Souvenirs chrétiens à Bethléem
Dans les année 1960, des archéologues israéliens scrutaient le sol de Bethléem afin d’en repérer le site antique. Loin d’être établi sur la hauteur au nord-ouest de la basilique actuelle, le village israélite se trouvait tout autour de cette basilique, surtout dans la région sud-ouest de celle-ci. Des vestiges abondants ne laissent guère de doute à ce propos. Ainsi la grotte vénérée comme lieu de naissance du Christ n’est pas dans la campagne, mais bien à l’intérieur du village lui-même, ce qui semble plus normal.
L’histoire de la Grotte de la Nativité, sous la Basilique, nous est assez bien connue. Si Luc ne mentionne qu’une crèche comme lieu de naissance de Jésus (Lc 2,7), le plus ancien témoin après lui, S. Justin, vers l’an 150, parle d’une grotte servant d’écurie. La tradition ne retint plus que cette seule précision, qui ne contredit pas la note de Luc : toute la région de Bethléem est formée d’un massif de calcaire tendre troué de nombreuses grottes servant d’habitations ou d’étables. Les récents sondages ont révélé leur utilisation depuis le IXe siècle av. J.-C.! Sur quels critères la piété chrétienne s’est-elle basée pour déterminer que telle grotte, et non telle autre, fut le lieu de la naissance de Jésus? La réponse à cette question n’est connue qu’en partie.
Eusèbe de Césarée (vers 340) et S. Jérôme (331-420) racontent que l’empereur Hadrien, en 136, instaura le culte romain dans les lieux de culte juifs et chrétiens. C’est ainsi que la vénération de Tammuz-Adonis, dieu de la végétation, fut implantée dans une grotte à Bethléem. Quand Constantin voulut découvrir le souvenir de la naissance de Jésus, il n’eut qu’à démolir ce culte de Tammuz. Nous sommes ainsi assurés qu’au début du IIe siècle ap. J.-C., une grotte de Bethléem commémorait la naissance de Jésus. L’archéologie pourrait-elle confirmer ou infirmer une telle tradition?
L’origine constantinienne de la Basilique de Bethléem est connue depuis longtemps, mais le plan nous échappait en partie. Des travaux dans le chœur et dans les grottes sous l’église (1962-1964) ont permis de compléter le plan.
En 326, Constantin fait isoler la grotte de la nativité qu’il recouvre d’un bâtiment octogonal. C’est la forme classique du mausolée d’un grand personnage à l’époque byzantine. Des fragments importants de mosaïques ne laissent plus de doute sur cette forme. Au centre de l’octogone, une petite plate-forme donnait accès à une balustrade ronde, dont on vient de repérer de bons éléments, qui entourait une ouverture au-dessus de la grotte; le pèlerin pouvait donc la contempler sans y descendre, afin de la protéger d’une piété trop vorace! Un escalier à la jonction de l’octogone et de la basilique permettait au clergé d’y entrer : autre précision nouvellement confirmée. Ce monument octogonal fut détruit par les Samaritains en 529; en 540, Justinien le fit rebâtir sur un plan nouveau : trois absides reliées par des murs droits à angle, qui subsistent encore.
La Basilique, devant l’octogone, ressemblait beaucoup à celle que Constantin fit bâtir devant le Saint-Sépulcre : bâtiment presque carré divisé en cinq nefs. Justinien, dans sa restauration, respectera ce plan.
Un atrium à portiques donnait accès à la basilique. Les sondages ne nous permettent pas d’en établir les dimensions exactes. De cet atrium, on pouvait voir les mosaïques décorant le fronton de la basilique, illustrant la scène de la Nativité. Comme on avait coiffé les mages de couronnes persanes, Chrosroès, en 614, reconnut en eux des « frères »; aussi épargna-t-il ce monument. Omar, en 638, lors de la conquête arabe, y pria son Dieu : ce geste fit ainsi de ce lieu un objet de respect pour la tradition musulmane. C’est pourquoi la Basilique de Bethléem, dans son ensemble, reste celle de Constantin, restaurée par Justinien.
L’archéologie vient de rafraîchir notre connaissance de ce plus vieux monument chrétien de Palestine. Mais cette science du passé ne peut pas nous dire : « c’est bien là qu’est né Jésus! » À ce sujet, nous ne dépendons que de témoignages littéraires remontant jusqu’à Hadrien; nous ne savons rien de neuf de l’an 136 à la naissance de Jésus, sauf que la grotte est bien située au milieu du village des époques israélite et romaine.
Dans les année 1960, des archéologues israéliens scrutaient le sol de Bethléem afin d’en repérer le site antique. Loin d’être établi sur la hauteur au nord-ouest de la basilique actuelle, le village israélite se trouvait tout autour de cette basilique, surtout dans la région sud-ouest de celle-ci. Des vestiges abondants ne laissent guère de doute à ce propos. Ainsi la grotte vénérée comme lieu de naissance du Christ n’est pas dans la campagne, mais bien à l’intérieur du village lui-même, ce qui semble plus normal.
La basilique de la Nativité, à Bethléem
(photo BiblePlaces.com)
(photo BiblePlaces.com)
L’histoire de la Grotte de la Nativité, sous la Basilique, nous est assez bien connue. Si Luc ne mentionne qu’une crèche comme lieu de naissance de Jésus (Lc 2,7), le plus ancien témoin après lui, S. Justin, vers l’an 150, parle d’une grotte servant d’écurie. La tradition ne retint plus que cette seule précision, qui ne contredit pas la note de Luc : toute la région de Bethléem est formée d’un massif de calcaire tendre troué de nombreuses grottes servant d’habitations ou d’étables. Les récents sondages ont révélé leur utilisation depuis le IXe siècle av. J.-C.! Sur quels critères la piété chrétienne s’est-elle basée pour déterminer que telle grotte, et non telle autre, fut le lieu de la naissance de Jésus? La réponse à cette question n’est connue qu’en partie.
Eusèbe de Césarée (vers 340) et S. Jérôme (331-420) racontent que l’empereur Hadrien, en 136, instaura le culte romain dans les lieux de culte juifs et chrétiens. C’est ainsi que la vénération de Tammuz-Adonis, dieu de la végétation, fut implantée dans une grotte à Bethléem. Quand Constantin voulut découvrir le souvenir de la naissance de Jésus, il n’eut qu’à démolir ce culte de Tammuz. Nous sommes ainsi assurés qu’au début du IIe siècle ap. J.-C., une grotte de Bethléem commémorait la naissance de Jésus. L’archéologie pourrait-elle confirmer ou infirmer une telle tradition?
L’origine constantinienne de la Basilique de Bethléem est connue depuis longtemps, mais le plan nous échappait en partie. Des travaux dans le chœur et dans les grottes sous l’église (1962-1964) ont permis de compléter le plan.
En 326, Constantin fait isoler la grotte de la nativité qu’il recouvre d’un bâtiment octogonal. C’est la forme classique du mausolée d’un grand personnage à l’époque byzantine. Des fragments importants de mosaïques ne laissent plus de doute sur cette forme. Au centre de l’octogone, une petite plate-forme donnait accès à une balustrade ronde, dont on vient de repérer de bons éléments, qui entourait une ouverture au-dessus de la grotte; le pèlerin pouvait donc la contempler sans y descendre, afin de la protéger d’une piété trop vorace! Un escalier à la jonction de l’octogone et de la basilique permettait au clergé d’y entrer : autre précision nouvellement confirmée. Ce monument octogonal fut détruit par les Samaritains en 529; en 540, Justinien le fit rebâtir sur un plan nouveau : trois absides reliées par des murs droits à angle, qui subsistent encore.
La Basilique, devant l’octogone, ressemblait beaucoup à celle que Constantin fit bâtir devant le Saint-Sépulcre : bâtiment presque carré divisé en cinq nefs. Justinien, dans sa restauration, respectera ce plan.
Un atrium à portiques donnait accès à la basilique. Les sondages ne nous permettent pas d’en établir les dimensions exactes. De cet atrium, on pouvait voir les mosaïques décorant le fronton de la basilique, illustrant la scène de la Nativité. Comme on avait coiffé les mages de couronnes persanes, Chrosroès, en 614, reconnut en eux des « frères »; aussi épargna-t-il ce monument. Omar, en 638, lors de la conquête arabe, y pria son Dieu : ce geste fit ainsi de ce lieu un objet de respect pour la tradition musulmane. C’est pourquoi la Basilique de Bethléem, dans son ensemble, reste celle de Constantin, restaurée par Justinien.
L’archéologie vient de rafraîchir notre connaissance de ce plus vieux monument chrétien de Palestine. Mais cette science du passé ne peut pas nous dire : « c’est bien là qu’est né Jésus! » À ce sujet, nous ne dépendons que de témoignages littéraires remontant jusqu’à Hadrien; nous ne savons rien de neuf de l’an 136 à la naissance de Jésus, sauf que la grotte est bien située au milieu du village des époques israélite et romaine.