Joseph Franklin Rutherford (1869-1942), second président des Témoins de Jéhovah, il succède à Russel,
remplace et modifie ses écrits par les siens, explique que la fin du monde a
spirituellement commencé en
1914, réinterprètant ainsi la pensée de son prédécesseur.
En 1906, il devint le conseiller juridique du mouvement. Il servit dans ce rôle lors des affaires opposant
Charles Russell à sa femme Maria en 1908 en vue de leur séparation, et dans l'affaire du
Blé miraculeux (1908.) En 1915, il publia une défense dithyrambique du pasteur Russell, appelée
Une grande bataille dans les cieux ecclésiastiques, panégyrique de Russell dans le rôle de David contre Goliath, représentant tous ses opposants religieux, étendus à la totalité des autorités ecclésiastiques du monde entier !
À la mort de Russel en 1916, la Société
Watchtower était une société d'édition dont la nomination des dirigeants revenait aux actionnaires.
Avait droit à un vote, toute personne donnant 10$. Chaque donation supplémentaire de 10$ donnait droit à un vote supplémentaire. C'est le 6 janvier 1917, que Rutherford finalement seul candidat, est élu par les actionnaires comme président, Pierson comme vice-président et Van Amburgh comme secrétaire et trésorier. Un fait parmi bien d'autres montre que Rutherford savait qu'il allait être élu président : avant même cette élection, sa biographie a été envoyée aux journaux éloignés une semaine avant l'élection, pour qu'elle paraisse le jour de l'annonce de son élection.
Avant cette élection Rutherford avait pris soin d'interdire au comité des 5 "sœurs" de voter. Ce comité était chargé par Russell de gérer les droits de vote qu'il possédait de son vivant et représentait, avant sa mort, près de 1/5 des droits de vote. Par la suite, c'est Rutherford qui utilisera ces droits de vote, contre la volonté de Russell qui n'avait pas prévu qu'ils soient utilisés par le président. Sachant qu'il allait être élu, Rutherford, prépara avant l'élection des arrêtés (ou 'By-Law') à faire voter par les actionnaires. Le jour de l'élection, un comité de trois 'frères' a été chargé d'examiner et de modifier ces arrêtés. Néanmoins, ayant pris le droit de le faire,
Rutherford leur interdira l'accès de l'estrade jusqu'à ce qu'ils décident de ne pas en modifier une ligne. Ces arrêtés donnaient les pleins pouvoirs au président et à lui seul. [C]ette action n'avait aucune légalité, les actionnaires n'avaient pas le droit de faire passer des 'By-Laws',
Rutherford utilisa cet artifice pour obliger les directeurs à les voter par la suite, eux seuls en ayant le droit. Ce vote eut lieu un jour où 5 des 7 directeurs étaient présents au Béthel.
Ainsi l'idée de Russell d'un "Collège Central" dirigeant l'œuvre après sa mort, était enterrée chez les Témoins de Jéhovah pour 60 ans encore.Joseph Franklin Rutherford est connu comme ayant eu des problèmes avec l'alcool, les femmes et l'autorité. Il chassa du siège de la Société des Témoins de Jéhovah
Olin Moyle qui avait dénoncé ses agissements d'ivrogne brutal, mais ce dernier remporta son procès contre Rutherford en octobre 1940.
Bill Cetnar ou Hayden Convington anciens membres du Béthel de Brooklyn, affirment que Rutherford n'avait été juge temporaire que durant 4 jours et qu'il usurpait donc le titre de "Juge".
Le 1er avril 1937,
Walter F. Salter de la filiale du Canada révéla que Rutherford se faisait livrer au Béthel des caisses de Whisky, Brandy et autres alcools pour des milliers de dollars de l'époque, ne respectant pas les lois de la prohibition.
Nathan Homer Knorr, l'un des Présidents de l'Organisation des Témoins de Jéhovah expliquera que Rutherford "pouvait faire ce qu'il veut avec l'argent de la Société sans contrôle des directeurs". Pratiquement tout le monde à l'époque l'appelait "Papa". Ainsi Rutherford au moins au Béthel de Brooklyn semblait exercer une sorte de pouvoir papal.
Dès son arrivée au pouvoir, Rutherford vécu séparé de sa femme et de son fils. Georges H. Fisher, l'un des auteurs du livre "Le Mystère Accompli" rapporta que lors du show "Artists and Models" au Al Jolson's Winter Garden Theater de New-York en 1926, lieu de danses pour femmes nues, Rutherford avait été vu au bras d'une jeune inconnue.
En 1920, Rutherford publie la brochure
Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais qui met en avant, comme cela avait été déjà fait en 1917, la résurrection des prophètes comme Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que le début du millénium pour
1925 (James Penton,
Apocalypse Delayed : The Story of Jehovah's Witnesses, Université de Toronto, 1985, p. 56-57.) Ce livre est traduit en onze langues et devient rapidement un best-seller, ce qui marque le début d'une importante campagne de prosélytisme Toutefois,
l'année 1925 passe sans que les évènements annoncés se produisent. Dans ce livre, pages 75 à 83 on pouvait lire :
«
La chose principale qui doit être restituée à la race humaine, c'est la vie ; et puisque d'autres passages montrent d'une façon positive qu'Abraham, Isaac et Jacob et les autres fidèles des temps anciens ressusciteront et qu'ils seront les premiers favorisés, nous pouvons nous attendre à ce que 1925 voit le retour de la condition de mort de ces hommes fidèles alors ressuscités et complètement rétablis à la position humaine parfaite, et comme représentants visibles et légaux du nouvel ordre de choses ici-bas. [...] ». Cité par R. Frantz,
Crise de Conscience, p. 256-260
Durant sa « présidence » Rutherford interdit de nombreuses pratiques : la célébration de Noël (1928), les anniversaires, la fête des Mères, le salut au drapeau et les vaccinations (
L'Âge d'Or, Watchtower Bible and Tract Society, 4 novembre 1935, p. 293)
(mesure abolie par son successeur). De plus, toute participation à la vie politique est prohibée.
En 1931, le mouvement prend le nom de « Témoins de Jéhovah » pour se démarquer des autres « Étudiants de la Bible » (Raymond Franz,
À la recherche de la liberté chrétienne, Commentary Press, 2002, p, 71-72). Il se démarque encore un peu plus du reste de la Chrétienté lorsqu'
en 1936, la croix est considérée comme un symbole païen, Rutherford déclarant alors que Jésus est mort sur un poteau (Bernard Blandre,
Les Témoins de Jéhovah : un siècle d'histoire, Éditions Desclée de Brouwer, 1987, p. 66.) Depuis, les témoins de Jéhovah croient que Jésus fut cloué sur un poteau vertical sans barre horizontale .
« En ce qui concerne Noël, écrit Raymond Franz, je me rappelle sa célébration par notre famille jusqu’en 1930 environ. Noël était également célébré au quartier général de Brooklyn (avec des cadeaux, des guirlandes et tous les traditionnels éléments utilisés pour cette fête) au moins jusqu’en 1926. De même la croix (maintenant considérée comme un symbole d’origine païenne) apparaissait sur la page de couverture de chaque Tour de Garde jusqu’au 15 octobre 1931... » (
Raymond Franz, "
À la recherche de la liberté chrétienne", p. 118.) Ainsi, Raymond Franz donne l'exemple de la page de couverture de la Tour de Garde du 15 juillet 1930. « L’utilisation de la croix était supposée contribuer à ce que Christ considère la Watchtower comme ‘impure’ pendant la période 1914-1918. Cependant la croix a figuré sur la page de couverture jusqu’au 15 octobre 1931 approximativement, une douzaine d’années après la sélection de l’organisation Watchtower par Christ pour être son canal en 1919. ‘La couronne et la croix’ figurant ainsi sur le coin gauche supérieur de la publication, étaient aussi reproduites en métal et portées comme un pins d’ornement par les affiliés à la Watchtower. » (
ibid., p. 118-119, voir l'
image.) Vous trouverez également une
photo en noir et blanc, p. 118, des « membres du siège de la WatchTower célébrant Noël dans la salle à manger du Béthel, J.F. Rutherforf au milieu de la table centrale ! »
La Bible rapporte deux détails significatifs sur la crucifixion.
Sur les illustrations de la
Watchtower représentant Jésus cloué à un poteau depuis 1931, on remarque que, de fait,
un seul clou transperce les poignets ou les paumes de Jésus et que
l'écriteau est placé au-dessus de ses mains.
Le changement concernant la Croix est particulièrement grave puisqu'il s'agit du moyen et de l'instrument du Salut et de la Rédemption, choisi par Notre Seigneur, que les TJ ont entrepris de supprimer, dans une ambition proprement satanique.
Dans leur traduction de la sainte Bible, dite "
Traduction du Monde nouveau", ils ont subtilisé l'utilisation du terme « poteau de supplice » à la place de la « croix » à travers le Nouveau Testament : James Penton,
Apocalypse Delayed, "
Apocalypse retardée", University of Toronto Press, 1997, pages 174–176).
S'agissant de la "traduction du Monde nouveau", Raymond Franz a précisé que des quatre hommes qui constituaient le comité de la "
Traduction du Monde nouveau", seul un, le traducteur principal, son oncle Frederick Franz, avait suffisamment de connaissance des langues bibliques pour se lancer le projet (Frederick Franz a étudié le grec pendant deux ans et s'est auto-formé en hébreu : Raymond Franz,
Crise de Conscience, Commentary Press, 2007, page 56). Durant le procès écossais de 1954, Frederick Franz, invité à traduire un passage de la Genèse d'anglais en hébreu, refusa, disant qu'il en serait incapable : Translator's proof, page 102-103. Heather et Gary Botting ont déclaré, page 98, qu'il ne pouvait comprendre « un simple passage en hébreu provenant de la Genèse ».
Tout au long de sa présidence, Rutherford est critiqué pour son mode de vie. En pleine crise des années 1920, il possède deux Cadillac et de nombreux logements luxueux, dont une villa du nom de « Beth Sarim » (
Time Magazine, 31 mars 1930), construite grâce aux offrandes des fidèles en Californie afin d'accueillir les patriarches de l'Ancien Testament : cette attente ne s'étant pas réalisée, Rutherford y vécut, avant que la Société Watchtower ne décide de la vendre après la mort de ce dernier.
Cette vie dispendieuse fit contraste avec le mode de vie de sacrifices encouragé chez les fidèles (R. Frantz,
Crise de Conscience, p. 18 et
Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu, p. 351 : « Ceux qui sont acceptés pour accomplir un service spécial à plein temps au siège mondial des Témoins de Jéhovah doivent faire vœu de pauvreté. »). Walter Salter, le responsable de la filiale canadienne lui en fait le reproche (Lettre de Walter Salter à Joseph Rutherford) ainsi que l'avocat du mouvement Olin R. Moyle. Ces derniers, ainsi que d'autres Témoins de Jéhovah, lui reprochent en outre ce qu'ils considèrent comme une consommation excessive de boissons alcoolisées (James Penton,
Apocalypse Delayed : The Story of Jehovah's Witnesses, Université de Toronto, 1985, p, 225.)