C.T. Russell.
P.S. : Une copie de cette lettre a également été envoyée à votre compatriote, le Baron de Rothschild.
Avec la W.T. du 1er juillet 1897 (R 2176), nous voyons comment C. T. RUSSELL salua le travail de HERZL. Nous rappelons à nos lecteurs que le 1er Congrès Sioniste devait se tenir à Munich mais la Communauté juive de Munich ayant refusé cet honneur, c'est à Bâle que se tint le 1er Congrès :
VUES DE LA TOUR DE GARDE
A mesure qu'approche l'heure, indiquée par les aiguilles prophétiques de la grande horloge des Âges, où le « Temps des Gentils » prendra fin et où le Royaume de Dieu, représenté sur terre par la semence naturelle d'Abraham, s'assurera le contrôle des affaires terrestres, dans la Terre promise à Abraham (Actes 7 : 5), tout étudiant des prophéties qui se veut intelligent observe de façon naturelle les événements qui se rapportent à la terre promise et au peuple de l'alliance.
Cela fait juste un an que le Dr Herzl, un érudit hébreu originaire de Vienne, a publié son livre défendant la création d'un « État juif », en Palestine, l'ancienne possession de famille, comme unique solution pratique à la « question juive ». Ses vues, connues maintenant sous le nom de « Sionisme », ont été adoptées par des personnalités juives et des journaux juifs importants, dans le monde entier, et, bien qu'il y ait quelque opposition, il est merveilleux de constater combien le sentiment juif en faveur de ce projet est général.
Le Rabbin Stephen Wise, de New York, dit de ce mouvement :
« Dans le monde entier, cependant, les Sionistes pensent aux personnes sans foyer en Israël. Notre mission est de préparer et d’œuvrer, non seulement pour nous-mêmes, mais même pour ceux dont l'existence est menacée par les passions et les préjugés des différents peuples au milieu desquels le sort les a jetés. N'avons-nous pas assisté aux triomphes si souvent répétés de l'Antisémitisme « scientifique » aux élections allemandes ? Peu nombreuses sont les nations qui nourrissent des sentiments d'amitié totale à l'égard des enfants de la lignée d'où émergea Jésus de Nazareth.
« La chrétienté éclairée et craignant Dieu s'émerveillera au spectacle d'une troupe de héros relativement peu nombreux se hasardant à une tâche d'une ampleur effroyable. Si la chrétienté était composée de chrétiens véritables, la nécessité de ce mouvement ne se ferait guère ou pas sentir. Mais Sion doit être reconstruite, parce que la loi qui en sortit n'a pas régné sur tous ceux qui la professent. En attendant, je ne doute pas que le peuple américain, dont la caractéristique est d'admirer l'héroïsme individuel et national, applaudira et saluera l'entreprise des hardis bâtisseurs porteurs d'espoir d'une nouvelle Sion ».
Le Dr Moses Gaster, de Londres, principal Rabbin des Juifs « sépharades » de toute l'Europe du Sud-Est, déclarait récemment, au sujet de la proposition sioniste de Herzl :
« J'éprouve, à l'égard de ce projet, un très vif intérêt qui remonte à l'époque où j'habitais en Roumanie, et où j’œuvrais à la fondation de la première colonie juive en Palestine. J'ai toujours entretenu la conviction que c'est là que réside le futur de la race juive, et pas ailleurs. Je considère que le projet du Dr Herzl n'est pas une idée politico-économique, mais qu'il s'agit plutôt d'une question religieuse. Il est impossible de séparer un tel plan des idéaux religieux qui en sont le fondement. A propos des détails pratiques qu'il a développés, je m'abstiens d'émettre une opinion, car il n'est pas possible de dire quelle forme le mouvement prendra lorsque les masses seront mues par l'enthousiasme. Il y a quelques mois, j'ai présidé une réunion à laquelle assistaient mille cinq cents Juifs de l'East End [quartier populaire de Londres] de Londres, et rien n'aurait pu surpasser leur enthousiasme lorsque le Dr Herzl est apparu. Ce sont les masses qui emportent la décision sur de telles questions ».
Des délégués représentant des sociétés juives de toutes les parties du monde ont déjà choisi de se réunir le 25 août dans la ville de Munich, en Allemagne, afin de discuter des mesures les plus pratiques pour atteindre les buts du Sionisme. Les Juifs importants dont les noms suivent ont la responsabilité de la Convention : Dr T. Herzl, Max Nordan, C. Montefiore, Dr De Haas.
Comme il est remarquable qu'un tel mouvement émerge en cette période ! Lorsqu'en 1878, nous soulignions que, selon la prophétie, le moment fixé pour le retour de la faveur divine à Israël était alors échu et que son commencement se manifestait par le fait que la Conférence de Berlin plaçait l'Égypte et la Palestine sous la protection effective de la Grande-Bretagne, beaucoup de gens raillèrent cette idée. Lorsque nous déclarâmes que le retour des Israélites en Palestine constituait l'étape suivante, les Juifs eux-mêmes se moquèrent, et déclarèrent qu'il s'agissait là d'une absurdité : que le Juif vivant en Allemagne était un Allemand, vivant en Angleterre, un Anglais et vivant aux États-Unis, un Américain, et ainsi de suite dans le monde entier.
Lorsque la persécution russe en conduisit des milliers à chercher d'autres demeures, la Palestine fut repoussée comme étant une terre aride. Le Baron Hirsch, un millionnaire allemand, entama, à grands frais, l'établissement d'une nouvelle terre de promesse en Argentine, en Amérique du Sud, et de riches Hébreux américains aidèrent des milliers de leurs frères aux États-Unis. Mais certains des Juifs russes les plus pauvres tournaient des regards ardents vers la Palestine et ils s'y rendirent — pour trouver une terre suffisamment sèche et stérile. Cependant, Dieu leur suscita des amis en la personne de Sir Moses Montefiore et du Baron de Rothschild qui, voyant leur dénuement, les prirent en compassion et bâtirent des Écoles Industrielles et des Jardins Expérimentaux pour leur instruction, des hôpitaux pour les malades, etc.
Puis, par décret, le Sultan interdit aux Juifs de continuer à s'installer en Palestine ; et très vite, la persécution russe faiblit, et il s'ensuivit quelques années de paix au cours desquelles les affaires se sont développées et où les Juifs ont retenu certaines leçons. (1) La colonie d'Argentine, soutenue par des millions et dans des conditions apparemment favorables, n'a pas connu de succès, mais elle a représenté un échec grave, tant financièrement que sous tout autre aspect. Les Juifs qui y ont établi des colonies ne sont pas satisfaits. (2) Les Juifs introduits aux États-Unis n'ont que passablement réussi. (3) Les Juifs qui se sont rendus en Palestine « stérile » ont connu une prospérité phénoménale. Comme par magie, le pays est devenu plus fertile et plus heureux, et offre la preuve d'une renaissance permanente. En conséquence, les yeux de tout Israël sont tournés vers Sion, et leur mot d'ordre est Sion ! Sion ! En vérité, O Seigneur — « Ton peuple sera [un peuple] de franche volonté, au jour de ta puissance ». Nous avons certainement ici une autre preuve que nous nous trouvons au cours « du Jour de Jéhovah ». Voir L'AURORE MILLÉNAIRE, Vol. 1, Chap. 15.
Distinguant ce cours des événements en rapport avec Israël, nous nous tournons dans une autre direction pour voir de quelle façon Dieu ouvrira les portes afin de permettre son retour. Et comme nous pouvons discerner, à l'heure actuelle, une providence et une bénédiction dans le retard temporaire de leur émigration, jusqu'à ce que la faveur divine qui concerne le pays attire sur lui l'intérêt de tous les Juifs, nous devons nous attendre, bientôt, à voir les portes grandes ouvertes et à ce que beaucoup, non seulement de pauvres, mais aussi de riches Israélites, cherchent un foyer en Palestine. Nous ne nous attendons pas, cependant, comme le font les Sionistes, à ce qu'ils réussissent rapidement à organiser un état juif indépendant. Cela ne peut se produire avant la fin totale du temps des Gentils — à [après — Trad.] la fin de l'année 1914. Voir L'AURORE MILLÉNAIRE, Vol. II, Chap. 4.
La W.T. du 15 septembre 1897 (R 2217) donne un rapport du 1er Congrès de Bâle, avec commentaires de C. T. RUSSELL.
PLAIDOYER ET DÉFENSE DU SIONISME
La Conférence juive concernant le Sionisme s'est réunie à Bâle, Suisse, le 30 août, comme proposé — afin de discuter de la possibilité et de la validité du projet du Dr Herzl d'obtenir que la Palestine soit le foyer national pour la race juive, et d'aider les pauvres et les persécutés à retourner dans le pays de leurs pères, vers la prospérité. Le télégramme annonce uniquement le fait que la conférence ratifia avec enthousiasme les suggestions du Dr Herzl et envoya au Sultan de Turquie un télégramme le félicitant de la paix et la prospérité de sa race parmi ses états. L'hébreu fut le langage de la Convention — une indication très significative.
Ainsi, lentement mais sûrement, la prophétie s'accomplit sous cet aspect également, marchant exactement de pair avec les développements sur d'autres plans — civils et religieux — tous approchant rapidement leurs points culminants prédits. Loué soit Dieu !
M. Max Nordau, un Hébreu et écrivain célèbre, s'exprima récemment avec une grande liberté en faveur du programme Sioniste et en opposition avec ces Juifs qui y mettent obstacle. Il émit l'idée que les « rabbins et les idiots », qui élèvent à présent contre le mouvement des « cris d'indignation » insensés, auront peut-être, un jour, à se réjouir devant le succès du Sionisme, à cause du refuge qu'il procurera « contre les tempêtes antisémites qui se forment sur leurs têtes » ! (l'antisémitisme signifie l'opposition aux descendants de Sem ; il comprend toutes les races du Sud-Ouest Asiatique — les Assyriens, les Arabes, les Abyssiniens, les Hébreux, etc.., mais ici, et le plus fréquemment, il est utilisé dans le sens d'opposition aux Hébreux, aux Juifs). Le Dr Nordau poursuivit :
« Le Sionisme a été amené à exister par la montée continue et l'accroissement de l'antisémitisme dans ses diverses formes — l'antisémitisme officiel en Russie, l'antisémitisme populaire en Allemagne et en Autriche. Étant moi-même Allemand, je ne peux parler que pour mon propre pays. Là, je dis sans hésitation aucune que, non seulement le Juif n'est pas aimé, mais il est positivement haï et craint ; et cette aversion s'étend à tous les gens ayant la moindre trace de sang juif dans les veines.
« La propagande antisémite a rendu les gens fous en Allemagne et en Autriche, et il ne semble pas qu'il y ait espoir d'une amélioration. Bien que personne ne puisse certainement m'accuser d'être un parasite ou un grippe-sou — chaque centime que j'ai gagné est le résultat d'un travail dur et consciencieux — mon courrier est souvent alourdi de lettres anonymes insultantes, venant de l'autre côté du Rhin... Voyant que ce sentiment anti-Juif est pratiquement universel, ou le devient rapidement, nous demandons pourquoi le Juif lui-même serait-il satisfait de continuer à vivre dans un camp hostile ? Pourquoi devrait-il en être réduit à effacer sa nationalité ?
« Le Juif, figurativement parlant, tient constamment sa main devant son nez pour cacher sa ligne aquiline particulière ; il partage d'ailleurs cette particularité avec tous les Romains conquérants des temps anciens. Pourquoi être honteux de notre naturel, et, par-dessus tout, de nos caractéristiques nationales ! Non, développons-les au contraire, formons-les dans les bons moules. Soyons vrais avec nous-mêmes, avec nos traditions, avec les génies de notre race. Alors, en effet, de grandes choses sortiront de cette masse désordonnée. Israël sera elle-même à nouveau. Voilà la véritable essence du Sionisme !... Les rabbins de bonne famille, en Allemagne et aux États-Unis, qui ont ridiculisé nos efforts ne sont peut-être pas conscients, qu'en ce moment, des centaines de milliers de leurs coreligionnaires vivent dans la saleté et la misère les plus affreuses que l'on puisse imaginer aux confins des limites juives de la Russie ou parmi les tribus sauvages Kurdes d'Asie Mineure ».
Ainsi, les Juifs en étant eux-mêmes les témoins, Dieu les force à revenir en Terre Promise pour laquelle beaucoup d'entre eux avaient perdu tout espoir et tout amour.
Savoir si la Palestine sera ouverte aux Juifs par l'argent, comme ils le proposent maintenant, ou si elle sera ouverte par la guerre, nous ne pouvons le dire ; mais beaucoup plus que ce que les Sionistes espèrent sera obtenu vers 1915 A.D. Pour permettre tout ce que Dieu a promis comme étant ce qui est dû avant cette période, nécessiterait qu'ils soient admis en Palestine sous la domination d'une autre puissance ou d'autres puissances très rapidement.
Le Frère Kirkham nous raconte que lorsqu'il était en Europe récemment il fut mis en contact avec certains banquiers juifs afin de leur expliquer quelques inventions dans la fabrication de dalles, et il trouva incidemment l'occasion favorable d'expliquer le Plan des Âges de Dieu, mentionnant également que le temps convenable était arrivé pour le rétablissement de la faveur divine à Israël. A sa surprise ses auditeurs montrèrent un intérêt profond, et déclarèrent que ce qu'il disait était, à beaucoup d'égards, en étroite harmonie avec leurs propres vues. Ils l'accompagnèrent alors spontanément dans le chantier privé d'un marbrier tenu secret du grand public, et lui montrèrent des colonnes en marbre très fin, en préparation, dirent-ils, pour former les éléments d'un grand temple qui serait construit à Jérusalem. Les pièces sont préparées selon des plans dessinés, et chaque pierre est marquée d'une lettre et numérotée pour indiquer la place où elle est prévue.
RÈGLEMENT DU PARTAGE DE LA TURQUIE
Il est maintenant généralement convenu que l'Autriche et la Russie sont arrivées à un accord concernant le partage de la Turquie quand il sera estimé que le moment opportun est arrivé. L'Autriche doit avoir Salonique et tous les territoires situés à l'Ouest de celle-ci, tandis que la Russie : doit avoir Constantinople et une bonne partie des territoires qui l'entourent et au Nord. Mais l'intention n'est pas de pousser à la guerre ; simplement, l'arrangement est fait afin que dans l'éventualité d'une autre guerre avec la Turquie, chaque pays saura quelles parts saisir. Il est dit que l'Allemagne est très impatiente d'obtenir la Syrie, y compris la Palestine, sur les mêmes bases, mais il n'est pas du tout certain que les autres puissances la laissent faire, parce qu'elles convoitent toutes la Palestine.
Notre intérêt primordial dans la question turque est l'ouverture de la Palestine pour le retour des Israélites : si le retour, ou même la liberté de s'y installer étaient accordés aux Juifs contre de l'argent, nous ne ressentirions comparativement plus d'intérêt pour la Turquie.
R'2217, col. 2 ; R'2218, col. 1, par. 1, 2, 3.
W.T. 15 sept. 1897.
C'est encore dans la W.T. du 1er octobre 1898 (R 2362) que nous trouvons, à la fin d'un très long article de C.T. RUSSELL relatant les décisions prises au Second Congrès Sioniste de Bâle en 1898, l'explication émouvante de la médaille rappelant le 1er Congrès Sioniste. C.T. Russell rappelle dans cet article que, 23 ans auparavant, il avait attiré l'attention sur Esaïe 40 : 1, 2 « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée ; qu'elle a reçu de la main de l'Éternel le double [le duplicata, l'équivalent — Trad.] pour tous ses péchés » ; il écrit : « nous avons montré qu'il devint applicable en avril 1878 ». Voici l'explication du symbolisme de la médaille :
Sur un paysage vaste et paisible au bord de la mer près d'un puits abrité de la lumière par un très vieil arbre d'espèce méridionale, se repose une famille juive composée du père, de la mère et de trois enfants, tous regardant l'océan, où le soleil se reflète dans des myriades de vagues. Le père, dans la force de l'âge, s'appuie sur son bâton de pèlerin, symbole tragique du sort de sa race sur la terre. La mère allaite son bébé. Un petit enfant est assis par terre, un garçon plus âgé, plus fort et déterminé, se tient droit, le bâton de voyage déjà à la main, ce qui doit devenir le symbole de son destin, comme il est celui de son père.
« Une vision surnaturelle apparaît à ces voyageurs épuisés et sans but ; elle est la personnification de l'idéal juif — l'idéal du Sionisme. De sa main gauche elle touche l'épaule du père et indique de sa main droite au loin ce pays de l'autre côté de la mer où il se sentira enfin chez lui. Son expression est empreinte de beaucoup de sympathie et d'amour. Son bras et le mouvement de sa main illustrent le destin. Le père considère, le cœur submergé par l'émotion, l'espoir précieux de l'avenir que ce génie a éveillé en son âme. Il se décide immédiatement à suivre son guide. La mère, mi-méfiante, mi-confiante, saisit le bras vigoureux de son mari. Elle est le type même de la femme juive qui parle avec loyauté à son époux : « Je te suis jusqu'au bout du monde ; là où tu es, là est mon foyer ; ton sort est le mien ». Le jeune enfant est seulement curieux ; il ne comprend pas encore le grand événement qui se déroule devant ses yeux. Il n'en est pas de même pour le garçon. L'Arba Kanfoth (le vêtement religieux à franges) sur sa poitrine nue lui enseigne d'une manière symbolique que sa race sera finalement rassemblée des quatre coins de la terre ». Il se tourne donc avec une ferveur ardente et une profonde détermination vers le destin annoncé par la messagère, buvant ses paroles et impressionné par son aspect sympathique ; il est prêt à la suivre, quels que soient les sacrifices que cela peut demander, les combats qu'il lui faudra mener, et les luttes à soutenir.
Voici l'explication des figures symboliques de la médaille du Congrès Sioniste, traduite par l'organe sioniste officiel « Die Welt » (Le Monde) de Vienne tandis que le verso de la médaille comporte en lettres hébraïques, ce qui est traduit ci-après :
« Ainsi dit le Seigneur, l'Éternel : Voici, je prendrai les fils d'Israël d'entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre » Ézéch. 37 : 21.
« Qui, parmi ceux qui lisent ces signes des temps, peut fermer les yeux devant la part importante que le rétablissement d'Israël en Palestine est destiné à jouer dans le progrès de l'humanité ?
« En revoyant les événements de l'année, rien n'apparaît aussi grand, aussi significatif, ni aussi chargé de bénédictions incalculables pour l'avenir de notre peuple que le réveil d'Israël manifesté par plus de 400 délégués venant de tout pays et de toute région au Second Congrès de Bâle ».
Dans la W.T. de février 1902 (R 2946), met en évidence le scepticisme du New York Tribune concernant les perspectives du Sionisme, d'une part et de l'autre la confiance de M. I. ZANGWILL, tout comme celui de C.T. Russell, dans son avenir :
LES PERSPECTIVES SIONISTES VUES PAR LE N.Y. TRIBUNE
Le Mouvement Sioniste a-t-il une chance d'atteindre son but ? « Très petite ». Il semble que l'indifférence méprisante des intellectuels et des riches Juifs était suffisante pour dissiper rapidement le rêve de leurs coreligionnaires, de retourner vers la terre promise. Ces derniers, à coup sûr, ont à leur avantage le plus grand nombre, et la foi, mais les rationalistes se sont rangés contre eux, pour qui le vrai Messie est la Révolution française qui amena leur émancipation ; la prudence des rabbins, proclamant qu'à partir de ce moment-là les Juifs n'avaient pas d'autre pays que celui de leur naissance (déclaration des grands rabbins de France, d'Angleterre, d'Autriche, de Hongrie au Congrès de Bâle en 1897) ; les financiers sans lesquels rien ne peut être fait, et qui ne sont pas désireux d'échanger leurs banques, leurs industries, leurs palaces pour le sol désolé et pauvre de la Palestine ; les politiciens, pour qui l'intégrité de l'Empire Ottoman est devenue un dogme, et qui ne permettraient pas qu'un État juif s'élève au sein des états asiatiques du Sultan.
Toutes ces puissances du monde moderne, le rationalisme, la richesse, la politique, barrent la route de ces âmes simples, pieuses qui persistent à essayer d'obtenir la délivrance d'Israël, qui rêvent à un temple autre que la Bourse et qui aspirent à la Terre Promise avec toute l'ardeur des Juifs de la captivité babylonienne ».
Exactement ! la sagesse du monde manque de discerner certaines questions, même lorsqu'elles se réalisent. La Tour de Garde et l'Aurore mirent en évidence le mouvement Sioniste actuel d'après la Parole de Dieu, longtemps avant que ses fondateurs n'y pensent. Depuis 1878, lorsque le « double » du châtiment d'Israël prit fin, la terre a été en préparation pour le peuple et le peuple pour la terre. Au temps convenable pour Dieu, et ceci est proche, ils se retrouveront. Entre temps, des persécutions dans différents pays sont les aiguillons, les « agents » de leur Berger, afin de les réveiller et diriger leur cœur vers les promesses dont ils sont les héritiers — Rom. 11 : 26-29.
LE SIONISME D'UN POINT DE VUE LITTÉRAIRE
A l'Éditeur du N.Y. Journal :
Je ne suis pas un prophète, mais il me semble, assurément, que sans le Mouvement Sioniste, et sans les persécutions de l'extérieur, des communautés juives isolées n'ont pas suffisamment de semence de stabilité dans un monde dont la civilisation est déjà construite sur les données de l'Ancien Testament. Malheureusement, les persécutions sont encore certaines, particulièrement en Russie et en Roumanie, et heureusement le Sionisme fait de grands pas. 1901 sera historique comme étant l'année durant laquelle le dirigeant de la Palestine — le Sultan de Turquie, reçut le Dr Herzl, et clôturera, de manière caractéristique, le cinquième Congrès Sioniste. Chaque congrès met en lumière une montée de l'enthousiasme et des espérances de ce qui paraissait, il y a cinq ans, être la vision folle d'un rêveur du Ghetto. En frappant la corde raciale, le Dr Herzl a frappé la corde qui sonne le plus vrai, et il ne fait pas de doute que la fraternité d'Israël renferme les éléments d'une force politique. Alors que même l'Amérique commence à refuser l'entrée aux émigrants Juifs, il n'y aura plus d'endroit pour la plante de leur pied excepté en Palestine, et ainsi, les forces extérieures et intérieures commencent à se mettre d'accord et à travailler ensemble définitivement — la force démoniaque de la persécution, la force juste du Sionisme.
Bien à vous, I. Zangwill.