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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Bible Critique

    Arlitto
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    Message  Arlitto Jeu 8 Avr 2021 - 10:25

    Rappel du premier message :

    Bible Critique

    Pourquoi Jésus n’a pas ordonné la lapidation de la femme adultère ?

    Plusieurs chrétiens pensent que comme Jésus n'a pas ordonné la lapidation d'une femme coupable d’adultère, alors il aurait par conséquent abolit cette pratique. Ceci n’est pas vrai pour deux raisons :


    Premièrement: si nous lisons le contexte, nous nous apercevons que si Jésus ne l'a pas fait, c'est parce que les juifs non plus n'appliquaient plus la loi, ils n'appliquaient pas la peine de mort sur eux-même, comment peuvent-ils alors demander à Jésus de lapider une femme? Ils n'appliquaient pas la loi contre eux, mais voulaient l'appliquer aux autres :

    Jean 7:19
    Moïse ne vous a–t–il pas donné la loi ? Et nul de vous n'observe la loi. Pourquoi cherchez–vous à me faire mourir ?

    Le dictionnaire de la Bible Dom Augustin Calmet parle de cette histoire de la femme adultère et de Jésus (voir définition du mot “adultère) est conclu de la sorte :

    On présume avec grande raison: 

    1° que les accusateurs de cette femme étaient eux-mêmes coupables du crime dont ils l'accusaient, de même à peu près que les accusateurs de la chaste Suzanne. Or, il est injuste de recevoir pour accusateurs ceux qui sont coupables du mal qu'ils reprennent dans un autre. 

    2° Il y a lieu de croire que la femme dont il s'agit ici avait souffert quelque violence, et que son crime était fort diminué par les circonstances. Selden et Fagius croient qu'elle était dans le cas qui est marqué par Moïse en ces termes: {#De 22:23} Si une fille fiancée est trouvée dans la ville par un homme qui lui ravisse son honneur, vous ferez sortir de la ville l'homme et la fille adultères, et ils seront lapidés; la fille, parce qu'elle n'a pas crié, quoiqu'elle fût dans la ville; et l'homme, parce qu'il a humilié la femme de son prochain.


    Aussi, un autre passage démontre que Jésus propose à une femme le repentir, mais elle a refusé de se repentir, alors Jésus dit qu'il fera mourir les enfants de sa femme :

    Apocalypse 2
    18 Ecris à l'ange de l'Eglise de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l'airain ardent:
    19 Je connais tes œuvres, ton amour, ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières œuvres plus nombreuses que les premières.
    20 Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles.
    21 Je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité.
    22 Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu'ils ne se repentent de leurs œuvres.
    23 Je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je vous rendrai à chacun selon vos œuvres.

    Nous voyons bien que Jésus n'est pas contre le châtiment réservé à ceux qui commettent l'adultère. Et que penser du châtiment excessif qu’on subit Ananias et sa femme Saphira par le Saint-Esprit qui les a tué simplement parce qu’ils n’avaient donné QUE la moitié de leurs biens aux apôtres ! Voici comment nous est raconté cette triste histoire :

    Actes 5
    1  Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété,
    2  et retint une partie du prix, sa femme le sachant; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres.
    3  Pierre lui dit: Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ?
    4  S'il n'eût pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après qu'il a été vendu, le prix n'était-il pas à ta disposition? Comment as-tu pu mettre en ton coeur un pareil dessein? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.
    5  Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs.
    6  Les jeunes gens, s'étant levés, l'enveloppèrent, l'emportèrent, et l'ensevelirent.
    7  Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé.
    8  Pierre lui adressa la parole: Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ? Oui, répondit-elle, c'est à ce prix-là.
    9  Alors Pierre lui dit: Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t'emporteront.
    10 Au même instant, elle tomba aux pieds de l'apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte; ils l'emportèrent, et l'ensevelirent auprès de son mari.

    Pourquoi Pierre ne leur a pas pardonné? En quoi le vol est-il un plus grand péché que l'adultère? 
    C'est encore une preuve que l'histoire de la femme adultère est erroné. Même si celle-ci était vrai, on ne peut l'utiliser pour montrer que Jésus était "gentille", puisque c'est lui, qui est Dieu selon les Chrétien, qui a permis à Pierre de tuer ce couple pour avoir volé. Pourquoi ne leur a t-il pas pardonné?


    Deuxièmement: Le passage de la femme adultère constitue un ajout tardif , et ne fait pas parti du texte original de l'Évangile dit de Jean. Voyons les commentaires chrétiens :


    Bible Annotée :

    On trouve une description semblable dans #Lu 21:37,38. -Le dernier verset de #Jn 7 et les deux premiers par lesquels s'ouvre notre #Jn 8 forment une sorte d'introduction à l'histoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont l'authenticité est contestée. Voici d'abord, à cet égard, l'état des documents sur lesquels s'appuie la critique du texte. 

    1° Un grand nombre de manuscrits, Sin., B, A, C, etc., du quatrième au neuvième siècle, omettent entièrement ce récit, et plusieurs de ceux qui l'ont conservé le marquent de signes de doute. 

    2° Les versions anciennes, sauf quelques manuscrits de l'Itala ne le renferment pas davantage. 

    3° Les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles, et même Chrysostome, ne le mentionnent pas comme renfermé dans notre évangile. Origène, qui s'est occupé spécialement de l'état du texte, n'en parle pas.  

    4° Dans plusieurs documents, ce morceau se trouve placé à la fin de l'évangile de Jean; dans quelques autres à la suite de #Lu 21. 

    5° Ces versets abondent en variantes diverses, ce qui est toujours un signe peu favorable à l'authenticité. 

    6° Le style de ce récit n'est pas celui de Jean; il porte tous les caractères des narrations synoptiques. Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de l'évangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet, et tous les modernes éditeurs du texte

    Rappelons, d'autre part, que sept majusc. (dont D), du sixième au neuvième siècle, et un très grand nombre de minusc., aussi bien que quelques exemplaires de l'Itala, la Vulgate, la version syr. de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer d'aucun signe de doute. Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adv. Pelag. 2, 17) que cette relation se trouvait "en plusieurs manuscrits, tant grecs que latins." Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils l'authenticité de ce fragment alléguant avec Augustin qu'il n'a été retranché, à l'origine, que par la crainte de l'influence morale qu'il pouvait exercer à une époque où, d'une part, un grand relâchement des moeurs et, d'autre part, un faux ascétisme s'étaient introduits dans l'Eglise. -Quant à la vérité historique du fait, on peut dire avec Meyer: "Cette histoire porte un tel cachet d'originalité, il est si évident qu'elle n'est imitée d'aucun autre récit de la tradition évangélique, qu'il est impossible d'y voir une légende d'un temps postérieur, sa vérité interne se justifie facilement par l'exégèse, malgré les doutes qu'on a soulevés." Le récit est en tous cas fort ancien, Eusèbe rapporte (Hist. eccl. 3: 39) que l'écrit de Papias sur les évangiles contenait l'histoire d'une femme qui, à cause de ses péchés, fut accusée devant le Seigneur. "Cette histoire, ajoutet-il, se trouve dans l'évangile des Hébreux." Cela prouverait que notre récit appartient à la tradition apostolique. Il a été inséré dans la suite à cette place, parce que le piège tendu à Jésus {#Jn 8:6} paraissait en harmonie avec les dispositions hostiles des autorités à son égard. {#Jn 7:32,45 et suiv.}.



    Bible du Semeur :

    Les versets 7.53 à 8.11 sont absents des manuscrits les plus anciens. Quelques manuscrits les situent ailleurs, à la fin de l'évangile ou après Lc 21.38.



    ACEBAC :

    Le récit de la femme adultère {#Jn 7:53 8:1-11} manque dans les plus anciens manuscrits grecs. Les Pères grecs ne l'ont pas connu ou bien ne l'ont pas regardé comme authentique. Plusieurs traductions anciennes (latine, syriaque, copte...) ne le contenaient pas. On lisait pourtant cette péricope en Occident et dans l'Église de Syrie dès le IIIe siècle. Mais la place de ce récit est instable chez les témoins qui le rapportent: on le retrouve en cinq endroits différents soit dans l'évangile de Jean, soit dans celui de Luc. De plus, ce passage tranche sur le contexte et l'ensemble du texte johannique par son contenu, son style et sa langue, qui rappellent par contre beaucoup le style et la langue de Luc. On admet donc généralement que ce passage n'a pas été rédigé par l'auteur du quatrième évangile et qu'il n'appartenait pas à l'édition originale de cet évangile. Le concile de Trente regarde ce texte comme un écrit canonique; sa définition porte sur la canonicité, non sur l'authenticité johannique du passage.



    TOB :

    La section 7,53-8,11 est omise par les mss les plus anciens et par de nombreuses versions : d'autres la placent soit après les vv. 36 ou 44, soit à la fin de l'évangile ; d'autres encore l'introduisent après Lc 21,38. Les Pères grecs semblent l'ignorer ; le texte lui-même présente de nombreuses variantes et ne possède pas les caractéristique du style Johannique. C'est pourquoi on peut estimer que cette péricope n'appartenait pas primitivement à l'évangile de Jn. Il s'agit d'une tradition indépendante, insérée après coup ; son caractère canonique n'est pas à contester.




    Bible de Jérusalem :

    Cette péricope, 7.53 - 8.11, omise par les plus anciens témoins (mss, versions et Pères), déplacée par d'autres, au style de couleur synoptique, ne peut être de saint Jean lui-même. Elle pourrait être attribuée à saint Luc, cf Luc 21.38. Sa canonicité, son caractère inspiré et sa valeur historique n'en sont pas moins hors contexte.


    Claude Tresmontant :

    A partir de ce verset, nombres de manuscrits anciens—le plus grand nombre—ne comportent pas la page qui suit: l'histoire de la femme qui a été surprise avec un homme qui n'était pas son mari. Deux hypothèses se partagent les critiques. 

    1. Cette histoire a été ajoutée tardivement. 

    2. Ce passage a été retranché très anciennement.


    Augustin, dans un ouvrage précisément consacré au mariage et à l'adultère, De conjugiis adulterinis, II, 6, VII, écrit que certains, dont la foi était faible, ou plus exactement ennemis de la foi véritable, ayant peur que l'on ne tire de cette page une raison d'excuser leurs femmes infidèles, l'ont retirée de leurs manuscrits. Le fait est que l'on ne trouve pas cette page citée par les Pères de langue grecque, Origène, saint Jean Chry-sostome, Théodore de Mopsueste, Cyrille d'Alexandrie, etc.



    Scofield :

    (Joh_7:53-8); (Joh_7:11); is not found in some of the most ancient manuscripts. Augustine declares that it was stricken from many copies of the sacred story because of a prudish fear that it might teach immorality!



    Clarke :

    This verse and the first eleven verses of the following chapter are wanting in several MSS. Some of those which retain the paragraph mark it with obelisks, as a proof of spuriousness. Those which do retain it have it with such a variety of reading as is no where else found in the sacred writings. Professor Griesbach leaves the whole paragraph in the text with notes of doubtfulness. Most of the modern critics consider it as resting on no solid authority.




    VWS :

    This verse, and the portion of Chapter 8, as far as Joh_8:12, are generally pronounced by the best critical authorities not to belong to John's Gospel.




    RWP :

    This verse and through Joh_8:12 (the passage concerning the woman taken in adultery) is certainly not a genuine part of John's Gospel. The oldest and best MSS. (Aleph A B C L W) do not have it. It first appears in Codex Bezae. Some MSS. put it at the close of John's Gospel and some place it in Luke. It is probably a true story for it is like Jesus, but it does not belong to John's Gospel. The Canterbury Version on which we are commenting puts the passage in brackets. Westcott and Hort place it at the end of the Gospel. With this explanation we shall proceed.


    Lisons ces propos du savant Frédéric Godet qui nous explique pourquoi cette histoire ne peut pas être authentique :

    Trois questions s'élèvent au sujet de ce morceau : Appartient-il réellement au texte de notre évangile ? Sinon, comment y a-t-il été introduit ? Que penser de la vérité du fait lui-même? Le témoignage le plus ancien de la présence de ce passage dans le N. T. est l'usage qu'en font les Constitutions apostoliques (I, 2, 24), pour justifier l'emploi des moyens de douceur dans la discipline ecclésiastique envers les poenitentes. Cet écrit apocryphe paraît avoir reçu sa forme définitive vers la fin du IIIe siècle. Si donc ce passage est inauthentique chez Jean, son interpolation doit remonter jusqu'au IIIe ou IIe s.
    Les pères du IVe siècle, Jérôme, Ambroise, Augustin, en admettent l'authenticité et pensent qu'il a été retranché dans une partie des documents par des hommes faibles dans la foi, qui auraient craint « que leurs femmes n'en tirassent des conséquences immorales » (Augustin). Certains Mss. de l'Itala (Veronensis, Colbertinus, etc.), du IVe au XIe s., la Vulgate, la traduction syriaque de Jérusalem, du Ve s., les Mss. D F G H K U G, du VIe au IXe s., et plus de 300 Mnn. (Tischendorf), lisent ce passage et ne le marquent d'aucun signe de doute.
    En échange, il manque dans la Peschitto, la Syr. du Sinaï., celle de Cureton, la Philoxénienne (texte primitif) et Tatien, dans les Vss. sahidique, copte, goth., arménienne, et dans deux des meilleurs Mss. de l'Itala, le Vercellensis, du IVe, et le Brixianus, du VIe s. Tertullien, Cyprien, Origène, Chrysostome n'en parlent pas, A B C L N T X D du IVe au IXe s., et 70 Mnn., l'omettent complètement (L et D en laissant un espace vide) ; E M S L P et 45 Mnn. le marquent de signes de doute. Enfin, dans quelques documents, il se trouve transposé : un Mn. (225) le place après 7.36 ; dix autres, à la fin de l'évangile ; quatre enfin (13, 69, 124, 346)a, dans l'évangile de Luc, à la suite du ch. 21. Euthymius l'envisage comme une addition utile ; Théophylacte le retranche tout à fait.

    Au point de vue de la critique externe, trois faits prouvent l'interpolation : 

    1. Il est impossible d'envisager l'omission de ce morceau, dans les nombreux documents que nous venons d'examiner, comme purement accidentelle. S'il était authentique, il faudrait nécessairement qu'il eût été retranché à dessein et par le motif que supposent quelques Pères. Mais, à compte-là combien d'autres retranchements n'eût-on pas dû faire dans le Nouveau Testament ? Et se serait-on permis une semblable liberté à l'égard d'un texte décidément connu comme apostolique? 

    2. De plus, le texte varie extraordinairement dans les documents qui présentent ce morceau ; on compte plus de quatre-vingts variantes dans ces douze versets. Griesbach a distingué trois textes tout différents : le texte ordinaire celui de D, et un troisième qui résulte d'un certain nombre de Mss. Un vrai texte apostolique n'a jamais subi de telles altérations. 

    3. Comment se fait-il que le morceau tout entier se trouve si diversement placé dans les documents : après 7.36, à la fin de notre évangile, à la fin de Luc ch. 21, enfin entre les chapitres 7 et 8 de notre évangile comme dans le T. R.? Une telle hésitation est également sans exemple à l'égard d'un vrai texte apostolique.

    Au point de vue de la critique interne, trois raisons confirment ce résultat : 

    1. Le style n'a point le cachet johannique ; il a bien plutôt les caractères de la tradition synoptiqueLe oÞn, forme de transition la plus usitée chez Jean, manque complètement ; il est remplacé par dè (11 fois). Les expressions îrjrou (Jean dit prwò), pc å laìc, kajÐsac âdÐ-dasken, oÉ grammateØc kaÈ oÉ farisaØoi, sont sans analogie chez Jean et rappellent les formes synoptiques. D'où proviendrait cette
    différence, si le morceau était authentique?

    2. Le préambule 7.53 ne présente, comme nous le verrons, aucun sens précis. Il est d'une amphibologie suspecte. 

    3. Enfin il y a disharmonie complète entre l'esprit de ce récit et celui de toute la narration johannique. Celle-ci nous présente dans cette partie le témoignage que Jésus se rend à lui-même et la position de foi ou d'incrédulité que prennent à cette occasion ses auditeurs. 

    A ce point de vue, le récit de la femme adultère ne peut être envisagé dans notre évangile que comme un hors-d'oeuvre. Comme le dit très bien Reuss : « Des anecdotes de ce genre, aboutissant à un enseignement essentiellement moral, sont étrangères au IVe évangile. » Aussitôt qu'on retranche ce passage, la liaison entre le témoignage qui précède et celui qui suit, saute aux yeux. Elle est expressément marquée par le p?lin, de nouveau, 8.12, qui rattache la nouvelle déclaration, 8.12-20, à celle du grand jour de la fête, 7.37 et suiv. Aussi l'authenticité de ce morceau n'est-elle plus admise que par un petit nombre d'exégètes protestants (Lange, Ebrard, Wieseler), par les interprètes catholiques (Hug, Scholz, Maier) et par quelques adversaires de l'authenticité de l'évangile qui se font une arme des invraisemblances internes du récit (Bretschneider, Strauss, B. Bauer, Hilgenfeld). Dès le temps de la Réformation, il a été jugé inauthentique par Erasme, Calvin, Bèze ; plus tard, il a été également éliminé par Grotius, Wetstein, Semler Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette, Baur, Reuss, Luthardt, Ewald, Hengstenberg, Lachmann, Tischendorf, Westcott et Hort, Meyer, Weiss, Keil, Jülicher, Zahn, etc. Selon Hilgenfeld, ce morceau aurait en sa faveur des témoignages prépondérants ; il nous placerait dans le vrai milieu des jours qui suivaient le grand jour de fête ; enfin il serait exigé par la parole 8.15 a. Ces raisons n'ont pas besoin d'être réfutées.
    Frédéric GODET, docteur en théologie, professeur à la faculté de l'Église indépendante de Neuchâte, Commentaire sur l'Évangile de Saint Jean, Deuxième partie : le développement de l'incrédulité en Israël. Premier cycle, troisième section : la lutte à son plus haut degré d'intensité à Jérusalem. III : Dans et après le grand jour de la fête, Le récit de la femme adultère, 1902, pages 921-923.


    Conclusion


    Le passage de “la femme adultère” est omis dans les manuscrits suivants :

    Papyrus 66 (env. 200) et 75 (3ème siècle); Codex Sinaiticus et Vaticanus (4ème siècle), Alexandrinus et Ephraemi (5ème siècle), Codex Washingtonianus et Borgianus, Regius du 8ème siècle, Athous Lavrensis (env. 800), Petropolitanus Purpureus, Macedoniensis, Sangallensis et Koridethi du 9ème siècle et Monacensis du 10ème; Uncials 0141 et 0211; Minuscules 3, 12, 15, 21, 22, 32, 33, 36, 39, 44, 49, 63, 72, 87, 96, 97, 106, 108, 124, 131, 134, 139, 151, 157, 169, 209, 213, 228, 297, 388, 391, 401, 416, 445, 488, 496, 499, 501, 523, 537, 542, 554, 565, 578, 584, 703, 719, 723,730, 731, 736, 741, 742, 768, 770, 772, 773, 776, 777, 780, 799, 800, 817, 827, 828, 843, 896, 989, 1077, 1100, 1178, 1230, 1241, 1242, 1253, 1333, 2193 et 2768; la majorité des lectionnaires; quelques manuscrits de la vieille latine, la majorité des manuscrits Syriaques, la version Sahidique, la version Gothique, quelques manuscrits Arméniens, et la version Georgienne ; Diatessaron (2ème siècle); Clement of Alexandria (died 215), des autres Pères de l'Église comme Tertullian, Origène, Cyprien, Cyril d’Alexandrie. 


    Manuscrits excluant une part de la péricope 
    Minuscule 759 contient Jean 7:53-8:2 mais exclus 8:3-11.


    Petite partie de la péricope inclue
    (8:3-11)

    Les lectionnaires : 4676970717581899098101107125126139146185211217229267280282287376,381386390396398402405409417422430431435 (8:2-11), 462464465520 (8:2-11).

    Manuscrits qui incluent la péricope
    Codex Bezae (5èem siècle), Codex Basilensis, les Codex suivants du 9ème siècle Boreelianus, Seidelianus I, Seidelianus II, Cyprius, Campianus, Nanianus, ainsi que Tischendorfianus IV du 10ème siècle, Codex Petropolitanus; Minuscule 28, 318, 700, 892, 1009, 1010, 1071, 1079, 1195, 1216, 1344, 1365, 1546, 1646, 2148, 2174; le texte Majoritaire dit texte Byzantin; 79100 (Jean 8:1-11), 118130 (8:1-11), 221274281411421429 (8:1-11), 442 (8:1-11), 445 (8:1-11), 459; la majorité des manuscrits de la veille Latine, la Vulgate par le Codex Fuldensis du 6ème siècle, quelques manuscrits Syriaque, la version Bohairique, quelques manuscrits Arménien, et la version Ethiopienne ; la Didascalie (3ème siècle), Didyme l’aveugle (4ème siècle), l’Ambrosiaster (4ème siècle), Ambroise (au 4ème siècle), Jean Chrysostome (4-5ème siècle), Jérome (4-5ème siècle), Saint-Augustain (4-5ème siècle).

    Péricope inclue, mais avec une astérisque(*) ou (÷)
    Codex Vaticanus 354 
    (à ne pas confondre avec le Codex Vaticanus) et les Minuscules 4, 8, 14, 18, 24, 35, 83, 95, 109, 125, 141, 148, 156, 161, 164, 165, 166, 167, 178, 179, 200, 202, 285, 338, 348, 363, 367, 376, 386,407, 443, 478, 479, 510, 532, 547, 553, 645, 655, 656, 661, 662, 685, 757, 758, 763, 769, 781, 797, 801, 824, 825, 829, 844, 845, 867, 873, 897, 922, 1073, 1077, 1092 (par une main ultérieure), 1099, 1187, 1189, 1443 et 1445 ; Codex Basilensis (E) inclus de 8:2 à 11; Codex Tischendorfianus III (Λ) et Petropolitanus (П) ainsi que les Lectionnaires suivants 862111579 et 1761 inclus 8,3-11. 


    Petite péricope inclue de(8:3-11) mais indiquée avec une astérisque (*) ou (÷) 
    Le Minuscule 707

    Péricope inclue à d’autres endroits que Jean 7,53-8,11
    Famille 1, Minuscules 20, 37, 135, 207, 301, 347, et les manuscrits Arméniens place la péricope après Jean 21:25 ; Famille 13 la place après Luc 24:53; un correcteur du Minuscule 1333 ajouta Jean 8:3–11 après Luc 24:53 ; et le Minuscule 225 l’inclue après Jean 7:36. Les Minuscules 129, 135, 259, 470, 564, 831, 1076, 1078, et 1356 placent Jean 8:3-11 après Jean 21:25. Le Minuscule 788 et le Minuscule 826 place cette péricope après Luc 21:38.

    Péricope ajoutée par une main ultérieure
    Codex Ebnerianus, les Minuscules 284, 431, 461, 470, 578, 2174.


    Nous voyons que la chose n’est pas simple déjà dans les Manuscrits. Les plus anciens ne l’ont pas de tout manière...

    Voyons aussi ce que dit 
    Bruce Metzger dans son « Commentaire du Greek New Testament », dont il est l’un des membres actifs du collectif qui le mit par écrit et en fit sa critique textuel :


    « L’évidence pour l’origine non Johannique de la péricope de la femme adultère est dominant. Il est absent des manuscrits (la liste est déjà cité au-dessus)…En orient, il est absent des plus anciennes formes de la version Syriaque, bohaïrique, Sahidique, sub-Achmimique. Quelques manuscrits Arménien et la vieille version géorgienne l’omettent aussi. En occident, le passage est absent de la version Gothique et de plusieurs anciens manuscrits Latin…Le Comité est UNANIME pour dire que la péricope de la femme adultère ne fait pas parti originellement des 4 évangiles… »
    « Commentaire de Bruce Metzger du Greek New Testament » 2ème édition, p.188-189


    Pour les Catholiques, voyons ce que dit le Père M.E. Boismard avec la participation de A. Lamouille et P. Sandevoir, ainsi que la préface faite par P. BenoitDans l’introduction « avertissement aux lecteurs » de leur Synopse des 4 évangiles, Tome 2, il est écrit :

    « Le lecteur non averti sera peut être surpris de constater combien les textes évangéliques ont évolué durant leur transmission. Cette évolution est intéressante par elle-même, puisqu’elle nous donne de précieuses indications sur la mentalité des églises primitives, sur les problèmes auxquels les premières générations chrétiennes se sont trouvées confrontées, sur la façon dont elles ont approfondie le mystère de la personne de Jésus. (…) »

    Et plus loin, on lit dans leur étude qu’ils ont négligé la finale de Marc, ainsi que l’épisode de la femme adultère, car ils sont inauthentiques:

    « Nous avons omis de compter : pour Marc, les mots contenus dans la finale (16, 9-20) qui, bien que canonique, n’est par marcienne ; pour Jean, les mots contenus dans l’épisode de la femme adultère (7,53 – 8,11). »       

    Concluons par les propos de Bart Ehrman :

    « L’auteur du quatrième Evangile a-t-il écrit la fameuse histoire de la femme adultère, ou s’agit-il de l’ajout d’un scribe bien intentionné ? L’histoire se trouve dans nombre de nos manuscrits plus récents entre les chapitres 7 et 8, mais pas dans les plus anciens ; de plus, le style d’écriture est significativement différent du reste de l’Evangile. Presque tous les spécialistes s’accordent à juger que l’histoire fut rajoutée au manuscrit de l’Evangile de Jean après qu’il eut commencé à circuler.»
    Bart Ehrman, Les christianismes disparus – la bataille pour les Ecritures : apocryphes, faux et censures, éditions Bayard, 2007, p.339-340

       
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    Message  Arlitto Jeu 8 Avr 2021 - 10:38

    Introduction à la Bible
    12. La transmission de la Bible

    Sommaire :


    Dix-neuf siècles se sont écoulés depuis que les apôtres ont écrit les livres du Nouveau Testament. Dieu a permis que ces livres viennent jusqu'à nous à travers une histoire souvent mouvementée. L'histoire de la transmission de la Bible, des origines à nos jours, est un étonnant témoignage à la fidélité de Dieu dans l'accomplissement de son dessein. 
    Il serait merveilleux d'avoir les textes originaux des livres de la Bible, de pouvoir se référer à l'original de l'Evangile de Marc ou de la lettre de Paul aux Romains. Malheureusement, cela ne nous est pas donné. Nous ne possédons que des copies des documents originaux. 
    Avant l'invention de l'imprimerie au XVIème siècle, tous les livres, donc aussi l'Ancien et le Nouveau Testament devaient être copiés à la main. On peut imaginer le travail que cela représentait, le temps qu'il fallait pour le mener à bien. En Israël, comme chez les autres peuples, cette tâche était le plus souvent confiée à des hommes dont c'était le métier. les scribes (les scribes en Israël avaient aussi d'autres fonctions, en particulier celle d'interprètes du message divin). 
    Nous avons vu, dans la deuxième étude, que les textes bibliques ont principalement été écrits sur du papyrus ou du parchemin (parfois aussi du cuir de moindre qualité que le parchemin), en forme de rouleaux. Ce n'est qu'à partir du IIème siècle de notre ère qu'on a commencé à relier ensemble les feuilles de parchemin ou de papyrus pour en faire des livres comme les nôtres. Un tel livre était appelé " codex ". 
    Les scribes étaient des hommes exercés à ce travail. En Israël, le respect pour le texte sacré les obligeait à redoubler d'attention lorsqu'ils copiaient l'Ecriture Sainte. Ainsi. par exemple, après avoir copié un texte, ils devaient compter le nombre de lettres pour s'assurer qu'il était le même que dan~ l'original -faute de quoi, la copie devait être détruite ! De tels scrupules sont une garantie de fidélité à l'original. Mais cela n'avait pas que des avantages : puisque la copie était réputée parfaite, il n'était pas jugé nécessaire de garder l'original, surtout s'il était détérioré. 
    L'Eglise des premiers siècles n'avait pas une classe de scribes professionnels. Les Evangiles et les lettres des apôtres étaient recopiées par des chrétiens lettrés avec soin certes, mais pas de la même façon scrupuleuse que les scribes d'Israël. Heureusement, nous le verrons, les manuscrits (textes écrits à la main) du Nouveau Testament sont plus proches de l'original dans le temps que ceux de l'Ancien Testament en notre possession. 
    Malgré toute l'attention apportée par les copistes à leur tâche, il leur arrivait de faire des erreurs. Les manuscrits de la Bible que nous avons, ont été copiés plusieurs siècles après la rédaction de l'original, dans la plupart des cas. Ce sont donc des copies de copies. Pendant un laps de temps aussi long, des erreurs de détail ont pu non seulement être faites, mais ensuite recopiées. 
    Si nous ne connaissions qu'un manuscrit de la Bible, il serait impossible de savoir où des erreurs se sont produites. Heureusement, nous avons un grand nombre de manuscrits anciens. En les comparant les uns avec les autres, et en les comparant avec des traductions faites à une époque ancienne, il est possible de détecter des erreurs et de se rapprocher du texte original. C'est le rôle de la " critique textuelle ", à laquelle s'attachent de nombreux savants. 

    Les manuscrits de l'Ancien Testament

    La découverte des manuscrits de la Mer Morte en 1948 et les années suivantes nous a donné des manuscrits de certains livres de l'Ancien Testament plus anciens de neuf ou dix siècles que les plus anciens manuscrits connus jusque là. Le fait est d'importance : plus un manuscrit est ancien, plus il est proche de l'original. Malheureusement, à l'exception d'un rouleau d'Esaïe, les manuscrits trouvés près de la Mer Morte ne contiennent que des fragments des livres de l'Ancien Testament. Ces fragments ne manquent pas d'intérêt, car ils permettent des comparaisons avec les manuscrits plus récents que nous connaissons. 

    Cette comparaison a révélé que dix siècles de copies, faites à la main, n'ont entraîné que peu de modifications, et de peu d'importance dans le texte hébreu de l'Ancien Testament, à partir duquel se sont faites nos traductions de la Bible : 

    Les plus anciens manuscrits hébraïques de l'Ancien Testament que nous possédions jusque là datent du IXè siècle après Jésus-Christ. Cela peut surprendre. Mais il faut se souvenir des événements tragiques de l'histoire du peuple juif. Au IIème siècle avant Jésus-Christ, le roi syrien Antiochus Epiphane a détruit la plupart des manuscrits de l'Ancien Testament, dans le but de supprimer le judaïsme. La révolte juive contre les Romains, qui s'est terminée en défaite en 70 après Jésus-Christ, a aussi entraîné la perte de nombreuses copies de l'Ecriture. Seuls ceux que les moines de Qumran avaient cachés ont été retrouvés : ce sont les manuscrits de la Mer Morte. 

    Il faut se rappeler que les Juifs ne gardaient pas les textes sacrés dès qu'ils commençaient à s'abîmer. Mais pour que le nom du Seigneur ne soient pas profané, ces textes étaient cachés dans les dépôts sacrés, appelés Guéniza. C'est ainsi qu'en 1890, on a retrouvé des milliers de fragments de manuscrits bibliques, lors de la reconstruction de la synagogue du Caire. Ces fragments datent du VIIè ou VIIIè siècles de notre ère. 

    Parmi les manuscrits les plus complets, il faut citer un manuscrit du Pentateuque du IXè ou Xè siècles au British Museum à Londres, une copie des Prophètes (IXè siècle) au Caire et un Manuscrit de tout l'Ancien Testament du Xè ou XIè siècles qui se trouve à Léningrad. Le plus ancien manuscrit de tout l'Ancien Testament (Xè siècle) a malheureusement brûlé à Alep (Syrie) en 1950. 

    Le texte des manuscrits hébraïques est appelé " massorétique ". Il a été fixé et copié par des rabbins juifs, les Massorètes, à partir du VIIè siècle. Ce sont ces savants qui ont ajouté les voyelles à l'écriture hébraïque (voir 2ème étude, p. 5). Grâce au soin avec lequel ils ont veillé à la préservation du texte biblique, nous pouvons faire confiance au texte massorétique de la Bible. 

    Un autre texte hébraïque du Pentateuque est celui des Samaritains (voir étude 6). Les Samaritains reconnaissent l'autorité du Pentateuque quand ils se sont séparés des Juifs au Vè siècle avant Jésus-Christ. C'est donc indépendamment des Juifs qu'ils ont recopié le Pentateuque. Les copies samaritaines du Pentateuque (dont l'une pourrait dater du 1er siècle) diffèrent du texte massorétique par un grand nombre de variantes, mais qui ne portent en général que sur des détails sans importance. 

    Les versions de l'Ancien Testament

    Le texte hébreu de l'Ancien Testament a été traduit en d'autres langues dès le IIIème siècle avant Jésus-Christ (version grecque des Septante). D'autres traductions en grec, en latin, en araméen, en syriaque, en copte ont été faites avant Jésus-Christ ou dans les premiers temps de l'ère chrétienne. Nous possédons un grand nombre de manuscrits complets ou fragmentaires de ces différentes versions. Les plus anciens sont deux fragments de papyrus grecs contenant quelques versets du Deutéronome. Le Codex Vaticanus (manuscrit de toute la Bible du IVè siècle de notre ère) et le Codex Sinaïticus (même époque) sont les plus anciens manuscrits de tout l'Ancien Testament des Septante (comportant cependant des lacunes). 

    L'intérêt de ces versions, c'est qu'elles nous permettent de retrouver à quelques détails près le texte hébreu dont se sont servir les traducteurs. Elles constituent donc un autre moyen de remonter vers le texte original. 

    C'est particulièrement vrai de la version des Septante non seulement parce qu'elle est très ancienne, mais aussi à cause de l'autorité qu'elle a acquise dans le Judaïsme hellénistique. La plupart des citations de l'Ancien Testament dans le Nouveau sont d'après les Septante. 

    D'autres citations de l'Ancien Testament suivent des traductions araméennes, les Targums (traductions accompagnées de commentaires). 

    Le souci de retrouver le texte original de la Bible n'est pas nouveau. L'immense travail du théologien grec Origène au IIIème siècle en est témoin. Dans ses " Hexaples ", il a disposé en six colonnes parallèles : 
    1 /le texte hébreu de l'Ancien Testament 
    2/le texte hébreu en caractères grecs, 
    3/la version d'Aquila (traduction littérale du IIème siècle de notre ère), 
    4/la version de Symmachus (autre traduction en grec de l'an 200 environ), 
    5/la version des Septante, 
    6/la version de Théodotion (début du IIIème siècle). 

    Il était ainsi possible de comparer quatre versions grecques avec l'original hébreu. 

    Parmi les autres traductions de l'Ancien Testament, la plus connue est celle qui a été faite par Jérôme en latin (début du Vè siècle). c'est la Vulgate, qui remplaçait d'anciennes versions latines et qui est devenue la version officielle du catholicisme. 

    Les Manuscrits du Nouveau Testament

    Nous sommes beaucoup plus riches en manuscrits anciens pour le Nouveau que pour l'Ancien Testament. Les plus anciens manuscrits connus sont sur papyrus. Malheureusement, il n'en reste que des fragments, dont certains remontent au IIè siècle. L'un d'eux contenant quelques versets de l'Evangile de Jean, a été découvert en Egypte. D'autres papyri (pluriel de papyrus) des IIè et IIIè siècles, en forme de codex (c'est-à-dire de livres), contiennent une grande partie du Nouveau Testament, soit les Evangiles et les Actes, soit les Epîtres de Paul. Il ne faut pas oublier que si les livres du Nouveau Testament ont été écrits dès le Ier siècle, le Nouveau Testament complet ne s'est formé que progressivement (voir 9è étude). A une époque où les chrétiens étaient persécutés, les livres du Nouveau Testament circulaient davantage sous forme de brochures, de recueils de quelques livres, hâtivement recopiés sur papyrus, que sous forme de beaux livres soigneusement copiés. De nombreux papyri du Nouveau Testament ont été détruits par la persécution. 

    A partir de la conversion de l'empereur Constantin (début du IVè siècle), qui a marqué la fin des persécutions, les chrétiens ont pu copier et répandre le Nouveau Testament ouvertement. C'est l'époque des grands manuscrits sur parchemin, quelquefois appelés " onciaux " parce qu'écrits en majuscules (onciales). 

    Le plus ancien est sans doute le Codex Vaticanus qui se trouve à la bibliothèque du Vatican. Il remonte au début du IVè siècle. 

    Le Codex Sinaïticus est de la même époque. Il a été trouvé par hasard dans une corbeille à papiers du monastère du Mont Sinaï en 1859. Après avoir été donné par les moines du Sinaï au Tsar de Russie, il a été acheté par le gouvernement britannique et se trouve au British Museum. 

    Du Vè siècle, on connaît le Codex Alexandrinus et le Codex Ephraemi. Ce dernier, qui se trouve à Paris, est un " palimpseste ", c'est-à-dire, un livre dont l'original (le Nouveau Testament) a été effacé pour qu'on le remplace par un autre texte (ici les sermons de St Ephrem, au XIIè siècle). Des procédés chimiques permettent de faire ressortir le texte original. 

    Un manuscrit du VIè siècle, le Codex Bezae (il a été donné à Théodore de Bèze au XVIè siècle) est jugé important (bien que ne comprenant que les Evangiles et les Actes). Il est écrit en parallèle avec une ancienne traduction latine. Il représente une tradition textuelle différente des autres grands manuscrits. Alors que les autres sont d'origine orientale (Egypte, Syrie, ou Grèce), celui-ci est occidental (latin). Il y a d'assez nombreuses différences mineures entre le texte occidental et les manuscrits orientaux. 

    Il existe encore d'autres " onciaux " plus tardifs. Après le IXè siècle, on a abandonné l'écriture onciale pour écrire en cursive, minuscules. Mais les manuscrits de cette époque sont d'un moindre intérêt. 

    Nous avons donc des manuscrits de tout le Nouveau Testaments remontant au IVè siècle - un peu plus de deux siècles après la rédaction des livres. Cela peut nous sembler beaucoup. En fait, c'est peu ; surtout que des papyri encore plus anciens (dès le IIè siècle) permettent de faire des comparaisons pour un grand nombre de passages. 

    Si on compare avec les manuscrits des grands auteurs classiques grecs et latins, on est surpris de voir l'ancienneté des manuscrits du Nouveau Testament. Les manuscrits les plus anciens d'Hérodote et de Platon sont du Xè siècle ; celui d'Eschyle, du XIè siècle. Virgile a un seul manuscrit du Vè siècle (alors qu'il a vécu au Ier siècle avant Jésus-Christ). 

    Les versions du Nouveau Testament

    Le christianisme s'est rapidement répandu dans tout l'empire romain. Très tôt, le besoin de traductions du Nouveau Testament pour les chrétiens d'Egypte, de Syrie ou d'Italie ou de Gaule, s'est fait sentir. On ne sait pas exactement quand ces traductions en Copte (Egypte), en Syriaque et en Latin ont été faites. Mais on possède des manuscrits du Nouveau Testament copte du IVè siècle et des manuscrits de la version syriaque du Vè siècle. Il existe des manuscrits latins des IV et Vè siècles. Mais nous avons aussi des citations du Nouveau Testament chez des auteurs chrétiens de langue latine dès le IIè siècle. De telles citations nous aident à connaître le texte de cette époque pour tel ou tel passage. Bien entendu, on trouve aussi de telles citations chez les auteurs chrétiens de langue grecque. 

    Le texte du Nouveau Testament

    A l'aide de ces différents manuscrits et des versions anciennes, les savants s'efforcent d'établir un texte du Nouveau Testament aussi proche que possible à l'original. En comparant différents manuscrits, on peut arriver à éliminer la plupart des erreurs de copies qui ont pu se produire. 

    Les premières éditions modernes du Nouveau Testament grec datent du début du XVIè siècle. En 1514, un cardinal espagnol Jimenez a publié une Bible polyglotte (en plusieurs langues) comprenant le Nouveau Testament en grec. Deux ans plus tard, Erasme publiait une autre édition du Nouveau Testament grec en Suisse, d'après les manuscrits qu'il connaissait (mais qui ne dataient malheureusement que du XIIè siècle). C'est d'après le texte d'Erasme que le Nouveau Testament a été traduit dans la plupart des langues de l'Europe moderne pendant plusieurs siècles (on l'appelle le Textus Receptus). 

    A partir du XIXè siècle, une meilleure connaissance des manuscrits anciens a permis de réviser le texte d'Erasme et d'établir un texte du Nouveau Testament sur lequel on peut fonder une traduction sûre. On peut hésiter encore pour certains versets, mais on est arrivé à une certitude très grande pour la quasi-totalité du Nouveau Testament. 

    Les variantes du texte biblique

    Lorsque deux copies du texte de la Bible comportent des différences, on est obligé de se demander laquelle correspond à l'original. Très souvent, l'accord de la grande majorité des manuscrits sur une version du texte permet d'éliminer toute hésitation. Ici et là cependant, il reste des variantes entre lesquelles il faut choisir. C'est ce qui explique que certaines éditions du Nouveau Testament comportent des notes en bas de page disant. " D'autres études (ou d'autres témoins) lisent... " ou simplement. " Variante :... ". 

    La plupart de ces variantes portent sur des points de détails. Il s'agit parfois de noms propres inconnus des copistes ; par exemple : Marc 5:1. Les meilleurs manuscrits ont. " le pays des Géraséniens " ; mais d'autres lisent. " des Gadaréniens " ou des " Gergéséniens ". 

    Ailleurs, c'est peut-être une seule lettre qui change d'un manuscrit 'a l'autre, mais cela peut suffire à modifier un mot ou changer le temps d'un verbe. Exemple : Romains 5 :1, on peut lire " nous avons la paix avec Dieu " ou " ayons la paix avec Dieu ". 

    Dans certains cas, un ou plusieurs mots qui se trouvent dans plusieurs manuscrits n'apparaissent pas dans d'autres. Ainsi, dans Ephésiens 1 :1, les " à Ephèse " manquent dans certains manuscrits. 

    Ce peut-être une phrase entière ou même un passage entier qui ne se trouve que dans une partie des manuscrits. Exemples. Luc 9:55-56, les mots venant après "et les réprimanda ", de " disant : Vous ne savez de quel esprit... " jusqu'à "...mais pour les sauver ", ne se trouvent pas dans la plupart des manuscrits anciens. La fin de l'Evangile de Marc (16:9 à 20) manque dans les deux plus anciens manuscrits (Vaticanus et Sinaïticus) et chez certains auteurs anciens, mais se trouve dans d'autres manuscrits de valeur et chez d'autres auteurs qui citent ce passage. Quelques manuscrits (surtout des traductions) ont encore une autre fin plus courte à l'Evangile de Marc. 

    De telles variantes peuvent étonner et même inquiéter certains chrétiens. Mais elles existent. Il vaut mieux le savoir. Il a plu à Dieu de se servir des hommes pour transmettre sa Parole. Il ne l'a pas fait tomber du ciel toute rédigée. Mais c'est précisément au milieu des vicissitudes de l'histoire (persécutions, guerres, divisions de l'Eglise) que se manifeste la fidélité de Dieu. Nous pouvons nous émerveiller et rendre grâces à Dieu de ce que le texte de la Bible soit venu jusqu'à nous sous une forme aussi complète et sure. 

    Les passages qui comportent plusieurs variantes entre lesquelles on peut hésiter (sans parler des différences d'orthographe ou de détails grammaticaux) ne mettent en question aucun enseignement fondamental de l'Evangile. Mais il est évident qu'il ne serait pas prudent d'appuyer une conviction doctrinale ou morale sur un passage qui n'est pas suffisamment attesté par les manuscrits. 

    La Bible au long des siècles

    Pendant le Moyen-Age, la Bible a continué à être recopiée à la main principalement dans les monastères (le plus souvent dans la version de Jérôme, la Vulgate). On en faisait des copies très belles, mais très coûteuse. Elle était hors de portée de la majorité des fidèles, à cause de son prix, parce qu'elle n'existait généralement en latin (rarement en grec), parce que l'Eglise de l'époque ne souhaitait pas la mettre entre toutes les mains, enfin parce qu'une grande partie du peuple ne savait pas lire. 

    La Renaissance a amené un regain d'intérêt pour les langues anciennes (grec et hébreu). L'invention de l'imprimerie a grandement facilité la diffusion des livres. La Réforme a remis la Bible au centre de la foi et de la vie des chrétiens et des Eglises. Si le premier livre imprimé par Gutemberg a été une Bible latine, des traductions de la Bible dans la langue du peuple n'ont pas tardé à apparaître : Nouveau Testament de Lefèvre d'Etaples et Bible d'Olivetan en français, traduction de Luther en allemand, traduction de Wycliffe, puis de Tyndale et enfin version du roi Jacques (autorisée) en anglais. La diffusion de la Bible a ensuite connu des hauts et des bas, souffrant en période de léthargie et de tiédeur des Eglises, progressant en période de réveil. La création des sociétés bibliques, accompagnant les réveils surtout au XIXè siècle et le grand mouvement missionnaire moderne, a beaucoup fait pour répandre la Bible dans le monde entier et la mettre à la portée du plus grand nombre.

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