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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Les Rose-Croix

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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:07

    Rétrospective L'Ordre de la Rose Croix des origine à nos jours 



    Malgré l’excellente interprétation d’Aldo Ciccolini, on regrette de ne pouvoir écouter cette œuvre dans son orchestration initiale. En 1914, Maurice Ravel, qui était un admirateur de Satie, en a orchestré le prélude, mais malheureusement, cette adaptation n’a pas été enregistrée. Robert Gagy a tenté de reconstituer l’orchestration initiale de Satie, il en publia le résultat en 1972 aux éditions Salabert.

    Les Rose-Croix, reportage sur l'un des mouvements initiatiques les plus importants de notre époque.
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:07

    Présentation


    L’ANCIEN ET MYSTIQUE ORDRE DE LA ROSE-CROIX

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    Qu'est-ce que l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix ? Quelle est son histoire ? Quelle est sa philosophie ? Quel est son enseignement ? Quelle est son implantation dans le monde ? Comment en devenir membre ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles cette rubique répond.

    L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, connu dans le monde sous le sigle A.M.O.R.C., est un mouvement philosophique, initiatique et traditionnel. Non religieux et apolitique, il est ouvert aux hommes comme aux femmes, sans distinction de race, de nationalité, de classe sociale ou de religion. Reconnu d’utilité publique dans plusieurs pays en raison de sa contribution à la culture, à l’éducation et à la paix, il a pour devise :
    « La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance. »
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:08

    Histoire du Rosicrucianisme

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    Un matin de l’année 1623, les Parisiens ont la surprise de découvrir une étrange affiche. Elle annonce :

    « Nous, Députés du Collège principal des Frères de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible en cette ville, par la grâce du Très-Haut, vers lequel se tourne le cœur des Justes. Nous montrons et enseignons sans livres ni marques à parler toutes sortes de langues des pays où nous voulons être, pour tirer les hommes, nos semblables, d’erreur de mort. »


    Cette affiche est bientôt suivie d’une seconde, invitant les chercheurs à rejoindre la fraternité rosicrucienne. L’événement a un retentissement considérable au point que Gabriel Naudé parle « d’un ouragan soufflant sur toute la France à l’annonce de l’arrivée de la mystérieuse fraternité venue d’Allemagne » (Instruction à la France sur la Vérité de l’Histoire des Frères de la Roze-Croix, 1623).
    Un appel à la fraternité

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    Christian Rosenkreutz (portrait imaginaire)

    Si la plupart des chercheurs s’accordent pour situer les débuts du Rosicrucianisme au XVIIe siècle, on peut néanmoins déceler les germes qui lui donnèrent naissance dans un passé plus lointain. Michael Maier (1569-1622) pensait d’ailleurs que les origines de l’Ordre étaient égyptiennes, brahmaniques, issues des Mystères d’Éleusis et de Samothrace, des Mages de Perse, des Pythagoriciens et des Arabes (Silencium post clamores (1617). Hermann Fictuld, dans Aurerum Vellus (1749), prétendait que la doctrine de la Fraternité était l’héritière de l’Ordre de la Toison d’Or, fondé à Bruges en 1492 par Philippe le Bon. Par ailleurs, l’un des premiers écrits rosicruciens, la Fama Fraternitatis (1614), précise : « Notre philosophie n’est rien de nouveau, elle est conforme à celle dont Adam hérita après la Chute, et que pratiquèrent Moïse et Salomon. » Cependant, les textes rosicruciens rapportent que l’Ordre aurait été établi par Christian Rosenkreutz au xve siècle.

    Gardons-nous de prendre le mythe rosicrucien au pied de la lettre, car Christian Rosenkreutz est un personnage symbolique qui cristallise toute une tradition. Cette représentation des origines de l’Ordre renvoie à un concept important de l’histoire de l’ésotérisme, celui de Tradition Primordiale. Selon cette notion, il y aurait eu, dans les temps antiques, une « Révélation Primordiale », dont une succession de sages, d’initiés, se serait transmis la connaissance à travers les âges, et c’est à cette lignée que se rattacherait l’Ordre de la Rose-Croix.

    Sur le plan historique, le rosicrucianisme apparait au début du xviie siècle, période durant laquelle l’Europe traverse une véritable crise morale. De nombreuses découvertes scientifiques telles que l’héliocentrisme, la lunette astronomique, le microscope, ou celle de nouvelles terres comme les Amériques, bouleversent l’image que l’homme se faisait jusqu’alors du monde. Avec la Réforme protestante, l’Europe fait également face à une grave crise religieuse. Au nom de Dieu on s’entretue ! À cette situation s’ajoutent des épidémies de peste et des conditions climatiques qui entraînent la famine. Ces événements contribuent tout autant à l’instauration d’un climat de fin des temps qu’à celui d’un espoir en un avenir meilleur. C’est dans ce contexte agité que fleurit la Rose-Croix.

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    Johann Valentin Andreæ (1586-1654)

    En 1614, à Cassel, paraît la Fama Fraternitatis, un manifeste anonyme dans lequel les frères de la Rose-Croix proposent de révéler aux chercheurs des connaissances fabuleuses, dont les vertus permettraient d’instaurer la paix et la prospérité. (Ce texte circulait depuis 1610 sous forme de manuscrit.) Cette première publication est suivie d’une deuxième, la Confessio Fraternitatis, en 1615. Dans cette dernière, l’Ordre se présente comme missionné pour révéler une « nouvelle forteresse de la Vérité », un antidote à l’ancienne philosophie moribonde qui a conduit la Chrétienté européenne au chaos. Enfin, un troisième texte rosicrucien, les Noces chymiques de Christian Rosenkreutz, est publié en 1616. Il s’agit d’un roman utilisant la symbolique alchimique. Ces trois textes sont communément appelés : les Manifestes rosicruciens.

    Mis à part le troisième, les Noces chymiques de Christian Rosenkreutz, dont l’auteur est Johann Valentin Andreæ (1586-1654), un pasteur luthérien, on ignore qui écrivit les deux premiers Manifestes. Selon toute vraisemblance, ils sont l’œuvre d’un petit groupe qu’on désigne sous le nom de « cercle de Tübingen ». Cette communauté informelle comprenait une vingtaine de personnes passionnées d’alchimie, de kabbale et de mystique chrétienne, parmi lesquels figurent : Tobias Hess, Christoph Besold, Johann Arndt, Johann Valentin Andreæ , Wilhelm von Wense.

    D’une manière générale, les Manifestes rosicruciens puisent leurs réflexions dans trois courants de la tradition : le paracelsisme, le joachisme, et l’hermétisme de la Renaissance. Ils s’inspirent aussi de l’Ars Magna, c’est-à-dire des combinaisons universelles du savoir, de Raymond Lulle. Ils puisent également dans la mystique rhénane, particulièrement à travers Johann Arndt (1555-1621). Ce dernier pasteur, théologien, médecin, alchimiste, marqué par les idées de Tauler et Valentin Weigel, a élaboré une « théologie mystique » qui insiste sur l’importance de la régénération intérieure, sur la nécessité de la naissance du divin à l’intérieur de l’homme.

    Rayonnement du Rosicrucianisme

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    Fama Fraternitatis

    Aussitôt après la publication des Manifestes, Johann Valentin Andreæ fut suspecté d’en être l’auteur. Il s’en défendit aussitôt, présentant la Rose-Croix comme un « Lidibrium », une farce. L’historienne Frances Yates a montré que dans la bouche de ce personnage, ce mot n’avait pas un sens péjoratif (cf. La Lumière des Rose-Croix). Il est d’ailleurs l’auteur de nombreux textes, de récits symboliques, par lesquels il a tenté de conduire les hommes de son temps à instaurer une société plus juste. Comme le dit Roland Edighoffer, les premiers écrits rosicruciens apparaissent non pas comme une farce, mais bien « comme un essai de solution aux graves problèmes qui se posaient aux hommes de ce temps dans les domaines de la religion, de la politique, de la philosophie, des sciences » (Les Rose-Croix et la crise de conscience européenne au xviie siècle). Dans une société en pleine crise, le projet rosicrucien était de mettre le progrès et la connaissance au service de l’homme. Il proposait que les progrès réalisés par la science, additionnés aux connaissances tenant de l’ésotérisme, soient mis à profit pour le bien commun. À l’esprit de concurrence entre les peuples, les Rosicruciens opposent celui de la collaboration, de la fraternité et du partage.

    Les Manifestes connurent un succès considérable en Europe. Leur publication entraîna l’édition de très nombreux ouvrages. Pour la période qui s’étend de 1614 au xviiie siècle, on ne compte pas moins de neuf cents livres qui expriment les opinions des partisans et des adversaires du projet rosicrucien. En Angleterre, Robert Fludd défend les Rose-Croix des critiques d’Andreas Libavius. En Allemagne, Michael Maier fait l’apologie de la Fraternité, et en France René Descartes pousse la curiosité jusqu’à partir à la recherche des Rose-Croix. L’élan rosicrucien est cependant brisé dès 1618 par la guerre de Trente Ans, qui disperse ses partisans. Plusieurs d’entre eux se réfugient en Hollande ou en Angleterre. On peut souligner que la présence à Londres d’un personnage comme Jan Amos Comenius, un ami de Johann Valentin Andreæ très marqué par les idées rosicruciennes de « collège universel du savoir », ne sera pas étrangère à la formation de la Royal Society. On retrouve en effet une partie des idéaux des Manifestes de la Rose-Croix dans cette institution.
    Évolution du Rosicrucianisme

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    La guerre de Trente Ans marque la fin de ce qu’on pourrait appeler la première phase de l’histoire du Rosicrucianisme. L’Ordre entre alors dans une période de transition qui voit le Rosicrucianisme fleurir à travers divers mouvements ésotériques, comme par exemple la Franc-Maçonnerie. Cette dernière organisation prend corps aux alentours de l’année 1717. Dans la mouvance qui marque l’évolution des grades supérieurs de la franc-maçonnerie, un grade Rose-Croix apparait autour des années 1760. Bien qu’il ne fasse guère référence à la symbolique rosicrucienne du xviie siècle, ce grade jouira d’un grand prestige.

    À la fin du xviiie siècle, le Rosicrucianisme va commencer à prendre ses distances avec la Franc-Maçonnerie traditionnelle. C’est le cas avec un mouvement tel que la Societas Roseæ et Aureæ Crucis ou Fraternité de la Rose-Croix d’Or d’Ancien Système, qui se forme en Bavière autour de Johann Rudilp von Bischoffswerder (1714-1803) et Johann Christoph Wöllner (1732-1800). Ce mouvement maçonnique est très marqué par l’alchimie rosicrucienne, qui occupe d’ailleurs une place fondamentale dans sa symbolique. Cette société est à l’origine de plusieurs publications importantes, comme les Symboles secrets des Rosicruciens des xviie et xviiie siècles, (1785 et 1788). Après les Manifestes, c’est la publication rosicrucienne la plus importante.

    Zanoni, un roman rosicrucien

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    À la fin de la première moitié du xixe siècle, l’intérêt pour le Rosicrucianisme est relancé par la publication du roman, Sir Edward Bulwer-Lytton, Zanoni (1842). Pendant cette période marquée par la montée du spiritisme et de l’occultisme, le Rosicrucianisme s’éloigne un peu plus de la Franc-Maçonnerie. L’une des organisations les plus marquantes qui naissent à cette époque est la Societas Rosicruciana In Anglia (ou S.R.I.A.), fondée dans les années 1866-1867. Robert Wentworth Little (1840-1878) et William Wynn Westcott (1848-1925), qui en seront les animateurs essentiels, sont malgré tout encore très marqués par la Maçonnerie. L’intérêt que les membres de ce groupe éprouvent pour les recherches sur les phénomènes psychiques et le spiritisme les pousse à s’intéresser aux pratiques ésotériques initiatiques des siècles précédents, et en particulier à la kabbale chrétienne et sa magie évocatoire. Cette tendance s’accentue à travers une autre société initiatique, la Golden Dawn, où ces pratiques deviennent importantes.

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    Parallèlement, il semble qu’une autre forme de Rosicrucianisme ait survécu hors de l’influence de la Franc-Maçonnerie. On en trouve quelques traces dans le sud de la France, à Toulouse, autour du vicomte Lapasse (1792-1867), de Firmin Boissin, l’auteur des Excentriques disparus (1890), et des frères Adrien et Joséphin Péladan. Ces derniers ont toujours affirmé que le Rosicrucianisme n’avait rien à voir avec la Franc-Maçonnerie. Ce petit groupe donne naissance en 1887 à l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, animé par Stanislas de Guaita (1861-1897) et Joséphin Péladan (1858-1918). Ce dernier, hostile à l’occultisme, se sépare assez vite de ce mouvement pour créer en 1891 l’Ordre de la Rose-Croix Catholique du Temple et du Graal. Cet Ordre tout à fait original s’oppose à la montée du matérialisme en organisant à Paris des expositions de peinture restées célèbres dans l’histoire de l’art : les Salons de la Rose-Croix. Joséphin Péladan pensait en effet que la contemplation de la beauté était l’un des moyens les plus efficaces pour porter un autre regard sur le monde, pour pressentir la présence du divin en toutes choses. Erik Satie composera pour cet Ordre des œuvres comme Les Sonneries de la Rose-Croix, qui font partie intégrante du patrimoine musical français.

    Le Rosicrucianisme moderne
    Après cette époque, le Rosicrucianisme entre dans une nouvelle phase. Totalement dégagé des influences maçonniques, il s’ouvre aussi à des formes de spiritualité venues de l’Orient et s’émancipe de la tradition judéo-chrétienne. Il s’éloigne également de l’occultisme occidental en intégrant des pratiques et des doctrines nouvelles. C’est sur une nouvelle terre, les États-Unis, que s’opère cette transformation. Ce pays regroupe des hommes et des femmes venus de multiples nations dont les cultures s’interpénètrent. On y trouve des communautés chrétiennes très diverses, parmi lesquelles figurent d’ailleurs des piétistes allemands qui ont apporté avec eux des textes rosicruciens. Les religions d’Orient, bouddhisme et hindouisme, y sont également implantées. Le magnétisme, introduit vers 1836 par Charles Poyan, s’y est développé d’une manière considérable. Comme en Angleterre, il donne naissance à des sociétés d’études psychiques qui tentent de découvrir les aspects les plus mystérieux de l’homme. À la fin de l’année 1875, le colonel Henry Olcott et Helena Petrovna Blavatsky créent à New York la Société théosophique, qui va contribuer à populariser certaines doctrines venues d’Orient, comme la réincarnation, le karma et certaines formes de méditation. Comme en témoigne un texte aussi curieux que le Kybalion, publié en 1908, ces éléments vont enrichir l’héritage reçu de l’ésotérisme occidental.

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    Loge rosicrucienne de l’A.M.O.R.C à San Jose

    Le rosicrucianisme aujourd’hui
    Cette époque est celle où naissent aux États-Unis plusieurs mouvements rosicruciens qui vont marquer l’histoire. Parmi ceux-là, nous en retiendrons l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (A.M.O.R.C.) qui est probablement l’un des mouvements rosicruciens les plus importants actuellement. Cet Ordre a été fondé par Harvey Spencer Lewis (1883-1939). Ce dernier, après avoir participé à des sociétés de recherches comme le New York Institute for Psychical Research, est venu dans le sud de la France en 1909 pour y recevoir l’initiation rosicrucienne. Fort de cet héritage, il a fondé en 1915 à New York un Ordre rosicrucien qui acquiert une stature internationale dès les années 1920. L’Ordre propose un cheminement original où se côtoient d’une manière non dogmatique des principes venus des traditions spirituelles occidentales et orientales. Il rassemble des hommes et des femmes sans distinction de race, de classe sociale ni de religion, dans un esprit d’humanisme, de fraternité et de spiritualité. Il est souvent considéré comme l’un des mouvements ésotériques les plus novateurs de notre époque. En 2001, l’A.M.O.R.C. a publié un Manifeste intitulé Positio Fraternitatis Rosea Crucis, qui se place dans la lignée des trois Manifestes parus au xviiesiècle. En 2014, soit quatre cent ans après la publication du premier manifeste rosicrucien, l’A.M.O.R.C, a publié l’Appellatio Rosae-Crucis. Ce dernier manifeste est un appel au retour à la spiritualité, une valeur essentielle qui permettra à l’humanité de sortir de la crise qui bouleverse le monde.

    Au terme de cette présentation, on comprend mieux les grandes étapes de l’histoire du Rosicrucianisme, depuis son émergence au xviie siècle, son voisinage avec les grands courants ésotériques du Siècle des lumières et son émancipation à l’époque moderne. Depuis ses origines l’Ordre de la Rose-Croix a tenté de bousculer la société en soulignant combien le monde gagnerait si les hommes coopéraient entre eux dans un esprit de tolérance, de partage des connaissances et de fraternité. Ces idées, qui sont défendues par les Rosicruciens modernes, nous semblent conserver aujourd’hui toute leur valeur. Consciente de la diversité des cultures qui composent notre monde, cette tradition initiatique prône une spiritualité vécue, non dogmatique, tentant de synthétiser ce qu’il y a de meilleur dans toutes les traditions dans un esprit d’ouverture et de tolérance. Elle propose : « Une sagesse ancienne pour un monde nouveau. »
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:09

    Philosophie rosicrucienne



    Parallèlement aux enseignements que l’A.M.O.R.C. perpétue à travers les monographies adressées à ses membres, il véhicule une philosophie à la fois spiritualiste et humaniste. En quoi consiste-t-elle ? Pour répondre à cette question, voici un exposé que le Grand Maître a rédigé sur ce sujet. A l’origine, cet exposé était destiné uniquement aux Rosicruciens fréquentant les Loges de l’Ordre.









    « Si j’ai souhaité m’adresser à vous aujourd’hui, c’est tout simplement pour partager avec vous une réflexion sur un thème qui m’est cher, à savoir la philosophie. En effet, les Rosicruciens que nous sommes aiment se définir comme étant des philosophes, et notre Ordre lui-même est de nature philosophique. C’est pourquoi j’aimerais vous faire part de mon point de vue sur ce sujet et vous confier en toute fraternité ce qu’il m’inspire.
    En premier lieu, il est peut-être utile de rappeler que le mot «philosophie» peut être défini de deux manières. Littéralement, il veut dire «amour de la sagesse», mais par extension, il signifie également «science de la vie». Bien que ces deux définitions soient complémentaires, elles expriment néanmoins des notions, des concepts et des idéaux quelque peu différents. Je vous propose donc de les examiner et de voir ce qu’elles impliquent au niveau de notre quête spirituelle. De cette manière, nous pourrons mettre en évidence l’idéal de comportement qui devrait nous animer, non seulement lorsque nous sommes entre nous, mais également dans notre vie quotidienne, au contact de nos frères et sœurs du monde que nous qualifions de “profane”, à défaut d’un terme plus approprié.

    L’amour de la sagesse
    Si nous considérons la première définition du mot «philosophie», à savoir, je le répète, «amour de la sagesse», nous en déduisons qu’un philosophe, au sens noble de ce terme, est quelqu’un qui aime la sagesse. Pour l’anecdote, rappelons que c’est Pythagore qui est à l’origine du mot «philosophie». Avant lui, les philosophes de la Grèce antique étaient appelés «sages». Le «Conseil des sages» était d’ailleurs une institution à Athènes. Ce Conseil réunissait les plus grands penseurs du moment, lesquels étaient chargés de réfléchir et de légiférer sur les problèmes de société qui se posaient alors, que ce soit dans le domaine de la morale, de l’économie, de la politique, de la religion, etc. C’est ainsi que Pythagore lui-même fut qualifié de «sage». Mais comme il était particulièrement modeste, il considérait qu’il était encore trop imparfait pour mériter un tel qualificatif. Il demanda par conséquent qu’on ne dise pas de lui qu’il était sage, mais qu’il «aimait la sagesse», ce qu’il jugeait déjà très louable. Ainsi naquit le mot «philosophie».

    Comme le suggèrent les explications précédentes, on ne peut être véritablement philosophe si l’on manque d’humilité. Cela, nous le savons tous. Mais qui d’entre nous peut dire en son âme et conscience qu’il est vraiment humble en pensée, en parole et en action ? Qui, parmi nous, n’éprouve jamais le besoin d’attirer l’attention, d’occuper le centre d’une conversation, de donner un avis qu’on ne lui a pas demandé, de faire état de ses mérites, de montrer sa supériorité dans tel ou tel domaine, etc. ? Cela dit, nous ne devons pas nous culpabiliser à l’idée de savoir que nous ne sommes pas aussi humbles que nous le voudrions, car nous sommes nécessairement imparfaits et évoluons précisément dans le but de nous parfaire. Si nous avons le sentiment de manquer d’humilité, nous devons plutôt l’accepter avec philosophie et travailler sur nous-mêmes pour acquérir cette vertu. Parallèlement, nous devons faire tout notre possible pour que les autres ne subissent pas les effets négatifs de nos élans d’orgueil. Ce faisant, non seulement nous leur témoignons le respect ou l’affection qui leur est dû, mais nous manifestons également notre désir de devenir meilleur dans notre comportement. En cela, rappelez-vous que ce n’est pas le fait d’être imparfait qui est coupable karmiquement, mais le manque d’effort à se parfaire.

    De toute évidence, la sagesse ne se limite pas à faire preuve d’humilité. Être sage, c’est en fait exprimer dans son comportement toutes les vertus que l’on attribue à l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus divin. Dans l’absolu, c’est donc être patient, confiant, tolérant, altruiste, intègre, non violent, etc. Cela dit, être philosophe, au sens premier que nous avons rappelé précédemment, ne consiste pas à être réellement sage, bien que ce soit l’idéal à atteindre, mais à aimer la sagesse. Autrement dit, c’est d’abord et avant tout être animé par l’amour de ce qui est bien dans le comportement humain. Cela suppose que l’on peut être philosophe tout en étant imparfait, à condition, naturellement, de s’évertuer à se parfaire. En tant que Rosicruciens, nous sommes donc bien des philosophes, car s’il est un fait que nous ne sommes pas véritablement des sages, nous aspirons effectivement à devenir meilleurs et à atteindre l’état de sagesse, appelé «état Rose-Croix» dans la Tradition rosicrucienne.

    Mais les philosophes que nous sommes ne doivent pas se limiter à aimer ce qui est bien dans le comportement humain, ni même à tout faire pour s’y conformer dans la vie quotidienne. Nous devons également transmettre cet amour aux autres et leur donner le désir de s’intéresser à la philosophie. Autrement dit, nous devons faire en sorte qu’eux-mêmes en viennent à aimer et à rechercher la sagesse, but ultime de la quête humaine. Le meilleur moyen d’y parvenir consiste à nous comporter aussi dignement que possible en toutes circonstances et à être pour eux l’exemple vivant de la sérénité que procure un tel comportement. Cela implique pour nous de manifester les idéaux éthiques et philosophiques qui nous animent, afin que ces idéaux se réfléchissent à travers nous et deviennent pour autrui une référence morale et spirituelle. Telle est la condition pour que nous devenions l’expression de ce qu’il y a de plus noble dans la nature humaine.

    De ce qui précède, vous déduirez que la philosophie, au sens d’«amour de la sagesse», implique également l’amour des autres, au point de souhaiter qu’ils deviennent encore plus vertueux que nous dans leur comportement et qu’ils connaissent ainsi les plus belles bénédictions divines, avec tout ce qui en résulte en termes de bonheur et de Paix Profonde. Être philosophe, c’est donc aimer la sagesse pour soi-même, mais également pour autrui. Autrement dit, c’est aimer que les autres l’aiment et la possèdent. C’est même prier pour qu’ils l’acquièrent, car quiconque la détient est un instrument de Bien parmi les hommes et rend le monde meilleur. En effet, n’oublions jamais que l’humanité entière s’élève chaque fois qu’un seul être humain fait preuve de sagesse. Cela revient finalement à dire que la philosophie, dans l’expression la plus pure de son sens littéral, est l’amour de l’homme pour l’homme, ce qui fait d’elle un vecteur d’humanisme.

    La science de la vie
    Venons-en maintenant au sens second du mot «philosophie», c’est-à-dire au sens de «science de la vie». La vie, comme vous le savez, sert de support à l’évolution de l’âme humaine. En effet, c’est parce qu’elle dispose d’un corps physique qu’elle est capable d’évoluer sur le plan terrestre. Sans lui, elle ne pourrait acquérir les leçons grâce auxquelles elle doit se parfaire et prendre graduellement conscience de sa perfection latente, en vue de sa réintégration finale et définitive dans l’Âme universelle. Pour les Rosicruciens que nous sommes, une telle chose est évidente, mais la grande majorité des hommes sont encore dans l’ignorance de cette évidence. Pour la plupart d’entre eux, la vie est l’interlude conscient que tout être humain connaît entre la naissance et la mort, avec ses joies, ses peines et ses épreuves. Ne sachant pas vraiment pourquoi ils vivent, ils ne peuvent donner à leur existence la dimension spirituelle qu’elle devrait avoir. Certes, nombre d’entre eux ont une quête religieuse, mais cette quête est fondée essentiellement sur la croyance, et non sur la connaissance. Or, la science de la vie n’est autre que la connaissance.

    Mais qu’est-ce que la connaissance, au sens philosophique de ce terme ? En premier lieu, c’est savoir en quoi consiste le but ontologique de la vie, tel que nous venons de le définir. Autrement dit, c’est savoir que nous vivons pour nous parfaire et atteindre l’état de sagesse. En second lieu, c’est connaître les lois spirituelles qui régissent cette évolution. C’est donc à la fois la science et la conscience du pourquoi et du comment de l’existence humaine. Cependant, une telle connaissance ne suffit pas à rendre l’homme meilleur dans son comportement. Il doit pour cela la mettre en pratique, non seulement pour son propre bien-être, mais également pour celui des autres. Vu sous cet angle, on ne peut être philosophe qu’en appliquant dans la vie quotidienne ce que l’on sait et connaît en matière de mysticisme. Si on ne le fait pas, la philosophie que l’on croit posséder se réduit à des préceptes théoriques qui peuvent satisfaire le mental, mais qui ne répondent en aucun cas aux aspirations de l’âme. Elle se limite alors à nous donner l’illusion d’être des philosophes.

    Nous venons de dire qu’être philosophe, c’est appliquer la connaissance des lois qui régissent l’évolution spirituelle de l’homme. Parmi ces lois, il en est une que vous connaissez tous et qui est très importante, à savoir le karma. Comme vous le savez, cette loi, que l’on appelle également «loi de compensation», opère de telle manière que chacun récolte tôt ou tard ce qu’il a semé, en négatif comme en positif. Or, vous conviendrez que le fait d’en avoir conscience n’est pas suffisant pour nous inciter à toujours bien penser, bien parler et bien agir, que ce soit d’ailleurs entre Rosicruciens ou non. Autrement dit, cela ne nous empêche pas d’entretenir parfois des pensées négatives, d’avoir des propos malveillants et de commettre des actes répréhensibles. Si tel est le cas, c’est précisément parce que nous n’avons pas toujours la volonté d’appliquer ce que nous savons, non seulement au regard de la loi karmique, mais également au regard d’autres lois se rapportant à notre évolution intérieure. De toute évidence, nous devons cultiver cette volonté et en faire le support de notre existence, afin de vivre conformément à notre philosophie.

    Les remarques précédentes me conduisent à évoquer un autre point indissociable de la philosophie. Vous connaissez tous l’adage «science sans conscience n’est que ruine de l’âme», que l’on attribue à Rabelais. Appliqué à la science matérialiste, il signifie naturellement qu’elle est une source de mal et de destruction si elle n’est pas utilisée dans un but humaniste, c’est-à-dire au service de l’homme, tant sur le plan matériel que spirituel. Mais cet adage nous éclaire également sur ce que nous avons dit précédemment. En effet, il illustre le fait que posséder la «science de la vie» n’est utile au Bien que si nous l’employons réellement pour contribuer à l’évolution de la conscience, que ce soit d’ailleurs dans son expression individuelle ou collective. Dans le cas contraire, elle ne profite pas à l’épanouissement de l’âme. Pour reprendre le même adage en le positivant et en le paraphrasant quelque peu dans son application purement philosophique, je dirai par opposition que «science et conscience font le bonheur de l’âme».

    L’amour de la vie
    Étant donné que la philosophie est à la fois l’«amour de la sagesse» et la «science de la vie», nous pouvons combiner ces deux définitions pour en trouver une troisième. Il en est une qui apparaît immédiatement, à savoir l’«amour de la vie». Il est un fait que l’on ne peut être philosophe si l’on n’aime pas la vie car, comme nous l’avons dit précédemment, elle sert de support à l’évolution de l’âme humaine et lui permet de s’élever vers l’état de sagesse. Mais elle est davantage encore : elle est l’une des plus belles manifestations des lois divines ; elle est le Souffle grâce auquel Dieu vit et Se contemple à travers nous. Pour toutes ces raisons, nous devons aimer la vie et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’elle soit belle, heureuse et utile, et ce, malgré les difficultés et les épreuves auxquelles elle nous confronte parfois. En un mot, nous devons en faire le fondement de notre philosophie et nous rappeler que la grandeur de l’homme se situe dans le fait qu’il est, non seulement un être vivant, mais également et surtout une âme vivante.

    Mais la vie ne se manifeste pas uniquement à travers l’homme. Elle s’exprime également à travers tous les êtres vivants qui peuplent notre planète. Cela veut dire qu’un philosophe véritable aime et respecte tous les règnes de la nature, car chacun d’eux sert de véhicule à l’Âme universelle et participe pleinement à son évolution. Dans cet ordre d’idée, nous devons considérer les animaux comme nos “petits” frères, d’autant plus qu’il est évident pour moi que les plus évolués d’entre eux sont des hommes en devenir. A cet égard, toutes les souffrances qu’on leur impose pour des raisons injustifiées sont une offense à Dieu et génèrent des karmas négatifs à l’encontre de l’humanité elle-même, notamment dans le domaine des maladies. Il en sera ainsi aussi longtemps que nous ferons souffrir inutilement les animaux, car nous devons apprendre à les aimer et à les considérer comme une extension de nous-mêmes, au même titre que nos frères humains. Dans son application la plus noble, la philosophie inclut donc l’amour de tous les êtres que la vie a mis au monde, ce qui donne au mot «Fraternité» une dimension naturelle et universelle.

    À présent, je voudrais insister sur un point qui me semble très important. En effet, vous savez tous que la philosophie rosicrucienne est profondément spiritualiste. Autrement dit, elle prône l’existence de Dieu et la possibilité pour l’homme d’étudier les lois divines, au sens de lois naturelles, universelles et spirituelles. Je suis d’ailleurs convaincu que c’est dans cette étude que résident la raison de notre présence sur Terre et la clé du bonheur auquel nous aspirons. Par ailleurs, nos enseignements nous apprennent comment agir sur le plan spirituel pour contribuer au Bien, ce qui, naturellement, n’exclut pas de le faire également sur le plan matériel. Dans cet ordre d’idée, nous avons tous un devoir d’entraide envers ceux qui souffrent, que ce soit physiquement ou moralement. Je voudrais donc saisir cette occasion pour vous rappeler combien ce devoir est important. En fait, il est le fondement de l’œuvre humaniste à laquelle les Rosicruciens se consacrent depuis des siècles, en application même de leur philosophie. Dans l’absolu, pas une journée ne devrait passer sans que nous ayons œuvré au service de l’humanité souffrante.

    Si j’ai souhaité vous parler aujourd’hui du sens qu’un Rosicrucien doit donner au mot «philosophie», c’est tout simplement parce que j’aimerais que chacun de nous se comporte véritablement en philosophe. En effet, c’est dans la philosophie, au sens mystique de ce terme, que réside le fondement de la quête que nous avons entreprise sous les auspices de la Rose-Croix. Ce n’est en aucun cas dans l’acquisition de “pouvoirs” psychiques, paranormaux, transcendantaux ou autres. Certes, l’homme possède de tels “pouvoirs” à l’état latent, et il est possible de les développer, ne serait-ce qu’en partie. Mais ce développement est secondaire par rapport à l’éveil de nos facultés spirituelles, lesquelles correspondent aux vertus de l’âme elle-même. Vous noterez d’ailleurs que nombre de Grands Initiés du passé, je pense en particulier à Socrate, Plotin, Milarépa, Rûmi, Spinoza, Louis-Claude de Saint-Martin, Gandhi et tant d’autres, n’accordaient aucun intérêt aux “pouvoirs” psychiques. Pourtant, ils ont donné l’exemple de ce que l’être humain peut accomplir de plus noble et de plus utile lorsqu’il s’évertue à être sage. À ce titre, ils furent des philosophes hors du commun. »
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:09

    Être Rosicrucien aujourd’hui



    Par définition, l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix est un mouvement philosophique non religieux, non sectaire et apolitique. En raison de son éclectisme, il regroupe des hommes et des femmes de tous horizons socio-culturels. En cela, il n’y a pas de « Rosicrucien type ». Néanmoins, on trouve chez les membres de l’A.M.O.R.C. certaines caractéristiques communes.



    D’une manière générale, on peut dire qu’être Rosicrucien, c’est :

    – Œuvrer à l’instauration d’un monde plus humaniste
    L’A.M.O.R.C. n’est pas uniquement un mouvement spiritualiste, préoccupé seulement par la dimension spirituelle de l’existence. Il est aussi profondément humaniste. Autrement dit, il dispense une philosophie qui vise au bonheur de tous les êtres humains, sans distinction. Dans cette perspective, il est attendu de ses membres qu’ils se comportent, non pas en tant qu’individus de telle ou telle nationalité, mais en tant que citoyens du monde. Vu sous cet angle, l’humanisme rosicrucien consiste à considérer l’humanité entière comme une seule et même famille d’âmes.

    – Étudier un enseignement mystique traditionnel et impersonnel
    Tout Rosicrucien étudie un enseignement que l’on peut qualifier à juste titre de « mystique », car il se rapporte aux mystères de l’existence. Par ailleurs, il est traditionnel, dans la mesure où il remonte à la plus haute Antiquité et prend sa source dans la Tradition primordiale. Enfin, il est impersonnel, en ce sens qu’il n’est pas l’œuvre d’un gourou ou d’un maître à penser, mais le fruit d’une connaissance qui s’est perpétuée d’une manière collégiale à travers les âges, d’École de Mystères en École de Mystères.

    – Bénéficier d’une formation initiatique à la fois écrite et orale
    Ce qui fait la valeur et la particularité de l’enseignement rosicrucien, c’est qu’il est initiatique. Autrement dit, il est transmis de façon graduelle, degré par degré, afin que chaque membre puisse l’assimiler sur le plan intérieur et faire de la connaissance acquise une partie intégrante de son âme. Par ailleurs, cette transmission se fait à la fois par écrit, sous forme de monographies que l’on étudie seul chez soi, et par oral pour ceux qui le souhaitent, sous forme de travaux collectifs tenus dans des groupes locaux.

    – Suivre une philosophie théorique et pratique
    Par définition, l’A.M.O.R.C. est un mouvement philosophique, en ce sens qu’il cultive l’« amour de la sagesse », définition littérale du mot « philosophie ». Mais ce qui fait la spécificité de la philosophie rosicrucienne, c’est qu’elle ne se limite pas à véhiculer un enseignement purement théorique. Partant du principe que le but de l’homme est de maîtriser sa vie pour la rendre aussi conforme que possible à ses espérances, elle a un caractère éminemment pratique. En cela, l’adage « avoir la tête dans le ciel et les pieds bien sur terre » s’applique parfaitement aux Rosicruciens.

    – Travailler à sa réalisation intérieure et à son développement personnel
    L’enseignement rosicrucien n’a pas pour but d’enrichir le mental au moyen d’un savoir purement intellectuel, auquel cas il n’aurait aucune valeur pratique. Il est plutôt destiné à éveiller la conscience de l’âme, cet éveil étant le fondement même de la réalisation intérieure. Parallèlement, il vise au développement personnel de chaque membre, dans la mesure où il permet de développer et d’exprimer graduellement les talents, les dons et les compétences que tout individu possède nécessairement à l’état latent.

    – Faire partie d’une Fraternité mondiale et cosmopolite
    L’A.M.O.R.C. s’étend au monde entier à travers diverses Grandes Loges couvrant chacune une juridiction linguistique (française, anglaise, allemande, italienne…). Il s’agit donc d’un mouvement mondial. Par ailleurs, il réunit en son sein des hommes et des femmes de toute nationalité, de toute classe sociale et de toute religion. En cela, il intègre toutes les cultures et constitue une Fraternité à la fois mondiale et cosmopolite, représentative de toute l’humanité.
    Voici donc ce qui caractérise les membres de l’A.M.O.R.C. à travers le monde, étant entendu que chacun a sa propre manière de comprendre et de vivre le Rosicrucianisme.
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:10

    La Spiritualité des Rose-Croix
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    Exposé de Serge Toussaint
    Grand Maître de la juridiction francophone de l’A.M.O.R.C



    Lors des conférences que je présente de temps à autre en tant que Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, on me demande souvent d’expliquer en quoi consiste précisément la spiritualité rosicrucienne. Il est vrai que le mot «spiritualité» couvre un champ sémantique très large et que la signification que l’on donne à ce terme varie beaucoup selon les cultures, les traditions et les religions. Il est donc nécessaire de l’expliciter pour savoir très exactement de quoi on parle, et par là même éviter des confusions.

    Définition
    Dans la plupart des livres de référence, la spiritualité est définie comme «l’ensemble des croyances et des pratiques qui concernent la vie spirituelle», ou comme «ce qui est propre à l’âme en tant qu’émanation d’un Principe divin». Bien qu’intéressante, la première définition est très générale, car les croyances et les pratiques en matière de spiritualité sont aussi nombreuses que variées et n’ont cessé d’évoluer au cours des âges. Par ailleurs, le concept de vie spirituelle est très vague, en ce sens qu’il y a autant de manières de vivre sa foi que de croyants, qu’ils suivent ou non une religion. Quant à la seconde définition du mot «spiritualité», elle est également très évasive, car elle est liée à l’idée que tout spiritualiste se fait de l’âme et de Dieu. Elle est donc subjective et couvre elle aussi un grand nombre de croyances et de pratiques.
    Pour la plupart des gens, la spiritualité est indissociable de la religion. Autrement dit, beaucoup pensent qu’être spiritualiste, c’est être Hindouiste, Juif, Bouddhiste, Chrétien, Musulman, etc. Pourtant, on peut tout à fait mener une vie spirituelle, admettre l’existence de l’âme et croire en un Principe divin, sans pour autant suivre une voie religieuse. La spiritualité, au sens noble du terme, n’est donc pas l’apanage de l’Hindouisme, du Judaïsme, du Bouddhisme, du Christianisme, de l’Islam, etc., et ne s’appuie pas nécessairement sur un credo. Cela veut dire que l’on peut être spiritualiste sans être religieux. Tel est précisément le cas des Rosicruciens.

    La religiosité
    En règle générale, une religion réunit cinq caractéristiques majeures : 1) Elle prône l’existence de Dieu et fait de Lui un objet de vénération, voire d’adoration. 2) Elle est fondée sur la vie et l’œuvre d’un prophète, d’un messie ou d’un sage. 3) Elle s’appuie sur un livre qu’elle considère comme sacré. 4) Elle dispense un credo moral et doctrinal à caractère dogmatique. 5) Elle comporte des lieux de culte où les croyants se réunissent régulièrement. Ces cinq caractéristiques sont le propre de ce que l’on désigne communément sous le nom de «religiosité», telle qu’elle s’exprime à travers les grandes religions actuelles.
    Bien que je respecte toutes les religions dans ce qu’elles ont de meilleur à offrir à leurs fidèles pour vivre leur foi, j’ai le sentiment que la plupart d’entre elles ne sont plus adaptées aux mentalités de notre époque et ne répondent plus aux questions existentielles que les gens se posent aujourd’hui. Les réponses qu’elles apportent à travers leurs dogmes (péché originel, chute, paradis, enfer, résurrection, salut, etc.) ne les satisfont plus sur le plan intérieur. Par ailleurs, certains points de leur morale sont devenus obsolètes avec le temps et incompatibles avec la vie moderne. Cela dit, il y a des Rosicruciens juifs, chrétiens, bouddhistes, musulmans, etc. En effet, l’A.M.O.R.C. n’étant pas dogmatique, ses membres sont libres de suivre en parallèle la religion de leur choix, et naturellement de n’en suivre aucune.

    La spiritualité rosicrucienne
    Qu’en est-il donc de la spiritualité rosicrucienne ? Tout d’abord, je dois préciser qu’elle ne se rattache pas à un prophète, un messie ou un sage, qu’elle n’est pas fondée sur un Livre considéré comme sacré, et qu’elle ne véhicule aucune croyance dogmatique, tant du point de vue doctrinal que moral. Par ailleurs, s’il est un fait que les Rosicruciens admettent l’existence de Dieu, ils ne voient pas en Lui un Être anthropomorphique, mais une Intelligence, une Conscience, une Énergie, une Force (peu importe le terme) absolue et impersonnelle. S’il est inconnaissable en tant que telle, Il se manifeste dans l’univers, dans la nature et dans l’homme lui-même au moyen de lois que l’on peut qualifier de «divines», au sens de lois naturelles, universelles et spirituelles. Le rosicrucianisme a précisément pour but de se familiariser avec ces lois et de vivre en harmonie avec elles, ce qui suppose de les étudier.

    Conformément aux explications précédentes, la spiritualité rosicrucienne n’est pas passive, mais active. Autrement dit, elle ne consiste pas simplement à croire en Dieu et à espérer Sa grâce, Son pardon ou autre intervention de Sa part, mais à étudier les lois divines, telles qu’elles se manifestent en nous et autour de nous. Ce n’est qu’en respectant ces lois que nous pouvons être heureux et connaître le bonheur auquel nous aspirons. Si nombre de personnes sont malheureuses et souffrent physiquement ou moralement, c’est dans la plupart des cas parce qu’elles n’en tiennent pas compte ou les transgressent. À titre d’exemple, chacun sait que fumer, boire trop d’alcool, se droguer, manquer de sommeil, etc., finit tôt ou tard par provoquer des maladies. De même, entretenir des mauvaises pensées est nuisible à la santé et au bien-être. Quoi qu’on en pense, le manque de spiritualité est également une cause de mal-être.

    En tant que spiritualistes, les Rosicruciens admettent, non seulement l’existence de Dieu, au sens qui a été donné précédemment à ce terme, mais également celle de l’âme. Celle-ci se présente en tout être humain sous l’aspect d’une énergie spirituelle qui imprègne toutes les cellules du corps, à la manière dont l’air emplit toutes les pièces d’une maison. En fait, c’est elle qui anime chacun de nous et fait de lui un être à la fois vivant et conscient. Par ailleurs, elle est une émanation de l’Âme universelle, laquelle est pure et parfaite en essence. Notre âme correspond par conséquent à ce qu’il y a de meilleur et de plus noble en nous. Cela revient à dire que ce que l’on appelle «qualités», que Socrate préférait désigner sous le nom de «vertus», sont des attributs de notre Moi intérieur et prennent leur source dans notre nature divine.

    Le mysticisme rosicrucien
    La spiritualité rosicrucienne s’apparente donc à une quête mystique ayant pour but de conscientiser notre âme et de manifester à travers notre comportement les vertus qui lui sont propres, parmi lesquelles la patience, l’humilité, la générosité, la tolérance, l’intégrité, etc. Autrement dit, elle vise à éveiller l’intelligence du cœur et le sens de l’éthique. Cela suppose d’avoir la volonté de nous parfaire et de transmuter nos défauts en leurs qualités opposées. Tel est le fondement de l’alchimie spirituelle que les Rosicruciens pratiquent au quotidien pour devenir meilleurs dans leur manière de penser, de parler et d’agir. Un tel travail de transmutation permet, non seulement de devenir une bonne compagnie pour soi-même et pour autrui, mais également de contribuer à l’amélioration de la société, ce qui devrait être le but de tout spiritualiste.

    Le mysticisme rosicrucien ne se limite pas à pratiquer l’alchimie spirituelle dans le but d’évoluer intérieurement et de se parfaire sur le plan humain. Il permet également de prendre conscience de nos talents et de nos dons (car nous en avons tous) et de les exprimer dans la vie courante. En cela, il favorise ce que l’on appelle de nos jours le «développement personnel». C’est ainsi que les membres de l’A.M.O.R.C. œuvrent à l’évolution de leur âme et à l’épanouissement de leur personnalité, les deux étant indissociables. Parallèlement, ils s’emploient à maîtriser leur vie, c’est-à-dire à l’orienter positivement et à la rendre aussi conforme que possible à leurs espérances. Dans ce but, ils font de la méditation et de la création mentale des pratiques régulières. Vu sous cet angle, le rosicrucianisme s’apparente à une philosophie non pas spéculative, mais opérative.

    Les remarques précédentes m’amènent à préciser un point. Dans la plupart des religions, on laisse entendre que la souffrance est une nécessité pour se rapprocher de Dieu et obtenir Sa grâce. Ceci n’a aucun fondement ontologique. Il est vrai que le fait de souffrir physiquement ou moralement conduit souvent à s’interroger sur soi-même et à remettre en cause sa manière de vivre, ce qui peut aboutir à des prises de conscience utiles. Parfois même, cela marque le début d’une quête de sens. Mais l’idéal en la matière est de tout faire pour être heureux et connaître le moins de souffrances possible, que ce soit d’ailleurs sur le plan physique ou moral. Dans le même ordre d’idée, se complaire dans le dénuement et la pauvreté ne favorise nullement l’éveil spirituel. Il est vrai que c’est avant tout la richesse intérieure qu’il faut rechercher, mais il n’y a rien d’impie ou de sacrilège à vouloir améliorer son bien-être matériel.

    L’Université Rose-Croix Internationale
    Il me semble utile également de préciser que la spiritualité rosicrucienne n’est nullement incompatible avec la démarche scientifique. Certes, les mystiques s’intéressent plutôt au «pourquoi» des choses, et les savants au «comment». Mais peut-on envisager l’un sans l’autre ? Quoiqu’il en soit, les Rosicruciens considèrent, non seulement que la science et la spiritualité sont conciliables, mais également qu’elles constituent les deux piliers sur lesquels l’humanité doit prendre appui pour accéder à la compréhension de ce que l’on appelle couramment les «mystères de la vie». C’est pourquoi l’A.M.O.R.C. parraine une structure d’études et de recherches appelée «Université Rose-Croix Internationale», qui œuvre dans des domaines aussi variés que la psychologie, la médecine, l’astronomie, la musique, les sciences physiques, etc. Les travaux de cette Université interne sont régulièrement rendu publics sous forme de livres, de conférences et de séminaires.

    D’un point de vue rosicrucien, l’homme n’est pas sur Terre à la suite d’un châtiment divin ou pour expier un péché originel commis supposément par Adam et Ève. S’il vit ici-bas, c’est pour conscientiser sa nature divine et la manifester à travers son comportement, jusqu’à atteindre l’état de Sagesse, appelé «état Rose-Croix» dans la Tradition rosicrucienne. Or, vous conviendrez certainement qu’un tel état ne peut être réalisé en une seule vie, d’où la nécessité de se réincarner. Ainsi, d’incarnation en incarnation, tout être humain évolue spirituellement, jusqu’à exprimer intégralement ce qu’il y a de plus divin en lui. Il en résulte que l’âme ne se rend ni au paradis, ni en enfer, ni au purgatoire après la mort. Après avoir quitté le corps qu’elle animait, elle se fond graduellement dans le cosmique, où elle retrouve d’autres âmes, parmi lesquelles celles d’êtres chers qui l’avaient précédée dans l’au-delà. Là, elle dresse le bilan de la vie qu’elle vient d’achever, en tire les leçons voulues, et attend que le moment soit venu pour elle de se réincarner et de poursuivre son évolution spirituelle.

    Karma et réincarnation
    Dans son application, la réincarnation est indissociable du karma. Cette autre loi spirituelle, que l’on appelle également «loi de cause à effet» ou «loi de compensation», est fondée sur le fait que chacune de nos pensées, de nos paroles et de nos actions s’inscrivent dans la Mémoire universelle et deviennent des causes qui produisent tôt ou tard des effets de même nature dans notre vie. Sous une forme ou sous une autre, tous les prophètes, messies et sages du passé ont enseigné ce principe en disant que nous finissons toujours par récolter ce que nous avons semé, en bien comme en mal. Cela veut dire à juste titre que notre karma peut être positif ou négatif. Dans le premier cas, il se traduit par des bienfaits divers ; dans le second, il donne lieu à des épreuves physiques, morales ou autres. Sachant cela, nous devons nous évertuer à penser, à parler et à agir le mieux possible au quotidien.

    Toujours à propos du karma, il est important de comprendre qu’il s’agit d’une loi, non pas punitive, mais évolutive. Autrement dit, il ne s’applique pas dans le but de nous châtier pour telle ou telle erreur de comportement, mais afin de nous faire prendre conscience de ce qu’il aurait fallu dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire, pour ne pas la commettre. Convaincus de cela, les Rosicruciens ne sont pas fatalistes et cultivent le sens des responsabilités. Aussi, plutôt que d’accepter la fatalité et de se résigner face à l’adversité, ils mettent tout en œuvre, tant sur le plan matériel que spirituel, pour l’affronter et la vaincre. Ils savent également que si tout karma négatif se traduit tôt ou tard par une épreuve, toute épreuve n’est pas d’origine karmique. En effet, il est impossible de vivre sur le plan terrestre sans connaître des problèmes et sans être éprouvé de diverses manières. Ceci fait partie de la condition humaine. Par ailleurs, que nous en soyons conscients ou non, cela contribue à notre évolution spirituelle.

    La relation existant entre le karma et la réincarnation est très importante lorsqu’on envisage la vie sous un angle spiritualiste. Elle suppose en effet que notre existence n’est pas déterminée par la seule Volonté de Dieu, comme le pensent nombre de croyants, mais qu’elle est conditionnée essentiellement par nos propres choix, et donc par l’application de notre libre arbitre. Ainsi, d’incarnation en incarnation, nous sommes les principaux artisans de notre destin. Dans cet ordre d’idée, ce n’est pas le diable qui incite les hommes à mal agir, car celui-ci n’existe pas et n’a jamais existé, pas plus que les démons et autres entités démoniaques. Lorsqu’un individu fait preuve de malveillance, au point de commettre des actes dits “diaboliques”, c’est sous l’effet de ses propres faiblesses et de son ignorance du moment. Un adage rosicrucien énonce d’ailleurs que «c’est de l’ignorance, et de l’ignorance seulement, que l’être humain doit se délivrer». Cela revient à dire qu’il doit s’ouvrir au savoir, à la connaissance.

    Rosicrucianisme et écologie
    Mais d’un point de vue rosicrucien, la spiritualité est une notion qui ne concerne pas uniquement le devenir de l’être humain. En effet, celui-ci n’est pas un être à part sur notre planète et n’a pas été créé ex-nihilo, tel qu’il est de nos jours. En fait, il est l’aboutissement de ce long processus que l’on appelle «évolution», processus qui conduit l’Âme universelle à animer les différents règnes de la nature. Cela veut dire que les animaux possèdent également une âme, collective ou individuelle selon les cas, et qu’ils évoluent selon des lois et à un rythme qui leur sont propres. De ce point de vue, les Rosicruciens sont évolutionnistes et non créationnistes. Par ailleurs, ils ne considèrent pas la nature comme extérieure à eux, mais comme le milieu auquel ils doivent la vie et à travers lequel les lois divines se manifestent dans toute leur plénitude. C’est pourquoi ils sont fondamentalement écologistes et considèrent la Terre comme un être, non seulement vivant, mais également conscient.

    Dans un tout autre ordre d’idée, il m’a déjà été demandé si la spiritualité rosicrucienne était occidentale ou orientale. Elle est les deux à la fois, en ce sens qu’elle intègre des concepts orientaux et occidentaux, ce qui a fait dire à certains historiens de l’ésotérisme qu’elle est un pont entre l’Orient et l’Occident. En fait, elle est universelle, à l’image de la Rose-Croix, symbole de l’A.M.O.R.C. En effet, la croix n’a aucune connotation religieuse et n’est pas restrictive ; elle représente le corps physique de tout être humain, à l’image de la forme qu’il prend lorsque nous nous tenons debout, les bras à l’horizontal et les jambes serrées l’une contre l’autre. Quant à la rose, elle symbolise l’âme humaine en voie d’évolution vers l’état de Sagesse. Vous conviendrez certainement que tout spiritualiste, qu’il suive ou non une religion, pourrait se reconnaître dans ce symbole.

    Appel à la spiritualité

    En relation avec les remarques précédentes, je souhaiterais dire qu’il est devenu urgent de donner une orientation spiritualiste à la marche du monde. Je pense en effet que la cause majeure de la crise à laquelle il est confronté réside dans le fait que les hommes, dans leur ensemble, sont devenus trop matérialistes. Autrement dit, ils en sont venus à rechercher le bonheur dans l’avoir et le paraître, c’est-à-dire dans le transitoire et l’illusoire. Mais que constatons-nous ? Que de plus en plus de personnes, y compris parmi celles qui ne manquent de rien sur le plan matériel, sont malheureuses ou du moins ne sont pas vraiment heureuses. S’il en est ainsi, c’est parce que leur âme, partie invisible mais essentielle de leur être, est en état de manque spirituel. Plus que jamais peut-être dans l’histoire de l’humanité, la spiritualité, rosicrucienne ou non, est devenue une nécessité vitale.

    De nos jours, nombre de spiritualistes ont fait le choix de mener seuls leur quête, le plus souvent en lisant des livres, en assistant ponctuellement à des conférences, et en “surfant” sur Internet. Si cette démarche est respectable en soi, je pense qu’elle a nécessairement ses limites. À titre d’analogie, il est possible d’apprendre à lire et à écrire par soi-même, mais cela prend beaucoup plus de temps et exige beaucoup plus d’effort qu’en allant à l’école. Dans le domaine qui est le sien, c’est ce principe, pour ne pas dire cette évidence, qui justifie l’existence de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. En effet, il s’emploie à transmettre de façon structurée et progressive l’enseignement traditionnel, philosophique et initiatique dont il a hérité du passé, et auquel il ajoute constamment le fruit de ses propres recherches. Parallèlement à cet enseignement écrit que les membres reçoivent chez eux ou auquel ils ont accès par Internet, ceux qui le souhaitent peuvent se réunir dans des Loges et échanger entre eux. Cette notion d’échange me semble elle aussi indispensable, ne serait-ce que parce qu’elle est un vecteur de rencontres fraternelles.

    Mes derniers mots seront pour les athées qui, par curiosité ou pour toute autre raison, auraient pris le temps d’écouter cet exposé. Naturellement, ils sont entièrement libres de n’accorder aucun intérêt à la spiritualité. Cela étant, lorsque l’on considère ce que l’homme a créé de plus beau et de plus utile dans les sciences, les arts, la littérature, l’architecture, etc., et lorsque l’on songe aux sentiments les plus nobles qu’il est capable d’exprimer, tels l’amour, l’amitié, la compassion, l’émerveillement et autre, comment douter qu’il possède en lui quelque chose de transcendant, de divin ? C’est probablement ce qui fit dire à Jacques Brel cette très belle phrase : «Je crois que Dieu ce sont les hommes, mais qu’ils ne le savent pas…». Depuis le plan spirituel où il se trouve désormais, qu’il me permette d’ajouter «… encore». Alors, à défaut d’être spiritualistes, soyons au moins humanistes.
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:11

    L’humanisme des Rose-Croix

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    L’humanisme des Rose-Croix

    Exposé de Serge Toussaint

    Grand Maître de la juridiction francophone de l’A.M.O.R.C.

    Dans les livres de référence, l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix est présenté comme un mouvement philosophique de type spiritualiste. Il est vrai que ses membres ont en commun de mener une quête spirituelle, laquelle n’a aucun caractère religieux. Cela étant, la philosophie rosicrucienne est également très humaniste. Je vous propose donc de voir dans cet exposé en quoi consiste cet humanisme et ce qu’il peut apporter à la société.

    Tout d’abord, il me semble important de rappeler que l’A.M.O.R.C. est humaniste à travers ce qu’il est en tant que mouvement philosophique. En effet, il est ouvert aux hommes et aux femmes de toutes nationalités, sans distinction de croyances religieuses et d’opinions politiques. C’est ainsi qu’il y a des Rosicruciens chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, etc., étant entendu qu’il y en a également qui ne suivent aucune religion particulière. Par ailleurs, ils ont des idées politiques différentes, voire opposées. C’est la preuve que l’Ordre de la Rose-Croix est très éclectique et qu’il est exempt de tout nationalisme, corporatisme ou communautarisme. Il est d’ailleurs reconnu d’utilité publique dans plusieurs pays, en raison de sa contribution à la culture, à l’éducation et à la paix entre les peuples.

    Religion et politique
    Comme vous le savez, nombre d’oppositions, de conflits et même de guerres sont dus à des divergences de nature religieuse ou politique. S’il en est ainsi, c’est parce que toute personne qui suit une religion a tendance à penser qu’elle est meilleure que les autres, voire qu’elle seule détient la vérité. De même, il est tentant de croire que nos idées politiques sont plus fondées que celles d’autrui, notamment si les unes et les autres se rattachent à des clans ou des partis opposés. Soucieux d’éviter ce genre d’antagonisme entre ses membres, l’A.M.O.R.C. n’autorise aucune discussion mettant en exergue les croyances religieuses ou les opinions politiques de chacun. Naturellement, tout Rosicrucien et toute Rosicrucienne sont entièrement libres de leurs convictions dans ces deux domaines, mais ils ne peuvent en faire état que dans la sphère privée.
    Si l’A.M.O.R.C. est capable de réunir en son sein des personnes ayant des croyances religieuses et des opinions politiques différentes, c’est parce qu’il fait de la tolérance le fondement de sa philosophie. Cette préoccupation est tellement importante qu’on la retrouve dans sa devise : «La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance». En application de cette devise, les Rosicruciens s’efforcent eux aussi de se montrer tolérants à l’égard de ceux qui, dans quelque domaine que ce soit, ont des idées différentes des leurs. Opposés à toute forme de sectarisme et de dogmatisme, ils privilégient le dialogue et l’échange. C’est là une attitude humaniste, car elle dénote une ouverture d’esprit et un esprit d’ouverture qui ne peuvent que favoriser les relations entre individus. Elle témoigne également du respect que l’on doit aux autres.
    Est-ce à dire qu’il faut tout tolérer au nom de l’humanisme ? La réponse est «non». En effet, il y a des comportements inacceptables, notamment ceux qui portent atteinte à la dignité et à l’intégrité de la personne humaine. Tel est le cas de ceux qui sont vecteurs de racisme, de xénophobie et, d’une manière générale, de discrimination et d’exclusion. Faire preuve de tolérance à l’égard de ces comportements n’est pas une preuve de sagesse, mais un aveu de faiblesse. De toute évidence, un véritable humaniste œuvre au rapprochement de ses semblables, et non à leur rejet mutuel. Par extension, il favorise l’union plutôt que la division et fait sien ce principe que les Rosicruciens s’efforcent de manifester entre eux et même au-delà : «L’unité dans la diversité».

    La parité homme-femme
    Comme je l’ai précisé en introduction, l’Ordre de la Rose-Croix est ouvert aux hommes et aux femmes. A priori, cela n’a rien d’original. Pourtant, à l’aube du XXIe siècle, les femmes sont encore très loin de bénéficier des mêmes droits, des mêmes prérogatives et des mêmes opportunités que les hommes. Dans la plupart des religions, elles n’ont pas accès à la prêtrise et sont mises à l’écart dans certains cultes. Le monde politique leur demeure hostile et les soumet à de multiples pressions. Certaines professions leur sont interdites, sans parler des différences de rémunération à travail égal. Des mouvements comparables à l’A.M.O.R.C. font une distinction entre leurs membres féminins et leurs membres masculins. Cet inégalitarisme n’existe pas chez les Rosicruciens, de sorte que les femmes et les hommes bénéficient du même statut.
    Être humaniste, c’est d’abord accepter comme une évidence l’égalité entre l’homme et la femme, ce qui suppose de voir en l’un et l’autre deux expressions différentes mais équivalentes de cette entité générique que l’on désigne sous le nom d’«être humain». Les notions de «sexe fort» et de «sexe faible» n’ont donc aucun fondement, si ce n’est le désir de certains hommes de se croire ou de se vouloir supérieurs aux femmes. Certes, on ne peut nier que les hommes, en règle générale, ont une force physique plus grande que celle des femmes, ce qui explique pourquoi certains métiers sont plutôt masculins que féminins. Mais cela ne les rend ni plus résistants, ni plus intelligents, d’autant que c’est avant tout la force morale, pour ne pas dire la force d’âme, qui est digne d’admiration.

    Si l’on remonte à l’origine de l’infériorisation que les femmes subissent depuis si longtemps, on constate qu’elle prend en grande partie sa source dans la Genèse. En effet, il est dit, dans le récit qui relate la chute de l’Homme, que celle-ci est due au fait qu’Eve, par faiblesse et sous l’influence du serpent, a désobéi à Dieu. Ce récit biblique laisse entendre également que c’est à cause d’elle que l’humanité connaît sur Terre autant d’épreuves et de souffrances. Si l’on ajoute à cela que certaines religions s’interrogeaient jadis sur la question de savoir si les femmes avaient une âme ou non, il est aisé de comprendre pourquoi elles ont été considérées pendant si longtemps comme inférieures aux hommes. Pourtant, il est avéré que les sociétés matriarcales qui ont existé au cours de l’histoire étaient plus évoluées, plus pacifistes et plus raffinées que celles qui suivaient les règles du patriarcat, souvent injustes et sectaires.

    Être citoyen du monde
    Tout comme un humaniste considère que l’homme et la femme sont égaux en tant qu’êtres humains, il ne pense pas qu’une race soit supérieure à l’autre, en supposant même qu’il y ait plusieurs races. Certes, on ne peut nier, par exemple, qu’il y a des différences morphologiques évidentes entre européens, africains et asiatiques, mais il est prouvé scientifiquement que leur génome est identique et que le sang qui coule dans leurs veines est fondamentalement le même ; ils sont donc frères et sœurs dans l’absolu et forment l’espèce humaine dans son ensemble. Penser, pire encore dire, que telle race est supérieure à telle autre, est donc un non-sens sur le plan biologique et traduit une absence d’humanisme. En fait, le racisme traduit un réel manque d’intelligence et une incapacité à accepter les différences. C’est ainsi qu’un raciste a tendance, non seulement à rejeter les personnes qui ne sont pas de sa race présumée, mais également celles qui n’ont pas la même religion, les mêmes opinions politiques, les mêmes tendances culturelles, les mêmes goûts artistiques, etc.
    Mais l’humanisme ne se limite pas à accepter les différences qui existent entre les êtres humains, quelles qu’elles soient. Si tel était le cas, être humaniste se limiterait à être tolérant et à avoir l’esprit ouvert ; il consiste également à œuvrer activement à l’amélioration de la condition humaine, sans distinction raciale, ethnique, sociale ou autre. Cela suppose d’agir et de réagir en tant que citoyen du monde, et non en tant qu’individu appartenant à telle nation, telle région, telle famille, telle religion, telle communauté, etc. D’un point de vue rosicrucien, tous les êtres humains sont autant de cellules d’un seul et même corps, en l’occurrence celui de l’humanité dans son ensemble. Qu’ils en aient conscience ou non, ils sont interdépendants et participent du même égrégore.

    La mondialisation
    On parle beaucoup de mondialisation de nos jours. Nombre de personnes sont opposées à ce processus et le rendent responsable de la crise économique et sociale à laquelle de nombreuses nations sont confrontées. Mais qu’on le veuille ou non, ce processus était inévitable, car naturel. En effet, l’instinct grégaire des hommes les a toujours conduits à accroître leur champ d’action et à élargir le cercle de leurs relations : de village en village, de ville en ville, de pays en pays, de continent en continent. Il est donc vain de s’opposer à la mondialisation, d’autant plus qu’elle est un facteur de rapprochement et donc de paix. Il faut au contraire l’accélérer et en faire un vecteur d’humanisme. Cela suppose de la maîtriser, de manière qu’elle bénéficie à tous les peuples, notamment sur le plan socio-économique. Les choses étant ce qu’elles sont, plus aucun pays ne pourra désormais prospérer à l’écart ou au détriment des autres. S’il en est ainsi, c’est parce que leurs destins et leurs karmas respectifs se confondent.

    À propos de crise économique et sociale, on ne peut passer sous silence ce fléau qu’est le chômage, car il est un agent de mal-être et de souffrance morale. Si ses causes sont multiples, il en est une dont on ne parle pas suffisamment, à savoir l’excès de machinisme. Avec le temps, les machines, et d’une manière générale la technologie, ont pris une place prépondérante, au point de remplacer l’homme où cela n’était ni utile, ni nécessaire. Cette dérive, causée essentiellement par la volonté de faire toujours plus de profits, a privé de travail un grand nombre de personnes et a contribué à déshumaniser la société. L’idéal serait donc d’opérer un retour en arrière et de remettre des êtres humains où il serait sage de le faire. Cela suppose de rompre avec le matérialisme excessif qui prévaut dans les pays dits développés, lequel est fondé à outrance sur la rentabilité et l’argent.

    Un autre mal ronge la société actuelle : l’individualisme. Sous l’effet combiné de l’excès de matérialisme, de la perte des valeurs citoyennes et des difficultés socio-économiques auxquelles de nombreuses personnes sont confrontées, on assiste depuis déjà plusieurs décennies à un renforcement de l’égoïsme et de l’indifférence. De nos jours, chacun a tendance à ne se préoccuper que de son bien-être personnel ou de celui de ses proches, parfois au détriment d’autrui. Parallèlement, on encourage le culte de la personnalité via Internet ou des émissions dites «people», ce qui a pour effet d’exacerber l’ego et tout ce qui en découle en termes d’égotisme. Par ailleurs, des jeux populaires exaltent l’esprit de compétition, au point d’exclure tel ou tel candidat sur des prétextes aussi injustes que fallacieux. Assurément, une telle tendance est à l’opposé de ce qu’il conviendrait de faire pour éveiller les gens à l’humanisme, lequel est fondé entre autres sur la coopération et l’empathie.

    L’humanisme rosicrucien
    Venons-en maintenant à ce qui fait la spécificité de l’humanisme rosicrucien. En effet, ce que j’ai expliqué jusqu’à présent doit sembler évident à toute personne soucieuse de contribuer à l’émergence d’une société plus humaine et plus fraternelle. Cela étant, il me semble que l’idéal en la matière est de s’appuyer sur une quête spirituelle. Certes, on peut être humaniste tout en étant athée, mais le fait d’admettre l’existence de Dieu et de l’âme donne nécessairement une dimension transcendantale à l’humanisme. Vous noterez d’ailleurs que la plupart des personnalités qui ont été reconnues dans le passé pour leur humanisme étaient ouvertes à la spiritualité. Parmi les Rose-Croix les plus célèbres, citons Francis Bacon, Robert Fludd, Coménius (considéré comme le père spirituel de l’U.N.E.S.C.O.), Baruch Spinoza, Marie Corelli, Papus, Nicolas Roerich, entre autres.
    Qu’en est-il de l’âme pour les Rosicruciens ? Elle est l’entité spirituelle qui nous anime et fait de chacun de nous un être vivant et conscient. Par ailleurs, elle est virtuellement parfaite. En fait, ce que nous désignons dans le langage courant sous le nom de «qualités» prennent leur source dans notre âme. Cela veut dire que plus une personne est évoluée spirituellement, plus elle fait preuve d’humilité, de générosité, de tolérance, de bienveillance, etc. Or, qu’est-ce qu’être humaniste sinon manifester ces qualités au quotidien et en faire bénéficier les autres ? Nous voyons donc que la spiritualité, lorsqu’elle est fondée sur une quête de connaissance et de sagesse, contribue à notre perfectionnement et fait de nous un meilleur conjoint, un meilleur parent, un meilleur voisin, un meilleur collègue de travail et un meilleur citoyen. Autrement dit, elle fait de nous un meilleur humain, soucieux de donner un sens éthique à sa vie.

    Le concept de Dieu mérite également d’être explicité. D’un point de vue rosicrucien, ce mot désigne l’Intelligence absolue et impersonnelle qui est à l’origine de toute la Création et de tout ce qu’elle contient sur les plans visible et invisible. Bien qu’inconnaissable en tant que telle, cette Intelligence se manifeste dans l’univers, la nature et l’homme lui-même au moyen de lois que l’on peut qualifier de «divines», au sens de lois naturelles (telles la succession des saisons, l’alternance des marées…), universelles (telles la gravitation universelle, la propagation de la lumière, …) et spirituelles (tels le karma, la réincarnation, …). Or, que nous en ayons conscience ou non, le bien-être et le bonheur auxquels nous aspirons dépendent de notre aptitude à vivre en harmonie avec ces lois, ce qui suppose de les étudier. C’est précisément ce que font les Rose-Croix à travers leur enseignement.
    Mais revenons-en à l’humanisme. D’un point de vue rosicrucien, les êtres humains ne sont pas uniquement des frères et sœurs de sang ; ce sont également des âmes-sœurs provenant d’une seule et même source spirituelle, en l’occurrence l’Âme universelle. Ce qui diffère entre eux, au-delà de leur morphologie et de leur apparence physique, c’est leur degré d’évolution intérieure, c’est-à-dire leur aptitude à exprimer à travers leur comportement ce qu’il y a de plus divin en eux. C’est donc au plus profond de nous-mêmes que nous devons puiser l’inspiration voulue pour nous comporter aussi dignement que possible et donner l’exemple d’une personne humaniste, soucieuse de se transcender dans l’intérêt de tous. En cela, nous disposons du meilleur guide qui soit : la voix de notre conscience. Que nous le lui demandions ou non, elle nous donne constamment son avis sur notre comportement et nous incite à agir aussi bien que possible à l’égard de nous-mêmes et d’autrui. Libre à nous d’en tenir compte ou non…

    Humanisme et spiritualité
    Pour les raisons que je viens d’expliquer, les Rosicruciens font un lien entre l’humanisme et la spiritualité. S’ils s’emploient à devenir meilleurs et à se montrer plus généreux, tolérants, bienveillants, etc., ce n’est pas uniquement dans un but humaniste. C’est également parce qu’ils pensent qu’un tel travail sur eux-mêmes contribue à l’évolution de leur âme. Selon eux, nous vivons sur Terre dans le but d’évoluer spirituellement et d’atteindre un jour l’état de sagesse. Partant du principe qu’un tel état ne peut être réalisé en une seule vie, la plupart d’entre eux adhèrent à la réincarnation. Mais c’est là un autre sujet… Quoi qu’il en soit, leur quête spirituelle les incite à être humanistes et à voir en tout être humain une âme-sœur en voie d’évolution. En vertu de ce principe, ils considèrent que la différence qui existe entre les individus quant à leur niveau de conscience et de maturité, se situe essentiellement dans le fait que certains sont plus évolués que d’autres.

    L’univers n’est pas le fruit du hasard ou d’un concours de circonstances, pas plus que l’humanité elle-même. Comme je l’ai dit précédemment, elle évolue graduellement vers l’état de sagesse, prélude à l’instauration d’une Société idéale. Une telle perspective peut sembler utopiste, mais elle est une invitation à faire preuve d’humanisme et à œuvrer à notre développement personnel, ou plus exactement à l’évolution de notre personnalité. Au regard de la philosophie rosicrucienne, c’est dans ce perfectionnement individuel et collectif que se situe l’espoir d’un monde meilleur pour tous. Et s’il est vrai que «l’espoir fait vivre», il est vrai aussi que la «vie fait espérer», car tout être humain espère plus ou moins consciemment qu’elle a un sens et qu’elle ne se limite pas à l’interlude compris entre la naissance et la mort. C’est ce qui explique pourquoi même un athée, dans le secret de son cœur si ce n’est celui de son âme, se prend parfois à envisager l’existence d’une après-vie.

    Au-delà des apparences, l’humanité, que nous percevons comme un ensemble hétéroclite d’êtres humains incarnés, est d’origine et de nature spirituelles. Dans une certaine mesure, c’est aussi le cas de l’univers. Rappelons en effet que juste avant ce que les scientifiques appellent le «big bang», il était immatériel, et que dans les minutes qui ont suivi cette gigantesque explosion cosmique, il se réduisait à un centre d’énergie ayant la grosseur d’un atome. Quoi qu’il en soit, les individus que nous sommes ne se réduisent pas à leur corps physique. Nous sommes également et même surtout des âmes vivantes. Mieux qu’une humanité, nous formons une animanité, autrement dit une famille spirituelle dont l’espèce humaine n’est que le véhicule sur Terre. Que nous en ayons conscience ou non, et sous l’impulsion de ce qui est divin en nous, nous sommes destinés à nous comprendre, à nous respecter et à nous aimer.

    L’Amour universel

    En tant qu’individus, nous avons tendance à aimer plutôt ceux qui nous sont proches ou qui ont en commun avec nous la “race”, la nationalité, la religion, les idées politiques, etc. Cette tendance instinctive sinon naturelle résulte du fait que nous sommes enclins à rechercher la compagnie de ceux auxquels nous sommes liés affectivement ou avec lesquels nous avons des affinités, des ressemblances et autres points communs. Sachant qu’il faut aller bien au-delà de cette inclination, les Rosicruciens ouvrent leur cœur et leur âme aux autres, c’est-à-dire à ceux et celles qu’ils n’ont a priori aucune raison d’aimer. En cela, ils sont des adeptes de l’Amour universel, au sens le plus mystique de cette expression. Et à défaut d’être capable d’aimer tout le monde, ce qui nécessite un très haut niveau d’évolution spirituelle, ils ne haïssent personne.
    Chacun de nous est à même de constater que l’humanité va mal et qu’elle se déchire dans de nombreux domaines. Il est évident que si elle persiste dans cette voie, elle court le risque de s’auto-détruire, d’autant que son incapacité à vivre en paix et dans l’harmonie s’accompagne d’une inaptitude à respecter la planète sur laquelle elle vit. Il y a donc urgence à faire de l’humanisme le fondement de nos comportements individuels et collectifs. Les Rose-Croix s’y efforcent depuis toujours ; ils ne sont pas les seuls, mais force est de constater qu’il n’y a pas assez d’humanistes en ce monde. Alors, faisons abstraction de nos différences, voire de nos divergences, et mettons le meilleur de nous-mêmes au service de la collectivité, dans l’intérêt de tous et de chacun. A l’instar de Khalil Gibran, faisons nôtre cette devise : «La Terre est ma patrie ; l’Humanité est ma famille».

    Serge Toussaint
    Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:12

    Deux manifestes : « Positio » et « Appellation »

    Positio Fraternitatis Rosae-Crucis
    Co-écrit par les responsables de l’A.M.O.R.C., ce Manifeste a été publié sur un plan mondial en 2001. Des historiens de l’ésotérisme comme Antoine Faivre ou Roland Edighoffer le situent dans la lignée des trois Manifestes rosicruciens parus au XVIIe siècle (La Fama Fraternitatis, la Confessio Fraternitatis et les Noces chymiques de Christian Rosenkreutz).
    Extrait de ce document dont vous pouvez lire le texte intégral en suivant le lien placé à la fin du texte :

    Salutem Punctis Trianguli !
    En cette première année du troisième millénaire, sous le regard du Dieu de tous les hommes et de toute vie, nous, députés du Conseil suprême de la Fraternité rosicrucienne, avons jugé que l’heure était venue d’allumer le quatrième Flambeau R+C, afin de révéler notre position sur la situation actuelle de l’Humanité et mettre en lumière les menaces qui pèsent sur elle, mais aussi les espoirs que nous plaçons en elle. Qu’il en soit ainsi !

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Faute de pouvoir nous adresser directement à vous, nous le faisons par l’intermédiaire de ce Manifeste. Nous espérons que vous en prendrez connaissance sans préjugé et qu’il suscitera en vous ne serait-ce qu’une réflexion. Notre désir n’est pas de vous convaincre du bien-fondé de cette «Positio», mais de la partager librement avec vous. Naturellement, nous espérons qu’elle trouvera un écho favorable dans votre âme. Dans le cas contraire, nous en appelons à votre tolérance.

    En 1623, les Rose-Croix placardèrent sur les murs de Paris des affiches à la fois mystérieuses et intrigantes. En voici le texte :
    «Nous, députés du Collège principal de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible en cette ville par la grâce du Très-Haut, vers Lequel se tourne le cœur des Justes. Nous montrons et enseignons à parler, sans livres ni marques, toutes sortes de langues des pays où nous voulons être pour tirer les hommes, nos semblables, d’erreur de mort.»

    > [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

    Appellatio Fraternitatis Rosae Crucis
    Le but de cette «Appellatio» n’est pas d’exposer l’histoire des Rose-Croix, ni leur enseignement. À travers elle, nous souhaitons plutôt célébrer le quatre centième anniversaire de la publication de la «Fama Fraternitatis», Manifeste fondateur de l’Ordre de la Rose-Croix sur le plan historique. Si nous précisons «historique», c’est parce que sur le plan traditionnel, cet Ordre puise ses origines dans les Écoles de mystères de l’Égypte antique, durant la XVIIIe dynastie. Michaël Maier, célèbre Rose-Croix du XVIIe siècle, déclara d’ailleurs dans l’un de ses ouvrages : «Nos origines sont égyptiennes, brahmaniques, issues des mystères d’Éleusis et de Samothrace, des Mages de Perse, des Pythagoriciens et des Arabes».

    Extrait de ce document dont vous pouvez lire le texte intégral en suivant le lien placé à la fin du texte :

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Cher lecteur,
    En 1614, il y a donc quatre cents ans, une mystérieuse Fraternité se fi t connaître presque simultanément en Allemagne, en France et en Angleterre, par la publication d’un Manifeste intitulé «Fama Fraternitatis Rosae Crucis». À l’époque, ce texte suscita de nombreuses réactions, notamment parmi les penseurs, les philosophes et les responsables des religions en vigueur, en particulier ceux de l’Église catholique. D’une manière générale, ce Manifeste en appelait à une Réforme universelle, tant dans le domaine religieux que politique, philosophique, scientifi que, économique, etc. De l’avis même des historiens, la situation était alors très chaotique dans de nombreux pays d’Europe, au point que l’on parlait ouvertement de «crise européenne».

    Rappelons que la «Fama Fraternitatis» fut suivie de deux autres Manifestes : «La Confessio Fraternitatis» et «Les Noces chymiques de Christian Rosenkreutz», publiées respectivement en 1615 et 1616. Les auteurs de ces trois Manifestes se réclamaient de la Fraternité des Rose-Croix et appartenaient à un cercle de mystiques connu sous le nom de «Cercle de Tübingen». Tous étaient des passionnés d’hermétisme, d’alchimie et de kabbale. Quelques années plus tard, en 1623, cette Fraternité se fi t connaître davantage encore par le placardage, dans les rues de Paris, d’une affi che énigmatique : «Nous, Députés du Collège principal de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible dans cette ville, par la grâce du Très Haut…».

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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:14

    Érik Satie, maître de chapelle des Rose-Croix

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    Il y a 150 ans naissait Érik Satie (1866-1925), un compositeur qui a marqué son époque autant par sa musique que par sa personnalité. Plus d’un mélomane aura été frappé de trouver des références au rosicrucianisme dans ses œuvres : Les sonneries de la Rose+Croix ou L’Air du Grand Maître… Érik Satie fut en effet pendant quelque temps le « maître de chapelle » de l’Ordre de la Rose-Croix. C’est cet épisode peu connu de sa carrière que nous vous proposons de découvrir.

    1 – Art et occultisme
    La fin du XIXe siècle est marquée par le symbolisme, mouvement artistique qui tente de s’opposer au réalisme naturaliste. S’attachant à l’essence des choses et des êtres, les symbolistes cherchent les équivalences plastiques existant entre la nature et la pensée. Nombreux sont ceux qui tentent alors de jeter des ponts entre l’art, l’ésotérisme et la spiritualité. En littérature, Auguste de Villiers de L’Isle-Adam puise dans Dogme et Rituel de haute magie d’Éliphas Lévi ; Charles Baudelaire lit Emmanuel Swedenborg et popularise sa théorie des « correspondances ».

    En peinture, les salons indépendants se multiplient, en opposition à l’art officiel, jugé trop matérialiste. Les artistes symbolistes, écrivains, peintres ou musiciens, se rencontrent dans les librairies parisiennes, qui deviennent des lieux d’échanges. Dans l’une d’elles, L’Art indépendant, symbolistes et occultistes se côtoient. Claude Debussy, Érik Satie, Stéphane Mallarmé, Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, Augustin Chaboseau, Victor-Émile Michelet, Pierre Louÿs, Odilon Redon, Félicien Rops, Papus, Stanislas de Guaita, Joséphin Péladan et bien d’autres s’y retrouvent fréquemment [1]. Claude Debussy, Érik Satie et Villiers de L’Isle-Adam, qui est musicien à ses heures, aiment à jouer sur le piano trônant dans l’arrière-boutique de la librairie. Son propriétaire, Edmond Bailly, est lui-même un mélomane averti. Il est d’ailleurs le rédacteur d’une revue musicale, La Musique populaire, et s’intéresse beaucoup aux vertus magiques du son, en particulier au pouvoir du chant comme « invocation aux dieux planétaires [2] ».

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    Joséphin Péladan peint par Séon (1891)

    C’est par la lecture des livres de Joséphin Péladan (1858-1919) qu’Érik Satie va entrer plus directement en relation avec le monde de l’ésotérisme. En novembre 1886, le jeune musicien part rejoindre le 33e régiment d’infanterie à Arras [3]. La vie disciplinaire n’est guère faite pour cet artiste qui n’a qu’un désir, reprendre au plus vite sa liberté. Il finit par s’exposer torse nu toute une nuit, avec pour résultat une bronchite et trois mois de tranquillité. Il en profite pour lire et découvre alors Le Vice suprême et L’Androgyne, deux romans de Joséphin Péladan. Les allusions à la fraternité de la Rose-Croix présentes dans le premier l’intriguent. On connaît mal les circonstances qui l’amènent à rencontrer son auteur, quelque temps après cet épisode. Il est probable que ce soit à la librairie L’Art indépendant que les deux hommes lient connaissance.
    Joséphin Péladan et Érik Satie ont un point commun, l’amour de la peinture, et c’est sans doute ce qui scelle leur brève amitié. À la fin de l’année 1891, Satie compose une courte mélodie destinée à accompagner la lecture d’un roman de son ami, Le Panthée. La partition de ce leitmotiv figure en frontispice du livre, à la suite d’un vernis mou de Fernand Khnopff [4]. Cette œuvre marque la première collaboration de Satie avec le Sâr Péladan. Le musicien inaugure ici une expérience d’un genre qu’il renouvellera par la suite, la « musique décorative ».

    2 – Le maître de chapelle des Rose-Croix
    L’année suivante, nous retrouvons notre pianiste associé à Joséphin Péladan pour les expositions de peinture qui marquèrent l’histoire de l’art du XIXe siècle : les Salons de la Rose+Croix. Érik Satie est devenu le musicien officiel, le maître de chapelle de l’ordre que Joséphin Péladan vient de créer : La Rose+Croix du Temple et du Graal. La filiation rosicrucienne revendiquée par Péladan reste assez floue, et sa vision de cette tradition lui est toute personnelle. Il veut « restaurer en toute splendeur le culte de l’Idéal avec la Tradition pour base et la Beauté pour moyen [5] ». Joséphin Péladan voit en effet dans l’art un vecteur idéal pour éloigner ses contemporains du matérialisme et les sensibiliser à la spiritualité. Aussi la vocation de son ordre est-elle essentiellement esthétique. Elle consiste principalement à organiser de grandes expositions de peinture. Péladan a exprimé ses théories sur l’art et la spiritualité dans un ouvrage intitulé [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][6]. Elles figurent également sur les catalogues des Salons de la Rose+Croix :

    Le Salon de la Rose+Croix sera un temple dédié à l’Art-Dieu, avec les chefs-d’œuvre pour dogmes et pour saints les génies [7].
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Catalogue du 1er Salon de 1982

    Le premier Salon de la Rose+Croix ouvre ses portes le 10 mars 1892 à la célèbre galerie parisienne Durand-Ruel. L’affluence de vingt-deux mille visiteurs consacre le succès de cette manifestation. Péladan est comblé : « Il inaugurait ses Salons par… des sonneries de trompettes de lévites (c’était alors ce doux farceur d’Érik Satie qui, parcier de la Rose+Croix, les dirigeait [8]. » Cette musique, composée par Satie pour la circonstance, servira à chaque ouverture des Salons. Les Sonneries de la Rose+Croix sont les œuvres les plus caractéristiques de la collaboration entre Satie et Péladan. Le programme du premier Salon souligne que « l’originalité et la sévérité de leur style les ont fait adopter par l’Ordre pour ses cérémonies et elles ne peuvent du reste, à moins d’une licence du grand maître, être exécutées qu’aux réunions de l’Ordre ».

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    Ces sonneries se composent de plusieurs pièces : Air de l’ordre, Air du grand maître, Air du grand prieur. Cette dernière est dédiée à Antoine de La Rochefoucauld, grand prieur et archonte de la Rose-Croix. La partition fut éditée avec un frontispice de Puvis de Chavannes, une étude préparatoire de son tableau La Guerre. Les Sonneries furent écrites pour harpes et trompettes. Hélas, la partition originale ayant disparu, nous ne connaissons plus cette œuvre que dans sa version pour piano. Selon Jean-Joël Barbier, « les Sonneries de la Rose+Croix constituent l’un des plus curieux chefs-d’œuvre d’Érik Satie [9] ».



    3 – Le Fils des étoiles
    Le soir, les Salons se prolongent par les Soirées de la Rose+Croix, consacrées au théâtre et à la musique. Lors de celle du jeudi 17 mars 1892 est présentée une pièce de théâtre du Sâr Péladan, Le Fils des étoiles, wagnérie kaldéenne en trois actes [10]. Le programme précise : « Érik Satie a composé trois préludes pour harpes et flûtes d’un caractère admirablement oriental. » Ces œuvres sont conçues comme des décors sonores, elles sont censées préparer émotivement le spectateur, au seuil de chaque acte, au tableau qu’il va contempler. La partition écrite pour harpes et flûtes n’a hélas pas encore été retrouvée, et l’on n’en connaît que sa réduction pour piano. Elle se compose d’un prélude, « La vocation », et d’un thème décoratif, « La nuit de Chaldée », destinés au premier acte. Un prélude, « L’initiation », et un thème décoratif intitulé « La salle basse du grand temple » accompagnent le deuxième acte. Le troisième acte comporte deux compositions, « L’incantation » et un thème décoratif, « La terrasse du palais Patesi Gondea ».

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    Extrait de la partition du Fils des étoiles

    Malgré l’excellente interprétation d’Aldo Ciccolini, on regrette de ne pouvoir écouter cette œuvre dans son orchestration initiale. En 1914, Maurice Ravel, qui était un admirateur de Satie, en a orchestré le prélude, mais malheureusement, cette adaptation n’a pas été enregistrée. Robert Gagy a tenté de reconstituer l’orchestration initiale de Satie, il en publia le résultat en 1972 aux éditions Salabert.
    Le Paris musical de cette fin de siècle est dominé par Wagner. Péladan lui-même est un inconditionnel du maître de Bayreuth. Ce qu’il cherche avant tout dans sa collaboration avec Satie, c’est d’obtenir une musique wagnérienne, ce qui irrite profondément Érik Satie. À l’inverse, ce dernier cherche à s’éloigner d’une musique que beaucoup de compositeurs cherchent à imiter. Dans une conférence donnée à Bruxelles en 1920, il déclare :

    J’écrivais à ce moment Le Fils des étoiles sur un texte de Joséphin Péladan et j’expliquais à Debussy le besoin pour un Français de se dégager de l’aventure Wagner, laquelle ne répondait pas à nos aspirations naturelles et lui faisais remarquer que je n’étais nullement anti-wagnérien, mais que nous devions avoir une musique à nous, sans choucroute si possible.

    Satie conseille à son ami Debussy de transposer musicalement la peinture impressionniste de Claude Monet, et pour illustrer Le Fils des étoiles, c’est dans la peinture de Puvis de Chavannes qu’il ira lui-même chercher l’inspiration. Les musiques rosicruciennes vont donner lieu à des critiques de presse qui permettront au jeune Érik Satie, alors âgé de vingt-six ans, d’atteindre rapidement une certaine notoriété.

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    E. Satie peint par Marcelin Desboutin

    4 – Le Prince de Byzance
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], drame romanesque en cinq actes, sera la dernière collaboration de Satie avec Péladan. Le musicien compose un Hymne au drapeau pour illustrer cette pièce.
    Deux personnages aussi excentriques l’un que l’autre ne pouvaient guère cohabiter longtemps. Le wagnérisme de Péladan n’était vraiment pas du goût du « gymnopédiste ». En l’écoutant jouer Le Fils des étoiles, Péladan demandait à son maître de chapelle : « Wagner eût-il écrit cet accord ? – Oui, oui, répondait Satie, sachant bien que non et riant derrière son binocle [11]. »
    Ce jeu de cache-cache n’amuse pas longtemps le musicien. Lassé des exigences wagnériennes du Sâr, il rompt bientôt ses relations avec le grand maître. Pour irriter son ancien collaborateur, qui voue un culte au Tristan et Isolde de Wagner, il fait courir le bruit qu’il prépare un opéra intitulé Le Bâtard de Tristan. Érik Satie trouvera rapidement un autre compagnon, le poète Contamine de Latour, avec lequel il collaborera à la création d’Uspud, un « ballet chrétien en trois actes », véritable bouffonnerie mystique. Cette production, présentée le 20 décembre 1892 au Théâtre national de l’Opéra, constitue une authentique parodie des œuvres de Péladan.

    5 – L’Église métropolitaine d’art
    Les aventures mystiques d’Érik Satie s’arrêtent-elles ici ? Non, car aussitôt il rejoint Jules Bois, le directeur de Cœur, revue consacrée à l’ésotérisme, la littérature et l’art. Le financier de cette revue n’est autre que le comte Antoine de la Rochefoucauld, le mécène du premier Salon de la Rose+Croix. Peintre lui-même, le comte est d’ailleurs l’auteur d’un portrait de Satie. La collaboration entre Jules Bois et Érik Satie donne naissance à un prélude destiné à être joué en introduction de La Porte héroïque du ciel [12], un drame ésotérique écrit par le directeur de Cœur.

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    Érik Satie annonce bientôt dans cette revue la fondation de sa propre organisation mystique : l’Église métro politaine d’art de Jésus conducteur :

    Mes frères, nous vivons en une heure troublée où la société occidentale, fille de l’Église catholique apostolique romaine, est envahie par les ténèbres de l’impiété, mille fois plus barbare qu’aux temps du paganisme […] nous avons donc résolu […] d’édifier dans la métropole de France […] un temple digne du sauveur, conducteur et rédempteur des peuples, nous en ferons le refuge où la catholicité et les arts […].

    L’Église aura pour « abbatiale » le minuscule appartement occupé par Satie, au 6 de la rue Corot, à Paris. Cette création ressemble à une gigantesque farce. Pourtant, Satie s’est efforcé d’en décrire la structure, la hiérarchie et l’organisation avec un tel luxe de précisions que l’on peut s’interroger sur ses véritables intentions. Il ira en effet jusqu’à publier un journal, Le Cartulaire, organe officiel de son Église. La farce dut lui coûter cher, car il utilisa pour le financement de cette publication la plus grande partie d’un héritage arrivé au bon moment. Le Cartulaire relate les activités mondaines du maître, et dénonce et excommunie certaines personnalités parisiennes. C’est pour son Église qu’il compose La Messe des pauvres pour orgue et chœurs.

    6 –Mystique et mystificateur
    Selon son fondateur, l’Église métropolitaine d’art de Jésus conducteur devait comporter un maximum de… 1 608 040 290 membres. En fait, il semble qu’elle n’ait pas dépassé le nombre de deux, Satie et son ami Contamine de Latour. Satie a décrit et dessiné les costumes des membres de son Église avec un grand luxe de détails. Chaque dignitaire porte un costume particulier. Le parcier, titre que se donne Satie au sein de cette Église, porte robe rouge et capuce violet. Le grand définiteur, le grand penedent et le grand cloistrier portent robe rouge et capuce blanc. Les définiteurs, au nombre de dix, portent robe rouge et capuce gris. Les autres dignitaires, penedents et cloistriers, sont en robe violette. Les vêtements des chevaliers sont composés d’une cotte de mailles à capuchon, à manches et à jambières, d’une robe à capuce, d’un heaume conique à nasal et de gants de mailles. Ils sont armés d’une épée de bataille et d’une « lance de cinq mètres » (sic).
    Mais le parcier ne s’arrête pas là, il fonde également l’abbaye des Trépassés, les Capuchets ou Frères infimes, l’ordre des Chevaliers du Torcol et l’ordre des Humu-lins. Chacun d’eux est décrit avec force détails. Ajoutons encore à cette liste d’organisations aussi fantaisistes que fantomatiques celles des Chevaliers de Terre sainte et des Pauvres Chevaliers de la Sainte Cité, et nous aurons la liste complète du royaume dirigé par le musicien. Qui pouvait prendre cela au sérieux en dehors d’Érik Satie lui-même ? Il est probable que ces projets visaient surtout à caricaturer l’ordre fondé par le Sâr Péladan. Cette utopie délirante ne dura d’ailleurs pas longtemps, le dernier numéro du Cartulaire fut publié en 1895 et ne fut probablement destiné qu’aux deux seuls membres de l’Église métropolitaine.

    7 – Le seul musicien qui avait des yeux
    Satie fréquenta toujours le milieu des peintres et resta en relation avec ces artistes toute sa vie durant. Man Ray disait que Satie était le seul musicien qui avait des yeux. Il compta parmi ses amis les peintres Maurice Utrillo, Suzanne Valadon, Odilon Redon, Pablo Picasso, Georges Braque, Raoul Dufy, René Magritte, Francis Picabia, André Derain, Georges de Feure, Luigi Veronesi et bien d’autres. La peinture eut une influence importante sur sa musique. L’expérience initiée avec Péladan trouvera sa suite naturelle dans la société Lyre et Palette, avec Jean Cocteau, qui propose des manifestations où l’on associe lectures poétiques et arts plastiques. Les Valses distinguées d’un précieux dégoûté de Satie serviront de décor sonore pour le vernissage d’une exposition consacrée à Picasso, Matisse et Modigliani. Une autre composition de Satie marquera son attachement aux liens qui unissent les différents arts : Parade, un opéra où il collabore avec Jean Cocteau et Picasso. C’est pour illustrer des aquarelles de Charles Martin que le musicien compose en 1914 son recueil Sports et Divertissements. Lorsqu’il compose Socrate, un drame symphonique d’après les dialogues de Platon, il adopte la technique de collage de ses amis cubistes.
    Sans être peintre lui-même, Satie aime dessiner, il prend d’ailleurs un soin particulier à décorer les partitions de ses œuvres avec des calligraphies et des dessins [13]. Après sa mort, on découvrira dans le petit appartement qu’il occupait des milliers de dessins plus étranges les uns que les autres.

    8 – Satie rosicrucien ?
    Comme nous venons de le montrer, les références à la Rose-Croix dans les premières œuvres d’Érik Satie s’inscrivent dans un contexte spécifique. Il serait donc excessif de le qualifier de musicien rosicrucien. Ce serait faire preuve d’un esprit réducteur, voire d’une tentative de récupération maladroite, compte tenu du caractère fantasque de ce personnage. Son aventure rosicrucienne, même si elle ne fut pas sans influence sur sa musique, fut une courte expérience, elle ne dura guère plus d’une année, de la seconde moitié de 1891 au milieu de 1892. Elle est donc de peu de poids par rapport à ses expériences aussi riches que variées avec le monde de la peinture. Quoi qu’il en soit, c’est à lui que l’on doit la présence du rosicrucianisme dans le répertoire de la musique classique française de la fin du XIXe siècle.
    Le visage d’Érik Satie présente de multiples facettes, dont l’une des plus spécifiques est l’humour. La lecture de ses Mémoires d’un amnésique est révélatrice de ce trait de caractère qui cache aussi une hypersensibilité. Malgré ses excès, Érik Satie reste un personnage très attachant. Claude Debussy disait lui devoir beaucoup. Quant à André Breton, il prétendait que « le passage du XIXe au XXe siècle n’a déterminé aucune évolution de l’esprit aussi captivante que celle de Satie ».
    Christian Rebisse
    Documents :


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    Notes :
    [*]Une version précédente de cet article de Christian Rebisse a été publiée dans Musique et mysticisme, Œuvre collégiale, Diffusion Rosicrucienne, Le Tremblay, 2011.
    [1] Sur cette célèbre librairie, voir Victor-Émile Michelet, Les Compagnons de la hiérophanie, Paris, Dorbon-Ainé, 1937, p. 65-78.
    [2] Bailly, Edmond, Le Chant des voyelles comme invocation aux dieux planétaires : Suivi d’une restitution vocale avec accompagnement, Paris, Librairie de l’Art Indépendant, 1912. Sur ce personnage, voir Joscelyn Godwin, L’Ésotérisme musical en France : 1750-1950, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l’Hermétisme », 1992, p. 168-177.
    [3] Voir Pierre-Daniel Templier, E. Satie : maîtres de la musique ancienne et contemporaine, Paris, Rieder, 1932, p. 13.
    [4] Péladan Joséphin, Le Panthée, coll. « La Décadence latine », Paris, Dentu, 1892.
    [5] Salon de la Rose+Croix : Règle et monitoire, Paris, Dentu, 1891, p. 7.
    [6] Péladan Joséphin, L’Art idéaliste et mystique», Paris, Chamuel, 1894. Voir également toute la série des œuvres qu’il a consacré a l’art sous le thème : « La Décadence Esthétique », soit environ vingt-six ouvrages.
    [7] Salon de la Rose+Croix : Régle et monitoire, Paris, Dentu, 1891, p. 25.
    [8] Mauclair Camille, Servitude et grandeur littéraire, souvenirs d’arts et de lettres, 1890-1900, Paris, Ollendorff, 1922, p. 81
    [9] Barbier Jean-Joël, Au piano avec E. Satie, Paris, Garmont-Archimbaud, 1986, p. 54. Signalons la publication récente d’une adaptation tout à fait originale des « Sonneries de la Rose-Croix » par l’Ensemble Saraband, avec Abed Azrié, sous le titre « Satie en Orient » (Doumtak Music – BOOOBU9AEG, 2010).
    [10] Ce drame a été présenté pour la première fois à l’une des « soirées de la Rose+Croix », le 17 mars 1892, puis repris au Palais du Champ de Mars le dimanche et le lundi de Pâques 1893.
    [11] Cocteau Jean, « Fragment d’une conférence sur Satie », Revue musicale, mars 1924, n°5, p. 32.
    [12] Bois Jules, La Porte héroïque du ciel, Paris, Librairie de l’art indépendant, 1894. Cet ouvrage est orné de deux dessins d’Antoine de la Rochefoucauld. La partition du Prélude composé par Erik Satie est insérée avant le texte du drame. Alexis Roland-Manuel a orchestré le Prélude composé par Satie.
    [13] Ornella Volta a reproduit la plupart de ces dessins dans L’Imagier d’Érik Satie, Paris, Francis van de Velde, 1979.

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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:15

    L’Université Rose-Croix Internationale – Vidéo

    Menant des recherches dans des domaines aussi variés que la psychologie, la médecine, les sciences physiques, l’égyptologie, la philosophie et autres branches du savoir, l’Université Rose-Croix Internationale a pour objectif, à travers des conférences, des séminaires et des livres accessibles au public, de promouvoir une approche spiritualiste de la culture. D’où sa devise : « La culture au service de la spiritualité. »




    L’UNIVERSITÉ ROSE-CROIX INTERNATIONALE (U.R.C.I.)
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    L’Université Rose-Croix Internationale, connue dans le monde sous le sigle U.R.C.I., a été créée au tout début du XXe siècle par les responsables de l’A.M.O.R.C. Composée essentiellement de Rosicruciens spécialisés dans un domaine particulier du savoir, cette Université interne sert de cadre à des recherches effectuées dans des sections aussi diverses que l’astronomie, l’écologie, l’égyptologie, la médecine, la musique, la psychologie, les sciences physiques et les traditions ésotériques du passé.

    Dans la juridiction francophone, elle regroupe actuellement environ 50 conférenciers intervenant sur plus de 200 thèmes différents. En principe, les travaux entrepris par les membres de l’U.R.C.I. sont réservés aux Rosicruciens et leur sont communiqués au moyen de fascicules rédigés dans ce but. Mais, conscients de l’intérêt que ces travaux peuvent susciter auprès des personnes intéressées par la culture spiritualiste, les responsables actuels de l’A.M.O.R.C. ont décidé de les ouvrir en partie au public, notamment par le biais de conférences, de séminaires et même de livres. Précisons également que certains travaux de l’U.R.C.I. sont présentés dans la revue Rose-Croix, accessible aux non-membres.

    Bien que les conférences et les séminaires proposés par l’U.R.C.I. soient dirigés par des Rosicruciens, leur but n’est pas d’exposer ce que l’A.M.O.R.C. enseigne précisément sur les thèmes concernés, car un tel enseignement ne peut être reçu qu’en étudiant les monographies internes à l’Ordre, lesquelles sont adressées exclusivement aux membres. Il est plutôt de présenter à chaque participant une vision spiritualiste des sujets traités, cette vision étant nécessairement empreinte de la philosophie rosicrucienne.

    Les sections de l’Université Rose-Croix Internationale
    ♦ Section Ecologie
    Cette section est dirigée actuellement par un Rosicrucien belge. Elle est composée essentiellement de biologistes, d’ingénieurs agronomes ou de spécialistes du monde animal. L’un de ses buts est de montrer qu’une démarche spirituelle est inconcevable sans un profond respect de la Nature.

    ♦ Section Égyptologie
    Cette section est animée par des égyptologues. Son but essentiel est d’établir un lien entre certains concepts fondamentaux de la tradition rosicrucienne et les éléments majeurs de l’histoire et de la civilisation égyptiennes (cosmogonie, symbolisme, rôle de l’art, rituels, etc.).

    ♦ Section Médecine
    Cette section est dirigée par des médecins. L’une de ses priorités est de démontrer qu’il est fondamental de respecter certaines lois naturelles pour conserver la santé. Tout en préconisant de façon stricte un suivi par la médecine classique, certaines techniques simples, connues depuis des siècles.

    ♦ Section Musique
    Cette section est animée par des musiciens professionnels. Son objectif est de démontrer avant tout comment et pourquoi la musique peut être une aide précieuse dans une démarche mystique ou spirituelle.

    ♦ Section Psychologie
    Cette section est dirigée actuellement par un psychologue québécois. La plupart des animateurs ou conférenciers sont eux-mêmes des psychologues ou des spécialistes du monde de l’éducation ou de l’enfance. L’un des objectifs de cette section est d’établir un lien étroit entre les découvertes récentes de la psychologie moderne et les techniques mystiques traditionnelles de réalisation spirituelle et de connaissance de soi.

    ♦ Section Sciences Physiques
    Cette section est animée par des scientifiques (physiciens, astronomes…). Son objectif est de montrer en quoi les découvertes scientifiques récentes prouvent ce que les mystiques avancent de tout temps sur les liens étroits qui peuvent être établis entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, entre le microcosme et le macrocosme.

    ♦ Section Théâtre et danse
    La section de l’Université Rose-Croix Internationale (URCI) Théâtre a pour vocation d’apporter, par le biais de représentations théâtrales ou de tout autre événement artistiques, une forme de sensibilisation et de réflexion différente, à la culture spiritualiste. Au sein de la section, s’est formée La Compagnie d’Hermès, basée à l’Espace Saint Martin à Paris. Elle rassemble des artistes, rosicruciens ou non, dont le choix des œuvres est essentiellement orienté vers la philosophie et la spiritualité.

    ♦ Section Tradition et Philosophie
    Cette section est animée par des spécialistes des grandes traditions et de la philosophie. L’un des buts majeurs de cette section est de proposer des thèmes liés à ce que la tradition ésotérique nous a transmis de meilleur pour l’accomplissement de l’homme et à ce que les plus grands mystiques nous ont légué à travers leurs œuvres.
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:19

    Contribution à la paix



    Proposé par l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, ce clip est une invitation à œuvrer au service de la paix. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]



    Les Rose-Croix, entretien avec Frédéric Lenoir   


    Dans ce documentaire-interview, Frédéric Lenoir retrace l’histoire de l’Ordre de la Rose-Croix, depuis son émergence au XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Il explique également en quoi les Rose-Croix ont été les promoteurs d’un humanisme et d’une spiritualité qui ont marqué les esprits et que l’on retrouve dans certains mouvements rosicruciens contemporains. C’est ce qui explique la présence, en fin d’émission, de Serge Toussaint, Grand Maître de la juridiction francophone de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix.


    Avec Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue et historien des religions, émission diffusée le 23 novembre 2011 sur la chaîne québécoise TVCÉ - Canal 3, .

    Documentaire de Laurent Germain Maury, produit par Etienne Mahé et Laurent Germain Maury. Réalisation et production, Mercure Création 2011 - Durée : 25 min 38.
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    Message  Arlitto Sam 21 Nov 2020 - 8:20

    Rétrospective : La Rose-Croix des origines à nos jours

    Proposée par l’A.M.O.R.C., cette rétrospective en images accompagnées de textes permet de se faire une idée générale sur l’histoire de la Rose-Croix, depuis ses origines traditionnelles jusqu’à nos jours. Sur le plan historique, elle est apparue au XVIIe siècle, en Europe.

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