La religion assyro-babylonienne
Croyances et rituels en Mésopotamie
En dépit du nom qu'on a convenu de lui donner, la religion assyro-babylonienne remonte, dans ses origines et dans sa constitution, à une époque bien antérieure à l'épanouissement des cités babyloniennes et assyriennes.
Dès le début du IIIe millénaire avant J.-C., existait, dans les bassins inférieurs du Tigre et de l'Euphrate, une civilisation florissante, due à l'interpénétration de deux peuples voisins et rivaux : les Akkadiens et les Sumériens.
Le pays de Sumer, situé en bordure et au fond du golfe Persique, qui s'avançait alors beaucoup plus avant dans les terres, avait pour capitale Lagash; les villes d'Eridu, au sud, et de Nippur, au nord, marquaient ses limites extrêmes; comme autres villes, il faut citer Uruk (ou Erech), Larsa, Ur. Les Sumériens étaient venus probablement de l'Asie du sud ou du centre. Le pays d'Akkad, situé immédiatement au nord du pays de Sumer, était peuplé de Sémites, probablement originaires d'Arabie ou de la Syrie du nord. Il avait pour capitale Agadé (ou Akkad), et pour villes principales, en montant du sud au nord, Borsippa, Babylone, Kish, Kutha, Sippar.
La part attribuable à chacun de ses peuples dans le développement de la civilisation est complexe. Dans l'ordre religieux, qui seul nous occupe ici, il semble que religion de Sumer-Akkad soit d'abord celle des Sumériens, qui en tout cas ont fourni une riche base mythologique. La religion assyro-babylonienne résulterait ainsi de la sémitisation d'un fond primitif sumérien. Quoi qu'il en soit, on ne peut douter qu'il n'y ait eu pénétration réciproque entre les religions des pays de Sumer et d'Akkad.
Sans doute, chaque cité vénérait ses divinités propres, mais elle accueillait aussi volontiers celles des cités voisines. En outre, les conquérants, lorsqu'ils soumettaient une région, y implantaient leurs dieux. Ceux-ci finissaient alors par s'identifier aux dieux locaux; de là des assimilations ou, à défaut, des filiations, des parentés. C'est de ce mélange des panthéons akkadien et sumérien, complété par les apports des époques postérieures, que se sont constituées la religion et la mythologie assyro-babyloniennes.
Dieu à tête d'aigle, découvert à Nimrud (Kalah)
(albâtre, hauteur 1,20 m, musée du Louvre).
La représentation des dieux mêle zoomorphisme et anthropomorphisme de trois manières différentes, selon la part qui prend leur caractère animal ou humain :
• On a pu concevoir les divinités simplement sous la forme d'animaux, bons ou mauvais, utiles ou redoutables à l'humain : le taureau, le lion, les grands capridés. Mais ces animaux sont représentées dans des attitudes humaines : un relief montre ainsi un taureau ramant dans une barque ou s'appuyant sur deux petits lions qu'il maintient par ses pattes de devant.
• On pouvait aussi envisager des divinités sous la forme d'entités mi-animales mi humaines. Certains personnages de la glyptique babylonienne, par exemple, sont représentés avec un buste d'homme finissant en longue queue de serpent, ou ayant des épaules duquel naissent des serpents. Cependant, cette tendance a été, en Mésopotamie, bien moins représentée qu'en Égypte.
Deux Enkidu, mi-hommes, mi-taureaux, étreignant l'arbre sacré.(Plaquette en terre cuite d'Ashunak).
• Enfin, les dieux apparaissent comme des êtres humains. Mais ils sont alors flanqués d'un animal attribut. Adad, le dieu de la foudre et de l'orage, se fait accompagner de son taureau; Ishtar, déesse de la fécondité et aussi de la guerre, de son lion et dans certains pays de la colombe, etc.
A la dualité animal/humain des dieux se superpose aussi la dualité masculin/féminin. Le principe mâle et le principe femelle de fécondité apparaissent ainsi liés dans le dieu primitif de Sumer : Enlil et de sa parèdre Ninlil, qui devint par la suite Ishtar avec tous ses attributs. Mais tandis que ces principes divins mâle et femelle, objets d'un culte dans toute l'Asie antérieure, étaient adorés sous cet aspect dans l'Asie Mineure par exemple, la Mésopotamie accorda plutôt au dieu mâle le caractère de divinité des éléments dont l'action assure la reproduction et la fécondité. Ishtar, au contraire, garda son aspect de déesse de la fécondité et conserva sa place lors du développement du panthéon assyro-babylonien.
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