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    L’Ordre de la Rose-Croix

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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 17:55

    L’Ordre de la Rose-Croix

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    L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, connu mondialement sous le sigle A.M.O.R.C.®, n’est pas un mouvement philosophique de création récente. Sa Tradition fait remonter son origine aux Écoles de Mystères de l’ancienne Égypte. Comme leur nom l’indique, ces Écoles antiques regroupaient des mystiques éclairés qui se réunissaient régulièrement pour étudier les mystères de l’existence.

    Les origines traditionnelles de l’A.M.O.R.C. remontent aux Écoles de Mystères de l’Égypte antique. A cette époque lointaine, les candidats à l’initiation devaient prêter serment face au Sphinx.

    Avides de savoir et de connaissance, ces mystiques aspiraient à une meilleure compréhension des lois naturelles, universelles et spirituelles. En ce sens, le mot « mystère » dans l’Antiquité, c’est-à-dire au temps des anciennes civilisations égyptienne, grecque et romaine, n’avait pas la signification qu’on lui donne aujourd’hui. Autrement dit, il n’était pas synonyme d’« insolite » ou d’« étrange ». Il désignait plutôt une gnose, une sagesse secrète, connue uniquement des Initiés.

    Les Écoles de mystères
    En Égypte antique, l’une des premières Écoles de Mystères fut l’école osirienne. Ses enseignements portaient sur la vie, la mort et la résurrection du dieu Osiris. Ils étaient présentés sous la forme de pièces théâtrales ou, plus exactement de drames rituels. Seules les personnes ayant donné la preuve de leur désir sincère de connaissance pouvaient y assister. Au cours des siècles, les Écoles de Mystères ajoutèrent une dimension encore plus initiatique au savoir qu’elles transmettaient. Leurs travaux mystiques prirent alors un caractère plus fermé et se tinrent exclusivement dans les temples qui avaient été construits dans ce but. D’après les enseignements rosicruciens, les plus sacrés aux yeux des Initiés étaient les grandes pyramides de Gizeh. Ainsi, contrairement à ce qu’affirment la plupart des historiens, ces pyramides n’ont pas été construites pour servir de tombeau à quelque pharaon. Elles étaient à l’origine des lieux d’études et d’initiations mystiques.

    Les initiations aux Mystères égyptiens comprenaient une phase ultime durant laquelle le candidat faisait l’expérience d’une mort symbolique. Allongé dans un sarcophage et maintenu par des procédés mystiques dans un état intermédiaire, il lui était donné de se dédoubler, c’est-à-dire de connaître une séparation momentanée entre son corps et son âme. Cette séparation avait pour but de lui montrer qu’il était bien un être double. L’ayant expérimentée, il ne pouvait plus douter que l’homme possède une nature spirituelle et qu’il est destiné à réintégrer le Royaume Divin. Après avoir fait la promesse de ne rien dévoiler de cette initiation et s’être engagé à suivre le sentier du mysticisme, il était graduellement instruit des enseignements les plus ésotériques qu’un mortel puisse recevoir.

    Les Initiés de l’ancienne Egypte résumèrent une partie de leur sagesse sur les murs de leurs temples et sur de nombreux papyri. Une autre partie, non moins importante, fut secrètement transmise de bouche à oreille. Le célèbre égyptologue E. A. Wallis Budge, dans l’un de ses ouvrages, cite avec respect ces Écoles de Mystères. Il écrit à leur propos: « Un développement progressif a dû avoir lieu dans les Écoles de Mystères, et il semble que certaines d’entre elles étaient entièrement inconnues sous l’ancien règne. Il est impossible de douter que ces « Mystères » faisaient partie des rites égyptiens. On peut donc affirmer que l’Ordre élevé des Khéri-Hebs possédait une connaissance ésotérique et secrète que ses Maîtres gardaient jalousement. Chacun d’eux, si j’interprète bien l’évidence, possédait une gnose, une connaissance supérieure qui ne fut jamais confiée à l’écriture, et ils étaient ainsi à même d’accroître ou de réduire son champ d’action selon les circonstances. Il est par conséquent absurde de s’attendre à trouver sur les papyri égyptiens la description des secrets qui formaient la connaissance ésotérique des Khéri-Hebs ».

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    Les pharaons mystiques
    Avec Néfertiti, son épouse, il fonda en Égypte la première religion monothéiste de l’histoire connue. Il choisit le disque solaire pour symboliser le Dieu unique qu’il vénérait.La Tradition rosicrucienne rapporte que le pharaon Thoutmôsis III (1504-1447 avant J.-C.), considéré par les historiens comme l’un des plus grands de la 18e dynastie, faisait partie des Initiés qui fréquentaient les Écoles de Mystères d’Égypte. A son époque, elles fonctionnaient d’une manière totalement indépendante et possédaient leurs propres règlements. Après avoir été désigné par les Khéri-Hebs pour succéder à son père sur le trône, Thoutmôsis III décida de regrouper toutes ces Écoles en un seul Ordre régi par les mêmes règles, afin d’en faire une Fraternité Unique. En raison de son intelligence et de sa sagesse, il fut choisi pour en être le Grand Maître et s’acquitta de cette fonction jusqu’à sa mort. Précisons qu’il fut le premier souverain à porter le titre de « Pharaon », ce qui est très significatif sur le plan mystique

    Près de soixante-dix ans plus tard, le pharaon Amenhotep IV naquit au palais royal de Thèbes. Admis très tôt dans l’Ordre fondé par Thoutmôsis III, il en devint le Grand Maître et s’employa à en structurer les enseignements et les rituels. Parallèlement, il instaura officiellement le monothéisme, et ce, à une époque où le polythéisme était répandu sur toute la surface de la Terre. Il changea alors de nom et se fit appeler « Akhénaton », qui signifie « Pieux envers Aton ».

    Par ailleurs, il fut le promoteur d’une révolution dans les domaines de l’art et de la culture. Profondément humaniste, il consacra toute son existence à lutter contre les ténèbres de l’ignorance et à promouvoir les idéaux les plus élevés. Peu de temps après sa mort, qui eut lieu en 1350 avant notre ère, le puissant clergé de Thèbes réinstaura le culte d’Amon, mais son oeuvre faisait déjà partie de l’histoire…

    L’extension de l’Ordre en Occident
    D’Égypte, l’Ordre se répandit en Grèce, notamment par l’intermédiaire de Pythagore (572-492 av. J-C), puis dans la Rome antique, sous l’impulsion de Plotin (203-270). C’est à l’époque de Charlemagne (742-814), grâce au philosophe Arnaud, qu’il fut introduit en France puis en Allemagne, en Angleterre et aux Pays-Bas. Pendant les siècles suivants, les Alchimistes et les Templiers contribuèrent à son extension, tant en Occident qu’en Orient. La liberté de conscience faisant souvent défaut, l’Ordre dut se dissimuler sous des noms divers et mener ses activités sous le sceau du secret. Cependant, il ne cessa jamais ses activités, perpétuant ses idéaux et ses enseignements, participant directement ou indirectement à l’avancement des arts, des sciences et de la civilisation en général, prônant toujours l’égalité des sexes et une fraternité véritable entre les hommes.

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    Une résurgence cyclique
    Dans certaines thèses portant sur l’histoire rosicrucienne, on se réfère à un personnage du nom de « Christian Rosenkreutz »(1378-1484) comme étant le fondateur de la Fraternité des Rose-Croix. C’est là une erreur. En réalité, l’Ordre existait déjà depuis des siècles, mais il fonctionnait par cycles d’activité de 108 ans, suivis chaque fois d’une période équivalente de sommeil. Lorsque le moment était venu de procéder à sa résurgence, des dispositions étaient prises pour annoncer l’ouverture d’un « tombeau » dans lequel le « corps » d’un « Grand Maître C.R.C. »se trouvait, avec des joyaux rares et des manuscrits qui habilitaient les auteurs de la découverte à procéder à son réveil pour un nouveau cycle d’activité. Cette annonce était allégorique, et les initiales« C.R.C . » ne désignaient pas une personne ayant existé. C’est à la lumière de ces explications qu’il faut considérer le légendaire Christian Rosenkreutz et son histoire.

    C’est au dix-septième siècle que l’Ordre sortit de son anonymat, à la suite de la publication de trois Manifestes imprimés en Allemagne et en France. Il s’agit de la Fama Fraternitatis, de la  Confessio Fraternitatis et des Noces chymiques de Christian Rosenkreutz , datant respectivement de 1614, 1615 et 1616. Ces trois Manifestes, mêlant des récits à la fois historiques et allégoriques, furent rédigés par un Collège de Rosicruciens éminents : « le Cercle de Tübingen », parmi lesquels se trouvait Valentin Andreae (1586-1654). Quelques années plus tard, en 1623, une affiche émanant du « Collège principal de la Rose-Croix » fut placardée dans les rues de Paris. Cette affiche marqua le début d’un nouveau cycle d’activité pour l’Ordre, qui se fit connaître alors publiquement sous le nom d’ « Ordre de la Rose-Croix ».

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    En 1693, sous la conduite du Grand Maître Johannes Kelpius (1673-1708), des Rosicruciens venus de différents pays d’Europe embarquèrent pour le Nouveau Monde à bord de la « Sarah Maria ». Début 1694, ils débarquèrent à Philadelphie et s’y établirent. Quelques années plus tard, certains d’entre eux se rendirent dans l’ouest de la Pennsylvanie et fondèrent une nouvelle colonie. Après avoir créé leur propre imprimerie, ils éditèrent eux-mêmes un grand nombre de chefs-d’oeuvre de la littérature ésotérique et introduisirent en Amérique les enseignements Rose-Croix. C’est également sous l’impulsion de ces Rosicruciens européens que de nombreuses institutions américaines prirent naissance et que le monde des arts et des sciences connut un essor sans précédent aux Etats-Unis. Des personnages éminents comme Benjamin Franklin (1706-1790) et Thomas Jefferson (1743-1826) furent en contact étroit avec l’oeuvre rosicrucienne de ce pays.

    Précisons qu’il existait au XVIIIe siècle un lien étroit entre la Franc-Maçonnerie et la Rose-Croix, notamment en Europe. C’est ainsi que des personnages comme Cagliostro (1743-1795), Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) et Martinès de Pasqually (1727-1774), qui eut pour disciple Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), se rattachaient à ces deux Fraternités ésotériques. Par ailleurs, leurs membres menaient régulièrement des travaux en commun lors de certains convents. De nos jours, certaines obédiences maçonniques ont conservé le grade de  » Chevalier Rose-Croix « . Cela dit, l’A.M.O.R.C. est totalement indépendant de la Franc-Maçonnerie et perpétue son héritage selon une méthode qui lui est propre, ce qui n’exclut naturellement pas qu’il y ait des Francs-Maçons rosicruciens.

    Le cycle actuel de l’A.M.O.R.C.
    H. Spencer LewisEn 1801, l’Ordre entra aux États-Unis dans une période de sommeil. Toutefois, il demeurait très actif en France, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, en Espagne, en Russie et en Orient. En 1909, Harvey Spencer Lewis (1883-1939), qui étudiait l’ésotérisme depuis de nombreuses années et qui s’intéressait particulièrement à la philosophie rosicrucienne, se rendit en France, afin d’y rencontrer les responsables de l’Ordre. Après avoir subi de nombreux examens et diverses épreuves, il fut initié à Toulouse et chargé officiellement de préparer la résurgence de l’Ordre de la Rose-Croix en Amérique, alors que la Première Guerre mondiale se profilait en Europe.

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    Harvey Spencer Lewis (1883-1939)

    Lorsque tout fut prêt pour cette résurgence, un Manifeste fut publié aux États-Unis pour annoncer le nouveau cycle d’activité de l’Ordre, qui fut alors désigné sous l’appellation « Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix » (A.M.O.R.C.). Régulièrement nommé Imperator, Harvey Spencer Lewis développa les activités de l’Ordre en Amérique et commença à mettre les enseignements rosicruciens par écrit, utilisant pour cela les archives que lui avaient confiées les Rose-Croix de France. Après la Seconde Guerre mondiale, cette méthode d’enseignement fut appliquée au monde entier. C’est ainsi que 1’A.M.O.R.C. devint le dépositaire de l’authentique Tradition Rose-Croix dans tous les pays où il pouvait exercer librement ses activités.

    Élu par les membres du Conseil Suprême à la fonction d’Imperator, c’est actuellement un Français qui assume la plus haute responsabilité de l’A.M.O.R.C. A ce titre, il est le garant des activités rosicruciennes pour tous les pays du monde, assisté en cela par les Grands Maîtres des diverses juridictions. Précisons que le mot « Imperator » ne signifie pas « Empereur », comme on pourrait le croire. Ce mot, qui fut employé dès le XVIIe siècle pour désigner le responsable des Rose-Croix, provient du terme latin Imperare sibi, qui signifie « Maître de soi ».
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:02

    Harvey Spencer Lewis : un rénovateur du Rosicrucianisme



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    Le 25 novembre 1883 naît Harvey Spencer Lewis, un personnage étonnant et hors du commun qui va donner au Rosicrucianisme une dimension qu’il n’avait jamais connue jusqu’alors. Il peut sembler présomptueux de vouloir retracer la biographie d’un tel homme en quelques lignes, tant sa personnalité est riche et complexe ; telle n’est pas notre ambition. Nous souhaitons néanmoins présenter les étapes essentielles de sa vie, en insistant sur les relations qu’il a entretenues avec les milieux initiatiques de son époque, éléments souvent mal connus, quand ils ne sont pas déformés.

    1. L’éveil mystique
    D’origine galloise, les ancêtres d’Harvey Spencer Lewis sont venus s’installer en Virginie avant la Révolution américaine. Le grand-père d’Harvey, Samuel Lewis, né en 1816, est le descendant de fermiers ayant défriché le sol de la pennsylvanie. Son père, Aaron Rittenhouse Lewis, excellent calligraphe, s’était associé avec Daniel T. Ames, un chimiste spécialisé dans l’analyse de l’encre et du papier. Ensemble, ils avaient ouvert un cabinet d’expertise en documents et écritures à New York. Le jeune homme héritera des talents de dessinateur de son père.

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    Les parents de H. Spencer Lewis

    L’environnement familial de H. Spencer Lewis contribue beaucoup au développement de sa sensibilité mystique. Chez les Lewis, on ne se contente pas d’aller chaque dimanche au temple méthodiste, on lit et on commente également la Bible. Jusqu’à sa seizième année, le jeune garçon participe avec enthousiasme aux activités du temple métropolitain de New York. Il aime chanter dans la chorale et écouter les exposés du pasteur, le Dr S. Parkes. Il profite souvent de moments de liberté pour venir méditer dans ce temple. C’est là qu’il connaît ses premières expériences mystiques, saisissements de l’âme qui vont le conduire à s’interroger sur la nature profonde de l’homme, sur la possibilité d’un dialogue entre l’âme et les mondes supérieurs. En 1900, il termine sa scolarité et trouve un emploi aux éditions Baker et Taylors. Ce travail lui permet d’avoir à sa disposition la quantité de livres nécessaire à son insatiable curiosité. Depuis l’introduction du mesmérisme aux État-Unis par Charles Poyen, un disciple de Puységur, en 1836, l’Amérique, et plus spécialement la ville de New York, se passionne pour le surnaturel, le magnétisme et le spiritisme. De cet engouement sont nés d’une part la New Thought (Pensée Nouvelle) et de l’autre les Instituts de Recherches Psychiques, deux courants d’idées qui vont marquer les années de jeunesse d’Harvey Spencer Lewis.

    2. Les recherches psychiques
    Contrairement à la Société théosophique, créée aux États-Unis en 1875 par Helena Petrovna Blavatsky, la New Thought rejette l’occultisme pur. Elle propose une voie d’épanouissement individuel orientée vers la réalisation du moi à travers des applications concrètes destinées à résoudre les problèmes quotidiens. Les recherches sur les facultés inconnues de l’homme intéressent aussi la communauté scientifique. En 1884, le célèbre psychologue américain William James crée à Boston l’American Society for Psychical Research, filiale d’une société du même type existant à Londres. En 1905, à la suite du décès de son directeur, le Dr Richard Hodgson, cette société de recherches psychiques cesse ses activités. Cependant, depuis quelques années, d’autres groupes s’étaient formés, comme la Ligue d’Investigation Psychique de New York à laquelle H. Spencer Lewis adhérait depuis 1902. Bien qu’il n’ait alors que vingt ans, H. Spencer Lewis fut nommé président de cette association.

    En mars 1903, il épouse Mollie Goldsmith, qui lui donne un fils, Ralph Maxwell, l’année suivante. H. Spencer Lewis est alors chargé de la rédaction artistique de l’Evening Herald de New York et préside le comité d’inspection des médiums créé par ce journal. C’est avec l’aide de ce quotidien qu’il crée le New York Institute for Psychical Research. Ce groupe est composé de scientifiques et de médecins. Parmi les membres de l’Institut figurent des personnalités comme l’écrivain et poétesse Ella Wheeler Wilcox (1850-1919) et le Dr Isaac Kauffmann Funk (1839-1919), bien connu pour ses ouvrages sur les sciences psychiques comme : The Widow’s Mite and Other Psychic Phenomena (Le Denier de la veuve et autres phénomènes psychiques, 1904) ou The Psychic Riddle (L’énigme psychique, 1907).

    Sous la direction d’Harvey Spencer Lewis, le New York Institute for Psychical Research procède à des recherches visant à contrôler les réelles capacités des médiums, ce qui le conduit à démasquer plus de cinquante simulateurs. Pendant cette période, H. Spencer Lewis publie plusieurs articles concernant ces investigations dans différents journaux, comme le New York Herald et le New York World. L’un d’eux, intitulé « Greatest Psychic Wonder of 1906 » (« Le plus grand phénomène psychique de 1906 »), publié en janvier 1907 dans le New York Sunday World, évoque les expériences faites par le New York Institute for Psychical Research avec un jeune médium indien.

    Ces recherches ne satisfont pas H. Spencer Lewis, car contrairement à ce qui est alors admis, il ne croit guère que les phénomènes produits par les médiums proviennent de la manifestation d’esprits. Il est persuadé qu’ils trouvent leur origine dans des facultés de l’esprit encore inconnues. Pour parfaire ses connaissances, il étudie les textes de Thomson Jay Hudson (1834-1903). Cet auteur, docteur en philosophie, jouit d’une renommée internationale depuis la publication en 1893 de son premier livre, Law of Psychic Phenomena, a Working Hypothesis for the Systematic Study of Hypnotism, Spiritism, Mental Therapeutics… (La Loi des phénomènes psychiques… ). H. Spencer Lewis lit aussi les livres de Sir Oliver Lodge, comme La Survivance humaine, qui étudie des facultés non encore reconnues, ou Au-delà de la philosophie et des livres, des ouvrages plus orientés vers la psychologie.

    3. La rencontre avec May Banks-Stacey
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    May Banks-Stacey

    Pendant les années 1906-1907, H. Spencer Lewis délaisse les recherches psychiques, qu’il juge stériles. Cette époque est pour lui une période de réflexion. Se livrant quotidiennement à la méditation, il remarque qu’à travers cette pratique il trouve des réponses aux questions touchant les mystères de l’être. Intrigué, il se confie à une personne dont il a fait la connaissance à l’Institut de Recherches Psychiques de New York, May Banks-Stacey (1846-1919). Cette femme étonnante, veuve du colonel Stacey May Humphreys (1837-1886), était membre de la Société théosophique et du Theosophist Inner Circle, le cercle intérieur et ésotérique de cette société. Passionnée par l’Orient, elle avait étudié les enseignements de Swami Vivekananda (1862-1902). Elle avait aussi fréquenté l’Eastern Star (l’Étoile d’Orient), l’une des plus anciennes obédiences maçonniques mixtes et le Manhattan Mystic Circle, rite maçonnique d’adoption, dont elle semble avoir été l’instigatrice en 1898.

    May Banks-Stacey est très versée dans l’ésotérisme, notamment en astrologie et en chiromancie. H. Spencer Lewis rapporte que lors de l’un de ses voyages en Orient, elle aurait rencontré des Rose-Croix. C’est par la bouche de cette femme qu’il entend parler d’eux pour la première fois. Vivement intéressé, il commence alors à faire des recherches sur cette mystérieuse fraternité.

    4. L’initiation
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    Le Donjon

    Au printemps de l’année 1908, le jeudi qui suit Pâques, alors qu’il est installé sur un banc pour y méditer, il connaît une expérience mystique qui va décider du reste de son existence. Au cours de cette expérience, il comprend que la connaissance à laquelle il aspire ne se trouve pas dans les livres, mais au plus profond de lui-même. Il acquiert également la conviction qu’il doit se rendre en France pour entrer en contact avec l’Ordre de la Rose-Croix. Cette expérience mystique marque profondément H. Spencer Lewis et devient le point de départ de son « pèlerinage vers l’Est ». Dans l’espoir d’obtenir des informations sur le Rosicrucianisme en France, il décide d’écrire à un libraire parisien dont il possède le catalogue. Il reçoit bientôt cette réponse : « Si vous veniez à Paris et si vous ne voyiez pas d’inconvénient à passer au studio de M. …, professeur de langues, résidant n° …, boulevard Saint-Germain, il pourrait peut-être vous dire quelque chose au sujet du cercle sur lequel vous enquêtez. Il serait bon de lui remettre ce billet. »

    Sa femme Mollie vient de mettre au monde une petite fille, Vivian Sybil, et la situation financière d’H. Spencer Lewis ne lui permet pas d’envisager un voyage à l’étranger. Cependant, une occasion inattendue se présente. Son père, Aaron Lewis, expert en documents mais aussi généalogiste réputé, a besoin d’un assistant pour mener en France des recherches pour le compte de la famille Rockefeller. Le 24 juillet 1909, les deux hommes embarquent à bord de l’Amerika, de l’Hamburg Amerika Line, en direction de l’Europe. Arrivé à Paris, H. Spencer Lewis rend visite au professeur de langues et au bouquiniste avec lesquels il était entré en contact. Finalement, c’est dans le Sud de la France, à Toulouse, qu’il va poursuivre sa quête. On se souviendra que la Rose-Croix rénovée par Joséphin Péladan et Stanislas de Guaita, créée en 1887, c’est-à-dire l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, trouvait également sa source dans un mystérieux cercle rosicrucien toulousain dont l’histoire n’a guère retenu que les noms du vicomte Lapasse et de Firmin Boissin. Pierre Dujols (1862-1926) ne dit-il pas dans son livre La Chevalerie amoureuse, troubadours, félibriges et Rose-Croix, que « des gens bien informés parlent encore, sous le manteau, des modernes Rose-Croix de Toulouse » ? Mais est-ce avec des membres de ce groupe que H. Spencer Lewis entre en relation ? Cela reste mystérieux.

    Le 12 août 1909, il est conduit dans un petit hameau situé à la périphérie de Toulouse, où il rencontre Raynaud E. de Bellcastle-Ligne. Ce dernier, un homme de soixante-dix-huit ans, lui fait visiter la loge rosicrucienne dont il est le gardien, car ce temple est en sommeil depuis les années 1850. Après l’avoir longuement interrogé sur ses recherches et ses motivations, il l’initie dans l’Ordre de la Rose-Croix. A l’issue de cette réception, son initiateur lui signifie qu’il peut maintenant installer l’Ordre aux États-Unis.

    5. La rénovation du Rosicrucianisme
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    La Voltive Company en 1912

    Il faudra à H. Spencer Lewis plusieurs années pour préparer la résurgence américaine de l’Ordre. Pendant cette période, ses activités professionnelles évoluent, et à partir de 1912, il devient chef de publicité à l’American Voltive Company. Il écrit également quelques articles, comme « The Modern School of Science » (L’école moderne de la science), qui paraît en octobre 1912 dans l’American Philomathic Journal. Cette revue le présente comme l’ancien président du New York Institute for Psychical Research, « Lecturer, Columbia Scientific Academy, Metropolitan Institute of Sciences, and Vice-President, Psycho-Legal Society».

    En mai 1913, il a la douleur de perdre son épouse, morte des suites d’une crise d’appendicite mal soignée. Il fut profondément affecté par cette disparition qui brisait sa vie familiale. Au cours de la même année, à la suite de circonstances qui restent mal connues, H. Spencer Lewis entre en relation avec Eugène Dupré, secrétaire du Temple d’Essénie, une loge martiniste installée en Égypte. Avant de s’établir au Caire, ce Martiniste parisien avait fréquenté les groupes dirigés par Papus. Dans une lettre datée du 23 juillet 1913, Eugène Dupré expédie à H. Spencer Lewis les rituels et certificats d’initiations nécessaires à la création d’une loge martiniste aux États-Unis. Il semble que l’arrivée de la guerre de 1914-1918 ait empêché l’aboutissement de ce projet.

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    American Philomathic Journal, 1906

    En décembre 1913, H. Spencer Lewis confie aux membres du New York Institute for Psychical Research son intention d’établir l’Ordre de la Rose-Croix en Amérique en les invitant à se joindre à lui. Il lui faudra cependant attendre encore quelque temps pour voir ce projet aboutir. Après une période difficile, H. Spencer voit enfin poindre l’aurore. Au milieu de l’année 1914, il se remarie avec Martha Morfier, une jeune femme dont il avait fait la connaissance quelques mois plus tôt. Cette épouse compréhensive va le seconder discrètement dans son grand projet, celui de la restauration du Rosicrucianisme. Quelques mois plus tard, les choses se précisent en effet, et c’est à l’issue d’une réunion tenue le jeudi 1er avril 1915 que naît officiellement l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC) en Amérique. H. Spencer Lewis est élu à la tête de cet Ordre, qui, sous sa direction, connaît un développement rapide. Dans les mois qui suivent, on assiste à la naissance de loges rosicruciennes à New York, Pittsburgh, Philadelphie, Boston, Wilmerding, Altona, Rochester, Harlan, Detroit…

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    The American Rosae Crucis, 1916

    En janvier 1916, H. Spencer Lewis lance The American Rosae Crucis, un mensuel destiné aux Rosicruciens, consacré à la science, à la philosophie et à la religion. Jusqu’à sa mort, en 1939, il écrira régulièrement des articles sur la philosophie et la mystique rosicrucienne pour cette revue, qui, au cours du temps, changera plusieurs fois de nom pour devenir en 1929 The Rosicrucian Digest. Outre les articles qu’il écrira sur des thèmes en relation avec la spiritualité, H. Spencer Lewis y exprimera parfois ses opinions sur les différents acteurs du monde de l’ésotérisme. C’est ainsi que dès 1916, il critiquera sévèrement Aleister Crowley, qu’il présente comme un magicien noir n’ayant rien à voir avec le Rosicrucianisme, (American Rosae Crucis, octobre 1916, p. 22-23).

    6. H. Spencer Lewis franc-maçon
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    La Loge de New York

    L’AMORC regroupe des hommes et des femmes de tous horizons, et on y trouve des membres appartenant à la Société théosophique ou à diverses obédiences maçonniques. En 1917, H. Spencer Lewis reçoit l’initiation maçonnique aux grades d’apprenti et de compagnon à la Normal Lodge n° 523 de New York. Son affiliation maçonnique sera de courte durée, et il s’en détourne définitivement au bout de quelques mois. C’est tout naturellement qu’il prend cette décision, car l’Ordre de la Rose-Croix est alors en pleine extension. Déjà, depuis la fin de l’année 1916, il n’arrive plus à assumer ses activités professionnelles et décide de se consacrer exclusivement à la Rose-Croix. L’Ordre s’organise petit à petit, et pour faciliter le travail des Rosicruciens, H. Spencer Lewis écrit de nombreux textes destinés à l’enseignement des membres.
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:07

    Tableaux de Harvey Spencer Lewis (1883-1939)


    Doué d’une pensée profonde sans cesse en éveil, Harvey Spencer Lewis était également un excellent peintre qui réalisa des tableaux dont les thèmes sont intimement liés à ses centres d’intérêt. Ainsi, l’un des plus anciens qui nous soient parvenus, Arabian Nights (1917), évoque l’Orient. L’Égypte est pour lui une source d’inspiration inépuisable, et il y consacre plusieurs tableaux comme The Love Idol ou encore Entrance to Karnak Temple, Luxor, qu’il peint sur place en 1929 au cours d’un voyage. L’ésotérisme n’est pas absent de ses toiles, comme en témoigne The Alchemist, terminé quelques mois avant sa mort.

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    Tableaux de Harvey Spencer Lewis (1883-1939)

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    L’Ordre de la Rose-Croix Empty Re: L’Ordre de la Rose-Croix

    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:28

    Joséphin Péladan et les Salons de la Rose-Croix

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    C. Rebisse
    A la fin du XIXe siècle, l’Occident s’émerveille des nouveaux pouvoirs que lui apportent la science et l’industrie. La science triomphe et l’homme présume que la modernité va lui apporter le bonheur. Cependant, quelques esprits éclairés, philosophes, mystiques et artistes s’inquiètent des perspectives qu’offre ce progrès. Cette tendance s’affirme particulièrement chez les Symbolistes, un mouvement artistique qui regroupe des artistes de toutes disciplines. Nombre d’entre-eux exposeront aux Salons de la Rose-Croix.

    Joséphin Péladan (1858-1918) se rangera de leur côté. Lui-même, pose le problème en ces termes : « la vitesse matérielle accélère-t-elle la vie intérieure, et l’homme avec des ailes n’aura-t-il pas le même coeur et les mêmes peines ? »(1). Le XIXe siècle est aussi celui du réveil des Occultistes, qui veulent restaurer la sagesse du passé, voire même, comme Papus, en faire une science à l’égal de celles qu’on enseigne dans les universités. Joséphin Péladan se situe à la charnière des mouvements symbolistes et occultistes. Artiste, il se place dans la mouvance des symbolistes et, occultiste, il se présente comme un initié de la Rose-Croix.
    C’est à son frère Adrien (1844-1885), l’un des premiers homéopathes français, que Joséphin Péladan doit son entrée dans une branche toulousaine de la Rose-Croix. A cet Ordre appartenait aussi le Vicomte Louis-Charles-Edouard de Lapasse (1792-1867), un alchimiste toulousain présenté comme un élève du Prince Balbiani de Palerme, prétendu disciple de Cagliostro (2). En 1884, le jeune Joséphin part à la conquête de Paris en publiant Le Vice suprême, un roman où apparaissent des thèmes ésotériques. Cet ouvrage, publié avec une préface de Barbey d’Aurevilly, lui apporte une célébrité immédiate.

    Joséphin Péladan est passionné par les arts. Il participe à de nombreuses revues artistiques de la fin du XIXe siècle, comme : La Plume, Le Mercure de France, La Gazette artistique, ainsi que Studio, une revue internationale lue par l’élite intellectuelle de l’époque. Il collabore aussi à L’Artiste, premier journal français exclusivement consacré à l’art. Théophile Gautier en fut le rédacteur en chef et les articles y étaient signés des plus grands noms de l’époque : Blanc, Baudelaire, les Goncourt, Huysmans. Péladan assura pour cette revue la critique des salons pendant quatorze ans. Parallèlement à ses romans et à ses livres d’occultisme, il consacrera plusieurs études à des peintres comme Rembrandt, Dürer, Herbert, Frans Hals, etc. Son ouvrage, Léonard de Vinci, textes choisis, lui vaut le prix Charles Blanc de l’Académie française.

    1. Le Geste esthétique de la Rose-Croix
    A Paris, Joséphin fait la connaissance de Stanislas de Guaita. La rencontre des deux hommes fait naître un projet : rénover l’Ordre de la Rose-Croix, qui était alors sur le point de s’éteindre. C’est alors qu’ils fondent l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix (1888). Grâce à l’aide de Papus, l’Ordre connaît un développement rapide. Cependant Joséphin Péladan reproche à ses collaborateurs un goût trop prononcé pour l’occultisme et il rejette l’aspect maçonnique qu’ils veulent donner à l’Ordre. Il décide alors d’œuvrer d’une manière différente et crée en mai 1891 l’Ordre de la Rose-Croix Catholique du Temple et du Graal, (appelé aussi Ordre de la Rose+Croix du Temple et du Graal), dont il avait déjà tracé l’esquisse dans son premier roman en 1884. En juin, sous le nom de Sâr Mérodack Péladan, il se présente comme le Grand Maître de ce mouvement dont la naissance est annoncée par le Figaro (3).

    L’Ordre instauré par Joséphin Péladan est moins une société initiatique qu’une confrérie rassemblant des artistes. Son fondateur le définit d’ailleurs comme « une confrérie de charité intellectuelle, consacré à l’accomplissement des oeuvres de miséricorde selon le Saint-Esprit, dont il s’efforce d’augmenter la Gloire et de préparer le Règne »(4). Son but est de restaurer en toute splendeur le culte de l’idéal avec la Tradition pour base et la Beauté pour moyen. Joséphin Péladan juge la civilisation latine en état de dégénérescence. Pour lui, seule la magie de l’art peut encore sauver l’Occident d’un désastre imminent.
    L’activité essentielle de l’Ordre de la Rose-Croix du Temple et du Graal est donc consacrée à l’organisation d’expositions et de soirées dédiées aux beaux-arts. Le Salon de la Rose+Croix, organisé du 10 mars au 10 avril 1892, est son premier « geste esthétique ». Par un mandement publié dans Le Figaro, J. Péladan convie tous les artistes à y exposer leurs oeuvres.

    2. Le Symbolisme et l’art idéal
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Œdipe et le Sphinx, 1864 – Gustave Moreau – Metropolitan Museum, New York

    L’époque où les salons rosicruciens ouvrent leurs portes est en pleine effervescence artistique. Nous sommes au coeur de ce que l’on appelle dans l’histoire de l’art le Symbolisme. Les peintres de cette mouvence veulent devenir les mystiques de l’art. Ils s’opposent au réalisme académique, et sous leur implusion, beaucoup de salons privés se tiennent en marge des manifestations officielles. Les Salons de la Rose-Croix furent parmi les plus prestigieux d’entre eux. Le Sâr Péladan, à l’image de John Ruskin pour les Préraphaélites anglais, se donne le rôle de mentor des peintres symbolistes. Il veut ruiner le réalisme et réformer le goût latin en créant un mouvement d’art idéaliste.

    Pour J. Péladan, « il n’y a pas d’autre vérité que Dieu, il n’y a pas d’autre beauté que Dieu » (5). L’art est la recherche de Dieu par la beauté. Dans son ouvrage Comment on devient artiste, il développe l’ensemble de sa théorie sur l’esthétique. Pour lui, l’art a une mission divine, aussi l’oeuvre parfaite ne doit pas seulement satisfaire l’intellect, elle doit être un tremplin qui élève l’âme. Considérant que l’homme est naturellement attiré par la beauté, Péladan le qualifie « d’animal artistique ». Cette recherche du beau est motivée par la nostalgie d’une harmonie perdue, qu’instinctivement l’homme recherche en toutes choses.
    Dans son livre [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    [ltr]L’Art idéaliste et mystique[/ltr]
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Joséphin Péladan précise que l’artiste véritable est celui qui possède la faculté de sentir, par la contemplation, l’influx céleste du verbe créateur afin d’en faire une œuvre d’art.

    « Artiste… sais-tu que l’art descend du ciel, comme la vie coule du soleil ? Qu’il n’est pas de chef-d’oeuvre qui ne soit le reflet d’une idée éternelle ? Que ce que l’on nomme abstrait, peintre ou poète, le sais-tu ? C’est un peu de Dieu même dedans une oeuvre. Apprends que si tu crées une forme parfaite, une âme viendra l’habiter, et quelle âme ! une parcelle de l’Archée…


    3. Les Magnifiques
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Catalogue du Salon de la Rose-Croix de 1892

    Les artistes qui souhaitent participer aux salons ne sont pas tenus d’adhérer à l’Ordre de la Rose-Croix du Temple et du Graal. La condition unique de leur participation est que leurs oeuvres répondent aux caractéristiques générales d’un règlement sévère qui bannit certaines représentations : les scènes militaires ou historiques, les animaux domestiques et les « accessoires et autres exercices que les peintres ont d’ordinaire l’insolence d’exposer » (6).

    La sélection est assurée par un jury dont les membres portent le titre de Magnifiques. Il se compose de différentes personnalités dont les plus connues sont : le comte Antoine de la Rochefoucault (qui est le financier des salons et deviendra bientôt le protecteur des Nabis), le comte de Larmandie (qui fut pendant longtemps secrétaire des Gens de Lettres en France), Elémir Bourges (de l’Académie Goncourt, écrivain dont certaines oeuvres, comme La Nef sont empreintes des idées de J. Péladan), Saint-Pol Roux (dit justement le Magnifique, écrivain proclamé par les surréalistes comme l’un des maîtres de l’art moderne), et Gary de Lacroze.

    4. Erik Satie
    Le premier salon ouvre ses portes le 10 mars 1892, à la galerie Durant-Ruel, rue Lepelletier à Paris. Soixante artistes ont répondu à l’appel lancé par J. Péladan et le catalogue de l’exposition comprend 250 oeuvres. Rémy de Gourmont dans sa chronique du Mercure de France dit de ce salon qu’il est « la grande manifestation artistique de l’année ». Le public afflue et a foule est si importante, que la préfecture doit intervenir pour régler la circulation. Après la fermeture des portes, on compta plus de 22.000 visiteurs. Le succès fut considérable et la présence d’artistes étrangers lui donna un retentissement mondial (7).
    Le salon est inauguré avec cérémonial, sur une musique spécialement composée par Erik Satie (8), le compositeur officiel de l’Ordre. Les journées sont prolongées par les Soirées de la Rose+Croix, consacrées à la musique et au théâtre. J. Péladan y présente des conférences sur l’art et la mystique.

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Édition originale de la partition des Sonneries de la Rose-Croix – frontispice est de Puvis de Chavanne

    La musique occupe une place importante ; on peut écouter des oeuvres de Vincent d’Indy, de César Franck, de Richard Wagner, de Palestrina, d’Erik Satie et de Benedictus. Joséphin Péladan rêvait de redonner au théâtre sa fonction antique de drame initiatique, dont l’exemple le plus remarquable était pour lui les Mystères d’Eleusis. Il écrivit lui-même quelques drames : Le Prince de Byzance, Babylone, et Le Fils des étoiles accompagné par une musique d’Erik Satie.

    5. L’hexade esthétique
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    Il y eut au total six salons de la Rose-Croix. Chacun d’entre eux était placé sous les auspices d’un dieu chaldéen : Samas (Soleil) pour le premier, Nergal (Mars) pour le second, Mérodack (Jupiter) pour le troisième, Nebo (Mercure) pour le quatrième, Istar (Vénus) pour l’avant-dernier et Sin (lune) pour le sixième et dernier. Celui-ci eut lieu en 1897, dans la prestigieuse galerie Georges-Petit. Devant l’affluence des demandes, on dut organiser un vernissage particulier pour les 191 critiques d’art et chroniqueurs. Le lendemain, 15.000 visiteurs défilèrent dans ce temple de l’art. Après le sixième Salon, le Grand Maître prononça la mise en sommeil de l’Ordre. Il faut dire que les autorités, qui étaient très gênées par le succès répété des salon rosicruciens, faisaient tout pour empêcher qu’ils ne se tiennent. « Je rends les armes », dira J. Péladan :

    « la formule d’art que j’ai défendue est maintenant admise partout, et pourquoi se souviendrait-on du guide qui a montré le gué, puisque le fleuve est passé. »


    Parmi les 193 artistes qui exposèrent aux salons, signalons :

    • Puvis de Chavanne, Le Rêve L. O. Merzon, plus connu du public pour avoir dessiné les célèbres billets de 50 F et de 100 F.

    • Henri Martin, dont le désir d’expression mystique le rapproche parfois de Gustave Moreau.

    • Charles Filiger, André Breton possédait plusieurs de ses toiles et lui trouvait un accent précurseur du Surréalisme.

    • Jean Delville dont certaines de ses oeuvres sont inspirées des Grands Initiés d’E. Schuré.

    • Aman-Jean, dont le tableau La jeune fille au paon (voir ci-contre) eut un immense succès au salon rosicrucien en 1895. Il fut très lié avec J. Péladan et Mallarmé.

    • Bernard, ami de Toulouse-Lautrec et de Gauguin, il rejoindra le groupe de Pont-Aven. Il est considéré comme l’un des pères du Symbolisme.

    • Georges de Feure, le plus élégant des symbolistes. Il fut également et un créateur de l’Art Nouveau.

    • Eugène Grasset, l’un des plus intéressants illustrateurs et propagateurs de l’Art Nouveau.

    • Ferdinand Hodler, dont le tableau Les las de vivre eut beaucoup de succès au salon rosicrucien.

    • Fernand Khnopff, que J. Péladan considérait comme un maître. Devenu son ami, il sera le premier disciple belge de J. Péladan et lors du second salon, il exposera sa célèbre toile inspirée d’un poème de C. Rossetti, I lock my door upon myself . Il sera également l’un des fondateurs du Groupe des XX.

    • Carlos Schwabe, après s’être éloigné de J. Péladan il illustra magnifiquement Le rêve de Zola.


    Et bien d’autres comme : Edgard Maxence, Félicien Rops, George Minne, Alphonse Osbert, Eugène Delacroix, Gaetano Previati, Alexandre Séon, Jan Toorop, Georges Rouault, Antoine Bourdelle. Dans cet ouvrage, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    [ltr]L’Entr’Acte idéal, Histoire des Rose-Croix Comte de Larmandie[/ltr]
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Paris, Charcornac, 1903 , l’auteur évoque l’histoire des Salons.

    6. L’apogée du Symbolisme
    Son effort ne demeura pas vain, comme le précise Pierre Jullian, « dans l’ensemble, les symbolistes, en dépit de quelques différences de métier, ne s’écartèrent pas trop des édits de Péladan : point d’anecdotes, de natures mortes, de paysages pittoresques ; mais la peinture religieuse fut entièrement renouvelée » (9). Curieusement, en 1898, année qui suivit le dernier salon rosicrucien, le mouvement symboliste commença à décliner.

    J. Péladan avait chargé Jean Delville de poursuivre son oeuvre esthétique en Belgique et il y eut à Bruxelles une sorte de suite aux salons de la Rose-Croix : Le salon d’art idéaliste. Les symbolistes étaient très actifs dans ce pays et J. Péladan eut souvent l’occasion de s’y rendre pour donner des conférences. Il entretenait des relation étroites avec le cercle artistique Pour l’Art, animé par Jean Delville, de même qu’avec le Mouvement littéraire de Raymond Nyst, qui était le Consul du Sâr à Bruxelles.

    En France, la revue Entretiens Idéalistes, fondée fin 1906 par Paul Vulliaud, admirateur de J. Péladan, tentera en 1907 de donner une suite aux Salons en créant l’Exposition des peintres et sculpteurs idéalistes. De cette tentative sans lendemain naquit la Confrérie de la Rosace, fondée en mars 1908 par le Frère Angel, qui oeuvra dans le même esprit que J. Péladan mais avec des moyens très modestes. J. Péladan ne s’intéressa pas à ce groupe qui ne rassembla guère plus de quatre disciples. Cette confrérie organisa une première exposition en mai 1909, une deuxième en mai 1911 et une troisième en octobre 1912, puis cessa d’exister.

    7. Joséphin Péladan écrivain
    Après les Salons de la Rose-Croix, Joséphin Péladan continue ses conférences sur l’art, en France et en Europe. Il se consacre aussi à l’écriture. L’ensemble de son œuvre ne comporte pas moins de quatre-vingt-dix volumes incluant, romans, pièces de théâtre (10), études sur l’art ou l’ésotérisme.

    Il est aussi l’auteur d’une multitude d’articles pour des revues artistiques. Trois de ses ouvrages seront couronnés par l’Académie Française et en 1917, à une voix près, il faillit succéder à Octave Mirebeau à l’Académie Goncourt. Paul Verlaine lui trouvait un talent considérable et Anatole France voyait en lui un écrivain de race. D’autres comme Alfred Jarry, Paul Valéry, André Breton, Raymond Queneau, Montherlant ou Kandinsky appréciaient son oeuvre. Oublié du grand public, le Sâr Mérodack Péladan était devenu plus modeste. Lorsqu’Alexandra David-Neel le rencontra plus tard au Mercure de France, il n’était plus question de Sâr, mais simplement de Monsieur Joséphin Péladan. Il continua son activité littéraire jusqu’à sa mort le 27 juin 1918.

    Parmi les oeuvres de Joséphin Péladan (Collection de la Bibliothèque de l’A.M.O.R.C. au Château d’Omonville) :

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’Initiation sentimentale (1887) – Traité de peinture (1910) – L’occulte catholique (1899)




    Notes :
    1. Frontispice de son roman Les Amants de Pise, Paris, 1911, Flammarion.
    2. Firmin Bossin, en 1869, dans Visionnaires et illuminé, Paris Liepmannssohn et Dufour, p. 17, présente le vicomte de Lapasse comme « le dernier membre de cette confrérie célèbre » et précise qu’il « ne négligeait jamais l’occasion de réhabiliter les Rose-Croix ». Dans un autre ouvrage, Exentriques disparus, 1890, il indique que le prince Balbiani initia Lapasse dans la Rose-Croix. Jusqu’à ce jour, il n’a pas été possible de démontrer que ce prince ait réellement existé ! Dans son livre, Essai sur la conservation de la vie, Paris 1860, Victor Masson, p. 59, le vicomte de Lapasse parle lui-même des « Rose-Croix, société secrète dont il reste de nos jours quelques adeptes » mais ne se présente pas lui-même comme membre de cette société.
    3. Le Figaro du 22 septembre 1891 publia le Manifeste de la Rose-Croix de J. Péladan.
    4. Constitution de la Rose-Croix, le Temple et le Graal, Paris 1893, article 1, page 21.
    5. L’art idéaliste et mystique, doctrine de l’Ordre et du salon annuel des Rose+Croix, Paris 1894, Chamuel, p. 33.
    6. Salon de la R+C règle et monitoire, opus cité p. 8.
    7. Léonce de Larmandie, collaborateur de J. Péladan, dans Entr’acte Idéal. Paris 1903, Chacornac, a retracé les difficultés et les succès des divers salons.
    8. Sur ce musicien, voir « Esotérik Satie », revue Rose-Croix numéro 168 pp. 31-37.
    9. Pierre Jullian, Les Symbolistes, Paris 1973, p. 47.
    10. Sa pièce Oedipe et le Sphinx, fut créée au théâtre antique d’Orange le 1er août 1903 et l’année suivante au même endroit on donna Sémiramis, avec le concours d’acteurs de la Comédie Française, comme Madame Segond-Weber.
    Note : Ce texte de Christian Rebisse est extrait du hors-série de la revue Actualité de l’histoire mystérieuse paru en 2001 et consacré à la Rose-Croix.
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:32

    Édith Piaf et la Rose-Croix

    Édith Piaf (1915-1963), chanteuse française populaire dont on parle régulièrement dans les médias, a été membre de l’A.M.O.R.C. jusqu’à sa mort. Quelques mois après être devenue Rosicrucienne, elle chantait Soudain une vallée, chanson composée par Jean Dréjac, qui lui aussi fut membre de l’A.M.O.R.C. jusqu’à son décès en 2003. Dans cette chanson, elle se réfère notamment à la Paix Profonde si chère aux Rosicruciens.


    Édith Piaf : Soudain une vallée


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    Édith Piaf – Demande d’adhésion à l’A.M.O.R.C. en 1957


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    Édith Piaf, entourée de rosicruciens, lors d’une visite au siège de l’Ordre de la Rose-Croix, en 1957

    Biographie :
    Les Grands interprètes,
    éd. C. Pirot, Saint-Cyr-sur-Loire,
    204 p.
    Dans ce livre, Frédéric Brun évoque la personnalité de la chanteuse dans un texte intitulé : « Édith Piaf, à la recherche de la vérité », où il fait référence à son affiliation à l’ordre de la Rose-Croix.
     
    ISBN : 9782868082749
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    [Lire un extrait
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    Soudain une vallée (paroles) :
    Vous avez parcouru le monde.
    Vous croyiez n’avoir rien trouvé
    Et soudain, une vallée
    S’offre à vous pour la paix profonde.
    Vous aviez dépensé vos rêves
    Au hasard des bonheurs volés
    Et soudain, une vallée
    Où la voix d’un ami s’élève.
    Marchant sous un nuage,
    Perdus dans votre nuit,
    Tout seuls au cœur de l’orage,
    Balayés par la pluie,
    Vous trainiez des regrets immenses,
    Des envies, des remords voilés
    Et soudain, une vallée
    Vous apprend que la vie commence.
    Le ciel tout grand s’éclaire
    D’amour et de bonté,
    Soleil pour la vie entière
    Et pour l’éternité.
    Vous rêviez d’un bonheur immense
    Sans espoir de jamais trouver
    Et soudain, une vallée
    Où l’espoir et l’amour commencent.
    …Et soudain une vallée
    Où l’espoir et l’amour sont nés…
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:37

    À propos des Rose-Croix

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    L’Ordre de la Rose-Croix a toujours suscité l’intérêt des écrivains attirés par l’ésotérisme et le mysticisme. Parmi eux figurent des historiens renommés, dont certains ont fait des thèses sur le sujet, mais également des auteurs intéressés plus particulièrement par la philosophie rosicrucienne. Vous trouverez ci-après quelques extraits de leurs ouvrages ou de leurs écrits. En les lisant, vous constaterez que tous s’accordent pour dire que les Rose-Croix ont marqué l’Histoire et ont contribué à l’évolution des consciences :
    Bernard GORCEIX  : « Des deux grandes sociétés secrètes qui ont passionné l’Europe jusqu’à la Révolution française, la Franc-Maçonnerie et la Fraternité des Rose-Croix, c’est la Fraternité qui est la plus ancienne. Un bon siècle sépare leurs actes de naissance. La Franc-Maçonnerie se constitue sous sa forme moderne au début du XVIIIe siècle, en Angleterre. Des Rose-Croix, on discute en Allemagne, la terre d’origine, dès la première décennie du XVIIe siècle, avant même la mort d’Henri IV, la révolte de Boehme et le début de la guerre de Trente Ans. La Confrérie n’a pas seulement préoccupé les hommes politiques et les salons. Les savants et les hommes de lettres ont suivi. »

    Serge HUTIN : « Parallèlement aux religions officielles, il a toujours existé des organisations ésotériques qui se sont consacrées à perpétuer leur propre héritage spirituel à travers les âges. Parmi ces organisations figure l’Ordre de la Rose-Croix, dont l’existence fut rendue publique au XVIIe siècle, mais dont les origines traditionnelles sont encore plus anciennes. »

    Robert-Jacques THIBAUD :  » Peu de mouvements ésotériques et philosophiques ont fait couler autant d’encre que l’Ordre de la Rose-Croix depuis sa révélation, à Paris, en 1623. Présentée comme dépositaire de la Connaissance de l’Antiquité, elle-même découlant des enseignements de l’ancienne Égypte, la Rose-Croix a été honorée des meilleurs esprits du XVIIe siècle, mais, parallèlement, a été en butte aux haines des pouvoirs en place, religieux et politiques, en raison de son indépendanc. »

    Jacques BERGIER : « Au XVIe et au XVIIe siècles apparut une floraison d’affiches, de pamphlets et de livres annonçant que ceux qui détenaient les secrets des alchimistes étaient prêts à coopter de nouveaux membres et à partager leurs connaissances. Ces hommes se donnaient le nom de Rose-Croix… Au total, on est bien conduit à penser que les Rose-Croix bénéficiaient d’un savoir venu du passé, puisqu’il ne pouvait venir de l’avenir. Quel savoir ? Ses détenteurs ont toujours affirmé que l’essentiel de ces connaissances résidait dans l’alchimie, une alchimie prise, bien entendu, dans un sens large, dont la transmutation des métaux n’était qu’un aspect. »

    Antoine FAIVRE : « Nombreux sont les tenants de la Tradition occidentale, comprise comme ésotérisme au sens large, qui se réfèrent au Rosicrucianisme du début du XVIIe siècle ; ils y voient un nouveau point de départ fondateur, ou en tout cas l’une des manifestations privilégiées d’une « philosophia perennis », c’est-à-dire d’une pensée traditionnelle aussi ancienne que l’humanité. »

    Frances A. YATES : « Au sens purement historique, le Rosicrucianisme représente une phase de la culture européenne, intermédiaire entre la Renaissance et la prétendue révolution scientifique du XVIIe siècle. C’est la phase au cours de laquelle la Tradition hermétique/ cabaliste de la Renaissance a reçu l’apport d’une autre Tradition hermétique, celle de l’Alchimie. »

    Frantz WITTEMANS : « Il est très difficile de soulever le voile épais qui recouvre l’histoire réelle des Rose-Croix. Conservateurs d’une Tradition secrète qui fut donnée au monde par les Brahmanes de l’Inde, Hermès Trismégiste en Égypte et Orphée en Grèce, leurs arcanes, de par leur caractère même, n’ont jamais eu de partie exotérique. De grandes figures comme Paracelse, Boehme, van Helmont, Andreae, Bacon, Coménius, Boyle, Locke, Saint-Germain occupent une place importante, aussi bien dans l’histoire générale de l’humanité que dans celle des Rose-Croix. »

    André NATAF : « Le mystère de la Rose-Croix n’a pas encore été percé. La légende se mêle étroitement à la vérité historique… L’Ordre de la Rose-Croix est une confrérie de savants, d’alchimistes et de chercheurs en ésotérisme qui se manifesta au XVIIe siècle. Les adeptes étaient liés d’une manière très informelle, mais la légende qui les entourait fut et reste très prenante. »

    Daniel BERNET : « La fondation de l’Ordre attribué à Christian Rosenkreutz correspond bien à l’époque, volontiers entichée d’Alchimie et de Kabbale, et qui entrait dans une longue crise morale dont l’issue serait finalement la Réforme. L’obscurité qui entoure les Rose-Croix, jusqu’à nos jours, a permis l’édification de toutes sortes de romans sur leur compte, en particulier sur les connaissances qu’on suppose avoir été et continuer à être les leurs. A ce niveau, les Rose-Croix finissent par se confondre avec un grand nombre d’Initiés, comme l’humanité en a toujours connu. »

    Jacques BROSSE : « Si l’existence d’un Ordre des Rose-Croix ne peut être prouvée au XVIIe siècle, il semble probable que sous ce nom se soit abrité tout un courant ésotérique européen représenté à la fois par des utopistes, tels les Anglais Thomas More et Francis Bacon, ainsi que l’italien Tommaso Campanella, – eux-mêmes inspirés par Joachim de Flore, peut-être le prototype de Rosenkreutz – , et par des alchimistes naturalistes et mystiques comme Paracelse et ses disciples, tel Heinrich Khunrath, dont l’Amphithéâtre de la Sagesse éternelle contient l’image d’une rose portant une forme humaine les bras en croix. »

    Roland ÉDIGHOFFER : « Considérés dans la perspective paracelsienne, les premiers écrits rosicruciens apparaissent, non point comme un ludibrium, au rang desquels Andreae, par prudence, tenta postérieurement de ramener les « Noces Chymiques », mais bien comme un essai de solution des graves problèmes qui se posaient aux hommes de ce temps-là, dans les domaines de la religion, de la politique, de la philosophie et de la science. »

    François DEBUIRE : « L’âme de la Rose-Croix fait partie intégrante de celle, humaniste et spirituelle, de l’Occident ; elle en est l’une de ses facettes ou l’un de ses joyaux étincelant de beauté, d’amour et de pureté. L’âme Rose-Croix est bonne. Elle ne demande qu’à faire profiter de ses trésors et de ses nourritures exquises celui qui le souhaite en son for intérieur. »
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:38

    Ontologie des Rose-Croix



    • Dieu est l’Intelligence universelle qui a pensé, manifesté et animé la Création selon des lois immuables et parfaites.

    • Toute la Création est imprégnée d’une Âme universelle qui évolue vers la perfection de sa propre nature.

    • La vie est le support de l’Évolution cosmique, telle qu’elle se manifeste dans l’univers et sur la Terre.

    • La matière doit son existence à une énergie vibratoire qui se propage dans tout l’univers et dont chaque atome est imprégné.

    • Le temps et l’espace sont des états de conscience et n’ont aucune réalité matérielle indépendante de l’homme.

    • L’homme est un être double dans sa nature et triple dans sa manifestation.

    • L’âme s’incarne dans le corps de l’enfant au moment où il inspire pour la première fois, faisant de lui un être vivant et conscient.

    • Le destin de tout être humain est déterminé par la manière dont il applique son libre arbitre et par le karma qui en résulte.

    • La mort se produit au moment où l’homme rend son dernier souffle et se traduit par la séparation définitive entre le corps et l’âme.

    • L’évolution spirituelle de l’homme est régie par la réincarnation et a pour but ultime d’atteindre la Perfection.

    • Il existe un règne supra-humain, formé de toutes les âmes désincarnées qui peuplent le monde invisible.

    • À l’issue de son évolution spirituelle, l’âme de tout être humain réintègre l’Âme universelle en toute pureté et vit en pleine conscience dans l’Immanence divine.

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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:40

    Plaidoyer rosicrucien pour une écologie spirituelle


    En ce début de XXIe siècle et de IIIe millénaire, alors que l’avenir de notre planète est gravement menacé, et avec lui la survie de l’humanité, nous croyons utile d’en appeler à une écologie spirituelle à travers ce plaidoyer.
    Rappelons-nous :
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]– Que la Terre que nous peuplons aujourd’hui existe depuis plus de quatre milliards d’années, que l’homme en tant que tel y est apparu il y a environ trois millions d’années, et qu’en moins d’un siècle il l’a mise en péril.

    – Que les deux tiers de notre planète sont recouverts de mers et d’océans, que notre corps lui-même est composé de 75 % d’eau, et que nous ne pouvons survivre sans elle.


    – Que les forêts sont les poumons de la Terre, qu’elles produisent l’oxygène que nous respirons, et que sans elles il n’y aurait pas d’atmosphère, et donc pas de vie.


    – Que les animaux vivaient sur notre planète des millions d’années avant l’apparition de l’homme, que la survie de l’humanité dépend d’eux, et que ce sont des êtres intelligents et sensibles.


    – Que tous les règnes de la nature sont interdépendants, qu’il n’y a ni vide ni frontière entre eux, et qu’ils sont, chacun à leur niveau et sous des formes différentes, doués de conscience.


    – Que la Terre est entourée d’une aura électromagnétique résultant des énergies naturelles qui lui sont propres, et que cette aura, combinée à l’atmosphère, participe à la vie.


    – Que l’existence de notre planète n’est pas le fruit du hasard ou d’un concours de circonstances, mais qu’elle fait partie d’un Plan conçu et mis en oeuvre par cette Intelligence universelle que l’on appelle «Dieu».


    – Que la Terre n’est pas uniquement une planète qui permet aux êtres humains de vivre, mais qu’elle est également le milieu dans lequel leurs âmes peuvent s’incarner pour mener à bien leur évolution spirituelle.


    – Que notre planète est un chef-d’oeuvre de la Création, que sans être unique dans l’univers elle n’en est pas moins une rareté, et que c’est un grand privilège pour l’humanité de l’habiter.


    – Que la Terre ne nous appartient pas, qu’elle est mise à notre disposition le temps de nos vies, et qu’elle est le plus précieux des patrimoines que nous puissions transmettre aux générations futures.


    – Que nous n’avons aucun droit à l’égard de notre planète, mais uniquement des devoirs : la respecter, la préserver, la protéger… En un mot : l’aimer.

    Rappelons-nous cela, rappelons-le à nos enfants, et faisons nôtre cette formule : «Terra humanitasque una sunt». (Terre et humanité ne font qu’une).
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:46

    Contribution rosicrucienne à la paix

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    Je contribue à la paix lorsque je m’évertue à exprimer le meilleur de moi-même dans mes relations avec autrui.

    Je contribue à la paix lorsque je mets mon intelligence et mes compétences au service du Bien.

    Je contribue à la paix lorsque j’éprouve de la compassion à l’égard de tous ceux qui souffrent.

    Je contribue à la paix lorsque je considère tous les êtres humains comme mes frères et soeurs, quelles que soient leur race, leur culture et leur religion.

    Je contribue à la paix lorsque je me réjouis du bonheur des autres et prie pour leur bien-être.

    Je contribue à la paix lorsque j’écoute avec respect et tolérance des opinions qui divergent des miennes ou même qui s’y opposent.

    Je contribue à la paix lorsque j’utilise le dialogue plutôt que la force pour régler tout conflit.

    Je contribue à la paix lorsque je respecte la nature et la préserve pour les générations futures.

    Je contribue à la paix lorsque je ne cherche pas à imposer aux autres ma conception de Dieu.

    Je contribue à la paix lorsque je fais de la paix le fondement de mon idéal et de ma philosophie.
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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:48

    Utopie rosicrucienne


    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



    • Dieu de tous les hommes, Dieu de toute vie, dans l’humanité dont nous rêvons :

    • Les politiciens sont profondément humanistes et oeuvrent au service du bien commun ;

    • Les économistes gèrent les finances des États avec discernement et dans l’intérêt de tous ;

    • Les savants sont spiritualistes et cherchent leur inspiration dans le Livre de la Nature ;

    • Les artistes sont inspirés et expriment dans leurs oeuvres la beauté et la pureté du Plan divin ;

    • Les médecins sont animés par l’amour de leur prochain et soignent aussi bien les âmes que les corps ;

    • Il n’y a plus de misère ni de pauvreté, car chacun a ce dont il a besoin pour vivre heureux ;

    • Le travail n’est pas vécu comme une contrainte, mais comme une source d’épanouissement et de bien-être ;

    • La nature est considérée comme le plus beau des temples et les animaux comme nos frères en voie d’évolution ;

    • Il existe un Gouvernement mondial formé par les dirigeants de toutes les nations, oeuvrant dans l’intérêt de toute l’humanité ;

    • La spiritualité est un idéal et un mode de vie qui prennent leur source dans une Religion universelle, basée davantage sur la connaissance des lois divines que sur la croyance en Dieu ;

    • Les relations humaines sont fondées sur l’amour, l’amitié et la fraternité, de sorte que le monde entier vit dans la paix et l’harmonie. Qu’il en soit ainsi !

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    Message  Arlitto Sam 10 Avr 2021 - 18:49

    Ethique des Rose-Croix

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    • Sois patient, car la patience nourrit l’espérance et fait du temps un allié sur le sentier de la vie.

    • Sois confiant, car la confiance en soi est une source d’épanouissement, et celle qu’on accorde aux autres une source d’amitié.

    • Sois tempéré, car la tempérance évite de tomber dans les excès et procure l’apaisement.

    • Sois tolérant, car la tolérance élargit l’esprit et favorise les relations humaines.

    • Sois détaché, car le détachement est un gage de liberté et cultive la richesse intérieure.

    • Sois généreux, car la générosité fait autant de bien à celui qui donne qu’à celui qui reçoit.

    • Sois intègre, car l’intégrité est le garant d’une bonne conscience et apporte la sérénité.

    • Sois humble, car l’humilité grandit celui qui en fait preuve et lui vaut le respect des autres.

    • Sois courageux, car le courage construit au quotidien et rend fort dans l’adversité.

    • Sois non violent, car la non-violence génère l’harmonie intérieure et répand la paix entre les êtres.

    • Sois bienveillant, car la bienveillance réjouit le cœur et embellit l’âme.

    • Étant cela, on pourra dire de toi que tu es sage, car la sagesse est l’application de ces vertus…


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