L’Évangile selon les Hébreux
(Codex de Béroia)
Béroia, la ville à laquelle aurait été destinée l’Épitre aux Hébreux , attribuée à Paul par la tradition est si différente de style de ses autres épitres qu’on en a beaucoup contesté l’auteur
L’historien chrétien Eusèbe, évêque de Césarée en 315, né vers 270, mort vers 338, confesseur de la Foi lors de la grande persécution de l’empereur Dioclétien, ami de l’empereur Constantin et l’un des évêques siégeant au Concile de Nicée en 325, fut l’un des hommes les plus savants de l’antiquité.
Il a écrit en dix livres une « Histoire ecclésiastique » couvrant le temps depuis Jésus-Christ jusqu’à la défaite de Licinius en 323 par Constantin.
Grâce à ce gros ouvrage, nous sommes au courant d’une multitude de personnages, de faits, de la situation et de la vie de nombreuses communautés chrétiennes, des écrits des premier siècles, les uns reconnus par tous (ceux qui constituent l’ensemble du Nouveau Testament) et d’autres dits « apocryphes » d’origines plus douteuses et même, plusieurs, certainement hérétiques.
Parmi ces écritures controversées, il y a un « Évangile selon les Hébreux ». (Histoire ecclésiastique, livre 3,chapitre 25, paragraphe 4 à 7). Voici ce qu’Eusèbe écrit à son sujet :
Parmi ces mêmes livres, rejetés par les uns mais joints par d’autres aux livres reçus, quelques uns ont encore placé l’Évangile selon les Hébreux qui plait surtout à ceux des hébreux qui ont reçu le Christ...
Cet évangile des Hébreux a été connu sous le nom de Codex de Béroia, rédigé en araméen. Il se composait d’environ 2000 feuillets dont Saint Jérôme eut connaissance et qu’il consulta.
Il constituait une très ancienne version des textes de l’Évangile.
Ce Codex a disparu et il n’en reste que quelques citations de divers auteurs. Jérôme était né vers 331 et mourut en 420. Il traduisit en latin la Bible à partir de l’hébreu et du grec et son travail a constitué la « Vulgate » utilisée dans l’Église latine occidentale durant des siècles et approuvée par le Concile de Trente. (1545-1563). Mais il écrivit aussi, parmi un grand nombre d’autres ouvrages une traduction de l’œuvre en grec d’Eusèbe de Césarée dont il continua la Chronique.
Pourquoi « L’Évangile selon les Hébreux » est-il connu sous le titre de « Codex de Béroia » ?
Ceci provient du lieu où il a été découvert. Mais que savons-nous de Béroia ???
Cette ville est connue aussi sous le nom de Bérée dans la Bible (Beroea ou Aleppum) et est devenue Alep, ville de Syrie, chef lieu du pachalik d’Alep sur le Koït à 200 kilomêtres au nord-est de Damas.
Or Bérée est citée dans les Actes des Apôtres (chapitre 17,v.10/14).
Résumons les faits rapportés par les Actes des Apôtres : Paul, relâché de prison à Philippes, arrive avec son disciple Silas à Thessalonique et se rend à la Synagogue selon sa coutume. Durant trois Sabbats il montre aux juifs que d’après les Écritures, le Messie devait souffrir puis ressusciter des morts et que ce Messie c’est Jésus qu’il vient annoncer. Certains se laissent convaincre ainsi que des grecs et des femmes de la haute société. Mais les juifs de la ville, furieux, suscitent des vauriens qui ameutent la foule et s’en prennent à Jason, celui qui accueille chez lui Paul et Silas. Moyennant caution, les autorités relâchent les deux disciples que les frères font aussitôt partir pour Bérée.
A leur arrivée dans cette cité, ils se rendent à la synagogue. Plus accueillants que ceux de Thessalonique, les habitants accueillirent la Parole avec une entière bonne volonté et chaque jour ils examinaient les Écritures pour voir s’il en était bien ainsi.
Beaucoup d’entre eux devinrent croyants ainsi que des femmes grecques de haut rang et des hommes en nombre appréciable.
Mais dès que les juifs de Thessalonique eurent appris qu’à Bérée aussi Paul annonçait la Parole de Dieu, ils arrivèrent pour agiter et troubler là encore les foules. Sans plus tarder, les frères firent partir Paul pour gagner la mer tandis que Silas et Timothée restaient là. Ceux qui escortaient Paul poussèrent avec lui jusqu’à Athènes puis s’en retournèrent porteurs de l’ordre pour Silas et Timothée de venir le rejoindre au plus tôt.
C’est alors que Paul enseigne les Athéniens qui l’écoutent avec curiosité mais refusent son annonce de la Résurrection du Christ. Paul se rend ensuite à Éphèse où il découvre d’anciens disciples de Jean-Baptiste ayant reçu le baptême de celui-ci mais ignorant tout de l’Esprit Saint. Il les instruit et leur impose les mains, et eux se mettent alors à prophétiser.
Il demeure trois mois à Éphèse puis part séjourner en Macédoine.
Paul a alors pour compagnons cinq disciples dont le premier cité par l’auteur des Actes se nomme Sopatros fils de Pyrrhus, habitant de Bérée. Avec eux il gagne le port de Troas d’où il s’embarque pour un dernier périple avant de se rendre à Jérusalem. Là il est accueilli par Jacques, dit « frère du Seigneur, disciple et cousin de Jésus ». (Actes, ch 21, v.17/18 . Peu après il est arrêté dans le Temple et commence pour lui une période de plusieurs années d’emprisonnements qui le conduiront à être jugé à Rome par le tribunal de l’empereur.
Paul apparaît donc bien avoir été le créateur de la communauté chrétienne de Bérée, et là il semble avoir été accueilli par ce Sopatros qui était peut-être déjà son disciple ou le devient et va ensuite l’accompagner à Jérusalem.
Eusèbe de Césarée (Livre 3,chapitre 27,v.1/3) signale l’existence de cette nouvelle communauté dont on désignera très vite les fidèles sous le nom « d’Ebionites » :
Pour d’autres que le méchant démon ne pouvait pas détacher de l’amour du Christ de Dieu, il les captiva en les trouvant accessibles d’un autre côté. Dès le début, on appela à juste titre ces hommes « Ebionites » parce qu’ils avaient sur le Christ des pensées pauvres et humbles. (Le nom d’Ebionites vient de l’hébreu et signifie « Les pauvres »)
Ils regardaient (le Christ) comme simple et commun, comme un pur homme justifié par le progrès de sa vertu, né du rapprochement d’un homme et de Marie. Il leur fallait absolument observer la Loi (de Moïse) parce que ,disaient-ils, ils ne seraient pas sauvés par la seule Foi dans le Christ et par une vie conforme à cette Foi.
Mais à côté de ces derniers, il y en avait d’autres qui portaient le même nom et qui échappaient à leur sottise étrange.
Ils ne niaient pas que le Seigneur fut né d’une vierge et du Saint Esprit ; pourtant semblables à eux, ils ne confessaient pas qu’il fut préexistant, tout en étant Dieu, Verbe et Sagesse. Ainsi ils revenaient à l’impiété des premiers d’autant plus que pareillement à eux, ils mettaient tout leur zèle à accomplir soigneusement les prescriptions charnelles de la Loi.
Ils pensaient qu’il fallait complètement rejeter les Épitres de l’Apôtre qu’ils appelaient un apostat de la Loi. Ils se servaient uniquement de l’Évangile appelé « selon les hébreux » et tenaient peu compte des autres. Ils gardaient le sabbat et le reste de la coutume juive, semblablement à eux, mais ils célébraient les dimanches à peu près comme nous en souvenir de la Résurrection du Sauveur. Par suite d’une telle attitude, ils ont reçu le nom d’Ebionites qui met en relief la pauvreté de leur intelligence, car tel est le mot par lequel les pauvres sont appelés chez les hébreux...
Eusèbe de Césarée ne précise pas ici en quel lieu vivaient les Ebionites mais il indique que cette communauté se servait uniquement d’un Évangile selon les hébreux. Le fait que le Codex de Béroia ait été retrouvé à Bérée laisse entendre qu’il s’agit bien de la communauté de Bérée qui avait accueilli l’Apôtre Paul et dont l’un des membres devint compagnon de route de Paul lorsqu’il dà »t quitter cette ville..
L’appellation « Évangile selon les hébreux « laisse entendre que cette communauté se montrait prioritairement fidèle à la stricte tradition de Moïse :
Qui, de chez eux avait pu être le rédacteur de cet Évangile ? Rien ne permet de nos jours de pouvoir le dire.
Ils gardaient le sabbat et observaient le reste de la tradition juive se comportant en groupe de fidèle observance juive Mais en même temps ils avaient été instruits de Jésus-Christ sans doute par Paul et ses compagnons (Sopatros, Aristarque, Secundus,Gaïus, et Timothée) à l’occasion de leur séjour chez eux à Bérée.
Eusèbe de Césarée précise que « Ceux de Bérée accueillirent la Parole avec une entière bonne foi et chaque jour scrutaient les Écritures pour voir si ce qu’on leur enseignait de Jésus correspondait bien aux prophéties ; mais juifs de stricte observance ils vérifiaient attentivement et sans doute pas sans discussions (selon les coutumes juives) que le Messie Jésus était bien celui qu’annonçaient les prophètes.
Si l’enseignement de Paul les convainquit d’une part à reconnaître en Jésus le Messie annoncé, d’autre part son accueil des non juifs venus du paganisme et dispensés de la plupart des pratiques juives et de la circoncision décidée lors de l’assemblée de Jérusalem (Actes ch 15) créait chez eux un malaise profond et les conduisit à un comportement de méfiance à l’égard de l’Apôtre au point de former plus tard une communauté reconnue comme hérétique par la Grande Église.
Dans son livre « Contre les hérésies » Irénée (né vers 140 à Smyrne, devenu Évêque de Lyon en 177 et mort martyr vers 202) parle aussi des Ebionites à plusieurs reprises :
Ceux qu’on appelle Ebionites admettent que le monde a été fait par le vrai Dieu, mais, pour ce qui concerne le Seigneur, ils professent les mêmes opinions que Cérinthe et Carpocrate (deux hérétiques contemporains).
Ils n’utilisent que l’Évangile selon Matthieu, rejettent l’apôtre Paul qu’ils accusent d’apostasie à l’égard de la Loi.
Ils s’appliquent à commenter les prophéties avec une minutie excessive. Ils pratiquent la circoncision et persévèrent dans leurs coutumes légales et dans les pratiques juives au point d’aller adorer à Jérusalem comme dans la Maison de Dieu. (Livre 1,ch.26,v.2)
Ainsi les Ebionites se servent du seul évangile de Matthieu mais sont convaincus par cet Évangile même ne pas penser correctement au sujet du Seigneur. (Contre les hérésies,ch.11,v.7)
Eusèbe de Césarée (Livre 3,ch.25) parlant des livres apocryphes ne les place pas au même niveau qu’eux et parmi ceux qui ont encore une certaine place dans les livres sacrés, il cite l’Évangile selon les Hébreux qui plait surtout à ceux des Hébreux qui ont reçu le Christ.
Plusieurs questions se posent donc maintenant :
L’Évangile selon les Hébreux est-il le même que l’Évangile selon Matthieu ???
Serait -ce alors une confirmation de l’hypothèse d’une première rédaction de Matthieu en araméen antérieure au texte grec comme l’ont envisagé certains exégètes ???
Eusèbe cite Papias (Livre 3,ch.39,v.16/17) qui dit ce qui suit au sujet de Matthieu :
« Matthieu réunit en langue hébraïque les logias de Jésus et chacun les interpréta comme il en était capable. »
Mais il expose aussi qu’il y a dans l’Évangile selon les Hébreux l’histoire d’une femme accusée de nombreux péchés devant le Seigneur et que l’on ne trouve pas dans le texte actuel de l’Évangile de Saint Matthieu. Serait-ce le récit de la femme adultère de l’Évangile de Jean qui ne se trouve pas dans certains manuscrits johanniques anciens ???
Il cite encore Hégésippe (Livre 4,ch.22,v.8) dont il dit : Il rapporte certaines choses de l’Évangile selon les Hébreux, de l’Évangile syriaque et particulièrement en langue hébraïque, montrant ainsi qu’il est venu à la Foi en sortant du Judaïsme.. (mais cette phrase demeure peu compréhensible.).
Saurons-nous donc un jour quel était cet Évangile selon les Hébreux ??? Il semble bien qu’il n’ait pas grand chose à voir avec l’Évangile selon Matthieu que nous connaissons.
Mais ce que nous parvenons à découvrir de la Communauté qui l’utilisait suggère une question :
Nous possédons parmi les Épitres attribuées à Paul une Épitre qui lui a été attribuée mais qui n’a surement pas été écrite par lui. Ce n’est pas son style ni son mode de pensée et beaucoup suggèrent qu’elle aurait été plutôt rédigée par l’un de ses disciples pour convaincre la communauté de Bérée. Mai quel disciple ??? Et destinée à quelle Communauté ???
Ce que nous parvenons à savoir de la Communauté de Bérée pourrait bien conduire à envisager qu’elle ait été écrite pour elle afin de l’aider à comprendre le lien réel entre les prophéties anciennes et leur réalisation par le Messie Jésus dans l’Alliance Nouvelle née de son Sang et de sa Résurrection, montrant qu’Il est désormais le véritable et seul Grand Prêtre capable d’avoir célébré par sa mort et sa Résurrection le véritable et unique Sacrifice propre à accorder le Pardon de tous les péchés du monde.
Il s’agit de l’Épitre aux Hébreux, qui, certainement était destinée à répondre à une communauté judaïsante.
Elle est toute entière destinée à convaincre que Jésus est le Véritable et complet réalisateur de toutes les Prophéties.
En relisant l’Épitre aux Hébreux vous constatez qu’un nombre important de ses affirmations sont en fait destinées à redresser les erreurs de ceux que l’on nommera un peu plus tard les Ebionites.
Le chapitre premier qui constitue le prologue de cette lettre certifie clairement que Dieu a parlé désormais par son Fils après avoir parlé autrefois par les Prophètes. Ce Fils, héritier de tout porte l’Univers par la puissance de sa parole qui est celle de Dieu. Il s’est assis à la droite de la Majesté, et supérieur aux anges.
Cela signifie (chapitre 2 et 3) : nous devons prendre plus au sérieux le message entendu si nous ne voulons pas aller à la dérive... Comment nous-mêmes échapperons-nous si nous négligeons un pareil salut qui commença à être annoncé par le Seigneur lui-même et confirmé par ceux qui l’avaient entendu ; et appuyé par des signes et des prodiges , des miracles de toutes sortes et par les dons de l’Esprit Saint répartis selon sa volonté.
Il est donc accrédité auprès de celui qui l’a constitué, comme Moïse le fut... Mais c’est une gloire supérieure à celle de Moïse qui lui revient... Moïse fut accrédité comme serviteur en vue de garantir ce qui allait être dit, mais le Christ l’est comme Fils et sur sur sa Maison, et sa Maison c’est nous si nous conservons la pleine assurance et la fierté de l’Espérance.
N’endurcissez pas vos cœurs... Prenez garde frères qu’aucun de vous n’ait un cœur mauvais que l’incrédulité détache du Dieu vivant, mais encouragez-vous les uns les autres, ... Afin qu’aucun d’entre vous ne s’endurcisse, trompé par le péché.
Craignons que quelqu’un d’entre vous ne soit convaincu d’être resté en retrait (chapitre 4) ...
Ayant donc un Grand Prêtre éminent qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu, tenons ferme la confession de Foi.
Le chapitre 5 nous montre en Jésus ce Grand Prêtre compatissant.
...Le Christ ne s’est pas attribué à lui-même la gloire de devenir grand prêtre,..Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance... Et il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel ayant été proclamé par Dieu grand prêtre à la manière de Melchisedech.
Arrivé à cet déclaration, l’auteur interpelle vigoureusement ses lecteurs :
Sur ce sujet, nous avons bien des choses à vous dire et leur explication s’avère difficile car vous êtes devenus lents à comprendre. Vous devriez être, depuis longtemps des maîtres et vous avez besoin qu’on vous enseigne les tout premiers éléments des Paroles de Dieu. Vous avez besoin de lait, non de nourriture solide, quiconque en est encore au lait ne peut suivre un raisonnement sur ce qui est juste, c’est un bébé. Les adultes, eux, prennent de la nourriture solide, eux qui par la pratique ont les sens exercés à discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais.
Il poursuit (chapitre 6) : Laissons l’enseignement élémentaire sur le Christ pour nous élever à une perfection d’adulte sans revenir sur les données fondamentales ... Il est impossible, en effet, que des hommes qui ont un jour reçu la lumière, ont gouté au don céleste, ont eu part à l’Esprit Saint... et qui pourtant sont retombés, il est impossible qu’ils retrouvent une seconde fois le renouveau en remettant en croix le Fils de Dieu pour leur conversion et en l’exposant aux injures.
Lorsqu’une terre boit les fréquentes ondées qui tombent sur elle... Elle reçoit de Dieu sa part de bénédiction ; mais produit elle épines et chardons, elle est jugée sans valeur, bien près d’être maudite et finira par être brulée.
La condamnation est sévère pour ceux qui retombent sous le joug de la Loi. L’auteur de l’Épitre les distingue de ceux qu’au contraire il considère : Quant à vous, bien aimés, vous êtes du bon côté, celui du salut, Dieu n’est pas injuste, il ne peut oublier votre activité et l’amour que vous avez montré à l’égard de son nom en vous mettant au service des saints...
Au sein d’une longue explication du sens du Sacerdoce du Grand prêtre à la manière de Melchisedech , il insiste :
Si on était parvenu à un parfait accomplissement par le sacerdoce lévitique, quel besoin y aurait-il encore de susciter un autre Prêtre dans la ligne de Melchisedech au lieu de le désigner dans la ligne d’Aaron ? (Chapitre 7 , 8 , 9 et 10) , il fait appel à une vie chrétienne généreuse : Souvenez-vous de vos débuts ; à peine aviez-vous reçu la lumière que vous avez enduré un lourd et douloureux combat : ...Vous avez pris part à la souffrance des prisonniers et accepté la spoliation de vos biens. C’est d’endurance que vous avez besoin pour ...pouvoir obtenir la réalisation de la promesse... Nous ne sommes pas hommes à faire déception pour notre perte mais hommes de foi pour le salut de nos âmes.
Le chapitre 11 s’étend dans un grand enseignement fondé sur l’histoire d’Israël sur l’importance de la Foi :
5 Nous avons eu nos pères terrestres pour éducateurs et nous nous en sommes bien trouvés, n’allons-nous pas à plus forte raison nous soumettre au Père des esprits et recevoir de lui la Vie ?...
Veillez à ne pas refuser d’entendre celui qui vous parle.
... Ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères... Obéissez à vos dirigeants et soyez leur dociles
Ainsi pourront-ils faire taire avec joie ce qui ne tournerait pas à votre avantage... Faites-le, je vous le demande instamment afin que je vous sois plus vite rendu.
Un envoi termine la lettre ; Apprenez que notre frère Timothée a été libéré. S’il vient assez vite, j’irai vous voir avec lui.
Saluez tous vos dirigeants et tous les saints, Ceux d’Italie vous saluent.
La fin de cette Épitre pourrait convenir à ce disciple discret, originaire de Beroia, que les Actes des Apôtres nomment Sopatros, disciple de Paul, et accompagnant celui-ci à Jérusalem et peut-être ensuite à Rome si l’on en croit la salutation adressée à ceux d’Italie ???
Habitant de Béroia, Il était bien au courant des difficultés vécues par la Communauté de Beroia et dut faire beaucoup d’efforts pour s’efforcer de convaincre ceux qui maintenaient un amalgame entre les lois mosaïques et la Foi en Jésus, messie.
Il aurait donc pu se trouver, peut-être lui-même cofondateur de la Communauté de Beroia dans une situation semblable à celle d’Epaphras fondateur de la Communauté de Colosse et ayant connu, lui aussi, des difficultés identiques devant les doctrines et observances préconisées par « les docteurs hérétiques » de cette autre cité.
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(Codex de Béroia)
Béroia, la ville à laquelle aurait été destinée l’Épitre aux Hébreux , attribuée à Paul par la tradition est si différente de style de ses autres épitres qu’on en a beaucoup contesté l’auteur
L’historien chrétien Eusèbe, évêque de Césarée en 315, né vers 270, mort vers 338, confesseur de la Foi lors de la grande persécution de l’empereur Dioclétien, ami de l’empereur Constantin et l’un des évêques siégeant au Concile de Nicée en 325, fut l’un des hommes les plus savants de l’antiquité.
Il a écrit en dix livres une « Histoire ecclésiastique » couvrant le temps depuis Jésus-Christ jusqu’à la défaite de Licinius en 323 par Constantin.
Grâce à ce gros ouvrage, nous sommes au courant d’une multitude de personnages, de faits, de la situation et de la vie de nombreuses communautés chrétiennes, des écrits des premier siècles, les uns reconnus par tous (ceux qui constituent l’ensemble du Nouveau Testament) et d’autres dits « apocryphes » d’origines plus douteuses et même, plusieurs, certainement hérétiques.
Parmi ces écritures controversées, il y a un « Évangile selon les Hébreux ». (Histoire ecclésiastique, livre 3,chapitre 25, paragraphe 4 à 7). Voici ce qu’Eusèbe écrit à son sujet :
Parmi ces mêmes livres, rejetés par les uns mais joints par d’autres aux livres reçus, quelques uns ont encore placé l’Évangile selon les Hébreux qui plait surtout à ceux des hébreux qui ont reçu le Christ...
Cet évangile des Hébreux a été connu sous le nom de Codex de Béroia, rédigé en araméen. Il se composait d’environ 2000 feuillets dont Saint Jérôme eut connaissance et qu’il consulta.
Il constituait une très ancienne version des textes de l’Évangile.
Ce Codex a disparu et il n’en reste que quelques citations de divers auteurs. Jérôme était né vers 331 et mourut en 420. Il traduisit en latin la Bible à partir de l’hébreu et du grec et son travail a constitué la « Vulgate » utilisée dans l’Église latine occidentale durant des siècles et approuvée par le Concile de Trente. (1545-1563). Mais il écrivit aussi, parmi un grand nombre d’autres ouvrages une traduction de l’œuvre en grec d’Eusèbe de Césarée dont il continua la Chronique.
Pourquoi « L’Évangile selon les Hébreux » est-il connu sous le titre de « Codex de Béroia » ?
Ceci provient du lieu où il a été découvert. Mais que savons-nous de Béroia ???
Cette ville est connue aussi sous le nom de Bérée dans la Bible (Beroea ou Aleppum) et est devenue Alep, ville de Syrie, chef lieu du pachalik d’Alep sur le Koït à 200 kilomêtres au nord-est de Damas.
Or Bérée est citée dans les Actes des Apôtres (chapitre 17,v.10/14).
Résumons les faits rapportés par les Actes des Apôtres : Paul, relâché de prison à Philippes, arrive avec son disciple Silas à Thessalonique et se rend à la Synagogue selon sa coutume. Durant trois Sabbats il montre aux juifs que d’après les Écritures, le Messie devait souffrir puis ressusciter des morts et que ce Messie c’est Jésus qu’il vient annoncer. Certains se laissent convaincre ainsi que des grecs et des femmes de la haute société. Mais les juifs de la ville, furieux, suscitent des vauriens qui ameutent la foule et s’en prennent à Jason, celui qui accueille chez lui Paul et Silas. Moyennant caution, les autorités relâchent les deux disciples que les frères font aussitôt partir pour Bérée.
A leur arrivée dans cette cité, ils se rendent à la synagogue. Plus accueillants que ceux de Thessalonique, les habitants accueillirent la Parole avec une entière bonne volonté et chaque jour ils examinaient les Écritures pour voir s’il en était bien ainsi.
Beaucoup d’entre eux devinrent croyants ainsi que des femmes grecques de haut rang et des hommes en nombre appréciable.
Mais dès que les juifs de Thessalonique eurent appris qu’à Bérée aussi Paul annonçait la Parole de Dieu, ils arrivèrent pour agiter et troubler là encore les foules. Sans plus tarder, les frères firent partir Paul pour gagner la mer tandis que Silas et Timothée restaient là. Ceux qui escortaient Paul poussèrent avec lui jusqu’à Athènes puis s’en retournèrent porteurs de l’ordre pour Silas et Timothée de venir le rejoindre au plus tôt.
C’est alors que Paul enseigne les Athéniens qui l’écoutent avec curiosité mais refusent son annonce de la Résurrection du Christ. Paul se rend ensuite à Éphèse où il découvre d’anciens disciples de Jean-Baptiste ayant reçu le baptême de celui-ci mais ignorant tout de l’Esprit Saint. Il les instruit et leur impose les mains, et eux se mettent alors à prophétiser.
Il demeure trois mois à Éphèse puis part séjourner en Macédoine.
Paul a alors pour compagnons cinq disciples dont le premier cité par l’auteur des Actes se nomme Sopatros fils de Pyrrhus, habitant de Bérée. Avec eux il gagne le port de Troas d’où il s’embarque pour un dernier périple avant de se rendre à Jérusalem. Là il est accueilli par Jacques, dit « frère du Seigneur, disciple et cousin de Jésus ». (Actes, ch 21, v.17/18 . Peu après il est arrêté dans le Temple et commence pour lui une période de plusieurs années d’emprisonnements qui le conduiront à être jugé à Rome par le tribunal de l’empereur.
Paul apparaît donc bien avoir été le créateur de la communauté chrétienne de Bérée, et là il semble avoir été accueilli par ce Sopatros qui était peut-être déjà son disciple ou le devient et va ensuite l’accompagner à Jérusalem.
Eusèbe de Césarée (Livre 3,chapitre 27,v.1/3) signale l’existence de cette nouvelle communauté dont on désignera très vite les fidèles sous le nom « d’Ebionites » :
Pour d’autres que le méchant démon ne pouvait pas détacher de l’amour du Christ de Dieu, il les captiva en les trouvant accessibles d’un autre côté. Dès le début, on appela à juste titre ces hommes « Ebionites » parce qu’ils avaient sur le Christ des pensées pauvres et humbles. (Le nom d’Ebionites vient de l’hébreu et signifie « Les pauvres »)
Ils regardaient (le Christ) comme simple et commun, comme un pur homme justifié par le progrès de sa vertu, né du rapprochement d’un homme et de Marie. Il leur fallait absolument observer la Loi (de Moïse) parce que ,disaient-ils, ils ne seraient pas sauvés par la seule Foi dans le Christ et par une vie conforme à cette Foi.
Mais à côté de ces derniers, il y en avait d’autres qui portaient le même nom et qui échappaient à leur sottise étrange.
Ils ne niaient pas que le Seigneur fut né d’une vierge et du Saint Esprit ; pourtant semblables à eux, ils ne confessaient pas qu’il fut préexistant, tout en étant Dieu, Verbe et Sagesse. Ainsi ils revenaient à l’impiété des premiers d’autant plus que pareillement à eux, ils mettaient tout leur zèle à accomplir soigneusement les prescriptions charnelles de la Loi.
Ils pensaient qu’il fallait complètement rejeter les Épitres de l’Apôtre qu’ils appelaient un apostat de la Loi. Ils se servaient uniquement de l’Évangile appelé « selon les hébreux » et tenaient peu compte des autres. Ils gardaient le sabbat et le reste de la coutume juive, semblablement à eux, mais ils célébraient les dimanches à peu près comme nous en souvenir de la Résurrection du Sauveur. Par suite d’une telle attitude, ils ont reçu le nom d’Ebionites qui met en relief la pauvreté de leur intelligence, car tel est le mot par lequel les pauvres sont appelés chez les hébreux...
Eusèbe de Césarée ne précise pas ici en quel lieu vivaient les Ebionites mais il indique que cette communauté se servait uniquement d’un Évangile selon les hébreux. Le fait que le Codex de Béroia ait été retrouvé à Bérée laisse entendre qu’il s’agit bien de la communauté de Bérée qui avait accueilli l’Apôtre Paul et dont l’un des membres devint compagnon de route de Paul lorsqu’il dà »t quitter cette ville..
L’appellation « Évangile selon les hébreux « laisse entendre que cette communauté se montrait prioritairement fidèle à la stricte tradition de Moïse :
Qui, de chez eux avait pu être le rédacteur de cet Évangile ? Rien ne permet de nos jours de pouvoir le dire.
Ils gardaient le sabbat et observaient le reste de la tradition juive se comportant en groupe de fidèle observance juive Mais en même temps ils avaient été instruits de Jésus-Christ sans doute par Paul et ses compagnons (Sopatros, Aristarque, Secundus,Gaïus, et Timothée) à l’occasion de leur séjour chez eux à Bérée.
Eusèbe de Césarée précise que « Ceux de Bérée accueillirent la Parole avec une entière bonne foi et chaque jour scrutaient les Écritures pour voir si ce qu’on leur enseignait de Jésus correspondait bien aux prophéties ; mais juifs de stricte observance ils vérifiaient attentivement et sans doute pas sans discussions (selon les coutumes juives) que le Messie Jésus était bien celui qu’annonçaient les prophètes.
Si l’enseignement de Paul les convainquit d’une part à reconnaître en Jésus le Messie annoncé, d’autre part son accueil des non juifs venus du paganisme et dispensés de la plupart des pratiques juives et de la circoncision décidée lors de l’assemblée de Jérusalem (Actes ch 15) créait chez eux un malaise profond et les conduisit à un comportement de méfiance à l’égard de l’Apôtre au point de former plus tard une communauté reconnue comme hérétique par la Grande Église.
Dans son livre « Contre les hérésies » Irénée (né vers 140 à Smyrne, devenu Évêque de Lyon en 177 et mort martyr vers 202) parle aussi des Ebionites à plusieurs reprises :
Ceux qu’on appelle Ebionites admettent que le monde a été fait par le vrai Dieu, mais, pour ce qui concerne le Seigneur, ils professent les mêmes opinions que Cérinthe et Carpocrate (deux hérétiques contemporains).
Ils n’utilisent que l’Évangile selon Matthieu, rejettent l’apôtre Paul qu’ils accusent d’apostasie à l’égard de la Loi.
Ils s’appliquent à commenter les prophéties avec une minutie excessive. Ils pratiquent la circoncision et persévèrent dans leurs coutumes légales et dans les pratiques juives au point d’aller adorer à Jérusalem comme dans la Maison de Dieu. (Livre 1,ch.26,v.2)
Ainsi les Ebionites se servent du seul évangile de Matthieu mais sont convaincus par cet Évangile même ne pas penser correctement au sujet du Seigneur. (Contre les hérésies,ch.11,v.7)
Eusèbe de Césarée (Livre 3,ch.25) parlant des livres apocryphes ne les place pas au même niveau qu’eux et parmi ceux qui ont encore une certaine place dans les livres sacrés, il cite l’Évangile selon les Hébreux qui plait surtout à ceux des Hébreux qui ont reçu le Christ.
Plusieurs questions se posent donc maintenant :
L’Évangile selon les Hébreux est-il le même que l’Évangile selon Matthieu ???
Serait -ce alors une confirmation de l’hypothèse d’une première rédaction de Matthieu en araméen antérieure au texte grec comme l’ont envisagé certains exégètes ???
Eusèbe cite Papias (Livre 3,ch.39,v.16/17) qui dit ce qui suit au sujet de Matthieu :
« Matthieu réunit en langue hébraïque les logias de Jésus et chacun les interpréta comme il en était capable. »
Mais il expose aussi qu’il y a dans l’Évangile selon les Hébreux l’histoire d’une femme accusée de nombreux péchés devant le Seigneur et que l’on ne trouve pas dans le texte actuel de l’Évangile de Saint Matthieu. Serait-ce le récit de la femme adultère de l’Évangile de Jean qui ne se trouve pas dans certains manuscrits johanniques anciens ???
Il cite encore Hégésippe (Livre 4,ch.22,v.8) dont il dit : Il rapporte certaines choses de l’Évangile selon les Hébreux, de l’Évangile syriaque et particulièrement en langue hébraïque, montrant ainsi qu’il est venu à la Foi en sortant du Judaïsme.. (mais cette phrase demeure peu compréhensible.).
Saurons-nous donc un jour quel était cet Évangile selon les Hébreux ??? Il semble bien qu’il n’ait pas grand chose à voir avec l’Évangile selon Matthieu que nous connaissons.
Mais ce que nous parvenons à découvrir de la Communauté qui l’utilisait suggère une question :
Nous possédons parmi les Épitres attribuées à Paul une Épitre qui lui a été attribuée mais qui n’a surement pas été écrite par lui. Ce n’est pas son style ni son mode de pensée et beaucoup suggèrent qu’elle aurait été plutôt rédigée par l’un de ses disciples pour convaincre la communauté de Bérée. Mai quel disciple ??? Et destinée à quelle Communauté ???
Ce que nous parvenons à savoir de la Communauté de Bérée pourrait bien conduire à envisager qu’elle ait été écrite pour elle afin de l’aider à comprendre le lien réel entre les prophéties anciennes et leur réalisation par le Messie Jésus dans l’Alliance Nouvelle née de son Sang et de sa Résurrection, montrant qu’Il est désormais le véritable et seul Grand Prêtre capable d’avoir célébré par sa mort et sa Résurrection le véritable et unique Sacrifice propre à accorder le Pardon de tous les péchés du monde.
Il s’agit de l’Épitre aux Hébreux, qui, certainement était destinée à répondre à une communauté judaïsante.
Elle est toute entière destinée à convaincre que Jésus est le Véritable et complet réalisateur de toutes les Prophéties.
En relisant l’Épitre aux Hébreux vous constatez qu’un nombre important de ses affirmations sont en fait destinées à redresser les erreurs de ceux que l’on nommera un peu plus tard les Ebionites.
Le chapitre premier qui constitue le prologue de cette lettre certifie clairement que Dieu a parlé désormais par son Fils après avoir parlé autrefois par les Prophètes. Ce Fils, héritier de tout porte l’Univers par la puissance de sa parole qui est celle de Dieu. Il s’est assis à la droite de la Majesté, et supérieur aux anges.
Cela signifie (chapitre 2 et 3) : nous devons prendre plus au sérieux le message entendu si nous ne voulons pas aller à la dérive... Comment nous-mêmes échapperons-nous si nous négligeons un pareil salut qui commença à être annoncé par le Seigneur lui-même et confirmé par ceux qui l’avaient entendu ; et appuyé par des signes et des prodiges , des miracles de toutes sortes et par les dons de l’Esprit Saint répartis selon sa volonté.
Il est donc accrédité auprès de celui qui l’a constitué, comme Moïse le fut... Mais c’est une gloire supérieure à celle de Moïse qui lui revient... Moïse fut accrédité comme serviteur en vue de garantir ce qui allait être dit, mais le Christ l’est comme Fils et sur sur sa Maison, et sa Maison c’est nous si nous conservons la pleine assurance et la fierté de l’Espérance.
N’endurcissez pas vos cœurs... Prenez garde frères qu’aucun de vous n’ait un cœur mauvais que l’incrédulité détache du Dieu vivant, mais encouragez-vous les uns les autres, ... Afin qu’aucun d’entre vous ne s’endurcisse, trompé par le péché.
Craignons que quelqu’un d’entre vous ne soit convaincu d’être resté en retrait (chapitre 4) ...
Ayant donc un Grand Prêtre éminent qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu, tenons ferme la confession de Foi.
Le chapitre 5 nous montre en Jésus ce Grand Prêtre compatissant.
...Le Christ ne s’est pas attribué à lui-même la gloire de devenir grand prêtre,..Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance... Et il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel ayant été proclamé par Dieu grand prêtre à la manière de Melchisedech.
Arrivé à cet déclaration, l’auteur interpelle vigoureusement ses lecteurs :
Sur ce sujet, nous avons bien des choses à vous dire et leur explication s’avère difficile car vous êtes devenus lents à comprendre. Vous devriez être, depuis longtemps des maîtres et vous avez besoin qu’on vous enseigne les tout premiers éléments des Paroles de Dieu. Vous avez besoin de lait, non de nourriture solide, quiconque en est encore au lait ne peut suivre un raisonnement sur ce qui est juste, c’est un bébé. Les adultes, eux, prennent de la nourriture solide, eux qui par la pratique ont les sens exercés à discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais.
Il poursuit (chapitre 6) : Laissons l’enseignement élémentaire sur le Christ pour nous élever à une perfection d’adulte sans revenir sur les données fondamentales ... Il est impossible, en effet, que des hommes qui ont un jour reçu la lumière, ont gouté au don céleste, ont eu part à l’Esprit Saint... et qui pourtant sont retombés, il est impossible qu’ils retrouvent une seconde fois le renouveau en remettant en croix le Fils de Dieu pour leur conversion et en l’exposant aux injures.
Lorsqu’une terre boit les fréquentes ondées qui tombent sur elle... Elle reçoit de Dieu sa part de bénédiction ; mais produit elle épines et chardons, elle est jugée sans valeur, bien près d’être maudite et finira par être brulée.
La condamnation est sévère pour ceux qui retombent sous le joug de la Loi. L’auteur de l’Épitre les distingue de ceux qu’au contraire il considère : Quant à vous, bien aimés, vous êtes du bon côté, celui du salut, Dieu n’est pas injuste, il ne peut oublier votre activité et l’amour que vous avez montré à l’égard de son nom en vous mettant au service des saints...
Au sein d’une longue explication du sens du Sacerdoce du Grand prêtre à la manière de Melchisedech , il insiste :
Si on était parvenu à un parfait accomplissement par le sacerdoce lévitique, quel besoin y aurait-il encore de susciter un autre Prêtre dans la ligne de Melchisedech au lieu de le désigner dans la ligne d’Aaron ? (Chapitre 7 , 8 , 9 et 10) , il fait appel à une vie chrétienne généreuse : Souvenez-vous de vos débuts ; à peine aviez-vous reçu la lumière que vous avez enduré un lourd et douloureux combat : ...Vous avez pris part à la souffrance des prisonniers et accepté la spoliation de vos biens. C’est d’endurance que vous avez besoin pour ...pouvoir obtenir la réalisation de la promesse... Nous ne sommes pas hommes à faire déception pour notre perte mais hommes de foi pour le salut de nos âmes.
Le chapitre 11 s’étend dans un grand enseignement fondé sur l’histoire d’Israël sur l’importance de la Foi :
5 Nous avons eu nos pères terrestres pour éducateurs et nous nous en sommes bien trouvés, n’allons-nous pas à plus forte raison nous soumettre au Père des esprits et recevoir de lui la Vie ?...
Veillez à ne pas refuser d’entendre celui qui vous parle.
... Ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères... Obéissez à vos dirigeants et soyez leur dociles
Ainsi pourront-ils faire taire avec joie ce qui ne tournerait pas à votre avantage... Faites-le, je vous le demande instamment afin que je vous sois plus vite rendu.
Un envoi termine la lettre ; Apprenez que notre frère Timothée a été libéré. S’il vient assez vite, j’irai vous voir avec lui.
Saluez tous vos dirigeants et tous les saints, Ceux d’Italie vous saluent.
La fin de cette Épitre pourrait convenir à ce disciple discret, originaire de Beroia, que les Actes des Apôtres nomment Sopatros, disciple de Paul, et accompagnant celui-ci à Jérusalem et peut-être ensuite à Rome si l’on en croit la salutation adressée à ceux d’Italie ???
Habitant de Béroia, Il était bien au courant des difficultés vécues par la Communauté de Beroia et dut faire beaucoup d’efforts pour s’efforcer de convaincre ceux qui maintenaient un amalgame entre les lois mosaïques et la Foi en Jésus, messie.
Il aurait donc pu se trouver, peut-être lui-même cofondateur de la Communauté de Beroia dans une situation semblable à celle d’Epaphras fondateur de la Communauté de Colosse et ayant connu, lui aussi, des difficultés identiques devant les doctrines et observances préconisées par « les docteurs hérétiques » de cette autre cité.
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