Les triades dans la mythologie égyptienneA partir du Nouvel Empire et plus particulièrement à la Basse Epoque, la grande mode chez les théologiens égyptiens a été de regrouper les divinités. Auparavant, chacune d’elles était vénérée seule mais pour des raisons pratiques (le grand nombre de dieux) et dans un souci d’augmenter l’efficacité du culte et du pouvoir royal, la nécessité de trouver des schémas communs apparut comme un impératif.
Le plus fréquemment, les dieux étaient rassemblés en triades, c'est-à-dire par groupe de trois, suivant un schéma assez simple : la famille. On retrouvait donc un dieu accompagné d’une déesse, son épouse, et de leur enfant divin. En général, chaque ville possédait sa propre triade et les égyptiens se rendaient au temple local pour la vénérer.
Voici quelques exemples parmi les triades les plus célèbres :
Une triade puissante :
Elle constituait la triade la plus célèbre à travers tout le royaume et regroupait trois divinités fondamentales : Osiris, Isis et Horus. Certains la nommèrent « triade d’Abydos » en référence à cette ville antique où Osiris était adulé.
Osiris (au centre), Isis (à droite) et Horus (à gauche), Musée du Louvre, Paris
La triade thébaine (de Thèbes) :
La triade de Thèbes, Musée de Louxor, Égypte
La triade de Memphis :
Elle était composée de Ptah, de son épouse Sekhmet et de leur fils Néfertoum. Leur influence s’étendait également bien au-delà de Memphis. Parfois, Néfertoum était remplacé par le pharaon qui formait une triade avec Ptah et Sekhmet.
Ramsès II (au centre), entouré de Ptah (à gauche) et de Sekhmet (à droite), triade retrouvée à Memphis, actuellement au Musée du Caire, Egypte
Les triades de Kôm Ombo :
Deux triades étaient adorées à Kôm Ombo. Cela explique notamment pourquoi le temple a été partiellement dédoublé. Cependant, les deux triades se partageaient certaines pièces, voire même certaines scènes.
La première était composée de Sobek-Râ, Hathor et Khonsou.
Sobek et Hathor devant le pharaon, Temple de Kôm Ombo, Égypte
Sobek et Hathor devant le pharaon, Temple de Kôm Ombo, Egypte
La seconde était constituée de Haroéris (Horus l’ancien), Tasenetnefret (« la sœur parfaite » divinité associée à Haroéris) et Panebtaouy (leur fils, un dieu-enfant). Les deux dernières divinités auraient a priori été créées par les théologiens pour arranger et constituer une famille à partir d’Haroéris.
La triade d’Edfou :
Elle était composée d’Horus, Hathor et Harsomtous (un dieu-enfant).
Horus sous la forme du faucon, Temple d’Edfou, Égypte
Il ne s’agissait bien entendu que des plus célèbres !
Il existait également d’autres triades qui n’étaient pas calquées sur ce schéma familial. Elles consistaient plutôt en des sortes d’arrangements voulus par les théologiens afin de regrouper les fonctions de certains dieux. Par exemple, dans la première cataracte, à Eléphantine, Anoukis rejoignit Khnoum et Satis pour former une triade sans qu’aucun lien de parenté ne fût vraiment établi. Il s’agissait là plutôt d’un regroupement car leurs rôles sur les eaux du Nil étaient complémentaires. En effet, Anoukis avait pour mission de limiter la crue du Nil en encourageant les eaux à se retirer tandis que Khnoum et Satis les faisaient monter.
Lors de la XIXème dynastie, on vit même apparaître une triade dite « d’Etat » qui réunissait les trois dieux des trois principales villes égyptiennes : Amon, Râ et Ptah. Il s’agissait là d’une pure invention des théologiens pour unifier les cultes qui commençaient à se faire concurrence.
En conclusion, il faut savoir que la triade n’était pas le seul groupement de dieux possible. Il existait également des « familles divines » plus imposantes comme l’Ogdoade d’Hermopolis ou encore l’Ennéade d’Héliopolis. Cette dernière constituait le plus large rassemblement de divinités et comprenait : Atoum, Shou, Tefnout, Nout, Geb, Isis, Osiris, Nephtys, Seth. On ajoutait même parfois Horus pour compléter le tableau de famille.
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