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Une trentaine d'espèces animales et végétales ont disparu en 2020
Voici la première espèce officiellement déclarée éteinte en 2020
Un spécimen d'espadon chinois ou poisson-spatule, «Psephurus gladius», naturalisé et exposé au musée de l'Institut d'hydrobiologie de Wuhan, en Chine.
Quinze ans après son extinction présumée, l’espadon chinois, poisson endémique du fleuve Yangtsé, entre officiellement au rayon des espèces disparues, selon une étude publiée dans «Science of the Total Environment».
Voici la première espèce officiellement déclarée éteinte en 2020
Nom scientifique : Psephurus gladius. Taille : jusqu'à 7 mètres de long. Habitat : fleuve Yangtsé. Endémique du plus long fleuve d’Asie, l’espadon chinois ou poisson-spatule vient d’être officiellement déclaré éteint en ce début d’année, selon une étude publiée dans la revueScience of the Total Environment. Ce qui fait de cette espèce de poisson d’eau douce, de la petite famille des polyodontidés, la première à être rayée de la surface du globe en 2020.
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Pour la dernière fois observé en 2003 et présumé éteint depuis 2005, ce lointain cousin des esturgeons – eux aussi menacés, notamment l’européen – était en effet déjà considéré comme «fonctionnellement éteint» depuis 1993 en raison de ses difficultés à se reproduire dans son milieu naturel. Cependant, ces deux dernières années, aucun spécimen d’espadon chinois n’a été recensé dans les prises effectuées en 2017 et 2018 pour cette recherche. L’espèce remplit donc désormais tous les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour être considérée comme éteinte.
Surpêche et fragmentation de l’habitat
Cette disparition s’explique par deux facteurs, selon les scientifiques. D’abord, ce poisson réputé pour sa chair et son caviar, et donc surpêché, a décliné à partir des années 70 ; ensuite, l’espadon chinois a été victime de la fragmentation de son habitat, notamment du fait de la construction sur le fleuve Bleu du barrage de Gezhouba (Chine centrale) en 1981, amplifiant l’effondrement des populations. De quoi altérer la perpétuation de cette espèce potamodrome (qui migre uniquement dans des rivières d’eau douce).
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Autre enseignement de cette étude : pollués et agrémentés de nouveaux barrages comme celui des Trois-Gorges, les bassins-versants du fleuve chinois sont moins diversement poissonneux qu’auparavant. C’est en tout cas ce que suggère l’absence dans les filets des biologistes chinois, tchèques et britanniques de représentants de 140 autres espèces de poissons historiquement présents dans cette région fluviale. Une preuve de la dégradation continue de cet écosystème et des efforts nécessaires en matière de conservation. Sous peine de voir de nouveaux animaux aquatiques rayés de la surface du globe, comme le très emblématique dauphin de rivière, le baiji, déclaré éteint en 2006.
https://www.liberation.fr/planete/2020/01/10/voici-la-premiere-espece-officiellement-declaree-eteinte-en-2020_1772266