1140, Roger II de Sicile fait représenter "Le roi Arthur" sur le pavé de la cathédrale d'Otrante.

    En 1191, Richard Cœur de Lion, faisant escale à Palerme, fait don à Tancrède de Sicile de "l'épée du roi Arthur".

    En 1194, Hugues de Morville, gentilhomme du Cotentin, apporte le motif du "Lancelot" à Ulrich von Zatzikowen, poète souabe, qui en fera "le Lanzelet".

    Le roi d’Angleterre, Edouard III, inspiré par le roman du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, fonde, en 1344, l'ordre de la Jarretière, une compagnie très restreinte (40 chevaliers).

    Le révérend anglais John Whitaker, dans son Histoire de Manchester (1771-1775), admet l'existence d'Arthur, d'abord chef des Silures, puis roi des Bretons après qu'il les a secourus contre les Saxons. Il écrit que le légendaire roi Arthur a livré 4 batailles contre les envahisseurs saxons sur les bords de la rivière Douglas, dans et autour de Wigan dans le "Grand Manchester".

    Les Sarmates

    De nombreux universitaires pensent que les croyances et les traditions sarmates ont influencé la saga du roi Arthur.

    Vaincus par l’empereur Marc Aurèle en 176, les Sarmates sont installés dans les avant-postes de l’Empire les plus éloignés : 3.000 partent ainsi pour l’île de Bretagne. Les Sarmates sont autorisés à conserver leurs propres coutumes et leurs dieux ; ils adorent notamment une épée plantée dans un rocher.

    Les troupes sarmates se battent sous une bannière représentant un dragon. Féroces et fiers guerriers, s’estimant toujours égaux, leur réputation est légendaire chez les Bretons. Ils combattent les Pictes et les Saxons sous la direction de Lucius Artorius Castus, un officier romain, née d’une mère bretonne.

    Il semblerait que des unités sarmates soient restées en Bretagne après que les Romains eurent décidé de quitter l’île en 410.

    Différents éléments archéologiques établissent la présence d’un contingent sarmate au fort de "Camboglanna", que l’on considéra longtemps comme le site de la dernière bataille d'Arthur à "Camlan" (537, 539 ou 541), et même comme le "Camelot" original.

    Les personnages et les principaux récits

    Arthur ou Artus est la personnification du génie héroïque des Celtes, l'emblème de la résistance des vieux Bretons contre l'invasion des Saxons.

    Arthur est né à Tintagel, vers 470, d'Ygerne, femme de Goloët (ou Gorloès), le duc de Tintagel (Cornouailles) ; mais "Uterpendragon" (Uter à Tête de Dragon), chef des Bretons, qui a pour bouclier l'arc-en-ciel, est son véritable père. En effet, l'Enchanteur "Merlin" (Myrddin) organise l’adultère en ayant fait prendre à Uterpendragon la forme d’un nuage avec les traits de Goloët et à condition que tout enfant né de cette liaison lui soit remis. C'est ainsi qu'est engendré Arthur, justement surnommé "le fils de la Nuée". Caché pendant son enfance, il est élevé par Auctor (ou Antor), son père adoptif, et éduqué par Merlin qui occupe les fonctions typiques d'un druide, prêtre de la religion celte.
    Devenu roi à la mort de son père, Arthur, âgé de 15 ans, est couronné à Silchester.

    La plupart des contes relatifs à Arthur placent le héros dans un contexte folklorique et mythique. Arthur combat des monstres, géants ou animaux surnaturels. Dans certains textes du XIIe siècle, il est le maître d'un royaume souterrain. Il apparaît souvent comme un géant.
    Il existe de nombreux rapprochements entre toutes ces histoires et la légende du héros Finn (lui aussi vu comme un géant, notamment dans la tradition populaire) et de ses compagnons.
    Arthur possède un navire magique : "Pryten".
    Il porte une épée flamboyante : "Kaledfwich" (nom gallois), l’épée de souveraineté, forgée à Avalon, que lui seul, selon Robert de Boron, a pu extraire d’un rocher. Sa lame peut tout trancher et son fourreau rend invincible. Geoffroy de Monmouth l'appelle "Caliburnus" que les poètes français changeront en "Excalibur". Selon Sir Thomas Malory, peu de temps après le début de son règne, Arthur est conduit par Merlin au bord d'un lac d'où émerge Excalibur portée par la main de la fée Viviane (ou Niniane, Nyneve, Nimue, ndlr), la Dame du Lac. Selon d'autre sources, c'est la déesse Brigit ou Brigid ou Boand (Bride chez les Ecossais, Brigantia chez les Gaulois), déesse des poètes, des forgerons et des médecins, et patronne des druides, qui a créé Excalibur et l'a remise à Merlin. Dans Le Chevalier au Papegau, l'épée magique s'appelle "Chastiefol".
    Arthur combat un sanglier magique.
    Il expurge son pays des monstres et des géants.
    Il lutte contre les Scots, les Pictes et les Saxons envahisseurs, conquiert l'Ecosse, l'Irlande, les Orcades, le Gotland, la Norvège, le Danemark, l'Islande, la France et Rome (ce qui lui vaut d’être couronné roi des Pictes, des Gaulois et des Romains) et bat les Sarrasins.
    Arthur est proclamé "empereur du monde". Il rétablit le culte chrétien. Il se rend en Palestine d’où il rapporte la Croix du Christ.
    Il trouve même le temps d'épouser la belle Guenièvre (Gwenhwyfar), fille du roi Léodegan, qui le trahira en acceptant les hommages courtois de Lancelot du Lac. 
    Il institue l'ordre des Chevaliers de la Table ronde et gouverne son royaume jusqu'à sa mort, en 537, 539 ou 541, dans l'île d'Avalon où il s'est retiré après avoir été blessé lors de son dernier combat.

    Arthur a plusieurs résidences :
    - Tintagel (où il naquit et où se trouve sa cour ; des fouilles ont révélé qu'il existait bien, à Tintagel, un château de bois et d'ardoise au Ve siècle) ;
    - Camaalot "à l’entrée du royaume de Logres" ; peut-être "Cadbury Castle", un ancien fort romain, dans le Somerset, connu sous le nom de "Cameletum" en 1544 ; les fouilles ont révélé qu'une forteresse existait à Cadbury au Ve siècle ;
    - Carlion ; peut-être Caerleon, à la frontière sud du pays de Galles, un ancien camp romain ;
    - Pennevoiseuse en Galles : peut-être Penzance ;
    - Cardueil (ou Cardoel ou Carduel) sa résidence privilégiée, au Nord (peut-être Carliste en Cumberland) ou "à la frontière entre le pays de Galles et l’Angleterre" (Le Livre de Caradoc) ;
    - Edimbourg (capitale des Gododdin) ;
    - et même Windsor (Le Chevalier au Papegau).

    Arthur est conseillé par Merlin (également connu sous la forme latine "Merlinus", galloise "Myrddin ou Myrdhin", bretonne "Merzhin ou Mellin", ou cornique "Marzhin"), lequel, né de l’union d'un "fætog" (homme-fée en normand) et d'une jeune druidesse incube et nonne par Robert de Boron), possède des dons puissants et défend les opprimés.
    Mais Merlin devient amoureux de la fée Viviane qui vit "en la marche de la Petite Bretaigne" et lui enseigne les conjurations dont il sera lui-même victime. « A la fin, elle sut par lui tant de merveilles qu'elle put s'en jouer et l'enferma tout endormi dans une caverne au fond de la forêt périlleuse de Darnantes, qui touche à la mer de Cornouailles et à la forêt de Sorelois. C'est là qu'il demeura dans l'état où elle l'a mis... » 
    Merlin institue la Table Ronde durant le règne d'Uterpendragon ; c’est la troisième des trois Tables, la première étant celle de la Cène et la deuxième celle du Graal de Joseph d’Arimathie. Il y a 13 sièges autour de la Table Ronde pour 12 pairs, le treizième, "le siège périlleux", est vide pour rappeler Judas mais, un jour, y prendra place "le meilleur chevalier du monde" : Perceval.
    Merlin enseigne ses pouvoirs à Morgane (Morgain, Muirgen), la demi-sœur de Arthur (fille d’Ygerne et de Goloët, duc de Tintagel), dite fée de Montgibel (Papegau), qui finit par se retourner contre le roi en enfermant ses chevaliers dans le Val sans Retour. Elle veut les empêcher de partir à la recherche du Graal, le vase qui aurait reçu le sang du Christ.
    Puis les chevaliers de la Table Ronde sont libérés par Lancelot du Lac.
    Alors Morgane s'empare de son frère Arthur et l'emprisonne dans le château d'Avalon ou d'Avallach, un centre druidique, sur l'île des Pommiers (Aballon signifie "pommeraie" ; "auallo ou avallo" désigne la "pomme" ; "Abelio, Abellio ou Abello" est le Dieu des pommiers). Arthur y restera jusqu’à ce que son conseiller Merlin le délivre pour faire régner l'âge d'or sur le monde.

    L’Ile d’Avalon est souvent identifiée avec Glastonbury (dont l'ancien nom est Avallach) dans le Somerset. Henri II Plantagenêt y fit faire des fouilles en 1191. Deux squelettes furent identifiés comme étant ceux d'Arthur et de Guenièvre ; on aurait découvert une petite croix de plomb gravée : « Hic jacet sepultus inclytus Rex Arturius in insula Avalonia », mais son authenticité est contestée par des spécialistes. En septembre 1539, après l'ordre de dissolution des monastères donné par Henri VIII en 1536, l'abbaye fut dépouillée de tous ses biens et la tombe d'Arthur disparut.
    Selon des manuscrits de la British Library, le roi Arthur serait mort à Viroconium près du village de Wroxeter, cinq miles au sud-est de Shrewsbury dans le comté de Shropshire en Angleterre.

    Variante

    Arthur doit quitter son royaume pour combattre les Romains et il confie son épouse à son neveu Mordred.
    Arthur combat un géant autour du Mont Saint-Michel. La Baie du Mont Saint-Michel a conservé une solide réputation de passage vers le monde des invisibles. On célèbre toujours Samain, la fête celte des Immortels, dans cette région. Le Mont est effet considéré comme l'île des morts où les trépassés se donnent rendez-vous le 1er novembre. A Pleine Fougères, à 14 kilomètres du Mont, lors des obsèques, on a coutume de porter le cercueil du défunt sur une éminence surplombant la baie et de le tourner quelques instants vers le Mont.
    Arthur se dirige vers Rome quand il apprend que Mordred a pris sa femme (dans Perlesvaus, Guenièvre est morte de chagrin après le meurtre de son fils Lohot) et son royaume. Il fait demi-tour, affronte Mordred et les Saxons et le tue (peut-être près de la rivière Camlan, au sud-ouest de l’Angleterre, en 537, 539 ou 541). Il est lui-même mortellement blessé et amené sur l’île d’Avalon.
    Enlevé au ciel, Arthur réside dans la constellation qui porte son nom, le Chariot d'Arthur (la Grande Ourse), d’où il redescendra un jour sur la terre.

    Variante

    Arthur se rend sur le continent, conquiert le royaume de France et bat les Romains et les Sarrasins.
    Apprenant que son neveu Mordret a épousé sa femme et s’est couronné roi, Arthur retourne en Grande Bretagne combattre Mordret et les Saxons. Il poursuit Mordret jusqu’en Irlande et le tue.
    Arthur est blessé à mort car "il a reçu un coup de lance en pleine poitrine", mais il dit à ses hommes : « Cessez vos plaintes car je ne mourrai pas. Je vais en effet me faire porter en Avalon, l’île des Pommiers, pour faire soigner mes blessures par Morgain ma sœur. » (Merlin et Perceval en prose)
    « En Avalon se fit porter pour ses blessures médiciner, encore y est, Bretons l'attendent. Rex Arturus, Rex Futurus. » (Wace).
    Dans les légendes celtiques, les pommiers jouent un rôle magique. Les pommes sont les instruments par lesquels les immortels jettent un charme sur les héros qu'ils veulent attirer dans leur séjour. La pomme nourricière, merveilleuse pomme de vie, conduit à l'Autre Monde et interdit tout retour à qui la consomme.
    Arthur, chef du monde héroïque, empereur des îles et du continent, n'est pas mort ; neuf fées le gardent dans l'île sainte d'Avalon, d'où il reviendra venger ses deux Bretagnes. En attendant, il se manifeste par de fréquentes apparitions.

    Variante (La Mort le roi Artu)

    Arthur apprend la liaison coupable de la reine et de Lancelot. Lancelot a fui en France et Arthur s’est lancé à sa poursuite.
    L’entêtement tragique d’Arthur et de Gauvain à poursuivre la lutte contre Lancelot et les siens, signe la fin du monde arthurien. Tandis que Gauvain meurt de la blessure que lui a infligée Lancelot, Mordret, le fils incestueux d’Arthur, s’empare du royaume.
    À la fin de la bataille de Salesbières (Salisbury dans le Wiltshire) où meurt l’ensemble de la chevalerie arthurienne, Arthur transperce son fils de son épée, mais il est gravement blessé.
    Arthur rend Excalibur à la fée Viviane, la Dame du Lac (selon le rituel funéraire des Celtes, l’arme du guerrier était jetée dans un lac puisque là se trouve l’entrée du monde d’en bas) puis il est emporté par Morgain et ses sœurs, huit fées, sur une nef, dans l’île d’Avallon où se trouve une chapelle pour les sépultures de Arthur, de Guenièvre et de leur fils Lohot, mis à mort durant son sommeil par Keu le Sénéchal, fils d’Antor, frère de lait d’Arthur (Perlesvaus).
    Sur l’Ile vivent neuf sœurs, toutes fées, dont l’aînée Morgain, la plus belle, connaît l’art de guérir, l’art de la métamorphose et de la divination (Vita Merlini). Lancelot meurt peu après, en odeur de sainteté, mais sans avoir jamais renié son amour pour la reine (La Mort le roi Artu).

    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Icon_reimg_zoom_inFranc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Arthur
    La Mort du roi Arthur par James Archer

    Variante

    À la cour, Guenièvre est faussement accusée d’avoir empoisonné un chevalier, puis apparaît aussi une fausse Guenièvre qui veut usurper la place de la reine et réussit à abuser l’esprit du roi. Chaque fois, Guenièvre est sauvée par Lancelot, et elle sera encore sauvée du bûcher quand Arthur la condamne pour adultère.
    Au cours de la guerre qui suit, Lancelot et Guenièvre, repentants, se séparent, et la reine, rendue à son mari, achève sa vie dans la pénitence. Il n’empêche que l’amour qu’elle inspire à Mordred pousse ce dernier à trahir Arthur en guerre contre les Romains sur le continent.
    Dans The tale of the Death of King Arthur de Thomas Malory, Guenièvre se fait moniale et Lancelot, ermite : « Puis il tomba à genoux et pria l’évêque de le confesser et absoudre. Ensuite il supplia l’évêque de l’accepter pour frère en religion. L’évêque lui dit : « Volontiers et avec joie ». Lors, il lui imposa l’habit, et céans Messire Lancelot servit Dieu jour et nuit dans les prières et les jeûnes. »

    Variante 

    Lancelot du Lac, fils de Ban de Benoïc et de Hélène, souverains de Bretagne armoricaine, a été élevé par la fée Viviane. Sa passion pour Guenièvre, épouse du roi Arthur, lui fait accomplir maints exploits narrés notamment dans Lancelot ou le Chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes : Méléagant a capturé Guenièvre, Lancelot montera sur une charrette (sorte de pilori) pour la libérer. Capturé, il tuera finalement Méléagant.

    Variante

    Dans Le Roi Arthur du poète anglais Bulwer, Arthur, entouré de ses paladins, célèbre le printemps dans la vallée de Carduel ; tout à coup une forme surnaturelle (sa conscience) surgit à ses yeux, l'entraîne dans une forêt voisine et lui montre les hordes saxonnes envahissant peu à peu les montagnes des Kymris (Gallois).
    Le prince raconte sa vision au sage Merlin ; celui-ci lui apprend alors que la vallée de Carduel ne sera sauvée que s'il parvient à conquérir trois talismans : un glaive magique (symbole du patriotisme), le bouclier de Thor (symbole de la liberté), enfin une enfant aux doux yeux (symbole de l'amour) que le jeune roi doit trouver endormie devant les portes de fer de la mort.
    Les voyages d'Arthur à travers les provinces du royaume de l'impossible forment la principale partie du récit ; le héros breton ne s'arrête guère dans le domaine des réalités que pour passer quelques jours à la cour de Ludowick, roi des Vandales. Cependant, à l'exemple d'Hercule, le roi paladin accomplit tour à tour les douze travaux qui lui sont commandés, en dépit de tous les esprits conjurés contre lui.
    Pour s'emparer du glaive de diamant, il faut qu'il suive la dame du lac au fond de sa demeure humide, qu'il résiste à la tentation de cueillir les fruits d'or de l'ambition, et que, dans la grotte de rubis où trônent les princes du temps, il choisisse, entre trois avenirs déroulés devant lui, le sort du héros qui meurt pour tous, et qui, par sa mort, engendre une postérité héroïque. Du sein des eaux, nous sommes transportés au milieu des glaces du pôle.
    L'épisode du bouclier de Thor est comme la descente aux enfers du prince breton. Arthur pénètre au fond du cratère d'un volcan tout peuplé des plus terribles génies de la mythologie Scandinave et des cadavres géants des monstres antédiluviens. Ce n'est plus l'ambition et l'orgueil qu'il doit affronter, c'est la terreur. Le bouclier qu'il cherche est caché par-delà les siècles morts, derrière les rideaux qui enveloppent la couche du roi-démon de la guerre. Enfin il revient vainqueur de tant de périls.
    La dernière épreuve du jeune roi a pour théâtre un antique tombeau où il s'est endormi. En s'éveillant, il voit se déchirer le voile qui sépare le présent de l'éternité. Le temps, l'espace et la matière s'anéantissent pour lui ; il est en face de « l'impalpable partout », de la zone du vide, qui n'est qu'un passage entre la mort et la résurrection. Un instant il a frissonné au souffle de la mort ; mais, en levant les yeux sur l'image de sa conscience qui lui apparaît toute rayonnante, il sent se dissiper ses terreurs et le charme s'évanouir. Le mortel se retrouve sur la terre, et devant lui il aperçoit une vierge endormie : c'est l'épouse promise qui n'est autre que Geneviève (la Genièvre des romans de gestes), la fille des rois Saxons Merciens qui assiègent Carduel.
    Une fois maître des trois talismans, Arthur n'a plus à craindre la destinée. Sur tous les points, les Bretons remportent la victoire, et le jeune roi, pour prix de la paix qu'il offre au chef de ses ennemis, ne lui demande que la main de Geneviève…

    Importation de la légende en Bretagne française

    La légende arthurienne est transposée en Bretagne française au XIIIe siècle : les Bretons continentaux situent en forêt de Brocéliande les lieux les plus importants de l'action.
    Selon certains conteurs, le royaume d'Arthur s’étendait des deux côtés de la Manche ; ils précisent même que les tournois des chevaliers se déroulaient à Nantes.

    Opéras

    King Arthur, opéra d'Henry Purcell, 1691.
    Parsifal, opéra de Richard Wagner, 1882.
    Le Roi Arthus, opéra d'Ernest Chausson, 1903
    Myrdhin, opéra de Paul Ladmirault, 1902-1909.

    Films et séries télévisées

    Les mythes arthuriens ont été portés de très nombreuses fois à l'écran. Parmi une trentaine de films, deux sont particulièrement remarquables et fidèles aux contes et légendes traditionnels :
    Excalibur, film culte de John Boorman, 1981, inspiré du roman de Thomas Malory (Orion Pictures Corporation. Warner Bros. Entertainment)
    Les Brumes d'Avalon (The Mists of Avalon), téléfilm de Uli Edel, 2001, d'après le roman éponyme de Marion Zimmer Bradley (Constantin Film Produktion. Stillking Films. Turner Network Television TNT. Warner Bros. Pictures. Wolper Organization)
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:31

    LE GRAAL


    "Graal" représente (milieu du XIIe s.) une forme occitane ("gré, gréau ou grial" en langue d'oc) et une forme provençale "grasal" issues du latin médiéval "gradalis" qui désignait un plat large et peu profond (1010). "Gradalis" pourrait provenir du latin populaire "cratalis" issu du latin classique "cratis" (claie). On a proposé aussi pour étymons les mots classiques "crater" (coupe, vase, cratère) ou "gradus" (degré) parce que dans le récipient les morceaux sont disposés l'un après l'autre. On a supposé également qu’il s’agissait d’une altération de "sangre real" (sang royal). Devenu nom propre vers 1200, le mot s'est spécialisé au sens de "plat de la Cène".

    "Nous l’appelons Graal parce qu’il agrée à tous les hommes de bien et à tous ceux qui peuvent rester en sa présence." 

    Le Graal est une énigme tantôt proche de la tradition celtique, tantôt christianisée.

    Les défenseurs de la thèse chrétienne veulent voir dans le Graal (qui, chez Chrétien, n'est qu'un large plat creux où l'on sert une hostie) un ciboire ou un calice, dans le tailloir d'argent une patène, et dans la lance qui saigne la sainte Lance.

    Selon les diverses thèses, le Graal est le plat qui a contenu l’agneau pascal ou la coupe qui a servi à la Sainte Cène le
    [ltr]jeudi saint[/ltr]
    et/ou le plat dans lequel Pilate s’est lavé les mains et/ou le vase dans lequel Joseph d’Arimathie a recueilli des gouttes du sang du Christ crucifié.

    La quête du Graal

    Chrétien de Troyes, en écrivant Perceval le Gallois ou Le Conte du Graal (1181), enrichit la légende arthurienne de Geoffroy de Monmouth (Historia Regum Britanniae, v. 1135) d’un nouveau thème : la quête du Graal.
    Jeune homme innocent, Perceval cherche à devenir chevalier à la cour du roi Arthur.
    Au cours de son initiation, après des années d’épreuves, il découvre Corbenic, le château du Graal (on le nomme aussi Eden, Château de la Joie ou Château des Ames, car les âmes de ceux qui y meurent vont au paradis), résidence du roi Pêcheur renommé pour son habileté à capturer les poissons. Ce dernier, le roi Mehaignié (impotent : mutilé d’un coup de javelot dans les hanches qui l’a privé de l’usage de ses jambes) est le gardien du Graal et de la Lance du romain Longinus qui transperça le Christ sur sa croix.
    Dans le château, Perceval est le témoin d’une étrange procession : il voit passer un valet tenant une lance blanche d'où tombe une goutte de sang, puis deux autres valets munis chacun d’un lustre d’or, suivis par deux vierges, l’une portant le Graal d'or pur, serti de pierres précieuses, et l’autre un tailloir (sorte de plat sur lequel on découpait la viande) en argent. Le cortège disparaît dans une chambre. Etonné, Perceval est resté muet. Il a échoué. Par le silence (dû au péché qu'il a commis en causant la mort de sa mère) qui l'empêche de poser les bonnes questions devant la procession dont il est le témoin, Perceval laisse passer l'occasion de guérir le roi et son royaume. Il ignore qu’il lui aurait suffi de demander à quoi servait le Graal et qui l’on servait pour que le bon roi guérisse de son infirmité.
    Après avoir erré pendant 5 ans, le jour du vendredi saint, Perceval apprend par un ermite que le Graal est servi à son oncle depuis 15 ans et que "d’une seule hostie qu’on lui porte dans le Graal ce saint homme soutient sa vie". (Perceval le Gallois). Dans Perlesvaus (1215-1230, anonyme), le roi et l’oncle ne sont qu’une seule et même personne : "le Roi Pêcheur était son oncle"…
    Perlesvaus décrit l'hébétude de Gauvain, le neveu d'Arthur, qui vient de remettre au roi Pêcheur "l’épée avec laquelle 
    [ltr]saint Jean[/ltr]
     fut décapité" : devant le spectacle de la lance d'où tombe le sang vermeil, devant le Graal dans lequel il croit apercevoir un enfant puis le Christ en croix, Gauvain est bouleversé et ne peut prononcer aucune parole. Avec Gauvain interdit de parole, Chrétien de Troyes (Perceval le Gallois ou le Conte du Graal), a inscrit au cœur de la fiction arthurienne un questionnement : que dire du Graal, comment en retracer le parcours et en épuiser le sens ?
    Lancelot (dit "du Lac" car à la mort de son père, le roi Ban de Benoïc, il fut emporté par la Dame du Lac, et élevé par elle) échoue également dans sa quête : le Graal ne se montre pas à lui à cause de son amour adultère pour la reine Guenièvre.
    Le roi Pêcheur meurt, le roi du Château Mortel s’empare du château du Graal qui cesse aussitôt d’apparaître. Mais Perlesvaus reprend le château et le méchant roi se suicide. Alors "Le saint Graal réapparut dans la chapelle ainsi que la lance à la pointe qui saigne et l’épée dont saint Jean avait été décapité"…
    Après de nombreuses aventures, Perlesvaus se retire dans le château du Graal. Une voix divine lui demande de confier les reliques aux ermites et lui annonce que "le saint Graal n’apparaîtra plus en ces lieux, mais vous saurez bientôt où il se trouve". Une nef volante vint chercher Perlesvaus et l’emporta ; "personne au monde ne sut ce qu’il était devenu". (Perlesvaus).
    Dans Merlin et Perceval en prose, au château du Graal où il est reçu par Bron le Roi Pêcheur (beau-frère de Joseph, père de 12 fils dont Alain le Gros des Vaux de Camaalot le père de Perceval ; Bron est donc le grand-père de Perceval), Perceval voit passer devant lui un jeune homme portant "la lance avec laquelle Longin frappa Jésus-Christ sur la croix", un autre jeune homme portant "ce vase que l’on appelle le Graal, c’est là, sachez-le, qu’est le sang qui sortait de Ses plaies, dont le flot coulait jusqu’à terre et que Joseph a recueilli" et une jeune fille portant deux petits plats d’argent. Perceval n’ose pas poser de question lors de sa première visite et sa quête échoue.
    Il erre pendant 7 années puis revient au Château et demande cette fois "à quoi servent ces objets que je vois ici porter". Le Roi Pêcheur "qui ne pouvait remuer ni pied ni main" est aussitôt guéri de son infirmité. Il meurt au bout de trois jours et est emporté par des anges. Perceval devient le Maître du Graal.

    Dans Le Roman de l’Estoire dou Graal (1200-1210) de Robert de Boron, le Graal apparaît bien comme la relique précieuse qui a servi au Christ. Il faut faire revivre le rituel qui redit la Cène et qui se perpétue, après la mort de Joseph d'Arimathée ou d’Arimathie, par le Roi Pêcheur.
    Quand Joseph d’Arimathie vit le divin Maître sur la croix, il se transporta chez Simon le Lépreux, auquel il acheta l'écuelle dont le Sauveur et ses douze apôtres s'étaient servis pour la Cène.
    Il voulut rendre à Jésus les honneurs de la sépulture. A cet effet, il alla trouver Hérode et obtint sans difficulté le corps du crucifié (selon les évangiles Joseph demanda le corps de Jésus à Pilate : Matthieu 27,57-60 ; Marc 15,42-46 ; Luc 23,50-55 ; Jean 19,38-42). Joseph d’Arimathie mit le corps du Christ dans le sépulcre, après avoir recueilli le sang des plaies dans l'écuelle.
    Les Juifs, courroucés contre Joseph, l'enlevèrent de nuit et le conduisirent à cinq lieues de Jérusalem, dans une obscure prison. Le Sauveur, après sa résurrection, vint le visiter et lui apporta le vase dans lequel avait été recueilli le sang divin. Joseph d'Arimathie resta dans cette prison pendant 42 ans, sans prendre aucune nourriture (chaque jour une colombe lui apportait une hostie pour le réconforter).
    La 42ème année de son emprisonnement, il arriva que Titus, fils de l'empereur Vespasien, devînt lépreux, et fût guéri par la vertu miraculeuse d'une pièce de toile où la face de Jésus-Christ était miraculeusement empreinte. Titus fit vœu alors d'aller à Jérusalem venger la mort de Jésus-Christ sur tous ceux qui y avaient eu part. Il tint parole et fit brûler tous les meurtriers et persécuteurs du Messie. Dans cette occasion, il apprit la captivité de Joseph d'Arimathie et le fit mettre en liberté.
    Le Sauveur apparut ensuite à Joseph d'Arimathie, lui commanda de se faire baptiser, et d'aller vers l'Euphrate pour prêcher la foi nouvelle. Avant de partir pour cette expédition, Joseph persuada Titus lui-même de recevoir le baptême avec tous les siens. Joseph rassembla ensuite tous ses parents, leur donna également le baptême, puis, se mettant à leur tête, il s'achemina vers l'Euphrate.
    Joseph d'Arimathie vécut jusqu'à l'invasion de la Grande-Bretagne par les Saxons. Il aurait amené le Graal en Grande-Bretagne où il est gardé par Gwioi, le chef des nains ; ou bien il aurait transporté la lance et la sainte coupe (Perlesvaus) en Angleterre dans les Vaux d’Avalon où elles se seraient transmises de génération en génération dans la descendance de Joseph (à commencer par son fils Joséphé).
    Joseph d'Arimathée est le fondateur de la lignée des rois gardiens du Graal, les rois-pêcheurs, qui habitent en Extrême Occident, en Avalon, "l'île" des pommes de la légende arthurienne, où il serait enterré.
    Pour d’autres, Joseph, porteur du précieux Graal, a débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

    Renouant avec les sources de Chrétien de Troyes, Wolfram von Eschenbach, poète épique allemand, donne en 1210 Parzival, l’une des plus belles versions de la quête du Graal (25 000 vers) dans laquelle Parzival (Perceval) devient chevalier arthurien et "roi du Graal".
    L'ermite Trevizent, oncle de Parzival, lui révèle que le Graal est une "pierre", apportée du ciel par une troupe d’anges (selon une tradition ésotérique, le Graal a été taillé par les anges dans l’émeraude tombée du front de Lucifer pendant sa chute) et dont le nom ne se traduit pas : "lapsit exillis". L'objet magique dispense là aussi nourriture et boisson à volonté et il est source de vie, vertus qui lui sont conférées par l'hostie que dépose sur la pierre tous les vendredis saints une colombe. La pierre est ainsi "la quintessence de toutes les perfections du Paradis".
    Eschenbach situe le château du Graal "lisse et rond comme s’il venait d’être poli" sur un lac à Munsalvaesche (traduit par "Montsalvat" : Mont du Salut ou Mont Sauvage). Il existe quelque part en Europe, un Château de la Connaissance dans lequel le Roi du Graal, souverain d’un ordre secret, est chargé de dispenser une certaine connaissance. Evoquons aussi le Château au Cercle d’Or (devant lequel passe Lancelot) qui conserve, coulée dans l’or, la couronne d’épines du Christ.
    Chrétien de Troyes et Eschenbach indiquent que Perceval est le fils de "la Dame Veuve", veuve de Julain le Gros (ou Alain le Gros) et nièce de Joseph d’Arimathie, que le Seigneur des Marais a dépossédé des Vaux de Camaalot (ne pas confondre avec la résidence d’Arthur) d’où Perceval /Perlesvaus (Perd-les-Vaus).
    « Le Graal apparut pendant le mystère de la messe sous 5 formes différentes que l’on ne doit pas dévoiler (…) Le roi Arthur vit toutes les transformations du Graal : à la fin, il apparut sous la forme d’un calice…» (Perlesvaus, anonyme)

    Dans La Queste del Saint Graal d’un auteur anonyme (v. 1230), l’acteur principal de la quête devient Galaad, le fils de Lancelot et de la fille du roi Pellés, l’un des chevaliers du roi Arthur (le Bon Chevalier), qui part avec ses compagnons à la recherche du Graal.
    L'évêque Joséphé, fils de Joseph d'Arimathie, a établi la table du Saint Graal en réservant une place vide, et prévenu tous ceux qui voudraient s'asseoir à cette table que nul ne pourrait, sans péril, occuper cette place vide, jusqu'à ce que Dieu eût suscité un chevalier de la race de Joseph d'Arimathie, qui s'appelle Galaad.
    Ce dernier ne se présente qu’au temps d'Artus, roi de la Grande-Bretagne, qui institue les chevaliers de la Table Ronde à l'instar de celle qu'a instituée Joseph, l'évêque, avec réserve aussi d'une place vide pour le Saint Graal. Mais il manque à cette table le Saint Graal même, qui est gardé à la cour du roi pêcheur, et à la conquête duquel se lancent Galaad, Perceval et Bohort (cousin de Lancelot).
    Galaad, Bohort et Perceval participent à une messe dite par Joséphé, au cours de laquelle Jésus-Christ leur apparaît et assistent aux mystères du Graal et de la lance qui saigne si fort que les gouttes de sang tombent dans un coffret. Un homme nu, tout sanglant, apparaît : « C'est l'écuelle où Jésus-Christ mangea l'agneau le jour de Pâques avec ses disciples. C'est l'écuelle qui a servi à leur gré tous ceux que j'ai trouvés à mon service. C'est l'écuelle que nul impie n'a pu voir sans en pâtir, et parce qu'elle agrée ainsi à toutes gens, elle est à juste titre appelée le saint Graal. »
    Le roi Pêcheur guérit de sa blessure à la cuisse après avoir reçu la visite de Galaad.
    A bord de la nef de Salomon, les trois chevaliers emportent le Graal, la Lance et la Table Ronde au Moyen-Orient, à Sarras.
    Galaad en sera le roi, il verra les secrets du Graal, puis mourra ainsi que Perceval. Seul Bohort reviendra à Camaalot pour relater les prodiges.
    Galaad, seul admis à contempler l'intérieur du Vase et qui a vu les choses spirituelles qui s'y trouvent, a été ravi au ciel. « Depuis lors, il n'y a jamais eu aucun homme, si hardi fut-il, qui aie osé prétendre qu'il l'avait vu ».
    Galaad est "le vrai chevalier, le désiré, le promis, sorti du haut lignage du roi Salomon et de Joseph d’Arimathie, celui qui mènera à bien la quête du saint Graal et achèvera les temps aventureux".

    Plutôt qu’une épopée physique, la quête du Graal, entreprise par les chevaliers, est une aventure mystique, une recherche de l’intériorité visant à une transformation radicale de l’esprit et du cœur.

    La Table Ronde

    Le roi Arthur fonde l'Ordre de la Table Ronde en 516.

    La Table ronde d'Arthur, image de l’Univers, symbolise un centre spirituel inspiré du cénacle des apôtres. Le Graal doit être placé en son centre comme symbole de la Rédemption.

    A la fin du XVème siècle, on peut admirer, au château de Winchester, une vaste table ronde en chêne de dix-huit pieds de diamètre accrochée aux murs. Vingt-quatre rayons peints en vert et blanc y alternent avec une rose rouge centrale surmontée de la figure d’Arthur. Elle est le signe de la commémoration par la dynastie anglaise du sacrifice de la Cène en tant que troisième témoin (institué par Merlin), les deux premiers étant la Table du Christ, puis celle de Joseph d'Arimathie. Toujours visible à la cathédrale de l'endroit, elle appartient aux objets de prestige dont les rois d'Occident se réclamaient au Moyen Age pour affirmer leur héritage judéo-arthuro-chrétien et leur souveraineté.

    Lors du convent maçonnique de Paris en 1785, le baron Gleichen déclare, citant des sources rosicruciennes, que les maçons "seraient venus en Angleterre sous le roi Arthur".

    Un écrit de la loge de Saint Louis des Amis Réunis à Calais indique que l'on donnait autrefois le grade de "Chevalier de la Table Ronde du Roi Arthur" dans un rituel primitif de cette loge.

    L'usage d'une Table Ronde serait indispensable à certains travaux de hauts grades du Rite Ecossais.

    La Table Ronde évoque le cercle formé par les guerriers celtes à l’intérieur de la hutte des délibérations.

    Le Vase sacré, le Chaudron, la Coupe, la Lance, la Tête et la Pierre

    De nombreux récits d'Irlande et du pays de Galles évoquent un récipient magique, une écuelle ou un chaudron d'abondance qui possède la vertu magique de dispenser boisson et nourriture à volonté. La lance elle aussi apparaît fréquemment dans le domaine celtique, celle du dieu Lug, celle du dieu Oengus, la lance rouge et noire de Mac Cecht, la lance de Celtchar, enfin la lance du roi Arthur, capable de faire "saigner le vent".
    La Quête du Graal, chez les Celtes, participe des attaques de l'Autre Monde pour en rapporter le chaudron inépuisable que le héros civilisateur Cuchulainn conquiert deux fois.
    Le barde Taliesin décrit le vol d'un vase précieux par Arthur.
    Chez les Tuatha des Dannan, en Irlande, le chaudron de Dagda, qui fait partie des trésors de ces demi-dieux, est capable de nourrir toute une armée sans se vider.
    En Galles, le chaudron de Bran fait revivre les guerriers tués au combat.
    Dans les Mabinogion, le chaudron de Coridwen procure sagesse et inspiration.
    Le panier (en gallois "Mwys" qui a donné "muid" : mesure) de Gwyddno Gahanhir nourrit des centaines d'hommes avec le casse-croûte d'un seul.
    Dans l'Antiquité scandinave, le chaudron à hydromel de Ymir contient pouvoir d'inspiration, de sagesse et opère des transformations.

    Dans Peredur (début du XIIe) d’un Gallois anonyme, le Graal est une tête d'homme baignant dans son sang ; sur la lance, perle une goutte de sang qui se change en torrent coulant sur le poing du jeune homme qui la porte... Cette version serait très proche des sources populaires du Pays de Galles.

    Dans le Parzival de Wolfram Von Eschenbach, un écuyer porte une lance qui saigne et de nombreuses femmes le suivent portant des accessoires. C'est enfin la reine qui ferme le cortège tenant un coussin sur lequel resplendit un graal d'émeraude verte. « Le Graal était la fleur de toute félicité, une corne d'abondance de tous les délices du monde, si bien qu'on pouvait presque le comparer aux splendeurs du Paradis ». Le Graal est gardé à "Munsalvaesche par de vaillants chevaliers qui ont leur demeure auprès du Graal. Ces Templiers livrent combat afin d'expier leurs pêchés.... Leur nourriture, ils la reçoivent d'une pierre qui, en son essence, est toute pureté, on l'appelle lapsit exillis. Elle leur donne une telle force que leur corps garde la fraîcheur de la jeunesse. Cette pierre est ainsi nommée le Graal". Dans cette version, le Graal est un Graal/Pierre qui fait pendant au Graal/Tête de la version galloise. La pierre de Fâl ou pierre de souveraineté des traditions irlandaises pousse des cris lorsque le roi qui doit régner y pose le pied.

    Il y a eu christianisation progressive et discontinue du mystère du Graal : des significations religieuses sont venues surdéterminer des motifs, des lieux et des noms celtiques. De nombreux éléments de l’histoire du Graal, notamment le héros et le vase sacré, apparaissent comme issus d’un cycle celte, repris par des auteurs chrétiens en vue de l’édification des fidèles.
    Dans l’ancien poème gallois, Le Butin d’Annwfn, le héros se rend dans l’Autre Monde, le monde d’En-Bas, également appelé la Cité de Carousal, où il combat dragons et démons et s’empare du chaudron magique du royaume des Morts qui contient un vin pétillant qui guérit tout et fournit tout en abondance.
    Le Graal est l’héritier sinon le continuateur de deux talismans de la religion celtique préchrétienne : le chaudron du Dagda et la coupe de souveraineté.

    Le chaudron est un vaisseau de métal dans lequel on fait chauffer, bouillir ou cuire. Ce qu’on y fait, c’est avant tout le bouillon et les confitures, mais aussi les cuisines magiques (d’où les chaudières du diable et les chaudrons de sorcières de nos légendes).
    Le chaudron, c’est aussi, chez les Celtes, le chaudron d’abondance dispensant une nourriture inépuisable, symbole d’une connaissance sans limites.
    La littérature celtique décrit trois types de chaudrons :
    - Le premier est le chaudron du Dagda, le dieu-druide, le dieu "Efficace Seigneur de la science". C’est un chaudron d’abondance que personne ne quitte sans être rassasié. Il contient non seulement la nourriture matérielle de tous les hommes de la terre, mais toutes les connaissances. (Kerridwen, la déesse des poètes, des forgerons et des médecins, possédait aussi son chaudron, qui était un centre d’inspiration et de pouvoirs magiques.)
    - Le deuxième est le chaudron de résurrection dans lequel, selon le récit gallois du Mabinogi de Branwen, on jette les morts afin qu’ils ressuscitent le lendemain.
    - Le troisième type de chaudron est sacrificiel. Le roi déchu s’y noie dans le vin ou la bière, en même temps qu’on incendie son palais, lors de la dernière fête de 
    [ltr]Samain[/ltr]
     de son règne. En Gaule, les témoignages tardifs des Scholies Bernoises (IXe s.), recopiant presque certainement des sources antérieures perdues, mentionnent un semicupium dans lequel on noyait rituellement un homme, en hommage à Teutatès.

    "La majorité des chaudrons mythiques et magiques des traditions celtiques (leur rôle est analogue dans les autres mythologies indo-européennes) ont été trouvés au fond de l’Océan ou des lacs. Le chaudron miraculeux de la tradition irlandaise "Murios" tire son nom de "muir", la mer. La force magique réside dans l’eau, les chaudrons, les marmites, les calices sont des récipients de cette force magique, souvent symbolisée par une liqueur divine, ambroisie ou eau vive ; ils confèrent l’immortalité ou la jeunesse éternelle, transforment celui qui les possède (ou qui s’y plonge) en héros ou en dieu" .

    Le symbolisme très étendu de la coupe se présente sous deux aspects essentiels celui du vase d’abondance (équivalent de la corne d’abondance) et celui du vase contenant le breuvage d’immortalité.
    Le symbolisme le plus général de la coupe s’applique au Graal médiéval, vase qui recueillit le sang du Christ et qui contient à la fois la tradition momentanément perdue et le breuvage d’immortalité. La coupe contient le sang, principe de vie : elle est donc l’homologue du cœur. Or le hiéroglyphe égyptien du cœur est un vase.
    Selon l'antique mythologie persane, le roi Djmashêd, souverain de l'Univers, possède une coupe dans laquelle il peut contempler le reflet du Cosmos tout entier. Les rois de l'Iran se faisaient représenter avec une telle coupe, insigne de leurs prétentions universelles.
    Le Graal était encore désigné comme le Vaissel : symbole du navire, de l’arche contenant les germes de la renaissance cyclique, de la tradition perdue.
    A noter que le croissant de lune, équivalent de la coupe, est aussi une barque.
    Dans le monde celtique, la coupe remplie de vin ou d’une boisson enivrante (bière ou hydromel) qu’une jeune fille tend au candidat-roi est un symbole de souveraineté.
    Le Graal est parfois représenté par un simple plat creux porté par une pucelle.

    Selon une tradition chaldéenne, c’est le sang divin, mêlé à la terre, qui donna la vie aux êtres.
    La coupe 
    [ltr]eucharistique[/ltr]
     exprime un symbolisme analogue à celui du Graal : « Qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » dit Jésus (Jean 6,54).
    Le rite communiel auquel elle est destinée, et qui réalise la participation virtuelle au sacrifice et à l’union béatifique se retrouve en diverses traditions, notamment dans la Chine ancienne. Il y est surtout rite d’agrégation, d’union consanguine (ainsi dans le serment du sang des sociétés secrètes), mais aussi symbole d’immortalité.
    La coupe, dans la tradition chrétienne, s’est confondue avec le chaudron du Dagda, si bien que le saint Graal est à la fois le continuateur de la coupe de souveraineté et l’héritier du chaudron du Dagda. 

    Pouvoirs et symbolisme du Graal

    Dans les traditions relatives aux chevaliers de la Table Ronde, le Graal a le pouvoir d’offrir à chacun de ceux-ci le plat de viande qu’il préfère : son symbolisme rejoint ici celui de la corne d’abondance.
    Il est décrit comme coupe d'abondance dans le Roman en Prose lorsque, les Chevaliers de la Table Ronde étant réunis le jour de la Pentecôte, apparaît un vieillard en robe blanche tenant un jeune chevalier vêtu d'une armure couleur de feu (Galaad), qui annonce au Roi et à ses compagnons la venue du Graal, lequel, se manifestant dans les airs, remplit la palais de parfums et charge les tables de mets succulents.

    Parmi ses innombrables pouvoirs le Graal possède, outre celui de nourrir (don de vie), celui d’éclairer (illuminations spirituelles), celui de rendre invincible, de frapper de cécité les pécheurs et de rendre muets les impies.

    Pour Jung, "le Graal symbolise la plénitude intérieure que les hommes ont toujours cherchée".

    La Quête du Graal exige des conditions de vie intérieure rarement réunies. Les activités extérieures empêchent la contemplation qui serait nécessaire et détournent le désir. II est tout près et on ne le voit pas. C’est le drame de l’aveuglement devant les réalités spirituelles, d’autant plus intense qu’on croit plus sincèrement les rechercher. Mais on est plus attentif aux conditions matérielles de la recherche qu’à ses conditions spirituelles.

    La Quête du Graal inaccessible symbolise, au plan mystique qui est essentiellement le sien, l’aventure spirituelle et l’exigence d’intériorité, qui seule peut ouvrir la porte de la Jérusalem céleste où resplendit le divin calice. La perfection humaine se conquiert, non pas à coup de lance comme un trésor matériel, mais par une transformation radicale de l’esprit et du cœur. Il faut aller plus loin que Lancelot, plus loin que Perceval, pour atteindre à la transparence de Galaad, vivante image de Jésus-Christ.

    En 1872, le monde du sport a fait de la coupe un trophée.

    Il court, il court… le Graal

    Le Graal aurait été tantôt transporté par Joseph d'Arimathie en Angleterre ou aux 
    [ltr]Saintes-Maries de la Mer[/ltr]
    , tantôt par Nicodème à Fécamp, tantôt trouvé par Seth au paradis terrestre, retrouvé par le comte de Toulouse aux croisades, tombé aux mains des Génois lors de la prise de Césarée, mêlé à la tragédie albigeoise, à celle des Templiers, découvert en 1917 par l’abbé Saunière à Rennes-le-Château (Aude) et mystérieusement réapparu en 1921 lors des fouilles de Baalbek, etc.

    Une légende raconte que le vase dans lequel Jésus-Christ célébra la cène avec ses disciples la veille de sa passion fut emporté par les anges dans le ciel et gardé jusqu'à ce qu'il se trouvât sur la terre une lignée de héros dignes d'être préposés à sa garde et à son culte. Le chef de cette lignée était un prince de race asiatique, nommé Pérille, qui vint s'établir dans la Gaule où ses descendants s'allièrent par la suite avec les descendants d'un ancien chef breton. Titurel fut celui de l'héroïque lignée à qui les autres apportèrent le Graal pour en fonder le culte. Le prince élu pour ce grand et mystérieux office fit bâtir, sur le modèle du temple de Salomon à Jérusalem, un magnifique temple dans lequel fut déposé le Graal.

    Il y avait dans la forme extérieure du Graal quelque chose de mystérieux et d'ineffable, que le regard humain ne pouvait bien saisir, ni une langue humaine décrire complètement. Du reste, pour jouir de la vue même imparfaite du Saint Vase, il fallait avoir été baptisé ; il était absolument invisible aux païens et aux infidèles.
    Les biens spirituels attachés à la vue et au culte du Graal se résumaient tous en une certaine joie mystique, avant-coureur de celle du ciel. Les biens matériels, effets de la présence du saint vase, étaient toute nourriture terrestre et tout ce que pouvaient souhaiter ses adorateurs de rare et d'exquis. Il les maintenait dans une jeunesse éternelle et leur assurait encore bien d'autres privilèges non moins merveilleux.

    Il existait une milice guerrière instituée pour la garde et la défense du Graal. Les membres de cette milice se nommaient les 
    [ltr]templistes[/ltr]
    , c'est-à-dire les chevaliers ou les gardiens du Temple. Ils étaient sans relâche occupés, soit à des exercices chevaleresques, soit à combattre les infidèles.
    Pour être admis dans l'ordre des chevaliers du Graal, la première condition était de rester chaste de corps et d'esprit. Tout amour sensuel et le mariage lui-même étaient interdits. Par contre, le ciel était assuré à tout chevalier du Graal, et, sur la terre même, dans les combats qu'il était constamment obligé de livrer, il jouissait de privilèges surnaturels. S'il combattait le jour même où il avait vu le Graal, il ne pouvait être blessé ; s'il combattait dans un intervalle de huit jours à partir de celui où il s'était trouvé en présence du vase saint, il pouvait être blessé, mais non tué.

    Les croisés ont-ils trouvé le Graal ? En 1101, Baudouin Ier prend Césarée et croit trouver dans le butin la coupe dont le Christ s’est servi lors de la Cène.

    La cathédrale San Lorenzo de Gênes présenta, pendant des siècles, ce vase sacré, le "Sacro Catino", jusqu’à ce qu’à l'époque des conquêtes de la Révolution, on l’examine et l'on démontre qu'il n'était pas taillé dans une gigantesque émeraude, mais tout simplement fait de verre.

    On raconte aussi que les croisés ont ramené une ampoule contenant le sang du Christ.

    En 1150, quand Henri II Plantagenêt prend possession du Maine, il fait des offrandes à saint Julien du Mans : parmi ses présents, une coupe ornée de pierreries…

    Une tradition orale rapporte qu'au Ier siècle, un coffret de plomb contenant une fiole de cristal, renfermant quelques gouttes coagulées du précieux sang recueilli par Nicodème qui embauma le corps de Jésus, se serait échoué à Fécamp. Une fontaine jaillit à cet endroit et le culte du Précieux Sang, encore vivant de nos jours, se développa rapidement, à tel point que l'abbaye de la Sainte Trinité fut le premier lieu de pèlerinage normand avant le Mont Saint Michel. Construite de 1170 à 1220, soit à l'époque même de la rédaction des récits majeurs du cycle arthurien, elle fut un lieu de vie intellectuelle intense et accordait même une protection spéciale aux trouvères chargés de glorifier la précieuse relique.

    Pour certains, le Graal est la coupe sacrée détenue par saint 
    [ltr]Pierre[/ltr]
     et de pape en pape jusqu’à Sixte II qui, sous la persécution de Valérien, la confie en 258 à son diacre Laurent lequel, avant d'être martyrisé, l'expédie à ses parents, dans sa ville natale, Loret, près de Huesca (Espagne). En 713, les Maures recherchent le Saint Calice ; la cathédrale de Huesca n’étant plus un abri sûr, l’évêque Acisclo quitte la ville avec le Saint Calice, voyageant vers les Pyrénées du Sud, en passant par plusieurs chapelles, églises et monastères. En 1071, l’évêque de Jaca, Don Sancho Ier, place le Saint Calice au monastère de San Juan de la Peña, où il a été moine , et qui se trouvera, un siècle plus tard, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle en Galice. Le Saint Calice ("Santo Graal" en galicien) apparaît pour la première fois comme identifiant les rois de Galice dans un document anglais en 1282.

    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme ArthurGraal
    Armoiries de la Galice


    Le 26 septembre 1399, à la demande du roi d’Aragon Martin Ier l’Humain soutenu par l’
    [ltr]antipape Benoît XIII[/ltr]
    , le Saint Calice est transporté à la chapelle du Palais Royal (l’Aljafería) de Saragosse. Plus tard, il est transféré dans la chapelle de la résidence du roi à Barcelone. En 1416 (ou 1424), Alphonse V d'Aragon emmène le Saint Calice dans son Palais Royal à Valencia. Selon l'acte du notaire Jaume Monfort, le 18 mars 1437, Jean II d'Aragon, au nom de son frère Alphonse V, remet à la cathédrale de Valencia le calice de pierre, taillé dans une agate verte, sur support d’or et socle d’onyx, et portant l’inscription "La Florissante" en arabe, qui est placé sous la garde de la Confrérie du Saint Calice de la Cène et enchâssé dans la chapelle du Saint Calice. La couronne d’Aragon a ensuite voulu reprendre cette relique et la cathédrale de Valence a dû donner au royaume d'Aragon 40 000 ducats d’or pour la conserver perpétuellement.
    Selon la présentation qui en est faite à la cathédrale de Valence, la coupe, datant du premier siècle avant Jésus Christ, a été ornementée au fil des siècles. En 1960, Antonio Beltran, chef du département d’archéologie de l’université de Saragosse, en collaboration avec d’autres collègues européens, fait une étude complète du Saint Calice qui lui permet de déterminer que la coupe a été fabriquée entre le IVe siècle av. J.‑C. et l’an 1. 

    Certains ont prétendu que la Coupe d’agate des Habsbourg qui se trouve à la Hofburg à Vienne, était le Graal, mais elle ne date que du IVe siècle.

    Le Calice d'argent d'Antioche conservé au Metropolitan Museum of Art à New York, qui fut présenté comme le Saint Calice, date du VIe siècle.

    Le Saint Vase, pris en 1204 par les croisés dans la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, fut conservé à Troyes jusqu’à ce qu’il soit emporté par la tourmente révolutionnaire en janvier 1794.

    En 1933, l'Ahnenerbe, groupe de recherches nazi créé par Himmler, cherche le Graal à Montségur.
    Le 23 octobre 1940, Himmler se rend en Espagne, dans l’abbaye de Montserrata près de Barcelone, mais n'y trouve pas le Graal.

    En 1937 est créée la "Société des Amis de Montségur et du Saint Graal de Sabarthès et d’Occitanie".

    D’autres cherchent encore et encore…

    Citations

    Le Graal représente à la fois, et substantiellement, le Christ mort pour les hommes, le vase de la Sainte Cène (c’est-à-dire la grâce divine accordée par le Christ à ses disciples), et enfin le calice de la messe, contenant le sang réel du Sauveur. La table sur laquelle repose le vase est donc, selon ces trois plans, la pierre du Saint-Sépulcre, la table des Douze Apôtres, et enfin l’autel où se célèbre le sacrifice quotidien. Ces trois réalités, la Crucifixion, la Cène, l’Eucharistie, sont inséparables et la cérémonie du Graal est leur révélation, donnant dans la communion la connaissance de la personne du Christ et la participation à son Sacrifice Salvateur. (Albert Béguin 1901-1957)

    Dans un monde où les croyances religieuses s'effritent, où les idéologies négligent la recherche de l'absolu, la psychanalyse remplace peut-être la quête du Graal. (Dominique Frischer,Les analysés parlent, 1977)

    Le mystère du Graal affirme au cours des siècles, une présence, mais la présence d'un non dicible, d'un indicible qui exige cependant d'être questionné (...) car ce creux, ce cri paroxysmique de l'âme, ce Très Saint Trésor essentiel est l'archétype même du religieux : c'est ce qui en assure l'universalité tant de fois signalée chez les Celtes, chez les Iraniens, les Latins, les Grecs, les Arabes et bien entendu dans le corpus de l'Occident chrétien.. C’est quelque chose apporté du Ciel sur Terre. (Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'Imaginaire, 1985)
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    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Empty Re: Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme

    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:31

    Les couvents-coopératives

    Au XVIIe siècle, après une série de procès contre les cordonniers et autres ouvriers du textile et cuir (1643-1655), Michel-Henry Buch tente de créer une structure avalisée par la Sorbonne et l'état : les couvents-coopératives.
    Créés à Paris, Lyon et Soissons, ils deviennent des foyers de résistance aux maîtres et aux autorités des corporations.




    En 1646, on lit dans un rapport de police : "Les compagnons cordonniers se réunissaient dans deux chambres contiguës : la première servait pour interroger les récipiendaires et pour leur faire subir des épreuves en usage, puis ils étaient conduits dans la chambre des mystères, où se trouvaient un autel et des fonts baptismaux : là ils choisissaient trois compagnons, dont l'un servait de parrain, l'autre de marraine, et l'autre de curé. Après avoir prêté serment sur le saint chrême et sur le livre ouvert des évangiles, le nouveau baptisé était reçu au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, puis, la réception terminée, ils célébraient la messe."
    Ce rapport est déposé à la faculté de théologie qui condamne, le 21 septembre, ces pratiques comme étant un blasphème et un sacrilège.

    En 1649, Henriette d’Angleterre, fille d'Henri IV et de Marie de Médicis, veuve de Charles Ier, se réfugie à Saint-Germain-en-Laye avec des officiers écossais et irlandais (pour la plupart francs-maçons) qui créent la première loge maçonnique en France.

    Le 14 mars 1655, la Sorbonne condamne les Compagnons Cordonnier Bottier du Devoir qu'elle jette dans la clandestinité : "Ce prétendu devoir consiste en trois paroles : "Honneur à Dieu, conserver le bien du maître et maintenir les compagnons". Mais, tout au contraire, ces compagnons déshonorent grandement Dieu, profanent tous les mystères de notre religion, ruinent les maîtres, vidant leurs boutiques de serviteurs quand quelqu'un de leur cabale se plaint d'avoir reçu bravade. Les impiétés et les sacrilèges qu'ils commettent sont différents selon les métiers. Ils ont néanmoins tous cela de commun : de faire jurer celui qui doit être reçu sur les saints évangiles qu'il ne révélera à père, ni à mère, femme ni enfant, prêtre ni clerc, pas même en confession, ce qu'il va faire ou voir faire, et, pour ce, choisissent un cabaret qu'ils appellent la mère, parce que c'est là qu'ils s'assemblent d'ordinaire, comme chez leur mère commune, dans lequel ils choisissent deux chambres commodes pour aller l'une dans l'autre, dont l'une sert pour leurs abominations et l'autre pour le festin."
    L'Église crée un ordre semi-religieux de frères cordonniers, qui se solde rapidement par un échec.

    Les compagnonnages inquiètent de façon croissante les autorités civiles avant la Révolution : à Dijon, 20 procès sont intentés aux compagnonnages de 1667 à 1785. À Marseille, gavots et dévoirants s'allient même ponctuellement (1726). Présents dans tout le royaume, les compagnons rédigent leurs règles et les précisent.

    Le 18 octobre 1685, la révocation de l'Édit de Nantes aboutit à une scission du compagnonnage : les protestants se regroupent dans un autre devoir qui prendra, au moment de la Révolution française, le nom de "Devoir de liberté" .

    1688 : Jacques II Stuart, chassé du trône d’Angleterre par son gendre Guillaume d’Orange (qui sera initié en 1690), s’exile à Saint-Germain-en-Laye (loge La Bonne Foi, à l'Orient de Saint-Germain-en-Laye, 25 mars 1688) où il ranime les loges déjà créées par les Écossais et les Irlandais.

    Dès le XVe siècle au moins, en Angleterre, les loges des freemasons (maçons libres) initient des personnalités du clergé, de la noblesse ou de la bourgeoisie, qui n’ont aucun rapport avec le métier. Leur nombre va croître au XVIIe siècle et ces "maçons acceptés" transforment rapidement la maçonnerie opérative en maçonnerie spéculative ou philosophique.
    Des historiens affirment qu'Isaac Newton (1642-1727), physicien et alchimiste passionné, et les cercles de newtoniens sont à l’origine de la franc-maçonnerie spéculative.

    Le 24 juin 1717, jour de la Saint-Jean-Baptiste, la Grande Loge de Londres et de Westminster (au sein de laquelle naît la franc-maçonnerie spéculative), première Grande Loge maçonnique résultant de la fusion de quatre loges (L'Oie et le Grill, La Couronne, Le Pommier, Le Gobelet et les Raisins) issues d’associations professionnelles, est créée par les pasteursJean-Théophile Désaguliers (un huguenot français) et James Anderson.
    Les Constitutions (The Constitutions of the Free-Masons), inspirées des Constitutions Compagnonniques (dites Old Charges) et rédigées par Anderson avec l’aide de Désaguliers, seront approuvées en 1722 et publiées le 17 janvier 1723  :
    "Première obligation concernant Dieu et la Religion : Un Maçon est obligé, par sa Tenure, d'obéir à la loi morale et, s'il comprend bien l'Art, ne sera jamais un Athée stupide ni un Libertin irréligieux (voir 
    [ltr]Agnosticisme[/ltr]
    , ndlr) [.]. Mais, quoique dans les temps anciens, les Maçons fussent astreints dans chaque pays d'appartenir à la Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu'elle fût, il est maintenant considéré plus expédient de seulement les astreindre à cette Religion que tous les Hommes acceptent, laissant à chacun ses propres opinions ; c'est-à-dire d'être Hommes de bien et loyaux ou Hommes d'Honneur et de probité, quelles que soient les Dénominations ou Confessions qui aident à les distinguer ; par suite de quoi la Maçonnerie devient le Centre d'Union et le Moyen de nouer une amitié sincère entre des Personnes qui n'auraient pu que rester perpétuellement étrangères".
    Les personnes immorales ou scandaleuses, les femmes, les eunuques et les 
    [ltr]serfs[/ltr]
     ne sont pas admis.
    Obligations du franc-maçon II : "Le maçon est un paisible sujet vis-à-vis des pouvoirs civils [...]. C’est pourquoi si un frère se rebellait contre l’État, il ne faudrait pas le soutenir dans sa rébellion" ; il est précisé toutefois que la "loyale confrérie ne peut l'expulser de la loge et que la relation entre elle et lui demeure immuable".

    1721 :
    - Première loge en Belgique.
    - Création à Dunkerque du premier atelier français, Amitié et Fraternitépar le duc de Montaigu, Grand-maître de la Loge de Londres.

    1725 :
    - 24 juin, création de la Grande Loge d’Irlande : le comte de Rosse est élu Grand Maître.
    - Création de la Grande Loge d'York.
    - Création de la loge de La Haye.

    1726 : Création de loges maçonniques en France (200 en 1743), suite à l'arrivée de nobles anglais fuyant les Stuart, l’une des premières à Paris (Saint-Germain-des-Prés). Les nombreuses loges qui se développent à partir de cette date, sous l’impulsion d’aristocrates, entrent rapidement en conflit.

    1728 :
    - Les francs-maçons français reconnaissent un "grand maître des francs-maçons en France" en la personne de Philippe, Duc de Wharton, qui séjourne à Paris et à Lyon de 1728 à 1729, et qui fut en 1723, grand maître de la Grande Loge de Londres.
    - Première loge en Espagne.
    - A Londres, le frère Ephraïm Chambers publie son encyclopédie : Cyclopaedia ou Dictionnaire universel des arts et des sciences (dans son Discours de 1736, le chevalier de Ramsay, haut dignitaire de la nouvelle Grande Loge de France, annoncera un dictionnaire universel des arts libéraux et des sciences utiles : "On a déjà commencé l’ouvrage à Londres et, par la réunion de nos confrères, on pourra le porter à sa perfection dans peu d’années"). L’imprimeur Lebreton, vénérable d’une des premières loges françaises, confiera la traduction de laCyclopaedia à l’abbé de Gua de Malves, de l’Académie des Sciences, qui engagera notamment Diderot et D’Alembert ; ces derniers prendront la direction de l’Encyclopédie en 1748.

    1730 :
    - Dans la plaine de la Crau, les gavots remportent une bataille contre les compagnons de maître Jacques et du père Soubise.
    - Première loge en Pologne.

    1731 :
    - 14 mai, initiation du duc François de Lorraine, futur empereur d'Autriche.
    - La grande loge de Londres constitue la première loge à Moscou et nomme pour grand maître provincial un de ses nationaux : le capitaine John Philips. Des négociants anglais fondent des loges à Saint-Pétersbourg en 1771. En 1772, les loges se multiplient. La noblesse tout entière, cour en tête, veut en faire partie ; l’impératrice Catherine II permet que l’on initie son fils, Paul Ier. Celui-ci, à peine monté sur le trône, oublie sa qualité de maçon et interdit les réunions maçonniques sous les peines les plus sévères. Alexandre Ier révoque cette prohibition et se fait même initier en 1803. Mais, en 1821, au motif que les loges s’occupent trop de politique, il interdit les réunions maçonniques.
    - la F.M. est introduite dans le royaume de Naples .

    1732 : Patentes de la Grande Loge de Londres pour la Loge Saint Thomas se réunissant à l'enseigne du Louis d'Argent, rue des Boucheries à Paris.

    1733 :
    - Franc-maçonnerie en Inde, dans les Antilles et dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord : première loge à Boston (Massachusetts) le 30 juillet, Grand Maître Provincial Henry Price.
    - Loge à Florence.

    Le 24 juin 1734, Benjamin Franklin (1706-1790), imprimeur, scientifique et diplomate, est élevé au rang de "grand maître de la grande loge maçonnique de Pennsylvanie". Elu de Philadelphie représentant les colons de Pennsylvanie à Londres en 1757 puis agent des colonies à Londres en 1764, il est un ami proche du sulfureux Francis Dashwood, Baron Le Despenser (1708-1781) qui fonda, dans la petite ville anglaise de West Wycombe, "The order of the friars of saint Francis of Wycombe" (l'ordre des moines de saint Francis de Wycombe) surnommé "Hell fire Club" (Club du Feu de l'Enfer) dont les réunions se déroulaient dans l'abbaye de Medmenham puis, après 1760, dans un temple souterrain sous la demeure de Dashwood à West Wycombe. Appartenir au club dont les mots d'ordre étaient 
    [ltr]satanisme[/ltr]
     et débauche, voulait avant tout dire partager des plaisirs licencieux, seul ou à plusieurs, et abjurer sa foi pour adorer le Diable .

    1735 :
    - La Grande Loge d’Angleterre crée la Loge d’Aubigny à Paris.
    - Franc-maçonnerie aux Pays-Bas.
    - La Grande loge de Londres constitue une loge à Lisbonne. En 1818, le clergé obtient de Jean VI un édit, daté de Rio de Janeiro, qui interdit la maçonnerie sous peine de mort ; mais, par un autre édit daté de Lisbonne (20 juin 1823), le roi, sur les instances des ambassadeurs des autres puissances, consent à modifier cette peine en "cinq années de présides en Afrique" (travaux forcés). Malgré tout, la maçonnerie constitue à Lisbonne un Grand Orient lusitanien et un Suprême Conseil du trente-troisième degré. A partir du règne de Dona Maria (1833), la maçonnerie sera tolérée en Portugal.

    1736 :
    - Première loge (Absalom) en Allemagne (Hambourg).
    - Création de la Grande Loge d'Ecosse.
    - Fondation de la Grande Loge Anglaise de France (dépendant de la Grande Loge d’Angleterre).
    - Introduction de la Maçonnerie en Suède. Elle excite d’abord les soupçons du gouvernement, et elle ne se constitue réellement qu’en 1754, date de la fondation de la grande loge provinciale instituée par la grande loge d’Angleterre. Déjà favorablement accueillie par Gustave III, elle se développe à la suite de l’initiation du jeune Gustave IV, en 1793. Son oncle qui lui succède en 1809, est déjà grand maître de la maçonnerie suédoise ; il délègue ses fonctions, en 1811, à Bernadotte, qui régnera sous le nom de Charles XIV (1818-1844). La maçonnerie occupe une position officielle en Suède où l’un des grades maçonniques confère la noblesse et un titre dans un ordre chevaleresque créé par Charles XIII en 1811.
    - Le baron allemand Carl von Hund déclare que "la franc-maçonnerie plonge ses racines dans l’ordre du Temple et que par conséquent tout maçon est aussi un 
    [ltr]templier"[/ltr]
    .
    - Au XVIIIe siècle, des membres de la loge maçonnique du collège de Clermont qui veulent continuer l'ancien ordre des Templiers s'affilient des personnages très distingués de la cour et de la noblesse partageant les idées déistes de cette époque. Bourbon-Conti, le duc de Cossé-Brissac sont grands maîtres de cet ordre aristocratique dont les débris se reformeront sous le Directoire. Cette société est persécutée sous la Restauration. Après 1830, elle admet dans ses rangs l'abbé Châtel qui y officie quelque temps comme primat des Gaules ; puis elle se fond dans la maçonnerie. L’ordre survit en Angleterre : le prince de Galles est nommé grand maître des Templiers en 1873.
    - En décembre, discours du chevalier de Ramsay : "Les Ordres religieux furent établis pour rendre les hommes chrétiens parfaits ; les Ordres militaires pour inspirer l'amour de la vraie gloire ; et l'Ordre des Francs-maçons pour former des Hommes et des hommes aimables, de bons Citoyens, de bons Sujets, inviolables dans leurs promesses, fidèles Adorateurs du Dieu de l'Amitié, plus amateurs de vertu que des récompenses". Écossais installé en France en 1707, celui que l'on appela par la suite le chevalier de Ramsay est tout d'abord l'élève de Fénelon qui le convertit au catholicisme. Le chevalier de Ramsay raconte dans une lettre, que son maître lui fait comprendre que l'on ne peut être sagement 
    [ltr]déiste[/ltr]
     sans devenir chrétien ni philosophiquement chrétien sans devenir catholique. C'est pourquoi le Chevalier devient un fervent partisan des doctrines catholiques qu'il introduit autant qu'il le peut dans une nouvelle franc-maçonnerie, nommée jacobite ou catholique. Malgré le soutien de 
    [ltr]jésuites[/ltr]
     proches des Stuart, et malgré son célèbre discours visant à rattacher la maçonnerie aux ordres chevaleresques chrétiens de Saint Jean de Jérusalem et du Temple, le Chevalier de Ramsay ne parvient pas à orienter la franc-maçonnerie selon ses vœux.

    1737 :
    - L'électeur palatin, Charles III Philippe, publie un édit contre les francs-maçons, et fait arrêter et emprisonner toute une loge qui s'est réunie à Mannheim (grand-duché de Bade).
    - La grande loge d'Angleterre qui a importé la maçonnerie dans les colonies anglaises de l'Afrique, y nomme un grand-maître provincial.
    - Le dernier grand-duc de Toscane, Jean Gaston de Médicis, interdit les réunions maçonniques.
    - Le 4 septembre, en France, un collège de juges interdit la franc-maçonnerie : le pouvoir politique ne peut rester indifférent à l’égard d’hommes qui se réunissent dans des lieux tenus secrets.
    - La première loge suisse est fondée à Genève, par lord Hamilton, grand-maître provincial nommé par la grande loge d’Angleterre.

    1738 :
    - Le 28 avril, la bulle In eminenti apostolatus specula de 
    [ltr]Clément XII[/ltr]
    condamne "ces dites sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules appelés de Francs-Maçons, ou connus sous toute autre dénomination et défend en vertu de la sainte obéissance, à tous et à chacun des fidèles de Jésus-Christ, de quelque état, grade, condition, rang, dignité et prééminence qu'ils soient, laïques ou clercs, séculiers ou réguliers, méritant même une mention particulière, d'oser ou de présumer, sous quelque prétexte, sous quelque couleur que ce soit, d'entrer dans lesdites sociétés de Francs-Maçons ou autrement appelées, ou de les propager, les entretenir, les recevoir chez soi ; ou de leur donner asile ailleurs et les cacher, y être inscrits, agrégés, y assister ou leur donner le pouvoir et les moyens de s'assembler, leur fournir quelque chose, leur donner conseil, secours ou faveur ouvertement ou secrètement, directement ou indirectement, par soi ou par d'autres, de quelque manière que ce soit, comme aussi d'exhorter les autres, les provoquer, les engager à se faire inscrire à ces sortes de sociétés, à s'en faire membres, à y assister, à les aider et entretenir de quelque manière que ce soit, ou leur conseiller : et Nous leur ordonnons absolument de s'abstenir tout à fait de ces sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, et cela sous peine d'excommunication à encourir par tous, comme dessus, contrevenants, par le fait et sans autre déclaration..." Clément XII écrit notamment : "La rumeur publique Nous a appris que certaines sociétés appelées communément Libres ou Massons se développent de jour en jour. Des hommes, sous le couvert d'une sorte d'honnêteté naturelle, s'associent par un pacte aussi strict qu'impraticable, selon des lois et des statuts, qu'ils ont eux-mêmes élaborés ; en même temps, ils agissent en secret et soit sous serment juré sur la Sainte Bible, soit sous la menace de graves sanctions, ils s'astreignent à couvrir leurs actions par un silence inviolable. Mais la nature même de ce crime est telle qu'elle se trahit elle-même... S'ils ne faisaient rien de mal, ils n'auraient certainement pas une si grande haine de la lumière". La bulle n’est pas appliquée en France car le Parlement refuse de l’enregistrer.
    - La version de 1738 des Constitutions d'Anderson mentionne l'existence de grands-maîtres et de loges en France, en les traitant sur un pied d'égalité avec celles d'York, d'Irlande, d'Écosse et d'Italie dans une formulation qui ne permet cependant pas d'établir l'existence d'une véritable obédience nationale en France, alors que de telles obédiences nationales, indépendantes de celle de Londres depuis leur origine, sont attestées à l'époque pour l'Irlande et l'Écosse : « Toutes ces loges étrangères [mentionnées précédemment dans le texte] sont sous la protection de notre Grand Maître d'Angleterre. Toutefois l'ancienne loge de la ville d'York et les loges d'Écosse, d'Irlande, de France et d'Italie, soucieuses de leur indépendance, ont leur propre Grand-maître. » 
    - Les loges françaises constituent la Grande Loge de France.
    - 24 juin, le duc d’Antin (Louis de Pardaillan de Gondrin) est proclamé Grand Maître général et perpétuel des Maçons dans le Royaume de France.
    - Une loge, fondée à Lausanne, est fermée par ordre des magistrats de Berne. Les défenses sont renouvelées en 1743 et en 1770, après de nouvelles tentatives faites par les maçons suisses. La grande loge provinciale de Genève a beaucoup de peine à se maintenir ; cependant elle parvient à se former en Grand Orient genevois en 1786.
    - Un édit de l'empereur Charles VI interdit la franc-maçonnerie dans les Pays-Bas autrichiens et en bannit les francs-maçons.
    - 14 août, le prince royal de Prusse, Frédéric, est initié secrètement dans la Loge de Brunswick, malgré les ordres de son père . Il devient le protecteur de la maçonnerie dans le royaume.

    1739 : Bien qu'interdite en Pologne, la maçonnerie y pénètre. Elle restera secrète et obscure jusqu'au règne de Stanislas Auguste qui la protégera ouvertement (1769).

    1740 :
    - On compte une dizaine de loges à Paris et une quinzaine en province.
    - La loge "Aux Trois Globes" est constituée à Berlin par des artistes français.
    - Fondation de la Loge de Hambourg comme Grande Loge Provinciale.
    - Edit de Philippe V roi d'Espagne contre la F. M.
    - Le Grand-maître de l'Ordre de Malte interdit l'accès de son île aux F. M. 

    1741 :
    - Fondation de la Grande Loge Zur Sonne à Bayreuth.
    - Fondation de la Loge "Minerva aux Trois Palmes" à Leipzig.
    - Fondation de l’Ordre de Heredom en Ecosse.
    - Le roi de Prusse Frédéric II écrit au pape 
    [ltr]Benoît XIV[/ltr]
     : "Révérends Pères, j'ai appris de divers côtés, et notamment par les journaux, avec quelle ardeur vous brandissiez le glaive du fanatisme contre des hommes paisibles, vertueux et respectables, contre les nommés Francs-Maçons. Comme je fais également partie des chefs de cette respectable association, j'ai le devoir de repousser, dans la mesure de mes forces, la calomnie qui s'adresse à ceux-ci et de lever le voile épais qui fait paraître, comme un lieu de réunion de tous les péchés, le Temple érigé à toutes les vertus. Quoi donc ! Révérends Pères, voudriez-vous faire renaître ces siècles d'ignorance et de sauvagerie qui sont la honte de la raison humaine ? Ces siècles de fanatisme auxquels notre pensée ne peut se référer sans horreur ? Ces temps où l'hypocrisie assise sur le trône des tyrannies, entre la superstition et l'humanité, tenait le monde dans les chaînes et vouait au bûcher, sans aucune distinction, quiconque était seulement capable de savoir lire ? Vous ne vous contentez pas d'appliquer aux Francs-maçons l'épithète de saltimbanques, mais vous les accusez d'être des brigands, des scélérats, des supports de l'Antéchrist et vous excitez le peuple entier à exterminer cette engeance maudite. Les brigands, Révérends Pères, ne sont pas ceux qui reconnaissent, comme nous, le devoir de secourir les pauvres et les orphelins ; les brigands sont ceux qui les dépouillent, qui souvent captent leur héritage et se repaissent de leur butin au sein de l'orgueil et de l'hypocrisie ; les brigands sont ceux qui trompent les hommes, alors que les Francs-maçons cherchent à les éclairer. Les suppôts de l'Antéchrist porteraient probablement tous leurs efforts vers la destruction des lois du Très-puissant ; les Francs-maçons ne peuvent attenter à ces lois sans réduire en ruines leur propre édifice. Ceux-là pourraient-ils être qualifiés d'engeance maudite, qui cherchent leur plus grande gloire dans la diffusion des vertus qui forment l'homme probe ? Frédéric" .

    1742 : La maçonnerie est introduite en Autriche.

    1743 :
    - La maçonnerie est introduite au Danemark par le baron de Munich, secrétaire de l'ambassade de Russie.
    - Introduction de la F. M. en Bohème.

    1744 : Frédéric II de Prusse est élu Grand-Maître.

    1745 :
    - Bordeaux, création de la Loge Ecossaise par Etienne Morin.
    - Un édit de la république de Berne interdit la F.M. (il sera révoqué en 1776).

    1746 : Le Hanovre reçoit la maçonnerie. La grande loge de Londres y établit, en 1755, une grande loge provinciale qui restera sous l'attache du pouvoir constituant jusqu'en 1828.

    1748 :
    - A Genève, est publié anonymement De l'esprit des lois écrit par Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, initié à la loge Horn Tavern de Westminster à Londres en 1730. L’ouvrage (l'œuvre de sa vie qu'il a remaniée pendant 14 ans) a immédiatement un immense retentissement mais il est attaqué par les
    [ltr]jésuites[/ltr]
     et les
    [ltr]jansénistes[/ltr]
     qui critiquent violemment l’éloge de la religion naturelle. La faculté de théologie de Paris (560.000 habitants) condamne l’ouvrage ; il est mis à l’Index par le pape.
    - La Porte Ottomane s'oppose à l'introduction de la F. M. en Turquie .

    1749 :
    - 2 janvier : une lettre patente généralise le "billet de congé" qui impose aux compagnons des métiers de se munir d'un congé écrit lorsqu'ils quittent un maître pour être embauchés ailleurs.
    - La franc-maçonnerie est florissante en Bohême, où elle compte, rien qu’à Prague, quatre loges. Elle est introduite en Hongrie.

    1751 :
    - 18 mai, la bulle Providas Romanorum Pontificium de 
    [ltr]Benoît XIV[/ltr]
     confirme la bulle In eminenti de Clément XII (1738) qui condamne la Franc-maçonnerie. En fait, l’Église catholique reproche à la franc-maçonnerie d’usurper ses propres prérogatives par des principes spirituels et un caractère religieux, raison pour laquelle certains pays catholiques n’ont jamais autorisé la franc-maçonnerie. En France, en revanche, puisque les différentes bulles pontificales ne sont pas enregistrées par les parlements, l’ordre s’épanouira à la suite du courant athée de la Révolution française.
    - 24 juin, Allemagne, fondation par le baron Karl Gotthelf von Hund und Altengrottkau de la Stricte Observance qui insiste sur les origines 
    [ltr]templières[/ltr]
     de la 
    [ltr]franc-maçonnerie[/ltr]
    .
    - Par un édit du 2 juillet, Ferdinand VI d'Espagne défend la pratique de la maçonnerie sous peine de mort, à la suite de la découverte d'une loge composée de nobles et de personnages riches et influents.

    1753 : Le soyeux lyonnais, Jean-Baptiste Willermoz, fonde la loge de la Parfaite Amitié. Il jouera en 1760 un grand rôle dans la formation de la Grande loge des Maîtres réguliers de Lyon, dont il deviendra le grand maître.

    1754 : Montpellier, fondation du Chapitre des Juges Ecossais par Martinez de Pasqually.

    1755 : 
    - Louis de Bourbon, comte de Clermont, grand maître, donne de nouveaux statuts à la Grande Loge de France (ex-grande loge anglaise de France).
    - Le 26 juillet, après enquête de l’
    [ltr]Inquisition[/ltr]
    , les autorités vénitiennes emprisonnent Giovanni Giacomo Casanova (1725-1798) pour impiété, mœurs dissolues et pratique de la sorcellerie. Il s'évade le 31 octobre. Placé en pension et éduqué par un prêtre il avait reçu la tonsure et les ordres mineurs avant de devenir secrétaire d'un cardinal. Franc-maçon initié à Lyon en 1750 puis membre d’une loge anglaise à Paris, ce séducteur fut aussi agent secret de l'Inquisition, soldat, joueur professionnel, traducteur, écrivain et alchimiste.

    1756 : 27 décembre, fondation de la Grande Loge nationale des Pays-Bas.

    Le 3 septembre 1759, le marquis de Pombal, Premier Ministre du Portugal (qui, d’après l’historien Lennhoff, a été initié à la franc-maçonnerie, en 1744, dans une loge londonienne) décrète l’expulsion des 
    [ltr]jésuites[/ltr]
     du Portugal et de tout l'empire (la rupture avec Rome a déjà été marquée par l’expulsion du nonce le 15 juin).

    1760 :
    - Lyon, création de la Grande Loge des Maîtres Réguliers.
    - Foix, fondation d’un Temple des Elus Cohen par Martinez de Pasqually.
    - Le ministre Choiseul parvient à se débarrasser du comte de Saint-Germain, qui a la sympathie du roi Louis XV, en le faisant accuser d'espionnage. Tombé en disgrâce, le comte se réfugie aux Pays-Bas. Dans les années suivantes, on le signale en Angleterre, en Italie, en Russie, en Saxe et en Prusse : partout il cherche à monter des recherches sur les pigments et les couleurs. En 1766, il se met sous la protection du roi de Prusse Frédéric II mais il le quitte l'année suivante. Il arrive enfin à Bottrop, sur la Baltique, où il est hébergé par le prince et frère Charles de Hesse-Cassel et où il meurt en 1784. Saint-Germain fut en contact avec les plus grands maçons d'Europe, comme Willermoz et Cagliostro. Rose-Croix, franc-maçon, grand voyageur, thaumaturge, philosophe, écrivain, musicien, Saint-Germain fut l’éminence grise des Fraternités européennes en pleine expansion. Il fut chargé par la Stricte Observance Templière alors florissante de rassembler des aristocrates et des grands personnages des cours européennes à la cause de cet Ordre .

    Vers 1760, le bénédictin Dom Pernety et le staroste polonais Grabianca fondent à Avignon une société de maçonnerie hermétique dont les membres sont désignés sous le nom d'Illuminés d'Avignon et qui s'inspire des doctrines de Swedenborg ; en 1757, ce dernier soutint que, le 
    [ltr]Jugement dernier[/ltr]
     étant survenu en sa présence, l'Église en tant qu'entité spirituelle allait disparaître et qu'une nouvelle Église, la Nouvelle Jérusalem, était née de la volonté divine ; "selon Swedenborg, le monde naturel puise sa réalité dans l'existence de Dieu qui s'est fait homme en la personne de Jésus-Christ ; le but suprême est de parvenir à s'unir à Dieu à travers l'amour et la sagesse" (Encarta 2008). "D'Avignon, la franc-maçonnerie des illuminés se transporta à Montpellier en 1779, y prit le titre de Académie des vrais maçons, et se fondit bientôt avec les autres sectes maçonnico-théosophiques du Midi et de l'Est, dans le grand courant de la franc-maçonnerie martiniste." 

    1763 :
    - Jean-Baptiste Willermoz et son frère Pierre-Jacques fondent le chapitre rosicrucien des chevaliers de l'Aigle noir Rose-Croix.
    Etienne Morin arrive en Haïti où il fonde des loges écossaises.

    1767 :
    - Suite à des incidents (débordements en tous genres et scissions), les assemblées de la Grande Loge de France sont interdites.
    - Le 20 mars, jour de l'équinoxe de printemps, Martinez de Pasqually fonde le Tribunal Souverain des Elus Coën. A Versailles, Jean-Baptiste Willermoz reçoit l’initiation aux premiers degrés de l’ordre des Élus-Cohens.
    - Résurgence du rite templier de la stricte observance par le baron Hund.

    1768 : Jean-Baptiste Willermoz est initié Rose-Croix.

    1770 : Berlin, fondation de la Grande Loge nationale d'Allemagne sous le protectorat du Frère Frédéric II roi de Prusse.

    1771 : Louis Philippe Joseph, duc d’Orléans (1747-1793), dit Philippe Égalité, s’élève contre les réformes de Maupeou, ce qui lui a vaut une première disgrâce. Le duc d’Orléans, grand maître de la franc-maçonnerie malgré les interdictions royales, est, à la veille de la Révolution, l’un des princes les plus riches de France et le partisan le plus chaleureux des idées nouvelles.

    Le 26 juin 1773, les loges, réunies en Grande Loge Nationale, adoptent les statuts de l’Ordre royal de la franc-maçonnerie connu sous le nom de Grand Orient (parce que "de l’orient vient la lumière"). La première réunion se tient au faubourg Saint-Antoine dans la "petite maison" du Grand Maître, le duc de Chartres.
    Il y a scission avec l’ancienne Grande Loge qui prend le nom de Grande Loge de Clermont (du nom du comte de Clermont, décédé en 1771).
    Le Grand Orient est favorable à la centralisation des loges et entend instaurer une élection des représentants, ce que refusent les membres de la Grande Loge, titulaires pour la plupart de charges acquises sous l’Ancien Régime.

    1774 :
    - 18 juin : le Grand Orient est le premier à reconnaître les groupes féminins constitués en loges d’adoption (Grande maîtresse : la duchesse de Bourbon).
    - Fondation d’une loge à Stuttgart (Wurtemberg) : elle sera fermée, en 1784, sur ordre (secret) du gouvernement.

    Le 25 décembre 1775, la bulle Inscrutabili divinae sapientiae du pape 
    [ltr]Pie VI[/ltr]
     condamne les nouvelles idées, notamment l’irréligion, l’impiété et l’
    [ltr]athéisme[/ltr]
    , sans nommer la 
    [ltr]franc-maçonnerie[/ltr]
    , et rappelle le pouvoir et la primauté absolus du pape.

    1776 :
    - Fondation de la Loge de l'Accord Parfait à Rochefort (Charente Maritime) afin d’accueillir les Frères de la Marine.
    - Le 1er mai, Adam Weishaupt (juif ashkénaze converti au catholicisme qui étudia chez les jésuites) et le baron Adolf von Knigge, franc-maçon depuis 1773, fondent la société secrète des Perfectibilistes qui deviendra l'Ordre Secret des Illuminés (lluminati) Germaniques, les Illuminés de Bavière. Elle a pour but le "perfectionnement et le progrès de l'humanité dans la liberté, l'égalité et la fraternité". En 1777, Adam Weishaupt est initié à la loge Théodore du Bon Conseil, à Munich.
    "Parmi les sectes d'illuminés, celle qui a eu le plus de retentissement est la société des illuminés bavarois que fonda, en 1776, Adam Weishaupt, professeur de droit canon à Ingolstadt. L'étude du 
    [ltr]manichéisme[/ltr]
     et celle de la philosophie du XVIIIe siècle conduisirent Weishaupt à ne plus reconnaître la légitimité d'aucune loi politique ou religieuse, et ses leçons secrètes inculquèrent les mêmes idées aux élèves de son cours de droit. Des lors, il conçut le plan d'une société occulte qui prit d'abord le nom d'ordre des perfectibilistes, puis celui d'ordre des illuminés, et dont le but était de réformer l'Europe entière, tant au point de vue politique que religieux. Sa doctrine peut se formuler en peu de mots : "L'égalité et la liberté sont les droits essentiels que l'homme, dans sa perfection originaire et primitive, reçut de la nature : la première atteinte à l'égalité fut portée par le propriété ; la première atteinte à la liberté fut portée par les sociétés politiques ou gouvernements; les seuls appuis de la propriété et des gouvernements sont les lois religieuses et civiles : donc, pour rétablir l'homme dans ses droits primitifs d'égalité et de liberté, il faut commencer par détruire toute religion, toute société civile, et finir par l'abolition de toute propriété." Aidé par Massenhausen et Merz, Weishaupt organisa sa société sur le modèle des sociétés maçonniques (...) Une assemblée générale de francs-maçons se tenait alors à Wilhemstadt, et aucune autre n'avait encore approché de celle-ci, soit pour le nombre des élus, soit pour la variété des sectes dont elle se composait. Adolf von Knigge mit cette circonstance à profit, et dès l'instant où les députés maçonniques furent illuminés, la secte de Weishaupt fit des progrès rapides. Des ecclésiastiques même s'enrôlèrent dans cette société. Les archives de l'ordre nomment des prêtres, des curés, et jusqu'au prélat Hoeslein, vice-président du conseil spirituel de Munich, évêque de Kherson ; outre les adeptes de toutes les classes, l'illuminisme de Bavière compta dans son sein des princes souverains. Il y en eut cinq en Allemagne qui s'y agrégèrent. Lorsque Weishaupt fut proscrit de la Bavière par son souverain (l'Électeur de Bavière, Charles Théodore, ndlr) qui prononça, en mars 1785, la dissolution de l'ordre des illuminés, le duc Ernest-Louis de Saxe-Gotha le reçut à sa cour et lui donna, outre une pension, le titre de conseiller honoraire." 
    - Le 4 juillet 1776, la déclaration d'indépendance américaine, document d’inspiration maçonnique rédigé par Thomas Jefferson, John Adams et Benjamin Franklin, est adoptée par le Congrès continental.

    1777 :
    - La grande loge prussienne Royal York constitue une loge à Munich.
    - Un de ces cercles rosicruciens allemands, celui des "Rose-Croix d’or d’ancien système" (Gold und Rosenkreutzer älteren Systems), manifeste une suprématie quantitativement indiscutable ; il se compose de neuf hauts grades et utilise des rituels passionnants pour l’historien du symbolisme. Au cours des deux années suivantes, de nombreux francs-maçons, assoiffés de mystère et d’ésotérisme, quittent leurs loges maçonniques de la Stricte Observance templière pour se rallier à ces Rose-Croix d’or d’ancien système. Le futur Frédéric-Guillaume II de Prusse est initié le 8 août 1781.

    1778 :
    - Le 30 mai, meurt, à Paris, François-Marie Arouet, dit Voltaire. Il a été initié à la franc-maçonnerie dans la Loge d'adoption des Neuf-Soeurs, le 7 avril, donc peu avant sa mort, en présence de Benjamin Franklin. On a dit, parce qu'il avait été dispensé d'une grande partie des épreuves, qu'il avait été initié avant cette date .
    - Le 8 août 1778, Pierre André de Suffren de Saint-Tropez (chevalier de Malte et membre de la loge L'Olympique de la Parfaite Estime en 1786), commandant Le Fantasque, force un barrage anglais, pénètre dans la baie de Newport et détruit cinq frégates, deux corvettes, et un brick, ce qui lui vaut les félicitations de l'amiral Charles Henri d'Estaing (qui sera également membre de la loge L'Olympique de la Parfaite Estime).

    1779 :
    - Gaspard Monge, mathématicien, est l'orateur de "L'Union Parfaite du Corps du Génie" où il a été initié, puis il sera membre, entre autres, de la loge militaire, L'Union parfaite, de Mézières.
    - Franc-maçonnerie en Russie.
    - 27 décembre, le vicomte François Anne de Chefdebien d'Aigrefeuille, consul de Narbonne, et ses fils, dont cinq sont chevaliers de l’ordre de Malte, créent le Rite Primitif de Narbonne qui serait à l'origine des Philadelphes, société ésotérique et mystique, inspirée par les mythes de l’Antiquité égyptienne, fondée le 19 avril 1780. La loge accueille dès l'origine plusieurs personnalités étrangères : le Dr Giraud, médecin personnel du roi de Sardaigne, le comte Szapary, chancelier de l'empereur d'Autriche, et Messmer, inventeur du "magnétisme universel". Le rite des Philadelphes, après avoir connu son heure de gloire dans les années 1780, décline et rejoint le Grand Orient de France, en 1806. Plusieurs obédiences entretiennent cependant la filiation philadelphe, notamment la Grande Loge française de Memphis-Misraïm, fondée en 1960.

    1781 :
    - Autriche, l’empereur Joseph II, lui-même initié, reconnaît la franc-maçonnerie.
    Antoine Court de Gébelin, pasteur protestant et franc-maçon installé à Paris, fait paraître le huitième volume de son Monde primitif, une sorte d’encyclopédie assez fantaisiste. Un chapitre traite des origines du tarot : dans ce jeu, venu d’Italie et pratiqué en France depuis le XVIe siècle, le "savant antiquaire" n’hésite pas à voir des hiéroglyphes égyptiens formant unLivre de Thot. Il mêle les thèmes divinatoires et symboliques, évoquant la 
    [ltr]kabbale[/ltr]
     et les 
    [ltr]bohémiens[/ltr]
    .
    - 17 août : apparition du livret d'ouvrier sous la pression des corporations et de la police : il identifie l'ouvrier, enregistre ses sorties et ses entrées chez ses maîtres successifs lors de son tour de France.
    - Le 19 octobre, à Yorktown (Virginie), Jean-Baptiste Rochambeau (baron de Vimeur, membre de la loge Saint-Jean d'Écosse du Contrat Social à Paris) et La Fayette, avec l'appui de l'escadre de l'amiral De Grasse, contribuent à la victoire des troupes américaines commandées par le frère George Washington.

    1782. Sous la direction du Duc de Brunswick, le Grand Convent Général de la Franc-Maçonnerie à Wilhemsbad reconnaît le Rite écossais Rectifié, système maçonnique (créé par Willermoz en 1778) dont tout l’enseignement symbolique ne fait qu’illustrer la théosophie martinésiste, qui rejette l’origine 
    [ltr]templière[/ltr]
     et condamne la pratique de l’alchimie par les frères. "Ce convent avait pour objet de décider du sort des loges templières en opposition avec les loges martinistes. Les 
    [ltr]jésuites[/ltr]
     furent accusés de l'orientation des loges templaristes qui furent dès lors dissoutes." 

    1783 :
    - Le 19 septembre, à Versailles, devant le roi, les frères Montgolfier expérimentent avec succès leur aérostat (à bord duquel se trouvent un coq, un canard et un mouton). Jacques Montgolfier sera initié à la loge Les neuf Sœurs, à Paris, en 1784.
    - Le 21 novembre, à bord d’une montgolfière, Pilâtre de Rozier (membre de la loge Saint-François du Parfait Consentement de la Grande Loge de Clermont) et le marquis d'Arlandes effectuent le premier voyage aérien, à Paris, du château de la Muette à la Butte aux cailles.

    1784 :
    - 14 décembre, Mozart est initié à la franc-maçonnerie au sein de la loge La Bienfaisance . Il devient rapidement Maître en avril 1785. Il écrit plusieurs œuvres pour ses frères maçons, dont la Maurerische Trauermusik (musique funèbre maçonnique) et la Flûte enchantée (1791) qui est une description de l’initiation à la franc-maçonnerie.
    - Le 24 décembre, à Lyon, Joseph Balsamo, dit Cagliostro, fonde la Loge La Sagesse Triomphante (Ordre Maçonnique Hermétique/Maçonnerie égyptienne).

    1785 :
    - 23 mars : la loge "Amitié" de Bordeaux, refuse plusieurs demandes d'adhésions d'ouvriers et gens de métier.
    - Lors du convent de Paris, le baron Gleichen déclare, citant des sources Rose-Croix, que les maçons "seraient venus en Angleterre sous le 
    [ltr]roi Arthur[/ltr]

    [ltr]"[/ltr]
    . Un écrit de la loge de Saint Louis des Amis Réunis à Calais indique que l'on donnait autrefois le grade de "Chevalier de la Table Ronde du Roi Arthur" dans un rituel primitif de cette loge. L'usage d'une Table Ronde serait indispensable à certains travaux de hauts grades du Rite écossais.
    - 1er août, départ de l’expédition scientifique et commerciale du comte de La Pérouse (initié à la loge L'Heureuse Rencontre à Brest) : les 2 bateaux, la Boussole et l’Astrolabe, ont été aménagés spécialement (ils seront aperçus pour la dernière fois aux Nouvelles Hébrides en janvier 1788, par un capitaine britannique)

    1786 : Le Grand Orient adopte le Rite français en 7 degrés : le modèle est fixé pour les trois premiers degrés en loge bleue qui connaissent une forte influence anglaise en distinction toujours des rites écossais.
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    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Empty Re: Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme

    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:32

    Les rites maçonniques

    Le terme de rite ne concerne pas seulement la maçonnerie dite bleue (celle des trois grades: apprenti, compagnon et maître), car à celle-ci se superpose une maçonnerie dite de perfectionnement, c’est-à-dire de hauts grades, lesquels sont en nombre variable selon les rites. Chaque rite développe une symbolique ou une vision du monde qui lui est particulière.
    Parmi les nombreux rites maçonniques qui ont vu le jour à partir du XVIIe siècle figurent le rite d’York (début du XVIIIe siècle), le rite écossais rectifié (fondé en France en 1782), le rite français (1786), le rite écossais ancien et accepté (1801) et le rite écossais (fondé en Belgique en 1962).

    Dans le rite d’York, les membres sont nommés "maçons de l’Arche royale" et passent successivement par 4 grades ; l’étape suivante est celle des "maçons royaux et élus" qui passent par 3 grades successifs ; la dernière étape est celle des "chevaliers de l’Ordre du Temple".

    Le rite écossais ancien et accepté, formé à Charleston (Caroline du sud) en 1801 et adopté par la Grande Loge de France, comporte 33 grades comprenant 3 degrés.
    En France, pendant tout le XIXe siècle, l'expression "Rite écossais" désignait l'ensemble des ateliers du Suprême Conseil de France par opposition à ceux du Grand Orient de France qui pratiquaient très majoritairement le Rite français.

    Le Rite Français est pratiqué par différentes obédiences maçonniques dont le Grand Orient de France où il est majoritaire à 80% mais également : à la Grande Loge Nationale Française, à la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, à la Grande Loge Mixte de France, à la Loge Nationale Française, etc.
    En 1973, le GODF a remis la patente du Rite Français à la Grande Loge Féminine de France ; l'obédience féminine a développé une version du rite français adaptée à ses spécificités.




    1788 : constitution du Rite de Misraïm par Cagliostro. Le 16 avril 1791, Joseph Balsamo, comte de Cagliostro, sera condamné par l’
    [ltr]Inquisition[/ltr]
     romaine à la prison perpétuelle pour sacrilège, hérésie, 
    [ltr]démonisme[/ltr]
     et complot. Il mourra le 28 août 1795 dans la forteresse Saint-Léon. On dit qu'il a été étranglé sur l’ordre du pape
    [ltr]Pie VI[/ltr]
    .

    1789 :
    - Le Grand Orient de France contrôle 60 loges à Paris, 448 en province, 40 dans les colonies, 19 à l’étranger et 68 dans l'armée royale, l’ensemble regroupant quelque 70.000 francs-maçons (la plupart nobles ou bourgeois, riches et cultivés). Les loges sont l’ossature des clubs révolutionnaires.
    - Le 4 mars, George Washington (initié le 4 novembre 1752 dans la loge de Fredericksburg en Virginie) est élu à l’unanimité par le collège électoral comme premier Président des États-Unis.
    - Le 23 juin, à Versailles, le roi ayant déclaré "nulles, illégales et inconstitutionnelles" les délibérations du Tiers, le marquis de Dreux-Brézé ordonne, de par le roi, aux membres de l’Assemblée de se séparer : Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (reçu en 1783 à la loge Les Neuf Soeurs de Paris), répond : « (…) nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes » et les députés, unanimes, s’écrient : « Tel est le vœu de l’Assemblée ». A la fin de l’année, Mirabeau, jouant double jeu, deviendra le conseiller secret du roi qui lui versera des sommes considérables.
    - Début juillet, enfermé à la Bastille, Donatien Alphonse François, comte de Sade dit marquis de Sadeameute le peuple en criant par la fenêtre de sa cellule qu’on égorge les prisonniers (il est transféré à Charenton peu avant le 14 ; en vertu du décret de l’Assemblée nationale abolissant les lettres de cachet, il est libéré le 2 avril 1790 ; il est initié vers 1791 dans la loge Les amis de la liberté ; arrêté comme suspect en décembre 1793, il est sauvé de l’échafaud par la chute de Robespierre et remis en liberté le 15 octobre 1794 ; en 1801, le Consulat, le fait arrêter en tant qu’auteur d’ouvrages obscènes et incarcérer à Sainte-Pélagie, puis à Bicêtre ; en 1803, considéré comme fou, il est interné à la maison de santé de Charenton où le théâtre devient sa principale distraction et où il meurt le 2 décembre 1814)
    - Le 11 juillet, le frère La Fayette présente son projet de "Déclaration des droits naturels de l’homme vivant en société" élaboré avec son ami Thomas Jefferson (ambassadeur des États-Unis en France) et inspiré de la déclaration d'Indépendance américaine.
    - Le 17 juillet, le roi Louis XVI reconnaît les nouvelles autorités parisiennes : le maire Bailly (membre de la loge parisienne Les Neuf Sœurs) et le commandant de la garde nationale La Fayette.
    - Le 26 août, l'Assemblée adopte la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" dont le frère Sieyès est l’un des rédacteurs.
    - Le 9 novembre, le Grand Orient invite ses membres "à enseigner les devoirs nouveaux et à tirer des événements la leçon qu’ils comportent".
    - Le 30 novembre, sur proposition du député corse Salicetti, l’Assemblée décrète que "l’île de Corse fait partie de l’empire français et que ses habitants sont régis par la même constitution que les autres Français" tous les Corses forcés de s’expatrier pour avoir défendu leur liberté pourront regagner l’île sans être inquiétés. L’acte de 1768 est effacé en dépit de la protestation génoise ; la Corse est vraiment française en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; Pasquale Paoli (initié franc-maçon, le 15 juin 1778, au sein de la Loge Les Neuf Muses n° 325 de Londres), rappelé de son exil londonien, est reçu en triomphateur à Paris comme un martyr de la liberté ; il rentrera en Corse en juillet 1790.

    1791 :
    - Le 21 juin, Louis XVI est arrêté à Varennes en Argonne (Meuse) ; c’est le 20, vers minuit, que le roi Louis XVI, en compagnie de sa famille et de la gouvernante de ses enfants, a quitté subrepticement Paris pour rejoindre, à Metz, le camp du marquis de Bouillé et y attendre les secours de l’empereur Léopold ; la fuite aurait été organisée par l’amant de la reine, le comte de Fersen, colonel du Royal Suédois et membre de la loge L’Olympique de la Parfaite Estime.
    - Le 24 juin, les francs-maçons noirs américains, réunis à Boston, constituent l'African Grand Lodge of North America ; Prince Hall (mulâtre né d'un marchand de cuir anglais et d'une esclave affranchie venue des colonies françaises, et initié en 1775 au sein de la Military Lodge 441 attachée à l'armée britannique stationnant à Boston) est élu grand-maître à l'unanimité ; il le restera jusqu'à sa mort en 1807. 
    - L’abbé Fiard dans Lettres sur le diable puis dans La France trompée par les magiciens et démonolâtres du XVIIIe siècle, fait démontré par des faits (1803) accuse les jacobins et francs-maçons d’être possédés du 
    [ltr]diable[/ltr]
    .

    Les compagnonnages ont, à la fin du XVIIIe siècle, le pouvoir de "damner" une ville en la privant de la quasi-totalité de ses ouvriers. Ils sont, de ce fait, l'une des principales cibles des décrets d'Allarde et Le Chapelier (14 juin 1791) interdisant les coalitions et les corporations ouvrières.
    Sous la Révolution, et plus encore sous l'Empire, les compagnonnages sont tolérés et surveillés étroitement par la police. La conscription leur enlève d'importantes forces vives et les compagnonnages connaissent sous la Restauration une période de renouveau, malgré quelques heurts avec les autorités. Les compagnons regrettent l'Ancien Régime, sans loi d'Allarde et sans livret ouvrier. 

    1792 :
    - Le 20 mars, l'Assemblée législative adopte la 
    [ltr]machine à trancher la tête[/ltr]
    des condamnés à mort proposée par le frère Guillotin : la loi est signée par Louis XVI le 25.
    - Dans la nuit du 25 au 26 avril, à la demande du maire de Strasbourg, Philippe de Dietrich, le capitaine Claude Joseph Rouget de l'Isle (membre de la loge Les Frères Discrets, à Charleville) compose le Chant de guerre pour l'armée du Rhin qui, chanté par les fédérés marseillais à leur entrée dans Paris le 30 juillet 1792, deviendra la 
    [ltr]Marseillaise[/ltr]
    .
    - 3 septembre, Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe (reçue à la loge féminine la Candeur le 12 février 1777 puis élue grande maîtresse de la Mère Loge Écossaise le 10 janvier 1781 ), est jugée par un tribunal improvisé siégeant à la prison de la Force. Relâchée après interrogatoire, elle est massacrée dans la cour de la prison par des septembriseurs, puis, sa tête est promenée au bout d'une pique.

    1793 :
    - Le 22 février, le duc d’Orléans, Philippe Égalité, cousin du roi dont il a voté la mort, Grand Maître du Grand Orient, démissionne de la franc-maçonnerie : "Je pense qu’il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement".
    - Le 13 juillet, le jacobin député à la Convention, Jean-Paul Marat, initié en Angleterre, est poignardé dans sa baignoire par Marie Anne Charlotte de Corday d’Armont qui soutient les Girondins.
    - En août, le projet de Code civil rédigé par Jean-Jacques Régis de Cambacérès (membre de la Loge Ancienne et de la Réunion des Élus, à Montpellier puis Vénérable de la loge Saint-Jean de la Grande Maîtrise, à Paris) est rejeté. Choisi par Bonaparte comme second consul après le 18 brumaire, Cambacérès prendra une part importante à la rédaction du Code civil en 1804)
    - 18 septembre, le président George Washington, en costume maçonnique (il a été initié le 4 novembre 1752 à la loge de Fredericksburg en Virginie), pose la première pierre du Capitole. Après lui, les présidents des USA seront francs-maçons jusqu'à Gérald Ford (initié le 30 septembre 1949 à la Malta Lodge N°465 de Grand Rapids dans le Michigan).
    - Le 26 octobre, à Lyon, Georges Couthon (orateur de la Loge Saint-Maurice à Clermont-Ferrand) entame la démolition d’une maison de la place Bellecour (sur ordre de la Convention, la ville de Lyon qui s’était insurgée doit être détruite ; en tant que membre du Comité de salut public, Couthon est chargé d’organiser la répression, mais il ne peut se résoudre à appliquer le décret de la Convention et est remplacé par Collot d’Herbois et Fouché).

    Sous la Terreur (5 septembre 1793 au 27 juillet 1794), la Révolution française malmène la franc-maçonnerie : des frères sont guillotinés (notamment Jacques Danton et Jean SylvainBailly de la loge les Neuf Soeurs à Paris et Camille Desmoulins de la Loge des Maîtres à Amiens) ; la plupart des loges sont fermées.

    1794 :
    - 4 février (16 pluviôse an II) : à l'initiative de l'abbé Grégoire (membre de la loge Les Neufs Soeurs) et sur proposition des députés Vadier, Levasseur et Lacroix, la Convention nationale abolit l'
    [ltr]esclavage[/ltr]
    .
    - Le 18 novembre, sur la proposition de Joseph Lakanal, la Convention décide la fondation de 24.000 écoles primaires. Sous l'Empire, Lakanal est membre des Loges Le Point Parfait et La Triple Harmonie à Paris.

    1795 :
    - Le 16 juin, au camp de Mülheim, Louis XVIII, initié en 1784, est proclamé "roi de France et de Navarre, par la grâce de Dieu".
    - Le 21 septembre, fondation de la société d’Orange, Orange Society (futur Orange Order), société secrète, par des presbytériens du comté d'Armagh en Irlande, dans le but d'y perpétuer l'autorité britannique et la suprématie protestante en luttant contre la Société des Irlandais Unis (union de catholiques et de protestants partisans de l’indépendance) fondée en 1791. La société d’Orange tient son nom du roi Guillaume III d'Orange Nassau qui mit à bas le pouvoir politique des catholiques irlandais. Les orangistes furent accusés de fanatisme anticatholique et les autorités britanniques les obligèrent à suspendre leurs activités en Irlande en 1836. Quand le Premier ministre anglais, William Ewart Gladstone, se prononça en faveur de l'autonomie irlandaise en 1885, l'ordre reprit ses activités et devint un pôle de résistance, recrutant de nombreux nouveaux membres, particulièrement en Ulster. Les orangistes conservèrent leur influence, surtout chez les protestants d'Irlande du Nord, et des loges féminines ont même été créées. La société fête le 12 juillet l’anniversaire de la bataille de la Boyne, à l'issue de laquelle Guillaume III prit le contrôle de l'Irlande.

    Le 14 mai 1796, le médecin britannique Edward Jenner (affilié à la loge Faith and Friendship à Berkeley, Angleterre, dont il sera Vénérable) pratique la première 
    [ltr]vaccination[/ltr]
     antivariolique.

    1797 : après les victoires sur les Autrichiens à Rivoli (Vénétie), le 14 janvier, et à La Favorite aux portes de Mantoue, le 16 janvier, Bonaparte surnomme le général André Masséna (de la loge Les Vrais Amis Réunis, à l'orient de Nice) "l’enfant chéri de la victoire", surnom que des "mauvais esprits" transformeront en "enfant pourri de la victoire" à cause de ses pillages systématiques, notamment ceux des monts-de-piété.

    1798/1799 : Bonaparte, fils du frère Charles, est-il initié à Memphis (Égypte) dans la loge 
    [ltr]Isis[/ltr]
     qu'il a lui-même créée ?

    1799 :
    - 21 mai, le Grand Orient et la Grande Loge de Clermont fusionnent en Grand Orient de France (Napoléon placera son frère Joseph à sa tête en 1804). 
    - 10 juin, mort de Joseph Boulogne, chevalier de Saint-Georges, le "Voltaire de la musique" (né à la Guadeloupe, fils d’une 
    [ltr]esclave[/ltr]
     et d’un planteur, escrimeur, poète et violoniste, il est le premier noir franc-maçon de France et le premier noir compositeur de musique occidentale).
    - 20 juillet, Joseph Fouché, initié à la loge Sophie Madeleine, Reine de Suède à Arras, est nommé ministre de la Police par le Directoire.

    Le 31 août 1800, dans le Golfe du Bengale, le corsaire Robert Charles Surcouf [initié en 1796, à la loge La Triple Espérance, à Port-Louis (Ile Maurice) et membre, en 1809, de La Triple Essence, à Saint-Malo] prend le Kent, un énorme vaisseau britannique de la Compagnie des Indes armé pour la guerre.

    De 1801 à 1854, des rixes sanglantes ont lieu entre les 
    [ltr]compagnons des 3 rites[/ltr]
    .

    1801 :
    Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon, reçu 
    [ltr]louveteau[/ltr]
     à 17 ans, à la loge La Paix de Toulon, devient Grand Maître de la Grande Mère Loge de Westphalie. Il sera roi de Westphalie de 1807 à 1813.
    - Joseph Jérôme de Lalande, directeur de l'Observatoire de Paris en 1793, publie le premier répertoire valable des étoiles (environ 50.000). Il est le premier vénérable de la loge Les Neuf Soeurs à Paris.
    - 4 octobre : par l'arrêté du 12 vendémiaire an X, Bonaparte chasse la secte théophilanthropique de tous les édifices publics (le culte sera interdit en tout lieu en mars 1803). Le fondateur de la 
    [ltr]théophilanthropie[/ltr]
    , Jean-Baptiste Chemin-Dupontes (1760-1852), retourne alors à la franc-maçonnerie (en 1815, il sera vénérable de la Loge des Sept Écossais réunis).

    1802 : Pierre Jean Georges Cabanis (de la Loge Les Neuf Soeurs à Paris) publie le traité des Rapports du physique et du moral de l'homme.

    1804 :
    - 21 mars (30 ventôse an XII) : promulgation du Code Civil initié par le premier consul, rédigé par 4 magistrats : Tronchet, Bigot de Préameneu, Malleville et Portalis (Vénérable de la loge L'Étroite Persévérance des Amis Réunis) et à l’élaboration duquel le ministre de la justice, le frère Cambacérès, a participé.
    - 5 mai, des Compagnons ouvriers, les indiens, créent une société clandestine, appelée "Devoir de Liberté", qui regroupe tous les compagnons qui ne se reconnaissent pas dans le catholique "Saint devoir de Dieu".
    - 21 mai, ouverture du cimetière de l’Est, dit du Père-Lachaise, conçu par le frère Alexandre Théodore Brongniart, l'architecte de la Bourse.
    - Le mathématicien, astronome et physicien Pierre-Simon Laplace est membre du collège des grands officiers du Grand Orient de France.
    - 21 septembre, fondation du Suprême Conseil de France dont Auguste de Grasse-Tilly est le Souverain Grand Commandeur.
    - 22 septembre, dans le local de la loge Saint-Alexandre d’Écosse est constituée une Grande Loge Générale Écossaise du Rite ancien et accepté : Louis Bonaparte est investi de la dignité de Grand Maître et de Grasse devient son député.
    - 27 novembre, Joseph Bonaparte (initié à la loge La Parfaite Sincérité de Marseille) est Grand Maître du Grand Orient et son frère cadet Louis Bonaparte est Grand-Maître adjoint.
    - 3 décembre : les commissaires du Grand Orient de France et de la Grande Loge Générale Écossaise, réunis chez le maréchal Kellermann, entérinent et signent un Acte d’Union et Concordat qui unit les deux obédiences, et définit un nouvel Ordre maçonnique destiné à administrer de manière cohérente les différents degrés, allant du 1er au 33e, des deux obédiences  ; finalement, le Grand Orient reçoit le Rite écossais dans son sein .
    - Napoléon encourage la création de loges dans ses armées.

    1805 :
    - Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord est initié à la Loge impériale des francs chevaliers à Paris. Il restera apprenti toute sa vie.
    - Le 21 octobre, à Trafalgar, les 27 navires de l’amiral anglais Horatio Nelson (de la loge Union Lodge York 331), qui meurt atteint par un éclat d’obus, détruisent la flotte franco-espagnole commandée par l’amiral Villeneuve (18 vaisseaux sur 33 sont coulés ; Villeneuve est fait prisonnier) : 3.400 français, 1.000 espagnols et 450 anglais ont péri.
    - Le 11 novembre, Simon Bolivar, le futur "libertador" de la Colombie, reçoit, à Paris, le grade de Compagnon dans la loge Saint-Alexandre d'Ecosse. Cet ami de La Fayette aurait été initié à la franc-maçonnerie à Cadix (Espagne).

    1806 :
    La Fayette est Vénérable de la loge Les Amis de la Vérité de Rosoy.
    - Le 5 juin, Louis Bonaparte, frère de Napoléon, est proclamé roi de Hollande ; adjoint au Grand maître du Grand Orient, il est remplacé par Cambacérès qui prendra la direction de toutes les obédiences.
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    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Empty Re: Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme

    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:33

    Charbonnerie ou carbonarisme

    S'il faut en croire Benoist Malon (Histoire du socialisme), au XIe siècle, en Lorraine, un moine de Sarrebruck, nommé Théodebald, fonde une association secrète composée exclusivement de charbonniers et de bûcherons. Cette société a pour but d'obtenir "que les affaires publiques fussent réglées d'après la volonté du suffrage de tous", et d'arriver ainsi à fonder ce que Théodebald nomme "l'Etat démocratique égalitaire", sur le modèle des premières communautés chrétiennes qui acceptaient aussi les esclaves. Jésus est le grand-maître honorifique de cette association dont les affiliés sont divisés en groupes appelés "ventes" et dirigés par une "Vente Suprême ou Haute Vente". Le mot d'ordre est "Espérance et Foi". 

    La Charbonnerie tire son nom des rites d'initiation des forestiers (rituels forestiers) fabriquant le charbon de bois à l'origine dans le Jura et en Franche-Comté. Ces sociétés de "bons cousins charbonniers" sont très antérieures au phénomène politique du carbonarisme italien et de la charbonnerie française. Issues de l'ancienne corporation du métier de charbonnier, ces associations usent de signes secrets de reconnaissance et favorisent l'hospitalité et l'entraide. Chaque section locale d'une société des "bons cousins" s'appelle une "vente" (vendita en italien). La tradition particulière du Compagnonnage charbonnier se réfère à la figure de Saint Thibaut (Thibaud, Thibault, Théobald ou Théodebald) de Provins ou de Champagne, fils d'un noble champenois, ermite pèlerin qui, de sa ville natale de Provins parcourut la France, l'Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse pour finir par Rome et l'Italie (prêtre camaldule à Vicence en Vénétie) faute de ne pouvoir aller aux lieux-saints, mort en 1066 et fêté le 30 juin. Ce courant s'apparente au courant érémitique des camaldules et de leurs cousinages franciscains ensuite. Comme tous les compagnonnages au Moyen Âge, il est lié à la pratique du pèlerinage de 
    [ltr]Compostelle[/ltr]


    Au XIIIe siècle, le nom de "carbonari" est donné à des conspirateurs guelfes, favorables au pouvoir pontifical, lesquels, afin d'échapper à la surveillance des gibelins, se réunissent dans des cabanes de charbonniers au milieu des bois.

    Le carbonarisme (ou la charbonnerie) reparaît dans les premières années du XIXe siècle, et est considéré comme une des ramifications de la franc-maçonnerie à laquelle il emprunte en grande partie son symbolisme et son rituel initiatique.
    En 1814, une petite ville de l'Abruzze Citérieure, Lanciano, compte à elle seule 2.000 carbonari armés.
    On dit que le roi de Naples, Ferdinand, et la reine Caroline, se servent des républicains ainsi enrégimentés sous la conduite de Campo Bianco, pour tenter de chasser Murat et les Français, puis les désavouent.
    De 1806 à 1815, la première phase de la charbonnerie est caractérisée par l’éclosion de "fraternités", sociétés d’entraide créées par des militaires.




    Le 24 novembre 1807 meurt à Burlington, en Ontario, le chef 
    [ltr]mohawk[/ltr]
     Joseph Brant (Thayendanegea). Il fut le plus célèbre des chefs de guerre des Cinq Nations iroquoises qui combattirent pour parer à l'avance des Européens. Il décida ensuite de combattre aux côtés des Anglais dans la guerre de la Révolution après la mission d'information en Angleterre. Cet intellectuel était aussi fin stratège militaire que traducteur de documents religieux (missionnaire pour l'Église d'Angleterre auprès des Mohawks). Reçu franc-maçon, en 1776, à la Hiram Cliftonian Lodge en Grande-Bretagne, il fonda, en 1798, la Brantford Lodge n°31.

    1808 :
    - Le 22 mai, le pape 
    [ltr]Pie VII[/ltr]
     lance une circulaire interdisant aux espagnols de prêter serment "à un gouvernement (celui de la France) protecteur de toutes les sectes et de tous les cultes sans en excepter la 
    [ltr]religion juive[/ltr]
    , cette implacable ennemie de Jésus-Christ, un gouvernement dont les constitutions, les lois et les actes respirent l’indifférentisme, le système le plus injurieux, le plus opposé à la religion catholique".
    - Le 30 juin, un cardinal espagnol résidant à Rome écrit à l’archevêque de Grenade pour l’exhorter à la lutte contre ce roi Joseph qui est "un franc-maçon, hérétique, luthérien, comme sont tous les Bonaparte et la nation française".
    - Napoléon Ier autorise Raymond de Fabré-Palaprat (autoproclamé Grand Maître sous le titre de Monseigneur Bernard Raymond), un illuminé, à reconstituer l’Ordre du Temple et à organiser des cérémonies. Quelques maçons, convaincus de l’origine commune des 2 institutions, le rejoignent.
    - Au Congrès d'Erfurt (27 septembre au 14 octobre) Napoléon décore de la Légion d'honneur, Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) ; celui-ci a été initié à la Loge Amalia zu den drei Rosen à Weimar en 1780.

    1809 :
    - le Grand Orient d’Italie (Milan) et le Grand d’Orient de Naples se réunissent.
    Charles XIII, roi de Suède de 1809 à 1818, crée l'Ordre qui porte son nom ; il est destiné à récompenser la vertu et les traits de bienfaisance, et n'est conféré qu'aux sujets suédois qui appartiennent à la franc-maçonnerie.

    1810 :
    - 21 mai, Londres, mort de Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d'Éon de Beaumont, dit le Chevalier d'Éon (initié à la loge L'Immortalité de Londres puis membre de la Loge Les Amis Réunis à Tonnerre), espion célèbre qui se déguisait en femme.
    - Christian Friedrich Samuel Hahnemann (initié à la Loge Sankt Andrea zu den drei Seeblattern à Hermanstadt en Transylvanie) publie son ouvrage Organon der Heilkunst dans lequel il explique la théorie de l'homéopathie.

    1813 : après des scissions, l’acte d’Union donne à la Grande loge Unie d’Angleterre ses statuts, à caractère religieux, qu’adopteront les loges du monde entier.

    1814 :
    - Par un édit du 24 mai 1814, Ferdinand VII d’Espagne fait fermer les loges et déclare la maçonnerie "crime d'état"Après sa restauration, en 1824, il renouvelle cet édit, menaçant de la peine de mort tout maçon qui ne fera pas sa déclaration et sa soumission dans le délai d'un mois.
    - 29 mai : mort de Joséphine Tascher de la Pagerie, épouse du général de Beauharnais, puis de Napoléon Bonaparte. Elle raviva la Maçonnerie d'Adoption dont elle était la Grande Maîtresse.
    - 18 novembre : le Grand Orient reprend l'entier exercice de ses droits sur le Rite Ecossais Ancien Accepté, aussi bien sur la dogmatique que sur l'administration, droits qu'il n'avait jamais abandonnés : le Suprême Conseil est alors reconstitué au sein du Suprême Conseil des Rites, ancêtre direct du Grand Collège des Rites.

    1815 :
    - En avril, à Montauban : Constitution du Rite de Memphis par des frères ayant suivi Napoléon en Égypte.
    - 18 juin, à Waterloo, au sud de Bruxelles, les troupes anglo-hollandaises d'Arthur Wellesley, duc de Wellington (initié en 1790 à la loge Lodge at Trim n°494 en Irlande), et les troupes prussiennes de Gebhardt Lebrecht von Blücher (de la Loge Archimedes à Altenburg) remportent la victoire décisive sur l’armée de Napoléon Ier.
    - 26 août, le Suprême Conseil du 33e degré pour la France consacre l’indépendance du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
    - Le 7 décembre, à Paris, le maréchal Michel Ney (initié en 1801 à la loge Saint-Jean de Jérusalem de Nancy), condamné par le Chambre des Pairs, est fusillé (certains prétendent qu'il ne l'a pas été).
    Autres maréchaux francs-maçons : Suchet, Serurier, Beurnonville, Masséna, Lefebvre, Mortier...

    1817 :
    - Portugal, échec d’une conspiration soutenue par la charbonnerie et la franc-maçonnerie.
    James de Rothschild (1792-1868), franc-maçon qui aurait fait partie des hauts grades (33° degré du Conseil suprême français), s’installe définitivement à Paris, sous la raison sociale de Rothschild frères. Son frère, Nathan Meyer Rothschild (1777-1836), établi à Londres, a été initié, en 1802, à la Loge londonienne Emulation N°21.

    Le 11 octobre 1818, le duc Decazes (qui, en tant que souverain grand-commandeur, reconstituera le Suprême Conseil de France en 1821) envoie aux préfets une circulaire autorisant les réunions maçonniques (Louis XVIII est franc-maçon comme le futur Charles X son frère).

    1820 :
    - Dans la nuit du 13 au 14 février : assassinat du duc de Berry (fils de Charles X et neveu de Louis XVIII) poignardé par Louis Louvel, ouvrier républicain, alors qu’il sort de l’Opéra. Il meurt le 14 à 6 heures. Il était membre de la loge La Trinité.
    - 9 juillet : insurrection militaire des carbonari dans le royaume de Naples (Nola, Avellino et Naples). La révolte de Nola oblige Ferdinand Ier à accorder une constitution libérale au royaume de Naples et à prendre pour Premier ministre le chef de l’insurrection, le général Guglielmo Pepe. Les troupes du général Guglielmo Pepe seront vaincues par les Autrichiens à Rieti le 7-3-1821 et le souverain légitime restauré à Naples.
    - En décembre, La Fayette participe au premier complot de la charbonnerie (imitation du carbonarisme italien, importé de Naples en 1820 par Joubert et Dugied). Cette société secrète rassemble républicains et bonapartistes hostiles aux Bourbons. Les objectifs de la Charbonnerie sont l’indépendance nationale et la monarchie constitutionnelle. Des francs-maçons, notamment La Fayette, sont initiés.

    1821 :
    - 8 avril, intervention des troupes autrichiennes contre l’insurrection libérale piémontaise qui est vaincue à la bataille de Novare ; l’Ancien régime est restauré par Charles-Félix, duc de Modène ; la répression s’ensuit : Silvio Pellico, Federico Confalonieri et des milliers de libéraux et de carbonari sont arrêtés ou fuient le pays.
    - 13 septembre : encyclique Ecclesiam a Jesu Christo de 
    [ltr]Pie VII[/ltr]
    contre les sociétés secrètes et notamment celle des carbonari : "Personne n'ignore quel nombre prodigieux d'hommes coupables se sont ligués dans ces temps si difficiles contre le Seigneur et contre le Christ, et ont mis tout en œuvre pour tromper les fidèles par les subtilités d'une fausse et vaine philosophie, et pour les arracher du sein de l'Église, dans la folle espérance de ruiner et de renverser cette même Église. Pour atteindre plus facilement ce but, la plupart d'entre eux ont formé des sociétés occultes, des sectes clandestines, se flattant par ce moyen d'en associer plus librement un plus grand nombre à leurs complots et à leurs desseins pervers. (...) arrêtons et décrétons que la susdite société des Carbonari, ou de quelque autre nom qu'elle soit appelée, doit être condamnée et prohibée..."

    En janvier 1822 à Belfort et en février à Saumur, des complots d’officiers affiliés à la charbonnerie échouent.
    Le 24 février, Berton, général à la retraite, qui dirige les "ventes" (sections de 20 membres) de l'Ouest, à la tête de 150 hommes, s'empare de Thouars où il établit un gouvernement provisoire. Il échoue devant Saumur et se dirige alors vers La Rochelle (Laleu) où l’arrestation des 4 jeunes sergents charbonniers l'oblige à se cacher. Arrêté par un traître, il est condamné à mort par la Cour royale de Poitiers et exécuté le 5 octobre. Les 4 sergents de la Rochelle, condamnés pour conspiration contre la monarchie, ont été exécutés en place de Grève le 21 septembre.

    Le 2 décembre 1823, devant le Congrès des Etats-Unis, le président James Monroe (initié en 1775, à 18 ans, à la Loge Williamsburg Lodge 6, de Williamsburg en Virginie) énonce sa doctrine en matière de politique étrangère américaine : il condamne toute intervention européenne sur le continent américain (notamment les activités coloniales), écarte toute intervention américaine en Europe, mais autorise l’intervention américaine sur tout le continent américain.

    En 1824, Thomas de Quincey publie dans London Magazine un article intitulé Historico-Critical Inquiry into the origins of the Rosicrucians and the Freemasons où il indique que la franc-maçonnerie n’est ni plus ni moins que le rosicrucianisme modifié par ceux qui l’ont introduit en Angleterre.

    Le 23 novembre 1825, deux carbonari sont décapités à Rome : Leonida Montanari pour avoir offensé publiquement le pape et Angelo Targhini pour avoir blessé un espion du Vatican.

    1826 :
    - Le 13 mars, la lettre apostolique Quo graviora de 
    [ltr]Léon XII[/ltr]
     condamne la société des francs-maçons et les autres sociétés secrètes : "Si quelqu'un (ce qu'à Dieu ne plaise) était assez endurci pour ne pas abandonner ces sociétés dans le temps que Nous avons prescrit (1 an), il sera tenu de dénoncer ses complices, et il sera sous le poids des censures s'il revient à résipiscence après cette époque ; il ne pourra obtenir l'absolution qu'après avoir dénoncé ses complices, ou au moins juré de les dénoncer le plus tôt possible..."
    - A Serrières, Philippe Suchard, membre de la Loge maçonnique La Bonne Harmonie à Neuchâtel, crée la première fabrique de chocolat en Suisse.
    - Le 11 septembre, disparition du journaliste William Morgan (il quitta la loge La Branche d’Olivier à Batavia, après avoir été rejeté d'un chapitre des hauts grades maçonniques, et publia, sous le titre Free-masonry exposed and explained, un livre dans lequel il révélait les secrets de la mystérieuse institution et reproduisait les rituels maçonniques) ; les loges font l’objet d’attaques virulentes aux États-Unis : on accuse les frères d'avoir enlevé Morgan à Batavia (État de New York) et de l'avoir noyé dans la rivière Niagara. Un monument à sa mémoire est érigé dans le vieux cimetière de Batavia ; sur le socle est gravée l'inscription suivante : "Sacred to the memory of William Morgan, a native of Virginia, a captain in the war of 1812, a respectable citizen of Batavia, and a martyr to the freedom of writing, printing and speaking the truth. He was abducted from near this spot in the year of 1826, by Freemasons, and murdered for revealing the secrets of their order. The court records of Genesee County, and files of the Batavia Advocate, kept in the recorder's office, contain the history of the events that caused the erection of this monument, September 13, 1882. The bane of our civil institutions is to be found in Masonry, already powerful and daily becoming more so. I owe to my country an exposure of its dangers." 
    Suite à la vague d'antimaçonnisme qui s'ensuit, le Parti antimaçonnique est créé, de nombreux frères démissionnent et la Grande Loge de New York passe de 500 à 65 loges entre 1826 et 1846.

    1828 : Philippe Buonarroti (1761-1837) écrit Histoire de la Conspiration de l’égalité. Franc-maçon, ce Toscan est affilié aux Illuminés de Bavière. Admirateur de Rousseau et enthousiasmé par la Révolution, il accourt en France où Robespierre le charge de former des agitateurs révolutionnaires pour l’Italie. Arrêté à Menton comme robespierriste après le 9 Thermidor et transféré à Paris, Buonarroti se lie en prison avec Babeuf ; le premier croit en l’Être suprême et continue à vénérer l’Incorruptible ; le second, antirobespierriste, fait profession d’athéisme. Ils deviennent pourtant inséparables. Condamné à la déportation, Buonarroti voit sa peine commuée en de nombreuses années de détention puis de résidence surveillée. En 1806, Fouché, qui continue de protéger les babouvistes, obtient pour lui le droit de se fixer à Genève ; Buonarroti y retrouve le jeune frère de Marat et y commence une nouvelle activité clandestine de révolutionnaire. Durant les trente dernières années de sa vie, sous le couvert de la franc-maçonnerie (il fonde successivement les loges des Sublimes Maîtres Parfaits et de la Charbonnerie française), il organise sans relâche des réseaux de sociétés secrètes à travers la France et l’Italie, et même à travers toute l'Europe. Trait d’union entre la révolution démocratique de Robespierre et la révolution sociale de Babeuf, Buonarroti est aussi le trait d’union entre l’ancienne maçonnerie des Lumières et le carbonarisme dont il est l’un des créateurs et des chefs secrets. Il exercera une influence sur le jeune Blanqui, de l’aveu de ce dernier. Changeant de séjour pour déjouer les polices, de Genève à Bruxelles et de Bruxelles à Paris (où il mourra), il est le premier révolutionnaire professionnel.

    Le 13 avril 1829, au Royaume-Uni, toutes les mesures discriminatoires envers les catholiques (depuis 1673) sont abrogées par le Roman Catholic Relief Act obtenu par le député irlandaisDaniel O'Connell (1775-1847) pourtant exclu de l'Eglise parce que franc-maçon.

    1830 :
    - En juillet, Giuseppe Mazzini, patriote et révolutionnaire italien, exilé en France, fonde à Marseille le mouvement "Jeune Italie" (Giovine Italia) qui compte bientôt des sections dans de nombreuses villes italiennes. Il avait rejoint en 1827 la société révolutionnaire des Carbonari, mais il l’abandonna la trouvant inefficace. Il deviendra Grand Maître du Grand Orient d'Italie.
    - La rue d’Artois est débaptisée par les émeutiers et devient rue Laffitte. On ne peut séparer la carrière éblouissante du banquier Jacques Laffitte (1767-1844) de son appartenance à la franc-maçonnerie [il aurait été également charbonnier, ndlr], pas plus que son rôle important lors des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet), révolution libérale et maçonne s'il en est.
    - Henri Beyle dit Stendhal (de la loge Sainte-Caroline à Paris) publie Le Rouge et le Noir.
    - 11 décembre, échec de la "Conspiration de Saint-Pierre" projetée par la carbonaria contre le pouvoir temporel du pape ; les conjurés sont arrêtés par la gendarmerie pontificale ; Louis-Napoléon est expulsé de Rome.

    1831 :
    - 31 mai : enterrement d'Henri Grégoire, dit l’abbé Grégoire, des milliers d’étudiants et d’ouvriers rendent hommage à l’homme de liberté qu’il fut.
    Grégoire est député du clergé aux Etats généraux de 1789. Dès le 19 juin, il siège avec le tiers état. Contre tous les privilèges, il est partisan du suffrage universel et il est parmi les premiers à prêter serment à la constitution civile du clergé. Evêque constitutionnel de Blois, il est élu à la Convention. Il fait reconnaître aux 
    [ltr]Juifs[/ltr]
     leurs droits civils et politiques et multiplie les écrits favorables aux Noirs. Il préconise au sein du comité d’instruction publique l’imposition de la langue française dans toutes les provinces. Il invente l’expression "vandalisme révolutionnaire". Il est encore membre de l’Institut, du Conseil des Cinq-Cents, du Corps législatif. Il devient sénateur en 1801. Il tente d’organiser l’Eglise 
    [ltr]gallicane[/ltr]
    . Il en arrive à refuser le
    [ltr]Concordat[/ltr]
    et à renoncer à son évêché. Il se réfugie dans l’opposition à l’Institut de France qu’il a contribué à fonder. En vain, Napoléon l’accable d’honneurs : titre de comte d’Empire, grade de commandeur dans la Légion d’honneur, auquel il renonce publiquement en 1828. Il se prononce pour la déchéance de Napoléon Ier (cette attitude ne lui vaudra pas la reconnaissance de la Restauration, puisqu’elle fera invalider son élection en tant que député de l’Isère en 1819). Il voyage beaucoup et poursuit sa double obsession : la réunion des communions chrétiennes, déjà annoncée dans son Projet de réunion de l’Église russe à l’Église latine (1799), et la liberté des hommes de couleur, qui motive son pathétique appel anti-esclavagiste au Congrès de Vienne en 1815. Peu lui importent les épithètes de franc-maçon (il a fréquenté naguère la loge des Neuf Sœurs à Paris) ou de 
    [ltr]janséniste[/ltr]
    , que lui vaut son amour des ruines de Port-Royal. Jamais il n’acceptera la calomnie de régicide, dont on le salit ouvertement, lors de son élection dans l’Isère en 1819. Chacun sait, pourtant, qu’il était en mission à l’armée du Mont Blanc, au moment du procès de Louis XVI, et qu’il avait rayé les mots "à mort" dans sa lettre à la Convention. Il refuse, sur son lit de mort, de rétracter le serment constitutionnel. Le contre-révolutionnaire abbé Guillon, séduit par cet esprit aussi intransigeant qu’attachant, lui accorde les derniers sacrements, malgré l’interdiction de l’archevêque de Paris.

    Le 23 février 1833, la Grande Loge d'administration des Pays-Bas méridionaux devint le Grand Orient de Belgique.

    1836 :
    - Le 25 février, le premier revolver à barillet du frère Samuel Colt (1814-1862), son fameux "six coups", est breveté (brevet n°138).
    - Le 6 mars, le frère David De Crocketagne, dit Davy Crockett, et ses compagnons meurent héroïquement en défendant Fort Alamo contre les troupes mexicaines.
    - Fondation en Guadeloupe d’une loge des Disciples de Hiram.

    En 1838, les évêques belges condamnent la franc-maçonnerie et interdisent aux catholiques d’y participer ; Léopold Ier (George Chrétien Frédéric Saxe Cobourg Gotha), qui aurait été initié la Loge bernoise Zur Hoffnung 1813, juge cette initiative extrêmement dangereuse.

    1839 :
    - 12 mai : émeutes républicaines à Paris suscitées par Armand Barbès et Louis Auguste Blanqui (membre du groupe français des carbonaristes, société révolutionnaire secrète, il a soutenu Louis-Philippe au début de son règne). Blanqui, accusé d’avoir préparé une insurrection, est arrêté.
    - Paris, Agricol Perdiguier, compagnon menuisier dit Avignonnais la vertu, publie le Livre du compagnonnage par lequel il veut réconcilier les trois rites concurrents. Contrôlant l'embauche et les salaires, les compagnonnages font l'objet d'attaques nombreuses de la part de la monarchie de Juillet. Agricol Perdiguier, initié à la franc-maçonnerie le 17 mars 1846 dans la loge parisienne, Les hospitaliers de la Palestine du Suprême Conseil de France, est élu député en 1848. Il tente d'adapter les compagnonnages aux nouvelles donnes économiques, industrielles et sociales. Mais le compagnonnage est incapable de s'adapter à un monde ouvrier travaillant en usine, dans une France irriguée par les chemins de fer.

    1840 : Publication de Qu’est-ce que la propriété ? par Pierre Joseph Proudhon (1809-1865). Considéré comme l’un des pères de l’anarchisme et adversaire des théories de Marx (qu’il qualifie de "ténia du socialisme") et du communisme "absurdité antédiluvienne", Proudhon prône l’association des ouvriers plutôt que la révolution prolétarienne. Il est membre de la loge Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié de Besançon.

    1842 :
    - Dans son numéro de mars, le journal l'Atelier écrit : « Les associations du compagnonnage se nomment devoirs ; ce mot indique assez que, dans la pensée de ses fondateurs, cette réunion d'ouvriers a une fonction à remplir plutôt qu'un droit à exercer ; c'est une solidarité mutuelle entre tous ceux qui en font partie, un contrôle moral qui s'exerce par l'association sur ses membres, et qui ne leur permet pas de s'écarter du chemin de la probité la plus stricte. Le compagnonnage est donc avant tout une institution morale ; car, pour y entrer et y rester, il faut être honnête homme dans toute la rigueur du mot. Tous les ouvriers peuvent y entrer sous cette condition jointe à celle de capacité. La société veille sur eux comme sur ses enfants ; elle ne souffre pas qu'ils fassent des dettes ; elle leur défend la lutte ; elle garantit leur salaire et leur assure du travail autant que cela se peut ; elle les secourt dans le chômage. Telle est la base des travaux de l'association : si quelques-uns des articles, principalement celui que nous avons souligné, sont bien négligés dans l'exécution, c'est la faute des hommes, et non celle de l'institution. Tout, dans le compagnonnage, repose sur l'élection, et les chefs sont révocables. C'est au moyen d'une caisse entretenue par des cotisations fixes et périodiques qu'une société de compagnonnage donne des secours aux malades, aux inoccupés et aux détenus pour coalition ; qu'elle soutient les procès intentés par les maîtres, et qu'elle nourrit les ouvriers qui ne veulent pas travailler au rabais. Les maîtres reconnaissent et subissent son existence, la majorité même s'en trouve bien. Les cupides seuls s'en plaignent. La société répond de la probité et de la capacité de l'homme qu'elle a embauché, car elle paye pour lui s'il ne tient pas ses engagements, et elle ne l'a reçu compagnon, comme dans les anciennes corporations, qu'après la confection d'un chef-d’œuvre ou pièce difficile du métier. Elle nourrit celui qui n'a pas d'ouvrage ou lui donne un secours de route pour gagner une autre ville. Sa sollicitude est de tous les instants ; elle envoie au chevet du malade des amis pour le consoler ; elle l'accompagne à sa dernière demeure et fait les frais d'inhumation. Elle a des récompenses honorifiques pour la bonne conduite ; elle a des punitions plus sévères que celles de la justice pour celui qui a forfait à l'honneur : on le chasse ignominieusement de l'assemblée, convoquée tout exprès, après lui avoir fait subir mille affronts. Il est ensuite signalé sur tout le tour de France, et nulle part il ne trouve d'accueil. »
    - Le grand maître du Grand Orient affirme : "Là où la dispute politique ou religieuse commence, notre maçonnerie cesse".

    On lit dans l'Illustration du 28 novembre 1845 : "Chaque société de compagnons, chaque profession dans chaque société est plus ou moins d'accord ou en hostilité avec les autres. Elle a sa caisse à part, ses chefs particuliers, ses règlements spéciaux ; mais elle appartient néanmoins, par le fond et la base de son organisation, au compagnonnage. Les statuts sont les mêmes, à quelques détails près."

    1848 :
    - 21 février : Louis Blanc (de la loge Les Philadelphes à Londres) et Ledru-Rollin décide un défilé de protestation contre l’interdiction du banquet républicain.
    - 22 février : l’opposition à Louis-Philippe emmenée par Louis Blanc, Michelet, Lamartine et François-Vincent Raspail (de la loge Les Amis de la Vérité constituée de carbonari et de républicains), organise une gigantesque manifestation de la Madeleine au Palais-Bourbon, des incidents éclatent en fin d’après-midi ; un manifestant est tué.
    - 24 février, après une fusillade aux Tuileries qui ont été prises d’assaut et pillées, Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils le comte de Paris ; la duchesse d’Orléans est nommée régente mais doit renoncer à toute prétention devant la poussée populaire ; la Chambre est envahie par les émeutiers ; un gouvernement provisoire, présidé par Dupont de l’Eure, est constitué (Dupont de l’Eure, Lamartine, Crémieux, Garnier-Pagès, Marie, Marrast, Flocon, Ledru-Rollin, Louis Blanc, Arago, Martin dit Albert) proclame la République (IIe).
    - 27 avril 1848 : publication des décrets d'abolition de l’
    [ltr]esclavage[/ltr]
    , rédigés par la commission d’abolition présidée par le frère Victor Schœlcher, sous-secrétaire aux Colonies, libre-penseur initié à la loge Les Amis de la Vérité à Paris et affilié à La Clémente Amitié.

    1849 :
    13 avril, première Constitution du Grand Orient de France.
    La franc-maçonnerie, "institution éminemment philanthropique, philosophique et progressive, a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme".
    Le Grand Orient adopte pour devise : 
    [ltr]Liberté, Égalité, Fraternité[/ltr]
    . Elle fut lancée en France par Antoine François Momoro, l’un des dirigeants les plus efficaces de la Société des amis des droits de l'homme et du citoyen (Club des cordeliers) fondée par Danton le 27 avril 1790. En décembre 1790, dans un discours sur l’organisation des gardes nationales, Robespierre préconisa, en vain, que les mots "Le Peuple Français" et "Liberté, Égalité, Fraternitéfussent inscrits sur les uniformes et sur les drapeaux. Jean-Nicolas Pache, élu maire de la commune de Paris le 11 février 1793, fit inscrire sur les murs de la mairie, le 21 juin : "La République une et indivisible - Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort". En juin 1793, les Montagnards adoptèrent officiellement la devise : Liberté, Egalité, Fraternité. La Constitution de 1848 la définit comme un "principe" de la République. Réinscrite sur le fronton des édifices publics à l'occasion de la célébration du 14 juillet 1880, elle figure dans les constitutions de 1946 et 1958.

    Le 3 décembre 1851, au matin, suite au coup d’état réalisé la veille par Louis Napoléon Bonaparte, Jean-Baptiste Baudin essaie avec quelques collègues de soulever le faubourg Saint-Antoine : 150 ouvriers environ ébauchent une barricade rapidement emportée par les forces de l’ordre : Baudin est tué. Victor Schoelcher, dans son Histoire des crimes du 2 Décembreécrit : « Sa mort ne fut pas sans amertume - Nous ne voulons pas nous sacrifier pour les 25 francs, lui avait dit un ouvrier ! [...] - Vous allez voir, répliqua Baudin, comme on meurt pour 25 francs ! » Le mot ne figure pas dans la notice sur Baudin du Dictionnaire universel (1866) de Pierre Larousse, qui dit avoir été, sur la barricade, "à vingt pas" du représentant. Baudin l’a-t-il réellement prononcé ? Rien ne permet de le nier. Jean-Baptiste Baudin (1811-1851) servit en Algérie, de 1837 à 1839, en qualité de chirurgien militaire. Il quitta l’armée et se fixa à Paris où il devint le médecin des pauvres. En contact avec le milieu ouvrier, il connut aussi Michelet, Quinet, Michel de Bourges, Lamennais. Républicain de très bonne heure, touché par les idées saint-simoniennes et fouriéristes, franc-maçon initié à la loge Le Temple des Amis de l'Honneur Français, il se lança avec enthousiasme dans la politique active après la révolution de février 1848 et présida notamment le club de l’Avenir. Le 25 mai 1848, il fut arrêté comme complice après la journée du 15 mai. Élu représentant de l’Ain à la Législative, il siégea à la Montagne, s’intéressa aux questions d’éducation, et s’opposa à la droite et au prince-président Louis-Napoléon Bonaparte.

    1852 : au lendemain du coup d'Etat de décembre 1851, les dignitaires du Grand Orient, Berville et Desanlis offrent la grande maîtrise au prince Lucien Murat qui accepte. Celui-ci achète l'hôtel de la rue Cadet.

    1855 : 7 juin, Paris, premier congrès maçonnique universel.

    1858 : 14 janvier, Paris, rue Le Peletier : attentat à la bombe organisé par l’italien Felice Orsini et Joseph André Pieri (guillotinés le 13 mars), assistés de Gomez et Rudio (ils sauvent leur tête de justesse), contre Napoléon III à qui Orsini reproche d’avoir manqué à son devoir de carbonaro en intervenant à Rome contre l’armée républicaine en 1849.

    Le 9 juillet 1860, éclate à Damas une émeute antichrétienne, probablement à l’instigation d’agitateurs ottomans. En effet, le pacha a décidé, en mars, le massacre des maronites, ces chrétiens d’Orient, uniates de rite syrien. Abd el-Kader protège le consulat de France et les chrétiens : 12.000 sont sauvés. Abd el-Kader est décoré de la Grande Croix de la Légion d’honneur et de la médaille pontificale. Il reçoit les trois grades de la Franc-maçonnerie le 18 juin 1864, dans la loge Les Pyramides à Alexandrie, au nom de la Loge parisienne Henri IV (mais l’émir signifiera sa rupture définitive au Grand Orient de France en 1865).
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    Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme Empty Re: Franc-maçonnerie, Rose-Croix et carbonarisme

    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 7:33

    1861 :
    - Le 14 mars, coopté par ses amis (Fauvety, vénérable de la Loge Renaissance par les émules d'Hiram, et Caubet, qui appartiennent tous deux au Grand-Orient), Eliphas Lévi (Alphonse-Louis Constant, ancien diacre) est initié dans la Loge parisienne La Rose du parfait silence dont Caubet est le Vénérable.
    - Le Grand Orient de France constitue la Loge des Pyramides à Alexandrie ; elle tient ses travaux en français.

    1862 :
    - 11 janvier, Napoléon III, probablement carbonariste, qui veut imposer son autorité à la Maçonnerie, promeut Grand Maître du Grand Orient le général Magnan et lui demande de réunir les loges du rite français et celles du rite écossais ancien et accepté. Jean Pons Guillaume Viennet (1777-1868), homme politique et écrivain et Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France en 1860, s’oppose à Magnan qui doit renoncer à son projet de faire absorber le Suprême Conseil par le Grand Orient.
    - Le Frère Marconis de Nègre, Grand Hiérophante du Rite de Memphis, unit celui-ci au Grand Orient.

    Le 9 février 1863, la Société d'Utilité Publique de Genève, décide de constituer un Comité présidé par le Général Dufour, et comprenant en qualité de membres : Gustave Moynier, Henry Dunant (fondateur de l’union chrétienne genevoise et rédacteur de la charte des unions chrétiennes mondiales ; choqué à la vue du champ de bataille de Solferino en 1859, ce franc-maçon, initié à la loge Saint-Vincent-de-Paul à Constantine dans les années 1850 selon L'ABCdaire de la Franc-Maçonnerie, a écrit Un souvenir de Solferino), le Dr Théodore Maunoir et le Dr Louis Appia. Ce Comité des Cinq, qui se donne le nom de Comité international de secours aux militaires blessés, envisage la création de postes d'infirmiers volontaires auprès des armées en campagne. Le Comité deviendra "la Croix-Rouge" lors de la Conférence internationale de Genève tenue du 26 au 29 octobre. Dunant est soutenu par Napoléon III. Il recevra le prix Nobel de la Paix en 1901.

    1865 :
    - Juin, la Constitution du Grand Orient indique que "la propagande maçonnique par la parole, les écrits et le bon exemple, est recommandée à tous les maçons" ; et, comme conséquence nécessaire de ce précepte, elle ajoute que "tout maçon a le droit de publier son opinion sur les questions maçonniques. L’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la solidarité humaine" restent des principes fondateurs, mais la liberté de conscience est "un droit propre à chaque homme".
    - Dans son Histoire du Grand Orient de France, A-G Jouaust définit la franc-maçonnerie : "La franc-maçonnerie ou, par abréviation, la maçonnerie est une institution philosophique et philanthropique, qui, ouvertement ou secrètement, a pénétré dans toutes les contrées du globe avec l'esprit de progrès et de liberté du XVIIIe siècle, et qui s'y est solidement établie. Elle réunit, à l'aide de symboles et de signes particuliers, les hommes libres, c'est-à-dire les libres penseurs, et leur assure les avantages de l'association pour l'exercice de leurs droits et de leurs devoirs, soit envers leurs semblables, soit envers eux-mêmes. Elle a pour but l'amélioration morale et matérielle de l'homme, pour principes la loi du progrès de l'humanité, les idées philosophiques de tolérance, de fraternité, d'égalité, de liberté, abstraction faite de la foi religieuse ou politique, des nationalités et des distinctions sociales."
    - 25 septembre : allocution consistoriale Multiplices inter de 
    [ltr]Pie IX[/ltr]
     condamnant la Franc-maçonnerie, "société perverse d'hommes (...), qui, contenue d'abord dans les ténèbres et l'obscurité, a fini par se faire jour ensuite, pour la ruine commune de la religion et de la Société humaine".
    - 26 octobre : le pape reproche à Mgr Darboy d’avoir donné l’absoute au Maréchal Magnan, Grand Maître du Grand Orient, en présence d’insignes maçonniques posés sur cercueil.
    Pie IX fut-il franc-maçon, dans sa jeunesse, comme l'ont longtemps prétendu les francs-maçons ? 

    1867 : Naissance en Angleterre de la Societas Rosicruciana in Anglia d’inspiration authentiquement chrétienne.

    Le 17 novembre 1869, en présence de l’impératrice Eugénie, de l’empereur d’Autriche et des princes héritiers d’Angleterre et de Prusse, le vice-roi d’Egypte, Ismaïl Pacha (Grand Maître de la Grande Loge d'Égypte) inaugure le canal de Suez réalisé par Lesseps.

    1870 :
    - 24 octobre, les "décrets (136 et 137) Crémieux" (Adolphe Crémieux, juif [Isaac Jacob] initié à la franc-maçonnerie à la loge du Bienfait anonyme à Nîmes) accordent la nationalité française aux 33.000 
    [ltr]Juifs[/ltr]
     d’Algérie : « Les Israélites indigènes des départements de l'Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel, seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française. Toutes dispositions législatives, décret, règlement ou ordonnance contraires sont abolis ». Les décrets sont publiés le 7 novembre.
    - Le décret Crémieux du 25 novembre réforme l'usage de la 
    [ltr]guillotine[/ltr]
     : il retire l'échafaud et les dix marches que gravit le condamné devant la foule ; il supprime aussi la charge de bourreau de province (il en existait un par ressort de cour d'appel) : il n'y a alors plus qu'un seul "exécuteur en chef", assisté par cinq aides, pour tout le territoire national (seules la Corse et l'Algérie conservent leurs bourreaux).
    - le 16 novembre, Amédée d'Aoste est élu roi d'Espagne (Amédée Ier) par les Cortès ; il abdiquera le 11 février 1873, repartira pour l'Italie où il s'essaiera à la franc-maçonnerie.

    1871 :
    - Le 21 avril, les francs-maçons parisiens (parmi lesquels Jules Vallès, Flourens et Eudes) tentent une médiation entre communards (dont 25% sont francs-maçons) et soldats versaillais.
    - Le 26 avril, Jules Vallès (initié à la loge La Justice 135), membre de l'Internationale, cravate de son écharpe rouge la bannière de sa loge.
    Eugène Pottier (1816-1897) écrit L'Internationale, chant des travailleurs du monde entier. Exilé, il sera initié à New York à la Loge Les Égalitaires (loge des proscrits de la Commune).
    Jean-Baptiste Clément, créateur du Temps des Cerises, adhèrera à la Franc-Maçonnerie, plusieurs années après la Commune.
    - Pour l'avocat et écrivain américain Albert Pike (1809-1891), Grand Commandeur du Suprême Conseil de la Juridiction Sud du Rite écossais ancien et accepté, la franc-maçonnerie est un produit de la 
    [ltr]kabbale[/ltr]
     (Morals And Dogma, 1871) ; la franc-maçonnerie et les sociétés ésotériques des 18e et 19e siècles ont puisé dans la kabbale .
    Michel Bakounine (de la Loge italienne Il Progresso Sociale) écrit dans Dieu et l’Etat : « 
    [ltr]Satan[/ltr]
     est le premier libre-penseur et sauveur de ce monde. Il libère Adam et imprime sur son front le sceau de l'humanité et de la liberté en le faisant désobéir. »

    1873 : L’encyclique Et si multa de 
    [ltr]Pie IX[/ltr]
     condamne moins la maçonnerie que les carbonari et autres sociétés secrètes infiltrées dans les loges.

    1875 : 6 août, Vendredi Saint ; alors qu’il se rend à la cathédrale de Quito (Equateur), le président Gabriel García Moreno meurt assassiné : catholique fervent, autoritaire et progressiste, appelé le "président théocratique", il a cherché à moderniser le pays, rétablissant l'ordre public et les finances. D'après certains historiens, la confrérie franc-maçonne internationale aurait joué un rôle dans l'attentat.

    1877 :
    - Le Grand Orient de France considère "les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l’appréciation individuelle de ses membres et se refuse à toute affirmation dogmatique". Il modifie l’article 1er de sa constitution imposant la croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme, le nouvel article étant ainsi rédigé : "La franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l’exercice de la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n’exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité". L’invocation au Grand Architecte de l’Univers n’est plus obligatoire ainsi que la présence de la Bible sur l’autel. Chaque loge agit comme elle le souhaite. Le Grand Orient de France est condamné par la Grande Loge de Londres qui l’exclut de l’ordre maçonnique.
    - 4 mai : Discours de Léon Gambetta (initié à la loge La Réforme, à Marseille, en 1869) qui déclare en réponse aux protestations des évêques contre la suppression du pouvoir temporel du pape : "et je ne fais que traduire les sentiments intimes du peuple de France en disant du cléricalisme ce qu’en disait un jour mon ami Peyrat : le cléricalisme ? Voilà l’ennemi !"

    1878 : Emmanuel Arago devient Grand Orateur du Suprême Conseil de France.

    1880 :
    - 12 février, création de la Grande Loge Symbolique Ecossaise qui prendra ensuite le nom de Grande Loge de France (Grande Loge Symbolique de France).
    - Le 10 septembre, au Congo, l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza (de la loge Alsace Lorraine à Paris) et le Makoko, chef des Téké, signent un traité d’amitié.
    - Le 23 septembre, Jules Ferry est président du Conseil. Il a été initié en 1875 à la loge La Clémente Amitié, le même soir que Littré, puis affilié à la Loge Alsace-Lorraine de Paris.

    1881 :
    - Le Frère sculpteur Jacques France propose aux 
    [ltr]municipalités[/ltr]
     une nouvelle version du buste de Marianne qui rencontre un grand succès. Il réalise aussi une version maçonnique à l’usage des loges.
    - Septembre, fondation par Garibaldi du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm réunissant le Rite de Misraïm constitué en 1788 par Cagliostro et le Rite de Memphis constitué en 1815 par des frères ayant suivi Napoléon en Égypte. Initié à Montevideo en 1844 à la loge L'Asile de la Vertu, Garibaldi était membre de la loge Les Amis de la Patrie au Grand Orient de France.

    Le 20 avril 1884, l’encyclique Humanum genus de 
    [ltr]Léon XIII[/ltr]
     reproche à la "secte des francs-maçons" son anticléricalisme militant, son adoption du 
    [ltr]positivisme[/ltr]
     et du rationalisme, et même son 
    [ltr]satanisme[/ltr]
     : "Depuis que, par la jalousie du démon, le genre humain s'est misérablement séparé de Dieu auquel il était redevable de son appel à l'existence et des dons surnaturels, il s'est partagé en deux camps ennemis, lesquels ne cessent pas de combattre, l'un pour la vérité et la vertu, l'autre pour tout ce qui est contraire à la vertu et à la vérité. Le premier est le royaume de Dieu sur la terre, à savoir la véritable Église de Jésus Christ, dont les membres, s'ils veulent lui appartenir du fond du cœur et de manière à opérer le salut, doivent nécessairement servir Dieu et son Fils unique, de toute leur âme, de toute leur volonté. Le second est le royaume de Satan. Sous son empire et en sa puissance se trouvent tous ceux qui, suivant les funestes exemples de leur chef et de nos premiers parents, refusent d'obéir à la loi divine et multiplient leurs efforts, ici, pour se passer de Dieu, là pour agir directement contre Dieu (...) A notre époque, les fauteurs du mal paraissent s'être coalisés dans un immense effort, sous l'impulsion et avec l'aide d'une Société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la Société des francs-maçons. Ceux-ci, en effet, ne prennent plus la peine de dissimuler leurs intentions et ils rivalisent d'audace entre eux contre l'auguste majesté de Dieu. C'est publiquement, à ciel ouvert, qu'ils entreprennent de ruiner la sainte Église, afin d'arriver, si c'était possible, à dépouiller complètement les nations chrétiennes des bienfaits dont elles sont redevables au Sauveur Jésus Christ (...) Le but fondamental et l'esprit de la secte maçonnique avaient été mis en pleine lumière par la manifestation évidente de ses agissements, la connaissance de ses principes, l'exposition de ses règles, de ses rites et de leurs commentaires auxquels, plus d'une fois, s'étaient ajoutés les témoignages de ses propres adeptes. En présence de ces faits, il était tout simple que ce Siège apostolique dénonçât publiquement la secte des francs-maçons comme une association criminelle, non moins pernicieuse aux intérêts du christianisme qu'à ceux de la société civile. Il édicta donc contre elle les peines les plus graves dont l'Église a coutume de frapper les coupables et interdit de s'y affilier (...) dans l'espace d'un siècle et demi, la secte des francs-maçons a fait d'incroyables progrès. Employant à la fois l'audace et la ruse, elle a envahi tous les rangs de la hiérarchie sociale et commence à prendre, au sein des États modernes, une puissance qui équivaut presque à la souveraineté. De cette rapide et formidable extension sont précisément résultés pour l'Église, pour l'autorité des princes, pour le salut public, les maux que Nos prédécesseurs avaient depuis longtemps prévus. On est venu à ce point qu'il y a lieu de concevoir pour l'avenir les craintes les plus sérieuses ; non certes, en ce qui concerne l'Église, dont les solides fondements ne sauraient être ébranlés par les efforts des hommes, mais par rapport à la sécurité des états, au sein desquels sont devenues trop puissantes, ou cette secte de la franc-maçonnerie, ou d'autres associations similaires qui se font ses coopératrices et ses satellites(...) ce qui n'est ni moins horrible ni plus supportable, c'est de voir répudier les bienfaits miséricordieux acquis par Jésus Christ, d'abord aux individus, puis aux hommes groupés en familles et en nations : bienfaits qui, au témoignage des ennemis du christianisme, sont du plus haut prix. Certes, dans un plan si insensé et si criminel, il est bien permis de reconnaître la haine implacable dont Satan est animé à l'égard de Jésus Christ et sa passion de vengeance (...) Demandons à la Vierge Marie, Mère de Dieu, de se faire notre auxiliaire et notre interprète. Victorieuse de Satan dès le premier instant de sa conception, qu'elle déploie sa puissance contre les sectes réprouvées qui font si évidemment revivre parmi nous l'esprit de révolte, l'incorrigible perfidie et la ruse du démon. Appelons à notre aide le prince des milices célestes, saint Michel, qui a précipité dans les enfers les anges révoltés ; puis saint Joseph, l'époux de la Très Sainte Vierge, le céleste et tutélaire patron de l'Église catholique et les grands apôtres saint Pierre et saint Paul, ces infatigables semeurs et ces champions invincibles de la foi catholique. Grâce à leur protection et à la persévérance de tous les fidèles dans la prière, Nous avons la confiance que Dieu daignera envoyer un secours opportun et miséricordieux au genre humain en proie à un si grand danger."

    1886 :
    - Le 
    [ltr]1er mai[/ltr]
    , la Federation of Organized Trades and Labor Union (F.O.T.L.U.) appelle les ouvriers américains à faire grève en faveur de la journée de huit heures. Le mouvement est un succès en raison du renfort apporté par les Knights of Labor (Chevaliers du travail), organisation héritière de traditions maçonniques, alors beaucoup plus puissante que les syndicats.
    - Le 28 octobre, à New York, la président Cleveland inaugure la Statue de la Liberté dont le bronze est monté sur une armature du frère Gustave Eiffel : elle est l’œuvre du sculpteur français Frédéric Auguste Bartholdi, franc-maçon initié en 1875 à la loge Alsace-Lorraine du Grand Orient de France. La statue a été offerte officiellement par la France aux États-Unis le 4 juillet 1884 à l’occasion du Centenaire de l’Indépendance américaine.

    1887 :
    - En Angleterre, fondation de la Golden Dawn in the Outer, société dissidente de la Societas Rosicruciana in Anglia.
    Charles Fauvety, du Grand Orient de France, publie La Religion laïque ; issu du protestantisme libéral, il recherche une harmonie entre la religion et la raison, ne conservant Dieu que dans un sens 
    [ltr]panthéiste[/ltr]
     et ne considérant l’immortalité de l’âme que comme une probabilité.
    - Mort de Giuseppe Petroni, ancien avocat de la Rote Sacrée et ancien officier de l'Armée Pontificale, qui fut emprisonné à vie mais libéré en 1870. Devenu franc-maçon, il donna une allure anticléricale à la Franc Maçonnerie italienne. Il constitua la loge Propaganda où il réunit des hommes célèbres.
    Severiano de Hérédia (1836-1901) né à la Havane (Cuba) d'un riche planteur et d'une mulâtresse, devient le premier ministre noir des Travaux publics dans le gouvernement Rouvier. Il a été élu conseiller municipal du quartier des Ternes en 1873, puis président du conseil de Paris en 1879 et député de la Seine en 1881. Initié en 1866 à la Loge L’Etoile polaire, il est une figure éminente du Grand Orient de France : Vénérable de sa loge et Conseiller de l’Ordre en 1875. 70

    1888 :
    - En Allemagne, Franz Hartmann fonde l’ordre de la Rose-Croix ésotérique.
    Stanislas de Guaïta fonde avec Joséphin Péladan l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, dont fait aussitôt partie Gérard Encausse dit Papus.

    Les tentatives d'union compagnonniques aboutissent à un nouvel éparpillement : fondée en 1889 par Lucien Blanc, dit "Provençal le Résolu", l'Union compagnonnique des devoirs unis devient bientôt une quatrième obédience compagnonnique, mais ce mouvement ne parvient pas à rassembler tous les devoirs et à relancer le compagnonnage.

    Le XIXe siècle a assisté surtout à la naissance du compagnonnage romantique en même temps que les compagnons se faisaient écrivains.

    1891 : Fondation de l’ordre Martiniste par Gérard Encausse dit Papus et Augustin Chaboseau. L’ordre revendique l'héritage initiatique de Louis-Claude de Saint-Martin, disciple de Martinès de Pasqually le fondateur des Élus-Cohens (Hauts grades maçonniques), et se propose de perpétuer l’ésotérisme judéo-chrétien.

    1893 :
    - 4 avril, Georges Martin et Maria Deraismes fondent, à Paris, la Grande Loge Symbolique Écossaise, Le Droit Humain, ordre maçonnique mixte international, proche du Grand Orient de France bien qu’ayant choisi le rite écossais.

    1894 :
    - Joseph Rudyard Kipling (initié à la Loge Hope and Esperance Lodge 782 à Lahore en Inde) publie "Le Livre de la jungle".
    - 29 septembre, fondation à Rome de l'Union antimaçonnique universelle.

    1895 :
    - Le 17 janvier, Félix Faure (loge La Parfaite Aménité du Havre) est élu Président de la République (ses brillantes réceptions à l’Elysée lui vaudront le surnom de "Président Soleil")
    - Le 27 mai, à Londres, accusé d’attentat aux mœurs avec des personnes du sexe masculin (
    [ltr]homosexualité[/ltr]
    ), Oscar Wilde (initié en 1875 à la Loge Apollo Lodge à Oxford) est condamné à 2 ans de travaux forcés.
    - L'écrivain français, Marie Joseph Gabriel Antoine Jogand-Pagès, dit Léo Taxil, exclu de la Franc-maçonnerie dès le 1er degré pour "fraude littéraire" (plagiat), publie en collaboration avec le docteur Charles Hacks et sous l'unique pseudonyme de "Docteur Bataille", Le diable au XIXème siècle. Il y accuse les loges d'adorer le 
    [ltr]démon[/ltr]
     et prétend qu'une certaine Diana Vaughan, fiancée du démon 
    [ltr]Asmodée[/ltr]
    , a écrit pour lui ses confessions où elle parle d'un culte satanique appelé "palladisme". Il affirme aussi que l'américain Albert Pike, Grand Commandeur du Suprême Conseil de la Juridiction Sud du Rite écossais ancien et accepté, mort en 1891 à Washington, était un pape luciférien et le chef suprême de tous les francs-maçons du globe, et qu'il conférait avec Satan tous les vendredis à trois heures. Du coup, Mgr Northrop, évêque de Charleston (Caroline du Sud), se rend spécialement à Rome pour assurer 
    [ltr]Léon XIII[/ltr]
     que les francs-maçons de sa ville épiscopale sont de dignes gens et que leur temple ne s'orne d'aucune statue de 
    [ltr]Satan[/ltr]
    . Le 19 avril 1897, Léo Taxil donnera une conférence dans la grande salle de la Société de géographie de Paris, et avouera, devant un auditoire indigné puis furieux, qu'il s'agissait d'un canular.

    1896 : Congrès antimaçonnique de Trente organisé par la Ligue internationale antimaçonnique (créée en 1893).

    Début du XXe siècle : A Tintagel, en Cornouailles, le Hall de Chevalerie, siège de l'Ordre International des Chevaliers et Dames de la Table Ronde de la Cour du 
    [ltr]roi Arthur[/ltr]
     à Camelot, construit à la gloire du Roi Arthur et de ses chevaliers par Sir Thomas Glasscock, Grand Maître de l'Ordre au début du XXe siècle, est également utilisé par les maçons de la Grande Loge Unie d'Angleterre de l'endroit, d'ailleurs propriétaires des lieux qu'ils entretiennent avec un soin constant.

    1901 :
    - Les socialistes lèvent l'interdit qui, auparavant, frappait la franc-maçonnerie.
    - Juin, le Grand Orient joue un rôle déterminant dans la fondation du parti républicain radical et radical-socialiste.

    19 mars 1902 : 
    [ltr]Léon XIII[/ltr]
    condamne la franc-maçonnerie (lettre apostolique Annum ingressi).

    1903 : Léon XIII écrit un 
    [ltr]exorcisme[/ltr]
     contre les ennemis de l'Église.

      La date/heure actuelle est Jeu 21 Nov 2024 - 9:35