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    Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Arlitto
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:25

    Rappel du premier message :

    Les "Évangiles" disparus de la Bible 



    Évangile de Marie.

    Apocryphe copte du second siècle.


    ( les 6 premières pages semblent manquer)


    [PAGE 7 ]


    1 " Qu'est-ce que la matière ?

    2 Durera-t-elle toujours ? "

    3 Le Maître répondit :

    4 " Tout ce qui est né, tout ce qui est crée,

    5 tous les éléments de la nature

    6 sont imbriqués et unis entre eux.

    7 Tout ce qui est composé sera décomposé ;

    8 tout reviendra à ses racines ;

    9 la matière retournera aux origines de la matière.

    10 Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. "

    11 Pierre lui dit : " Puisque Tu te fais l'interprète

    12 des éléments et des événements du monde, dis-nous :

    13 Qu'est-ce que le péché du monde ? "

    14 Le Maître dit :

    15 " Il n'y a pas de péché.

    16 C'est vous qui faites exister le péché

    17 lorsque vous agissez conformément aux habitudes

    18 de votre nature adultère

    19 là est le pêché.

    20 Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ;

    21 Il a participé aux éléments de votre nature

    22 afin de l'unir de nouveau à ses racines. "

    23 Il continua et dit :24 " Voici pourquoi vous êtes malades

    25 et pourquoi vous mourrez,

    26 c'est la conséquence de vos actes ;

    27 vous faites ce qui vous éloigne...

    28 Comprenne qui pourra ! "

    [PAGE 8]

    1 " L'attachement à la matière

    2 engendre une passion contre nature.

    3 Le trouble naît

    5 "Soyez en harmonie..."

    6 Si vous êtes déréglés,

    7 inspirez-vous des représentations

    8 de votre vraie nature.

    9 Que celui qui a des oreilles

    10 pour entendre entende. "

    11 Après avoir dit cela, le Bienheureux

    12 les salua tous en disant :

    13 " Paix à vous, que ma Paix

    14 naisse et s'accomplisse en vous !

    15 Veillez à ce que personne ne vous égare

    16 en disant :

    17 "Le voici,

    18 Le voila."

    19 Car c'est à l'intérieur de vous

    20 qu'est le Fils de l'Homme ;

    21 allez à Lui :

    22 ceux qui Le cherchent Le trouvent

    23 En marche !

    24 Annoncez l'Évangile du Royaume. "

    [PAGE 9]

    1 " N'imposez aucune règle,

    2 hormis celle dont je fus le Témoin.

    3 N'ajoutez pas de lois à celles de celui qui a do Loi,

    4 afin de ne pas en devenir les esclaves. "

    5 Ayant dit cela, Il partit.

    6 Les disciples étaient dans la peine ;

    7 ils versèrent bien des larmes, disant :

    8 " Comment se rendre chez les païens et annoncer

    9 l'Évangile du Royaume du Fils de l'Homme ?

    10 Ils ne l'ont pas épargné,

    11 comment nous épargneraient-ils ? "

    12 Alors, Marie se leva,

    13 elle les embrassa tous et dit à ses frères :

    14 " Ne soyez pas dans la peine et le doute,

    15 car Sa Grâce vous accompagnera et vous protégera :

    16 louons plutôt Sa grandeur,

    17 car Il nous a préparés.

    18 Il nous appelle à devenir pleinement des êtres humains. "

    19 Par ces paroles, Marie tourna leurs curs vers le Bien ;

    20 ils s'éclairèrent aux paroles du Maître.

    [PAGE 10]

    17 Alors, je Lui dis :

    18 "Seigneur, dans l'instant, celui qui contemple

    19 Ton apparition,

    20 est-ce par l'âme qu'il voit ?

    21 Ou par l'esprit ?"

    22 Le Maître répondit :

    23 Ni par l'âme ni par l'esprit ;

    24 mais l'intellect étant entre les deux,

    25 c'est lui qui voit et c'est lui qui [...]"

    Les quatre pages suivantes semblent manquer.

    [PAGE 15]

    1 " "Je ne t'ai pas vu descendre,

    2 mais maintenant je te vois monter ",

    3 dit le Désir,

    4 " Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi ? "

    5 L'âme répondit :

    6 " Moi, je t'ai vue,

    7 toi, tu ne m'as pas vue.

    8 Tu ne m'as pas reconnue ;

    9 j'étais avec toi comme avec un vêtement,

    10 et tu ne m'as pas sentie. "

    11 Ayant dit cela,

    12 elle s'en alla toute joyeuse.

    13 Puis se présenta à elle la troisième atmosphère,

    14 appelé Ignorance ;

    15 celle-ci interrogea l'âme, lui demandant :

    16 " Où vas-tu ?

    17 N'as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ?

    18 Oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie. "

    19 L'âme dit alors :

    20 " Pourquoi me juges-tu ? Moi je n'ai pas jugé.

    21 On m'a dominée, moi je n'ai pas dominé ;

    22 on ne m'a pas reconnue,

    23 mais moi, j'ai reconnu

    24 que tout ce qui est composé sera décomposé

    25 sur la terre comme au ciel. "

    [PAGE 16]

    1 Libérée de cette troisième atmosphère, l'âme continua de monter.

    2 Elle aperçut la quatrième atmosphère.

    3 Elle avait sept manifestations.

    4 La première manifestation est Ténèbres ;

    5 la seconde, Désir ;

    6 la troisième, Ignorance ;

    7 la quatrième, Jalousie mortelle ;

    8 la cinquième, Emprise charnelle ;

    9 la sixième, Sagesse ivre ;

    10 la septième, Sagesse rusée.

    11 Telles sont les sept manifestations de la Colère

    12 qui oppriment l'âme de questions :

    13 " D'ou viens-tu, homicide ?

    14 Ou vas-tu, vagabonde ? "

    15 L'âme répondit :

    16 " Celui qui m'opprimait a été mis a mort ;

    17 celui qui m'étreignait n'est plus ;

    18 mon désir alors s'est apaisé,

    19 et je fus délivrée de mon ignorance. "

    [PAGE 17]

    6 Je vais au Silence ". "

    7 Après avoir dit cela, Marie se tut.

    8 C'est ainsi que le Maître s'entretenait avec elle.

    9 André prit alors la parole et s'adressa à ses frères :

    10 " Dites, que pensez-vous de ce qu'elle vient de raconter?

    11 Pour ma part, je ne crois pas

    12 que le Maître ait parlé ainsi ;

    13 ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues. "

    14 Pierre ajouta :

    15 " Est-il possible que le Maître se soit entretenu

    16 ainsi, avec une femme,

    17 sur des secrets que nous, nous ignorons ?

    18 Devons-nous changer nos habitudes,

    19 écouter tous cette femme ?

    20 L'a-t-iI vraiment choisie et préférée à nous ? "

    [PAGE 18]

    1 Alors Marie pleura.

    2 Elle dit a Pierre :

    3 " Mon frère Pierre, qu'as-tu dans la tête ?

    4 Crois-tu que c'est toute seule, dans mon imagination,

    5 que j'ai inventé cette vision ?

    6 ou qu'à propos de notre Maître je dise des mensonges ? "

    7 Levi prit la parole :

    8 " Pierre, tu as toujours été un emporté ;

    9 je te vois maintenant t'acharner contre la femme,

    10 comme le font nos adversaires.

    11 Pourtant, si le Maître l'a rendue digne,

    12 qui es-tu pour la rejeter ?

    13 Assurément, le Maître la connaît très bien

    14 Il l'a aimée plus que nous.

    15 Ayons donc du repentir,

    16 et devenons l'être humain dans son intégrité ;

    17 laissons-Le prendre racine en nous

    18 et croître comme Il l'a demandé.

    19 Partons annoncer l'Évangile

    20 sans chercher a établir d'autres règles et d'autres lois

    21 en dehors de celle dont Il fut le témoin. "

    [PAGE 19]

    1 Dès que Levi eut prononcé ces mots,

    2 ils se mirent en route pour annoncer l'Évangile.

    FIN DE L'EVANGILE SELON MARIE
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    Les "Évangiles" disparus de la Bible - Page 2 Empty Re: Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:32

    Histoire de Joseph le charpentier


    Un original grec du 4° siècle inspirerait deux traditions coptes et une arabe. Ce document témoigne d'un culte rendu à St Joseph par les moines orthodoxes en Égypte. Joseph y est décrit comme un vieillard.


    HISTOIRE DE JOSEPH LE CHARPENTIER

    Trois versions de cet apocryphe, deux coptes et une arabe, plus fleurie mais plus tardive. Toutes semblent dériver d'un original grec du IVe siècle, aujourd'hui perdu, et de provenance égyptienne.

    Les onze premiers chapitres, qui évoquent l'ascendance de Jésus, sa naissance et des détails de sa prime jeunesse, sont influencés par le Protévangile de Jacques.

    La deuxième partie (chap. 12-32) raconte la maladie, la mort et l'ensevelissement de Joseph. Elle est beaucoup plus originale. C'est le premier document qui témoigne d'un culte rendu à saint Joseph, particulièrement vénéré par les moines coptes d'Égypte. On y décèle, derrière une interprétation chrétienne, de vieux mythes égyptiens et des rites du culte d'Osiris.


    Ceci est (la relation) du décès de notre père saint Joseph le charpentier, père du Christ selon la chair, lequel vécut cent onze ans. Notre Sauveur a raconté aux apôtres sa biographie tout entière, sur le mont des Oliviers. Les apôtres eux-mêmes ont écrit ces paroles et les ont déposées dans la bibliothèque à Jérusalem. Le jour où le saint vieillard abandonna son corps, fut le 26 du mois d'épiphi (entre le 25 juin et le 24 juillet). Dans la paix de Dieu, ainsi soit-il !
    1

    . Or il advint un jour que, notre bon Sauveur étant assis sur la colline des Oliviers et ses disciples rassemblés autour de lui, il leur parla en ces termes :

    O mes chers frères, fils de mon bon Père, (vous) qu'il a choisis parmi le monde entier, fréquemment, vous le savez, je vous ai avertis que je serai crucifié, que je goûterai la mort absolument, que je ressusciterai d'entre les morts, que je vous donnerai la charge de prêcher l'Évangile, afin que vous l'annonciez dans le monde entier ; que je vous investirai d'une force venue d'en haut ; que je vous remplirai d'un esprit saint afin que vous prêchiez à toutes les nations, leur disant : « Faites pénitence, car mieux vaut à l'homme de trouver un verre d'eau dans le siècle à venir, que de posséder tous les biens du monde entier » ; - et encore : « L'espace d'une empreinte de pied dans la maison de mon Père vaut plus que toutes les richesses de ce monde » ; - et encore « Une heure des justes qui se réjouissent, vaut mieux que cent ans des pécheurs qui pleurent et se lamentent, sans qu'on essuie leurs larmes ou qu'on s'intéresse aucunement à eux. »

    Or donc, ô mes membres glorieux, quand vous irez parmi les peuples, adressez-leur cet enseignement : « C'est avec une balance juste et un juste poids que mon Père réglera votre compte » ; - et encore « Un simple mot plaisant que vous aurez dit, sera examiné. Comme il n'y a pas moyen d'échapper à la mort, de même personne ne peut échapper à ses actes bons ou mauvais. » Mais tout ce que je vous ai dit (revient) à ceci : le fort ne peut pas se sauver par sa force, ni l'homme se sauver par la multitude de ses richesses. Maintenant écoutez que je vous raconte l'histoire de mon père Joseph, le vieux charpentier béni.

    2.

    Il y avait un homme appelé Joseph, qui était de la ville appelée Bethléem, celle des Juifs, qui est la ville du roi David. Il était bien instruit dans la sagesse et dans l'art de la menuiserie. Cet homme (appelé) Joseph épousa une femme dans l'union d'un saint mariage. Elle lui donna des fils et des filles : quatre garçons et deux filles. Voici leurs noms : Jude et Josetos, Jacques et Simon. Les noms des filles étaient Lysia et Lydia. La femme de Joseph mourut selon (qu'il est) imposé à tout homme, et elle laissa Jacques encore en bas âge. Joseph était un juste, qui rendait gloire à Dieu en toutes ses oeuvres. Il allait au dehors exercer le métier de charpentier, lui et ses deux fils, (car) ils vivaient du travail de leurs mains selon la loi de Moïse. Et cet homme juste dont je parle, c'est Joseph, mon père selon la chair, celui à qui ma mère Marie fut unie comme épouse.

    3.

    Or tandis que mon père Joseph vivait dans le veuvage, Marie ma mère, bonne et bénie en toute manière, se trouvait, elle, dans le temple, s'y acquittant de son service dans la sainteté. Elle avait atteint l'âge de douze ans, ayant passé trois années dans la maison de ses parents et neuf dans le temple du Seigneur. Alors les prêtres, voyant que la Vierge pratiquait l'ascétisme et qu'elle demeurait dans la crainte du Seigneur, délibérèrent entre eux et se dirent : « Cherchons un homme de bien pour la lui fiancer, en attendant la célébration du mariage, de peur que nous ne laissions le cas ordinaire des femmes lui arriver dans le temple et que nous ne soyons coupables d'un grand péché . »

    4.

    En ce même temps, ils convoquèrent la tribu de Juda qu'ils avaient choisie parmi les douze (tribus) du peuple (en tirant au sort) les noms des douze tribus d'Israël. Le sort tomba sur le bon vieillard Joseph, mon père selon la chair. Alors les prêtres répondirent et dirent à ma mère, la vierge bénie : « Allez avec Joseph. Obéissez-lui jusqu'à ce que vienne le temps où nous accomplirons le mariage. » Mon père Joseph prit Marie dans sa maison. Elle y trouva le petit Jacques dans la tristesse de l'orphelin. Elle se mit à le choyer ; c'est pour cette raison qu'elle fut appelée Marie mère de Jacques. Or, après que Joseph l'eut prise dans sa maison, il se mit en route (vers un endroit) où il exerçait le métier de charpentier. Dans sa maison, Marie ma mère passa deux années, jusqu'au moment opportun.

    5.

    Or, dans la quatorzième année de son âge, je vins de ma propre volonté, et j'entrai en elle, moi, Jésus, votre vie. Comme elle était enceinte depuis trois mois, le candide Joseph revint de l'endroit éloigné où il exerçait le métier de charpentier. Il trouva que ma mère la Vierge était enceinte. Il fut troublé, il prit peur et songea à la congédier en secret. Et à cause de son chagrin, il ne mangea ni ne but.6. Au milieu de la nuit, voici que Gabriel, l'archange de la joie, vint à lui dans une vision, sur l'ordre de mon bon Père, et il lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas d'admettre près de toi Marie ton épouse, car celui qu'elle enfantera est issu du Saint-Esprit . On l'appellera Jésus. C'est lui qui fera paître tous les peuples avec un sceptre de fer. » Et l'ange s'éloigna de lui. Joseph se leva de sa couche ; il fit comme l'ange du Seigneur lui avait ordonné et reçut Marie près de lui.

    7.

    Ensuite un ordre vint du roi Auguste, pour faire enregistrer (la population de) toute la terre, chacun dans sa ville respective. Le (vieillard) à la bonne vieillesse se leva ; il conduisit Marie la Vierge ma mère dans sa ville de Bethléem. Comme elle était sur le point d'accoucher, il avait inscrit son nom chez le scribe, à savoir : « Joseph, fils de David, avec Marie son épouse, et Jésus son fils, issus de la tribu de Juda. » Et ma mère Marie me mit au monde, sur la route du retour à Bethléem, dans le tombeau de Rachel, femme de Jacob le patriarche, qui fut la mère de Joseph et de Benjamin.

    8.

    Satan donna un conseil à Hérode le Grand, le père d'Archélaüs, celui qui fit décapiter Jean, mon ami et mon parent. A la suite de quoi, celui-ci me rechercha pour me tuer, s'imaginant que mon royaume est de ce monde. Joseph en fut averti dans une vision, de par mon Père. Il se leva, me prit avec Marie ma mère, sur les bras de laquelle j'étais assis, tandis que Salomé marchait à notre suite. Nous partîmes pour l'Égypte. Là, nous demeurâmes une année, jusqu'au jour où les vers se mirent dans le corps d'Hérode : dont il mourut, à cause du sang des innocents petits enfants, qu'il avait répandu.

    9.

    Après que cet impie Hérode fut mort, nous retournâmes dans une ville de la Galilée, qui s'appelle Nazareth. Mon père Joseph, le vieillard béni, pratiquait le métier de charpentier, et nous vivions du travail de ses mains. Observant la loi de Moïse, jamais il ne mangea son pain gratuitement.

    10

    . Et après ce long espace de temps, son corps ne s'était pas affaibli ; ses yeux n'avaient pas perdu la lumière ; pas une seule dent ne s'était gâtée dans sa bouche Jamais à aucun moment, il ne manqua de jugement ni de sagesse ; mais il était comme un jeune homme, alors que son âge avait atteint, dans une vieillesse heureuse, la cent onzième année.

    11.

    Or, ses deux plus jeunes fils, Josetos et Syméon, prirent femme et s'établirent dans leurs maisons. Ses deux filles aussi se marièrent selon qu'il est permis à tout homme. Joseph, lui, demeura avec Jacques, son plus jeune fils. Depuis que la Vierge m'avait enfanté, j'étais auprès d'eux, dans la complète soumission (qui convient à) la qualité de fils. Car, en vérité, j'ai fait toutes les oeuvres de l'humanité, hormis le seul péché. Quant à moi, j'appelais Marie: « ma mère », et Joseph: « mon père ». Et je leur obéissais en tout ce qu'ils allaient me dire. Je ne leur répliquais pas un seul mot, mais je les aimais beaucoup.

    12

    Ensuite il se fit que la mort de Joseph mon père devint proche, selon qu'il est imposé à tout homme. Lorsque son corps ressentit la maladie, son ange l'avertit : « C'est cette année que tu mourras. » Et comme son âme se troublait, il se rendit à Jérusalem dans le temple du Seigneur; il se prosterna devant l'autel, et pria de la sorte, en disant :

    13

    . (Ô) Dieu, père de toute miséricorde et Dieu de toute chair, Dieu de mon âme, de mon corps et de mon esprit, puisque les jours de ma vie, que vous m'avez départis en ce monde, sont accomplis, voici que je vous prie, Seigneur Dieu, d'envoyer vers moi l'archange Michel pour qu'il se tienne près de moi, jusqu'à ce que ma pauvre âme soit sortie de mon corps, sans douleur et sans trouble.

    Car c'est pour tout homme une grande crainte et une grande douleur que la mort : pour l'homme, ou pour l'animal domestique, ou pour la bête sauvage, ou pour le reptile, ou pour l'oiseau, en un mot, pour tout ce qu'il y a sous le ciel de créatures possédant un souffle de vie, c'est une douleur et une affliction que leur âme se sépare de leur corps.

    Maintenant donc, ô mon Seigneur, que votre ange se tienne près de mon âme et de mon corps, jusqu'à ce qu'ils se séparent l'un de l'autre sans douleur. Ne permettez pas que l'ange qui me fut attaché depuis le jour où vous m'avez formé, jusqu'à maintenant, tourne contre moi un visage embrasé de colère sur le parcours du chemin, quand je m'en irai vers vous, mais qu'il me traite pacifiquement. Ne laissez pas ceux dont la face est changeante me tourmenter sur le parcours du chemin, quand j'irai vers vous. Ne faites pas arrêter mon âme par les préposés à la porte, et ne me confondez pas devant votre tribunal formidable. Ne déchaînez pas contre moi les flots du fleuve de feu, celui où toutes les âmes se purifient avant qu'elles ne voient la gloire de votre divinité, ô Dieu qui jugez chacun en vérité et en justice.

    Maintenant donc, ô mon Seigneur, que votre miséricorde me soit un réconfort, car vous êtes la source de tout bien. A vous la gloire dans l'éternité des éternités. Ainsi soit-il ! »

    14.

    Il advint ensuite qu'il se rendit à Nazareth, la ville qu'il habitait. Et il s'alita de la maladie dont il allait mourir selon la destinée de tout homme. Et sa maladie était plus grave que dans tous les cas où il avait été malade, depuis le jour qu'il avait été mis au monde. Voici les états de vie de mon bien-aimé père Joseph. Il atteignit l'âge de quarante ans. Il prit femme. Il vécut quarante-neuf autres années dans le mariage avec sa femme. Puis celle-ci mourut et il passa une année seul.

    Ensuite ma mère passa deux autres années dans sa maison, après que les prêtres la lui eurent confiée, en lui donnant cette instruction : « Veillez sur elle, jusqu'au moment d'accomplir votre mariage. » Au commencement de la troisième année qu'elle demeura chez lui - c'était la quinzième année de sa vie à elle - elle me mit au monde

    [La version copte ajoute cette précision : « et dix-huit autres années se passèrent depuis que ma mère m'eut mis au monde ». Jésus avait donc dix-huit ans à la mort de son père.], par un mystère que personne ne comprend dans l'univers entier excepté moi, mon Père et le Saint-Esprit, qui ne sommes qu'un.

    15.

    Le total des jours de la vie de mon père Joseph, le vieillard béni, fut de cent onze ans, selon l'ordre qu'avait donné mon bon Père. Le jour où il abandonna son corps fut le 26 du mois d'épiphi. Alors cet or affiné qu'était la chair de mon père Joseph, commença de se transmuer, et l'argent, qu'étaient sa raison et son jugement, s'altéra. Il oublia le boire et le manger, et son habileté dans son art tourna à l'erreur.

    Il arriva donc que ce jour-là, c'est-à-dire le 26 épiphi, quand la lumière commença de se répandre, mon père Joseph s'agita beaucoup sur sa couche. Il ressentit une vive crainte, il poussa un profond gémissement et se mit à crier avec un grand trouble en s'exprimant de la sorte :

    16.

    « Malheur à moi aujourd'hui ! Malheur au jour où ma mère m'a enfanté en ce monde ! Malheur au sein où j'ai reçu le germe de la vie ! Malheur aux mamelles dont j'ai su.. le lait ! Malheur aux genoux sur lesquels je me suis assis ! Malheur aux mains qui m'ont soutenu jusqu'à ce que j'aie grandi, pour devenir pécheur ! Malheur à ma langue et à mes lèvres, parce qu'elles se sont impliquées bien souvent dans l'injure, dans la détraction, dans la calomnie, dans de vaines paroles de badinage, où abonde la tromperie ! Malheur à mes yeux, parce qu'ils ont regardé le scandale ! Malheur à mes oreilles, parce qu'elles ont aimé à entendre les discours frivoles ! Malheur à mes mains, parce qu'elles ont pris ce qui ne leur appartenait pas ! Malheur à mon estomac et à mes entrailles, parce qu'ils ont convoité des aliments qui ne leur appartenaient pas !

    Si celui-là trouve quelque chose, il le dévore pis que (ne fait) la flamme d'une fournaise ardente, jusqu'à le rendre impropre à tout usage ! Malheur à mes pieds, qui ont servi mon corps mal à propos, en le portant dans des voies autres (que les) bonnes ! Malheur à mon corps, qui a rendu mon âme déserte et étrangère pour le Dieu qui l'a créée! Que ferai-je maintenant ? Je suis enserré de toutes parts. En vérité, malheur à tout homme qui commettra le péché. En vérité, c'est le grand trouble que j'ai vu s'abattre sur mon père Jacob, lorsqu'il a quitté son corps, c'est le même qui s'empare aujourd'hui de moi, malheureux. Mais c'est Jésus (mon) Dieu, l'arbitre de mon âme et de mon corps, qui accomplit sa volonté en moi.

    17.

    Comme Joseph mon père chéri parlait de la sorte, je me levai et j'allai vers lui, qui était couché. Je le trouvai l'âme et l'esprit troublés. Je lui dis : « Salut, mon père chéri, Joseph, vous dont la vieillesse est à la fois bonne et bénie ! » Il me répondit, avec une grande peur de la mort, me disant : « Salut un grand nombre de fois, mon fils chéri ! Voici que mon âme s'apaise un peu en moi, depuis que j'ai entendu votre voix. Jésus, mon seigneur ! Jésus, mon véritable roi ! Jésus, mon bon et miséricordieux sauveur ! Jésus le libérateur ! Jésus, le guide ! Jésus, le défenseur ! Jésus, qui êtes tout en bonté ! Jésus, dont le nom est doux à la bouche de chacun et très onctueux ! Jésus, oeil scrutateur ! Jésus, oreille attentive en vérité !

    Écoutez-moi aujourd'hui, moi votre serviteur qui vous implore et répands mes larmes en votre présence. Vous êtes Dieu en vérité. Vous êtes le Seigneur en vérité, comme l'ange m'a dit souvent, principalement le jour où mon coeur fut pris de soupçons, à cause d'une pensée humaine contre la vierge bénie, parce qu'elle était enceinte, et que je me disais : "Je vais la renvoyer en secret." Comme telles étaient mes réflexions, l'ange se montra à moi dans une vision et me parla en ces termes "Joseph, fils de David, ne craignez pas de recevoir près de vous Marie votre épouse, car celui qu'elle enfantera est (issu) de l'Esprit-Saint.

    Ne soyez pas en doute au sujet de sa grossesse, car elle enfantera un fils, que vous appellerez Jésus." Vous êtes Jésus le Christ, le sauveur de mon âme, de mon corps et de mon esprit. Ne me condamnez pas, moi votre esclave et l'ouvrage de vos mains. Je ne connaissais pas, Seigneur, et je ne comprends pas le mystère de votre conception déconcertante. Jamais non plus je n'ai entendu qu'une femme ait conçu sans un homme, ni qu'une vierge ait enfanté tout en gardant le sceau de sa virginité.

    O mon Seigneur, n'était l'ordonnance de ce mystère, je ne croirais pas en vous ni à votre conception sainte, en rendant gloire à celle qui vous a enfanté, à Marie la vierge bénie. Je me rappelle le jour où le serpent mordit le garçon qui en mourut. Sa famille vous rechercha pour vous livrer à Hérode. Votre miséricorde l'atteignit. Vous ressuscitâtes celui à propos duquel on vous avait calomnié disant : "C'est toi qui l'as tué." Et il y eut une grande joie dans la maison de celui qui était mort.

    Aussitôt je vous pris l'oreille en vous disant : " Sois prudent, mon fils. " Aussitôt vous me fîtes un reproche, disant : " Si vous n'étiez pas mon père selon la chair, il ne s'en faudrait pas que je vous apprenne ce que vous venez de faire." Maintenant donc, ô mon Seigneur et mon Dieu, si c'est pour me demander compte de ce jour-là que vous m'avez envoyé ces signes terrifiants, je demande à votre bonté de ne pas entrer en contestation avec moi. Je suis votre esclave et le fils de votre servante. Si vous brisez mes liens, je vous offrirai un sacrifice de louange, c'est-à-dire la confession de la gloire de votre divinité. Car vous êtes Jésus le Christ, le fils de Dieu en vérité et le fils de l'homme en même temps. »

    18.

    Comme mon père Joseph disait ces choses, je ne pus rester sans verser des larmes, et je pleurai en voyant que la mort le dominait et en entendant les paroles de détresse qu'il prononçait. Ensuite, ô mes frères, je me souvins de ma mort sur la croix pour le salut du monde entier. Et celle dont le nom est suave à la bouche de tous ceux qui m'aiment, Marie ma mère chérie se leva. Elle me dit avec une grande tristesse : « Malheur à moi, mon cher Fils ! Va-t-il donc mourir, celui dont la vieillesse est bonne et bénie, Joseph, votre cher et vénérable père selon la chair ? » Je lui dis : « Ô ma mère chérie, quel est enfin, de tous les hommes, celui qui, ayant revêtu la chair, ne goûtera pas la mort ? Car la mort est la souveraine de l'humanité, ô ma mère bénie !

    Vous-même, il faut que vous mouriez comme tout homme. Mais tant pour Joseph mon père, que pour vous, ma mère bénie, votre mort ne sera pas une mort, mais une vie éternelle et sans fin. Car moi aussi, je dois absolument mourir, à cause de la chair mortelle que j'ai revêtue en vous. Maintenant donc, ô ma mère chérie, levez-vous pour aller vers Joseph le vieillard béni, afin que vous sachiez la destinée qui lui viendra d'en haut. »

    19.

    Et elle se leva. Elle se rendit dans le lieu où il était couché, et elle le trouva, comme les signes de la mort venaient de se manifester en lui. Moi-même, ô mes amis, je m'assis à son chevet et Marie ma mère s'assit près de ses pieds. Lui, leva les yeux sur mon visage. Il ne put parler parce que le moment de la mort le dominait. Alors, il leva les yeux en haut et poussa un grand gémissement. Moi, je tins ses mains et ses pieds durant un temps considérable, tandis qu'il me regardait et m'implorait disant : « Ne permettez pas qu'ils m'emportent ! » Et j'enfonçai ma main sous son coeur et je connus que son âme avait déjà passé dans son gosier, pour être emportée de son corps. Mais le dernier moment n'était pas encore achevé, où la mort devait venir, sinon elle n'aurait plus attendu, car en vérité le trouble la suivait ainsi que les larmes et le désarroi qui la précèdent.

    20.

    Lorsque ma mère chérie me vit palper son corps, elle aussi lui palpa les pieds. Elle trouva que la respiration et la chaleur s'étaient envolées et les avaient quittés. Elle me dit ingénument : « Merci à vous, mon cher Fils ! Depuis le moment où vous avez posé votre main sur son corps, la chaleur l'a quitté. Voilà ses pieds et ses mollets devenus froids comme la glace. » Moi, j'allai vers ses fils et ses filles et je leur dis : « Venez pour parler à votre père, car c'est (maintenant) le moment de lui parler, avant que la bouche ne cesse de parler et que la pauvre chair ne soit froide. » Alors les fils et les filles de Joseph s'entretinrent avec lui.

    Il était en danger à cause des douleurs de la mort et tout prêt à sortir de ce monde. Lysia la fille de Joseph répondit et dit à ses frères : « Malheur à moi, mes frères, si ce n'est pas le mal de notre chère mère, que nous n'avons plus revue jusqu'à maintenant. Il en sera de même pour notre père Joseph que nous ne reverrons plus jamais. » Alors les fils de Joseph élevant la voix pleurèrent. Moi-même, et Marie la vierge ma mère, nous pleurâmes avec eux, car le moment de la mort était arrivé.

    21

    . Alors je regardai dans la direction du sud, et j'aperçus la mort. Elle entra dans la maison suivie de l'Amenti, qui est son instrument, avec le diable suivi d'une foule de satellites habillés de feu, innombrables, et dont la bouche lançait de la fumée et du soufre. Mon père Joseph regarda et les vit qui le cherchaient, pleins de colère contre lui, (de cette colère) dont ils ont coutume d'allumer leur visage, contre toute âme qui quitte son corps, spécialement (contre) les pécheurs en qui ils aperçoivent le moindre signe (de possession).

    Lorsque le bon vieillard les aperçut en compagnie de la mort, ses yeux versèrent des larmes. En ce moment-là, l'âme de mon père Joseph se détacha en poussant un grand soupir, tandis qu'elle cherchait un moyen de se cacher, afin d'être sauvée. Lorsque je vis, au gémissement de mon père Joseph, qu'il avait aperçu des puissances qu'il n'avait encore jamais aperçues, je me levai aussitôt et je menaçai le diable et tous ceux qui étaient avec lui. Ceux-ci s'en allèrent avec honte et en grand désordre. Et de tous ceux qui étaient assis autour de mon père Joseph, personne, pas même Marie ma mère, ne connut rien de toutes les armées terribles qui poursuivent les âmes des hommes.

    Quant à la mort, lorsqu'elle vit que j'avais menacé les puissances des ténèbres (et) que je les avais jetées dehors, parce qu'elles n'avaient pas de pouvoir sur lui, elle prit peur. Et moi, je me levai à l'instant, je fis monter une prière vers mon Père très miséricordieux, lui disant :

    22.

    « Ô mon Père et le père de toute miséricorde, le père de la vérité ! Oeil qui voyez ! Oreille qui entendez ! Écoutez-moi qui suis votre fils chéri, tandis que je vous implore pour l'oeuvre de vos mains, pour mon père Joseph, (vous priant) de m'envoyer un nombreux choeur d'anges, avec Michel le dispensateur de la bonté, avec Gabriel le messager de la lumière. Qu'ils accompagnent l'âme de mon père Joseph, jusqu'à ce qu'elle ait dépassé les sept éons des ténèbres.

    Qu'elle ne passe point par les voies étroites, celles où il est terrible de marcher, où l'on a le grand effroi de voir les puissances qui les occupent, où le fleuve de feu qui coule là-bas, roule ses flots comme les vagues de la mer. Et soyez miséricordieux pour l'âme de mon père Joseph, qui va vers vos mains saintes, car c'est le moment où il a besoin de cette miséricorde. » Je vous le dis, ô mes frères vénérables et mes apôtres bénis ; tout homme né en ce monde (et) connaissant le bien et le mal, après qu'il a passé tout son temps suspendu à la concupiscence de ses yeux, a besoin de la pitié de mon bon Père, lorsqu'il arrive au moment de mourir, de franchir le passage, (de paraître devant) le tribunal terrible et de présenter sa défense. Mais je retourne au (récit du) trépas de mon père Joseph, le juste vieillard.

    23.

    Lorsqu'il eut rendu l'esprit, je l'embrassai. Les anges prirent son âme et la mirent dans un fin tissu de soie. Et m'étant approché, je m'assis près de lui, (tandis que) personne de ceux qui étaient assis autour de lui ne savait qu'il était mort. Je fis garder son âme par Michel et Gabriel, à cause des puissances qui étaient sur la route, et les anges chantaient devant elle jusqu'à ce qu'ils l'eurent remise à mon bon Père.

    24.

    Je retournai donc vers le corps de mon père Joseph, qui gisait comme une corbeille. Je m'assis et je lui abaissai les yeux, je les fermai ainsi que la bouche , et je restai à le contempler. Je dis à la Vierge : « O Marie, où sont maintenant tous les travaux de métier qu'il a faits depuis son enfance jusqu'à maintenant ? Ils ont tous passé en un seul moment. C'est comme s'il n'était jamais né en ce monde. » Lorsque ses fils et ses filles m'eurent entendu dire cela à Marie ma mère, ils me dirent avec beaucoup de larmes : « Malheur à nous, ô notre Seigneur !

    Notre père est-il mort ? Et nous ne le savions pas ! » Je leur dis : « En vérité, il est mort. Cependant la mort de Joseph mon père n'est pas une mort, mais une vie pour l'éternité. Grands sont les (biens) que va recevoir mon bien-aimé Joseph. Car depuis le moment où son âme a quitté son corps, toute douleur a cessé pour lui. Il s'en est allé dans le royaume (des cieux) pour l'éternité. Il a laissé derrière lui le poids du corps ; il a laissé derrière lui ce monde plein de toute sorte de douleurs et de toute sorte de vains soucis. Il s'en est allé vers la demeure du repos de mon Père qui est aux cieux, cette (demeure) qui ne sera jamais détruite. »

    Lorsque j'eus dit ainsi à mes frères : « Il est mort votre père Joseph, le vieillard béni », ils se levèrent, déchirèrent leurs habits et pleurèrent pendant longtemps.

    25.

    Alors ceux de la ville de Nazareth tout entière et de la Galilée, lorsqu'ils eurent appris le deuil, se rassemblèrent tous dans le lieu où nous nous tenions, selon la coutume des Juifs. Ils passèrent la journée entière à le pleurer, jusqu'à la neuvième heure. A la neuvième heure du jour, je les fis sortir tous. Je répandis de l'eau sur le corps de mon bien-aimé père Joseph ; je l'oignis avec de l'huile parfumée ; je priai mon bon Père qui est dans les cieux, en des prières célestes que j'ai écrites de mes propres doigts, sur les tablettes des cieux, quand je n'avais pas encore pris chair de la vierge Marie. Et au moment où je dis l'amen de la prière, une multitude d'anges arrivèrent. Je donnai l'ordre à deux d'entre eux de déployer un vêtement. Je leur fis enlever le corps béni de mon père Joseph, pour le déposer dans ces habits et l'ensevelir.

    26.

    Et je plaçai ma main sur son coeur en disant : « Que jamais l'odeur fétide de la mort ne s'attache à toi. Que tes oreilles ne sentent pas mauvais. Que la corruption ne découle jamais de ton corps. Que le linceul de ta chair, (celui) dont je t'ai revêtu, ne soit jamais attaqué par la terre, mais qu'il demeure sur ton corps, jusqu'au moment du banquet des mille années. Que les cheveux de ta tête ne se flétrissent pas ces (cheveux) que j'ai souvent pris dans mes mains, Ô mon cher père Joseph ! Et le bonheur t'adviendra.

    Ceux qui réserveront une offrande, pour la donner à ton sanctuaire le jour de ta commémoration qui est le 26 du mois d'épiphi, je les bénirai moi-même par un don céleste, qui (leur sera fait) dans les cieux. Celui qui, en ton nom, mettra un pain dans la main d'un pauvre, je ne le laisserai manquer d'aucun bien de ce monde, pendant tous les jours de sa vie.

    Ceux qui mettront une coupe de vin dans la main d'un étranger ou d'une veuve ou d'un orphelin le jour de ta commémoration, je t'en ferai présent pour que tu les amènes au banquet des mille années.

    Ceux qui écriront le livre de ton décès, avec toutes les paroles qui sont sorties aujourd'hui de ma bouche, (je te jure) par ton salut, ô mon bien-aimé père Joseph, que je t'en ferai présent en ce monde ; et de plus, quand ils quitteront leur corps, je déchirerai la cédule de leurs péchés, pour qu'ils ne subissent aucun tourment, sauf l'angoisse de la mort et le fleuve de feu, qui se trouve devant mon Père et qui purifie toute âme. Et quant à un pauvre homme n'ayant pas (le moyen de) faire ce que j'ai dit, si, lorsqu'il aura engendré un fils, il l'appelle du nom de Joseph pour glorifier ton nom, ni famine ni contagion n'atteindront sa maison, parce que ton nom s'y trouvera.»

    27.

    Ensuite les grands de la ville se rendirent (à l'endroit) où était déposé le corps de mon père, accompagnés des préposés aux funérailles, à dessein d'ensevelir son corps selon les rites funéraires des Juifs. Et ils le trouvèrent déjà enseveli. Le linceul avait été fixé à son corps, comme si on l'avait fixé avec des agrafes de fer. Et lorsqu'ils le remuèrent, ils ne trouvèrent pas l'ouverture du linceul. Ensuite, ils l'emportèrent vers le tombeau. Et après qu'ils eurent creusé à l'entrée de la caverne pour en ouvrir la porte, et le déposer parmi ses pères, je me rappelai le jour où il était parti avec moi pour l'Égypte, et les grandes tribulations qu'il avait subies pour moi, et je m'étendis sur son corps, et je pleurai sur lui pendant longtemps en disant :

    28.

    « Ô mort, qui causes beaucoup de larmes et de lamentations, c'est pourtant celui qui domine toutes choses qui t'a donné ce pouvoir surprenant ! Mais le reproche n'atteint pas tant la mort qu'Adam et sa femme. La mort, elle, ne fait rien sans le commandement de mon Père. Il y a eu des hommes qui ont vécu neuf cents ans avant de mourir, et beaucoup (d'autres) ont vécu davantage encore ; personne d'entre eux n'a dit : "J'ai vu la mort", ni "Elle vient par intervalles tourmenter quelqu'un". Mais elle ne tourmente les (gens) qu'une fois, et, cette fois-là, c'est mon bon Père qui l'envoie vers l'homme. Au moment où elle vient vers lui, elle entend la sentence qui vient du ciel. Si la sentence vient dans le trouble et chargée de colère, la mort aussi vient avec trouble et colère remplir l'ordre de mon bon Père, prendre l'âme de l'homme et la conduire à son Seigneur.

    La mort n'a pas le pouvoir de le conduire dans le feu ou de le conduire dans le royaume des cieux. La mort accomplit l'ordre de Dieu. Adam au contraire n'a pas accompli la volonté de mon Père, mais (il a commis) une transgression. Il l'a commise, au point d'irriter mon Père contre lui, en obéissant à sa femme et en désobéissant à mon bon Père, de sorte qu'il a attiré la mort sur toute âme (vivante).

    Si Adam n'avait pas désobéi à mon bon Père, il n'aurait pas attiré la mort sur lui. Qu'est-ce donc qui m'empêche de prier mon bon Père pour qu'il m'envoie un grand char de lumière, où je placerais mon père Joseph, sans qu'il goûte aucunement la mort, pour le faire conduire, avec la chair dans laquelle il fut engendré, vers un lieu de repos, où il serait avec les anges incorporels ?

    Mais à cause de la transgression d'Adam, cette grande douleur est venue sur l'humanité tout entière, avec cette grande angoisse de la mort. Et moi-même, en tant que revêtu de cette chair passible, il faut qu'en elle je goûte la mort, pour la créature que j'ai façonnée, afin de lui être miséricordieux. »

    29.

    Tandis que je parlais de la sorte et que j'embrassais mon père Joseph en pleurant sur lui, ils ouvrirent la porte du tombeau et ils y déposèrent son corps auprès du corps de Jacob son père. Sa fin arriva dans (sa) cent onzième année. Pas une seule dent ne fut entamée dans sa bouche et ses yeux ne s'obscurcirent pas mais sa vue était celle d'un petit enfant. Jamais il ne perdit sa vigueur mais il s'occupa au métier de la charpenterie, jusqu'au jour qu'il s'alita de la maladie dont il devait mourir.

    30.

    Nous, les apôtres, ayant entendu ces choses de la (bouche) de notre Sauveur, nous nous réjouîmes. Nous nous levâmes aussitôt, nous adorâmes ses mains et ses pieds, en nous réjouissant et en disant : « Nous vous rendons grâces, ô notre bon Sauveur, de ce que vous nous avez rendus dignes d'entendre de vous, ô notre Seigneur, ces paroles de vie.

    Cependant vous nous étonnez, ô notre bon Sauveur : pourquoi avez-vous accordé l'immortalité à Hénoch et à Elie, et (pourquoi) jusqu'à maintenant se trouvent-ils bien, gardant jusqu'à maintenant la chair dans laquelle ils sont nés ; (pourquoi) leur chair n'a-t-elle pas connu la corruption, alors que ce vieillard béni,

    Joseph le charpentier, celui à qui vous avez fait un si grand honneur, (celui) que vous avez appelé votre père et à qui vous obéissiez en toutes choses, (celui) au sujet de qui vous nous avez donné ces ordres, disant : " Quand je vous aurai investis de force et quand j'aurai envoyé vers vous celui qui est promis par mon Père, c'est-à-dire le Paraclet, l'Esprit-Saint, pour vous envoyer prêcher le saint Évangile, vous prêcherez aussi mon saint père Joseph " ; et encore : "Dites ces paroles de vie dans le testament de son décès" ; et encore : " Lisez les paroles de ce testament aux jours de fêtes et aux jours sacrés " ; et encore : " Tout homme qui n'a pas bien appris les lettres, lisez-(lui) ce testament aux jours de fête "; et encore : " Celui qui retranchera quelque chose de ces paroles ou qui y ajoutera, de manière à me compter pour un menteur, je tirerai de lui une prompte vengeance " ; nous sommes donc étonnés que, depuis le jour où vous êtes né à Bethléem, vous l'ayez appelé votre père selon la chair, et que néanmoins vous ne lui ayez pas promis l'immortalité pour le faire vivre éternellement. »

    31.

    Notre Sauveur répondit et nous dit : « La sentence que mon Père a édictée contre Adam ne sera pas rendue vaine, attendu qu'il a désobéi à ses commandements. Lorsque mon Père décrète sur l'homme qu'il sera juste, celui-ci devient son élu. Lorsque l'homme lui-même aime les oeuvres du diable, par sa volonté de faire le mal, si (Dieu) le laisse vivre longtemps, ne sait-il pas qu'il tombera entre les mains (de Dieu), s'il ne fait pénitence ? Mais quand quelqu'un atteint un grand âge parmi de bonnes actions, ce sont ses oeuvres qui font de lui un vieillard.

    Chaque fois que Dieu voit quelqu'un pervertir ses voies, il raccourcit sa vie. Il en est qu'il prend ainsi au milieu de leurs jours. Cependant toute prophétie prononcée par mon Père doit s'accomplir sur le genre humain et se réaliser pour lui en entier. Vous m'avez aussi parlé d'Hénoch et d'Elie, (disant) : "Ils vivent en la chair dans laquelle ils sont nés", et au sujet de Joseph, mon père selon la chair, (disant) :

    "Pourquoi ne l'avez-vous pas laissé dans sa chair jusqu'à maintenant ? " - (Mais) s'il avait vécu dix mille ans, il lui faudrait cependant mourir. Je vous le dis, ô mes membres saints, chaque fois qu'Hénoch et Élie pensent à la mort, ils voudraient en avoir fini de la mort, pour être délivrés de cette grande angoisse dans laquelle ils se trouvent.

    Car ceux-là surtout doivent mourir en un jour de terreur, de trouble, de clameur, de menace et d'affliction. En effet, l'Antéchrist tuera ces deux hommes en répandant leur sang sur la terre, comme un verre d'eau, à cause des affronts qu'ils lui feront subir en le reprenant. »

    32.

    Nous répondîmes, lui disant: « Ô notre Seigneur et notre Dieu, quels sont ces deux hommes dont vous avez dit que le fils de la perdition les tuera pour un verre d'eau ? » Jésus, notre Sauveur et notre vie, nous dit : « C'est Hénoch et Elie. » Or tandis que notre Sauveur nous disait ces choses, nous nous réjouîmes et nous fûmes dans l'allégresse. Nous le remerciâmes et nous lui rendîmes grâces et louanges, à lui, notre Seigneur et notre Dieu, notre Sauveur Jésus-Christ, celui par qui toute gloire et toute louange convient au Père, et à lui-même et à l'Esprit vivifiant, maintenant et dans tous les temps, et jusqu'à l'éternité de toutes les éternités. Ainsi soit-il !
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    Les "Évangiles" disparus de la Bible - Page 2 Empty Re: Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:34

    L’ÉPÎTRE APOCRYPHE DE JACQUES




    Traduit du copte par Donald Rouleau

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,à l’université de Laval, Québec, Canada.

    C’est Jacques qui écrit à ..... Paix à toi de la part de la Paix. Amour de lapart de l’Amour. Grâce de la part de la Grâce. Foi de la part de la Foi. Vie de la part de la Vie sainte !

    Puisque tu m’as prié de t’envoyer un écrit secret qui m’a été révélé, à moi ainsi qu’à Pierre, par le Seigneur, je n’ai pu certes te le refuser, ni te parler de vive voix, mais je l’ai écrit en lettres hébraïques et je te l’ai envoyé, à toi seul, mais en tant que serviteur du salut des saints. Applique-toi et garde-toi de divulguer cet écrit à beaucoup, lui que le Sauveur n’a pas voulu divulguer à nous tous, ses douze disciples. Ils seront cependant bienheureux, ceux qui seront sauvés par la foi en ce discours ! Je t’ai aussi fait parvenir, il y a dix mois, un autre écrit secret que m’avait révélé le Sauveur. Mais celui-là, d’une part, considère-le ainsi comme m’ayant été révélé à moi, Jacques. Celui-ci cependant, lui aussi atteindre ceux qui cherchent.

    L’OBJET DE LA LETTRE : LA RÉVÉLATION

    (Apparition de Jésus)

    Et alors que les douze disciples étaient une fois tous assis ensemble, et qu’ils se rappelaient ce que le Sauveur avait dit à chacun d’eux, soit en secret, soit ouvertement, et qu’ils le fixaient dans des livres , pour ma part, j’écrivais ce qui se trouve dans ce livre, voici que le Sauveur apparut. Il est passé parmi nous, nous lui étions attentifs, et cinq cent cinquante jours après qu’il fut ressuscité d’entre les morts, nous lui avons dit : « Es-tu parti, t’es-tu éloigné de nous ? » Et Jésus dit : « Non, mais je m’en vais au lieu d’où je suis venu. Si vous voulez venir avec moi, venez ! » Tous répondirent en disant : « Si tu nous l’ordonnes, nous viendrons ! »

    (Mise à part de Jacques et de Pierre)

    Il dit : « En vérité, je vous le dis : jamais personne n’entrera dans le Royaume des cieux si je lui en donne l’ordre, mais parce que vous êtes emplis. Quant à vous, laissez-moi Jacques et Pierre, afin que je les emplisse ! » Et après qu’il eût appelé ces deux-là, il les prit à part et il ordonna aux autres de vaquer à leurs occupations.

    (La recherche de la vraie plénitude)

    Le Sauveur dit : « Vous avez été pris en pitié......devenir disciples.................. ils ont entendu et de la même façon, il n’ont pas compris. Ne voulez-vous pas être emplis ? Et votre coeur est ivre.

    Ne voulez-vous pas devenir sobres ? Désormais donc, ayez honte alors que vous êtes éveillés et que vous êtes endormis. Souvenez-vous que, vous, vous avez su le Fils de l’homme. Et lui, vous lui avez parlé et lui, vous l’avez écouté ! Malheur à ceux qui ont vu le Fils de l’homme ! Ils seront heureux ceux qui n’ont pas vu l’homme, qui ne se sont pas joints à lui, qui ne lui ont pas parlé et qui n’ont rien entendu de lui ! À vous est la Vie ! Sachez donc qu’il vous a guéris alors que vous étiez malades, pour que vous deveniez rois. Malheur à ceux qui se sont remis de leur maladie parce qu’ils retourneront de nouveau à la maladie ! Bienheureux ceux qui n’ont pas été malades et qui ont connu le soulagement avant d’êtres malades ! À vous est le Royaume de Dieu ! C’est pourquoi je vous dis : « Soyez emplis et ne laissez aucune place vide en vous ! Il pourra se moquer de vous, celui qui viendra ».

    - 7 - Alors Pierre répondit : « Voilà trois fois que tu nous as dit : 1 “ Soyez emplis ! ”, mais nous sommes emplis ». Le Sauveur répondit, il dit : « C’est pourquoi je vous ai dit : “ Soyez emplis” afin que vous ne soyez pas diminués. Car ceux qui sont diminués ne seront pas sauvés. Bonne, en effet, est la plénitude et mauvaise, la diminution. De même, donc, que ta diminution est bonne et que ta plénitude, au contraire, est mauvaise, ainsi celui qui est empli diminue et celui qui est diminué,il ne s’emplit pas, comme s’emplit celui qui est diminué et celui qui est empli, lui aussi, il devient parfait suffisamment. il est donc nécessaire de diminuer dans la mesure où il est possible d’être emplis et de vous emplir dans la mesure où il est possible de diminuer, afin que vous puissiez vous emplir davantage. Soyez donc emplis de l’Esprit, mais diminués de la raison : car la raison est l’âme, elle est aussi psychique ». (La condition des disciples face à la souffrance et à la mort)

    Je répondis et lui dis : « Seigneur nous pouvons t’obéir, si tu le veux, car nous avons abandonné nos pères mâles, nos mères et nos villages et nous t’avons suivi. Indique-nous donc la façon de ne pas être éprouvés par le Diable mauvais ». Le Seigneur répondit et dit : « Quelle sera votre récompense, étant donné que vous faites la volonté du Père, et que vous ne recevez rien de lui en part de don tandis que vous êtes éprouvés par Satan ? Mais si vous êtes opprimés par Satan et persécutés et que vous faites sa du Père, volonté, je le dis : Il vous aimera et il vous rendra égaux à moi et il pensera à votre sujet que vous êtes devenus bien-aimés dans sa providence selon votre choix..

    Ne cesserez-vous donc pas d’aimer la chair et de craindre la souffrance ? Ou ne savez-vous pas que vous n’avez pas encore été maltraités ni encore accusés injustement ni encore enfermés dans une prison, ni encore condamnés illégalement, ni encore crucifiés sous un faux prétexte, ni ensevelis dans le parfum, comme moi-même je l’ai été par le Malin ? Vous osez ménager la chair, ô vous, pour qui l’Esprit est un mur qui vous entoure ! Si vous réfléchissez sur le monde, depuis combien de temps il existait au moment où vous êtes tombés, et combien de temps, après vous, il demeurera encore, vous trouverez que votre vie est éphémère et que vos souffrances sont d’une seule heure. Les bons, en effet, n’entreront pas dans le monde. Méprisez donc la mort et souciez-vous de la Vie. Rappelez-vous ma croix et ma mort, et vous vivrez ». Je répondis et lui dis : « Seigneur, ne nous parle pas de la croix et de la mort ; celles-ci, en effet,sont loin de toi ! »

    Le Seigneur répondit et dit : « En vérité, je vous le dis : Personne ne sera sauvé, s’il n’a foi en ma croix. Car ceux qui auront cru en ma croix, à eux est le Royaume de Dieu. Soyez donc à la recherche de la mort comme les morts qui cherchent la Vie, car à ceux-là se révèle ce qu’ils cherchent. Mais de quoi se soucient-ils ? Si vous examinez la mort, elle vous enseignera l’élection. Car je vous le dis : Personne ne sera sauvé de ceux qui craignent la mort. En effet, le royaume de la mort appartient à ceux qui se tuent. Soyez meilleurs que moi, rendez-vous semblables au Fils de l’Esprit Saint ! »

    Alors je lui demandai, moi : « Seigneur, comment pourrons-nous prophétiser pour ceux qui nous demandent de prophétiser pour eux ? Nombreux, en effet, sont ceux qui nous sollicitent et qui tendent l’oreille vers nous pour entendre une parole de notre part ».

    Le Seigneur répondit et dit : « Ne savez-vous pas qu’on a tranché la tête de la prophétie avec Jean ? » Mais moi, je dis : « Seigneur, est-il donc possible d’enlever la tête de la prophétie ? » Le Seigneur me dit : « Si vous savez ce qu’est « la tête », et que la prophétie sort de la tête, comprenez ce que signifie : « On lui a enlevé la tête ». Je vous ai d’abord parlé en paraboles et vous ne compreniez pas. Maintenant à nouveau, je vous parle en langage clair et vous ne saisissez pas. Or, vous, vous étiez pour moi une parabole en langage parabolique, et clairs en langage clair.

    Hâtez-vous de vous sauver, sans qu’on vous en prie. Mais préparez-vous vous-mêmes et, si c’est possible, devancez-moi, moi-même. Car c’est de cette façon que le Père vous aimera. Haïssez l’hypocrisie et la pensée mauvaise ! Car c’est la pensée mauvaise qui engendre l’hypocrisie. L’hypocrisie, elle, est éloignée de la vérité. Ne laissez pas dépérir le Royaume des cieux ! Car il ressemble à une branche de dattier dont les fruits se sont répandus autour d’elle. Elle a produit des feuilles et lorsqu’elles ont éclos, elles ont fait se dessécher la moelle. Ainsi en est-il du fruit qui a été produit à partir de cette racine unique : lorsqu’il fut planté, des fruits ont été engendrés par beaucoup (de pousses). Ce serait certes une bonne chose, s’il y avait maintenant possibilité de produire pour toi de nouveaux plants sans elle.

    Puisque j’ai déjà été glorifié en cela avant ce temps, pourquoi me retenez-vous, alors que j’ai hâte de partir ? Après la fin, en effet, vous m’avez contraint à rester auprès de vous encore dix-huit jours à cause des paraboles. C’était suffisant pour des hommes : ils ont écouté l’enseignement et ils ont compris « les Bergers », « la Semence », « la Construction », « les Lampes des vierges », « le Salaire des travailleurs », « les Didrachmes et la Femme ».

    Soyez empressés pour le verbe. Car le verbe, certes, son état est premièrement la foi, le deuxième, c’est la charité, le troisième, ce sont les oeuvres. C’est d’elles, en effet, que provient la Vie. Car le verbe ressemble à un grain de froment : une fois que quelqu’un l’a semé, il y a mis sa confiance, et, quand il a poussé, il l’a aimé, parce qu’il a vu de nombreux grains à la place d’un seul, et lorsqu’il a travaillé, il fut sauvé, l’ayant rangé comme nourriture. En outre, il en a réservé pour semer.

    C’est ainsi également qu’il vous est possible de recevoir le Royaume des cieux. Celui-ci, à moins de le recevoir par la Connaissance, vous ne pourrez le trouver. Voilà pourquoi je vous dis : « Soyez vigilants, n’errez pas ! Et à maintes reprises, je vous ai dit, à vous et à vos compagnons, et également à toi-même, Jacques, je l’ai dit : “ Sauve-toi ”. Et je t’ai ordonné de me suivre, et je t’ai instruit de la conduite (à tenir) en présence des magistrats.

    Voyez : Je suis descendu, j’ai parlé, j’ai été maltraité, j’ai porté ma couronne, lorsque je nous ai sauvés. Je suis descendu, en effet, pour habiter avec vous, afin que, vous aussi, vous demeuriez avec moi. Et ayant trouvé vos maisons sans toit, j’ai demeuré dans les maisons qui pourraient me recevoir au moment où je descendrais. C’est pourquoi obéissez-moi ô mes frères. Comprenez ce qu’est la grande Lumière. Le Père n’a pas besoin de moi. Un père, en effet, n’a pas besoin de son fils, mais c’est le fils qui a besoin du père. C’est vers lui que je me hâte, car le Père du Fils n’a pas besoin de vous.

    Écoutez le Verbe, comprenez la Connaissance, aimez la Vie, et personne ne vous persécutera, ni personne ne vous opprimera hormis vous seuls. Ô misérables, ô infortunés, ô contrefacteurs de la Vérité, ô falsificateurs de la Connaissance, ô transgresseurs de l’Esprit ! Maintenant encore, vous persistez à écouter, alors qu’il vous convient de parler depuis le début ? Maintenant encore, vous persistez à dormir alors qu’il vous faut veiller depuis le début afin que le Royaume des cieux vous accueille.

    Oui vraiment, je vous le dis : « Il est plus facile à un homme pur de tomber dans l’impureté et à un homme de lumière de tomber dans l’obscurité qu’à vous de 6 régner ou non. Je me suis souvenu de vos larmes, de votre deuil, et de votre chagrin : ils sont loin de nous. Maintenant donc, ô vous qui êtes hors de l’héritage du Père, pleurez là où il le faut, gémissez et proclamez le bien puisque le Fils monte bel et bien ! Oui vraiment, je vous le dis : Si j’avais été envoyé vers ceux qui m’écoutent et si je leur avais parlé, je ne serais jamais descendu sur la terre. Maintenant donc, ayez-en honte désormais. Voici que je m’éloignerai de vous ; je partirai et je ne veux plus demeurer davantage avec vous de même que, vous aussi, vous ne (l’)avez pas voulu. Maintenant donc, suivez-moi en toute hâte. C’est pourquoi je vous le dis, c’est pour vous que je suis descendu. C’est vous les bien-aimés. C’est vous qui allez devenir cause de la Vie en plusieurs. Invoquez le Père, suppliez Dieu souvent et il vous exaucera. Bienheureux celui qui vous a vus avec lui, alors qu’il était proclamé parmi les anges et qu’il était glorifié parmi les saints ! À vous est la Vie !

    Réjouissez-vous et exultez comme un fils de Dieu. Sauvegardez la volonté afin que vous soyez sauvés. Acceptez de moi un blâme et 4 sauvez-vous. J’intercède pour vous auprès du Père et il vous pardonnera beaucoup ». Et lorsque nous avons entendu cela, nous sommes devenus joyeux, 8 car nous avions été attristés de ce que nous avions dit d’abord. Mais lorsqu’il nous vit 11 nous réjouir, il dit : « Malheur à vous, qui avez besoin d’un défenseur. Malheur à vous, qui avez besoin de la grâce. Bienheureux seront-ils ceux qui auront parlé avec assurance et se seront acquis pour eux-mêmes la grâce !

    Rendez-vous semblables à des étrangers. Car comment sont-ils face à votre ville ? Pourquoi êtes-vous troublés, puisque vous vous bannissez vous-mêmes et vous vous éloignez de votre ville ? Pourquoi abandonnez-vous vous-mêmes votre demeure, la préparant pour ceux qui veulent y habiter ? Ô vous qui êtes bannis et fugitifs, malheur à vous, parce que vous serez repris ! Ou, peut-être, pensez-vous du Père qu’il est ami des hommes, ou qu’il se laisse persuader par des prières, ou qu’il fait grâce à l’un pour l’autre, ou qu’il soutient quelqu’un qui cherche ? Il connaît, en effet, leur volonté et aussi ce dont la chair a besoin, parce que ce n’est pas elle qui désire l’âme.

    Sans l’âme, en effet, le corps ne pèche pas, de même que l’âme n’est pas sauvée sans l’esprit. Mais, si l’âme est sauvée sans le mal, et si est sauvé également l’esprit, le corps devient sans péché. Car c’est l’esprit qui vivifie l’âme. C’est au contraire le corps qui la tue, c’est-à-dire que c’est elle-même qui se tue. En vérité je vous le dis : « Il ne pardonnera le péché à aucune âme, ni le grief à la chair, car aucun de ceux qui auront porté la chair ne sera sauvé. Vous pensez sans doute que beaucoup ont trouvé le Royaume des cieux. Bienheureux celui qui s’est vu quatrième dans les cieux ! »

    Quand nous entendîmes cela, nous nous attristâmes. Et lorsqu’il vit que nous nous attristions, il dit : « C’est pourquoi je vous le dis : Afin que vous vous connaissiez. Car le Royaume des cieux est semblable à un épi de blé qui a poussé dans un champ et, lorsque celui-ci a mûri, il a répandu son fruit et de nouveau il a rempli le champ d’épis pour une autre année. Vous- mêmes aussi, empressez-vous de faucher pour vous un épi de vie, afin que vous soyez emplis du Royaume. Et aussi longtemps que je suis avec vous, attachez-vous à moi et obéissez-moi.

    Mais quand je m’éloignerai de vous, souvenez-vous de moi ! Et souvenez-vous de moi parce que j’étais auprès de vous sans que vous m’ayez connu. Bienheureux seront ceux qui m’ont connu ! Malheur à ceux qui ont entendu et qui n’ont pas cru ! Bienheureux seront ceux qui n’ont pas vu, mais qui ont cru ! Et de nouveau encore, je vous convaincs, car je me révèle à vous bâtissant une maison qui vous est utile, puisque vous trouvez abri près d’elle, de même qu’elle pourra soutenir la maison de vos voisins, si elle menaçait de s’écrouler. Oui en vérité, je vous le dis : Malheur à ceux à cause de qui j’ai été envoyé ici-bas ! Bienheureux ceux qui vont remonter auprès du Père ! À nouveau, je vous réprimande, ô vous qui existez. Rendez-vous semblables à ceux qui n’existent pas, afin que vous soyez avec ceux qui n’existent pas. Ne permettez pas que le Royaume des cieux devienne désert en vous ! Ne soyez pas orgueilleux, à propos de la Lumière illuminatrice, mais soyez tels envers vous-mêmes que moi-même j’ai été envers vous ! Je me suis livré pour vous à la malédiction, afin que vous aussi soyez sauvés ».

    Alors Pierre répondit à cela, il dit : « Tantôt, tu nous exhortes au Royaume des cieux ; tantôt, aussi, tu nous en détournes, Seigneur. Tantôt, tu nous persuades et tu nous attires à la foi, et tu nous promets la Vie ; tantôt, aussi, tu nous repousses hors du Royaume des cieux ».

    Mais le Seigneur répondit, il nous dit : « Je vous ai donné la foi à maintes reprises ; bien plus je me suis manifesté à toi, ô Jacques, et vous ne m’avez pas connu. À nouveau, maintenant encore, je vous vois vous réjouir de nombreuses fois ; et alors que vous êtes joyeux à cause de la promesse de la Vie, vous vous attristez, d’autre part, et 7 vous vous affligez, si l’on vous instruit au sujet du Royaume. Mais vous, par la Foi et la Connaissance, vous avez reçu pour vous la Vie. Méprisez donc le rejet, si vous en entendez parler ; mais si vous entendez la promesse, exultez davantage. Oui, en vérité, je vous le dis : Celui qui recevra la Vie et qui croira au Royaume ne le quittera jamais, pas même si le Père voulait l’en chasser.

    Ces choses-là, je veux vous les dire jusqu’à ce point. Mais maintenant, je vais remonter vers le lieu d’où je suis venu. Mais vous, quand je me suis hâté de partir, vous m’avez rejeté et, au lieu de m’accompagner, vous m’avez poursuivi. Prêtez plutôt attention à la gloire qui m’attend et, quand vous aurez ouvert votre coeur, écoutez les hymnes qui m’attendent là-haut dans les cieux. Car il m’est nécessaire aujourd’hui que je m’emplisse à la droite de mon Père. Or la dernière parole, je vous l’ai dite. Je vais me séparer de vous. Un char spirituel m’a en effet enlevé et dès maintenant je vais me dévêtir pour me revêtir.

    Mais attention ! Bienheureux sont ceux qui ont annoncé la Bonne Nouvelle du Fils avant qu’il fût descendu de telle sorte que, si je venais, je puisse monter ! Trois fois bienheureux sont ceux qui ont été proclamés par le Fils avant qu’ils ne viennent à l’existence de telle sorte qu’il y ait part pour vous avec eux ». Quand il eut dit ces choses, il s’en alla. Quant à nous, nous nous sommes mis à genoux. Moi et Pierre, nous rendîmes grâces et nous élevâmes notre coeur vers les cieux. Nous entendîmes de nos oreilles et nous vîmes de nos yeux le bruit de la guerre et une sonnerie de trompette et un grand tumulte. Et quand nous sommes passés au-delà de ce lieu-là, nous avons élevé notre intellect davantage encore, et nous avons vu de nos yeux, et nous avons entendu de nos oreilles, des hymnes et des louanges angéliques, et une allégresse d’anges, et des Grandeurs célestes chantaient des hymnes et, nous aussi, nous exultions. Après cela, nous avons voulu élever encore notre esprit jusqu’à proximité de la Grandeur. Et lorsque nous sommes montés, il ne nous a pas été permis de rien voir ni entendre.

    Car le reste des disciples nous a appelés. Ils nous ont demandé : « Qu’avez-vous entendu de la part du Maître ? Et que vous a-t-il dit ? Et où est-il allé ? » Et nous leur avons répondu : « Il est monté et il nous a donné la main droite, et il nous a promis à tous la Vie et il nous a dévoilé des fils qui viendront après nous, nous ordonnant de les aimer comme si nous devions être sauvés à cause de ceux-là ». Et lorsqu’ils eurent entendu, ils crurent, certes, à leur vie, mais ils furent en colère à cause de ceux qui seront engendrés.

    Comme je ne voulais pas cependant les précipiter dans une occasion de chute, j’envoyai chacun d’eux à un endroit différent. Quant à moi, je suis monté à Jérusalem priant pour avoir une part avec les bien-aimés, ceux qui seront manifestés.

    Et je prie pour que le commencement vienne de toi. Telle est, en effet, la façon dont je pourrai être sauvé, dans la mesure où ceux-là seront illuminés par moi, par ma foi, et par une autre qui est meilleure que la mienne. En effet, je souhaite que la mienne soit diminuée. Efforce-toi donc de leur ressembler et prie afin d’acquérir une part avec eux. Car en dehors des choses que j’ai dites, le Sauveur ne nous a pas dévoilé de révélation au sujet de ceux-là. Nous proclamons en fait que c’est avec eux à qui on a prêché qu’il y a part, ceux dont le Seigneur a fait ses enfants.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:35

    ÉCRITS INTERTESTAMENTAIRES ET MANUSCRITS DE QOUMRAN

    Antiquités bibliques
    Apocalypse d'Abraham
    Apocalypse de Daniel
    Apocalypse d'Elie
    Apocalypse de Moïse
    Apocalypse de Sophonie
    Apocryphe d'Ezéchiel
    Apocryphe de la Genèse
    Ascension de Moïse
    2 Baruch
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    Bénédictions
    Commentaire d'Habaquq
    Commentaire des Psaumes
    Ecrit de Damas
    4 Esdras
    Florilège
    Règlement de la guerre
    1 Hénoch
    2 Hénoch
    3 Hénoch
    Joseph et Aséneth
    Jubilés
    3 Maccabées
    Légende hébraïque de Melkisédeq
    Livre des Mystères
    Oracles sibyllins
    Paralipomènes de Jérémie
    Pièges de la femme
    Psaumes de Salomon
    Questions d'Esdras
    Règle de la Communauté
    Règle annexe de la Communauté
    Rouleau du Temple
    Testament d'Abraham
    Testament d'Aser
    Testament de Benjamin
    Testament de Dan
    Testament de Gad
    Testament d'Isaac
    Testament d'Issachar
    Testament de Jacob
    Testament de Job
    Testament de Joseph
    Testament de Juda
    Testament de Lévi
    Testament de Moïse
    Testament de Nephtali
    Testament de Ruben
    Testament de Salomon
    Testament de Siméon
    Testament de Zabulon
    Testimonia
    Vie grecque d'Adam et Ève

    ÉCRITS APOCRYPHES CHRÉTIENS

    Actes d'André
    Actes d'André et Matthieu
    Actes d'André et Paul
    Actes d'André et Pierre
    Actes de Barnabé
    Actes de Jacques
    Actes de Jean
    Actes de Jean selon le Pseudo-Prochore
    Actes de Jean â Rome
    Actes de Marc
    Actes de Paul
    Actes de Philippe
    Actes de Pierre
    Actes de Pierre et des douze apôtres
    Actes de Pilate ou Évangile de Nicodème
    Actes de Thaddée
    Actes de Thomas
    Actes de Timothée
    Actes de Tite
    Apocalypse d'Esdras
    Apocalypse d'Etienne
    1er Apocalypse de Jacques
    2e Apocalypse de Jacques
    1er Apocalypse de Jean
    2e Apocalypse de Jean
    3e Apocalypse de Jean
    Apocalypse de Paul
    Apocalypse de Pierre
    Apocalypse de Sedrach
    Ascension d'Isaïe
    Correspondance de Paul avec les Corinthiens (Ac Paul X)
    Correspondance de Paul et de Sénèque
    Doctrine de l'apôtre Addaï
    Dormition de Marie du Pseudo-Jean
    Eloge de Jean-Baptiste
    Livre de la révélation d'Elkasaï
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:36

    DORMITION DE MARIE DU PSEUDO-JEAN


    En 1805, F.-X. Berger, dans un recueil d'histoire et de littérature chrétienne, publiait, en se fondant sur deux manuscrits alors connus, le texte grec de la Dormition de Marie du Pseudo-Jean.


    En 1866, K. von Tischendorf, en se fondant sur cinq manuscrits, mais après en avoir consulté une dizaine, faisait paraître une édition nouvelle de ce même texte grec.
    Depuis lors, peu de travaux ont porté sur cet écrit dont l'édition critique reste encore à réaliser, d'autant que celle de K. von Tischendorf est loin de fournir toutes les variantes attestées par les nombreux manuscrits, surtout pour l'épilogue.


    Malgré l'absence d'édition critique, de nombreuses traductions de l'édition de K. von Tischendorf ont été publiées, mais jamais cet écrit n'a été traduit en français ni en allemand. La présente traduction comble donc une lacune. Elle se fonde aussi sur le travail de K. von Tischendorf. Toutefois, quelques contrôles - non pas une collation - ont été réalisés à partir du manuscrit le plus ancien, actuellement accessible, qui n'était pas alors connu de l'éditeur allemand. En outre, K. von Tischendorf attribuant le numéro 15 à deux paragraphes différents, nous avons numéroté 15a le second.




    DORMITION DE MARIE DU PSEUDO-JEAN

    DISCOURS DE SAINT JEAN LE THÉOLOGIENSUR LA DORMITION DE LA SAINTE MÈRE DE DIEU


    VISITE DE MARIE AU TOMBEAU DE JÉSUS

    1) La Mère de Dieu, toute sainte, glorieuse et toujours vierge, Marie, allait, selon son habitude, à l'intérieur du saint tombeau de notre Seigneur pour brûler de l'encens. Et, ses saints genoux pliés, elle suppliait le Christ, qui était né d'elle, notre Dieu, pour qu'il revienne vers elle.

    2) Or, la voyant fréquenter la divine tombe, les Juifs allèrent trouver les grands prêtres pour leur dire que Marie se rendait tous les jours au tombeau. Les grands prêtres appelèrent les gardiens, qui étaient chargés de ne permettre à personne de prier à l'intérieur du saint tombeau ; ils leur demandèrent si c'était la vérité. Les gardiens répondirent n'avoir jamais rien observé de tel, car Dieu ne leur permettait pas de voir Marie quand elle était là.


    APPARITION DE L'ARCHANGE GABRIEL

    3) Un jour, un vendredi, sainte Marie se rendit comme d'habitude auprès du tombeau. Pendant qu'elle priait, les cieux s'ouvrirent, et l'archange Gabriel descendit vers elle et lui dit : « Salut, ô toi qui as donné naissance au Christ, notre Dieu ! Ta prière, parvenue aux cieux auprès de celui qui est né de toi, a été exaucée. Dans peu de temps, selon ta demande, tu laisseras le monde, tu partiras vers les cieux, auprès de ton fils, pour la vie véritable et éternelle. »

    4) Ayant entendu les paroles du saint archange, elle retourna vers la sainte Bethléem, accompagnée de trois jeunes filles, qui la servaient. Après s'être reposée peu de temps, elle se leva et demanda aux jeunes filles : « Apportez-moi un encensoir afin que je prie. » Celles-ci le lui apportèrent comme elle le leur avait ordonné.

    5) Et elle adressa une prière, disant : « Mon Seigneur Jésus Christ, toi qui as daigné dans ta grande bonté être enfanté par moi, écoute ma voix et envoie-moi ton apôtre Jean, pour que sa vue me procure les prémices de la joie. Envoie-moi aussi tes autres apôtres, soit ceux qui sont déjà arrivés près de toi, soit ceux qui sont encore dans ce siècle, quel que soit l'endroit où ils se trouvent par ton saint commandement, afin que je puisse, en les voyant, bénir ton nom célébré par de nombreux hymnes. J'ai confiance, parce qu'en toute chose tu écoutes ta servante. »


    RÉUNION DES APÔTRES

    6) Pendant qu'elle priait, moi, Jean, j'arrivai, le Saint-Esprit m'ayant enlevé d'Ephèse sur une nuée et posé là où demeurait la mère de mon Seigneur. Entrant, je glorifiai celui qui était né d'elle et je dis : « Salut, ô mère de mon Seigneur, toi qui as donné naissance au Christ, notre Dieu ! Réjouis-toi, car tu quittes cette vie en grande gloire. »

    7) Et la sainte Mère de Dieu glorifia Dieu de ce que moi, Jean, j'étais venu auprès d'elle, se rappelant la parole du Seigneur qui déclarait : « Voici ta mère ! » et « Voici ton fils ! ». Les trois jeunes filles s'approchèrent et se prosternèrent.

    8) La sainte Mère de Dieu me dit : « Prie et jette de l'encens ! » Je priai ainsi : « Seigneur Jésus-Christ, qui as fait des merveilles, fais encore des merveilles aujourd'hui en présence de celle qui t'a donné naissance : que ta mère quitte cette vie et que soient frappés d'effroi ceux qui t'ont crucifié et qui n'ont pas cru en toi. »

    9) La prière terminée, la sainte Marie me dit : « Apporte-moi l'encensoir. » Elle y jeta de l'encens en disant : « Gloire à toi, mon Dieu et mon Seigneur, car s'est accompli pour moi tout ce que tu m'as promis avant de monter aux cieux : « Lorsque je quitterai ce monde, tu viendras vers moi plein de gloire avec la multitude de tes anges. »

    10) Moi, Jean, je lui dis : « Notre Seigneur Jésus-Christ et notre Dieu viendra, et tu le verras comme il te l'a promis. » A cela, la sainte Mère de Dieu me répondit, disant : « Les Juifs ont juré que, lorsque j'arriverai au terme de ma vie, ils brûleront mon corps. » Mais moi, je lui répondis : « Ton corps saint et précieux ne connaîtra pas la corruption. » Elle me répondit : « Prends l'encensoir, jette de l'encens et prie. » Une voix venant des cieux dit alors : « Amen. »

    11) Moi, Jean, j'écoutai cette voix et le Saint-Esprit me dit : « Jean, as-tu entendu cette voix qui parlait dans le ciel à la fin de ta prière ? » Je répondis en disant : « Oui, je l'ai entendue. » Et le Saint-Esprit me dit : « Cette voix, que tu as entendue, est le signal de l'arrivée imminente de tes frères, les apôtres, et de la sainte Puissance, car aujourd'hui ils viendront ici. »

    12) Alors, moi, Jean, je priais pour eux. Et le Saint-Esprit dit aux apôtres : « Pierre de Rome, Paul des bords du Tibre, Thomas du centre de l'Inde, Jacques de Jérusalem, tous arrivés en même temps sur des nuées depuis les extrémités de la terre, soyez réunis dans la sainte Bethléem, à cause de la mère de notre Seigneur Jésus-Christ qui est profondément bouleversée. »

    13) André, le frère de Pierre, Philippe, Luc, Simon le Cananéen et Thaddée, qui étaient déjà endormis, furent réveillés de leurs tombeaux par le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit leur dit : « Ne croyez pas que c'est maintenant la résurrection. Mais vous avez été ressuscités de votre tombeau pour aller saluer celle à qui honneur et signe merveilleux sont accordés, la mère de votre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, parce que est arrivé le jour de sa sortie et de son départ pour les cieux. »

    14) Marc, qui était encore vivant, vint de même, lui aussi, d'Alexandrie, avec les autres, qui, ainsi qu'il a été dit, arrivaient de chaque région.

    15) Pierre, soulevé par une nuée, resta entre ciel et terre, soutenu par le Saint-Esprit, ensemble avec les autres apôtres, qui eux aussi avaient été enlevés sur des nuées, pour se retrouver avec Pierre. Et ainsi, par le Saint-Esprit, comme il a été dit, tous ensemble, ils arrivèrent.

    15a) Entrés auprès de la mère de notre Seigneur et Dieu, nous dîmes en nous prosternant : « Ne t'effraie pas et ne t'afflige pas. Le Seigneur Dieu, qui est né de toi, te fera sortir glorieusement de ce monde. » Et elle, se réjouissant en Dieu son Sauveur, se dressa sur son lit et dit aux apôtres : « Maintenant, je crois que notre Maître et Dieu vient des cieux, et je le contemple ; ainsi, puisque je vous ai vus arriver, je quitte cette vie. Pourtant, je veux que vous me disiez comment vous avez eu connaissance de mon départ et comment vous êtes arrivés auprès de moi, et de quelles régions et en combien de temps vous êtes venus, puisque vous vous êtes tant hâtés pour me rendre visite. En effet, il ne me l'a pas caché, celui qui est né de moi, notre Seigneur Jésus-Chrait, le Dieu de toutes choses, car j'ai toujours cru, comme je crois encore, que c'est lui le Fils du Très-Haut. »

    16) Pierre répondit en disant aux autres apôtres : « Que chacun raconte à la mère de notre Seigneur ce que le Saint-Esprit nous a annoncé et ordonné. »

    17) Et moi, Jean, je répondis par ces mots : « J'étais en train d'approcher du saint autel, à Ephèse, pour servir le Seigneur, lorsque le Saint-Esprit me dit : « Le moment du départ de la mère de ton Seigneur est arrivé. Va à Bethléem pour la saluer. » Une nuée lumineuse m'enleva et me déposa à la porte de la maison où tu demeures. »

    18) Et Pierre répondit : « Et moi, me trouvant à Rome, à l'aube, j'entendis une voix venant du Saint-Esprit me disant : « La mère de ton Seigneur doit partir. Le temps est proche. Va à Bethléem pour la saluer. « Et voici qu'une nuée lumineuse m'enleva, je vis les autres apôtres, qui venaient vers moi sur des nuées, et j'entendis une voix, qui me dit : " Partez tous à Bethléem. " »

    19) Et Paul, à son tour, dit en réponse : « Et moi, me trouvant dans une ville pas très éloignée de Rome, dans une région des bords du Tibre, j'entendis le Saint-Esprit me disant : " La mère de ton Seigneur est en train de laisser ce monde pour les cieux et de prendre le départ de sa course. Alors, pars, toi aussi, à Bethléem pour la saluer. " Et voici qu'une nuée lumineuse m'enleva et m'amena ou vous êtes. »

    20) Et Thomas, à son tour, répondit : « Et moi, alors que je parcourais la terre de l'Inde et que, par la grâce du Christ, la prédication s'affermissait - le fils de la soeur du roi nommé Labdanes était sur le point de se faire marquer du sceau par moi, au palais -, tout à coup, le Saint-Esprit me dit : " Et toi, Thomas, rends-toi à Bethléem pour saluer la mère de ton Seigneur, parce qu'elle va être transférée aux cieux. " Une nuée lumineuse m'enleva et m'amena auprès de vous. »

    21) Et Marc, répondant à son tour, déclara : « J'étais en train d'achever le rite de tierce dans la ville d'Alexandrie ; durant la prière, le Saint-Esprit m'enleva et me conduisit auprès de vous. »

    22) Et Jacques, à son tour, répondit : « J'étais à Jérusalem, quand le Saint-Esprit m'ordonna : " Rends-toi à Bethléem, parce que la mère de ton Seigneur va partir. " Et voici qu'une nuée lumineuse m'enleva et m'amena auprès de vous. »

    23) Et Matthieu, à son tour, répondit par ces mots : « Moi, j'ai glorifié et je glorifie Dieu, car alors que j 'étais sur un bateau, battu par la tempête, et dans une mer furieuse soulevée par les vagues, tout à coup une nuée lumineuse couvrit d'ombre l'agitation de l'orage, ramena le calme de la mer, et moi, elle m'enleva et m'amena auprès de vous. »

    24) Ceux qui étaient déjà morts répondirent à leur tour et racontèrent comment ils étaient arrivés. Et Barthélemy dit : « Moi, j'étais en Thébalde, prêchant la parole, lorsque le Saint-Esprit me dit : " La mère de ton Seigneur est en train de partir. Rends-toi donc à Bethléem pour la saluer. " Et, alors, une nuée de lumière m'enleva et m'amena auprès de vous. »

    25) Les apôtres dirent tout à la sainte Mère de Dieu, comment et de quelle manière ils étaient arrivés. Ensuite, elle étendit les mains vers le ciel et pria en disant : « J'adore, je loue et je glorifie ton célèbre nom, ô Seigneur, car tu as posé les yeux sur ton humble servante, et toi, le Puissant, tu as fait pour moi de grandes choses. Et voilà que toutes les générations m'appelleront Bienheureuse. »
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:36

    MIRACLES DE MARIE

    26) Et, après la prière, elle dit aux apôtres : « Jetez de l'encens et priez. » Et, pendant qu'ils priaient, un tonnerre vint du ciel et un bruit terrible résonna comme celui de chars. Et voici qu'il y eut une armée d'une multitude d'anges et de puissances, et on entendit une voix comme celle d'un Fils d'Homme. Et les séraphins entourèrent la maison où demeurait la sainte et irréprochable Mère de Dieu et Vierge. Et, ainsi, tous ceux qui étaient à Bethléem virent toutes les merveilles ; et ils allèrent à Jérusalem, et annoncèrent toutes les merveilles qui s'étaient produites.

    27) Après la manifestation de cette voix, il arriva que le soleil et la lune apparurent soudainement auprès de la maison et que l'assemblée des tout premiers saints arrivait devant la maison où demeurait la mère du Seigneur, pour l'honorer et la glorifier. Et je vis aussi beaucoup de signes : des aveugles qui voyaient, des sourds qui entendaient ; des boiteux qui marchaient, des lépreux qui étaient purifiés et des possédés d'esprits impurs qui étaient guéris. Et quiconque était affligé de maladies et d'infirmités touchait du dehors le mur de la maison où elle demeurait et criait : « Sainte Marie, qui a donné naissance au Christ, notre Dieu, aie pitié de nous. » Et, à l'instant même, ils étaient guéris.

    28) Une grande foule de gens, provenant de toutes les régions et se trouvant à Jérusalem pour la prière, entendit parler des Signes qui se produisaient à Bethléem par la mère du Seigneur. Ils se rendirent sur place, pour implorer la guérison de leurs diverses infirmités. Et ils l'obtinrent. Il y eut ce jour une joie ineffable : la multitude des guéris et des spectateurs glorifiaient le Christ, notre Dieu, et sa mère. De retour de Bethléem, tout Jérusalem était en fête aux chants des psaumes et des hymnes spirituels.

    HAINE DES JUIFS

    29) Les prêtres des Juifs et avec eux leur peuple furent en fureur à cause de tout ce qui était arrivé. Envahis d'une très violente jalousie, et après avoir à nouveau tenu conseil dans une pensée insolente, ils décidèrent d'envoyer des gens contre la sainte Mère de Dieu et les saints apôtres qui étaient à Bethléem. Lorsque la foule des Juifs, qui s'était mise en marche pour Bethléem, fut à la distance d'un mille environ, il arriva une épouvantable vision et leurs pieds furent entravés. Alors, ils firent demi-tour, retournèrent chez leurs compatriotes et racontèrent toute l'épouvantable vision aux grands prêtres.

    30) Encore plus irrités dans leur colère, ils se rendirent chez le gouverneur en criant et disant : « La nation juive est détruite à cause de cette femme : chasse-la de Bethléem et de la province de Jérusalem. » Mais le gouverneur, étonné par les miracles, leur dit : « Moi, je ne la chasse ni de Bethléem ni d'aucun autre lieu. » Mais les Juifs insistèrent en criant et en le conjurant, au nom du salut de Tibère César, d'éloigner les apôtres de Bethléem : « Si tu ne fais pas cela, nous rapporterons l'affaire à César. » Ainsi forcé, le gouverneur envoya un chiliarque contre les apôtres à Bethléem.

    31) Mais le Saint-Esprit dit aux apôtres et à la mère du Seigneur : « Voici que le gouverneur a envoyé un chiliarque (chef d'un unité de 1000 hommes) contre vous parce que les Juifs ont provoqué des troubles. Sortez donc de Bethléem et n'ayez pas peur, parce que je vous transporterai sur une nuée à Jérusalem. La puissance du Père, du Fils et du Saint-Esprit est avec vous. »

    32) Les apôtres se levèrent tout de suite, Sortirent de la maison en portant la civière de la Maîtresse, Mère de Dieu, et se mirent en route pour Jérusalem. Mais soudainement, comme le Saint-Esprit le leur avait dit, ils furent enlevés sur un nuage et ils se retrouvèrent à Jérusalem dans la maison de la Maîtresse. Et debout, durant cinq jours, nous chantions des hymnes sans interruption.

    33) Lorsque le chiliarque arriva à Bethléem et n'y trouva ni la mère du Seigneur ni les apôtres, il arrêta les habitants de Bethléem et leur dit : « N'est-ce pas vous qui êtes venus dire au gouverneur et aux prêtres tous les signes et les miracles qui se sont produits et comment les apôtres sont arrivés de toutes les régions ? Où sont-ils donc ? Allons, venez chez le gouverneur à Jérusalem. » En effet, le chiliarque ignorait que les apôtres et la mère du Seigneur s'étaient retirés à Jérusalem. Le chiliarque prit donc les habitants de Bethléem et se présenta chez le gouverneur, auquel il rapporta n'avoir trouvé personne.

    34) Mais, cinq jours plus tard, le gouverneur, les prêtres et toute la ville surent que la mère du Seigneur se trouvait avec les apôtres dans sa maison à Jérusalem, à cause des signes et des merveilles qui se produisaient. Une multitude d'hommes, de femmes et de jeunes filles se réunit en criant : « O Sainte Vierge, qui as donné naissance au Christ, notre Dieu, n'oublie pas le genre humain. »

    35) Alors, devant ces événements, le peuple des Juifs comme les prêtres, poussés par leur haine, prirent du bois et du feu et s'avancèrent, voulant brûler la maison où demeurait la mère du Seigneur avec les apôtres. Le gouverneur, cependant, observait de loin le spectacle. Quand le peuple des Juifs atteignit la porte de la maison, voici qu'un jet de hautes flammes sortit de l'intérieur par l'oeuvre d'un ange et brûla une grande multitude de Juifs. La ville entière fut saisie d'une grande peur, et ils glorifiaient le Dieu né de Marie.

    36) Le gouverneur, qui avait vu ce qui s'était passé, s'adressa à haute voix à tout le peuple en ces mots : « Vraiment, celui qui est né de la Vierge, de celle que vous avez voulu chasser, est Fils de Dieu. En effet, ces signes sont ceux d'un véritable Dieu. » Les Juifs commencèrent à ne plus être d'accord entre eux : beaucoup crurent au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, en raison des signes qui s'étaient produits.

    DÉPART DE L'ÂME DE MARIE AU CIEL

    37) Après toutes ces merveilles arrivées par l'intermédiaire de la Mère de Dieu et toujours vierge Marie, la mère du Seigneur, alors que nous, les apôtres, étions avec elle à Jérusalem, le Saint-Esprit nous dit : « Vous savez que c'est un dimanche que la bonne nouvelle fut annoncée par l'archange Gabriel à la Vierge Marie ; un dimanche que le Seigneur est né à Bethléem ; un dimanche aussi que les enfants de Jérusalem sortirent à sa rencontre avec des branches de palme en disant : " Hosanna, dans les hauteurs des cieux, béni celui qui vient au nom du Seigneur " ; un dimanche encore qu'il ressuscita des morts ; un dimanche qu'il doit venir pour juger les vivants et les morts ; et un dimanche enfin qu'il doit venir du ciel pour glorifier et honorer le départ de la sainte et glorieuse vierge qui l'a enfanté. »

    38) Ce même dimanche, la mère du Seigneur dit aux apôtres : « Jetez de l'encens, car le Christ vient avec une armée d'anges. » Et voici, le Christ se présenta, assis sur le trône des chérubins. Et, pendant que nous étions tous en prière, apparurent une multitude innombrable d'anges et le Seigneur, arrivé au-dessus des chérubins avec une grande puissance. Et voici qu'un éclat de lumière se porta sur la Sainte Vierge par la venue de son Fils unique. Toutes les puissances célestes se prosternèrent et l'adorèrent.

    39) Le Seigneur appela sa mère et lui dit : « Marie ! » Elle répondit : « Me voici, Seigneur ! » Et le Seigneur lui dit : « Ne t'afflige pas, mais que ton coeur se réjouisse et soit dans l'allégresse, car tu as obtenu la faveur de contempler la gloire qui me fut donnée par mon Père. » La sainte Mère de Dieu leva les yeux et vit en lui une gloire qu'une bouche humaine ne peut dire ni saisir.
    Le Seigneur, restant à côté d'elle, lui dit : « Voici que maintenant ton précieux corps sera transféré au paradis, pendant que ton âme sainte sera aux cieux dans les trésors de mon Père, dans une clarté supérieure, où sont la paix et la joie des anges saints et plus encore. »

    40) La mère du Seigneur lui répondit : « Pose ta droite sur moi, Seigneur, et bénis-moi. » Le Seigneur étendit sa droite pure et la bénit. Elle prit sa droite pure, la baisa et dit : « Je vénère cette droite qui a créé le ciel et la terre. J'invoque ton nom très célébré, Christ Dieu, roi des siècles, Fils unique du Père, accueille ta servante, toi qui as daigné être enfanté de moi, l'humble, pour sauver le genre humain selon ton indicible dessein. A tout homme qui invoquera, suppliera ou proférera le nom de ta servante, accorde ton aide. »

    41) Pendant qu'elle disait cela, les apôtres, s'approchant de ses pieds et se prosternant, dirent : « Mère du Seigneur, laisse au monde une bénédiction, parce que tu vas l'abandonner. Tu l'as béni et l'as relevé de sa ruine, en donnant naissance à la lumière du monde. » La mère du Seigneur pria ainsi :
    « Ô Dieu, dans ta grande bonté, du ciel tu as envoyé ton Fils unique afin qu'il habite dans mon humble corps, toi qui as daigné être enfanté de moi, l'humble, aie pitié du monde et de chaque âme qui invoque ton nom. »

    42) Et, de nouveau, elle pria et dit : « Seigneur, roi des cieux, Fils du Dieu vivant, accueille tout homme qui invoque ton nom afin que ta naissance soit glorifiée. »
    Et de nouveau, elle pria et dit : « Seigneur Jésus-Christ, qui es tout-puissant au ciel et sur terre, par cette invocation je supplie ton saint nom : en chaque temps et lieu où l'on fera la mémoire de mon nom, sanctifie ce lieu et glorifie ceux qui te glorifient par l'intermédiaire de mon nom, en acceptant d'eux toute offrande, toute supplication et toute prière. »

    43) Après qu'elle eut prié ainsi, le Seigneur dit alors à sa mère : « Réjouis-toi, et que ton coeur soit dans l'allégresse car toute grâce et toute gloire te seront accordées par mon Père qui est aux cieux, par moi et par le Saint-Esprit. Toute âme qui invoquera ton nom ne sera pas confuse, mais trouvera miséricorde, consolation, protection et courage dans ce siècle et dans l'avenir, devant mon Père qui est aux cieux. »

    44) Alors, le Seigneur se tournant vers Pierre lui dit : « Le moment est venu d'entonner l'hymne. » Quand Pierre entonna l'hymne, toutes les puissances des cieux répondirent par l'Alléluia. Alors, le visage de la mère du Seigneur brilla plus que la lumière. Et, se levant, elle bénit de sa propre main chacun des apôtres. Et tous glorifièrent Dieu. Le Seigneur, étendant ses mains pures, reçut son âme sainte et irréprochable.

    45) Et, pendant que sortait cette âme irréprochable, le lieu fut rempli d'un parfum et d'une lumière indicible. Et voici qu'on entendait une voix céleste qui disait : « Bienheureuse es-tu parmi les femmes. » Pierre et moi - Jean - avec Paul et Thomas, nous nous empressons d'embrasser ses précieux pieds pour être sanctifiés. Les douze apôtres, alors, déposèrent son corps précieux et saint dans une bière et l'emportèrent.

    OUTRAGE DE JEPHONIAS

    46) Et voici, alors qu'ils le portaient, qu'un Hébreu du nom de Jéphonias, vigoureux de corps, s'élança et se saisit de la bière portée par les apôtres. Et voici qu'un ange du Seigneur, par une force invisible, avec une épée de feu, lui trancha les deux mains, les laissant pendre en l'air auprès de la bière.

    47) Après cette merveille, tout le peuple des Juifs, qui avait vu, cria : « Il est un vrai Dieu, le fils qui a été enfanté de toi, Marie, Mère de Dieu, toujours vierge ! » Jéphonias aussi, sommé par Pierre de faire connaître les miracles de Dieu, se leva derrière la bière et cria :
    « Sainte Marie, toi qui as donné naissance au Christ Dieu, aie pitié de moi. » Et, se tournant, Pierre lui dit : « Au nom de celui à qui elle a donné naissance, tes mains se rattacheront à tes bras, elles qui t'ont été enlevées. » Et, à l'instant même, selon la parole de Pierre, les mains, qui pendaient auprès de la bière de la Maîtresse, retournèrent en arrière et se rattachèrent à Jéphonias. Et il crut et lui aussi glorifia le Christ Dieu à qui elle avait donné naissance.

    TRANSFERT DU CORPS DE MARIE AU PARADIS

    48) Après que ce miracle se fut produit, les apôtres portèrent la bière et déposèrent le précieux et saint corps à Gethsémani, dans un tombeau neuf. Et voici qu'un parfum délicat se dégagea du saint tombeau de notre Maîtresse, la Mère de Dieu. Et, pendant trois jours, on entendit des voix d'anges invisibles qui glorifiaient le Christ, notre Dieu, né d'elle. Et, le troisième jour achevé, on n'entendit plus les voix. Dès lors, nous sûmes tous que son corps irréprochable et précieux avait été transféré au paradis.

    VISITE DES APÔTRES AU PARADIS

    49) Après qu'il fut transféré, voici que nous vîmes tous Elisabeth, la mère de saint Jean le Baptiste, et Anne, la mère de la Maîtresse, Abraham et Isaac ainsi que Jacob et David, qui psalmodiaient l'Alléluia, pendant que tous les choeurs des saints vénéraient les précieux restes de la mère du Seigneur. Et nous vîmes un lieu lumineux ; rien n'était plus brillant que cette lumière plus brillante que n'importe quelle autre lumière. Et un parfum abondant montait de ce lieu, où avait été transféré son précieux et saint corps, dans le paradis. Et s'élevait aussi le chant de ceux qui célébraient de leurs hymnes celui qui avait été engendré de Marie. Aux vierges et à elles seules, il était donné d'entendre ce chant si doux qu'on ne pouvait en être rassasié.

    50) Nous, les apôtres, ayant vu le transfert soudain et précieux de son saint corps, nous avons glorifié Dieu, qui nous a montré ses merveilles à l'occasion du départ de la mère de notre Seigneur Jésus-Christ. Que par ses prières et son intercession nous soient accordés, à nous tous, sa protection, son soutien et son aide, dans ce siècle et dans l'avenir. Nous rendons ensemble gloire en tout temps et en tout lieu à son Fils unique avec son Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen !
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:36

    LIVRE DE LA NATIVITÉ DE MARIE



    NOTE SUR LE TEXTE

    La tradition manuscrite du Livre de la nativité de Marie et abondante. Le texte est conservé dans environ cent trente manuscrits, qui se distinguent en deux formes textuelles. La première, la plus originelle et déjà attestée par Fulbert de Chartres, a connu la plus grande diffusion : d'abord sur le territoire français, puis, à partir de là et depuis le XIIe siècle, surtout en Angleterre et en Italie. La seconde forme est le résultat d'une révision plus ou moins discrète de la première : elle consiste essentiellement en des adaptations grammaticales et stylistiques, visant à éclairer le texte et à en faciliter la lecture. Son rayonnement se limita en majeure partie au territoire compris entre le Nord-est de la France et la région rhénano-mosane. En comparaison de la tradition de l'Évangile de l'Enfance du Pseudo-Matthieu, celle du Livre de la nativité de Marie connut un développement assez strict et discipliné. Il n'y a que trois cas où la tradition est très riche en variantes : la présentation du prologue, la description de Joseph comme veuf ayant des fils adolescents (8,I) et la paraphrase des paroles de l'Annonciation (9-5).

    Tout comme l'Évangile de l'Enfance du Pseudo-Matthieu, le Livre de la nativité de Marie a exercé une grande influence sur la dévotion mariale. Très tôt, le livre trouva sa place dans les collections de sermons et de légendes, puis dans les lectionnaires, fournissant ainsi les leçons pour la fête de la Nativité de la Vierge. L'ordre dominicain, tout particulièrement, tenait le texte en grande estime :
    la réforme liturgique conduite sous l'égide d'Humbert de Romans, au milieu du XIIIe siècle, incorpora une version abrégée du texte dans le lectionnaire officiel de l'ordre ; en outre, notre apocryphe figura dans quelques grandes oeuvres de compilation dominicaines. Étant dépouillé des détails romanesques de la tradition apocryphe, le Livre de la nativité de Marie était moins appelé à stimuler l'imagination d'artistes ou de narrateurs en langues vernaculaires que l'Évangile de l'Enfance du Pseudo-Matthieu. Cependant, on retrouve les premières traces de notre apocryphe en langue vernaculaire chez deux auteurs français du XIIe siècle : le poète normand Wace, qui utilisa le livre pour raconter l'histoire de la nativité de Marie dans son poème intitulé La Conception Nostre Dame ; Herman de Valenciennes, qui l'inséra dans son adaptation de la Bible en vers français intitulée Li Romanz de Dieu et de sa Mère.

    La présente traduction repose sur le texte latin édité â partir de vingt manuscrits dans la « Series apocryphorum ». Les éditions antérieures, depuis la première édition, parue probablement en 1468, jusqu'à celle de K. von Tischendorf, ont toutes imprimé la version la plus évoluée de la première forme textuelle. Le texte latin sur lequel se fonde la traduction est cité lorsque le contenu diffère sensiblement de ce qu'on lit dans l'édition de K. von Tischendorf. Nous avons retenu la division traditionnelle du récit en dix chapitres, mais nous avons suivi la division plus détaillée en groupes de phrases qui est adoptée pour la nouvelle édition de la « Series apocryphorum ».

    PROLOGUE

    Tu me demandes un petit service, léger quant au travail, mais très grave à cause de la précaution à prendre contre l'erreur. Tu désires en effet que je mette par écrit ce que j'aurais pu trouver quelque part au sujet de la nativité de la sainte et très heureuse Vierge Marie jusqu'à son incomparable enfantement et aux premiers débuts du Christ ? chose non point difficile à faire mais, comme j'ai dit, très présomptueuse, à cause du danger qu'elle fait courir à la vérité. En effet, ce que tu exiges de moi, maintenant que ma tête a blanchi, je l'ai lu, sache-le, dans un petit livre qui m'est tombé sous la main quand j'étais un tout jeune homme, et il se peut très bien que, à cause d'un si grand laps de temps et de l'intervention d'autres événements qui ne sont pas légers, l'un ou l'autre détail ait échappé à ma mémoire. Aussi pourra-t-on m'accuser non sans raison, si j'accède à ta demande, d'omettre, d'ajouter ou de changer quelque chose. Si je ne nie pas que cela puisse être le cas, je n'avoue pas que je le fais délibérément. Ainsi, afin de combler tes voeux et de contenter la curiosité des lecteurs, je rappelle à ton intention comme à celle de tout lecteur que le petit livre en question, si j'ai bonne mémoire, avait une préface dont le sens était à peu près le suivant :
    Jérôme, aux évêques Chromace et Héliodore.

    «Vous me demandez de vous faire savoir ce que je pense d'un petit livre que d'aucuns possèdent sur la nativité de sainte Marie. Sachez donc qu'on y trouve beaucoup, de faussetés. En effet, un certain Seleucus, auteur des Passions des apôtres, a également compose ce petit livre-ci. Mais, de même qu'il a dit vrai au sujet de leurs prodiges et des miracles qu'ils ont effectués, tout en proférant de nombreux mensonges au sujet de leur doctrine, de même il a beaucoup inventé ici de manière non véridique. Aussi m'efforcerai-je de traduire mot à mot, d'après ce qui se trouve en hébreu, puisqu'il est clair que le saint évangéliste Matthieu a compose ce même petit livre et qu'il l'a, ajouté, scellé par des caractères hébraïques, en tête de son Évangile.»

    Pour la vérité de cela, je m'en remets à l'auteur de la préface et à la bonne foi de l'écrivain. Personnellement, si je déclare que c'est sujet à doute, je n'affirme pas que ce soit nettement faux. Voilà ce que je dis en toute liberté, et qu'à mon avis aucun fidèle ne niera : que tout cela soit vrai ou inventé par quelqu'un, de grands miracles ont précédé la sainte nativité de sainte Marie et de très grands l'ont suivie, et pour cette raison ceux qui croient que Dieu a pu accomplir cela peuvent les croire et les lire sans danger pour leur âme. Enfin, pour autant que je puisse m'en souvenir, je suivrai le sens et non les mots de l'écrivain. Tantôt je me lancerai sur la même voie sans suivre pour autant les mêmes traces, tantôt je reviendrai sur la même route par quelques détours. Ainsi, je conduirai le fil de la narration de telle façon que je ne dirai rien d'autre que ce qui y a été écrit ou que ce qui, raisonnablement, a pu y être écrit.

    LIVRE DE LA NATIVITÉ DE MARIE


    Donc, la bienheureuse et très glorieuse Marie, toujours vierge, est issue de la rac. royale et de la famille de David ; elle naquit dans la ville de Nazareth et fut élevée à Jérusalem dans le Temple de Dieu. Son père s'appelait Joachim, sa mère Anne. La maison paternelle était originaire de Galilée, de la ville de Nazareth ; la famille maternelle, de Bethléem. Leur vie était simple et honnête devant Dieu, irréprochable et charitable auprès des hommes. Ils divisaient tout leur bien en trois parts, consacrant une partie au Temple et aux serviteurs du Temple, donnant une autre aux pèlerins et aux pauvres, réservant la troisième pour eux-mêmes et pour les besoins de leur domesticité. Justes envers Dieu, charitables envers les hommes, ils vécurent ainsi pendant vingt ans environ une vie conjugale chaste, sans procréation d'enfants. Ils firent cependant voeu, si Dieu leur donnait un descendant, de le consacrer au service du Seigneur. Pour cette raison, ils avaient également coutume de fréquenter le Temple du Seigneur à chaque fête de l'année.

    Or il advint qu'approcha la fête de la Dédicace. Aussi Joachim monta-t-il à Jérusalem avec quelques-uns de sa tribu. En ce temps-là, Isachar y était grand prêtre. Et, lorsqu'il remarqua que Joachim se trouvait lui aussi, avec son offrande, parmi ses concitoyens, il le méprisa et dédaigna ses dons, lui demandant pourquoi il osait prendre place parmi les féconds, lui qui était infécond. Il lui dit que ses dons pouvaient sembler indignes à Dieu, qui l'avait lui-même jugé indigne d'un descendant ; l'Écriture disait qu'était maudit tout homme qui n'avait pas engendré un enfant mâle en Israël ; en effet, il devait d'abord se délivrer de cette malédiction par la génération d'un enfant, et ainsi seulement il pourrait se présenter devant Dieu avec ses offrandes. Rempli d'une grande honte par le reproche de cet opprobre, Joachim se retira auprès des pasteurs qui gardaient ses troupeaux dans les pâturages. En effet, il ne voulait pas retourner à la maison, de peur qu'il ne subisse la même manifestation de mépris de la part des gens de sa tribu qui avaient également été présents et qui avaient entendu ces mots du prêtre.

    Mais, alors qu'il y séjournait depuis un certain temps, un jour où il était seul, un ange du Seigneur lui apparut dans une immense lumière. Comme il était troublé devant cette vision, l'ange qui lui était apparu apaisa sa peur en disant : « Ne crains pas, Joachim, ne sois pas troublé par ma vue. Je suis en effet un ange que le Seigneur t'envoie pour t'annoncer que tes prières sont exaucées et que tes aumônes sont montées devant lui. Il a regardé et vu ta pudeur, et il a entendu le reproche de stérilité qui te fut adressé injustement. Car Dieu est le vengeur du péché, non pas de la nature. Aussi, lorsqu'il ferme un sein, il le fait pour l'ouvrir plus miraculeusement ensuite et pour que l'on sache que ce qui naît n'est pas le fruit de la concupiscence, mais un don divin. La première mère de votre nation, Sara, ne fut-elle pas inféconde jusqu'à ses quatre-vingts ans ? Et pourtant, dans une vieillesse avancée, elle a mis au monde un fils, Isaac, à qui avait été promise la bénédiction de toutes les nations. Et Rachel, tellement agréable au Seigneur, tant aimée par saint Jacob, fut elle aussi longtemps stérile, et elle a néanmoins donné naissance à Joseph, non seulement seigneur d'Égypte, mais aussi libérateur de très nombreuses nations menacées par la faim. Qui parmi les chefs fut plus fort que Samson ou plus saint que Samuel ? Et pourtant ils ont eu tous les deux des mères stériles. Si la raison ne te convainc pas de donner foi à mes mots, donne au moins créance aux exemples qui montrent que les conceptions longtemps différées et les naissances stériles sont d'habitude plus miraculeuses. Aussi ta femme Anne enfantera-t-elle pour toi une fille, et tu lui donneras le nom de Marie. Elle sera consacrée au Seigneur dès son enfance, comme vous l'avez promis, et elle sera remplie du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. Elle ne mangera ni ne boira rien d'impur, et elle ne vivra pas parmi le peuple, au-dehors, mais dans le Temple du Seigneur, pour qu'on ne puisse rien ni dire ni même soupçonner de méchant à son sujet. Et avec le progrès de l'âge, de même qu'elle naîtra de façon miraculeuse d'une femme stérile, de même, vierge, elle engendrera de façon incomparable le fils du Très-Haut, qui sera appelé Jésus : son nom indique qu'il sera le sauveur de toutes les nations. ? Et voici le signe de ce que je t'annonce : quand tu arriveras à la porte Dorée de Jérusalem, tu rencontreras ta femme Anne, qui, pour l'instant pleine d'inquiétude à cause du retard de ton retour, se réjouira alors à ta vue. » Sur ces mots, l'ange le quitta.

    Ensuite, il apparut également à sa femme Anne en disant : « Ne crains pas, Anne, ne pense pas que c'est un fantôme que tu vois. Je suis en effet cet ange qui a présenté vos prières et vos aumônes devant le Seigneur. Et maintenant je suis envoyé vers vous pour vous annoncer qu'il vous naîtra une fille, du nom de Marie, qui sera bénie pardessus toutes les femmes. Pleine de la grâce du Seigneur dès sa naissance, elle passera les trois années de son allaitement dans la maison paternelle. Ensuite, consacrée au service du Seigneur, elle ne quittera pas le Temple jusqu'à l'âge de raison ; servant là Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière, elle s'abstiendra de tout ce qui est impur. Elle ne connaîtra jamais d'homme, mais seule, sans exemple, sans souillure, sans corruption, sans union avec un homme, vierge elle engendrera un fils, servante elle engendrera le Seigneur, éminente à la fois par son nom et par son oeuvre elle engendrera le sauveur du monde. Lève-toi donc et monte à Jérusalem et, quand tu arriveras à la porte que l'on appelle Dorée parce qu'elle est ornée d'or, tu rencontreras là, et ce sera le signe, ton mari pour le salut duquel tu t'inquiètes. Lorsque tout cela se sera donc passé ainsi, sache que ce que je t'annonce va se réaliser indubitablement. »

    Ainsi, selon la prescription de l'ange, ils partirent tous les deux du lieu où ils se trouvaient et montèrent à Jérusalem. Et, lorsqu'ils arrivèrent au lieu désigné par la prophétie angélique, ils allèrent à la rencontre l'un de l'autre. Heureux de se revoir et rassurés par la certitude de l'enfant promise, ils rendirent dûment grâce au Seigneur, qui élève les humbles. Ensuite, après avoir adoré le Seigneur, ils retournèrent à la maison et attendirent la promesse divine avec certitude et allégresse. Aussi Anne conçut-elle et enfanta-t-elle une fille et, selon l'ordre angélique, les parents lui donnèrent le nom de Marie.

    Et, lorsque le cycle des trois ans se fut déroulé, et que le temps de l'allaitement fut terminé, ils conduisirent la Vierge avec des offrandes au Temple du Seigneur. Or il y avait autour du Temple quinze marches à monter, conformément aux quinze psaumes des montées. Car le Temple étant construit sur une montagne, l'autel des holocaustes, qui se trouvait à l'extérieur, n'était accessible que par des marches. Aussi déposèrent-ils la Vierge sur la première de celles-ci. Et, tandis qu'ils ôtaient leurs vêtements de voyage et qu'ils mettaient des vêtements plus soignés et plus propres selon la coutume, la Vierge du Seigneur monta toutes les marches l'une après l'autre, sans la main de quiconque pour la guider et la soulever, de telle façon que l'on crut que, sur ce point du moins, rien ne manquait à sa maturité. En effet, déjà dans l'enfance de la Vierge, le Seigneur accomplit un grand acte et montra d'avance par le signe de ce miracle quelle grandeur elle atteindrait. Lorsqu'ils eurent donc célébré le sacrifice selon la coutume de la Loi et qu'ils eurent accompli leur voeu, ils laissèrent la Vierge dans l'enceinte du Temple avec les autres vierges qui devaient être élevées en ce même lieu, et eux-mêmes retournèrent à la maison.

    Or, en avançant en âge, la Vierge du Seigneur progressait également chaque jour dans les vertus. Et, parce que, selon les mots du psalmiste, « son père et sa mère l'abandonnèrent, Dieu l'accueillit » chaque jour, en effet, elle était fréquentée par des anges, chaque jour elle jouissait de la vision divine, qui la préservait de tous les maux et lui donnait aussi tous les biens en abondance. Elle atteignit sa quatorzième année de telle façon que non seulement les méchants ne pouvaient rien trouver à lui reprocher, mais qu'aussi tous les bons qui la connaissaient jugeaient dignes d'admiration sa vie et sa conduite. Alors, le grand prêtre ordonna publiquement aux vierges qui étaient instruites dans le Temple et qui avaient accompli cette période de leur jeunesse de rentrer à la maison, de se préparer au mariage, selon la coutume de la nation et la maturité de leur âge. Tandis que les autres obéissaient docilement à cet ordre, seule Marie, la Vierge du Seigneur, répondit qu'elle ne pouvait faire cela, puisque ses parents l'avaient consacrée au service du Seigneur et qu'en plus elle avait elle-même voué au Seigneur sa virginité, qu'elle ne pourrait jamais outrager en s'unissant à un homme. Le grand prêtre était dans la détresse, parce qu'il pensait que, l'on ne devait pas violer une promesse en s'opposant à l'Écriture qui dit : « Faites des voeux et acquittez-vous-en », et parce qu'il n'osait pas non plus introduire une coutume étrangère à la nation. Aussi prescrivit-il qu'à la fête qui était imminente tous les notables de Jérusalem et des lieux voisins soient présents, afin qu'il sache, grâce à leur conseil, ce qu'il fallait faire dans un cas si douteux. C'est ce qui fut fait, et tous décidèrent en commun que le Seigneur devait être consulté à ce sujet. Et, alors que les autres se prosternaient pour prier, le grand prêtre alla faire la consultation selon la coutume. Et, sans tarder, une voix venant de l'oracle et du lieu du propitiatoire se fit entendre à tous, disant qu'il fallait avoir recours à la prophétie d'Isaïe pour savoir à qui la Vierge devait être confiée et accordée en mariage. Isaïe a dit : « Un rameau sortira de la racine de Jessé, et une fleur poussera de sa racine, et sur elle reposera l'esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de piété, et l'esprit de crainte du Seigneur la remplira. » Ainsi donc, selon cette prophétie, tous les membres de la maison et de la famille de David en état de se marier et non mariés apporteraient leur rameau à l'autel ; et, si un petit rameau fleurissait après l'offrande et si sur sa pointe prenait place l'Esprit du Seigneur sous la forme d'une colombe, ce serait à son possesseur que la Vierge devait être confiée et accordée en mariage.

    Parmi les personnes présentes se trouvait Joseph, un homme de la maison et de la famille de David, dont la femme était défunte et qui avait des enfants déjà jeunes gens. Comme il lui semblait inconvenant d'épouser une fille d'un âge si tendre, alors qu'il avait des fils plus âgés, il fut le seul à retenir son rameau alors que les autres apportaient le leur selon l'oracle. Et, comme, par conséquent, il n'apparaissait rien de conforme à la voix divine, le grand prêtre pensa qu'il fallait consulter une nouvelle fois le Seigneur. Celui-ci répondit que le seul de tous les désignés à ne pas avoir apporté son rameau était celui à qui la Vierge devait être accordée en mariage. Ainsi découvert, Joseph apporta son rameau; et, lorsque celui-ci fleurit aussitôt et qu'une colombe venant du ciel prit place sur sa pointe, il fut clair aux yeux de tous que c'était à lui que la Vierge devrait être accordée en mariage. Donc, après la célébration coutumière du rite de mariage, Joseph resta dans la ville de Bethléem pour organiser sa maison et pour se procurer ce qui était nécessaire au mariage, tandis que Marie, la Vierge du Seigneur, retourna à la maison de ses parents en Galilée avec sept autres vierges de son âge et élevées avec elle, qu'elle avait reçues du prêtre.

    En ces jours, c'est-à-dire au premier temps de son arrivée en Galilée, l'ange Gabriel fut envoyé vers elle par Dieu pour lui faire savoir la conception du Seigneur et lui en exposer le déroulement ou la manière. C'est ainsi qu'en entrant chez elle il remplit la chambre où elle se trouvait d'une immense lumière et, la saluant avec beaucoup de joie, il lui dit : « Je te salue Marie, vierge très agréable au Seigneur, vierge pleine de grâce, le Seigneur et avec toi, tu es bénie par-dessus toutes les femmes, bénie par-dessus tous les êtres humains qui sont nés jusqu'à présent. » La Vierge, qui connaissait déjà bien les visages des anges et n'était pas inaccoutumée à la lumière céleste, ne fut ni effrayée par la vision de l'ange, ni stupéfaite de l'intensité de la lumière. Mais elle fut troublée par sa seule parole et elle se mit à penser à ce que pouvait signifier cette salutation si insolite, ce qu'elle cachait, à quel but elle mènerait. L'ange, divinement inspiré, répondit à sa pensée en disant : « Ne crains pas, Marie, que cette salutation cache quelque chose de contraire à ta chasteté. En effet, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Parce que tu as choisi la chasteté de la virginité, tu concevras sans péchés, tu enfanteras un fils. Il sera grand parce qu'il régnera de la mer jusqu'à la mer et du fleuve jusqu'aux confins de la terre, et il sera appelé le Fils du Très-Haut, parce que celui qui naît sur terre dans l'humilité règne au ciel avec le Père dans la grandeur. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin. Lui-même, en effet, est Roi des rois et Seigneur des seigneurs, et son trône subsiste dans les siècles des siècles. » A ces paroles de l'ange, la Vierge répondit, non qu'elle fût incrédule, mais parce qu'elle voulait connaître la manière : «Comment cela pourra-t-il se faire ? En effet, puisque moi-même, selon mon voeu, je ne connaîtrai jamais un homme, comment puis-je concevoir sans suivre les usages humains, ou enfanter sans le secours d'une semence virile ? » A cela l'ange répondit : « Ne pense pas, Marie, que tu concevras de manière humaine ; en effet, c'est sans union avec un homme que vierge tu concevras, vierge tu enfanteras, vierge tu nourriras. En effet, le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre contre toutes les ardeurs de la passion. C'est pourquoi aussi l'être qui naîtra de toi ? seul saint puisque seul conçu et né sans péché ? sera appelé Fils de Dieu. » Alors Marie, les mains étendues et les yeux levés au ciel, dit : « Voici la servante du Seigneur ? en effet je ne suis pas digne du nom de mère ? qu'il m'advienne selon ta parole. »

    Il serait trop long de vouloir insérer dans cet opuscule tous les événements dont nous avons lu qu'ils ont précédé ou qu'ils ont suivi la naissance du Seigneur. Omettons donc ce qui est écrit de manière plus complète dans l'Évangile et passons au récit de ce qui s'y trouve moins amplement.

    Donc Joseph, rentrant de Judée en Galilée, avait l'intention de prendre pour femme la Vierge qui était sa fiancée. Déjà, en effet, trois mois s'étaient écoulés, et le quatrième venait de commencer, depuis le temps où elle lui avait été fiancée. Dans l'intervalle, comme le sein de celle qui allait enfanter grossissait peu à peu, l'enfant commença à se manifester. Et cela ne put rester caché à Joseph. Car, entrant chez la Vierge plus librement, comme il en est pour des fiancés, et parlant avec elle plus familièrement, il s'aperçut qu'elle était enceinte. Aussi commença-t-il à être bouleversé et troublé, parce qu'il ignorait ce qu'il convenait le mieux de faire. En effet, il ne voulait ni la dénoncer, parce qu'il était juste, ni la diffamer par le soupçon de fornication, parce qu'il était pieux. Il pensa donc à dissoudre secrètement le mariage et à la répudier sans bruit. Mais, alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, tu ne dois pas craindre, nourrir un soupçon de fornication envers la Vierge, ou penser quelque chose de fâcheux à son sujet, et ne crains pas de la prendre pour femme. En effet, le fruit en elle, qui te tourmente le coeur en cet instant, et l'oeuvre non pas d'un homme, mais du Saint-Esprit. Or, seule parmi toutes les femmes, elle, une vierge, enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, c'est-à-dire Sauveur. Car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Alors Joseph prit la Vierge pour femme, selon l'ordre de l'ange. Cependant, il ne la connut pas, mais il veilla sur elle et la garda dans la chasteté. Et déjà arriva le neuvième mois depuis la conception, quand Joseph, ayant pris avec lui sa femme et tout ce qui était nécessaire, se dirigea vers la ville de Bethléem, dont il était lui-même originaire. Or il advint, comme elle était là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter, et, comme l'ont enseigné les saints évangélistes, elle enfanta son premier-né, notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne jusqu'aux siècles des siècles. Amen.

      La date/heure actuelle est Jeu 21 Nov 2024 - 22:09