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    Les "Évangiles" disparus de la Bible

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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:25

    Les "Évangiles" disparus de la Bible 



    Évangile de Marie.

    Apocryphe copte du second siècle.


    ( les 6 premières pages semblent manquer)


    [PAGE 7 ]


    1 " Qu'est-ce que la matière ?

    2 Durera-t-elle toujours ? "

    3 Le Maître répondit :

    4 " Tout ce qui est né, tout ce qui est crée,

    5 tous les éléments de la nature

    6 sont imbriqués et unis entre eux.

    7 Tout ce qui est composé sera décomposé ;

    8 tout reviendra à ses racines ;

    9 la matière retournera aux origines de la matière.

    10 Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. "

    11 Pierre lui dit : " Puisque Tu te fais l'interprète

    12 des éléments et des événements du monde, dis-nous :

    13 Qu'est-ce que le péché du monde ? "

    14 Le Maître dit :

    15 " Il n'y a pas de péché.

    16 C'est vous qui faites exister le péché

    17 lorsque vous agissez conformément aux habitudes

    18 de votre nature adultère

    19 là est le pêché.

    20 Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ;

    21 Il a participé aux éléments de votre nature

    22 afin de l'unir de nouveau à ses racines. "

    23 Il continua et dit :24 " Voici pourquoi vous êtes malades

    25 et pourquoi vous mourrez,

    26 c'est la conséquence de vos actes ;

    27 vous faites ce qui vous éloigne...

    28 Comprenne qui pourra ! "

    [PAGE 8]

    1 " L'attachement à la matière

    2 engendre une passion contre nature.

    3 Le trouble naît

    5 "Soyez en harmonie..."

    6 Si vous êtes déréglés,

    7 inspirez-vous des représentations

    8 de votre vraie nature.

    9 Que celui qui a des oreilles

    10 pour entendre entende. "

    11 Après avoir dit cela, le Bienheureux

    12 les salua tous en disant :

    13 " Paix à vous, que ma Paix

    14 naisse et s'accomplisse en vous !

    15 Veillez à ce que personne ne vous égare

    16 en disant :

    17 "Le voici,

    18 Le voila."

    19 Car c'est à l'intérieur de vous

    20 qu'est le Fils de l'Homme ;

    21 allez à Lui :

    22 ceux qui Le cherchent Le trouvent

    23 En marche !

    24 Annoncez l'Évangile du Royaume. "

    [PAGE 9]

    1 " N'imposez aucune règle,

    2 hormis celle dont je fus le Témoin.

    3 N'ajoutez pas de lois à celles de celui qui a do Loi,

    4 afin de ne pas en devenir les esclaves. "

    5 Ayant dit cela, Il partit.

    6 Les disciples étaient dans la peine ;

    7 ils versèrent bien des larmes, disant :

    8 " Comment se rendre chez les païens et annoncer

    9 l'Évangile du Royaume du Fils de l'Homme ?

    10 Ils ne l'ont pas épargné,

    11 comment nous épargneraient-ils ? "

    12 Alors, Marie se leva,

    13 elle les embrassa tous et dit à ses frères :

    14 " Ne soyez pas dans la peine et le doute,

    15 car Sa Grâce vous accompagnera et vous protégera :

    16 louons plutôt Sa grandeur,

    17 car Il nous a préparés.

    18 Il nous appelle à devenir pleinement des êtres humains. "

    19 Par ces paroles, Marie tourna leurs curs vers le Bien ;

    20 ils s'éclairèrent aux paroles du Maître.

    [PAGE 10]

    17 Alors, je Lui dis :

    18 "Seigneur, dans l'instant, celui qui contemple

    19 Ton apparition,

    20 est-ce par l'âme qu'il voit ?

    21 Ou par l'esprit ?"

    22 Le Maître répondit :

    23 Ni par l'âme ni par l'esprit ;

    24 mais l'intellect étant entre les deux,

    25 c'est lui qui voit et c'est lui qui [...]"

    Les quatre pages suivantes semblent manquer.

    [PAGE 15]

    1 " "Je ne t'ai pas vu descendre,

    2 mais maintenant je te vois monter ",

    3 dit le Désir,

    4 " Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi ? "

    5 L'âme répondit :

    6 " Moi, je t'ai vue,

    7 toi, tu ne m'as pas vue.

    8 Tu ne m'as pas reconnue ;

    9 j'étais avec toi comme avec un vêtement,

    10 et tu ne m'as pas sentie. "

    11 Ayant dit cela,

    12 elle s'en alla toute joyeuse.

    13 Puis se présenta à elle la troisième atmosphère,

    14 appelé Ignorance ;

    15 celle-ci interrogea l'âme, lui demandant :

    16 " Où vas-tu ?

    17 N'as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ?

    18 Oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie. "

    19 L'âme dit alors :

    20 " Pourquoi me juges-tu ? Moi je n'ai pas jugé.

    21 On m'a dominée, moi je n'ai pas dominé ;

    22 on ne m'a pas reconnue,

    23 mais moi, j'ai reconnu

    24 que tout ce qui est composé sera décomposé

    25 sur la terre comme au ciel. "

    [PAGE 16]

    1 Libérée de cette troisième atmosphère, l'âme continua de monter.

    2 Elle aperçut la quatrième atmosphère.

    3 Elle avait sept manifestations.

    4 La première manifestation est Ténèbres ;

    5 la seconde, Désir ;

    6 la troisième, Ignorance ;

    7 la quatrième, Jalousie mortelle ;

    8 la cinquième, Emprise charnelle ;

    9 la sixième, Sagesse ivre ;

    10 la septième, Sagesse rusée.

    11 Telles sont les sept manifestations de la Colère

    12 qui oppriment l'âme de questions :

    13 " D'ou viens-tu, homicide ?

    14 Ou vas-tu, vagabonde ? "

    15 L'âme répondit :

    16 " Celui qui m'opprimait a été mis a mort ;

    17 celui qui m'étreignait n'est plus ;

    18 mon désir alors s'est apaisé,

    19 et je fus délivrée de mon ignorance. "

    [PAGE 17]

    6 Je vais au Silence ". "

    7 Après avoir dit cela, Marie se tut.

    8 C'est ainsi que le Maître s'entretenait avec elle.

    9 André prit alors la parole et s'adressa à ses frères :

    10 " Dites, que pensez-vous de ce qu'elle vient de raconter?

    11 Pour ma part, je ne crois pas

    12 que le Maître ait parlé ainsi ;

    13 ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues. "

    14 Pierre ajouta :

    15 " Est-il possible que le Maître se soit entretenu

    16 ainsi, avec une femme,

    17 sur des secrets que nous, nous ignorons ?

    18 Devons-nous changer nos habitudes,

    19 écouter tous cette femme ?

    20 L'a-t-iI vraiment choisie et préférée à nous ? "

    [PAGE 18]

    1 Alors Marie pleura.

    2 Elle dit a Pierre :

    3 " Mon frère Pierre, qu'as-tu dans la tête ?

    4 Crois-tu que c'est toute seule, dans mon imagination,

    5 que j'ai inventé cette vision ?

    6 ou qu'à propos de notre Maître je dise des mensonges ? "

    7 Levi prit la parole :

    8 " Pierre, tu as toujours été un emporté ;

    9 je te vois maintenant t'acharner contre la femme,

    10 comme le font nos adversaires.

    11 Pourtant, si le Maître l'a rendue digne,

    12 qui es-tu pour la rejeter ?

    13 Assurément, le Maître la connaît très bien

    14 Il l'a aimée plus que nous.

    15 Ayons donc du repentir,

    16 et devenons l'être humain dans son intégrité ;

    17 laissons-Le prendre racine en nous

    18 et croître comme Il l'a demandé.

    19 Partons annoncer l'Évangile

    20 sans chercher a établir d'autres règles et d'autres lois

    21 en dehors de celle dont Il fut le témoin. "

    [PAGE 19]

    1 Dès que Levi eut prononcé ces mots,

    2 ils se mirent en route pour annoncer l'Évangile.

    FIN DE L'EVANGILE SELON MARIE
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:25

    Évangile de Philippe

    Les écrits apocryphes du Nouveau Testament sont nombreux . Ils s'échelonnent du 2° au 6° siècle. 

    Évangile de Philippe (grec)


    É v a n g i l e d e P h i l i p p e


    (1) Un Hébreux peut faire un Hébreux et on appelle ce dernier un prosélyte, mais un prosélyte ne peut pas faire un prosélyte. (Certains) sont tels qu’ils sont et font d’autres pareils à eux parce que ceux-ci le deviennent.

    (2) L’esclave n’aspire qu’à être libre. Il ne recherche pas les biens (ousia) de son maître. Mais le fils, non seulement il est fils mais il peut prétendre à l’héritage de son père. Ceux qui héritent de ce qui est mort sont eux-mêmes morts et héritent de ce qui est mort. Ceux qui héritent de ce qui est vivant sont eux-mêmes vivants et héritent de ce qui est vivant et de ce qui est mort. Les morts n’héritent de rien. Car comment un mort pourrait-il hériter ? Si celui qui est mort hérite de ce qui est vivant, il ne mourra pas, mais alors, lui qui était mort, vivra.

    (3a) Un païen ne meurt pas car il n’a jamais vécu pour pouvoir mourir. Celui qui croit à la vérité vit, et il court le danger de mourir car il vit.

    (3b) Depuis le jour où le Christ est venu, le monde a été créé, les villes, ordonnées (kosmei), ce qui est mort, rejeté.

    (3c) Quand nous étions des Hébreux, nous étions orphelins et nous n’avions qu’une mère, mais quand nous sommes devenus chrétiens, nous avons eu un père et une mère.

    (4 et 5) Ceux qui sèment en hiver récoltent en été ; l’hiver, c’est le monde, l’été, c’est l’Eon. Semons dans le monde afin de pouvoir récolter en été. C’est pourquoi il ne convient pas que nous priions pendant l’hiver ; en dehors de l’hiver, c’est l’été. Celui qui récoltera en hiver ne récoltera pas, il arrachera, car ce qui est inexistant ne porte pas de fruit, non seulement il ne produit pas, mais même le sabbat ne produit pas de fruit.

    (6) Le Christ est venu en racheter quelques-uns, délivrer les uns, sauver les autres. Ceux qui étaient étrangers, il les a rachetés et il les a faits siens. Et il a séparé les siens, ceux qu’il donna comme garantie de ses intentions. Ce n’est pas seulement lorsqu’il se manifesta qu’il livra son âme (psyché) volontairement, mais depuis que le monde existe, il l’a livrée. Lorsqu’il le voulut, il vint alors pour la délivrer puisqu’elle était gardée en otage. Elle se trouvait au milieu des brigands et elle avait été emmenée prisonnière et il la sauva. Et Il racheta les bons et les méchants qui sont dans le monde.

    (7) La lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la droite et la gauche sont sœurs les unes des autres ; elles sont inséparables. C’est pourquoi ni les bons sont bons ni les méchants méchants, ni la vie est vie, ni la mort est mort. En conséquence chacun sera dissous dans sa nature originelle. Mais ceux qui sont supérieurs au monde sont indissolubles, éternels.

    (8a) Les noms qui sont données aux choses du monde renferment une grande illusion, car ils détournent la pensée de ce qui est réel vers ce qui n’est pas réel, et celui qui entend le nom « Dieu » ne saisit pas ce qui est réel mais ce qui n’est pas réel. De même dans le « Père » et le « Fils » et « l’Esprit Saint » et la « Vie » et la « Lumière » et la « Résurrection » et « l’Eglise », et tous les autres on ne perçoit pas ce qui est réel, on perçoit ce qui n’est pas réel, à moins d’avoir appris ce qui est réel.

    (8b) Tous les mots entendus dans le monde sont trompeurs. S’ils étaient dans l’Eon, ils ne seraient pas prononcés dans le monde à aucun moment, et ils ne seraient pas rangés parmi les choses du monde. Dans l’Eon ils ont une fin.

    (9a) Un seul nom n’est pas prononcé dans le monde, le nom que le Père a donné au Fils. Il est supérieur à tout. C’est le nom du Père. Car le Fils ne deviendrait pas le Père s’il ne revêtait pas le nom du Père. Ce nom, ceux qui le possèdent le connaissent, mais ils ne le prononcent pas. Ceux qui ne le possèdent pas ne le connaissent pas.

    (9b) La Vérité engendra les noms dans le monde parce qu’il est impossible de l’apprendre sans noms.

    (9c) La Vérité est unique mais en même temps elle est multiple pour que nous puissions, par amour, enseigner cet Unique grâce à sa multiplicité.

    (10a) Les archontes voulurent tromper l’homme quand ils virent qu’il était apparenté (suggeneia) à ce qui est vraiment bon. Ils prirent les noms de ce qui est bon et les donnèrent à ce qui n’est pas bon pour le tromper par les noms et le lier à ce qui n’est pas bon. Et après cela, s’il leur manifeste de la faveur, ils les enlèvent de ce qui n’est pas bon et les mettent à ce qui est bon. Ils connaissaient cela car ils voulaient s’emparer de l’homme libre et faire de lui leur esclave pour toujours.

    (10b) Ce sont ces forces qui luttent contre l’homme ne voulant pas qu’il se délivre afin de dominer pour toujours sur lui comme sur un esclave. Car si l’homme était délivré, les sacrifices d’animaux ne se produiraient plus, ils ne seraient plus offerts à ces forces. En vérité, celles-ci sont des animaux, mais après qu’ils étaient offerts, ils mouraient. Quant à l’homme il fut offert à Dieu, mort, et il vécut.

    (11) Avant la venue du Christ, il n’y avait pas de pain dans le monde. Ainsi dans le paradis où était Adam, il y avait beaucoup d’arbres pour la nourriture des animaux ; il n’y avait pas de blé comme nourriture pour l’homme. L’homme se nourrissait comme les animaux, mais lorsque le Christ, l’Homme parfait (téléios) vint, il apporta du pain du ciel afin que l’homme se nourrît d’une nourriture d’homme.

    (12a) Les archontes croyaient que c’était par leur puissance et leur volonté qu’ils opéraient, mais c’est l’Esprit Saint qui opérait en secret par leur entremise comme lui-même le désirait.

    (12b) La Vérité est semée partout, elle qui existe depuis l’origine. Beaucoup la voient lorsqu’elle est semée, mais peu la voient quand elle est récoltée.

    (13) Plusieurs disent que Marie a conçu de l’Esprit (pneuma). Ils se trompent, ils ne savent pas ce qu’ils disent. Quand une femme a-t-elle jamais conçu d’une femme ? Marie est la vierge qu’aucune force naturelle (dynamis) n’a souillée. Elle est un grand anathème pour les Hébreux, qui sont les apôtres et les apostoliques. Cette vierge qu’aucune force n’a souillée est immaculée… et les forces naturelles se souillent. Et le Seigneur n’aurait pas dit : Mon Père qui est dans les cieux, s’il n’avait pas eu un autre père, il aurait dit simplement : Mon père.

    (14) Le Seigneur dit aux disciples : Éloignez-vous de toute maison. Entrez dans la maison du Père, ne prenez ni n’emporter rien de la maison du Père.

    (15) Jésus est un nom caché, Christ un nom manifesté. C’est pourquoi Jésus est semblable dans toutes les langues, on l’appelle toujours par le nom de Jésus. D’autre part, Christ est « messie » en syriaque et « christos » en grec. Il est certain que tous les autres l’ont conformément à leur propre langue. Le « nazaréen » est celui qui révèle ce qui est caché. Christ possède tout en lui-même, soit homme, soit ange, soit mystère, et le Père.

    (16) Ceux qui disent que le Seigneur est mort d’abord puis ressuscité se trompent, car il est ressuscité avant de mourir. Si quelqu’un ne ressuscite pas d’abord, aussi vrai que Dieu est vivant, il ne mourra pas, il est déjà mort.

    (17) On ne cache pas un objet de valeur dans un grand vase, mais souvent des sommes incalculables sont placées dans un vase d’un sou. Il en est de même de l’âme. C’est un objet précieux qui se trouve dans un corps méprisable.

    (18a) Il y en a qui craignent de ressusciter nus. C’est pourquoi ils veulent ressusciter dans la chair, mais ils ne savent pas que c’est ceux qui sont revêtus de chair qui sont nus. Ceux qui se dépouilleront au point de se mettre nus, ceux-là ne seront pas nus.

    (18b) La chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu. Qu’est-ce qui n’héritera pas ? Ce dont nous sommes revêtus. Mais de quoi sera-t-il hérité ? Du Christ et de son sang. C’est pourquoi il a dit : Celui qui ne mangera pas ma chair et ne boira pas mon sang n’aura pas la vie en lui. Qu’est-ce que sa chair ? C’est la Parole et son sang, c’est l’Esprit Saint. Celui qui a reçu cela a une nourriture, une boisson et un vêtement.

    (19a) Moi je blâme aussi ceux qui disent que la chair ne ressuscitera pas. Tous sont dans l’erreur. Tu dis que la chair ne ressuscitera pas, mais dis-moi ce qui ressuscitera pour que nous puissions te vénérer ? On dit que l’Esprit est dans la chair, et il y a aussi cette Lumière dans la chair et aussi la Parole. Quoi que tu dises, tu ne dis rien en dehors de la chair. Il est nécessaire de ressusciter dans cette chair là parce que tout est en elle.

    (19b) En ce monde, ceux qui portent des vêtements sont supérieurs aux vêtements. Dans le Royaume des cieux, les vêtements sont supérieurs à ceux qui les portent.

    (20) C’est par l’eau et par le feu que tout le lieu est purifié, le visible par le visible, le caché par le caché. Il y a des choses cachées à travers celles qui sont visibles. Il y a une eau dans l’eau, et un feu dans l’onction.

    (21) Jésus leur a tout dérobé car il ne s’est pas révélé tel qu’il était, mais comme ils étaient capables de le voir. Il leur est apparu à tous : grand aux grands, petit aux petits, ange aux anges (aggélos) et homme aux hommes. C’est pourquoi sa parole est a été cachée à tous. Quelques-uns le voyaient croyant se voir eux-mêmes. Mais quand il apparut à ses disciples dans la gloire sur la montagne, il n’était pas petit, il était devenu grand, et il grandit ses disciples (mathètès) pour qu’ils fussent capables de le voir dans sa grandeur. Et il dit ce jour-là dans sa reconnaissance (eucharistia) : Toi qui unis la lumière parfaite à l’Esprit Saint, unis aussi les anges aux images que nous sommes.

    (22a) Ne méprisez pas l’agneau, car sans lui il est impossible de voir la porte.

    (22b) Personne ne pourra s’avancer vers le Roi s’il est nu.

    (23) Les fils de l’homme céleste sont plus nombreux que ceux de l’homme terrestre. Si les fils d’Adam sont nombreux bien qu’ils meurent, combien plus nombreux sont les fils de l’homme parfait, eux qui ne meurent pas mais sont perpétuellement régénérés.

    (24) Le Père fait un fils mais le fils ne peut faire de fils car, là, celui qui a été engendré ne peut engendrer, mais le fils acquiert non des fils mais des frères.

    (25a) Tous ceux qui sont engendrés dans le monde sont engendrés par la nature (physis), mais les autres par l’Esprit (pneuma). Et ceux-ci crient d’ici-bas vers l’homme, car ils se nourrissent de la promesse du lieu d’en haut.

    (25b) Si la parole (logos) sortait de la bouche, elle nourrirait par la bouche et ferait devenir parfait. En effet c’est par un baiser que les parfaits fécondent et enfantent. Pour cette raison nous nous embrassons aussi les uns les autres, et nous sommes fécondés par la grâce (charis) des uns et des autres.

    (26) Il y en avait trois qui marchaient toujours avec le Seigneur : Marie sa mère et sa sœur et Madeleine appelée sa compagne. Sa sœur, sa mère et sa compagne étaient chacune Marie.

    (27) Père et fils sont des noms simples, l’Esprit Saint est un nom double ; or ils sont partout : en haut, en bas, dans l’invisible, dans le révélé. L’Esprit-Saint est-il dans le révélé, il est en bas ; est-il dans l’invisible, il est en haut.

    (28) Les saints sont servis par les puissances mauvaises. En effet celles-ci sont aveuglées par l’Esprit Saint, en sorte qu’elles croient servir les leurs, alors qu’elles travaillent pour les saints. C’est pourquoi un disciple posa un jour au Seigneur une question sur quelque chose du monde. Il lui répondit : Demande à ta mère, elle te donnera une réponse qui n’est pas d’elle.

    (29) Les apôtres disaient aux disciples : Puisse ce que nous apportons (prosphora) recevoir le sel. Ils appelaient Sophia le sel. Sans elle aucune offrande n’est acceptable. Mais la Sophia est stérile, sans enfant. C’est pourquoi on l’appelle « un peu de sel ». Lorsqu’ils seront dans leur véritable voie, l’Esprit Saint… nombreux sont ses enfants.

    (30) Ce que le père possède revient au fils et le fils lui-même tant qu’il est enfant ne se voit pas confier ce qui lui revient. Mais lorsqu’il devient un homme, son père lui remet tout ce qu’il possède.

    (31a) Ceux qui ont été conçus par l’Esprit et qui sont égarés, c’est aussi par l’Esprit qu’ils sont égarés. En effet, c’est par le même souffle (pneuma) que s’allume et s’éteint le feu.

    (31b) Une chose est Achamoth et autre chose Echmoth. Achamoth est la Sagesse (sophia) absolue (aplôs). Mais Echmoth est la sagesse de la mort, celle qui connaît la mort. C’est la petite sagesse

    (32) Il y a des bêtes soumises à l’homme comme le bœuf, l’âne et autres. D’autres ne sont pas soumises et vivent seules au désert. L’homme laboure le champ avec les animaux soumis et grâce à cela, il se nourrit ainsi que les bêtes soumises ou non soumises. De même l’homme parfait : il laboure avec les forces (dynamis) qui lui sont soumises, préparant chacun à venir à l’être. C’est ainsi que tout est redressé, soit les bons, soit les méchants, et ceux de droite et ceux de gauche. L’Esprit les mène tous paître et gouverne toutes les forces, les soumises et les non soumises ainsi que les uniques. Il les rassemble et les enclôt afin que ceux qui le voudraient ne puissent s’enfuir.

    (33) Celui qui a été modelé (plassein) était de race noble, et tu devrait trouver que ses fils sont d’un noble (eugenès) modelage (plasma). S’il n’avait pas été modelé mais engendré, on trouverait que sa semence (sperma) est noble (eugenès). Or voici qu’il a été modelé et qu’il a engendré. Quelle noblesse (eugeneia) y a-t-il eu en cela ? Il y eut adultère et ensuite meurtre. Il fut conçu dans l’adultère, car il était fils du serpent ; c’est pourquoi il devint meurtrier, comme son père, et tua son frère. Or toute union (koinônia) entre personnes dissemblables est un adultère.

    (34a) Dieu est un teinturier. De même que les bonnes teintures, qualifiées de vraies, se dissolvent dans les choses teintes en elles, ainsi en est-il des choses que Dieu teinte. Et comme ses teintures sont immortelles, ces choses deviennent immortelles grâce à ses couleurs.

    (34b) Dieu baptise dans l’eau ce qu’il baptise.

    (35) Il est impossible de voir les choses qui existent véritablement sans être comme elles. Il n’en est pas ainsi de l’homme dans ce monde qui ici voit le soleil bien qu’il ne soit pas le soleil, qui voit le ciel et la terre et toutes choses en n’étant rien de celles-ci. Mais si tu vois quelque chose de ce lieulà c’est que tu es devenu cela. Tu as vu l’Esprit, tu es devenu Esprit. Tu as vu le Christ, tu es devenu Christ, tu as vu le Père, tu es devenu le Père. C’est pourquoi ici tu vois toute chose sans te voir toi-même, mais en ce lieu-là tu te vois car ce que tu vois, tu l’es devenu.

    (36) La foi reçoit, l’amour donne. Personne ne peut recevoir sans la foi. Personne ne peut donner sans l’amour. C’est pourquoi nous avons la foi afin de recevoir, et nous devons aimer afin de donner vraiment, car celui qui donne sans amour n’en a aucun profit. Celui qui n’a pas reçu le Seigneur est encore un Hébreu.

    (37) Les Apôtres qui nous ont précédés, l’appelaient ainsi Jésus, le Nazoréen, le Messie, c’est-à-dire Jésus le Nazoréen, le Christ. Le dernier nom est Christ. Le premier est Jésus. Celui du milieu Nazaréen. Messie a deux significations : le Christ et le mesurable. Jésus en hébreu est la rédemption, Nazara est la vérité. Donc le Nazaréen est (l’homme) de la vérité. Christ a été rendu mesurable, et c’est le Nazaréen et Jésus qui l’ont mesuré.

    (38) La perle, si elle est jetée dans la boue, n’a pas moins de valeur, et si on l’oint d’une substance odoriférante, elle n’en acquerra pas davantage, mais elle a toujours la même valeur pour son propriétaire. Ainsi en est-il des fils de Dieu ; où qu’ils soient, ils gardent toujours leur valeur auprès de leur Père.

    (39) Si tu dis : Je suis juif, personne ne bronchera. Si tu dis : Je suis un Romain, personne ne s’en affectera. Si tu dis : Je suis un Grec, un barbare, un esclave, un homme libre, personne ne se troublera. Si tu dis : Je suis un chrétien, tous trembleront. Puisse-t-il m’arriver de recevoir ce nomlà, que les archontes ne supportent pas lorsqu’ils l’entendent.

    (40) Dieu est un mangeur d’hommes. C’est pourquoi l’homme lui est sacrifié. Avant que l’homme ne lui soit sacrifié, on lui sacrifiait des animaux, mais ce n’étaient pas des dieux ceux à qui ils étaient sacrifiés.

    (41) Les vases de verre et les vases de terre sont fabriqués au moyen du feu. Mais les vases de verre, s’ils se brisent, sont modelés à nouveau, car ils proviennent d’un souffle. Les vases de terre, eux, s’ils se brisent, sont détruits, car ils ont été produits sans le souffle.

    (42) L’âne qui fait tourner la meule du moulin fait cent mille en marchant, mais lorsqu’on le détache, il se trouve toujours au même endroit. Il y a de ces hommes qui voyagent beaucoup mais n’avancent nulle part. Lorsque le soir arrive ils n’ont vu ni villes ni villages, ni choses créées, ni choses naturelles, ni forces, ni anges. En vain les malheureux ont-ils souffert.

    (43a) L’eucharistie est Jésus. Jésus est appelé en syriaque pharizata, celui qui est étendu. En effet, Jésus est venu pour crucifier le monde.

    (43b) Le Seigneur entra dans la teinturerie de Lévi. Il prit soixante-douze couleurs et les jeta dans la cuve. Il les retira toutes blanches et dit : C’est ainsi que le Fils de l’Homme est venu comme teinturier.

    (44a) La Sophia qui est appelée stérile est la mère des anges.

    (44b, 45) Et la compagne du fils est Marie Madeleine. Le Seigneur l’aimait plus que tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. Les disciples le voyaient et ils lui dirent : Pourquoi l’aimes-tu plus que nous tous ? Le sauveur répondit et leur dit : Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu’elle ? Un aveugle et quelqu’un qui voit, quand ils sont tous deux dans l’obscurité ne se distinguent pas l’un de l’autre. Si la lumière vient, alors celui qui voit verra la lumière alors que celui qui est aveugle demeurera dans l’obscurité.

    (46) La supériorité de l’homme n’est pas apparente mais cachée. C’est pourquoi il est le maître des animaux, de ceux qui sont plus forts que lui, qui sont grands selon ce qui est apparent et ce qui est caché, mais c’est lui qui leur donne leur subsistance. Si l’homme se sépare d’eux, ils se mordent les uns les autres et s’entre-tuent. Ils s’entre-dévorent parce qu’ils ne trouvent pas d’autre nourriture. Mais maintenant ils ont de la nourriture parce que l’homme travaille la terre.

    (47) Si quelqu’un descend dans l’eau, en ressort sans avoir rien reçu et dit : Je suis chrétien, il emprunte ce nom à intérêt. Mais s’il reçoit l’Esprit Saint, il possède ce nom comme un don. Or à celui qui a reçu un don, on ne le lui reprend pas, mais à celui qui l’a emprunté, on lui en demande le paiement avec les intérêts. C’est ainsi que cela se passe lorsqu’on pénètre un mystère.

    (48) Grand est le mystère du mariage ! Sans lui le monde ne serait pas. En effet, la persistance (sustasis) du monde, c’est l’homme, et la persistance de l’homme est le mariage. Mais apprenez que la relation (koinônia) immaculée possède une grande force (dynamis). Son image en est la forme extérieure (schèma) impure.

    (49) Parmi les esprits impurs, il y en a de masculins et de féminins. Les masculins s’unissent aux âmes qui habitent une forme extérieure féminine, et les féminins sont ceux qui s’unissent aux âmes qui ont une forme extérieure masculine, parce qu’elles ont été séparées. Et nul être humain ne peut y échapper lorsqu’ils le tiennent, à moins qu’il ne reçoive une force à la fois masculine et féminine, c’est-à-dire la force du fiancé et de la fiancée. Or on reçoit celle-ci dans la chambre nuptiale, qui est une image.

    (50a) Quand les femmes libertines voient un homme seul, elles se jettent sur lui, jouent avec lui et le souillent. De même les hommes libertins s’ils voient une jolie femme seule, ils la séduisent ou lui font violence pour la souiller. Mais s’ils voient un homme et sa femme ensemble, les femmes ne peuvent venir vers l’homme, ni les hommes vers la femme. Il en est de même si l’image et l’ange (aggelos)) sont unis, personne n’osera ni ne pourra aller vers l’homme ou la femme.

    (50b) Celui qui sort du monde n’est plus prisonnier comme il l’était dans le monde. Il est au-dessus du désir, de la mort et de la crainte. Il est maître de la nature, il est supérieur à l’envie. Ces forces tiennent et étouffent chacun mais comment les fuir ? Comment se cacher d’elles ? Souvent certains disent : Nous sommes croyants. Ceci pour échapper à ces esprits impurs et à ces démons. Car s’ils possédaient l’Esprit Saint, aucun esprit impur ne s’attacherait à eux.

    (51a) Ne crains pas la chair mais ne l’aime pas non plus. Si tu la crains, elle te dominera. Si tu l’aimes, elle te dévorera et t’étranglera. Ou bien on est dans ce monde, ou bien dans la résurrection, ou bien dans les lieux du milieu. Que je ne sois pas trouvé dans ce dernier.

    (51b) Dans ce monde il y a du bien et du mal. Ce qui est bien n’est pas bien et ce qui est mal n’est pas mal. Mais il y a, après ce monde, un mal qui est vraiment un mal et qu’on appelle le milieu, c’est la mort. Tant que nous sommes en ce monde, il faut parvenir à la résurrection afin que, une fois dépouillé de la chair, nous trouvions le repos et n’errions pas dans le milieu. Car beaucoup s’égarent en chemin, aussi est-il bon de s’en aller du monde avant d’avoir péché.

    (52) Il y en a qui ne veulent ou ne peuvent (pécher). D’autres, même s’ils le désirent ne sont pas plus avancés de ne l’avoir pas fait, car ce désir en fait des pécheurs de même que de ne pas agir. La justice s’écartera d’eux, tant de celui qui ne désire pas que de celui qui n’agit pas.

    (53) Le disciple d’un apôtre aperçut dans une vision plusieurs personnes enfermées dans une maison en feu, enchaînées et gisant dans le feu. Il leur dit : Jetez de l’eau dans le feu et ils dirent qu’ils étaient incapables de se sauver… qu’ils ne le désiraient pas. Ils reçurent… le châtiment dénommé « ténèbres extérieures » parce qu’elles… d’eau et de feu.

    (54) L’âme et l’esprit sont nés de l’eau et du feu. C’est de l’eau, du feu et de la lumière que le fils de la chambre nuptial est né. Le feu est l’onction (chrisma), la lumière est le feu. Je ne parle pas de ce feu qui n’a aucune forme, mais de cet autre feu dont la forme est blanche, qui est lumière et beauté, et qui confère la beauté.

    (55a) La Vérité ne vient pas dans le monde nue, mais en signes (tupos) et en images (eikôn). On ne la recevra pas autrement.

    (55b) Il y a une renaissance et une image de la renaissance. Il est assurément nécessaire de naître à nouveau selon cette image. Laquelle ? la résurrection. L’image doit ressusciter par l’image. La chambre nuptiale (nymphôn) et l’image doivent pénétrer dans la Vérité par l’image, telle est la régénération (apokatastasis).

    (55c) On prononce le nom du Père, du Fils et de l’Esprit, et on le prononce même sur autrui, mais si on n’acquiert pas vraiment ce nom pour soi-même, le nom nous sera aussi repris. Or on le reçoit par l’onction de la plénitude du pouvoir de la croix, pouvoir que les apôtres ont appelé la droite et la gauche. Car cet homme n’est plus alors un chrétien mais un Christ. Le Seigneur a fait du tout un mystère : baptême et onction et eucharistie et rédemption et chambre nuptiale.

    (56) Le Seigneur dit : Je suis venu pour faire que les choses d’en bas soient comme les choses d’en haut, et que les choses du dehors soient comme celles du dedans. Je suis venu pour les unifier là (en haut). Il s’est manifesté ici (en bas) en symboles et en images. Ceux qui disent : il y a un homme céleste et il y a quelqu’un au-dessus de lui, se trompent. Car c’est le premier de ces deux hommes célestes, celui qui s’est manifesté, qu’ils appellent celui qui est en bas ; et ils pensent que c’est celui à qui appartient ce qui est caché qui est au-dessus de lui. Mais il vaudrait mieux dire : l’intérieur et l’extérieur, et l’extérieur de l’extérieur. C’est pourquoi le Seigneur a appelé la destruction « ténèbres extérieures » car il n’y a rien d’extérieur à elles.

    (57) Il a dit : mon Père qui est dans le secret. Il a dit : Entre dans ta chambre et ferme la porte sur toi et prie ton Père qui est dans le secret, c’est-à-dire à l’intérieur d’eux tous. Or ce qui est à l’intérieur d’eux tous est la plénitude. Au-delà de cela il n’y a rien d’autre à l’intérieur. C’est de cela qu’ils disent : Ce qui est au-dessus d’eux.

    (58) Avant le Christ, certains vinrent d’un endroit où ils ne purent plus entrer et allèrent là d’où ils ne purent plus sortir. Alors vint le Christ. Ceux qui étaient entrés il les fit sortir, et ceux qui étaient sortis il les fit entrer.

    (59) Quand Eve était en Adam, la mort n’existait pas. Après qu’elle fut séparée de lui, la mort survint. S’il la reprend en lui et retrouve son être premier, il n’y aura plus de mort.

    (6O) Mon dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? C’est sur la croix qu’il dit ces paroles ; car il a abandonné là tout ce qui fut engendré par ce qui est extérieur à Dieu. Le Seigneur ressuscita des morts, et redevint ce qu’il était, mais son corps était parfait. Or il avait une chair, mais cette chair était la vraie (alèthinos) chair. Notre chair au contraire n’est pas la vraie mais seulement une image de la vraie chair.

    (61a) La chambre nuptiale n’est pas pour les animaux, ni pour les esclaves ni pour les femmes impures, mais pour les hommes libres (éleuthéros) et les vierges (parthénos).

    (61b) En vérité nous sommes renés dans l’Esprit Saint, mais nous sommes renés par Christ deux à deux. Nous sommes oints par l’Esprit. Quand nous sommes renés, nous avons été unis.

    (61c) Personne ne peut se voir soi-même sans lumière dans une eau ou dans un miroir, pas plus que tu ne peux te voir à la lumière sans eau ni miroir. C’est pourquoi il faut baptiser à la fois dans la lumière et dans l’eau. Or la lumière est l’onction.

    (62a) Il y avait à Jérusalem trois lieux d’offrande. Le premier, vers l’ouest, était appelé le Saint. Le deuxième, vers le sud, était appelé le Saint du Saint. Le troisième, vers l’est était appelé le Saints des Saints, l’endroit où seul le grand-prêtre pénètre. Le baptême est le Saint, la rédemption est le Saint du Saint, la chambre nuptiale est le Saint des Saints. Le baptême implique la résurrection et la rédemption. La rédemption a lieu dans la chambre nuptiale. Mais la chambre nuptiale est ce qui est supérieur… à Jérusalem, le voile sépare le Saint des Saints… mais la chambre nuptiale est l’image de la chambre nuptiale qui est au-dessus de l’impureté. Son voile s’est déchiré du haut en bas car il convenait à quelques-uns d’en bas de monter en haut.

    (63) Ceux qui sont revêtus de la Lumière parfaite, les forces naturelles (dynamis) ne les voient pas et ne peuvent s’en emparer. On revêtira cette Lumière dans le mystère, dans l’union.

    (64a) Si la femme n’avait pas été séparée de l’homme, elle ne serait pas morte avec l’homme. Sa séparation a été à l’origine de la mort. C’est pourquoi Christ est venu remédier à cette séparation, qui existe depuis le commencement, réunir les deux, redonner la vie à ceux qui étaient morts dans la séparation et les unir. Or la femme s’unit à l’homme dans la chambre nuptiale. En vérité ceux qui se sont unis dans la chambre nuptiale ne seront plus jamais séparés. Ainsi Eve s’est séparée d’Adam parce qu’elle ne s’était pas unie à lui dans la chambre nuptiale.

    (64b) L’âme (psyché) d’Adam naquit d’un souffle. Le compagnon de son âme est l’esprit (pneuma). Ce souffle qui lui fut donné est sa mère. Son âme fut remplacée par un esprit. Lorsqu’il lui fut uni, il prononça des paroles qui dépassaient les forces naturelles (dynamis). Celles-ci le jalousèrent, privées qu’elles étaient de ce compagnon spirituel secret, exempt de tout mal, ce qu iles privait de la possibilité de la chambre nuptiale…

    (65) Jésus manifesta sur le Jourdain le plérôme du Royaume des cieux. Celui qui était engendré avant toute chose était engendré de nouveau. Lui qui avait été oint, était oint à nouveau. Celui qui avait été racheté venait en racheter d’autres.

    (66) En vérité, il faut dire un mystère. Le Père du tout s’est uni à la vierge (parthenos) qui était descendue, et un feu l’éclaira en ce jour. Il apparut dans la chambre nuptiale. C’est pourquoi son corps qui fut produit en ce jour vint de la chambre nuptiale comme produit par le fiancé et la fiancée (nymphios, nymphè). C’est ainsi que Jésus a établi toute chose par eux. Il est nécessaire que chacun des disciples entre dans son repos.

    (67a) Adam est venu à l’existence grâce à deux vierges, l’Esprit et la terre vierge. C’est pourquoi le Christ naquit d’une vierge pour rectifier la chute qui s’est produite à l’origine.

    (67b) Il y a deux arbres au milieu du jardin. L’un engendre des animaux (thèrion), l’autre engendre des hommes. Adam mangea de l’arbre qui engendrait des animaux. Il devint animal et engendra des animaux. C’est pourquoi les enfants d’Adam adorent (sébesthai) des animaux. L’arbre dont Adam a mangé le fruit est l’arbre des animaux c’est pourquoi les péchés furent nombreux ; s’il avait mangé… du fruit de l’arbre qui porte des hommes, alors les dieux adoreraient l’homme. Car Dieu à l’origine avait créé l’homme, mais maintenant les hommes créent des dieux. C’est ainsi qu’il en va dans le monde : les hommes créent des dieux et adorent leurs créatures. Mais ce sont ces dieux qui devraient adorer les hommes ! Telle est la vérité.

    (68) Les oeuvres de l’homme viennent de sa force naturelle (dynamis). Ce sont ses forces. Ses enfants sont ses œuvres ; ils proviennent d’un moment de repos. Sa force est dans ses œuvres tandis que ce moment de repos se manifeste dans ses enfants. Vous verrez que ceci s’applique à une image. Voici l’homme d’après l’image : il fait ses œuvres grâce à sa force, mais c’est dans un moment de repos qu’il engendre ses enfants.

    (69a) En ce monde, les esclaves travaillent (upèretein) pour les hommes libres ; dans le Royaume des cieux les hommes libres servent (diakonein) les esclaves ; les fils de la chambre nuptiale servent les fils du mariage (terrestre, gamos).

    (69b) Les fils de la chambre nuptiale n’ont qu’un seul et même nom. Ensemble ils partagent le repos (anapausis)… Ils n’ont pas besoin d’avoir une forme, ils ont l’avantage de la contemplation intérieure, la vue intérieure…

    (70) Ils sont descendus dans l’eau et le Christ les a purifiés et rendus parfaits par son nom. Car il a dit : Il nous convient d’accomplir toute justice.

    (70b) Ceux qui disent qu’ils vont d’abord mourir et ensuite ressusciter se trompent. S’ils n’obtiennent pas d’abord la résurrection pendant la vie, ils n’obtiendront rien une fois morts. Ils parlent du baptême de la même façon disant : le baptême est une grande chose, ceux qui le reçoivent vivront.

    (71) L’apôtre Philippe racontait que Joseph le charpentier planta un jardin parce qu’il avait besoin de bois pour son métier. C’est lui qui fit la croix avec les arbres qu’il avait plantés, et le fruit de sa semence fut pendu à ce qu’il avait planté. Le fruit de sa semence était Jésus et la plante fut la croix. Mais l’arbre de vie est au milieu du jardin et c’est l’olivier, d’où vient l’huile et de l’huile, la résurrection.

    (72) Le monde est un mangeur de cadavres, tout ce qui y est mangé meurt aussi. La vérité se nourrit de vie, aussi personne de ceux qui se nourrissent de la vérité ne mourra. De là Jésus est venu apporter de la nourriture, et à tous ceux qui le veulent il donne la vie afin qu’ils ne meurent pas.

    (73) Dieu avait planté un jardin. L’homme y avait été placé. Il y avait de nombreux arbres… Dans le lieu où on me dira : mange de ceci, ou ne mange pas de cela, comme tu voudras. Dans le lieu où je mangerai de tout se trouve l’arbre de la connaissance (gnôsis). C’est lui qui tua Adam, mais c’est lui qui vivifie l’homme. La loi était un arbre. Il avait le pouvoir de donner la connaissance du bien et du mal. Il n’écarta pas du mal ni n’établit dans le bien, mais il prépara la mort de ceux qui en mangèrent. Car lorsqu’il fut dit : mange de ceci, ne mange pas de cela, ce fut l’origine de la mort.

    (74) L’onction est supérieure au baptême. Car c’est par le mot « chrisma » (onction) que nous avons été appelés chrétiens et non par le baptême, et le nom de Christ vient de « chrisma ». En effet, le Père a oint le Fils et le Fils a oint les apôtres, et les apôtres nous ont oints. Celui qui a été oint possède le Tout, il possède la résurrection, la Lumière, la Croix, l’Esprit Saint. Le Père lui a donné cela dans la chambre nuptiale et il l’a accepté. Le Père était dans le Fils et le Fils dans le Père. Tel est le Royaume des Cieux.

    (75a) Le Seigneur l’a bien dit : Quelques-uns entrèrent dans le Royaume des cieux en riant, et ils sortirent…. chrétiens…. il descendit dans l’eau et remonta, seigneur du tout….

    (75b) Celui qui méprise le corps comme un haillon le considère comme un jouet et le quitte en riant… il en est de même du pain, du calice et de l’huile alors qu’il y a quelque chose d’autre qui leur est supérieur.

    (76) Le monde est apparu à la suite d’une faute (paraptôma). En effet celui qui le créa voulait le faire incorruptible et immortel. Mais il échoua et ne réalisa pas son désir. Car le monde ne fut jamais impérissable ni, pour la même raison, celui qui fit le monde.

    (77) Les choses ne sont pas incorruptibles mais les fils le sont. Personne ne recevra l’incorruptibilité à moins de devenir d’abord un fils.

    (78) Mais celui qui n’a pas le pouvoir de recevoir, combien davantage sera-t-il incapable de donner.

    (79) La coupe de la bénédiction contient du vin et de l’eau, symboles du sang, à laquelle on rend grâce (eucharistein) et elle est remplie de l’Esprit Saint. Elle est celle de l’Homme parfait tout entier. Si nous en buvons, nous recevrons en nous l’Homme parfait (téléios).

    (80) L’eau vive est un corps. Il est nécessaire que nous revêtions l’homme vivant. C’est pourquoi, si quelqu’un vient et descend dans l’eau, il se dévêt afin de revêtir celui-là.

    (81) "Un cheval engendre un cheval, un homme engendre un homme, un dieu engendre un dieu. De même du fiancé et de la fiancée. Ce sont les enfants de la chambre nuptiale. Aucun juif ne descend de parents grecs depuis que la Loi existe. Et de même nous avons été juifs avant d’être chrétiens. Il y a un autre peuple, et… il a été appelé "le peuple élu de l’Esprit Saint", et l’Homme véritable et le Fils de Dieu et la semence du Fils de l’Homme. Dans le monde cette race est appelée authentique. C’est là où demeurent les enfants de la chambre nuptiale."

    (83,84,85) En ce monde, l’union est entre l’époux et l’épouse, la force complétée par la faiblesse. Dans l’Eon, la forme de l’union est tout autre bien qu’on lui donne les mêmes noms. Cependant il y a d’autres noms, supérieurs à tous les noms donnés, et supérieurs aux plus forts. Car ici (ici-bas), il y a la force (bia) et ceux qui apparaissent excellent par leur force. Mais ceux qui sont là (dans l’Eon) ne sont pas deux choses distinctes, mais une même chose. Ce qui est ici ne pourra pas s’élever au-dessus du cœur de la chair.

    (86) N’est-il pas nécessaire que ceux qui possèdent toute chose se connaissent eux-mêmes ? Quelques-uns, faute de se connaître eux-mêmes, ne jouiront pas de ce qu’ils possèdent, mais ceux qui se connaîtront eux-mêmes jouiront de ce bien.

    (87 et 88) Non seulement ils ne pourront pas saisirent l’Homme parfait (teleios) mais ils ne pourront même pas le voir. Car s’ils le voyaient, ils le saisiraient. Il n’y a pas d’autre moyen d’acquérir pour soi cette grâce (charis) que de revêtir la lumière parfaite et de devenir soi-même lumière parfaite. Quiconque la revêtira entrera dans le royaume. Telle est la lumière parfaite et il convient que nous devenions des hommes spirituels parfaits avant de quitter le monde. Celui qui a tout reçu mais ne s’est pas rendu maître de ces lieux-ci ne sera pas capable d’être maître de cet endroit-là, mais il ira dans le milieu, étant imparfait. Seul Jésus connaît la fin de celui-ci.

    (89) L’homme saint est tout à fait saint, même dans son corps. Car s’il a reçu le pain, il le consacrera, de même la coupe ou quoi que ce soit d’autre, et comment ne consacrerait-il pas aussi le corps ?

    (90) En rendant parfaite l’eau du baptême, Jésus l’a vidée de la mort. Ainsi nous descendons dans l’eau mais non dans la mort afin de n’être pas jeté dans l’esprit du monde.

    (91) Quand l’esprit du monde souffle, il fait venir l’hiver, quand l’Esprit souffle, l’été vient.

    (92a) Celui qui a la connaissance de la vérité est libre. Et l’homme libre ne pèche pas car celui qui commet le péché est l’esclave du péché.

    (92b) La vérité est la mère, la connaissance est le père.

    (92c) Ceux qui ne sont pas concernés par le péché, le monde les appelle libres. Pensant connaître la vérité, ils sont orgueilleux, c’est ce que veut dire ici libre.

    (93) Mais l’amour édifie, et celui qui est devenu vraiment libre par la connaissance devient, par amour, l’esclave de ceux qui n’ont pas pu atteindre la liberté de la connaissance. La connaissance les rendra capables de devenir libres.

    (94) L’amour ne prend rien. Comment prendrait-il quelque chose, tout lui appartient. Il ne dit jamais : ceci est à moi, ni cela est à moi, mais : tout est à vous.

    (95) L’amour spirituel (agapè pneumatikos) est un vin à l’odeur suave. Tous ceux qui en sont oints en ont un grand plaisir. Lorsque ceux qui sont oints sont présents, ceux qui sont près d’eux en profitent. Mais si ceux qui sont oints de cette onction se retirent et s’en vont, alors ceux qui ne sont pas oints et se tenaient simplement près d’eux restent dans leur mauvaise odeur.

    (96) Le samaritain ne donna rien d’autre à l’homme blessé que du vin et de l’huile ; ce n’était rien d’autre que l’onction et il a guéri les blessures car l’amour couvre une multitude de fautes.

    (97) C’est à celui que la femme aime que ressemblera ceux qu’elle engendrera. Quand c’est son mari, ils ressemblent au mari. Quand c’est un adultère, ils ressemblent à l’amant. Souvent quand une femme couche avec son mari par nécessité mais que son cœur est auprès de l’amant, avec lequel elle s’unit habituellement, celui qu’elle engendrera ressemblera à l’amant. Mais vous, qui êtes avec le Fils de Dieu, n’aimez pas le monde mais aimez le Seigneur afin que ceux que vous engendrerez ne ressemblent pas au monde mais ressemblent au Seigneur.

    (98) L’être humain s’unit à l’être humain, le cheval au cheval, l’âne à l’âne, les espèces s’unissent à leurs semblables. Ainsi l’Esprit s’unit à l’Esprit, le Logos au Logos et la Lumière à la Lumière. Si tues né humain, c’est un humain qui t’aimera. Si tu deviens un esprit, c’est l’Esprit qui s’unira à toi. Si tu deviens logos, c’est le Logos qui s’unira à toi. Si tu deviens lumière, c’est la Lumière qui s’unira à toi. Si tu deviens ce qui est d’en haut, c’est ce qui est d’en haut qui demeurera en toi. Si tu deviens cheval, ou âne, taureau, chien, mouton ou tout autre animal, qui se trouve à l’extérieur et qui est inférieur, alors tu ne pourras être aimé ni d’un humain, ni de l’Esprit, ni du Logos, ni de la Lumière, ni de ce qui est d’en haut, ni de ce qui est intérieur. Ils ne pourront demeurer en toi et tu ne fais pas partie d’eux.

    (99) Celui qui est esclave contre sa volonté, pourra devenir libre. Celui qui est devenu libre par la grâce de son Seigneur et se rend lui-même esclave ne pourra plus être libre.

    (100a) Dans ce monde les plantations nécessitent quatre éléments. On moissone ce qui provient à la fois de l’eau, de la terre, du vent et de la lumière. De même les plantations de Dieu résultent de quatre éléments : la foi, l’espérance, l’amour et la gnose. Notre terre est la foi en qui nous prenons racine, l’eau est l’espérance dont nous nous nourrissons ; le vent est l’amour qui nous fait grandir et la lumière est la gnose qui nous fait mûrir.

    (100b) La grâce agit comme un paysan, et les fruits de la semence de ce paysan sont les hommes qui montent vers les hauteurs du ciel.

    (101a) Et bienheureux le serviteur qui n’a pas désespéré une âme. Celui-ci est Jésus le Christ. Il s’est présenté partout et n’a accablé personne. Bienheureux donc celui qui est comme lui parce qu’il est un homme parfait. Il est effectivement la parole (Logos).

    (102) Parlez-nous de lui, car c’est difficile d’y réussir. Comment réussir une si grande chose ? Comment donner le repos à chacun ? Avant tout il convient de n’affliger aucune personne, soit grande, soit petite, soit croyante, soit incroyante ; ensuite de donner le repos à ceux qui font le bien.

    (103) Certains trouveraient bien de donner le repos à celui qui a une belle situation (kalos). Mais celui qui fait le bien ne peut pas le donner à de telles personnes car elles vont à l’encontre de ce qu’il voudrait. Mais comme il lui est impossible d’affliger quelqu’un, il ne les afflige pas. Il est certain que ceux qui ont une belle situation affligent des gens, non délibérément mais par leurs défauts (kakia). Celui qui possède la nature (du bien) donne la joie à ceux qui sont bons, ce qui affligent certains vilainement.

    (104) Un maître de maison avait acquis beaucoup : fils, serviteurs, bétail, chiens, porcs, blé, orge, paille, fourrage, os, viande et glands. Comme il était avisé, il connaissait la nourriture de chacun. Il donnait aux enfants du pain, de l’huile d’olive et de la viande, aux esclaves l’huile de ricin et du blé, au bétail de l’orge, de la paille et du fourrage, aux chiens des os, aux porcs des glands et des croûtes de pain. Il en est ainsi du disciple de Dieu. Si c’est un homme sage, il comprend sa qualité de disciple. Les formes corporelles ne le tromperont pas, il considérera l’état de l’âme (psyché) de chacun et parlera à chacun en conséquence. Il y a beaucoup d’animaux à forme humaine dans le monde. Quand il les identifie à des porcs, il leur jette des glands ; à des bestiaux, il leur jette de l’orge et de la paille et de l’herbe ; à des chiens, il leur jette des os ; à des esclaves, il leur donne ce qui est élémentaire ; à des enfants, ce qui est parfait.

    (l05) Il y a le fils de l’Homme, et il y a le fils du fils de l’Homme. Le Seigneur est le fils de l’Homme, et le fils du Fils de l’Homme est celui qui a été fait par le fils de l’Homme. Le fils de l’Homme a reçu de Dieu le pouvoir de créer, et aussi la possibilité d’engendrer.

    (106) Celui qui a reçu le pouvoir de créer crée une création ; celui qui a reçu le pouvoir d’engendrer engendre un rejeton. Celui qui crée n’engendre pas ; celui qui engendre crée. Celui qui crée engendre, dit-on, mais son produit est une création. Ses produits ne sont pas ses rejetons, mais ses images. Celui qui crée travaille au grand jour et il est lui-même visible ; celui qui engendre oeuvre dans le secret, il reste lui-même caché. L’engendré n’est pas une image. Celui qui crée crée visiblement, mais celui qui engendre engendre ses enfants dans le secret.

    (107) Personne ne peut savoir quand le mari et la femme s’unissent sauf eux-mêmes. Car c’est un mystère que le mariage (gamos) du monde pour ceux qui ont pris femme. Or si le mariage du monde, qui est impur, reste caché, combien plus le mariage immaculé est-il un vrai (aléthinos) mystère ! Il n’est pas charnel, il est pur. Il appartient non au désir mais à la volonté. Il n’appartient pas aux ténèbres ou à la nuit, mais au jour et à la lumière.

    (108) Un mariage accessible au public est de la prostitution (porneia) et la femme, non seulement si elle reçoit la semence d’un autre homme, mais même si, sortant de sa chambre, elle est vue, commet une impudicité. Elle ne doit se faire voir qu’à son père et à sa mère.

    (109) A l’ami de l’époux et aux enfants de la chambre nuptiale il est permis de pénétrer tous les jours dans la chambre nuptiale, mais les autres ne peuvent désirer qu’entendre leur voix, jouir de leur parfum et se nourrir des miettes de pain qui tombent de la table comme les chiens (Matth. 15,

    27). Époux et épouses appartiennent à la chambre nuptiale. Personne ne peut voir l’époux et l’épouse à moins de le devenir soi-même.

    (110) Quand Abraham se fut réjoui d’avoir vu ce qu’il avait à voir, il circoncit la chair de son prépuce nous montrant qu’il faut détruire la chair.

    (111) Bien des choses du monde, tant que leurs racines sont cachées demeurent debout et vivent. Si les racines se voient, elles meurent, à l’exemple de l’homme visible : tant que ses entrailles restent cachées, il vit ; si ses entrailles sortent de lui, il meurt. Il en est de même de l’arbre. Tant que ses racines sont cachées, il croît et fructifie ; si sa racine apparaît, il se dessèche. Il en est ainsi de chaque chose née dans le monde, non seulement manifestée mais aussi cachée. Car tant que la racine du mal est cachée, elle est forte mais quand on la reconnaît elle est dissoute, quand elle se manifeste elle est détruite. C’est pourquoi la Parole dit : Déjà la hache est placée à la racine de l’arbre. Elle ne coupera pas car ce qui est coupé repousse, mais elle pénétrera si profondément qu’elle extirpera la racine. Jésus arrache la racine entièrement alors que d’autres ne le font qu’en partie.

    (112) Quant à nous que chacun creuse jusqu’à la racine du mal qui est en lui et qu’il l’extirpe de son cœur jusqu’à la racine. Il ne sera arraché que lorsque nous le reconnaîtrons. Si nous l’ignorons, il pousse ses racines en nous et porte ses fruits en nos cœurs. Il nous domine, nous sommes ses esclaves, il nous emprisonne au point de faire ce que nous ne voulons pas et de ne pas faire ce que nous vouons. Il est puissant, parce que nous ne le connaissons pas. Tant qu’il existe, il est à l’œuvre.

    (113) L’ignorance est la mère du mal, l’ignorance entraîne la mort ; ce que produit l’ignorance n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera pas. Tandis que ceux qui sont dans la vérité seront parfaits quand toute la vérité se révèlera.

    (114) Car la vérité est comme l’ignorance : quand elle est cachée, elle se repose en elle-même, mais si elle est révélée et reconnue elle est louée pour autant qu’elle est plus forte que l’ignorance et que l’erreur. Elle donne la liberté.

    (115) La parole dit : Si vous connaissez la vérité, la vérité vous rendra libres.

    (116) L’ignorance est esclavage, la connaissance est liberté.

    (117) Si nous reconnaissons la vérité, nous récolterons ses fruits au-dedans de nous. Si nous nous unissons à elle, elle nous fera entrer dans la plénitude.

    (118a) Présentement nous voyons les manifestations de la création et nous disons : les choses fortes sont hautement estimables et les choses faibles sont cachées et méprisables. Comparez avec les manifestations de la vérité : elles sont faibles et méprisées tandis que, cachées, elles sont fortes et estimables.

    (118b) Les mystères de la vérité sont révélés sous forme de signes (tupos) et d’images.

    (119a) Quant à la chambre nuptiale, elle demeure cachée, elle est le Saint des Saints.

    (119b) En effet un voile commence par dissimuler comment Dieu gouverne la création. Mais quand le voile se déchire et que l’intérieur se manifeste, on abandonne la maison vide, et même on la détruit.

    (120) Mais la divinité inférieure ne fuira pas de ce lieu vers le Saint des Saints, car elle ne sera pas capable de s’unir à la lumière sans mélange ni à la plénitude sans faille, mais se tiendra sous les ailes de la croix et sous ses bras. Cette arche (kibotos) sera son salut lorsque le déluge des eaux la submergera.

    (121) Si quelques-uns sont dans l’ordre de la prêtrise, ils pourront pénétrer derrière le voile avec le grand-prêtre.

    (122) C’est pourquoi le voile ne s’est pas déchiré seulement en haut, car il ne se serait ouvert qu’à ceux d’en haut, ni ne s’est déchiré seulement en bas, car il ne se serait manifesté qu’à ceux d’en bas. Mais il s’est déchiré de « haut en bas ». Le haut s’est ouvert pour nous qui sommes en bas afin que nous entrions dans le secret de la vérité. Voilà véritablement ce qui est tenu en haute estime et qui est puissant. Or nous pénétrerons là grâce à de vils symboles et à des choses faibles et basses en vérité comparés à la gloire parfaite.

    (123) Il y a une gloire qui surpasse la gloire, il y a une puissance qui surpasse la puissance. C’est pourquoi la perfection s’est ouverte à nous avec le secret de la vérité, et le Saint des Saints s’est manifesté et nous avons été conviés dans la chambre nutpiale.

    (124) Tant qu’il est caché, le mal est efficace et il n’est pas enlevé de la semence de l’Esprit, et il y a des esclaves du mal. Mais lorsqu’il se manifeste, alors la Lumière parfaite se répand sur chacun et tous ceux qui se trouvent en elle recevront l’onction. Alors les esclaves seront libérés et les prisonniers seront délivrés.

    (125) Tout plant que mon Père qui est dans les cieux n’a pas planté sera déraciné.

    (126) Ceux qui étaient séparés seront unis et comblés.

    (127) Tous ceux qui entreront dans la chambre nuptiale feront briller la lumière car ils ne sont pas comme les mariages qui se font dans la nuit, dont le feu s’allume seulement dans la nuit puis s’éteint. Mais les mystères de ce mariage s’accomplissent dans le jour et la lumière, ce jour et cette lumière qui ne s’éteignent pas.

    (128 et 129) Si quelqu’un devient un fils de la chambre nuptiale, il recevra la lumière. Si quelqu’un ne la reçoit pas tant qu’il est dans ces lieux, il ne pourra la recevoir nulle part ailleurs. Celui qui recevra cette lumière-là ne sera ni vu ni compris, et personne ne pourra l’affliger alors même qu’il séjourne dans le monde. Et quand il quittera le monde, il aura déjà reçu la Vérité en images. Et le monde est devenu pour lui l’Eon, car l’Eon est pour lui la plénitude (plèrôma). Et il l’est de cette façon : il lui est manifesté à lui seul ; il n’est pas caché dans les ténèbres ni dans la nuit, mais il est caché dans un jour parfait et dans une lumière sainte.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:27

    Evangile de Pierre


    Origine syrienne, daterait des années 30. Trouvé dans la tombe d'un moine en Egypte en 1886. Décrit la passion en minimisant les souffrances. Il fait ressortir la puissance pour montrer la divinité de Jésus.

     

    1 . Nul d'entre les juifs ne se lava les mains, ni Hérode ni l'un de ses juges. Et comme ils n'avaient pas voulu se laver les mains, Pilate se leva et partit.

    2. Alors le roi Hérode ordonne que l'on emmène le Seigneur, disant:" Exécutez tous les ordres que je vous ai donnés à son sujet."

    3. Joseph, l'ami de Pilate et du Seigneur, se trouvait là; sachant qu'on allait le crucifier, il se rendit chez Pilate et lui demanda le corps du Seigneur, en vue de sa sépulture.

    4.Pilate fit demander le corps à Hérode.

    5. Hérode répondit: " Frère Pilate, même si personne ne l'avait réclamé, nous l'ensevelissions, puisque le sabbat va commencer. Car il est écrit dans la loi: Que le soleil ne se couche pas sur un supplicié." Et il le livra au peuple, avant le premier jour des Azymes, leur fête.

    6. Ils saisirent le Seigneur et ils l'entrainaient en hâte, et disaient: "Emmenons le Fils de Dieu, maintenant que nous le tenons en notre pouvoir." 

    7. Ils le revêtirent de pourpre et le firent asseoir sur une chaire de jugement, disant: " Juge selon la justice,roi d'Israël !" 

    8. L'un d'eux apporta une couronne d'épine et la posa sur la tête du Seigneur.

    9. D'autres, dans l'assistance,lui crachèrent au visage, d'autres le giflèrent, d'autres le piquaient avec un roseau, certains le flagellaient, disant:" Voilà les honneurs que nous devons au fils de Dieu !".

    10. Ils amenèrent deux malfaiteurs, entre lesquels ils crucifièrent le Seigneur. Et lui se taisait, comme s'il n'éprouvait aucune souffrance.

    11. Lorsqu'ils avaient dressé la croix, ils y avaient inscrit: " Celui-ci est le roi d'Israël".

    12. Ils déposèrent ses vêtements devant lui et se les partagèrent en les tirant au sort.

    13.Un des malfaiteurs les admonesta en ces termes: "Nos crimes nous ont mérité ce supplice, mais lui,qui est le sauveur des hommes, quel mal vous a-t-il fait ?"
    14. Eux, pleins d'irritation, ordonnèrent de ne pas lui rompre les jambes, de peur que la mort ne mit un terme à ses souffrances.

    15. Il était midi et l'obscurité se répandit par toute la Judée. Ils étaient inquiets: ils craignaient que le soleil ne se couchât alors qu'il vivait encore. Leur loi dit en effet que le soleil ne doit pas se coucher sur un supplicié. 

    16. Et l'un d'entre eux dit: " Donnez-lui à boire du fiel mêlé de vinaigre." Ils préparèrent le breuvage et le lui donnèrent.

    17. Et ils accomplirent toutes choses, et ils amoncelèrent leurs fautes sur leurs têtes.

    18. Beaucoup circulaient avec des torches, croyant que c'était la nuit, et ils tombèrent. 

    19. Et le Seigneur cria, disant: " Force, ô ma force, tu m'a abandonné !" Ayant parlé, il fut élevé.

    20. A cet instant, le voile du temple de Jérusalem se déchira en deux.

    21. Alors ils retirèrent les clous des mains du Seigneur et l'étendirent sur le sol. Et toute la terre trembla, et il y eut une grande frayeur. 
    22. Puis le soleil se remit à briller: c'était la neuvième heure.

    23. Les juifs se réjouirent, et donnèrent son corps à Joseph, afin qu'il l'ensevelît, puisqu'il avait vu tout le bien qu'il avait accompli. 

    24. Joseph prit le Seigneur, le lava,l'enveloppa dans un linceuil et le porta dans son propre tombeau appelé jardin de Joseph.

    25. Alors les juifs, les Anciens et les prètres, conscients du mal qu'ils s'étaient fait à eux-mêmes, commencèrent à se frapper la poitrine et à dire: " Malheur à nos fautes ! Le jugement approche et la fin de Jérusalem !"

    26. Mes compagnons et moi étions dans l'affliction. Bléssés dans nos âmes, nous nous tenions cachés, car ils nous recherchaient, ainsi que des malfaiteurs, et comme si nous voulions incendier le temple. 

    27. Nous jeûnions de surcroît, et restions assis dans le deuil et les larmes, nuit et jour, jusqu'au sabbat.

    28. Les scribes, les pharisiens et les anciens se réunirent entre eux, parce qu'ils avaient appris que tout le peuple murmurait et se frappait la poitrine, disant:" Si ces signes inouïs se sont produit à sa mort, voyez comme il était juste !" 

    29. Inquiets, les Anciens vinrent trouver Pilate et le supplièrent en ces termes: 

    30. "Donne-nous des soldats. Nous surveilleront son tombeau pendant trois jours, de peur que ses disciples ne viennent le dérober, que le peuple l'imagine ressuscité des morts et ne cherche à nous nuire." 

    31. Pilate leur donna le centurion Petronius avec des soldats pour garder le sépulcre. Des Anciens et des scribes les accompagnèrent au tombeau. 

    32. Ayant roulé la grande pierre, tous, aidés du centurion et des soldats la poussèrent à la porte du sépulcre. 

    33. Ils y apposèrent sept sceaux, puis ils dressèrent une tente et montèrent la garde. 

    34. Le lendemain, au commencement du sabbat, de Jérusalem et des environs arriva une foule qui voulait voir le sépulcre scellé.

    35. Dans la nuit qui précéda le dimanche, tandis que les soldats relevaient la garde, deux par deux, une grande voix retentit dans le ciel. 

    36. Et ils virent s'ouvrir les cieux et deux hommes, nimbés de lumière, en descendre et s"approcher du tombeau. 

    37. La pierre qui avait été placée à la porte roula d'elle même, et se rangea de coté, et le tombeau s'ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent. 

    38. A cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les Anciens, qui étaient là, eux aussi à monter la garde. 

    39. Et quand ils leurs eurent raconté ce qu'ils avaient vu, ils virent à nouveau trois hommes sortir du tombeau; deux d'entre eux soutenaient le troisième et une croix les suivait.

    40. Et tandis que la tête des deux premiers atteignait le ciel, celle de l'homme qu'ils conduisait par la main dépassait les cieux.

    41.Et l’on entendit une voix disant des cieux "As-tu annoncé la nouvelle à ceux qui dorment ?" 

    42. Et de la croix on entendit la réponse: " oui ". 

    43.Ces gens combinaient entre eux d'aller rapporter ces prodiges à Pilate. 

    44. Ils en débattaient encore, quand on vit à nouveau les cieux s'ouvrir et un homme descendre et entrer dans le sépulcre.

    45. A ce spectacle, le centurion et son escorte, dans la nuit, coururent chez Pilate, abandonnant le tombeau dont ils assuraient la garde, et en grand émoi, ils racontèrent tout ce qu'ils avaient vu, disant: " Il était véritablement le fils de Dieu."

    46. Pilate répondit: "Je suis pur du sang du fils de Dieu. C'est vous qui l'avez voulu?" 

    47. S'étant approchés, tous le priaient et le suppliaient d'ordonner au centurion et à ses soldats de ne répéter à personne ce qu'ils avaient vu. 

    48. " Mieux vaut pour nous, disaient-ils, nous charger du plus grand péché devant Dieu, que de tomber aux mains du peuple juif et d'être lapidés."

    49. Pilate donna donc ordre au centurion et aux soldats de ne pas souffler mot. 

    50. Le dimanche matin, Marie de Magdala, la disciple du Seigneur, craintive à cause des juifs, parce qu'ils étaient enflammés de colère, n'avait pas accompli au tombeau les devoirs que les femmes ont coutume d'acquitter vis-a-vis des morts qui leur sont chers. 

    51. Elle prit avec elle ses amies et entra dans le sépulcre où il avait été déposé. 

    52. Craignant d'être aperçues des juifs, elles disaient: " Puisque le jour où il a été crucifié nous n'avons pu pleurer et nous frapper la poitrine, faisons-le au moins aujourd'hui sur sa tombe.

    53. Mais qui nous roulera la pierre que l'on a placée à la porte du sépulcre, pour que nous puissions rentrer, nous asseoir auprés de lui et remplir notre office ?
    54. La pierre est grande et nous craignons que l'on ne nous voie. Si la force nous manque, jettons au moins devant la porte les offrandes que nous apportons en souvenir de lui ! Pleurons et frappons-nous la poitrine jusqu'à l'heure de rentrer chez nous."

    55. A leur arrivée, elles trouvèrent le tombeau ouvert. Elles s'approchèrent et se penchèrent pour regarder. Et elles virent un jeune homme, assis au milieu du tombeau. Il était beau et habillé d'un vêtement éblouissant. Il leur dit: 

    53. " Pourquoi êtes-vous venues? Qui cherchez-vous ? Ne serait-ce pas le crucifié ? Il est ressuscité et il est parti. Si vous ne me croyez pas, baissait-vous et regardez l'endroit où il gisait. Il n'y est pas, puisqu'il est ressuscité et qu'il s'en est allé là d'où il a été envoyé." 

    57.Alors les femmes, épouvantées, s'enfuirent. 

    58. C'était le jour des Azymes, et beaucoup s'en retournaient chez eux, la fête étant finie. 

    59. Nous les douze disciples du Seigneur, nous pleurions, nous étions dans le désarroi. Et chacun, consterné par ces évènements, rentra chez lui. 

    60. Moi, Simon Pierre et André mon frère, nous prîmes nos filets et gagnâmes la haute mer... Et Lévi était avec nous, fils d'Alphée, que le Seigneur....

    http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1893_num_6_21_5623
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:28

    E v a n g i l e  s e l o n Thomas

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi,

    Traduction : ?

    Voici les paroles secrètes que Jésus Vivant a prononcées et qu’a transcrites Didyme Judas Thomas.

    1. Jésus a dit : « Celui qui découvrira le sens de ces paroles ne goûtera pas à la mort. »

    2. Jésus a dit : « Que celui qui cherche n’arrête pas de chercher, jusqu’à ce qu’il trouve. Quand il aura trouvé, il sera bouleversé et, étant bouleversé il sera émerveillé et il régnera sur le Tout. »

    3. Jésus a dit : « Si vos guides vous disent que le Royaume est dans le ciel, alors les oiseaux du ciel vous devanceront. S’ils vous disent qu’il est dans la mer, alors les poissons vous devanceront. Mais le Royaume est en vous et hors de vous. Quand vous vous serez connu, alors vous serez ce qui est connu et vous saurez que vous êtes les enfants du Père Vivant. Mais si vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté, vous êtes la pauvreté. »

    4. Jésus a dit : « Que l’homme âgé n’hésite pas à interroger un enfant de sept jours sur le lieu de la Vie et il vivra, parce que beaucoup des premiers seront les derniers et ils seront l’Unique. »

    5. Jésus a dit : « Connais celui qui est devant toi et ce qui t’est caché te sera dévoilé, car il n’y a rien de voilé qui ne sera dévoilé. »

    6. Ses disciples lui demandèrent : « Veux-tu que nous jeûnions ? Comment prier ? Comment faire l’aumône ? Que devons-nous observer en ce qui concerne la nourriture ? » Jésus leur dit : « Soyez honnêtes et ne faites pas des choses que vous ne sentez pas, car tout est dévoilé devant le ciel. Il n’existe rien de caché qui n’apparaîtra et il n'existe rien de recouvert qui ne sera dévoilé. »

    7. Jésus a dit : « Heureux est le lion que mangera l’homme et le lion sera homme. Méprisable est l’homme que mangera le lion et le lion sera homme. »

    8. Jésus a dit : « L’homme est semblable à un pêcheur averti qui avait lancé son filet à la mer : il le retira de la mer rempli de petits poissons. Parmi ces poissons, ce pêcheur avisé découvrit un poisson gros et bon. Il rejeta tous les petits à la mer et choisit sans problème le gros poisson. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! »

    9. Jésus a dit : « Le semeur est sorti. Il a rempli sa main et il a lancé. Certaines graines sont tombées sur le chemin : les oiseaux se sont amassés et les ont picorées. D’autres graines sont tombées sur la rocaille et elles ne se sont pas enracinées ni ne sont montées en épis. D’autres sont tombées sur les épines, qui ont étouffé la semence et les vers les ont mangées. D’autres, enfin, sont tombées sur de la bonne terre : elles ont porté un bon fruit. Il y en a eu soixante par mesure et cent-vingt par mesure. »

    10. Jésus a dit : « J’ai lancé un feu sur le monde et je le maintiens jusqu’à ce qu’il embrase. »

    11. Jésus a dit : « Ce ciel finira et celui qui est au-dessus aussi. Les morts ne vivront pas et les vivants ne mourront pas. Quand vous mangez ce qui est mort, vous en faites quelque chose de vivant. Quand vous aurez été dans la lumière, imaginez ce que vous ferez ! Quand vous étiez Un, vous avez fait le deux ; mais désormais, étant deux, que ferez-vous ? »

    12. Ses disciples dirent à Jésus : « Nous savons que tu nous quitteras. Qui alors nous dirigera ? » Il leur répondit : « Au point où vous serez arrivés, vous irez vers Jacques le juste, car le ciel et la terre sont apparus pour lui. »

    13. Jésus dit à ses disciples : « Comparez-moi et dites-moi à quoi je ressemble. » Simon-Pierre lui dit : « Tu ressembles à un ange juste. » Matthieu lui dit : « Tu ressembles à un philosophe qui a du cœur. » Thomas lui dit : « Maître, ma bouche ne me permet pas de dire à qui tu ressembles. » Jésus lui répondit : « Je ne suis pas ton Maître, car tu t’es enivré à la source vive que j’ai moi-même mesurée. Il le prit à part et lui dit trois mots. Quand Thomas revint vers ses amis, ils lui demandèrent ce que Jésus lui avait dit. Thomas leur répondit : « Si je vous révélais une des paroles qu’il m’a confiées, vous prendriez des pierres et me les lanceriez ; le feu sortirait de ces pierres et vous consumerait. »

    14. Jésus a dit : « Si vous jeûnez, vous vous ferez du mal. Si vous priez, on vous condamnera. Si vous faites l’aumône, vous ferez du tort à votre esprit. Si vous allez dans une contrée et qu’on vous y accueille, mangez ce que l’on mettra devant vous et soignez ceux d’entre eux qui sont malades. Ce qui entrera dans votre bouche ne vous souillera pas, mais ce qui en sortira vous souillera. »

    15. Jésus a dit : « Quand vous verrez Celui qui n’a pas été engendré par une femme, prosternez vous et adorez-le : C’est lui votre Père. »

    16. Jésus a dit : « Les hommes croient peut-être que je suis venu dans le monde pour apporter la paix. Mais ils ne savent pas que je suis venu apporter des divisions sur terre : le feu, l’épée, la guerre. Dans une maison de cinq, trois seront contre deux et deux contre trois. Le père sera contre le fils et le fils contre le père. Ils se lèveront et seront l’Unique. »

    17. Jésus a dit : « Je vous donnerai ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que la main n’a pas touché et ce qui n’est pas monté dans le cœur de l’homme. »

    18. Ses disciples demandèrent à Jésus de leur décrire leur fin. Il leur répondit : « Avez-vous dévoilé le commencement pour chercher la fin ? Là où est le commencement, là sera la fin. Bienheureux celui qui se tiendra dans le commencement et il connaîtra la fin : il ne goûtera pas à la mort. »

    19. Jésus a dit : « Bienheureux celui qui était déjà avant d’exister. Si vous êtes mes disciples et comprenez mes paroles, ces pierres vous serviront. Il existe cinq arbres dans le paradis et ils ne changent pas ni en été ni en hiver, non plus que leurs feuilles ne tombent. Celui qui les connaîtra ne goûtera pas à la mort. »

    20. Ses disciples dirent à Jésus : « Dis-nous à quoi ressemble le royaume des cieux. » Il leur répondit : « Il est semblable à une graine de moutarde, qui est la plus petite de toutes les semences. Quand elle tombe sur une terre favorable, elle produit un grand arbre qui devient un abri pour les oiseaux du ciel. »

    21. Mariam demanda à Jésus de lui décrire ses disciples. Il lui répondit : « Ils sont comme des petits enfants installés dans un champ qui ne leur appartient pas. Quand les maîtres de ce champ viendront, ils leur ordonneront de leur laisser le champ. Eux, ils enlèvent leurs vêtements devant les maîtres du champ et ils leur laissent. Voilà pourquoi je dis que si le maître de la maison connaît l’heure de la venue du voleur, il veillera et ne le laissera pas percer la maison de son royaume et partir avec ses biens. Quant à vous, soyez vigilants dans le monde et rassemblez bien vos énergies,afin que les brigands ne trouvent pas un moyen de parvenir à vous. En effet, le profit que vous attendez, ils le trouveront. Qu’il y ait en vous un homme averti ! Une fois le fruit mûr, cet homme averti vient sans tarder avec sa faucille et il le cueille. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! »

    22. Voyant des petits qui tétaient, Jésus dit à ses disciples : « Ces petits qui tètent sont semblables à ceux qui entrent au Royaume. » Ils lui demandèrent : « Devons-nous être petits pour entrer au Royaume ? » Il leur répondit : « Quand pour vous le deux sera l’Unique, quand l’intérieur sera l’extérieur et le haut comme le bas, afin de faire le mâle et la femelle en un seul, de sorte que le mâle ne soit pas mâle et la femelle femelle, quand vous verrez des yeux à la place d'un œil, quand pour vous une main sera une main, quand un pied sera un pied et une image une image, alors vous entrerez dans le Royaume. »

    23. Jésus a dit : « J’en choisirai un entre mille et deux entre dix mille : ils se dresseront, étant l’Unique. »

    24. Ses disciples lui demandèrent : « Informe-nous sur le lieu où tu te trouves, car il faut que nous le cherchions. » Il leur répondit : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! Il y a de la lumière dans un être lumineux et il illumine l’univers entier. S'il n’illumine pas c’est qu’il est ténèbres. »

    25. Jésus a dit : « Aime ton frère comme ton âme et veille sur lui comme sur la prunelle de tes yeux. »

    26. Jésus a dit : « Tu distingues le brin de paille dans l’œil de ton frère, mais tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien. Quand tu en auras fini avec la poutre de ton œil, alors tu verras clair et tu pourras enlever le brin de paille de l’œil de ton frère. »

    27. « Si vous ne jeûnez pas au monde, vous ne découvrirez pas le Royaume. Si vous ne faites pas du sabbat le sabbat, vous ne verrez pas le Père. »

    28. Jésus a dit : « Je me suis tenu au milieu du monde et je me suis manifesté à eux en chair et en os. Je les ai trouvés tous ivres. Je n’ai découvert parmi eux personne qui eût soif : mon âme a souffert pour les fils des hommes, parce que leur cœur est aveugle. Ils ne voient pas qu’ils sont venus au monde vides et qu’ils s’apprêtent à en ressortir aussi vides. Mais ils sont ivres ; quand ils auront cuvé leur vin, ils changeront d’attitude. »

    29. Jésus a dit : « Quand le corps vient à cause de l’esprit, c’est une merveille. Mais quand l’esprit vient à cause du corps, c’est une merveille des merveilles. Quant à moi, je m’émerveille que cette richesse ait habité cette pauvreté. »

    30. Jésus a dit : « Là où il y a trois dieux, ce sont des dieux. Là où il y a deux ou un, moi je suis avec lui. »

    31. Jésus a dit : « Aucun prophète n’est accepté dans son village. Aucun médecin ne soigne ceux qui le connaissent. »

    32. Jésus a dit : « Une cité érigée sur un mont élevé et qui est fortifiée ne peut pas tomber, non plus qu’elle ne peut être cachée. »

    33. Jésus a dit : Ce que tu entendras d’un côté, de l’autre proclame-le sur les toits. Car personne n’allume une lampe pour la mettre sous le boisseau ou dans un endroit caché ; on la met sur un lampadaire, là où tous les passants voient sa lumière. »

    34. Jésus a dit : « Si un aveugle guide un autre aveugle, les deux tombent dans un trou. »

    35. Jésus a dit : « On ne peut entrer dans la maison du fort et la prendre de force, à moins d’abord de lui lier les mains : alors on peut bouleverser sa maison. »

    36. Jésus a dit : « Ne vous souciez pas, du matin au soir et du soir au matin, des vêtements que vous porterez. »

    37. Ses disciples dirent à Jésus : « Quand te manifesteras-tu à nous et quel jour te verrons-nous ? Jésus leur répondit : « Lorsque vous délaisserez votre honte et prendrez vos vêtements, les déposerez à vos pieds, comme font les petits enfants, les piétinerez, alors vous contemplerez le Fils du Vivant et vous n’aurez pas peur. »

    38. Jésus a dit : « Souvent vous avez souhaité entendre ces paroles que je vous dis et vous n’aviez personne d'autre de qui les entendre. Un jour vous me chercherez et ne me trouverez pas. »

    39. Jésus a dit : « Les pharisiens et les scribes ont pris les clés de la connaissance et les ont cachées. Ils ne sont pas entrés et en ont empêché ceux qui le voulaient. Quant à vous, soyez prudents comme des serpents et purs comme des colombes. »

    40. Jésus a dit : « Un cep de vigne a été planté hors du Père : n’étant pas fort, il sera extirpé à sa racine et il périra. »

    41. Jésus a dit : « À celui qui possède on donnera ; mais à celui qui ne possède pas, même le peu qu’il a lui sera enlevé. »

    42. Jésus a dit : « Soyez passants. »

    43. Ses disciples dirent à Jésus : « Qui es-tu, toi qui nous dis ces choses ? » Il leur répondit : « Par les paroles que je vous dis, ne savez-vous pas qui je suis ? Mais vous êtes comme les Juifs : ils aiment l’arbre mais détestent son fruit ; ils aiment le fruit mais détestent l’arbre. »

    44. Jésus a dit : « À celui qui blasphème contre le Père, on pardonnera. À celui qui blasphème contre le Fils, on pardonnera. Mais à celui qui blasphème contre le Pur Esprit, on ne pardonnera ni sur terre ni au ciel. »

    45. Jésus a dit : « On ne récolte pas de raisin sur des épines et on ne cueille pas de figues sur des chardons, car ils ne portent pas de fruit. Un homme bon, de son trésor tire du bon et un homme mauvais tire du mauvais du mauvais trésor dans son cœur, et il vous adresse des paroles mauvaises : de l’abondance de son cœur, il ne tire jamais que du mauvais. »

    46. Jésus a dit : « De Adam à Jean le Baptiste, de tous ceux qui sont enfantés de femmes, aucun n’est plus grand que Jean le Baptiste et ses yeux ne seront pas détruits. Par contre, j’ai dit que celui qui sera petit parmi vous connaîtra le Royaume et sera plus grand que Jean. »

    47. Jésus a dit : « Il est impossible à un homme de monter deux chevaux ou de bander deux arcs. Il est impossible qu’un serviteur serve deux maîtres, sinon, il honorera l’un et fera outrage à l’autre. Un homme ne boit jamais du vin vieux pour aussitôt en réclamer du nouveau. De plus, on ne verse pas du vin nouveau dans de vieilles outres, de peur qu’elles n’éclatent. On ne verse pas du vin vieux dans une outre neuve, de peur qu’elle ne le gâte. On ne coud pas une vieille pièce sur un vêtement neuf, car il se déchirerait. »

    48. Jésus a dit : « Si deux font la paix dans cette maison, ils pourront dire à cette montagne “ éloigne-toi ” et elle s’éloignera. »

    49. Jésus a dit : « Bienheureux êtes-vous, les solitaires, les élus, parce que vous trouverez le Royaume. Puisque vous en venez, vous y retournerez. »

    50. Jésus a dit : Si on vous demande : « D’où êtes-vous ? », répondez : « Nous sommes venus de la lumière, là où elle est née d’elle-même. Elle a surgi et s’est manifestée par leur image. » Si on vous demande qui vous êtes, répondez : « Nous sommes ses fils et nous sommes les élus du Père Vivant. » Si on vous demande quel est le signe de votre Père en vous, répondez : « C’est un mouvement et un repos. »

    51. Ses disciples demandèrent à Jésus : « Quand viendra le repos des morts ? Quand le monde nouveau viendra-t-il ? » Il leur répondit : « Ce que vous attendez est venu, mais vous ne le reconnaissez pas. »

    52. Ses disciples lui dirent : « Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israël et ils ont tous parlé de toi. » Il leur répondit : « Vous avez négligé Celui qui est vivant ici maintenant et vous avez parlé des morts. »

    53. Ses disciples demandèrent à Jésus si la circoncision était utile ou non. Il leur répondit : « Si elle était utile, leur père les engendrerait circoncis de leur mère. Mais la vraie circoncision, celle de l’esprit, est totalement utile. »

    54. Jésus a dit : « Heureux êtes-vous, les pauvres, parce que le royaume des cieux est à vous. »

    55. Jésus a dit : « Celui qui ne renonce pas à son père ou à sa mère ne pourra pas être mon disciple. Celui qui ne renonce pas à ses frères et sœurs, et ne porte pas sa croix comme je la porte ne sera pas digne de moi. »

    56. Jésus a dit : « Celui qui a connu le monde a trouvé un cadavre ; celui qui a trouvé un cadavre,le monde n’est pas digne de lui. »

    57. Jésus a dit : « Le royaume du Père est semblable à un homme qui possédait une bonne semence. Son ennemi est venu durant la nuit et a semé de l’ivraie parmi la bonne semence. L’homme ne laissa cependant pas les travailleurs arracher l’ivraie, de peur, disait-il, d’arracher le blé avec l’ivraie. Car au jour de la moisson, l’ivraie sera reconnaissable : on l’arrachera et on la brûlera. »

    58. Jésus a dit : « Heureux l’homme qui a connu l’épreuve, car il a trouvé la Vie. »

    59. Jésus a dit : « Tant que vous vivez, regardez Celui qui est vivant, de peur que vous ne mouriez et ne cherchiez alors à le voir sans y arriver. »

    60. Ils virent un Samaritain portant un agneau et se rendant en Judée. Jésus dit à ses disciples : « Que va-t-il faire de l’agneau ? » Ses disciples lui répondirent : « Le tuer et le manger. » Il leur répondit : « Tant qu’il est vivant, il ne le mangera pas, à moins qu’il ne le tue et ne devienne cadavre. » Ils lui dirent : « Autrement, il ne pourra le faire. » Il leur répondit : « Vous-mêmes, cherchez votre lieu de repos, de peur que vous ne soyez cadavres et ne soyez mangés. »

    61. Jésus a dit : « Deux reposeront sur un lit : l’un mourra et l’autre vivra. » Salomé dit : « Qui es tu, homme ? Est-ce en tant qu’issu de l’Unique que tu es monté sur mon lit et que tu as mangé à ma table ? » Jésus lui répondit : « Je suis Celui qui est, issu de Celui qui est égal. Il m’a été donné ce qui vient de mon Père. » Elle lui répondit : « Je suis ta disciple. » Jésus répondit : « C’est pourquoi je dis : « Quand le disciple sera désert, il sera rempli de lumière ; mais quand il sera partagé, il sera rempli de ténèbres. »

    62. Jésus a dit : « Je révèle mes mystères à ceux qui en sont dignes. Que ta main gauche ne sache pas ce que ta main droite fait. »

    63. Jésus a dit : « Il y avait un homme immensément riche, qui se disait : “ J’utiliserai ma fortune à semer, moissonner, planter, remplir mes greniers de grain, afin que je ne manque de rien. ” C’est ce qu’il pensait en son for intérieur. Or, la nuit même, il mourut. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! »

    64. Jésus a dit : « Un homme avait des invités. Après avoir préparé le repas, il envoya son serviteur pour les convier. Le serviteur alla trouver le premier et lui dit : “ Mon maître te convie.” Celui-ci lui répondit : “ J’ai de l’argent pour des marchands et ils viennent ce soir : je vais leur donner des ordres. Je te prie de m’excuser pour le repas. ” Le serviteur alla trouver un autre invité et leur dit : “ Mon maître te convie. ” Celui-ci répliqua : “ J’ai acheté une maison et on me demande un jour. Je ne serai pas disponible.” Le serviteur alla vers un autre invité et lui dit : “ Mon maître te convie. ” Celui-ci lui répondit : “ Mon ami va se marier et c’est moi qui préparerai le repas : je ne pourrai pas venir. Veuille m’excuser pour le repas. ” Le serviteur vint trouver un autre invité et lui dit : “Mon maître te convie. ” Celui-ci lui dit : “ Je viens d’acheter une ferme et je vais percevoir les redevances ; je ne pourrai aller au repas. Veuille m’en excuser. ” Le serviteur retourna chez son maître et lui dit : “ Ceux que tu avais invités se sont tous excusés. ” Le maître lui dit : “ Va sur les chemins et amène ceux que tu trouveras pour prendre le repas. Les acheteurs et les marchands n’entreront pas dans les lieux de mon Père. ” »

    65. Jésus a dit : « Un homme riche possédait une vigne. Il la confia à des cultivateurs pour qu’ils la travaillent, afin d’en récolter le fruit de leurs mains. Il envoya son serviteur accepter le fruit de la vigne des cultivateurs. Ils s’emparèrent du serviteur et le frappèrent ; encore un peu et ils l’auraient tué. Le serviteur s’en alla le dire à son maître. Celui-ci dit : “ Peut-être ne les a-t-il pas connus. ” Il envoya un autre serviteur : les cultivateurs le frappèrent lui aussi. Le maître envoya alors son fils, se disant : “ Peut-être respecteront-ils mon fils. ” Comme les cultivateurs savaient que c’était lui l’héritier de la vigne, ils s’en saisirent et le tuèrent. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! »

    66. Jésus a dit : « Montrez-moi la pierre que les bâtisseurs ont rejetée : c’est elle la pierre angulaire. »

    67. Jésus a dit : « Celui qui connaît le Tout mais qui est séparé de lui-même est séparé du Tout. »

    68. Jésus a dit : « Soyez heureux quand on vous hait et qu’on vous persécute ; on ne trouvera aucun lieu là même où l’on vous a persécuté. »

    69. Jésus a dit : « Heureux ceux qu’on a persécutés dans leur cœur. Ce sont eux qui ont connu le Père en vérité. Heureux les affamés, car le ventre de celui qui veut sera rassasié. »

    70. Jésus a dit : « Quand vous engendrerez cela en vous, ce qui est à vous vous sauvera ; mais si vous n’avez pas cela en vous, ce qui n’est pas à vous vous tuera. »

    71. Jésus a dit : « Je renverserai cette maison et personne ne pourra la reconstruire. »

    72. Un homme lui demanda : « Parle à mes frères afin qu’ils partagent les biens de mon père avec moi. » Il leur répondit : « Homme, qui a fait de moi un partageur ? » Se tournant vers ses disciples, il leur demanda : « Suis-je un partageur ? »

    73. Jésus a dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître d’envoyer des ouvriers à la moisson. »

    74. Jésus a dit : « Maître, il y a beaucoup de gens autour du puits, mais personne dedans. »

    75. Jésus a dit : « Beaucoup de gens se tiennent près de la porte, mais ce sont les solitaires qui entreront dans le lieu du mariage. »

    76. Jésus a dit : « Le royaume du Père est semblable à un marchand qui possédait un ballot au moment où il trouva une perle. Comme ce marchand était un sage, il vendit le ballot et s’acheta la perle unique. Vous aussi, cherchez le trésor qui ne périt pas, celui qui demeure, où la mite ne vient pas manger et où le ver ne détruit pas. »

    77. Jésus a dit : « Je suis la lumière qui est sur eux tous. Je suis le Tout. Le Tout est sorti de moi et le Tout est venu à moi. Fendez du bois, je suis là ; soulevez la pierre, vous me trouverez là. »

    78. Jésus a dit : « Pourquoi battez-vous la campagne ? Pour voir un roseau agité par le vent et voir un homme portant des vêtements raffinés ? Là résident vos rois et vos grands ; ils portent des vêtements raffinés mais ils ne pourront connaître la vérité. »

    79. Une femme dans la foule lui dit : « Bienheureux le ventre qui t'a porté et les seins qui t’ont nourri ! » Il lui répondit : « Bienheureux plutôt ceux qui ont entendu la parole du Père et qui l’ont gardée en vérité ! Car il viendra des jours où vous direz : Bienheureux le ventre qui n’a pas conçu et les seins qui n’ont pas donné de lait ! »

    80. Jésus a dit : « Celui qui a connu le monde a trouvé le corps ; mais celui qui a trouvé le corps, le monde n’est pas digne de lui. »

    81. Jésus a dit : « Que celui qui est devenu riche devienne roi et que celui qui a le pouvoir y renonce ! »

    82. Jésus a dit : « Celui qui est près de moi est près du feu et celui qui est loin de moi est loin du Royaume. »

    83. Jésus a dit : « Les images se manifestent à l’homme et la lumière en elles est celée. Dans l’image de la lumière du Père elle se révélera et son image sera obscurcie par sa lumière. »

    84. Jésus a dit : « Quand vous voyez votre forme, vous vous réjouissez. Mais quand vous verrez les originaux qui étaient en vous au commencement, qui ne meurent jamais ni se manifestent, comment pourrez-vous le supporter ? »

    85. Jésus a dit : « Adam a été engendré d’une grande puissance et d’une grande richesse, et il n’était pas digne de vous. Car s’il avait été digne de vous, il n’aurait pas goûté à la mort. »

    86. Jésus a dit : « Les renards ont leurs tanières et les oiseaux leur nid ; mais le Fils de l’Homme n’a aucun endroit où poser sa tête et se reposer. »

    87. Jésus a dit : « Misérable est le corps qui dépend d’un corps et misérable est l’âme qui dépend des deux. »

    88. Jésus a dit : « Les anges viendront avec les prophètes et vous donneront ce qui vous appartient. Donnez-leur ce que vous tenez et dites-vous ceci : quand viendront-ils recevoir ce qui leur appartient ? »

    89. Jésus a dit : « Pourquoi lavez-vous le dehors de la coupe ? Ne saisissez-vous pas que celui qui a créé le dedans de la coupe est le même que celui qui a créé le dehors ? »

    90. Jésus a dit : « Venez à moi parce que mon joug est léger et mon autorité douce, et vous trouverez le repos. »

    91. Ils dirent à Jésus : « Dis-nous qui tu es, de sorte que nous croyions en toi. » Il leur répondit : « Vous étudiez la face du ciel et de la terre, mais vous ne connaissez pas Celui qui ici est devant vous, non plus que vous savez apprécier le moment présent. »

    92. Jésus a dit : « Cherchez et vous trouverez. Mais les choses sur lesquelles vous m’interrogiez autrefois, je ne vous les ai pas dites, mais maintenant que je souhaite vous les révéler, vous ne me les demandez pas. »

    93. Jésus a dit : « Ne donnez pas ce qui est pur aux chiens, de peur qu’ils ne le jettent dans le fumier. Ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les souillent. »

    94. Jésus a dit : « Celui qui cherche trouvera et à celui qui frappe on ouvrira. »

    95. Jésus a dit : « Si vous possédez de l’argent, ne prêtez pas à usure, mais donnez plutôt à celui qui ne vous le rendra pas. »

    96. Jésus a dit : « Le royaume du Père est semblable à une femme qui a pris un peu de levain pour le cacher dans la pâte et en faire de gros pains. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! »

    97. Jésus a dit : « Le royaume du Père est semblable à une femme qui portait une cruche remplie de farine et marchait longuement sur la route. L’anse de la cruche s’étant brisé, la farine se déversa derrière elle sur la route. Comme elle ne le savait pas, elle ne s’en affligea point. Arrivée à la maison, elle posa la cruche par terre et la trouva vide. »

    98. Jésus a dit : « Le royaume du Père est semblable à un homme qui voulait tuer un personnage important. Il sortit d’abord son épée chez lui et transperça le mur, afin de vérifier si sa main serait sûre. Ensuite il tua le personnage important. »

    99. Ses disciples dirent à Jésus : « Tes frères et ta mère sont là dehors. » Il leur répondit : « Ceux qui ici font la volonté de mon Père, ce sont eux mes frères et ma mère. Ce sont eux qui entreront dans le royaume de mon Père. »

    100. On montra une pièce d’or à Jésus, en lui disant : « Les percepteurs de César exigent de nous des tributs. » Il leur répondit : « Donnez à César ce qui est à César, donnez à Dieu ce qui est à Dieu et ce qui est à moi, donnez-le moi. »

    101. Jésus a dit : « Celui qui ne renonce pas à son père et à sa mère comme moi ne pourra devenir mon disciple. Mais celui qui n’aime pas son Père et sa Mère comme moi ne pourra devenir mon disciple. Car ma mère m’a enfanté, mais ma Mère véritable m’a donné la Vie. »

    102. Jésus a dit : « Malheureux pharisiens ! Ils ressemblent à un chien couché dans la mangeoire des bœufs : il ne mange pas ni ne laisse les bœufs manger. »

    103. Jésus a dit : « Heureux l’homme qui connaît le lieu et l’heure de la venue des brigands. Il se lèvera et rassemblera ses énergies avant qu’ils ne pénètrent. »

    104. On dit à Jésus : « Viens, prions et jeûnons aujourd’hui. » Il répondit : « Quelle faute ai-je donc commise et en quoi suis-je esclave ? Mais quand l’époux sortira de la chambre nuptiale, alors qu’on jeûne et qu’on prie ! »

    105. Jésus a dit : « Appellera-t-on celui qui connaît le Père et la Mère fils de prostituée ? »

    106. Jésus a dit : « Quand vous verrez l’Unique dans le deux, vous serez Fils de l’homme et si vous dites à la montagne de s’éloigner, elle s’éloignera. »

    107. Jésus a dit : « Le Royaume est semblable à un berger possédant cent moutons. Le plus gros d’entre eux disparut. Il laissa les quatre-vingt-dix-neuf autres et chercha l’unique, jusqu’à ce qu’il l’eût trouvé. Après cette épreuve, il dit au mouton : Je te veux plus que les quatre-vingt-dix-neuf autres ! »

    108. Jésus a dit : « Celui qui boit à ma bouche sera comme moi. Moi aussi je serai lui et ce qui est

    caché lui sera révélé. »

    109. Jésus a dit : « Le Royaume est semblable à un homme ayant un trésor caché dans son champ. À sa mort, il le légua à son fils, qui, lui aussi, ignorait tout : il vendit le champ. L’acheteur s’amena. En labourant, il trouva le trésor et se mit à prêter de l’argent à usure à qui il voulait. »

    110. Jésus a dit : « Que celui qui a trouvé le monde et est devenu riche renonce au monde ! »

    111. Jésus a dit : « Les cieux et la terre passeront devant vous, mais le Vivant venu du Vivant ne connaîtra ni la mort ni la peur, parce que celui qui se trouve lui-même, le monde n’est pas digne de lui. »

    112. Jésus a dit : « Malheureuse est la chair qui dépend de l’âme ! Malheureuse est l’âme qui dépend de la chair ! »

    113. À ses disciples qui lui demandaient quel jour le Royaume viendrait, Jésus répondit : « Ce n’est pas en guettant qu’on le verra arriver. On ne dira pas : le voici, il est ici ! ni : voici le moment ! Le royaume du Père s’étend sur la terre, mais les hommes ne le voient pas. »

    114. Simon Pierre dit : « Que Mariam sorte d’ici, parce que les femmes ne sont pas dignes de la Vie. » Jésus répliqua : « Voici que je l’attirerai, pour la faire mâle, pour qu’elle aussi soit un esprit vivant, semblable à vous les mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le royaume des cieux. »

    Notes sur l’Évangile de Thomas
    Ce précieux texte a été découvert en 1945, à Nag Hamadi, dans le désert égyptien. Depuis tous ces siècles, il n'a pas pu être remanié par ceux qui avaient un système religieux à promouvoir. Avec ses quelque 114 logia lapidaires, il ramène la tradition chrétienne à l’essentiel de toute vie lumineuse.

    Comme ce texte ne fait pas dans le messianisme, il constitue une menace intolérable pour le christianisme officiel que nous connaissons : c’est pourquoi l’Église catholique préfère feindre d’en ignorer l’existence. Après sa découverte, les exégètes officiels du système se sont empressés d’en minimiser l’importance, principalement en argumentant que sa rédaction devait être postérieure à celle des évangiles canoniques. Or, cela n’est ni démontré ni important. La seule chose digne d’intérêt demeure le contenu extraordinaire de ce texte, dont même l’exégète le plus tatillon et de plus mauvaise foi ne peut contester l’existence. Ces paroles, ou logia, parlent à partir du cœur même du réel et s’adressent à lui, car elles sont vivantes et se réfèrent à la vie éternelle.

    L’authenticité de ces logia se trouve démontrée partout dans le monde : dans le cœur de l’homme, d'abord et avant tout, mais aussi dans les textes de première main des traditions spirituelles orientales, qui viennent corroborer la parole du maître de Galilée. En science, on ne considère une expérience valide et authentique que si elle peut être reproduite de façon indépendante par d’autres chercheurs. Or, il se trouve que c’est la réalité éternelle à laquelle se réfèrent les logia de Thomas qui est corroborée et non les nébuleuses élucubrations messianiques érigées en système de croyance aux premiers siècles de notre ère par un quarteron d’hommes confus et agités, et qui a, depuis, fait office de religion en Occident. Mais comment la parole du maître peut-elle accomplir sa révolution de lumière si elle doit passer par une oreille encombrée et aboutir dans un cœur embarrassé d’histoires à dormir debout ? Le regard libre, lui, reconnaît sans peine la vérité d’un texte. Car seule la lumière reconnaît la lumière. Commentaires de Shantidas

    On peut être tenté de prendre à la lettre l’expression "frère jumeau" (didyme). Il est vrai que Jésus avaient des frères et sœurs, mais celui-ci ayant de la famille une conception plus spirituelle que biologique, il faut prendre avec précaution l’expression et imaginer qu’il s’agit d’un proche affectif de Jésus semblable à lui de par une initiation et des buts communs. Sa lecture est réjouissante, car elle présente des paroles de sagesse orientale, telles celles que recherchent les occidentaux aujourd’hui en s’accrochant à des philosophies ou religions qui leur échappent complètement. Nul besoin de plier devant une statue pour approcher le divin. Il suffit de faire la lumière sur ce que les Églises ont caché et trahi.

    Le ciel n’est pas lointain, c’est un état d’âme ; ouvrez votre cœur et il y entrera un flot de lumière qui vous apportera une joie sans borne ; il existe un silence où l’âme peut rencontrer son Dieu ; c’est là que réside la source de la Sagesse ; entre dans ce domaine et tu seras immergé dans la lumière et remplis d’amour, de sagesse et de pouvoirs. La volonté humaine doit être absorbée par la volonté divine , alors tu verras allumer le 6 eme candélabre (rose ou chakra du front, le 3ème œil) ; regarde au plus profond du temple de ton cerveau et tu apercevras cette lumière.

    Le Christ officie auprès d’autels qui ne sont pas construits de mains d’hommes ; ses temples ne sont pas les Églises de bois et de pierres, mais sont les coeurs des hommes saints. Le royaume est en vous ; Dieu est plus proche de vous, que vos mains et vos pieds ; lorsque vous "vous connaîtrez", il faut entendre que ceci concerne la force créatrice ou force sexuelle ; l’Ange annonce à Marie qu’elle va engendrer le future Messie et elle répond comment se ferait-il, car je ne "connais" point d’homme ; l’oracle de Delphes dit « homme connais toi toi-même et tu connaîtras l’univers ».

    Par la force du St-Esprit ou force créatrice de l’univers l’homme peut s’engendrer lui-même en une nouvelle créature : le Christ intérieur. - Johannes
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:28

    Les manuscrits de l'Évangile selon Thomas


    L’Évangile selon Thomas a été retrouvé en 1945 parmi un lot de papyri découverts à Nag Hammadi, en Haute Égypte. Dès sa publication, ce texte apocryphe a suscité beaucoup d’intérêt tant du côté des chercheurs que du grand public en raison de parallélismes avec certains passages des évangiles canoniques. Le texte est un recueil de 114 paroles attribuées à Jésus et qui semblent, à première vue, avoir été rassemblées sans plan précis.
    Le manuscrit copte


    Les "Évangiles" disparus de la Bible Wc8k
    Pages 32 et 33 du codex II de Nag Hammadi


         Le manuscrit de l’Évangile selon Thomas provenant de Nag Hammadi est l’un des traités du codex II qui suit immédiatement la fin de l’Apocryphe de Jean. S’étendant sur 20 pages, le texte a été rédigé en copte, probablement à partir d’un original grec. Écrit en lettres majuscules sans espace entre les mots, selon l’usage de l’époque, on a utilisé le papyrus comme support d’écriture. Malgré la fragilité du support, son texte a été assez bien préservé et il est conservé aujourd’hui au Musée copte du Caire.


    Les "Évangiles" disparus de la Bible 31ls

    Dans l'ordre habituel : POxy 1, 654 et 655


    Des fragments de cet évangile – dans sa version grecque – ont été découverts et publiés au début du XXe siècle. On les désigne sous le nom de papyri d’Oxyrhynque (1, 654 et 655). Ils n’ont été identifiés comme faisant partie de l’Évangile de Thomas qu’après la découverte des codex de Nag Hammadi.


         Le premier de ces papyri grecs, actuellement conservé à Oxford (POxy 1), comporte les logia (ou paroles) 26-30, 77b, 31-33 (dans cet ordre). On date ce papyrus du début du IIIe siècle. Le papyrus 654, actuellement à Londres, conserve les logia 1 à 7 et date du milieu du IIIe siècle. Le troisième fragment (POxy 655), conservé à l’Université Harvard, conserve les logia 24 et 36-39; il date de la première moitié du IIIe siècle.


         Tous ces textes, avec leurs variantes par rapport au texte copte, montrent que l’Évangile de Thomas a circulé assez largement jusqu’en Égypte du IIe au IVe siècle. On trouve d’ailleurs quelques traces de cet apocryphe dans les œuvres des Pères de l’Église


    Un évangile condamné

         Comme plusieurs textes qui circulaient dans les premières communautés chrétiennes, l’Évangile selon Thomas a été condamné, sans doute parce qu’il était associé à la gnose, une doctrine considérée comme hérétique par les autorités ecclésiales. Pourtant, cet apocryphe conserve souvent des formes de la tradition plus anciennes que les évangiles canoniques. C’est pour cette raison qu’il est utilisé aujourd’hui dans la recherche sur le Jésus historique et que certains historiens le considèrent comme le « cinquième évangile »! Quoiqu’on en pense, comme les autres documents de la bibliothèque de Nag Hammadi, cet évangile a le mérite de jeter un peu de lumière sur le processus complexe de transmission de la tradition des paroles de Jésus à l’aube du christianisme naissant et des premiers siècles de son expansion autour de la Méditerranée.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:29

    Le Protévangile de Jacques


    Évangiles de la nativité et de l'enfance suivi de l'évangile Alexandrin des Égyptiens.


    Le nom de " Protévangile " fut donné au XVIe siècle par l'humaniste français qui le publia en Occident, parce que le texte relate des événements antérieurs aux récits des évangiles canoniques. Le plus ancien manuscrit connu (Papyrus Bodmer 5) porte le titre : Nativité de Marie, Révélation de Jacques.

    Le livre se dit écrit par l'apôtre Jacques le Mineur, frère de Jésus selon l'Évangile, demi-frère selon ce texte. Il est très ancien (milieu du second siècle) et s'inspire librement des récits canoniques de l'enfance.

    L'ouvrage ne doit rien aux judéo-chrétiens, comme en témoigne son ignorance des coutumes juives. Probablement son auteur était-il d'origine païenne, issu de l'Égypte ou de l'Asie Mineure. Il rédigea son texte dans un but apologétique, pour régler, auprès des Grecs et des Juifs, la question délicate de l'incarnation de Jésus.

    Or, pas d'incarnation sans l'absolue pureté de Marie, non seulement vierge avant, pendant et après, mais maintenue dès sa conception dans une sorte d'état angélique, où hommes et anges prêtent leur concours.

    L'écrit a connu à travers les siècles une grande fortune : il a inspiré d'autres livres du même genre, dont le plus connu est l'évangile du Pseudo-Matthieu (VIe siècle), qui force le ton, côté miracles.

    Il est à l'origine de plusieurs fêtes liturgiques, célébration d'Anne et Joachim, Conception et Nativité de Marie, Présentation de la Vierge. L'art chrétien y a abondamment puisé. Mais surtout cette célébration de la pureté a nourri les développements ultérieurs de la mariologie.



    1 : Nativité de Marie. ( Révélation de Jacques)

    1. Les histoires des douze tribus racontent qu'un homme fort riche, Joachim, apportait au Seigneur double offrande, se disant : " Le supplément sera pour tout le peuple et la part que je dois pour la remise de mes fautes ira au Seigneur, afin qu'il me soit propice. "

    2. Vint le grand jour du Seigneur1, et les fils d'Israël apportaient leurs présents. Or Ruben se dresse devant lui et dit : " Tu n'as pas le droit de déposer le premier tes offrandes, puisque tu n'as pas eu de postérité en Israël. " 3. Joachim eut grand chagrin, et il s'en alla consulter les registres des douze tribus du peuple, se disant : " Je verrai bien dans leurs archives si je suis le seul à n'avoir pas engendré en Israël ! " Il chercha, et découvrit que tous les justes avaient suscité une postérité en Israël. Et il se souvint du patriarche Abraham ; sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait donné un fils, Isaac.

    4. Alors, accablé de tristesse, Joachim ne reparut pas devant sa femme, et il se rendit dans le désert ; il y planta sa tente et, quarante jours et quarante nuits, il jeûna2, se disant : " Je ne descendrai plus manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu m'ait visité. La prière sera ma nourriture et ma boisson. "

    2

    1. Et sa femme Anne avait deux sujets de se lamenter et de se marteler la poitrine. " J'ai à pleurer, disait-elle, sur mon veuvage et sur ma stérilité ! " 2. Vint le grand jour du Seigneur. Judith, sa servante, lui dit : " Jusqu'à quand te désespéreras-tu ? C'est aujourd'hui le grand jour du Seigneur. Tu n'as pas le droit de te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau que m'a donné la maîtresse de l'atelier. Je ne puis m'en orner, car je ne suis qu'une servante, et il porte un insigne royal. "

    3. Anne lui dit : " Arrière, toi ! Je n'en ferai rien, car le Seigneur m'a accablée d'humiliations. Et peut-être ce présent te vient-il d'un voleur et tu cherches à me faire complice de ta faute. " Et Judith la servante dit : " Quel mal dois-je te souhaiter encore, de rester sourde à ma voix ? Le Seigneur Dieu a clos ton sein et ne te donne point de fruit en Israël ! "

    4. Alors Anne, malgré son désespoir, ôta ses habits de deuil, se lava la tête et revêtit la robe de ses noces. Et vers la neuvième heure3, elle descendit se promener dans son jardin. Elle vit un laurier et s'assit à son ombre. Après un moment de repos, elle invoqua le Maître : " Dieu de mes pères, dit-elle, bénis-moi, exauce ma prière, ainsi que tu as béni Sarah, notre mère, et lui as donné son fils Isaac. "

    3

    1. Levant les yeux au ciel, elle aperçut un nid de passereaux dans le laurier. Aussitôt elle se remit à gémir : " Las, disait-elle, qui m'a engendrée et de quel sein suis-je sortie ? Je suis née, maudite devant les fils d'Israël. On m'a insultée, raillée et chassée du temple du Seigneur mon Dieu. 2. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel sont féconds devant ta face, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux animaux stupides, car les animaux stupides sont eux aussi féconds devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort ? Non plus aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant ta face, Seigneur. 3. Las, à quoi se compare mon sort ? A ces eaux non plus, car ces eaux sont tantôt calmes tantôt bondissantes, et leurs poissons te bénissent, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même à cette terre, car la terre produit des fruits en leur saison et te rend gloire, Seigneur. "

    4

    1. Et voici qu'un ange du Seigneur parut, disant : " Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l'on parlera de ta postérité dans la terre entière. " Anne répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. "

    2. Et voici, deux messagers survinrent, qui lui dirent : " Joachim, ton mari, arrive avec ses troupeaux. Un ange du Seigneur est descendu auprès de lui, disant : "Joachim, Joachim, le Seigneur Dieu a exaucé ta prière. Descends d'ici. Voici que Anne ta femme a conçu4 en son sein".

    3. Aussitôt Joachim est descendu, il a convoqué ses bergers, leur disant : " Apportez-moi ici dix agneaux sans tache ni défaut. Ces dix agneaux seront pour le Seigneur Dieu. Apportez-moi aussi douze veaux bien tendres et les douze veaux seront pour les prêtres et le Conseil des Anciens. Aussi cent chevreaux, et les cent chevreaux seront pour tout le peuple. "

    4. Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne l'attendait, aux portes de la ville5. Dès qu'elle le vit paraître avec ses bêtes, elle courut vers lui, se suspendit à son cou et s'écria : " Maintenant je sais que le Seigneur Dieu m'a comblée de bénédictions ! Voici : la veuve n'est plus veuve et la stérile a conçue 6 ! " Et Joachim, ce premier jour, resta chez lui à se reposer.

    5

    1. Le lendemain, il apportait ses offrandes : " Si le Seigneur Dieu m'a été favorable, pensait-il, la lame d'or du prêtre me le révélera7. " Il présenta ses offrandes, et scruta la tiare du prêtre quand celui-ci monta à l'autel du Seigneur ; et il sut qu'il n'y avait pas de faute en lui. " Maintenant, dit-il, je sais que le Seigneur Dieu m'a fait grâce et m'a remis tous mes péchés. " Et il descendit du temple du Seigneur, justifié, et rentra chez lui.

    2. Six mois environ s'écoulèrent ; le septième, Anne enfanta. " Qu'ai-je mis au monde ? " demanda-t-elle à la sage-femme. Et celle-ci répondit : " Une fille. " Et Anne dit : " Mon âme a été exaltée en ce jour ! " Et elle coucha l'enfant. Quand les jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le sein à l'enfant 8 et l'appela du nom de Marie.

    6

    1. De jour en jour, l'enfant se fortifiait. Quand elle eut six mois, sa mère la mit par terre, pour voir si elle tenait debout. Or l'enfant fit sept pas, puis revint se blottir auprès de sa mère. Celle-ci la souleva, disant : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, tu ne marcheras pas sur cette terre, que je ne t'ai menée au temple du Seigneur. " Et elle apprêta un sanctuaire dans sa chambre et elle ne laissait jamais sa fille toucher à rien de profane ou d'impur. Et elle invita les filles des Hébreux, qui étaient sans tache, et celles-ci la divertissaient.

    2. Quand l'enfant eut un an, Joachim donna un grand festin où il convia les grands prêtres, les prêtres, les scribes, les Anciens et tout le peuple d'Israël. Il présenta l'enfant aux prêtres qui la bénirent : " Dieu de nos pères disaient-ils, bénis cette enfant, et donne-lui un nom illustre à jamais, dans toutes les générations. " Et tout le peuple s'écria : " Qu'il en soit ainsi ! Amen ! " Et ils la présentèrent aux grands-prêtres, et ceux-ci la bénirent, disant : " Dieu des hauteurs, abaisse ton regard sur cette petite fille et bénis-la d'une bénédiction suprême, qui surpasse toute bénédiction. "

    3. Et sa mère l'emporta dans le sanctuaire de sa chambre et elle lui donna le sein. Anne éleva un chant au Seigneur Dieu : " Je chanterai un cantique sacré au Seigneur mon Dieu, parce qu'il m'a visitée et m'a enlevé l'outrage de mes ennemis. Et le Seigneur mon Dieu m'a donné un fruit de sa justice, unique et considérable devant sa face. Qui annoncera aux fils de Ruben qu'Anne donne le sein ? Écoutez, écoutez, ô les douze tribus d'Israël : Anne donne le sein ! " Et elle reposa l'enfant dans le sanctuaire de sa chambre, sortit et servit ses hôtes. Quand le banquet fut achevé, ils descendirent joyeux et ils glorifièrent le Dieu d'Israël.

    7

    1. Les mois se succédèrent : l'enfant atteignit deux ans. Joachim dit : " Menons-la au temple du Seigneur, pour accomplir la promesse que nous avons faite. Sinon le Maître s'irriterait contre nous et rejetterait notre offrande. " Mais Anne répondit : " Attendons sa troisième année, de peur qu'elle ne réclame son père ou sa mère. " Joachim opina : " Attendons. "

    2. L'enfant eut trois ans. Joachim dit : " Appelons les filles des Hébreux, celles qui sont sans tache. Que chacune prenne un flambeau et le tienne allumé : ainsi, Marie ne se retournera pas et son cÏur ne sera pas retenu captif hors du temple du Seigneur. " L'ordre fut suivi, et elles montèrent au temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l'enfant et l'ayant embrassée, il la bénit et dit : " Le Seigneur Dieu a exalté ton nom parmi toutes les générations. En toi, au dernier des jours, le Seigneur manifestera la rédemption aux fils d'Israël. " 3. Et il la fit asseoir sur le troisième degré de l'autel. Et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle. Et ses pieds esquissèrent une danse et toute la maison d'Israël l'aima.

    8

    1. Ses parents descendirent, émerveillés, louant et glorifiant le Dieu souverain qui ne les avait pas dédaignés. Et Marie demeurait dans le temple du Seigneur, telle une colombe9, et elle recevait sa nourriture de la main d'un ange.

    2. Quand elle eut douze ans, les prêtres se consultèrent et dirent : " Voici que Marie a douze ans, dans le temple du Seigneur. Que ferons-nous d'elle, pour éviter qu'elle ne rende impur le sanctuaire du Seigneur notre Dieu ? " Et ils dirent au grand-prêtre : " Toi qui gardes l'autel du Seigneur, entre et prie au sujet de cette enfant. Ce que le Seigneur te dira, nous le ferons. "

    3. Et le prêtre revêtit l'habit aux douze clochettes10, pénétra dans le Saint des Saints et se mit en prière. Et voici qu'un ange du Seigneur apparut, disant : " Zacharie, Zacharie, sors et convoque les veufs du peuple. Qu'ils apportent chacun une baguette. Et celui à qui le Seigneur montrera un signe en fera sa femme. " Des hérauts s'égaillèrent dans tout le pays de Judée et la trompette du Seigneur retentit, et voici qu'ils accoururent tous.

    9

    1. Joseph jeta sa hache et lui aussi alla se joindre à la troupe. Ils se rendirent ensemble chez le prêtre avec leurs baguettes. Le prêtre prit ces baguettes, pénétra dans le temple et pria. Sa prière achevée, il reprit les baguettes, sortit et les leur rendit. Aucune ne portait de signe. Or Joseph reçut la sienne le dernier. Et voici qu'une colombe s'envola de sa baguette et vint se percher sur sa tête. Alors le prêtre : " Joseph, Joseph, dit-il, tu es l'élu : c'est toi qui prendras en garde la vierge du Seigneur. "

    2. Mais Joseph protesta : " J'ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d'Israël ? " " Joseph, répondit le prêtre, crains le Seigneur ton Dieu, et souviens-toi du sort que Dieu a réservé à Dathan, Abiron et Corê. La terre s'entrouvrit et les engloutit tous à la fois, parce qu'ils lui avaient résisté. Et maintenant, Joseph, crains de semblables fléaux sur ta maison ! "

    3. Très ému, Joseph prit la jeune fille sous sa protection et lui dit : " Marie, le temple du Seigneur t'a confiée à moi. Maintenant je te laisse en ma maison. Car je pars construire mes bâtiments. Je reviendrai auprès de toi. Le Seigneur te gardera. "

    10

    1. Cependant, les prêtres s'étaient réunis et avaient décidé de faire tisser un voile pour le temple du Seigneur. Et le grand-prêtre dit : " Appelez-moi les jeunes filles de la tribu de David11, qui sont sans tache. " Ses serviteurs partirent, cherchèrent et en trouvèrent sept. Mais le prêtre se souvint que la jeune Marie était de la tribu de David et qu'elle était sans tache devant Dieu. Et les serviteurs partirent et l'amenèrent. 2. Et l'on fit entrer ces jeunes filles dans le temple du Seigneur. Et le prêtre leur dit : " Tirez au sort laquelle filera l'or, l'amiante, le lin, la soie, le bleu, l'écarlate et la pourpre véritable. " La pourpre véritable et l'écarlate échurent à Marie. Elle les prit et rentra chez elle. C'est à ce moment-là que Zacharie devint muet et que Samuel le remplaça jusqu'à ce qu'il eût retrouvé la parole. Et Marie saisit l'écarlate et se mit à filer.

    11

    1. Or elle prit sa cruche et sortit pour puiser de l'eau. Alors une voix retentit : " Réjouis-toi, pleine de grâce. Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie parmi les femmes. " Marie regardait à droite et à gauche : d'où venait donc cette voix ? Pleine de frayeur, elle rentra chez elle, posa sa cruche, reprit la pourpre, s'assit sur sa chaise et se remit à filer.

    2. Et voici qu'un ange debout devant elle disait : " Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant le Maître de toute chose. Tu concevras de son Verbe. " Ces paroles jetèrent Marie dans le désarroi. " Concevrai-je, moi, du Seigneur, dit-elle, du Dieu vivant, et enfanterai-je comme toute femme? "

    3. Et voici que l'ange, toujours devant elle, lui répondit : " Non, Marie. Car la puissance de Dieu te prendra sous son ombre. Aussi le saint enfant qui naîtra sera-t-il appelé le fils du Très-Haut. Tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. " Et Marie dit alors : " Me voici devant lui sa servante ! Qu'il m'advienne selon ta parole. "

    12

    1. Et elle reprit son travail de pourpre et d'écarlate puis l'apporta au prêtre. Et quand le prêtre le reçut, il la bénit et dit : " Marie, le Seigneur Dieu a exalté ton nom et tu seras bénie parmi toutes les générations de la terre. " 2. Pleine de joie, Marie se rendit chez sa parente Elisabeth et frappa à la porte. En l'entendant Elisabeth jeta l'écarlate, courut à la porte, ouvrit, et la bénit en ces termes : " Comment se fait-il que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car vois-tu, l'enfant a tressailli et t'a bénie. "

    Or Marie avait oublié les mystères dont avait parlé l'ange Gabriel12. Elle leva les yeux au ciel et dit : " Qui suis-je, pour que toutes les femmes de la terre me proclament bienheureuse? " 3. Et elle demeura trois mois chez Elisabeth. Et de jour en jour son sein s'arrondissait. Inquiète, elle regagna sa maison et elle se cachait des fils d'Israël. Elle avait seize ans, quand s'accomplirent ces mystères.

    13

    1. Son sixième mois arriva, et voici que Joseph revint des chantiers ; il entra dans la maison et s'aperçut qu'elle était enceinte. Et il se frappa le visage et se jeta à terre sur son sac et il pleura amèrement, disant : " Quel front lèverai-je devant le Seigneur Dieu ? Quelle prière lui adresserai-je ? Je l'ai reçue vierge du temple du Seigneur et je ne l'ai pas gardée. Qui m'a trahi ? Qui a commis ce crime sous mon toit ? Qui m'a ravi la vierge et l'a souillée? L'histoire d'Adam se répète-t-elle à mon sujet ? Car tandis qu'Adam faisait sa prière de louange, le serpent s'approcha et surprit Eve seule ; il la séduisit et la souilla. La même disgrâce me frappe. "

    2. Et Joseph se releva de son sac et appela Marie : " Toi la choyée de Dieu, qu'as-tu fait là ? As-tu oublié le Seigneur ton Dieu ? Pourquoi t'es-tu déshonorée, toi qui as été élevée dans le Saint des Saints et as reçu nourriture de la main d'un ange ? " 3. Et elle pleura amèrement, disant : " Je suis pure et je ne connais pas d'homme. " Et Joseph lui dit : " D'où vient le fruit de ton sein ? " Et elle répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, j'ignore d'où il vient."

    14

    1. Et Joseph, rempli de frayeur, se tint coi, et il se demandait ce qu'il devait faire d'elle. " Si je garde le secret sur sa faute, se disait-il, je contreviendrai à la loi du Seigneur. Mais si je la dénonce aux fils d'Israël, et que son enfant vienne d'un ange, ce dont j'ai bien peur, alors je livre à la peine capitale un sang innocent. Que ferai-je d'elle ? Je la répudierai en secret. " La nuit le surprit dans ces réflexions.

    2. Et voici qu'un ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : " Ne t'inquiète pas à propos de cette enfant. Ce qui est en elle vient de l'Esprit saint. Elle t'enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. Car il sauvera son peuple de ses péchés. " Joseph se réveilla et glorifia le Dieu d'Israël qui lui avait donné sa grâce. Et il garda la jeune fille.

    15

    1. Or le scribe Anne vint le voir et lui dit : " Joseph, pourquoi n'as-tu point paru à notre réunion? -Mon voyage m'avait fatigué, répondit-il, et j'ai passé le premier jour à me reposer. " Mais Anne se retourna et vit Marie enceinte. 2. Et il partit en courant chez le prêtre et lui dit : " Eh bien, ce Joseph dont tu te portes garant, a commis une faute ignoble.-Quoi donc ? " demanda le grand-prêtre. L'autre reprit : " Il a déshonoré la jeune fille que le temple du Seigneur lui avait confiée et il l'a épousée secrètement, sans avertir les fils d'Israël ! " Et le grand-prêtre lui dit : " Joseph a-t-il fait cela ? " Et l'autre répondit : " Envoie tes gens et tu verras que la jeune fille est enceinte. " Des serviteurs partirent et la trouvèrent dans l'état qu'il avait dit. Ils la ramenèrent au temple et elle comparut au tribunal.

    3. Le grand-prêtre lui dit : " Marie, qu'as-tu fait là? Pourquoi as-tu perdu ton honneur ? As-tu oublié le Seigneur ton Dieu, toi qui fus élevée dans le Saint des Saints et qui reçus nourriture de la main des anges? Toi qui entendis leurs hymnes et dansas devant eux ? Qu'as-tu fait là ? " Et elle pleura amèrement et dit : " Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je suis pure devant sa face et ne connais pas d'homme. "

    4. Et le grand-prêtre dit : " Et toi, Joseph, qu'as-tu fait? " Et Joseph répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur et que vivent son Christ et le témoin de sa vérité je suis pur vis-à-vis d'elle. " Le grand-prêtre insista. " Ne rends pas de faux témoignage ! Dis la vérité ! Tu l'as épousée en cachette, tu n'as rien dit aux fils d'Israël et tu n'as pas incliné ta tête sous la puissante main qui eût béni ta postérité ! " Et Joseph garda le silence.

    16

    1. Le grand-prêtre reprit : " Rends-nous la jeune fille que tu avais reçue du temple du Seigneur. " Joseph fondit en larmes. Le grand-prêtre ajouta : " Je vous ferai boire l'eau de l'épreuve rituelle14 et votre faute éclatera à vos yeux." 2. Le grand-prêtre prit de l'eau, en fit boire à Joseph puis il l'envoya au désert15, Or celui-ci revint indemne. Et il fit boire aussi la jeune fille et l'envoya au désert. Et elle redescendit, indemne. Et tout le peuple s'étonna que leur faute n'eût pas été manifestée.

    3. Alors le grand-prêtre dit : " Puisque le Seigneur Dieu n'a pas révélé de péché en vous, moi non plus je ne vous condamne pas. " Et il les laissa partir. Et Joseph prit Marie et rentra chez lui, heureux et louant le Dieu d'Israël.


    L'EVANGILE ALEXANDRIN
    de Iochannân, dit Marcus, dit Clavkias

    (qui est peut-être L'EVANGILE DES EGYPTIENS)

    -----------------------------

    Les Actes des Apôtres chrétiens parlent d'un Jean (Iochannân) dont la mère s'appelait Marie,chez qui se réfugia l'apôtre Pierre après son arrestation à Jérusalem et son évasion. (XII, 12-17), et qui aurait été un cousin de Barnabé. (Act. XV - 35; Col. IV 10). Après la crucifixion en 47 de ce Pierre (lequel ne saurait être autre que le Simon Bariôna) des évangiles) avec Jacques son frère, tous deux fils de Juda de Gamala (1), ce Jean, fils d'une Marie, devint le secrétaire et l'interprête d'un deuxième Pierre, qui portait aussi les noms de Syméon en grec hellénisation de l'hébreu Shiméon), de Kîpha en araméen.

    Et Jean et kîpha se rendirent tous deux, peu après à Rome. où Shiméon Kîpha entreprit de catéchiser les juifs de cette ville en les exhortant à suivre les enseignements de Jésus le Nazarénien, qui avait été leur Maître en Galilée. Mais ce Kîpha était un homme fruste et peu instruit, qui avait probablement, avant de suivre Jésus, été un modeste pêcheur; tandis que Jean, qui prit à Rome le surnom de Marcus (que l'on traduit "Marc" en français), paraît avoir été assez cultivé. Pierre prêchait en araméen, la seule langue probablement qu'il sût parler, puis Marc traduisait en grec et en latin, car il paraît bien avoir été capable de pratiquer notamment ce deux langues outre l'araméen et l'hébreu.

    Lorsque l'apôtre Paul arriva à Rome à son tour, sous la garde d'un soldat Romain, pour y comparaître comme il l'avait demandé lui-même, devant le tribunal de Néron César, Pierre et Marc doivent être allés le voir dans sa maison, où il était, en résidence surveillée.

    Cependant, en 62, Jacques le Juste, frère de Jésus, fut lapidé à Jérusalem sur l'ordre du Sahédrin, présidé alors par le grand-prêtre sadducéen Anne (2). Selon Hégésippe, un des pères de l'Eglise, les membres de la communauté de Jérusalem convoquèrent alors les survivants des "apôtres" et les proches parents de Jésus le Nazarénien afin d'élire un successeur à Jacques.

    Cette assemblée émigra à Pella en 67 afin que ses membres ne soient exposés que le moins possible aux désagréments de la guerre qui venait d'éclater en Palestine en 66 et, dit Hégésippe, c'est Syméon qui fut élu à la tête de la secte., laquelle prendra dans la suite le nom d'ébionite" (de l'hébreu ébiônîm, les pauvres).

    Après le départ de Rome de Shiméon Kîpha, les disciples qu'il s'y était faits demandèrent à Jean, dit Marc, resté sur place, de rédiger à leur intention un résumé de ce qu'avait été sa prédication. Marc leur donna satisfaction. Il rédigea donc, probablement en latin, les notes qu'il avait prises lorsqu'il traduisait ce que Pierre prêchait.(4).

    C'est à cet écrit que fait allusion Jean le Doyen,d'Ephèse, dans un passage fameux, souvent reproduit, notamment pour la première fois connu par Papias, la citation de ce dernier ayant été rapportée par Eusèbe de Césarée : Marc était l'interprête de Pierre, a transmis avec exactitude, bien que non dans l'ordre, tout ce dont il se souvenait des paroles et des actions du Seigneur. Car il n'avait pas entendu lui-même le Seigneur , ni ne l'avait accompagné, mais plus tard, comme je l'ai dit, il suivit Pierre. Ce dernier donnait son enseignement selon les besoins, sans aucunement se préoccuper de lier entre elles les sentences du Seigneur. Marc n'a donc pas fait d'erreur dans la relation de ses souvenirs.
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    Les "Évangiles" disparus de la Bible Empty Re: Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:29

    L’ÉPÎTRE APOCRYPHE DE JACQUES




    Traduit du copte par Donald Rouleau

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,à l’université de Laval, Québec, Canada.

    C’est Jacques qui écrit à ..... Paix à toi de la part de la Paix. Amour de lapart de l’Amour. Grâce de la part de la Grâce. Foi de la part de la Foi. Vie de la part de la Vie sainte !

    Puisque tu m’as prié de t’envoyer un écrit secret qui m’a été révélé, à moi ainsi qu’à Pierre, par le Seigneur, je n’ai pu certes te le refuser, ni te parler de vive voix, mais je l’ai écrit en lettres hébraïques et je te l’ai envoyé, à toi seul, mais en tant que serviteur du salut des saints. Applique-toi et garde-toi de divulguer cet écrit à beaucoup, lui que le Sauveur n’a pas voulu divulguer à nous tous, ses douze disciples. Ils seront cependant bienheureux, ceux qui seront sauvés par la foi en ce discours ! Je t’ai aussi fait parvenir, il y a dix mois, un autre écrit secret que m’avait révélé le Sauveur. Mais celui-là, d’une part, considère-le ainsi comme m’ayant été révélé à moi, Jacques. Celui-ci cependant, lui aussi atteindre ceux qui cherchent.

    L’OBJET DE LA LETTRE : LA RÉVÉLATION

    (Apparition de Jésus)

    Et alors que les douze disciples étaient une fois tous assis ensemble, et qu’ils se rappelaient ce que le Sauveur avait dit à chacun d’eux, soit en secret, soit ouvertement, et qu’ils le fixaient dans des livres , pour ma part, j’écrivais ce qui se trouve dans ce livre, voici que le Sauveur apparut. Il est passé parmi nous, nous lui étions attentifs, et cinq cent cinquante jours après qu’il fut ressuscité d’entre les morts, nous lui avons dit : « Es-tu parti, t’es-tu éloigné de nous ? » Et Jésus dit : « Non, mais je m’en vais au lieu d’où je suis venu. Si vous voulez venir avec moi, venez ! » Tous répondirent en disant : « Si tu nous l’ordonnes, nous viendrons ! »

    (Mise à part de Jacques et de Pierre)

    Il dit : « En vérité, je vous le dis : jamais personne n’entrera dans le Royaume des cieux si je lui en donne l’ordre, mais parce que vous êtes emplis. Quant à vous, laissez-moi Jacques et Pierre, afin que je les emplisse ! » Et après qu’il eût appelé ces deux-là, il les prit à part et il ordonna aux autres de vaquer à leurs occupations.

    (La recherche de la vraie plénitude)

    Le Sauveur dit : « Vous avez été pris en pitié......devenir disciples.................. ils ont entendu et de la même façon, il n’ont pas compris. Ne voulez-vous pas être emplis ? Et votre coeur est ivre.

    Ne voulez-vous pas devenir sobres ? Désormais donc, ayez honte alors que vous êtes éveillés et que vous êtes endormis. Souvenez-vous que, vous, vous avez su le Fils de l’homme. Et lui, vous lui avez parlé et lui, vous l’avez écouté ! Malheur à ceux qui ont vu le Fils de l’homme ! Ils seront heureux ceux qui n’ont pas vu l’homme, qui ne se sont pas joints à lui, qui ne lui ont pas parlé et qui n’ont rien entendu de lui ! À vous est la Vie ! Sachez donc qu’il vous a guéris alors que vous étiez malades, pour que vous deveniez rois. Malheur à ceux qui se sont remis de leur maladie parce qu’ils retourneront de nouveau à la maladie ! Bienheureux ceux qui n’ont pas été malades et qui ont connu le soulagement avant d’êtres malades ! À vous est le Royaume de Dieu ! C’est pourquoi je vous dis : « Soyez emplis et ne laissez aucune place vide en vous ! Il pourra se moquer de vous, celui qui viendra ».

    - 7 - Alors Pierre répondit : « Voilà trois fois que tu nous as dit : 1 “ Soyez emplis ! ”, mais nous sommes emplis ». Le Sauveur répondit, il dit : « C’est pourquoi je vous ai dit : “ Soyez emplis” afin que vous ne soyez pas diminués. Car ceux qui sont diminués ne seront pas sauvés. Bonne, en effet, est la plénitude et mauvaise, la diminution. De même, donc, que ta diminution est bonne et que ta plénitude, au contraire, est mauvaise, ainsi celui qui est empli diminue et celui qui est diminué,il ne s’emplit pas, comme s’emplit celui qui est diminué et celui qui est empli, lui aussi, il devient parfait suffisamment. il est donc nécessaire de diminuer dans la mesure où il est possible d’être emplis et de vous emplir dans la mesure où il est possible de diminuer, afin que vous puissiez vous emplir davantage. Soyez donc emplis de l’Esprit, mais diminués de la raison : car la raison est l’âme, elle est aussi psychique ». (La condition des disciples face à la souffrance et à la mort)

    Je répondis et lui dis : « Seigneur nous pouvons t’obéir, si tu le veux, car nous avons abandonné nos pères mâles, nos mères et nos villages et nous t’avons suivi. Indique-nous donc la façon de ne pas être éprouvés par le Diable mauvais ». Le Seigneur répondit et dit : « Quelle sera votre récompense, étant donné que vous faites la volonté du Père, et que vous ne recevez rien de lui en part de don tandis que vous êtes éprouvés par Satan ? Mais si vous êtes opprimés par Satan et persécutés et que vous faites sa du Père, volonté, je le dis : Il vous aimera et il vous rendra égaux à moi et il pensera à votre sujet que vous êtes devenus bien-aimés dans sa providence selon votre choix..

    Ne cesserez-vous donc pas d’aimer la chair et de craindre la souffrance ? Ou ne savez-vous pas que vous n’avez pas encore été maltraités ni encore accusés injustement ni encore enfermés dans une prison, ni encore condamnés illégalement, ni encore crucifiés sous un faux prétexte, ni ensevelis dans le parfum, comme moi-même je l’ai été par le Malin ? Vous osez ménager la chair, ô vous, pour qui l’Esprit est un mur qui vous entoure ! Si vous réfléchissez sur le monde, depuis combien de temps il existait au moment où vous êtes tombés, et combien de temps, après vous, il demeurera encore, vous trouverez que votre vie est éphémère et que vos souffrances sont d’une seule heure. Les bons, en effet, n’entreront pas dans le monde. Méprisez donc la mort et souciez-vous de la Vie. Rappelez-vous ma croix et ma mort, et vous vivrez ». Je répondis et lui dis : « Seigneur, ne nous parle pas de la croix et de la mort ; celles-ci, en effet,sont loin de toi ! »

    Le Seigneur répondit et dit : « En vérité, je vous le dis : Personne ne sera sauvé, s’il n’a foi en ma croix. Car ceux qui auront cru en ma croix, à eux est le Royaume de Dieu. Soyez donc à la recherche de la mort comme les morts qui cherchent la Vie, car à ceux-là se révèle ce qu’ils cherchent. Mais de quoi se soucient-ils ? Si vous examinez la mort, elle vous enseignera l’élection. Car je vous le dis : Personne ne sera sauvé de ceux qui craignent la mort. En effet, le royaume de la mort appartient à ceux qui se tuent. Soyez meilleurs que moi, rendez-vous semblables au Fils de l’Esprit Saint ! »

    Alors je lui demandai, moi : « Seigneur, comment pourrons-nous prophétiser pour ceux qui nous demandent de prophétiser pour eux ? Nombreux, en effet, sont ceux qui nous sollicitent et qui tendent l’oreille vers nous pour entendre une parole de notre part ».

    Le Seigneur répondit et dit : « Ne savez-vous pas qu’on a tranché la tête de la prophétie avec Jean ? » Mais moi, je dis : « Seigneur, est-il donc possible d’enlever la tête de la prophétie ? » Le Seigneur me dit : « Si vous savez ce qu’est « la tête », et que la prophétie sort de la tête, comprenez ce que signifie : « On lui a enlevé la tête ». Je vous ai d’abord parlé en paraboles et vous ne compreniez pas. Maintenant à nouveau, je vous parle en langage clair et vous ne saisissez pas. Or, vous, vous étiez pour moi une parabole en langage parabolique, et clairs en langage clair.

    Hâtez-vous de vous sauver, sans qu’on vous en prie. Mais préparez-vous vous-mêmes et, si c’est possible, devancez-moi, moi-même. Car c’est de cette façon que le Père vous aimera. Haïssez l’hypocrisie et la pensée mauvaise ! Car c’est la pensée mauvaise qui engendre l’hypocrisie. L’hypocrisie, elle, est éloignée de la vérité. Ne laissez pas dépérir le Royaume des cieux ! Car il ressemble à une branche de dattier dont les fruits se sont répandus autour d’elle. Elle a produit des feuilles et lorsqu’elles ont éclos, elles ont fait se dessécher la moelle. Ainsi en est-il du fruit qui a été produit à partir de cette racine unique : lorsqu’il fut planté, des fruits ont été engendrés par beaucoup (de pousses). Ce serait certes une bonne chose, s’il y avait maintenant possibilité de produire pour toi de nouveaux plants sans elle.

    Puisque j’ai déjà été glorifié en cela avant ce temps, pourquoi me retenez-vous, alors que j’ai hâte de partir ? Après la fin, en effet, vous m’avez contraint à rester auprès de vous encore dix-huit jours à cause des paraboles. C’était suffisant pour des hommes : ils ont écouté l’enseignement et ils ont compris « les Bergers », « la Semence », « la Construction », « les Lampes des vierges », « le Salaire des travailleurs », « les Didrachmes et la Femme ».

    Soyez empressés pour le verbe. Car le verbe, certes, son état est premièrement la foi, le deuxième, c’est la charité, le troisième, ce sont les oeuvres. C’est d’elles, en effet, que provient la Vie. Car le verbe ressemble à un grain de froment : une fois que quelqu’un l’a semé, il y a mis sa confiance, et, quand il a poussé, il l’a aimé, parce qu’il a vu de nombreux grains à la place d’un seul, et lorsqu’il a travaillé, il fut sauvé, l’ayant rangé comme nourriture. En outre, il en a réservé pour semer.

    C’est ainsi également qu’il vous est possible de recevoir le Royaume des cieux. Celui-ci, à moins de le recevoir par la Connaissance, vous ne pourrez le trouver. Voilà pourquoi je vous dis : « Soyez vigilants, n’errez pas ! Et à maintes reprises, je vous ai dit, à vous et à vos compagnons, et également à toi-même, Jacques, je l’ai dit : “ Sauve-toi ”. Et je t’ai ordonné de me suivre, et je t’ai instruit de la conduite (à tenir) en présence des magistrats.

    Voyez : Je suis descendu, j’ai parlé, j’ai été maltraité, j’ai porté ma couronne, lorsque je nous ai sauvés. Je suis descendu, en effet, pour habiter avec vous, afin que, vous aussi, vous demeuriez avec moi. Et ayant trouvé vos maisons sans toit, j’ai demeuré dans les maisons qui pourraient me recevoir au moment où je descendrais. C’est pourquoi obéissez-moi ô mes frères. Comprenez ce qu’est la grande Lumière. Le Père n’a pas besoin de moi. Un père, en effet, n’a pas besoin de son fils, mais c’est le fils qui a besoin du père. C’est vers lui que je me hâte, car le Père du Fils n’a pas besoin de vous.

    Écoutez le Verbe, comprenez la Connaissance, aimez la Vie, et personne ne vous persécutera, ni personne ne vous opprimera hormis vous seuls. Ô misérables, ô infortunés, ô contrefacteurs de la Vérité, ô falsificateurs de la Connaissance, ô transgresseurs de l’Esprit ! Maintenant encore, vous persistez à écouter, alors qu’il vous convient de parler depuis le début ? Maintenant encore, vous persistez à dormir alors qu’il vous faut veiller depuis le début afin que le Royaume des cieux vous accueille.

    Oui vraiment, je vous le dis : « Il est plus facile à un homme pur de tomber dans l’impureté et à un homme de lumière de tomber dans l’obscurité qu’à vous de 6 régner ou non. Je me suis souvenu de vos larmes, de votre deuil, et de votre chagrin : ils sont loin de nous. Maintenant donc, ô vous qui êtes hors de l’héritage du Père, pleurez là où il le faut, gémissez et proclamez le bien puisque le Fils monte bel et bien ! Oui vraiment, je vous le dis : Si j’avais été envoyé vers ceux qui m’écoutent et si je leur avais parlé, je ne serais jamais descendu sur la terre. Maintenant donc, ayez-en honte désormais. Voici que je m’éloignerai de vous ; je partirai et je ne veux plus demeurer davantage avec vous de même que, vous aussi, vous ne (l’)avez pas voulu. Maintenant donc, suivez-moi en toute hâte. C’est pourquoi je vous le dis, c’est pour vous que je suis descendu. C’est vous les bien-aimés. C’est vous qui allez devenir cause de la Vie en plusieurs. Invoquez le Père, suppliez Dieu souvent et il vous exaucera. Bienheureux celui qui vous a vus avec lui, alors qu’il était proclamé parmi les anges et qu’il était glorifié parmi les saints ! À vous est la Vie !

    Réjouissez-vous et exultez comme un fils de Dieu. Sauvegardez la volonté afin que vous soyez sauvés. Acceptez de moi un blâme et 4 sauvez-vous. J’intercède pour vous auprès du Père et il vous pardonnera beaucoup ». Et lorsque nous avons entendu cela, nous sommes devenus joyeux, 8 car nous avions été attristés de ce que nous avions dit d’abord. Mais lorsqu’il nous vit 11 nous réjouir, il dit : « Malheur à vous, qui avez besoin d’un défenseur. Malheur à vous, qui avez besoin de la grâce. Bienheureux seront-ils ceux qui auront parlé avec assurance et se seront acquis pour eux-mêmes la grâce !

    Rendez-vous semblables à des étrangers. Car comment sont-ils face à votre ville ? Pourquoi êtes-vous troublés, puisque vous vous bannissez vous-mêmes et vous vous éloignez de votre ville ? Pourquoi abandonnez-vous vous-mêmes votre demeure, la préparant pour ceux qui veulent y habiter ? Ô vous qui êtes bannis et fugitifs, malheur à vous, parce que vous serez repris ! Ou, peut-être, pensez-vous du Père qu’il est ami des hommes, ou qu’il se laisse persuader par des prières, ou qu’il fait grâce à l’un pour l’autre, ou qu’il soutient quelqu’un qui cherche ? Il connaît, en effet, leur volonté et aussi ce dont la chair a besoin, parce que ce n’est pas elle qui désire l’âme.

    Sans l’âme, en effet, le corps ne pèche pas, de même que l’âme n’est pas sauvée sans l’esprit. Mais, si l’âme est sauvée sans le mal, et si est sauvé également l’esprit, le corps devient sans péché. Car c’est l’esprit qui vivifie l’âme. C’est au contraire le corps qui la tue, c’est-à-dire que c’est elle-même qui se tue. En vérité je vous le dis : « Il ne pardonnera le péché à aucune âme, ni le grief à la chair, car aucun de ceux qui auront porté la chair ne sera sauvé. Vous pensez sans doute que beaucoup ont trouvé le Royaume des cieux. Bienheureux celui qui s’est vu quatrième dans les cieux ! »

    Quand nous entendîmes cela, nous nous attristâmes. Et lorsqu’il vit que nous nous attristions, il dit : « C’est pourquoi je vous le dis : Afin que vous vous connaissiez. Car le Royaume des cieux est semblable à un épi de blé qui a poussé dans un champ et, lorsque celui-ci a mûri, il a répandu son fruit et de nouveau il a rempli le champ d’épis pour une autre année. Vous- mêmes aussi, empressez-vous de faucher pour vous un épi de vie, afin que vous soyez emplis du Royaume. Et aussi longtemps que je suis avec vous, attachez-vous à moi et obéissez-moi.

    Mais quand je m’éloignerai de vous, souvenez-vous de moi ! Et souvenez-vous de moi parce que j’étais auprès de vous sans que vous m’ayez connu. Bienheureux seront ceux qui m’ont connu ! Malheur à ceux qui ont entendu et qui n’ont pas cru ! Bienheureux seront ceux qui n’ont pas vu, mais qui ont cru ! Et de nouveau encore, je vous convaincs, car je me révèle à vous bâtissant une maison qui vous est utile, puisque vous trouvez abri près d’elle, de même qu’elle pourra soutenir la maison de vos voisins, si elle menaçait de s’écrouler. Oui en vérité, je vous le dis : Malheur à ceux à cause de qui j’ai été envoyé ici-bas ! Bienheureux ceux qui vont remonter auprès du Père ! À nouveau, je vous réprimande, ô vous qui existez. Rendez-vous semblables à ceux qui n’existent pas, afin que vous soyez avec ceux qui n’existent pas. Ne permettez pas que le Royaume des cieux devienne désert en vous ! Ne soyez pas orgueilleux, à propos de la Lumière illuminatrice, mais soyez tels envers vous-mêmes que moi-même j’ai été envers vous ! Je me suis livré pour vous à la malédiction, afin que vous aussi soyez sauvés ».

    Alors Pierre répondit à cela, il dit : « Tantôt, tu nous exhortes au Royaume des cieux ; tantôt, aussi, tu nous en détournes, Seigneur. Tantôt, tu nous persuades et tu nous attires à la foi, et tu nous promets la Vie ; tantôt, aussi, tu nous repousses hors du Royaume des cieux ».

    Mais le Seigneur répondit, il nous dit : « Je vous ai donné la foi à maintes reprises ; bien plus je me suis manifesté à toi, ô Jacques, et vous ne m’avez pas connu. À nouveau, maintenant encore, je vous vois vous réjouir de nombreuses fois ; et alors que vous êtes joyeux à cause de la promesse de la Vie, vous vous attristez, d’autre part, et 7 vous vous affligez, si l’on vous instruit au sujet du Royaume. Mais vous, par la Foi et la Connaissance, vous avez reçu pour vous la Vie. Méprisez donc le rejet, si vous en entendez parler ; mais si vous entendez la promesse, exultez davantage. Oui, en vérité, je vous le dis : Celui qui recevra la Vie et qui croira au Royaume ne le quittera jamais, pas même si le Père voulait l’en chasser.

    Ces choses-là, je veux vous les dire jusqu’à ce point. Mais maintenant, je vais remonter vers le lieu d’où je suis venu. Mais vous, quand je me suis hâté de partir, vous m’avez rejeté et, au lieu de m’accompagner, vous m’avez poursuivi. Prêtez plutôt attention à la gloire qui m’attend et, quand vous aurez ouvert votre coeur, écoutez les hymnes qui m’attendent là-haut dans les cieux. Car il m’est nécessaire aujourd’hui que je m’emplisse à la droite de mon Père. Or la dernière parole, je vous l’ai dite. Je vais me séparer de vous. Un char spirituel m’a en effet enlevé et dès maintenant je vais me dévêtir pour me revêtir.

    Mais attention ! Bienheureux sont ceux qui ont annoncé la Bonne Nouvelle du Fils avant qu’il fût descendu de telle sorte que, si je venais, je puisse monter ! Trois fois bienheureux sont ceux qui ont été proclamés par le Fils avant qu’ils ne viennent à l’existence de telle sorte qu’il y ait part pour vous avec eux ». Quand il eut dit ces choses, il s’en alla. Quant à nous, nous nous sommes mis à genoux. Moi et Pierre, nous rendîmes grâces et nous élevâmes notre coeur vers les cieux. Nous entendîmes de nos oreilles et nous vîmes de nos yeux le bruit de la guerre et une sonnerie de trompette et un grand tumulte. Et quand nous sommes passés au-delà de ce lieu-là, nous avons élevé notre intellect davantage encore, et nous avons vu de nos yeux, et nous avons entendu de nos oreilles, des hymnes et des louanges angéliques, et une allégresse d’anges, et des Grandeurs célestes chantaient des hymnes et, nous aussi, nous exultions. Après cela, nous avons voulu élever encore notre esprit jusqu’à proximité de la Grandeur. Et lorsque nous sommes montés, il ne nous a pas été permis de rien voir ni entendre.

    Car le reste des disciples nous a appelés. Ils nous ont demandé : « Qu’avez-vous entendu de la part du Maître ? Et que vous a-t-il dit ? Et où est-il allé ? » Et nous leur avons répondu : « Il est monté et il nous a donné la main droite, et il nous a promis à tous la Vie et il nous a dévoilé des fils qui viendront après nous, nous ordonnant de les aimer comme si nous devions être sauvés à cause de ceux-là ». Et lorsqu’ils eurent entendu, ils crurent, certes, à leur vie, mais ils furent en colère à cause de ceux qui seront engendrés.

    Comme je ne voulais pas cependant les précipiter dans une occasion de chute, j’envoyai chacun d’eux à un endroit différent. Quant à moi, je suis monté à Jérusalem priant pour avoir une part avec les bien-aimés, ceux qui seront manifestés.

    Et je prie pour que le commencement vienne de toi. Telle est, en effet, la façon dont je pourrai être sauvé, dans la mesure où ceux-là seront illuminés par moi, par ma foi, et par une autre qui est meilleure que la mienne. En effet, je souhaite que la mienne soit diminuée. Efforce-toi donc de leur ressembler et prie afin d’acquérir une part avec eux. Car en dehors des choses que j’ai dites, le Sauveur ne nous a pas dévoilé de révélation au sujet de ceux-là. Nous proclamons en fait que c’est avec eux à qui on a prêché qu’il y a part, ceux dont le Seigneur a fait ses enfants.
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    Les "Évangiles" disparus de la Bible Empty Re: Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:29

    L’Évangile de Judas


    L’Évangile de Judas n’était jusqu’alors connu que par la mention qu’en fit Irénée de Lyon (130-202) dans son Adversus Haereses (Contre les hérétiques I, 31), un traité où sont étudiés et réfutés les courants religieux et/ou philosophiques de l’époque considérés comme hérétiques par ce Père de l’Église. On trouve aussi, dans d’autres textes, quelques allusions plus ou moins explicites à certains groupes des premiers siècles dits « caïnites » ou « judaïtes». Le texte copte retrouvé en Égypte est daté par les scientifiques entre 220 et 340. Il s’agit d’une traduction d’un texte grec perdu qui, lui, est évidemment plus ancien puisque Irénée de Lyon en avait eu connaissance. Comme pour les quatre évangiles canoniques (c’est-à-dire retenus dans la Bible) et les autres évangiles dits apocryphes (« cachés », non retenus par la tradition des Églises),
    L’auteur réel de l’Évangile de Judas demeure inconnu. Le texte a vraisemblablement été rédigé par un adepte d’un courant chrétien gnostique.

    Le gnosticisme est un ensemble de doctrines largement diffusées aux premiers siècles du christianisme, qui, tout en s’inspirant de la révélation chrétienne, insistent sur l’acquisition de certaines connaissances ésotériques nécessaires à la pleine compréhension des mystères divins. L’attachement au corps, à la chair et, plus largement, à la matière, est également vu par les gnostiques comme un obstacle sur le chemin de la perfection spirituelle.

    Judas, archétype du traître (1), devient dans ce texte une figure positive. Il est même présenté comme le seul disciple de Jésus apte à recevoir le véritable enseignement du maître. Jésus s’adresse ainsi à lui en ces termes : « Éloigne-toi des autres et je te dirai les mystères du Royaume. Il est possible pour toi d’y arriver, mais pour cela, tu souffriras beaucoup », ou encore : « Tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras mon habit d’homme. » Enfin, plus loin : « Tu seras maudit par les générations à venir – et tu viendras pour régner sur elles. »

    La découverte et la publication de l’Évangile de Judas sont évidemment des événements majeurs pour la connaissance des mouvements chrétiens des premiers siècles. Ce n’est pas tous les jours qu’on révèle des documents de cette importance. Depuis les papyrus de Nag Hammadi, découverts en 1945 dans le désert égyptien, et les parchemins de Qumran, mis à jour en 1947 à proximité de la mer Morte, en Palestine, les découvertes de nouveaux textes se sont faits rares. La science historique va donc progresser.

    L’exceptionnelle résonance médiatique causée par la publication de l’Évangile de Judas va aussi forcément contribuer à activer l’intérêt du public pour ce personnage et, plus généralement, pour l’ensemble de la littérature apocryphe, dans laquelle la tradition a largement puisé (2) et dont la richesse reste pourtant généralement ignorée, même – surtout ? – par un public croyant et a priori susceptible de s’y intéresser plus que d’autres. Enfin – on peut le déplorer ou s’en réjouir d’avance –, le phénomène Da Vinci Code a vraisemblablement préparé le terrain pour qu’on assiste bientôt à une joyeuse floraison de thèses plus ou moins subtiles sur Judas, qui sauront alimenter l’imagination des romanciers et des réalisateurs. Après celui de Marie-Madeleine, voici donc venu le temps de Judas. Viendra sans doute celui de Jacques (le « frère » du Christ ), de Pilate ou de Barabbas…

    Quant à la foi chrétienne, la révélation qui la porte n’en est évidemment pas changée pour autant. Il se pourrait même que l’Évangile de Judas, par contraste, en fasse encore ressortir l’originalité.

    Introduction
    Jésus fait la révélation à Judas trois jours avant la Pâque.

    Le ministère terrestre de Jésus

    Jésus, sur Terre, a réalisé de nombreux miracles pour le salut de l'humanité. Il a été intègre alors qu'il était parmi des pécheurs. Et il a appelé à lui 12 disciples.

    Il ne leur apparaissait souvent comme un enfant (comment ils ont interprété son comportement ou ses paroles. La question est de savoir si le sens d'enfant est l’Innocence, la douceur ou s’il apparaissait physiquement en tant qu’enfant parmi eux).

    SCENE 1: Jésus discute avec ses disciples. Prière d'actions de grâces ou eucharistie.

    Un jour où il se trouvait avec ses disciples en Judée, Jésus les découvrit recueillis dans une attitude pieuse en observance des commandements. Quand il s'approcha d'eux, alors qu'ils offraient des actions de grâce pour le pain, Jésus rit. Les disciples lui demandèrent la raison de ses moqueries quant à leurs prières puisqu'ils avaient fait cela comme demandé. Il répondit qu'il ne se moquait pas d'eux. "Vous ne faites pas ceci de votre propre gré, car c'est ainsi que votre Dieu sera loué" répondit-il. Ils lui dirent : "Maître, tu es le fils de Dieu!" Il répondit :"Comment le savez-vous? En réalité, aucun des enfants de cette génération (plus encore : "aucune génération de ce peuple") ne me connaîtra.

    Les disciples se mettent en colère

    En entendant cela les disciples se mirent en colère intérieurement, blasphémant contre lui dans leurs cœurs. Jésus leur demanda pourquoi cette agitation/trouble les avait poussé à la colère, ajoutant que Dieu en eux poussait leurs âmes à l'aigreur. Il demanda aussi que si l'un d'entre eux était suffisamment fort parmi les hommes pour atteindre la perfection (connaissance?) il se tînt devant lui (comme les anges au vu de la suite). Tous répondirent qu'ils avaient la force requise, mais leurs esprits n'osèrent se tenir devant lui, à l'exception de celui de Judas qui, cependant, ne put soutenir son regard. Judas lui dit : "Je sais qui tu es et d'où tu viens : du Royaume immortel de Barbélo. Je ne suis pas digne de prononcer le nom de celui qui t'a envoyé". (Barbélo, dans la tradition gnostique, est l'aspect féminin de la Divinité et serait à l'origine du malheur dans ce monde. Barbélo se serait repenti, après quoi Dieu aurait envoyé le Christ sur Terre pour sauver l'Humanité.)

    Jésus prend Judas en aparté

    Voyant que Judas était prêt à être illuminé/à accéder à des connaissances supérieures, Jésus s'isola avec Judas pour lui enseigner les mystères du Royaume et lui dit qu'il était possible pour lui de l'atteindre, mais qu'il y aurait un lourd tribut à payer pour cela. Judas serait injustement blâmé et maudit par les Chrétiens. Jésus lui dit qu'un autre le remplacerait afin que le nombre de disciples soit toujours égal à douze afin d'atteindre l'accomplissement (plénitude?) avec Dieu. Judas lui demande "Quand me révèleras-tu ces choses et quand se lèvera l'aube du grand jour pour cette génération/ce peuple?" Mais quand il posa cette question, Jésus prit congé de lui.

    SCENE 2 : JESUS APPARAIT DE NOUVEAU AUX DISCIPLES (un Jésus par éclipses)

    Jésus réapparaît et révèle aux disciples qu'il est allé voir une autre génération sainte et formidable. Riant à la question de ses disciples curieux d'en savoir plus sur cette génération supérieure et davantage sainte, hors du royaume actuel, Jésus leur décrit ses qualités : aucune personne née de cet éon (La traduction anglaise donne «aeon» qui signifie temps infini. Je pense qu'ici, il est possible, vu le contexte mythologique, qu'«éon» fasse plus référence au temps qu' à l'entité dans la scène 3) ne la verra, aucune personne née de la naissance mortelle ne lui sera associée, et les anges ne règneront pas sur elle. Les disciples sont troublés et restent cois. Un autre jour, Jésus vient vers eux et ils lui parlent d'une vision qu'ils ont eue à son sujet.

    Les disciples parlent du temple qu'ils ont aperçu

    Ils ont vu un immense autel, douze hommes qui leur ont semblé être des prêtres et un nom. Egalement, une foule attendant devant l'autel que les prêtres agréent l'offrande. Quant à eux, ils ont attendu (apparemment à l'écart).

    Quand Jésus leur demande à quoi ressemblaient les prêtres, les disciples les décrivent comme pervertis : ils sacrifiaient leurs enfants, leurs épouses, étaient sodomites et impliqués dans des meurtres. Ils commettaient une multitude de péchés et répandaient le désordre/l'anarchie. Quant aux hommes devant l'autel, ils invoquaient le nom de Jésus et leurs sacrifices déficients étaient parfaits (participe passé du verbe et non l'adjectif). Après avoir parlé, leur trouble est oublié.

    (Il n’est pas évident de savoir si en premier, les disciples décrivent les prêtres ou la foule pécheresse et l'attitude des prêtres, dans une réponse progressive. Soit les abominations sont le fait des 12 prêtres, dans le cas où les disciples répondent directement à la question, soit du peuple dans l'autre cas. Même au regard de la suite, cela reste ambigu)

    Jésus donne une interprétation allégorique de la vision du temple

    Jésus ne semble pas comprendre la raison de leur émoi et dit que les prêtres devant l'autel invoquaient son nom éternel qui dure d'âge en âge. Ils ont planté des arbres sans fruits, d'une honteuse manière.

    Il leur dit que ceux qu'ils ont vu recevoir les offrandes, ce sont eux les disciples. Quant au bétail offert, il représente les gens que les disciples ont égarés/menés à leur perte devant l'autel... "Se tiendra debout et se servira de mon nom sur ce sentier et les générations d'hommes pieux lui conserveront leur fidélité. Et après, un autre homme se dressera parmi les fornicateurs, un autre parmi les infanticides, un autre parmi les sodomites, et ceux qui s'abstiennent, et le reste du peuple plein de souillure, d'anarchie et d'hérésies, et ceux qui disent qu'ils sont comme des anges. Ils sont les étoiles qui mènent toute chose à sa fin. Pour les hommes de tous temps il a été dit que Dieu recevait les offrandes par l'entremise des prêtres- c'est un faux ministère. C'est le Seigneur de l'univers qui commande : "dans les derniers jours, ils seront un sujet de honte!".

    Jésus leur dit : "cessez les sacrifices sur l'autel .... (Manques notables)

    Jésus leur dit "cessez de lutter avec moi/me résister. Chacun de vous a sa propre étoile... (Manquent 17 lignes).

    Judas questionne Jésus à propos de cette génération et de celle des hommes

    Judas demande à Jésus quelle sorte de fruits produit cette génération. Jésus répond, à propos de toutes les générations, que leurs âmes périront. Cependant quand ces gens auront parachevé le temps du royaume (auront vécu leur vie terrestre?) et quand l'Esprit les aura guidé, ils seront sauvés alors que leur enveloppe se corrompra.

    Judas demande ce que fera le reste de l'humanité, ce à quoi Jésus répond qu'il est impossible de semer des graines sur des pierres et d'en moissonner les fruits. (Puis il condamne apparemment la sagesse corruptible, mais il y a des vides. Il se peut que ce soit déjà une référence au dernier des éons, la Sagesse. Celle-ci, pour certaines sectes ophites, cherchant l'être, tombe dans le vide, où elle produit une sagesse inférieure. Elle est ramenée au monde divin par le Saint Esprit ; mais, avant d'y arriver, elle a pleuré dans le vide, et de ces pleurs est né notre monde).

    Sur ces mots, Jésus s'en va.

    SCENE 3 : JUDAS NARRE SA VISION A JESUS QUI LUI REPOND/ L'ECLAIRE (illuminer)

    Judas dit : "Maintenant que tu as entendu les autres, écoute la description de mon rêve, car j'ai eu une grande vision". Entendant cela, Jésus rit et lui dit "toi le treizième esprit, pourquoi (me ?) éprouves-tu si durement? Mais n'aies crainte de parler, je suis à tes côtés! (ce Jésus s'adresse peut-être à un esprit qui va le tenter à l'approche de la mort en le tourmentant par le récit de Juda, puis il s'adresse à nouveau à Judas; comme quand le Christ semble réprimander Pierre; cf. Marc 8; 33)

    Judas lui dit : "dans la vision, je me suis vu alors que les autres disciples me lapidaient et me persécutaient gravement (il parle de douze disciples, donc il sait déjà qu'il sera remplacé). Je rejoignis ensuite la place à ta suite. (Des manques). Je vis une maison dont mes yeux ne pouvaient saisir la mesure, entourée par beaucoup de gens et au toit en verdure. En son milieu se tenait une foule.

    Jésus répondit à Judas "ton étoile (probablement au sens de destin, dans un sens quasi astrologique) t'a fourvoyé. Aucun homme de naissance mortelle n'est digne d'entrer dans la maison que tu as vue, ce lieu étant réservé aux saints. Ni le Soleil, ni la Lune n'y règneront jamais, mais les saints y demeureront toujours, dans le royaume éternel avec les saints anges. Regarde! Je t'ai expliqué le mystère du royaume et je t'ai enseigné quant aux erreurs des étoiles. Phrase incomplète signifiant peut-être "j'envoie cela aux douze éons".

    (Les éons- du grec «aion», durée, éternité, parce qu'on leur attribuait une existence éternelle- sont pour certains gnostiques des puissances d'origine divine, et qui servent à expliquer la création du monde visible. Ces puissances produisent des êtres de même nature que la leur. Les éons formaient une chaîne d'êtres intermédiaires entre Dieu et l'homme. Et plus exactement entre le Dieu suprême et le Yahvé des Juifs (dont les gnostiques faisaient une divinité secondaire), entre le Père et le Fils, et enfin entre ce dernier et les hommes).

    Judas interroge Jésus au sujet de son destin personnel

    Judas demande s'il se peut/si cela veut dire que ce qu'il sème est dirigé par le souverain (vraisemblablement le fait qu'il est destiné à livrer le Christ dans une perspective fataliste).

    Jésus répond (manque) qu'il sera très affligé en voyant le royaume et toute sa génération.

    Judas demande pour quelle raison, c'est à lui seul que Jésus a parlé. Ce dernier répond qu'il sera le treizième disciple, qu'il sera maudit à travers les générations et qu'il viendra régner sur elles. «Dans les derniers temps, ajoute-t-il, ils maudiront ton ascension vers la génération sainte».

    Jésus enseigne Judas en matière de Cosmologie : l'Esprit et l'Auto-Généré (infini, qui ne procède que de lui-même, une sorte d'hyper Dieu vu qu'il y aurait un Dieu-écran)

    Jésus demande à Judas de venir et dit qu'il lui révèlera des secrets inédits, car existe un royaume sans bornes dont aucune génération d'anges n'a connu toute l'étendue et où se trouve l'Esprit, immatériel, que nul oeil d'ange n'a jamais vu, que nulle pensée du coeur n'a jamais pu appréhender, et à qui aucun nom n'a jamais été donné.

    (Narration de Jésus)

    "Alors, un nuage lumineux apparut et dit de laisser entrer un ange pour le servir". Un superbe ange, le lumineux et divin Auto-Généré, émergea du nuage. A cause de lui (de par sa volonté) quatre autres anges sortirent d'autres nuages et se mirent à le servir. Il créa la première/originelle lumière sur laquelle il régna. Il dit de laisser les anges prendre possession de l'existence (et des cieux peut-être) pour le servir et des myriades indénombrables prirent leurs places. Il dit de laisser un éon étincelant entrer en existence (pas forcément au sens du vivant basique, mais de la connaissance ; ils trouveraient leur essence, leur raison d'être).

    Il ouvrit la seconde lumière et régna sur elle avec des milliers d'anges sans nombre à son service. C'est ainsi qu'il créa le reste des éons illuminés. Il les fit régner sur eux et il créa des myriades d'anges pour les assister".

    Adamas et les lumières (probablement les corps célestes).

    (Adamas, selon les Naasséniens- ophites stricto sensu, était le Fils de l'humain ; c’est un androgyne dont sourd le courant de toute vie et d’où s’écoule de concert la matière et l’esprit de tout être. Il se peut que les Caïnites aient approché ces idées).

    "Adamas était dans le premier nuage lumineux qu'aucun des anges n'avait vu parmi ceux qui l'appelaient Dieu. Il est à l'origine de la génération incorruptible dont procède Seth" (Seth, en plus d'être le nom du fils d'Adam et Eve est aussi celui du frère du dieu égyptien Osiris ; un lien existe peut-être dans leur gnose, du moins une récupération syncrétique. Mais les Séthiens, autre secte ophite, comme les Caïnites honoraient en Seth le fils de la divine Sagesse, représentant l'esprit, en opposition à Abel qui représentait I'âme et à Caïn qui représentait la chair; des éléments ont pu être repris ; et ici, Seth est le Christ).

    "Il fit procéder soixante-douze lumières de cette génération absolument pure, de connivence avec la volonté de l'Esprit. Les soixante-douze lumières, quant à elles, firent trois cent soixante pareillement, toujours en accord avec la volonté de l'Esprit, ce qui donne cinq lumières pour chacune d'entre elles.

    Les douze éons (il en est fait mention auparavant, mais la phrase est émaillée de manques) sont les sphères des douze lumières, avec six paradis/cieux pour chaque éon de sorte qu'il y a soixante-douze cieux pour soixante-douze lumières".

    "Il leur avait été donné autorité et ont été mis à leur service un nombre infini d'anges, pour leur gloire et, ajouté à ceux-là, des esprits vierges/saints qui glorifiaient et adoraient les éons, les cieux et leurs firmaments".

    Le Cosmos, le Chaos et l'Enfer

    "Cette multitude d'immortels est nommée le Cosmos- c'est-à-dire la perdition- par le Père et les soixante-douze lumières auprès de l'Auto-Généré ainsi que les soixante-douze éons. En lui, apparut le premier homme avec des pouvoirs incorruptibles. Et l'éon apparu avec cette génération, celui en qui la nue de la connaissance et les anges, est appelé El. Après cela, l'éon ordonna de laisser douze anges prendre le règne sur le Chaos et les Enfers. Et du nuage apparut un ange dont le visage était comme incandescent et qui se présentait comme maculé de sang. Il avait pour nom Nebro qui signifie rebelle ; les autres le nommaient Yaldabaoth. Un autre ange, Saklas, sortit aussi du nuage. Nebro créa, comme Saklas, six anges pour qu'ils l'aident et chacun de ces douze anges reçut une portion dans les cieux".

    (Chez les Ophites, Yaldabaoth est un éon identifié à El-Shaddaï, ou Yahvé connu sous le nom « le Tout-Puissant » ; il procède d’Adamas)

    Les souverains et les anges

    "Les douze régnants parlèrent aux douze anges..." (La phrase, importante vu l'un des sujets, est largement incomplète. On peut supposer qu'ils les nomment et leur attribuent des fonctions).

    "- Le premier est Seth, autrement appelé "Christ".

    - Le deuxième est Harmathoth.

    - Le troisième est Galila.

    - Le quatrième est Yobel.

    - Le cinquième est Adonaios.

    Ce sont ces cinq qui règnent sur les Enfers et avant tout sur le Chaos".

    La création de l'Humanité

    "Alors Saklas dit à ses anges « créons un homme à notre image et notre ressemblance ! » Ils modelèrent Adam et sa femme Eve dont le nom dans les nuages est Zoé. C'est sous ce nom que les autres générations identifièrent l'homme et que chacune d'entre elles nomma la femme. Le souverain dit à Adam que longue vie lui serait accordée, à lui et à sa postérité (et sûrement à Eve)".

    Judas s'enquiert du sort d'Adam et de l'Humanité

    Judas demande à Jésus combien de jours vivra l'homme au plus. Jésus lui demande pourquoi il s'interroge à ce propos, Adam ayant vécu, avec sa génération le temps qui lui était imparti dans le royaume qu'il avait reçu.

    Judas demande si l'esprit humain est mortel. Jésus répond que Dieu avait demandé à Michael de seulement prêter les esprits afin qu'ils puissent servir, mais le Grand-Un a ordonné à Gabriel d'accorder des esprits aux grandes générations sans mesure- il s'agit de l'esprit et de l'âme.

    Jésus discute de la destruction des pécheurs avec Judas et les autres disciples

    (Manque) "Mais Dieu a fait en sorte que la connaissance soit donnée à Adam afin que le roi du Chaos et de l'Enfer ne puisse pas régner sur eux".

    Judas demanda ce que ferait alors cette génération et Jésus lui répondit qu'en vérité, pour chacune d'elles les étoiles ont fourni des moyens d'achèvement/perfection. Quand Saklas parachève le temps qui lui a été imparti, leurs premières étoiles apparaîtront avec les générations et elles achèveront ce qu'ils avaient projeté de faire. Alors ils forniqueront en mon nom et ils tueront leurs enfants" (manquent six lignes et demie).

    Après cela Jésus rit et Judas lui demanda la raison de son attitude à leur endroit Jésus répondit qu'il ne se moquait pas d'eux, mais de l'erreur des étoiles qui se trompent au sujet des cinq combattants et qui seraient toutes détruites avec leurs créatures.

    Jésus parle des baptisés et de la trahison de Judas

    Judas demande à Jésus ce que feront/deviendront ceux qui auront été baptisés en son nom. (Vide de 9 lignes). Jésus répond :"En vérité, ceux qui font des sacrifices à Saklas (manque) Dieu… (Manque 3 lignes) toutes ces choses qui sont mauvaises"."Mais tu les surpassera tous, car tu sacrifieras l'enveloppe qui me revêt"

    "Déjà ta corne a été relevé ton courroux s'est enflammé ton étoile a brillé et ton coeur a ..."

    (Des manques) "Et alors l'image de la grande génération d'Adam sera exaltée, car avant le ciel, la terre et les anges, cette génération, qui est des royaumes éternels, existe déjà (au présent dans le texte anglais, comme quand Jésus dit, de façon apparemment anachronique «avant qu’Abraham fût, je suis» de Jean 8 v. 58 ; probablement un effet de style dans une volonté imitatrice pour conférer de la vraisemblance et gnostique).

    "Toutes choses t'ont été enseignées. Lève tes yeux et regarde le nuage, sa lumière et les étoiles qui l'environnent et l'étoile qui ouvre le chemin est la tienne".

    Judas leva le regard, vit le nuage lumineux et y entra. (Manque).

    Conclusion : Judas trahit Jésus

    ...Leurs grands prêtres murmurèrent, car il était entré dans la chambre d'invités pour prier. Mais des scribes veillaient là attentivement avec l'intention de l'arrêter durant sa prière, car ils avaient peur du peuple depuis qu'il était considéré par tous comme un prophète.

    Ils s'approchèrent de Jésus et lui demandèrent s'il était un disciple de Jésus et il leur répondit dans le sens qu'ils désiraient et reçut en main propre la somme.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:30

    La Bible de BARNABÉ




    L'évangile apocryphe de Barnabé (XIV° - XVI° siècles)

    CE QUE L'ÉGLISE DIT :J'ai longuement hésité avant d'ajouter Cet appendice. L'affaire de cet évangile, non seulement apocryphe mais surtout très tardif, est rocambolesque. Nous étions beaucoup à souhaiter qu'elle se termine d'elle-même et le mieux, semblait-il, était de se taire. Mais voici que depuis une dizaine d'années, ce faux évangile sert à une propagande anti-chrétienne, discrète mais fort nette : il est présenté à des chrétiens penchant vers l'islam et peu au courant de la question dans le but de les attirer. Il serait bon que tous ceux qui, à un titre ou un autre, ont une responsabilité chrétienne sachent qu'il existe. Le jour où tout sera retombé dans l'oubli, cet appendice n'aura plus de raison d'être et pourra être supprimé.

    En attendant, sa présence dans ce Cahier répond au fait que l'auteur de cet évangile a remanié un donné très ancien dans une ligne précise il a voulu fournir un évangile qui s'harmonise avec le Coran.

    C'est au XVII° siècle qu'en Hollande, des humanistes de tendance déiste tombèrent sur le texte, écrit en italien, d'un évangile soi-disant rédigé par Barnabé sur l'ordre de Jésus. Barnabé est connu dans le Nouveau Testament comme un lévite originaire de Chypre et qui accompagna saint Paul pendant une partie de son apostolat. Ici il est présenté comme s'il avait été l'un des douze apôtres, depuis le tout début du ministère de Jésus. Il est dit avoir été le témoin de toute l'activité évangélique de Jésus Emmené partout par Jésus, il est dit dans ce texte avoir été avec lui chaque fois que, dans les Évangiles synoptiques, seuls les trois intimes, Pierre, Jacques et Jean, l'accompagnent. Et même chez les Judéo-chrétiens qui font de Barnabé un apôtre, celui-ci n'est agrégé aux onze qu'après la mort de Judas et à sa place.

    La première réaction de ces humanistes du XVIII° siècle fut de se demander s'il ne s'agissait pas d'un évangile ancien qui aurait eu cours en Arabie à l'époque de Mohammad. Ils ne se prononcèrent pas, jugeant avec sagesse qu'un complément d'enquête serait nécessaire. Ce manuscrit fut finalement incorporé à la grande bibliothèque de Vienne où il se trouve actuellement.

    En 1907 il fut publié avec une excellente étude critique et une traduction anglaise par Lonsdale et Laura Ragg (Oxford, Clarendon Press). Il était net qu'il s'agissait d'un texte rédigé entre le XIV° et le XVI° siècles, probablement dans l'Ouest du bassin méditerranéen. Le manuscrit italien était postérieur à 1575, date à laquelle commence la fabrication du papier sur lequel il est écrit, comme en fait foi son filigrane.

    La critique interne montrait, pour le texte lui-même, un auteur ignorant la géographie de la Palestine, se servant des Évangiles d'après le Diatessaron de Tatien, les coupant selon ses vues théologiques à lui, y ajoutant de nombreux discours de spiritualité chrétienne occidentale médiévale (certains thèmes se datent clairement) et surtout, mise à part l'affirmation de base, remodelant le tout selon la vision musulmane de l'histoire religieuse du monde et celle de Jésus, y compris la substitution miraculeuse d'un sosie arrêté et crucifié à la place de Jésus qui lui est emmené au ciel, sain et sauf, par des anges. Dans son état actuel, le texte est une rédaction que l'on doit dater du XIV° au XVI° siècle, pas avant.

    Traduit en arabe dès 1908, cet apocryphe a connu un très grand succès en terre d'islam. Il fut retraduit en d'autres langues musulmanes et périodiquement réédité. Même s'il est relativement peu lu, beaucoup en parlent comme de l'évangile le plus proche de celui que Dieu aurait communiqué du ciel à Jésus et qui serait perdu. Et les vies musulmanes de Jésus, même l'une d'elles écrite par un docteur d'université européenne, s'en inspirent.

    Un évangile de Barnabé, dont le nom seul est connu, avait existé aux V°-VI° siècles comme en fait foi la condamnation portée par le décret dit de Gélase à cette époque. Mais il est impossible que, dans son état actuel, le texte italien représente cet original inconnu.

    Que faut-il en penser ? Du côté musulman, malgré l'engouement général, quelques rares voix ont eu le courage d'aller à contre-courant et de dire pourquoi le texte était inacceptable aux yeux de la critique historique. Chez les Occidentaux, deux tendances sont apparues. La première, la plus répandue, accepte les conclusions de l'étude critique fournie par les éditeurs de 1907. Elle considère ce texte comme composé au XVI° siècle (peut-être au XIV° mais pas avant). L'hypothèse de recherche actuelle la plus séduisante y verrait un faux lancé dans un esprit de vengeance contre l'inquisition espagnole ou un moyen de défense de la foi des musulmans d'Espagne persécutés au XVI° siècle après la Reconquista. Les ou la seule référence que l'on ait de ce texte provient de milieux morisques et, en Espagne à cette époque, il a existé d'autres faux du même genre.

    La seconde tendance, exprimée par L. Cirillo dans une thèse de doctorat (éditée après avoir été considérablement étoffée, à Paris chez Beauchesne en 1977), y verrait un noyau primitif judéo-chrétien très ancien auquel aurait été amalgamée, bien plus tard, une apologie de l'islam. Le tout aurait été remanié et réécrit au XVI° siècle.

    De toutes façons, il ne peut s'agir d'un évangile sérieux, le noyau judéo-chrétien mis à part au cas où l'hypothèse de L. Cirillo encore bien fragile recevrait quelque confirmation plus solide.

    Le texte comporte 222 chapitres. Les deux chapitres et demi que nous donnerons ici montrent Jésus revenant de faire le carême au mont Sinaï et trouvant la Palestine en effervescence. Pendant son absence, les trois autorités, Pilate, Hérode et le Grand Prêtre, se sont réunies avec trois armées de deux cent mille hommes chacune pour faire face au peuple sur le point de s'entre-tuer (chapitre 91). Parmi les juifs, les uns disent que Jésus est Dieu ou Fils de Dieu, les autres s'y opposent absolument. Tous décident de se réconcilier et d'attendre le retour de Jésus pour pouvoir l'interroger. Jésus arrive. Le Grand Prêtre veut se prosterner devant lui. Jésus l'arrête. Il demande au Grand Prêtre quelle est la foi juive. Le Grand Prêtre la lui explique Jésus adhère pub liquement, article par article, à tout ce qui est dit et rejette formellement ce que l'on affirme sur sa divinité C'est alors que le Grand Prêtre l'interroge et lui demande qui il est.

    La réponse est importante. Jésus nie être le Messie et annonce Mohammad qui sera le Messie attendu. Ce point qui aurait dû frapper les musulmans est passé inaperçu aux yeux de la plupart d'entre eux, probablement parce qu'ils ne se rendent pas compte de la forme du mot. Le texte italien est net Jésus affirme ne pas être "il Messia". Et de son côté le Coran enseigne explicitement à propos de Jésus : "Son nom est le Messie, Jésus, fils de Marie" (Coran 3, 45). L'affirmation de base de ce faux évangile va donc directement contre le Coran. Ce point devrait être souligné dans les échanges avec les musulmans et cet argument est le plus fort qui puisse leur être proposé.

    Il est inutile de faire remarquer tout ce que ce passage a de factice, y compris l'intervention du Sénat Romain. Jamais la question de la personne de Jésus ne s'est posée si crûment de son vivant. Par ailleurs le thème de la correspondance entre Pilate et le Sénat Romain est classique dans la littérature légendaire du moyen âge ; il a été exploité à maintes reprises. Le cas de Barnabé n'est pas le premier.

    EXTRAITS :


    CHAPITRE 96.

    Après la prière, le pontife dit à haute voix : : "Arrête, Jésus, car pour la tranquillité de notre peuple, il nous manque de savoir qui tu es ". Jésus répondit : "Je suis Jésus, fils de Marie, de la race de David, homme mortel et craignant Dieu. Je m'emploie à ce que l'honneur et la gloire soient rendus à Dieu".

    Le pontife reprit : "Au livre de Moïse (note : Livre de Moïse : est-ce une allusion à Dt 18, 18), il est écrit que notre Dieu doit nous envoyer le Messie. Celui-ci viendra annoncer ce que Dieu veut, et il apportera au monde la miséricorde (p. 241) de Dieu. Je te supplie de nous dire la vérité : "Es-tu le Messie (il Messia di Dio) de Dieu que nous attendons ? " Jésus répondit : "Il est vrai que c'est ce que notre Dieu a promis, mais ce n'est pas moi, car il est fait avant moi et il viendra après moi (note : Jean-Baptiste, le précurseur a disparu ; ses paroles sont mises dans la bouche de Jésus devenant le précurseur de Mohammad)".

    Le pontife reprit : : "De toute façon à cause de tes paroles et de tes prodiges, nous croyons que tu es prophète et saint (note : Cf. Lc 5, 34, parole d'un démon) de Dieu : aussi je te supplie au nom de toute la Judée et d'Israël, de nous dire, pour l'amour de Dieu, comment viendra le Messie ". Jésus répondit : " Vive Dieu en présence de qui se tient mon âme, je ne suis pas le Messie (il Messia) (note : Messie n'est plus qu'un titre d'honneur, glosé "envoyé" en note dans la traduction arabe.) qu'attendent toutes les tribus de la terre, comme Dieu l'a promis à notre père Abraham en disant :

    "Dans ta semence, je bénirai toutes les tribus de la terre !" Mais quand Dieu m'enlèvera du monde, Satan suscitera de nouveau cette maudite sédition : il fera croire aux impies que je suis Dieu et fils de Dieu, et mes paroles et ma doctrine seront si contaminées qu'il restera à peine trente fidèles (note : D'après les traditions musulmanes, moins de cent chrétiens adhèrent à l'islam du vivant de Mohammad.). Alors Dieu aura pitié du monde et il enverra son messager (p. 242) pour lequel il a tout fait. Il viendra du Midi avec puissance et il détruira les idoles avec les idolâtres, car il enlèvera à Satan l'empire qu'il a sur les hommes. Il apportera avec lui la miséricorde de Dieu pour le salut de ceux qui le croiront. Bienheureux qui croira à ses paroles !"

    CHAPITRE 97

    Moi, qui suis indigne de délacer ses chaussures (note : Cf. Jn 1, 27 : toujours Jésus le précurseur), j'ai eu la grâce et la miséricorde de Dieu de le voir ! "Le pontife, le gouverneur et le roi répondirent alors : "Ne t'inquiète pas Jésus, saint de Dieu : ce conflit ne se produira plus de notre temps. Nous écrirons en effet au sacré sénat romain, et par décret impérial, personne ne t'appellera plus Dieu ou fils de Dieu". Jésus dit alors : " Vos paroles ne me consolent pas, car les ténèbres viendront d'où vous espérez la lumière (note : Pointe contre Rome). Ma consolation se trouve dans la venue du messager de Dieu (nontio di Dio) qui détruira toute idée fausse en ce qui me concerne (note : idée musulmane : Mohammad a rétabli le vrai message de Jésus corrompu par les chrétiens)".

    "Sa foi (p. 243) se diffusera et s'emparera du monde entier, car c'est ce que Dieu a promis à Abraham, notre père. Ce qui me console, c'est que sa foi n'aura pas de fin, mais que Dieu la conservera intacte". Le pontife reprit : "D'autres prophètes viendront-ils après le messager de Dieu ?" Jésus répondit : "Après lui, il ne viendra pas de vrais prophètes envoyés par Dieu, mais il viendra une quantité de faux prophètes (note : Jésus dans nos évangiles met en garde contre les faux prophètes (Mt 7, 15-20). Le Coran n'attire pas l'attention sur ce point.), et cela me cause de la peine, car c'est Satan qui les suscitera par un juste jugement de Dieu et ils se couvriront du prétexte de mon évangile ". Hérode dit : "Comment est-ce par un juste jugement de Dieu que viendront de tels impies ? ".

    Jésus répondit : "Il est juste que celui qui ne veut pas croire à la vérité pour son salut, croie au mensonge pour sa damnation : aussi je vous le dis, le monde a toujours méprisé les vrais prophètes et aimé les faux, comme on peut le voir au temps de Michée et de Jérémie. Car chacun aime son semblable".

    Le pontife dit alors : "Comment s'appellera le Messie ? Et (p. 244) quel signe prouvera sa venue ?". Jésus répondit : "Le nom du Messie est Admirable (note : "Ahmad" cf. Coran 6 1, 6), car Dieu lui-même le lui donna quand il eut créé son âme et qu'il l'eut placé dans une splendeur céleste. Il dit : "Attends, Muhammad par amour pour toi je veux créer le paradis, le monde et une grande multitude de créatures dont je te fais présent (note : Idée de Mohammad, le premier de toutes les créatures, commune et mystique musulmane.). Aussi celui qui te bénira sera béni et celui qui te maudira sera maudit ! Quand je t'enverrai dans le monde, je t'enverrai comme mon messager de salut. Ta parole sera si vraie que le ciel et la terre passeront mais que ta foi ne manquera jamais !" Muhammad est son nom béni". Alors les gens élevèrent la voix et dirent :

    "O Dieu, envoie-nous ton messager ! O Muhammad, viens vite pour le salut du monde !"

    CHAPITRE 98

    Après ces paroles, la foule s'en alla ainsi que (p. 245) le pontife, le gouverneur et Hérode, en faisant de grands discours sur Jésus et sa doctrine. Le pontife pria le gouverneur d'écrire tout cela à Rome, au sénat. Ce que fit le gouverneur. Aussi le sénat, pour complaire à Israël, décréta que sous peine de perdre la vie, personne n'appellerait plus Jésus de Nazareth prophète des juifs, ni Dieu, ni fils de Dieu. Ce décret fut placé dans le temple en lettres de cuivre. [...].
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:30

    LA LETTRE DE PIERRE À PHILIPPE


    NH VIII, 2) Traduit du copte par Jacques É. Ménard, révisé par Jean-Pierre Mahé Bibliothèque copte de Nag Hammadi,

    Notes sur la Lettre de Pierre à Philippe

    Adressé par Pierre à l’apôtre Philippe, cet écrit de neuf pages se présente superficiellement comme une lettre, comme Eugnoste, l’Apocryphon de Jacques et le Traité sur la résurrection. Sa forme et son contenu le rapprochent toutefois des dialogues de révélation gnostiques, comme le Dialogue du Sauveur, qui mettent dans la bouche du Christ ressuscité des enseignements typiquement gnostiques. En tant que lettre attribuée à Pierre, ce document se rattache à la tradition pétrinienne à laquelle appartiennent également la première partie des Actes canoniques des apôtres et les lettres du Nouveau Testament attribuées à Pierre, ainsi que quelques autre documents dont l’Évangile de Pierre et, à Nag Hammadi, l’Apocalypse de Pierre. D’autre part, en tant que dialogue de révélation entre le Sauveur ressuscité et ses disciples, il témoigne de la productivité des récits d’apparitions du Ressuscité aux premiers siècles chrétiens. On est donc là, à n’en pas douter, devant un document produit dans un milieu chrétien, et qui cherche à se situer au sein de traditions chrétiennes.

    Le contenu doctrinal des enseignements mis dans la bouche du Sauveur et rapportés par Pierre porte sur la déficience survenue dans le Plérôme, le combat mené par les spirituels contre les puissances, et emprunte des formulations typiquement valentiniennes.

    La formule de credo rapportée est remarquablement orthodoxe :

    Notre illuminateur, Jésus, est descendu et il a été crucifié, et il a porté une couronne d’épine, et il a revêtu un vêtement de pourpre, et il a été cloué sur du bois et il a été inhumé dans un tombeau et il s’est ressuscité des morts.

    Mais elle est immédiatement suivie d’une interprétation d’inspiration docète : «Mes frères, Jésus est étranger à cette souffrance, mais c’est nous qui avons souffert par la transgression de la Mère», qui n’est pas sans rappeler les enseignements relatifs à la passion contenus dans le Deuxième Traité du Grand Seth et l’Apocalypse de Pierre du Codex VII, de même que dans l’Évangile apocryphe de Pierre.

    D’après les rapports de James M. Robinson et Stephen Emmel, un autre codex de papyrus, inaccessible pour le moment, contiendrait une seconde version copte de la Lettre de Pierre à Philippe.

    1 Réception de la lettre

    : « Pierre, apôtre de Jésus Christ, à Philippe notre frère bien-aimé et notre compagnon d’apostolat, et aux frères qui sont avec toi, salutations !

    Je veux donc que tu apprennes, notre frère, que nous avons reçu des ordres de notre Seigneur et Sauveur de tout l’univers : que nous nous réunissions, afin d’enseigner et de prêcher sur le salut qui nous fut promis par notre Seigneur Jésus, le Christ.

    Mais toi, tu te tenais à l’écart de nous et, tu n’as pas exprimé le désir que nous nous réunissions et apprenions de quelle façon nous répartir pour apporter la bonne nouvelle. Aussi, te plairait-il, notre frère, de marcher selon les ordres de notre Dieu, Jésus ? » Quand Philippe eut reçu et lu cette lettre, il vint aux pieds de Pierre, exultant de joie.

    2. RÉUNION DES APÔTRES SUR LE MONT DES OLIVIERS)

    Alors Pierre rassembla les autres aussi. Ils montèrent sur la montagne qui est appelée " Celle des olives", le lieu où ils avaient l’habitude de se rassembler avec le bienheureux Christ, quand il était dans le corps. Alors lorsque les apôtres se furent assemblés et mis à genoux, ils prièrent ainsi, disant: « Père, Père, Père de la lumière qui possèdes les Incorruptibilités, – écoute-nous comme tu t’es complu dans ton saint fils, Jésus Christ. Car il devint pour nous un luminaire dans les ténèbres. Oui, écoute-nous ! ».

    Et ils se mirent de nouveau à prier, en disant : « Fils de la Vie, Fils de l’immortalité, toi qui es dans la lumière, Fils, Christ de l’immortalité, notre Sauveur, fortifie nous, puisqu’ils nous pourchassent pour nous tuer ».

    Apparition de Jésus Christ et questions des apôtres

    Alors apparut une grande lumière, de sorte que la montagne resplendît de cette manifestation. Et une voix retentit jusqu’à eux, disant :« Écoutez mes propos afin que je vous parle. Pourquoi me cherchez-vous ? Je suis Jésus Christ, qui suis avec vous pour l’éternité ».

    Alors les apôtres répondirent et ils disaient : « Seigneur, nous voulons comprendre la Déficience des Éons et leur Plénitude, et encore leur Plérôme, et encore ceci : Comment sommes-nous retenus en cette demeure ? Comment sommes-nous venus en ce lieu ? De quelle façon en sortirons-nous ? Comment possédons-nous la licence de parler hardiment ? Pourquoi les Puissances nous combattent-elles ? » Alors une voix leur vint de la lumière, disant : « C’est vous-mêmes qui témoignez que je vous ai dit toutes ces choses. Mais à cause de votre incrédulité je vais parler de nouveau.

    La déficience

    Premier point : De la Déficience des Éons ( =des vivants). Voici ce qu’est la Déficience. Quand donc la désobéissance et la déraison de la Mère se manifesta contre l’ordre établi par la grandeur du Père, elle voulut susciter des Éons et, quand elle parla, apparut l’Authadès (=Celui qui se complaît en soi, le présomptueux). Puis, lorsqu’elle laissa une portion d’elle-même, l’Authadès s’en saisit, et cela devint une déficience. Telle est la Déficience des Éons. Et lorsque l’Authadès reçut une portion, il la sema et il établit des Puissances sur elle et des Autorités, et il l’emprisonna parmi les Éons morts. Et elles, toutes les Puissances du monde, se réjouissent d’avoir été engendrées. Cependant, elles ne connaissent pas Celui qui est préexistant, puisqu’elles lui sont étrangères. Mais, c’est celui-là l’Authadè qui a été doté de puissance et célébré par des louanges ! Or, lui, l’Authadès s’enorgueillit de la louange des Puissances. Il devint contrefacteur et il voulut modeler image pour image et forme pour forme. Et il chargea les Puissances sous son autorité de modeler des corps morts. Et ceux-ci tirèrent leur origine d’une contrefaçon de l’idée préexistante.

    La Plénitude

    Autre point : De la Plénitude. C’est moi, qui ai été envoyé dans le corps pour la semence qui est tombée, et je suis descendu dans leur ouvrage de mort. Mais elles ne me reconnurent pas ; elles pensaient que j’étais un homme mort. Et je parlai avec ce qui est mien. Et il m’écouta de la même manière que vous m’avez écouté aujourd’hui. Et je lui donnai pouvoir d’entrer dans l’héritage de sa paternité. Et je pris( .........) , il [fut empli], [ .........] dans son salut. Et puisqu’il état Déficience, il devint ainsi Plénitude.

    Les liens de la corruption

    Autre point : Du fait que vous êtes emprisonnés. C’est que vous êtes miens. Si vous vous dépouillez de la corruption, alors, vous deviendrez des luminaires au milieu des hommes morts.

    Le combat contre les Puissances

    Autre point : C’est vous qui devez combattre les Puissances C’est qu’elles ne se reposent point comme vous, car elles ne désirent pas que vous soyez sauvés ». Alors les apôtres se prosternèrent de nouveau, en disant : « Seigneur, enseigne-nous comment combattre les Archontes, puisque [es Archontes sont au-dessus de nous ». Alors une voix retentit jusqu’à eux, venue de Celui qui leur apparaissait, disant : « Quant à vous, voici comment vous les combattrez, – car les Archontes combattent l’homme intérieur –, vous donc, vous les combattrez ainsi : rassemblez-vous et enseignez dans le monde la promesse du salut et ceignez-vous de la puissance de mon Père et exprimez votre prière ; et lui, le Père, vous aidera comme il vous a aidés après m’avoir envoyé Ne craignez pas [ ] ainsi que je vous l’ai déjà dit lorsque j’étais dans le corps ». Alors vinrent du ciel un éclair et un coup de tonnerre, et Celui qui leur était apparu en ce lieu-là fut ravi au ciel.

    3. RETOUR À JÉRUSALEM

    Alors les apôtres rendirent grâce au Seigneur par toutes sortes de louanges, et ils rentrèrent à Jérusalem. Et, en descendant, ils échangeaient des propos en cours de route sur la lumière qui était survenue. Et l’on se mit à parler du Seigneur.

    Discussion en route sur la souffrance

    On disait : « Si lui, notre Seigneur, a souffert, à plus forte raison, nous ! » Pierre répondit en disant : « Il a souffert à cause de nous et il nous faut aussi souffrir à cause de notre petitesse ». Alors une voix parvint jusqu’à eux, disant : « Je vous ai dit bien des fois qu’il vous faut souffrir, qu’il faut que l’on vous mène dans des synagogues et devant)des gouverneurs afin que vous souffriez. Mais celui qui ne souffrira pas, non plus.(.........)!

    Prédication de Pierre dans le temple

    Mais les apôtres se réjouirent beaucoup et descendirent à Jérusalem, puis ils montèrent au Temple. Ils enseignèrent à être sauvé au nom du Seigneur Jésus Christ ; et ils guérirent une multitude. Et Pierre ouvrit la bouche, et il dit à ses disciples : « Assurément, notre Seigneur Jésus, quand il était dans le corps, nous a donné des signes de toute chose, car c’est lui qui est descendu. Mes frères écoutez ma voix . Et il fut rempli de l’Esprit Saint. Il parla ainsi :« Notre luminaire, Jésus est descendu et il a été crucifié et il a porté une couronne d’épines, et il a revêtu un vêtement de pourpre, et il a été cloué sur du bois, et il a été inhumé dans une tombe, et il s’est ressuscité des morts.

    Mes frères, Jésus est étranger à cette souffrance, mais c’est nous qui avons souffert par la transgression de la Mère. Et ainsi, toute chose, il l’a accomplie semblablement en nous. Car le Seigneur Jésus, le fils de la gloire incommensurable du Père, est l’auteur de notre vie. Mes frères, n’écoutons donc pas ces hors-la-loi et marchons dans..............

    4. EFFUSION DE L’ESPRIT ET MISSION DES APÔTRES

    Pierre rassembla les autres apôtres en disant : « Notre Seigneur Jésus, Christ, toi qui es à l’origine de notre repos donne nous l’esprit de science afin que, nous aussi, nous accomplissions des miracles ». Alors Pierre et les autres apôtres furent doués de vision et furent remplis de l’Esprit Saint, et chacun opéra des guérisons et ils se répartirent pour annoncer le Seigneur Jésus. Puis ils se réunirent entre eux et ils s’embrassèrent en disant : « Amen ». Alors Jésus leur apparut en leur disant : « Que la paix soit avec vous tous et avec quiconque croit en mon nom. Et quand vous partirez, qu’il y ait en vous joie, grâce et puissance. Mais ne craignez pas : voici que je suis avec vous pour l’éternité ». Alors, les apôtres furent répartis en vue des quatre messages, pour prêcher, et ils s’en allèrent en paix dans la puissance de Jésus.
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    Les "Évangiles" disparus de la Bible Empty Re: Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:31

    L ’APOCRYPHON DE JEAN



    Bibliothèque copte de Nag Hammadi.

    Traduit du Copte par Bernard Barc, université de Laval Québec Canada.

    Jean et Arimanias

    Cela arriva pendant l’un de ces jours où Jean, frère de Jacques — les fils de Zébédée — était monté à Jérusalem. Alors qu’il était monté au Temple, un pharisien du nom d’Arimanias s’approcha de lui et lui dit : « Où est ton maître, celui que tu suivais ? » Jean lui dit : « Il est retourné dans le lieu d’où il était venu. » Le pharisien lui dit : « Ce nazôréen vous a entraînés dans l’erreur et vous a empli les oreilles de mensonges . Il a fermé vos coeurs et vous a détournés des traditions de vos pères. »

    Jean s’interroge sur l’invisible

    Lorsque j’entendis ces propos, je me détournai du Temple, me dirigeant vers la montagne, vers un lieu désert. J’étais très affligé en mon coeur et je disais : « Comment le Sauveur a-t-il donc été mandaté ? Pourquoi a-t-il été envoyé dans le monde par son Père qui l’a envoyé ? Qui est son Père ? Et de quelle nature est cet éon vers lequel nous irons ? » Il nous a dit que cet éon où nous sommes avait reçu l’empreinte de cet éon incorruptible où nous irons, mais ne nous a pas instruits 1 de ce dernier en nous disant de quelle nature il était ?

    Jean a la vision de l’Invisible

    À cet instant, alors que je pensais à cela, les cieux s’ouvrirent, la création entière s’illumina d’une lumière apparue en dessous des cieux et le monde entier fut ébranlé. Je fus effrayé et je me prosternai. Et voici que m’apparut]un enfant, puis il changea d’apparence prenant celle d’un vieillard — en qui il y avait]une lumière. — Je regardai, mais sans comprendre ce prodige. S’agissait-il d’une Idée aux formes multiples — dans la lumière — dont les formes avaient été manifestées les unes par les autres ? Ou bien s’agissait-il d’une Idée unique qui aurait un triple aspect ?

    Le triple message du Sauveur

    Cette apparition me dit : « Jean, pourquoi es-tu perplexe et es-tu effrayé ? Tu n’es pas étranger à cette Idée. Ne sois pas pusillanime. » « Je suis avec vous en tout temps. Je suis le Père, je suis la Mère, je suis le Fils. Je suis celui qui existe éternellement, celui qui est sans souillure et sans mélange. » « Je suis venu maintenant t’instruire de ce qui est, ce qui a été et ce qui doit advenir afin que tu connaisses les choses invisibles comme les choses visibles, et t’instruire aussi au sujet de l’Homme parfait. « Maintenant donc lève ton visage écoute et écris ce que je te dirai aujourd’hui afin de l’envoyer, toi-même, à tes compagnons spirituels qui sont issus de la race inébranlable de l’Homme parfait. »

    ENSEIGNEMENT SUR L’INVISIBLE


    L’Esprit-Père : La Monade, c’est l’Esprit-Père.

    J’interrogeai alors afin de penser et il me dit : « la Monade étant une monarchie, sur laquelle ne s’exerce aucun pouvoir, — elle est le Dieu et Père de toutes choses, le Saint, l’Invisible établi au-dessus de toute chose, établi dans son Incorruptibilité, établi dans cette lumière pure que que la lumière oculaire ne peut regarder. Il est l’Esprit. — »

    Ce que l’Esprit est dans l’Invisible

    Il n’est pas convenable de le penser comme dieu ou en des termes similaires, car il est plus qu’un dieu. Il est un pouvoir au dessus duquel n’existe aucun pouvoir, car rien n’existe avant lui.— Il n’a pas non plus besoin de ce qui vient après lui : il n’a pas besoin de « Vie », car il est éternel. — Il n’a pas besoin de quoi que ce soit, car il est imperfectible, dans la mesure où il n’a pas de manque qui le rende perfectible. Il est au contraire totalement parfait en tout temps. — Il est lumière. —

    Il est l’illimité car nul n’existe avant lui pour le limiter. Il est l’indistinct car nul n’existe avant lui pour lui imposer une distinction. Il est l’incommensurable car personne d’autre ne l’a mesuré, qui existe avant lui. Il est l’invisible car nul ne l’a vu, lui cet Éternel toujours existant. Il est l’indicible car nul n’existe qui l’appréhende de façon à le dire. Il est l’innommable car il n’est personne qui existe avant lui pour le nommer. — Il est la lumière incommensurable, sans-mélange, sainte et pure, — Il est l’indicible parfait et incorruptible.

    L’Esprit n’est pas soumis à la tripartition du réel

    Il n’est ni perfection, ni béatitude, ni divinité, mais une réalité supérieure à ces notions. Il n’est ni infini ni limité, mais une réalité supérieure à ces notions. Il n’est ni corporel ni incorporel, ni grand ni petit, et ne peut être quantifié. Il n’est pas une créature. Nul ne peut non plus le penser , car il ne fait partie de rien de ce qui existe, mais est une réalité supérieure à ce qui existe, non du fait de sa supériorité, mais en lui même.

    Il ne peut faire partie d’un Éon car le temps n’existe pas pour lui. En effet, celui qui fait partie d’un Éon, d’autres ont préparé cet éon pour lui. Et le temps ne lui a pas été imposé comme mesure puisqu’il n’a pas reçu d’un autre qui le mesure. Et il est sans besoin car il n’y a absolument personne avant lui ; c’est à lui même qu’il adresse ses demandes. — C’est dans la perfection de la lumière, qu'il pensera la lumière sans mélange ! —

    Comment l’Esprit se manifeste dans le visible

    Majesté incommensurable ! Éternel, dispensateur d’éternité ! Lumière, dispensateur de lumière ! Vie, dispensateur de vie ! Bienheureux, dispensateur de béatitude ! Connaissance, dispensateur de connaissance ! — Éternellement Bon dispensateur de bien, faiseur de bien, non à la mesure de ce qu’il possède mais à la mesure de ce qu’il dispense. Grâce qui dispense une grâce ! Don qui dispense un don ! Lumière incommensurable ! —


    La Mère



    L’Esprit est la tête des Éons

    (Les éons :puissance éternelle émanée de l'Être et rendant possible son action sur les chose. Dictionnaire Larousse)

    Que te dirai-je au sujet de cet être insaisissable ? Qu’il est l’Idée de la lumière ! Dans la mesure où je peux le penser. — car qui pourra jamais le penser ! — je pourrai t’en parler en ces termes : Son Éon est incorruptible, en quiétude, se reposant en silence. Lui, l’Esprit existe avant toute chose. Il est la tête de tous les Éons, — Existe-t-il quelque chose d’autre auprès de lui ! Nul d’entre nous ne connaît ce qui concerne cet Incommensurable hormis celui qui a habité en lui. C’est lui qui nous a dit ces choses. C’est Lui qui se pense lui-même dans sa propre lumière qui l’entoure. C’est lui qui est la source d’eau vive, la lumière pleine de pureté.

    Barbèlo, manifestation de l’Unique-pensée du Père

    La source de l’esprit s’écoula, venant de l’eau vive de la lumière. Et il présida les choeurs de tous les éons et des mondes. En toutes leurs formes il pensa sa propre ressemblance en la contemplant dans l’eau de lumière pure qui l’entoure. Et son unique-pensée devint réalité, se manifesta et se tint devant lui, dans le issue du flamboiement de la lumière. Telle est la puissance antérieure à toutes choses et qui a été manifestée. Telle est la pré-pensée parfaite de toutes choses, à la fois lumière, idée de la lumière et ressemblance de l’invisible.

    Telle est la puissance parfaite, l’éon parfait de la gloire glorifiant l’esprit pour l’avoir manifestée. Et le pensant, elle est sa première-pensée, sa ressemblance. Elle devint un homme primordial qui est l’esprit virginal : triple mâle à la triple puissance, triple nom, triple engendrement, éon non vieillissant, androgyne sorti de la pré-pensée de l’esprit.

    Les dix Éons du Père

    Et Barbèlô demanda à l’Esprit que « lui » soit donnée une Prescience. Et il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment Prescience se manifesta, se tint auprès d’Unique-pensée, — c’est-à-dire de Pré-pensée (Pronoia), — glorifiant l’Invisible « Esprit » et la Puissance parfaite, Barbèlô, car c’est par son intervention que ces émanations sont venues à l’existence.

    À nouveau cette Puissance, (Barbèlô), demanda que lui soit donnée l’incorruptibilité. Et il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Incorruptibilité se manifesta. Elle se tenait auprès d’Unique-pensée (Ennoia) et de Prescience, glorifiant l’Invisible et Barbèlô car c’est par son intervention qu’elle est venue à l’existence.

    Elle demanda que lui soit donnée la vie éternelle. Il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Vie-éternelle se manifesta. Et elles se tenaient toutes trois glorifiant l’Esprit et Barbèlô puisque c’est par l’intervention de celle-ci qu’elles sont venues à l’existence, — par la manifestation de cet invisible Esprit. —

    Telle est la pentade des Éons du Père qui constitue l’Homme primordial. Telle est la ressemblance de l’Invisible qu’est Barbèlô associée à Unique-pensée (Ennoia), Prescience, Incorruptibilité et Vie-éternelle. Telle est la pentade androgyne qui compose la décade des Éons du Père celle qui constitue le Père inengendré (agénètos).

    Le Fils


    L’enfantement du Fils dans le silence

    Barbèlô regarda intensément vers l’Esprit, vers la lumière pure .Elle se tourna vers elle et enfanta une étincelle de lumière bienheureuse, mais qui ne lui était pas égale en grandeur. Tel est l’Unique-engendré (Monogénè) issu du Père, tel est le Dieu Engendré-de-lui-même (Autogénètos), le Fils premier-engendré (Protogénètos ?) de tous ceux de l’Esprit, de la lumière pure. Alors l’Esprit invisible se réjouit au sujet de la lumière qui était venue à l’existence, qui était apparue dans la première Puissance, sa Pré-pensée (Pronoia), Barbèlô. Et il oignit ce Fils de sa Bonté afin qu’il soit parfait et qu’il n’y ait en lui aucune déficience de Bonté puisqu’il l’a oint de la Bonté. C’est l’Invisible Esprit qui a versé sur lui (cette Bonté). Et le Fils reçut l’onction de l’Esprit virginal et se tint en sa présence glorifiant l’invisible Esprit par qui il a été manifesté et la Pré-pensée (Pronoia) parfaite.

    Du silence à la Parole

    Et le Fils demanda que lui soit donné « un partenaire », l’intellect (Noûs). L’invisible Esprit fit un signe d’assentiment et Intellect (Noûs) se manifesta à lui et se tint auprès du Christ glorifiant l’invisible Esprit ainsi que Barbèlô. Toutes (les oeuvres qui précèdent) ont été produites en silence et en Unique-pensée (Ennoia). L’invisible Esprit voulut alors faire une oeuvre. Sa Volonté devint une oeuvre, elle se manifesta et se tint auprès d’Intellect (Noûs) — et de la Lumière, — le glorifiant. Le Verbe suivit la Volonté, car c’est par le Verbe que le Christ a créé toute chose, lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (Autogénès).

    Quant à Vie éternelle et Volonté ainsi qu’Intellect (noûs) et Prescience ils se tinrent glorifiant l’invisible Esprit et Barbèlô car c’est d’elle qu’ils sont issus.

    Le Christ est institué comme médiateur

    Donc le Fils atteignit la perfection par l’intervention de l’Esprit. — Lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès) éternel, Fils de Barbèlô, lui qui s’est tenu en présence de l’Esprit invisible éternel et virginal, — Lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès), le Christ, que l’Esprit avait magnifiquement honoré parce qu’il était issu de sa Première-Pensée (Protennoia),

    — Lui que l’invisible Esprit a établi comme Dieu sur le Tout, Dieu véritable. L’Esprit lui donna tout pouvoir et fit en sorte que la Vérité qui est en lui lui fut soumise afin qu’il pense (noeîn) toutes choses lui dont le nom ne sera dit qu’à ceux qui en sont dignes.

    La Tétrade des Luminaires

    C’est de la lumière — qu’est le Christ — et de l’Incorruptibilité, par « le don » de l’Esprit, que les quatre grands luminaires furent manifestés hors du Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès) pour se tenir auprès du Fils en tant que triade composée de Volonté, Uniquepensée (Ennoia) et Vie, alors que la tétrade est composée de Grâce, Compréhension, Perception et Sagacité.

    Les douze Éons du Fils

    La Grâce du premier luminaire Armozèl, l’ange de lumière, est dans le premier éon ; avec lui sont trois éons : Grâce, Vérité, et Forme.

    Le deuxième luminaire, [Oro]iaèl, a été établi sur le deuxième éon ; avec lui sont trois éons : Pré-pensée (Pronoia), Perception, et Mémoire. Le troisième luminaire, Daveithé, a été établi sur le troisième éon ; avec lui sont trois éons : Compréhension, Amour et Idée.

    Quant au quatrième luminaire, Elèlèth, il a été établi sur le quatrième éon]; 5 avec lui sonttrois éons : Perfection, Paix et Sagesse.

    Tels sont les quatre luminaires qui se tiennent auprès du Dieu Engendreur-de-lui-même(autogénétôr). Tels sont les douze éons qui assistent l’Enfant, le grand Christ Engendreur-de-lui-même (autogénétôr), par le bon vouloir du divin Esprit invisible. Ces douze éons sont ceux du Fils, de l’Engendré-de-lui-même (autogénétos) par qui toutes choses ont été établies par la volonté de l’Esprit saint, par l’intermédiaire de l’Engendrement-de-lui-même (autogénès).


    Le Modèle de l’humanité


    La manifestation de l’Homme parfait

    C’est de la Prescience et de l’Intellect parfait, « par le don et » le bon vouloir du grand Esprit invisible et le bon vouloirde l’Engendrement-de-lui-même autogénès) que provient l’Homme parfait véritable, le premier manifesté. L’Esprit l’appela Adam. Et il l’installa sur le premier éon, près du grand Dieu, le Christ Engendreur-de-lui-même (autogéné) auprès du premier éon d’Armozel. accompagné de ses puissances. Et l’Esprit invisible lui donna une puissance intellectuelle (noéron) invincible. L’Homme parfait dit alors : « Je glorifie et bénis l’Esprit invisible ». « C’est par toi que tout a existé et vers toi que tout retourne.

    Je te bénis, Toi, l’Engendrement-de-lui-même (Autogénès) et les Éons,

    Triade, Père, Mère et Fils, Puissance parfaite ! »

    Le modèle de l’humanité séthienne

    (Seth: le remplaçant,) patriarche biblique, troisième fils d'Adam et d'Eve.

    Et l’Homme parfait installa son fils Seth sur le deuxième éon près du deuxième lumi naire Oro]iaèl. Dans le troisième éon fut installée la semence de Seth, — les âmes des saints qui sont éternelles — dans le troisième luminaire, Daveithaï. Dans le quatrième éon enfin furent installées les âmes de ceux qui ont eu connaissance de leur perfection et n’ont pas été prompts à se repentir, mais sont restés temporairement dans cet état puis se sont finalement repentis. C’est auprès du quatrième luminaire, Elèlèth, que ceux-là resteront, lui qui se les est adjoints pour la glorification de l’invisible Esprit.

    ENSEIGNEMENT SUR LE MONDE ARCHONTIQUE


    L’impétuosité de la Sagesse

    Donc, Notre consoeur la Sagesse — qui est un éon — conçut une pensée de son propre chef. Pensant l’Esprit et la Prescience, elle voulut en manifester l’Idée par elle-même sans que l’Esprit se soit levé avec elle pour l’assister, sans même qu’il ait fait un signe d’assentiment, sans même que son conjoint, le virginal Esprit mâle, ait donné son consentement.

    C’est donc sans avoir trouvé celui qui parle d’une seule voix avec elle qu’elle donnera son consentement ; c’est sans le bon vouloir de l’Esprit et sans que celui qui parle d’une seule voix avec elle n’en ait eu connaissance qu’elle s’élança au dehors. À cause de l’impétuosité qui est en elle, sa pensée ne pouvait être inopérante. Alors son oeuvre sortit, imparfaite, laide d’aspect, parce qu’elle l’avait faite sans son conjoint. Et (cette oeuvre) n’était pas non plus à la ressemblance maternelle mais d’une forme autre.

    La Sagesse installe Ialdabaoth comme démiurge

    La Sagesse vit, à la réflexion, que son oeuvre était l’empreinte d’une autre forme — avec une face de serpent et une face de lion et des « yeux » brillants de feu. — Alors elle la chassa loin d’elle, hors de ces lieux, afin qu’ aucun des Immortels ne la voient parce qu’elle l’avait enfantée par ignorance. Elle jumela son oeuvre à une nuée lumineuse. et plaça au milieu de la nuée un trône afin que nul ne voit cette oeuvre excepté l’Esprit saint que l’on nomme « Vie », la mère de tous. Et elle lui donna son nom : « Ialdabaôth ». C’est lui le Premier Archonte. C’est lui qui déroba une grande puissance à la Mère.

    Ialdabaoth se fabrique son propre Éon

    Il s’écarta d’elle, s’éloigna du lieu de sa naissance, s’empara d’un autre lieu et se créa unéon flamboyant d’un feu lumineux, celui dans lequel il se tient maintenant.

    Les puissances du monde inférieur

    Alors il s’accoupla avec la folie (aponoia) qui l’accompagne, et engendra les autorités qui lui sont inférieures, douze anges affectés chacun à son éon propre, conformément au modèle des éons impérissables. Et il créa pour chacun des douze anges, 12 sept anges. et pour ces anges, 13 trois puissances, de sorte que le total de ceux qui lui sont inférieurs est de trois cent soixante êtres angéliques, auxquels s’ajoute sa 16 triple puissance conçue à la ressemblance du premier modèle qui existe avant lui.

    Les noms doubles des douze premiers anges

    En conséquence, lorsque ces autorités ont été manifestées par l’Engendreur principal, Premier Archonte de la ténèbre, c’est de l’ignorance de celui qui les a engendrées qu’elles ont reçu leur nom. Le premier nom est Iaôth. Le deuxième est Hermas, « l’oeil du feu ». Le troisième est Galila. Le quatrième est Iôbêl. Le cinquième est Adônaios. Le sixième est Sabaôth. Le septième est Kaïnan et Kaê, celui que l’on nomme Kaïn, c’est-à-dire le soleil. Le huitième est Abiressiné. Le neuvième est Iôbêl. Le dixième est Harmoupiaêl. Le onzième est Adônin. Le douzième est Bélias.

    Tous ces autorités ont donc des noms différents qui leur viennent de la convoitise et la colère. Mais ce sont des noms différents doubles qui ont été donnés à celles-ci et leurs seconds noms leur ont été donnés par la gloire du ciel, et manifestent véritablement leur nature. Et Saklas les a appelés des noms qui précèdent mélangeant de la folie à leur puissance. Par ces derniers, par moments, ils déclinent et s’affaiblissent. Par les autres, au contraire, ils acquièrent force et croissent.

    Sept anges règnent sur les cieux et cinq sur le Chaos

    Et le Premier Archonte commanda à sept rois de régner sur les cieux et aux cinq autres de régner sur le Chaos infernal.

    Les noms de gloire de ceux qui dominent sur les sept cieux sont les suivants : Le premier est Iaôth à l’aspect de lion. Le deuxième est Elôaios à l’aspect d' âne. Le troisième est Astaphaios à l’aspect de hyène. Le quatrième est Iaô à l’aspect de serpent à sept têtes. Le cinquième est Adônaios à l’aspect de dragon. Le sixième est Adôni à l’aspect de singe. Le septième est Sabbataios à l’aspect de flamme de feu lumineux. Telle est l’hebdomade du Sabbat ! Tels sont ceux qui gouvernent le monde !

    De la hiérarchie du monde archontique

    Quant à Ialdabaôth Saklas, lui qui s’identifie à cette forme multiple de sorte qu’il se manifeste lui-même en tout visage en fonction de son désir, il a réparti entre eux une portion du feu qui est sien et de sa puissance. Mais de cette lumière pure de la Puissance qu’il a dérobée à la Mère, il ne leur en a pas donné. C’est ainsi qu’il a été pour eux un Christ, à cause de la gloire qui est en lui, et qui lui vient de la puissance de la lumière de la Mère. C’est pour cette raison qu’il s’est fait lui-même proclamer Dieu, se montrant ainsi désobéissant envers l’entité dont il était issu.

    Les noms doubles des sept Puissances

    Et Ialdabaôth jumela aux Puissances sept Pouvoirs. Par sa parole ils existèrent. Et il leur donna un nom. Il installa les Puissances en commençant par le haut :

    Le premier Pouvoir donc est Pré-pensée (pronoia), auprès de la première Puissance, Iaôth. Le deuxième est Divinité, auprès de la deuxième, Eloaiôs. Le troisième est Messianité, auprès de la troisième, Astaphaiôs. Le quatrième est Jalousie, auprès de la quatrième, Iaô. Le cinquième est Royauté, auprès de la cinquième, Sabaôth. Le sixième est Compréhension, auprès de la sixième, Adôni. Le septième est Sagesse, auprès de la septième, Sabbataiôs.

    Ces Puissances possèdent un firmament correspondant à chaque ciel et un éon conçu à la ressemblance des éons primordiaux, sur le modèle des Immortels.

    Le blasphème de l’Archonte

    Ialdabaôth vit donc la création qui est au-dessous de lui ainsi que la foule des anges qui sont au-dessous de lui et sont issus de lui. Il leur dit : « Je suis un Dieu jaloux ! En dehors de moi il n’en existe point d’autre ! »

    Par là, il signifie aux anges qui sont au-dessous de lui qu’il existe un autre Dieu, car s’il n’en existait pas d’autre de qui serait-il jaloux ?

    La Sagesse portée

    La Mère commença alors à être portée car elle perçut que sa déficience était due au fait que son conjoint n’avait pas été en accord avec elle lorsqu’elle s’était assombrie en perdant sa perfection. Et moi, Jean, de dire : « Ô Christ, que signifie elle fut portée ? » Lui alors rit et dit : « Penserais-tu que ce soit dans le sens où l’a dit Moïse : elle était portée au dessus des eaux ? » Non ! mais voyant le mal et la révolte qui adviendraient de par son fils, elle se repentit, et faisant un va-et-vient dans la ténèbre de l’ignorance elle commença à avoir honte. Elle ne s’aventure pas à l’extérieur mais fait un va-et-vient. Son aller et sa venue c’est ce que signifie « être portée ».

    Sagesse est placée dans le neuvième Éon

    Lorsque l’impudent Archonte déroba de la puissance à la Mère, il ignorait que ceux qui sont supérieurs à sa Mère sont multitude. Il disait en effet de sa Mère qu’elle seule existait. Voyant la foule immense des anges qu’il a créés il s’exaltait au dessus d’eux. Lorsque la Mèrecomprit que l’avorton de la ténèbre était imparfait parce que son conjoint n’avait pas été d’accord avec elle, elle se repentit. Elle versa d’abondantes larmes. Alors son conjoint entendit la prière de sa repentance. Ses frères intercédèrent en sa faveur et l’Esprit saint invisible fit un signe d’assentiment et ayant fait un signe d’assentiment, l’Esprit invisible répandit sur elle un Esprit venu de la Plénitude. Son conjoint descendit vers elle afin de redresser ses déficiences. C’est avec circonspection qu’il voulut redresser ses déficiences, aussi ce ne fut pas dans son propre Éon qu’elle fut replacée, mais, à cause de l’ignorance extrême qu’elle a manifestée, elle se trouve dans le neuvième éon jusqu’à ce qu’elle ait redressé sa déficience.

    L’ENSEIGNEMENT SUR L’HOMME


    Manifestation de l’Homme primordial

    Et une voix parvint à Sagesse qui disait : « il existe, l’Homme et le fils de l’Homme ». Le premier Archonte Ialdabaôth entendit la voix mais pensait que celle-ci ne venait pas d’en haut. Alors le Père saint et parfait, l’Homme primordial, les instruisit sur lui-même en prenant la forme d’un homme. Le Bienheureux leur manifesta son Idée et l’Archontat entier des sept Puissances se pencha et vit dans l’eau l’empreinte de la ressemblance.

    La création de l’homme psychique


    Les Puissances se dirent les unes aux autres : « Créons un homme qui soit à la ressemblance de Dieu et à l’apparence ». Elles créèrent leur oeuvre par une action conjointe avec toutes leurs Puissances. Elles modelèrent d’une part un modelage d’après elles-mêmes et chacune des puissances et, à partir de la Puissance, créèrent d’autre part l’âme. Elles créèrent cette âme d’après la ressemblance qu’elles avaient vue, comme une imitation de celui qui existe depuis le commencement, l’Homme parfait. Elles dirent : « Nommons-le Adam afin que le nom de celui-ci et sa puissance deviennent pour nous lumière. »

    L’homme psychique est à la ressemblance des Puissances

    Et les Puissances procédèrent en commençant par l’intérieur : la première, Divinité, ce qu’elle fit est une âme d’os. La deuxième, Messianité, une âme de nerf. La troisième, « Jalousie », une âme de chair. La quatrième, Pré-pensée (pronoia), une âme de moelle et qui constitue toute l’organisation du corps. La cinquième, Royauté, une âme de sang. La sixième, Compréhension, une âme de peau. La septième, Sagesse, une âme de cheveux. Et c’est ainsi qu' elles organisèrent le corps entier.

    Alors leurs anges les assistèrent et réalisèrent à partir de ce qui avait été précédemment préparé par les Puissances comme support de l’âme, l’ordonnancement harmonieux des membres. Et c’est ainsi que fut créé le corps entier, mis en ordre par la multitude des anges dont je t’ai parlé précédemment. Ce corps demeura inerte un long moment car les sept Puissances ne purent le mettre debout pas plus que les trois-cent soixante autres anges qui avaient procédé à l’ordonnancement des membres.

    La Puissance de la Mère dérobée par les Puissances est donnée à Adam

    Alors la Mère voulut reprendre la puissance qu’elle avait donnée à l’Archonte fruit de son impétuosité Elle sortit en innocence et adressa une supplique au Père de Tous dont la miséricorde est abondante, au Dieu de lumière. Et il envoya, par décision sainte, l’Engendrement-de-lui-même (autogenès) et les quatre luminaires sous l’apparence d’anges du Premier Archonte. Ils lui prodiguèrent des conseils dans le but d’extirper de lui la puissance de la Mère. Ils lui dirent : « Souffle dans son visage de l’esprit qui est en toi et l’oeuvre se mettra debout ! » Il insuffla de son esprit dans celle-ci — c’est-à-dire de la puissance qui vient de la Mère — et son oeuvre se mut aussitôt.

    Alors le reste des autorités fut jaloux de Ialdabaoth, car c’était par elles toutes que l’homme avait existé, et elles donnèrent à celui-ci leurs propres puissances. et il devint ainsi possesseur des âmes des sept autorités et de leurs puissances. Sa sagesse devint supérieure à toute la leur et supérieure à celle du Premier Archonte. Adam est entraîné vers la matière Ialdabaoth et ses autorités comprirent que l’homme s’était dépouillé de la méchanceté en devenant plus sage qu’eux et qu’il avait accédé à la lumière. Il le prirent alors et l’entraînèrent vers les régions inférieures de l’immense matière.

    L’envoi de la « Pensée d’en haut »

    Le bienheureux Père, bienfaiteur miséricordieux, manifesta sa compassion envers cette puissance de la Mère qui avait été soustraite au premier Archonte. afin qu’elle exerce son pouvoir sur le corps Lui, plein de pitié, envoya l’Esprit bienfaisant, comme aide pour celui qui était descendu en premier et qui avait été appelé Adam. Cet Esprit est Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière, celle qu’Adam a nommée « Vie ». C’est elle qui assiste toute créature, peine avec elle, la redresse en vue de la perfection de son propre temple, l’instruit de la descente de sa déficience et lui enseigne sa remontée. Et Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière était cachée en lui afin que les Archontes ne perçoivent pas sa présence, mais que notre soeur la Sagesse qui est semblable à nous corrige ses déficiences grâce à Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière.

    Le modelage de l’Adam matériel

    L’homme devint donc lumineux à cause de l’ombre de la lumière qui est en lui. Et sa pensée devint supérieure à celle de ses créateurs. Et, s’étant penchés vers lui, ils virent que l’homme leur était devenu supérieur. Ils tinrent alors conseil avec tout le corps angélique des Archontes et le reste de leurs puissances. Alors le « souffle » et la terre furent mélangés à l’eau et à la flamme ; ils les assemblèrent au moyen des quatre vents au souffle brûlant, les unissant ensemble. Provoquant une grande confusion. Ils introduisirent l’homme à l’ombre de la mort. Ils firent donc un remodelage, une nouvelle fois, mais à partir de terre, d’eau, de feu et de souffle, c’est-à-dire à partir de matière, de ténèbre, de désir et d’Esprit contrefait. Le voilà le lien ! Le voilà le tombeau du modelage du corps dont ils ont revêtu l’homme comme d’un lien matériel ! La voilà, la descente primordiale et la séparation primordiale ! Mais l’Unique-pensée (ennoia) de la lumière primordiale qui est en l’homme, voilà celle qui éveille sa pensée !

    Le Paradis de l’Archonte

    Le premier Archonte prit l’homme et le plaça dans ce Paradis, dont il disait qu’il est délices pour lui, mais c’est afin de le tromper, car leurs délices sont amères, et leur beauté perverse. Leurs délices sont tromperie et leur arbre, impiété. Leur fruit est un poison incurable et leur promesse est mort pour lui.

    Les arbres du Paradis


    À propos de leur arbre qu’ils ont planté en prétendant qu’ il est l’arbre de la vie, je vous enseignerai le mystère de leur vie. Ce mystère, c’est l’ Esprit contrefait envoyé par eux afin d’égarer l’homme de sorte qu’il ne pense (noein) pas sa perfection. Cet arbre est ainsi fait : Sa racine est amère, ses branches sont ombres de la mort. Son feuillage est haine et tromperie. Son huile est onction de perversité et son fruit désir de la mort. Sa semence ne s’abreuve que d’« obscurité ». Ceux qui goûtent à cet arbre, leur lieu d’habitation est l’Hadès. Quant à l’arbre qu’ils disent être pour connaître le bien et le mal , c’est la Pensée supérieure (Epinoia) de la lumière. C’est à propos de celle-ci qu’ils ont donné le commandement de « ne pas goûter », c’est-à-dire de ne pas lui obéir puisque ce commandement a été édicté contre l’arbre afin que l’homme ne regarde pas en haut, vers sa perfection et qu’il ne comprenne pas qu’il est nu de sa perfection. Mais c’est Moi qui les ai redressés pour qu’ils mangent !

    Quel est le rôle du serpent ?

    Je lui dis : « Christ ! N’est-ce donc pas le serpent qui a enseigné la femme ? » Il sourit et dit : « C’est le serpent qui lui a enseigné la procréation faite de désir, de souillure et de corruption, car elles sont choses utiles pour lui même ».

    Qu’est-ce que l’oubli ?

    Et le Premier Archonte sut que Pensée-supérieure de la lumière ne lui obéirait pas parce qu’elle était plus intelligente que lui. Aussi désira-t-il reprendre la puissance qui lui avait été retirée au profit d’Adam. Et il jeta un oubli sur Adam. Je lui dis : « Christ ! qu’est-ce que l’oubli ? » Alors il me dit : « Ne l’interprète pas comme le dit Moïse : « il l’a fait dormir» , mais comprends qu’il voila les sens d’Adam d’un voile et l’appesantit d’insensibilité. Car le Premier Archonte a parlé par la bouche du prophète en disant : « J’appesantirai les oreilles de leur coeur pour qu’ils ne comprennent pas et ne voient pas» ».

    Le modelage de la femme

    Pensée-supérieure (Epinoia) de la Lumière s’était auparavant cachée en Adam et de par sa volonté, le Grand Archonte désira l’en faire sortir au moyen de la côte. Mais comme Pensée supérieure (Epinoia) de la Lumière est un être insaisissable, l’obscurité, bien qu’elle l’ait poursuivie, ne put la saisir. Le Grand Archonte décida donc de faire sortir la Puissance hors d’Adam en faisant à nouveau un modelage en forme de femme et mit ainsi « cette » femme debout devant Adam. Cela ne se passa donc pas comme l’a dit Moïse : « il prit une côte », mais il fit la femme auprès de lui.

    Adam sort de l’oubli et reconnaît Epinoia

    À cet instant Adam fut dégrisé de l’ivresse de l’obscurité, car Pensée-supérieure (Epinoia) de la Lumière retira le voile qu’il avait sur le coeur. Aussitôt qu’il connut sa propre essence. Il dit : « Maintenant c’est bien un os de mes os et de la chair de ma chair ! C’est pourquoi, l’Homme quittera son Père et sa Mère, s’unira à sa femme et ils deviendront, eux deux, une chair unique ». — c’est dire que le conjoint de la Mère sera envoyé et que la déficience de celle-ci sera redressée. — C’est pourquoi Adam la nomma « Mère de tous les Vivants ».

    Pensée-supérieure instruit Adam

    Par décision de la Souveraineté d’en haut et par la révélation qu’elle lui délivra, Pensée supérieure (Epinoia) enseigna à Adam la connaissance. qui provient de l’arbre du même nom, sous la forme d’un aigle. Elle lui apprit à manger la connaissance, afin qu’il se souvienne de sa perfection — car tous deux avaient subi la chute de l’ignorance.

    Adam et Pensée-supérieure chassés du Paradis

    Yaldabaoth comprit qu’Adam et sa femme s’écartaient de lui, et les maudit. Il ajouta aussi à l’adresse de la femme que son mari la dominerait, sans connaître le mystère qui s’était produit par décision sainte d’en haut. Mais eux eurent peur de le maudire et de manifester son ignorance à tous ses anges. Il les chassa donc du Paradis et il les revêtit d’une morne obscurité.


    LA TRIPARTITION DE L’HUMANITÉ


    Caïn et Abel

    Ialdabaoth vit alors la vierge qui se tenait près d’Adam. Il fut rempli d’ignorance et voulant susciter d’elle une semence, il la souilla et engendra un premier fils, ainsi qu’un deuxième : Yaoué à visage ours et Eloim à visage de chat. L’un est juste et l’autre est injuste. Eloim est le juste et Yaoué l’injuste. Le juste, il l’a établi sur le feu et l’esprit ; l’injuste, il l’a établi sur l’eau et la terre. C’est eux que toutes les générations des hommes ont nommés Caïn et Abel. Jusqu’à aujourd’hui, l’union matrimoniale instituée par le Premier Archonte a existé. Il a semé en Adam un désir sexuel de sorte que la copie à laquelle donne naissance ce désir, à l’instigation de leur « Esprit » contrefait, soit de même nature que celle instituée par l’Archonte. Quant aux deux Archontes Eloeim et Iaoué il les a installés sur des principautés afin qu’ils gouvernent sur le tombeau.

    Seth

    Adam connut celle qui est de même nature que lui et engendra Seth d’après le modèle de la race qui est en haut dans les éons. C’est de cette façon que la Mère a envoyé celui qui est sien. Pour elle, l’Esprit descendit afin d’éveiller celle qui est de même nature que lui, conçue d’après le modèle de la plénitude, pour qu’à son tour celui-ci éveille les hommes de l’oubli et de la malice du tombeau. Et ainsi Seth demeura un temps. Il oeuvra en faveur de la semence de Pensée-supérieure (Epinoia) afin que lorsque l’Esprit viendra des éons saints il les établisse hors de la déficience de façon à restaurer l’Éon pour qu’il soit dans une perfection sainte, et soit donc sans déficience.

    AU SUJET DE L’ÂME


    Le sort du parfait

    Je dis alors : « Christ ! les âmes de tous les humains vivront-elles dans la lumière pure ? » Il me dit : « Tu es parvenu à penser (ennoia) des choses importantes qu’il est difficile de dévoiler à d’autres qu’à ceux qui appartiennent à cette race inébranlable. »

    Ceux sur qui l’Esprit de vie vient après qu’ils se soient unis à la Puissance, seront sauvés et parfaits et seront dignes de monter vers ces grands luminaires. Ils seront en effet dignes d’être purifiés là haut de tout mal et des attirances de la perversité puisqu’ils ne se sont appliqués à rien d’autre qu’à promouvoir ce rassemblement incorruptible. Ils se souciaient de celui-ci sans colère, ni jalousie, ni crainte, ni désir, ni avidité. Ils n’étaient affectés par aucune de ces passions, ni par aucune autre, mais seulement par la chair. pendant qu’ils s’en servent, guettant le moment où ils en sortiront et seront reçus par les contrôleurs dans la dignité de la vie éternelle incorruptible et de l’appel, endurant tout, supportant tout, pour mener à son terme le combat et hériter de la vie éternelle.

    Le parfait malgré lui

    Je dis : « Christ ! si elles n’ont pas accompli cela, qu’adviendra-t-il des âmes vers lesquelles la Puissance et l’Esprit de vie seront descendus afin de les sauver ? » Il me dit : « Celles en lesquelles cet Esprit entre, en tout état de cause, vivront, car elles sont hors d’atteinte du mal. La Puissance entre en effet en tout homme ; car sans elle il ne pourrait tenir debout. C’est après que l’âme ait été engendrée que lui est amené l’Esprit de vie. Lorsque ce vigoureux Esprit de vie est venu il fortifie la Puissance, c’est-à-dire l’âme, et elle ne s’égare plus vers le mal.

    Mais au contraire ceux dans lesquels l’Esprit contrefait descend sont attirés par celui-ci et tombent dans l’erreur. » Je dis alors : « Christ ! Les âmes de ceux-ci, lorsqu’elles sortiront de la chair, où iront elles ? » Il rit et dit : « Vers un lieu destiné à l’âme, c’est-à-dire à la Puissance qui l’a emporté sur l’Esprit contrefait. Cette âme est forte. Elle fuit les oeuvres mauvaises et, grâce à l’incorruptible protection, elle est sauvée et accède au repos des Éons. »

    Le sort des non-gnostiques

    Je dis alors : « Christ ! Ceux qui n’ont rien connu, qu’en est-il de leurs âmes. Où iront elles ? » Il me dit : « Un Esprit contrefait a multiplié les pressions contre celles-ci quand elles ont trébuché et par cette méthode il accable leur âme, l’oriente vers les oeuvres mauvaises et l’entraîne dans l’oubli. » Ainsi après qu’elle se soit dénudée, l’Esprit contrefait la livre aux Autorités qui relèvent de l’Archonte. A nouveau, ces Autorités les jettent dans des liens et elles tournent avec elles jusqu’à ce qu’elles soient délivrées de l’oubli, que l’âme acquiert la connaissance et atteigne ainsi la perfection et soit sauvée.

    Le salut des non-gnostiques

    Je dis alors : « Christ ! Comment l’âme peut-elle devenir petite de plus en plus petite ? et retourner dans le sein de la Mère ou de l’Homme ? » Lorsque je l’eus interrogé, il se réjouit et dit : « Bienheureux es-tu d’être capable d’intelligence ! » c’est dans ce but de les délivrer que ces âmes sont remises à l’autre âme que l’Esprit de vie habite. En faisant route avec elle et en lui obéissant, elle est sauvée sans qu’elle ait besoin de retourner dans une autre chair.

    Les gnostiques renégats

    Je lui dis : Christ ! ceux qui ont accédé à la connaissance puis se sont détournés, que deviennent leurs âmes ? Il me dit : « Elles iront vers le lieu dans lequel les anges de la pauvreté reconduisent ceux pour qui la repentance (métanoia) n’est pas venue et ils y seront gardés en vue du jour de leur châtiment. » Quiconque a blasphémé l’Esprit saint sera torturé dans un châtiment éternel.

    L’ORIGINE DE L’ESPRIT CONTREFAIT


    L’engendrement de le Fatalité

    Je dis alors : « Christ ! D’où est venu l’Esprit contrefait ? »

    Il me dit : « Après que la Mère riche en miséricorde assistée de l’Esprit saint miséricordieux qui a peiné avec nous en tant que Pensée-supérieure (épinoia) de la lumière unie à la semence, eut éveillé la pensée des hommes de la race de l’homme parfait, lumière éternelle, le Premier Archonte apprit que cet homme avait été transféré dans les hauteurs de leur sagesse. » Il voulut s’approprier leur plan de salut. Du fait de son ignorance il ne savait pas qu’ils sont plus sages que lui.

    Le Premier Archonte élabora un plan avec ses Puissances. Ils engendrèrent Fatalité. et lièrent au moyen de mesure, de temps et de moments, les dieux des cieux, les anges, les démons et les hommes. afin que tous soient pris dans le lien de cette Fatalité qui règne sur chaque chose. — dessein mauvais et pervers ! —

    Le Déluge

    Et le Premier Archonte se repentit à propos de tout ce qui était venu à l’existence par son action. Il tint conseil en vue de provoquer un déluge sur tout l’édifice humain. Mais la grandeur de Pré-pensée (pronoia) — Pensée-supérieure (épinoia) de-la-Lumière — en instruisit Noé qui l’annonça aux hommes. Mais ils ne le crurent pas. Cela ne se passa pas comme Moïse l’a dit : « Il se cacha dans une arche ». Mais Pensée supérieure le mit à l’abri dans un lieu. Ce n’est pas seulement Noé mais aussi des hommes de la race inébranlable qui allèrent vers un lieu. Ils se mirent à l’abri au moyen d’un nuage de lumière. Et Noé connut la Souveraineté d’en haut lui et ceux qui sont avec lui dans la lumière qui avait brillé pour eux parce que la ténèbre s’était répandue sur tout chose sur la terre.

    L’union des anges et des filles des hommes

    L’Archonte élabora un plan avec ses anges et ils envoyèrent leurs anges vers les filles des hommes afin de susciter d’elles une progéniture, pour leur plaisir. Et n’y étant pas parvenus la première fois, ils prirent tous la décision de faire l’Esprit contrefait en se remémorant l’Esprit qui était descendu. Alors les anges changèrent « leur » propre apparence en celle de « leurs époux », afin que, passant pour leurs époux, ils remplissent celles-ci de l’esprit qui leur est associé dans la ténèbre qui provient du mal. Ils leur apportèrent de l’or, de l’argent, des présents et des métaux de bronze et de fer et de toutes sortes. Ils les induisirent en tentation afin qu’elles ne se souviennent plus de leur Prépensée (pronoia) inébranlable. Ils les possédèrent et elles enfantèrent des fils issus de la ténèbre, issus de leur Esprit contrefait. Cet Esprit ferma les coeurs de ces fils et ils devinrent durs de la dureté même de l’Esprit contrefait jusqu’à maintenant.

    Que soit donc bénie la Mére-Père à l’abondante miséricorde, qui reçoit forme dans sa semence !

    PERSPECTIVES D’AVENIR


    Je suis d’abord monté vers l’Éon parfait, mais je te dis ces choses (maintenant) pour que tu les mettes par écrit et les transmettes à tes compagnons spirituels en secret, car ce mystère est celui de la race inébranlable. La Mère est descendue une autre fois avant moi, ce qu’elle a fait dans le monde c’est de restaurer sa semence, mais moi je vous enseignerai ce qui adviendra ! En effet je t’ai transmis ces choses pour que tu les écrives et qu’elles soient conservées en sécurité. Il me dit alors : « Maudit soit quiconque échangera ces écrits contre un présent, contre de la nourriture, de la boisson, un vêtement ou autre chose du même genre.

    ÉPILOGUE

    Aussitôt après avoir confié ce mystère à Jean, le Christ devint invisible pour lui. Alors celui-ci vint vers les disciples, ses compagnons, et commença à leur dire les paroles qui lui avait été dites par le Sauveur. La révélation secrète de Jean.
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    Les "Évangiles" disparus de la Bible Empty Re: Les "Évangiles" disparus de la Bible

    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:32

    Évangile selon Marie. ( Madeleine )


    L’Évangile selon Marie, comme plusieurs écrits gnostiques, s’inscrit dans la tradition des apparitions du Sauveur ressuscité. Dans cet évangile, le Sauveur transmet d’abord ouvertement son enseignement à ses disciples, puis secrètement à Marie Madeleine au cours d’une vision intérieure. Ceci provoque une réaction violente de Pierre qui refuse de croire que le Sauveur ait pu transmettre un enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples. Cet évangile témoigne donc d’un conflit vécu à l’intérieur même d’un milieu chrétien au début de notre ère.

    L’Évangile de Marie est le premier texte du papyrus de Berlin 8502 (BG 8502), acquis au Caire en 1896 et daté du début du Vème siècle de notre ère. Ce papyrus contient trois autres écrits : l’Aprocryphon de Jean, la Sagesse de Jésus-Christ et l’Acte de Pierre. L’Aprocryphon de Jean et la Sagesse de Jésus-Christ se retrouvent également dans la bibliothèque copte de Nag Hammadi. Les parties du texte que nous possédons sont assez bien préservées, mais les pages 1 à 6 et 11 à 14 manquent entièrement. L’Évangile de Marie est écrit en sahidique, un dialecte copte, mais la première rédaction aurait été faite en grec au cours du IIème siècle. Cette date est attestée par un fragment grec, le papyrus Rylands 463 daté du IIIème siècle, dont l’identité avec le texte copte a été confirmée.

    L’auteur, Anne Pasquier, émet l’hypothèse que le texte aurait subi quelques remaniements. Un passage, la révélation de Marie, aurait peut-être été introduit ultérieurement dans le reste de l’écrit. Ce texte est divisé en deux parties, la première est constituée par la révélation du Sauveur, la deuxième, par la révélation de Marie. Malgré l’absence des pages 1 à 6, on peut présumer que la révélation du Sauveur occupait entièrement ou presque la première partie du texte. Le Sauveur y répond aux questions de ses disciples notamment sur le destin final de la matière. Le Sauveur répond à cette question et à une autre relative à Pierre (7,10) concernant la nature du péché du monde, en expliquant qu’il n’y a pas de péché inhérent au monde ou à la matière, mais que le péché pénètre le monde grâce son association impropre avec l’esprit, et que le rôle du Bien est de séparer ces éléments. Le Sauveur quitte ses disciples après ces explications et une dernière exhortation (8,14-9,5).

    Après son départ, les disciples sont affligés et irrésolus. Marie intervient alors et, se référant à l’enseignement du Sauveur, les console et les encourage. Pierre demande ensuite à Marie de leur rapporter d’autres paroles qu’eux, les disciples du Seigneur, n’auraient pas entendues. La réponse de Marie est un discours de révélation, discours qui est déterminé par une vision du Sauveur (10,7). L’enseignement de Marie, qui débute avec la description de cette vision, est également incomplet, il manque les pages 10 à 15. Le discours reprend avec l’explication sur des différentes fonctions des trois éléments de l’Âme dans l’accès à la vision (pneuma, noûs, psyché), et se poursuit avec le récit des différents stades de l’ascension de l’Âme et les réponses de chacune des puissances gardiennes des quatre Cieux. Le récit se termine par la victoire de l’âme et son accession au repos dans le Silence.

    La révélation de Marie suscite une réaction assez violente de la part d’André et surtout de Pierre, qui refuse cette fois de croire que le Sauveur ait pu transmettre son enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples (17, 10-18, 5-21). Lévi intervient à son tour pour réprimander Pierre et témoigner de la préférence que le Sauveur accordait à Marie. Reprenant quelques-unes des paroles de l’exhortation finale du Sauveur, il invite enfin les disciples à proclamer l’Évangile. Finalement, ceux-ci se mettent en route pour annoncer et prêcher (19, 1-2).

    Dans son introduction et son commentaire, le professeur Anne Pasquier, décrit le texte comme un exemple de la pensée gnostique et comme un révélateur des tensions existant entre les différentes communautés chrétiennes dans les premiers temps du christianisme. L’auteur établit un lien entre, d’une part, les thèmes principaux abordés par Marie Madeleine dans son discours, notamment l’ascension de l’âme dans les quatre cieux et la description des quatre puissances gardiennes de ces cieux et, d’autre part, les différents écrits gnostiques ainsi que des sources se trouvant dans le Nouveau Testament et particulièrement l’Épître aux Romains. Traçant également la tradition du conflit entre Pierre et Marie à travers les autres écrits gnostiques, l’auteur démontre que les deux figures représentent deux traditions ecclésiastiques différentes : la première, incarnée par Pierre, est la tradition orthodoxe ou celle qui tend à le devenir. Cette tradition dénigrera l’autorité des révélations reçues lors de visions et interdira aux femmes toute participation active à l’intérieur de l’Église. L’autre, dont Marie est ici la figure symbolique, est légitimée avant tout par des révélations secrètes ou des visions et par une possible égalité entre les hommes et les femmes. Ces traditions ont aussi des approches théologiques différentes, notamment sur le thème de l’androgynie de Dieu qu’Anne Pasquier présente comme une des importantes croyances de certaines communautés gnostiques, et qui est mis en évidence dans L’Évangile selon Marie.

    L'évangile
    (les six premières pages semblent manquer.)

    (page 7)

    " Qu'est-ce que la matière ? Durera-t-elle toujours ? " Le Maître répondit: " Tout ce qui est né, tout ce qui est crée, tous les éléments de la nature sont imbriqués et unis entre eux. Tout ce qui est composé sera décomposé ; tout reviendra à ses racines ; la matière retournera aux origines de la matière. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. "

    Pierre lui dit: " Puisque Tu te fais l'interprète des éléments et des événements du monde, dis-nous: Qu'est-ce que le péché du monde ? " Le Maître dit: " Il n'y a pas de péché. C'est vous qui faites exister le péché lorsque vous agissez conformément aux habitudes de votre nature adultère là est le pêché. Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ; Il a participé aux éléments de votre nature afin de l'unir de nouveau à ses racines. " Il continua et dit : " Voici pourquoi vous êtes malades et pourquoi vous mourrez, c'est la conséquence de vos actes ; vous faites ce qui vous éloigne... Comprenne qui pourra ! "

    [PAGE 8]

    " L'attachement à la matière engendre une passion contre nature. Le trouble naît alors dans tout le corps; c'est pourquoi je vous dis : «Soyez en harmonie...» Si vous êtes déréglés, inspirez-vous des représentations de votre vraie nature. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. "

    Après avoir dit cela, le Bienheureux les salua tous en disant : " Paix à vous, que ma Paix naisse et s'accomplisse en vous ! Veillez à ce que personne ne vous égare en disant : «Le voici, Le voilà.» Car c'est à l'intérieur de vous qu'est le Fils de l'Homme; allez à Lui: ceux qui Le cherchent Le trouvent En marche ! Annoncez l'Évangile du Royaume. "

    [PAGE 9]

    " N'imposez aucune règle, hormis celle dont je fus le Témoin. N'ajoutez pas de lois à celles de celui qui a donné la Loi, afin de ne pas en devenir les esclaves. " Ayant dit cela, Il partit. Les disciples étaient dans la peine; ils versèrent bien des larmes, disant: " Comment se rendre chez les païens et annoncer l'Évangile du Royaume du Fils de l'Homme ? Ils ne l'ont pas épargné, comment nous épargneraient-ils ? "

    Alors, Marie se leva, elle les embrassa tous et dit à ses frères: " Ne soyez pas dans la peine et le doute, car Sa Grâce vous accompagnera et vous protégera: louons plutôt Sa grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle à devenir pleinement des êtres humains. " Par ces paroles, Marie tourna leurs coeurs vers le Bien ; ils s'éclairèrent aux paroles du Maître.

    [PAGE 10]

    Pierre dit à Marie: " Soeur, nous savons que le Maître t'a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu'Il t'a dites, dont tu te souviens et dont nous n'avons pas la connaissance... " Marie leur dit : " Ce qui ne vous a pas été donné d'entendre, je vais vous l'annoncer: j'ai eu une vision du Maître, et je Lui ai dit: «Seigneur, je Te vois aujourd'hui dans cette apparition.» II répondit : S «Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue. Là où est l'intellect, là est le trésor.» Alors, je Lui dis: «Seigneur, dans l'instant, celui qui contemple Ton apparition, est-ce par l'âme qu'il voit ? Ou par l'esprit ?» Le Maître répondit: Ni par l'âme ni par l'esprit ; mais l'intellect étant entre les deux, c'est lui qui voit et c'est lui qui [...]»

    (Les quatre pages suivantes semblent manquer.)

    [PAGE 15]

    " «Je ne t'ai pas vu descendre, mais maintenant je te vois monter «, dit le Désir, « Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi ? « L'âme répondit: « Moi, je t'ai vue, toi, tu ne m'as pas vue. Tu ne m'as pas reconnue; j'étais avec toi comme avec un vêtement, et tu ne m'as pas sentie. « Ayant dit cela, elle s'en alla toute joyeuse. Puis se présenta à elle la troisième atmosphère, appelé Ignorance ; celle-ci interrogea l'âme, lui demandant: « Où vas-tu ? N'as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ? Oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie. « L'âme dit alors : « Pourquoi me juges-tu ? Moi je n'ai pas jugé. On m'a dominée, moi je n'ai pas dominé ; on ne m'a pas reconnue, mais moi, j'ai reconnu que tout ce qui est composé sera décomposé sur la terre comme au ciel. «

    [PAGE 16]

    Libérée de cette troisième atmosphère, l'âme continua de monter. Elle aperçut la quatrième atmosphère. Elle avait sept manifestations. La première manifestation est Ténèbres; la seconde, Désir ; la troisième, Ignorance; la quatrième, Jalousie mortelle; la cinquième, Emprise charnelle; la sixième, Sagesse ivre; la septième, Sagesse rusée. Telles sont les sept manifestations de la Colère qui oppriment l'âme de questions : « D'où viens-tu, homicide ? Ou vas-tu, vagabonde ? « L'âme répondit: « Celui qui m'opprimait a été mis a mort ; celui qui m'étreignait n'est plus ; mon désir alors s'est apaisé, et je fus délivrée de mon ignorance. «

    [PAGE 17]

    « Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une représentation s'est effacée Grâce a une représentation plus haute. Désormais je vais vers le Repos où le temps se repose dans l'Éternité du temps. Je vais au Silence «. " Après avoir dit cela, Marie se tut. C'est ainsi que le Maître s'entretenait avec elle. André prit alors la parole et s'adressa à ses frères: " Dites, que pensez-vous de ce qu'elle vient de raconter? Pour ma part, je ne crois pas que le Maître ait parlé ainsi; ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues. "

    Pierre ajouta : " Est-il possible que le Maître se soit entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes, écouter tous cette femme ? L'a-t-Il vraiment choisie et préférée à nous ? "

    [PAGE 18]

    Alors Marie pleura. Elle dit a Pierre: " Mon frère Pierre, qu'as-tu dans la tête ? Crois-tu que c'est toute seule, dans mon imagination, que j'ai inventé cette vision ? ou qu'à propos de notre Maître je dise des mensonges ? " Levi prit la parole : " Pierre, tu as toujours été un emporté ; je te vois maintenant t'acharner contre la femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si le Maître l'a rendue digne, qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, le Maître la connaît très bien Il l'a aimée plus que nous. Ayons donc du repentir, et devenons l'être humain dans son intégrité ; laissons-le prendre racine en nous et croître comme Il l'a demandé. Partons annoncer l'Évangile sans chercher a établir d'autres règles et d'autres lois en dehors de celle dont Il fut le témoin. "

    [PAGE 19]

    Dès que Levi eut prononcé ces mots, ils se mirent en route pour annoncer l'Évangile.

      La date/heure actuelle est Jeu 21 Nov 2024 - 16:30