DES SOURCES HISTORIQUES ATTESTENT :
Ibn Sa’d est un biographe qui vivait à Bagdad au neuvième siècle. Il fut secrétaire de Waqidi. Sa réputation de fiabilité et de précision lui valut d’être très souvent cité dans les siècles suivants. Il indique :
(…)
Abdallah Mahomet ibn Sa’d ibn Mani al-Zuhri, Kitâb al-tabaqât al-kubra (Le livre des hautes classes), comme Ibn Hichâm , al-Sîrâ al-Nabawîya (Biographie du Prophète), quatre nazaréens dans l’entourage immédiat de Mahomet. L’un d'eux était Waraqa, les autres sont :
- Ubayd Allah ibn Jahch ibn Umayma. (un petit fils d’Abd al-Muttalib, l’oncle de Mahomet.)
- ‘Uthmân ibn al-Huwayrith (un cousin germain de Mahomet.)
- Zayd ibn ‘Amr ibn Nafîl (dont Mahomet disait : + A lui seul, il vaut une nation +).
(...)
Dans sa Lettre 112 à Saint Augustin, Saint Jérôme écrit ceci sur la secte de ces Nazaréens :
« Jusqu’aujourd’hui, dans toutes les synagogues de l’Orient, il y a chez les Juifs une secte (...) qui est jusqu’ici condamnée par les Pharisiens; on les appelle vulgairement Nazaréens; ils croient au Christ, fils de Dieu, né de la Vierge Marie, et ils disent que c’est celui qui, sous Ponce Pilate a souffert et est ressuscité; en lui nous aussi nous croyons; mais tandis qu’ils veulent tout ensemble être Juifs et chrétiens, ils ne sont ni Juifs ni chrétiens ».
D'autres sources arabes parlent aussi du moine nazaréen, Nastûrâ / Nastûr rencontré à Bosra (Syrie du sud) par Mahomet et qui aurait reconnu celui-ci comme prophète.
Et Théophane (avant 82
2) écrit ceci dans sa chronique : « Chaque fois qu'il venait en Palestine, il (Mahomet) fréquentait avec les juifs et les chrétiens et obtint d'eux certains matériaux scripturaires ».
Jean Damascène (vers 650-750) a raconté également ceci : « Muhammad était tombé par hasard sur l'Ancien et le Nouveau Testaments et même, paraît-il, après avoir conversé avec un moine arien».
Des sources syriaques appellent ce moine nazaréen, Sergius Bahîrâ (Baeira / Pakhyras).
Dans le Coran, l'influence nazaréenne, se voit dans l''interdiction de boire du vin. En effet les Nazaréens ne buvaient pas de vin, se référant à cette parole de Jésus : (Matthieu 26,29) :
« Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit le pain et prononça la prière de bénédiction, puis, il le rompit et le donna à ses disciples en disant : + Prenez, mangez, ceci est mon corps + Il prit ensuite une coupe et remercia Dieu, puis, il la leur donna en disant : + Buvez-en tous, car ceci est l'alliance nouvelle, alliance qui est versée pour beaucoup pour le pardon des péchés +. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père ».
Dans son livre, le « Traité des hérésies » de Jean Damascène (Mansour Ibn Sarjoun, Arabe chrétien de Damas, 676-749), on lit ceci (vers 746) :
« Il (Mahomet) dit qu’il y a un seul Dieu, créateur de toutes choses, qu’Il n’a pas été engendré et qu’Il n’a pas engendré. Selon ses dires, le Christ est le Verbe de Dieu et son Esprit, mais il est crée et il est un serviteur ; il est né sans semence de Marie, la sœur de Moïse et d’Aaron. En effet dit-il, le Verbe et l’Esprit de Dieu sont entré en Marie et ont engendré Jésus, qui fut un prophète et un serviteur de Dieu. Et, selon lui, les juifs, au mépris de la Loi, voulurent le mettre en croix, et, après s’être emparés de lui, ils n’ont crucifié que son ombre. Le Christ lui – même, dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. En effet Dieu l’a pris près de lui dans le ciel, parce qu’Il l’aimait. Et il dit également, qu’une fois le Christ monté aux cieux, Dieu l’a interrogé en disant ? : + Jésus ! as-tu dis : je suis le fils de Dieu et Dieu ? + Jésus d’après lui, a répondu : + Sois miséricordieux envers moi, Seigneur ! Tu sais que je n’ai pas dit cela et que je ne dédaigne d’être ton serviteur. Mais les hommes mauvais ont écrit que j’avais fait cette déclaration ; ils ont menti à mon égard, et ils sont dans l’erreur +. Dieu, dit il, lui a répondu : + Je sais que tu n’as pas fait cette déclaration + (...). Ils nous appellent + associateurs + parce que, disent-ils, nous introduisons à côté de Dieu un associé lorsque nous disons que le Christ est le fils de Dieu et Dieu ».
Le manuscrit arménien du « Vardabed Ghévond (vers 771) » nous transcrit la lettre de Omar II, (Umar ben Abd al-Aziz, 8ème calife Omeyade) à l'empereur byzantin Léon III l'Isaurien (717-741) :
« ... Pourquoi ne trouve-t-on, dans le Code mosaïque, aucune indication à propos du paradis ou de l’enfer, ou de la résurrection et du jugement ? Ce sont les évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean, qui en ont parlé selon leur talent. N’est-il pas vrai que Jésus, en parlant dans l’évangile de la mission du Paraclet ou Consolateur à venir, indiquait la mission de notre Mahomet ? Pour quelle raison les peuples chrétiens se sont-ils, après la mort des disciples de Jésus, partagés en soixante douze races (sectes) ? Pourquoi ont-ils fait de Jésus l’associé et l’égal du Dieu unique et tout puissant, en professant trois Dieux, et en changeant arbitrairement toutes les lois, comme celle de la circoncision en baptême, celle du sacrifice en eucharistie, celle du samedi en dimanche ? Est-il possible que Dieu ait habité dans la chair et dans le sang, et dans les entrailles souillées d’une femme ? ».
La (Sourate 4,171) du Coran confirme le rejet de la divinité de Jésus par les Musulmans :
« Ô gens du Livre (Chrétiens), n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites d'Allah que la vérité. Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un Messager d'Allah, Sa parole qu'Il envoya à Marie, et un souffle de vie venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas 'Trinité'. Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n'est qu'un Dieu unique. Il est trop glorieux pour avoir un enfant. C'est à Lui qu'appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre et Allah suffit comme protecteur ».
Bien que n'étant pas Dieu, Jésus était cependant reconnu comme Messie par les Musulmans. Des sources contemporaines à Mahomet (datant de vers 626) indiquent que celui-ci se prenait pour un prophète et qu'il annonçait la redescente du Messie Jésus. Hors, les Judéo-Chrétiens Nazaréens semblaient attendre eux aussi le retour de Jésus.
Dans la Chronographie de Théophane, il est écrit (pour l'année 622) : « Les juifs se sont attachés à Mahomet parce qu’ils le tenaient pour un de leurs prophètes ».
Jacques d’Edesse (633-708) écrivait : « Les Mahgrayes (Musulmans) confessent tous fermement qu’il (Jésus) est le vrai Messie qui devait venir et qui fut prédit par les Prophètes ; sur ce point, il n’y a pas de dispute avec nous ».
Dans la chronique arménienne Doctrina Jacobi / Didascalie de Jacob V,16,209 (datant de vers 634- 640), le Juif Abraham de Césarée racontait ceci :
« On disait que le prophète (Mahomet) était apparu, venant avec les Saracènes (Arabes), et qu’il proclamait la venue du Messie qui allait venir. Étant arrivé à Sykamine, je m’arrêtai chez un vieil homme bien versé dans les écritures et lui dis : + Que me dis-tu, du prophète apparu avec les Saracènes ? + Il me répondit dans un profond soupir : + Il est faux car les prophètes ne viennent pas armés avec épée et char de guerre.+ ... Et moi, Abraamès, ayant poussé l’enquête, j’appris de ceux qui l’avaient rencontré, qu’on ne trouve rien d’authentique dans ce prétendu prophète : Il n’est question que d’effusion du sang des hommes. Il dit aussi qu’il détient les clés du Paradis, ce qui est incroyable ».
Cette croyance de Mahomet, en la descente prochaine de Jésus, est confirmée par un hadith de Bukhari et Muslim :
« Selon Abu Hourayra, le Prophète a dit : + Par Celui qui tient mon âme en sa main, la descente de Jésus fils de Marie est imminente ; il sera pour vous un arbitre juste (…) il mettra fin à la guerre et il prodiguera des biens tels que personne n’en voudra plus. En ce moment, une seule prosternation sera meilleure que le monde et son contenu + ».
L'historien byzantin Théophane (vers 758/760-817/818) prétendait d'ailleurs que l'islam trouvait son origine chez des « Juifs qui prennent Mahomet pour leur Christ tant attendu ». Cependant l'alliance entre les Arabes et les Judéo-Chrétiens (ou nazaréens) ne durera pas et les deux peuples finiront par se séparer, à la fois politiquement et religieusement.
Ainsi Théophane (avant 822) écrit ceci sur Mahomet, dans sa chronique :
« En cette année mourut Muhammad, le leader et le faux prophète des Sarrasins, après la nomination de son parent Aboubacharos à sa chefferie. Dans le même temps sa renommée se répandit et tout le monde avait peur. Au début de son avènement, les Juifs égarés croyaient qu'il était le Messie qui est attendu par eux, de sorte que certains de leurs dirigeants se joignirent à lui et acceptèrent sa religion tout en délaissant celle de Moïse, qui a vu Dieu. Ceux qui l'ont fait étaient au nombre de dix, et ils sont restés avec lui jusqu'à sa mort. Mais quand ils le virent manger de la viande de chameau, ils ont réalisé qu'il n'était pas celui qu'ils croyaient, mais, ayant peur d'abjurer sa religion, ces malheureux hommes lui ont appris des choses illicites dirigées contre nous, Chrétiens, et sont restés avec lui ».
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