DEUXIEME AGE DE FER (3)
(env. 720 – 600 av JC)
A – Les grands événements politiques
’est le temps des conquêtes assyriennes et du déclin des petits royaumes indépendants. Dans la première moitié du VIIIe s. av JC, l’Empire assyrien se consolide en Mésopotamie. Dans le dernier tiers du VIIIe s. av JC, il s’étend rapidement du nord du pays de Canaan au cœur de la Samarie et sur la plaine côtière, jusqu’à la frontière d’Egypte. A l’exception des villes phéniciennes, les territoires conquis sont directement soumis à l’administration assyrienne. Téglath-Phalasar III, roi d’Assour (745 – 727 av JC) entreprend de déplacer massivement les populations conquises vers l’Assyrie (2 R. XV, 29). Menahem, roi d’Israël (743 – 738 av JC), est mentionné dans les annales du roi d’Assour, en tant que roi de Samarie tributaire du grand monarque. Avec Aram, ce sont aussi les territoires israéliens de Galaad, de Galilée, de la plaine d’Izréel qui sont soumis. Le royaume d’Israël se trouve réduit à sa capitale, Samarie, et aux collines d’Ephraïm alentour. Le roi Pèqah (737 – 732 av JC), allié des Araméens, perd le trône à la suite de la conspiration d’Osée qui devient le dernier roi d’Israël (732 – 724 av JC) et le vassal de Téglath-Phalasar III. Quelques années plus tard, profitant des troubles qui accompagnent le début du règne de Salmanasar V (727 – 722 av JC), nouveau roi d’Assour, Osée tente de secouer le joug. Il refuse de payer tribut et noue des relations avec l’Egypte. De ce fait, Samarie subit un siège de trois ans avant de tomber aux mains de Sargon II (722 – 705 av JC), successeur de Salmanasar, qui déporte les habitants à Halah, dans la région d’Haran, en Mésopotamie, sur le fleuve Habor, et au-delà du Tigre, en Médie (2 R. XVII, 5-6), tandis qu’il installe en Israël des babyloniens et des déportés de tribus arabes (Esd. IV, 2). Sargon II dépose le roi d’Ashdod insoumis, pour placer l’un des siens, qui s’empresse de fomenter une coalition contre lui. Elle est formée des rois d’Edom et de Moab et d’Ezéchias, roi de Juda (716 – 687 av JC). L’armée de Sargon s’empare d’Ashdod (Is. XX, 1). Juda se soumet pour échapper aux représailles.
A la suite de la conquête, de la dévastation, de la fuite ou de la déportation de la population, Israël connaît une période de dépeuplement des villes, accompagné du renouveau du nomadisme dans les campagnes. Victime du conflit entre l’Assyrie et l’Egypte, le royaume de Juda est envahi (701 av JC) par Sennachérib, roi d’Assour (704 – 681 av JC) (2 R. XVIII, 13). Il s’empare de quarante-six villes à la suite de sièges et de batailles retracés par les sculptures du palais de Ninive. Situé à l’écart des grandes voies commerciales, le royaume de Juda s’était trouvé à l’abri des conflits. La campagne de Sennachérib a de graves conséquences. Ezéchias négocie la reddition de Jérusalem. Il doit s’acquitter d’un si lourd tribut qu’il est obligé de prélever le plaquage d’or des portes du temple (2 R. XVIII, 16). Les rois d’Assour, Assarhaddon (681 – 669 av JC) et Assourbanipal (669 – 642 av JC) prolongent les campagnes vers l’Egypte auxquelles Manassé, le roi vassal de Juda (687 – 642 av JC) doit nécessairement se joindre. L’expansion assyrienne se poursuit jusqu’au pillage de Thèbes, sauvée de la destruction par la finesse diplomatique de Montouemhat, gouverneur de Haute Egypte, quatrième prophète d’Amon-Rê, reconnu par Assourbanipal comme roi de Thèbes.
Après le reflux assyrien, Juda retrouve la liberté de s’étendre vers le Néguev au sud et vers l’ancien royaume d’Israël au nord. L’effondrement d’Assour autorise l’émancipation. Le règne de Josias, roi de Juda (640 – 609 av JC) arrive comme une renaissance. Le roi relève l’héritage des traditions d’Israël qui viennent nourrir le nouvel élan nationaliste : « Le roi monta à la Maison de Yhwh, ayant avec lui tous les hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem, les prêtres et les prophètes (...) Il lut à leurs oreilles toutes les paroles du Livre de l’Alliance qui avait été retrouvé dans la Maison de Yhwh (...) Alors, le roi ordonna au grand prêtre Hilquiyahou (...) de faire sortir du Temple de Yhwh tous les objets qui avaient été faits pour le Baal, pour l’Ashérah et pour toute l’Armée des cieux. Il les fit brûler en dehors de Jérusalem (...) Il supprima la prêtraille qu’avaient installée les rois de Juda (...) ainsi que ceux qui offraient l’encens au Baal, au Soleil, à la Lune, aux Constellations et à toute l’Armée des cieux. Il fit sortir l’Ashérah de la Maison de Yhwh (...) il la fit brûler dans le torrent du Cédron (...) Il démolit les maisons des prostituées sacrées qui étaient dans la Maison de Yhwh. » (2 R. XXIII, 2-7). Pourtant, cette révolution religieuse n’est qu’un feu de paille. En l’an 609 av JC, alors que le pharaon Néchao II (610 – 595 av JC – XXVIe dynastie), à la tête d’une Egypte unifiée, traverse Canaan pour aller soutenir le dernier roi d’Assour aux prises avec le régime chaldéen de Babylone, Josias tente de lui barrer le passage. L’engagement se déroule à Megiddo où le roi de Juda reçoit la flèche fatale. La campagne égyptienne s’achève par la déroute de Karkemish (605 av JC) et la victoire des troupes babyloniennes commandées par Nabuchodonosor, roi de Babylone (605 – 562 av JC).
Fils aîné du roi Josias, écarté du trône à la mort de son père au profit de son frère Joachaz, Eliaqim (El élève) y accède trois mois plus tard, par la volonté du pharaon Néchao II qui le nomme Joaqim (Yh[wh] élève) (609 – 598 av JC). Il règne d’abord sous la domination égyptienne, à qui il paye le tribut des vaincus ; puis, sous la domination babylonienne, après la déroute du pharaon, qui abandonne l’ensemble des territoires asiatiques jusqu’au torrent d’Egypte à Nabuchodonosor. Les trahisons de Joaquim finissent par amener l’empereur babylonien lui-même devant les murs de Jérusalem (598 av JC). Joaqin succède brièvement à son père, avant d’être déporté à Babylone avec tout ce que le royaume de Juda compte de notables, d’intellectuels, d’artisans et d’hommes solides. Nabuchodonosor installe sur le trône Matanya (don de Yh[wh]) qu’il nomme Sidqiya (justice de Yh[wh] - forme grecque : Sédécias -) (597 – 587 av JC). Il ne reste en Juda que ruines et petites gens. Pourtant, Sidqiya se refait et, comptant sans doute sur l’appui de l’Egypte, il se dresse contre l’Empire babylonien. Le siège de Jérusalem dure deux ans. C’est la fin du royaume de Juda et le long exil de Babylone.