Quand le Vatican interdisait la lecture de la Bible
Le pape Grégoire IX (1227-1241) retira complètement la Bible aux fidèles et en interdit la lecture au concile de Toulouse (1229). C'est lui qui éleva la terrible Inquisition (ces tribunaux ecclésiastiques sanguinaires qui pratiquaient la torture) au rang d'institution officielle de l'Église.
Sous la menace des peines de l'enfer, par la torture et l'épée, on persécutait ceux qui possédaient une Bible dans leur langue maternelle ou des extraits de celle-ci.
«Nous interdisons également qu'on autorise les laïcs à posséder les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. [...] Nous leur défendons avec la plus grande vigueur de posséder les livres précités dans la langue populaire. - Les habitations, les chaumières les plus misérables et même les refuges les mieux cachés de ceux chez qui l'on trouvera de tels écrits doivent être totalement détruits. Ces gens doivent être poursuivis jusque dans les bois et les cavernes, et quiconque les abrite doit s'attendre à être sévèrement châtié.»27
Les seuls textes qu'on avait encore le droit de lire étaient les Psaumes, et ce uniquement en latin; en effet, le peuple ne comprenait pas cette langue, pas plus que la plupart des prêtres!
Le concile de Tarragone (1234) décréta également:
«Personne n'a le droit de lire ou de diffuser l'Ancien ou le Nouveau Testament [...] faute de quoi [...] il sera accusé d'hérésie.»28
Concile de Constance (1415).
Le très érudit prêtre catholique Wycliffe comprit que les papes et les dignitaires de tous les rangs, ainsi que le peuple induit en erreur, ne pouvaient être amenés à abandonner la «pieuse» hypocrisie de leur vie dissolue pour se repentir et se convertir, autrement qu'en se tournant vers l'Écriture sainte. Il publia donc une Bible dans sa langue maternelle, l'anglais. Au cours des années qui suivirent, trois papes régnèrent simultanément: Benoît XIII (1394-1423), Grégoire XII (1406-1415), et Alexandre V (1409-1410), puis Jean XXIII (1410-1415), le premier du nom, qui succéda à Alexandre.
Livrés à eux-mêmes, mais affamés de la Parole de Dieu, les fidèles se détournaient de plus en plus du Vatican et cherchaient ardemment à se procurer la Bible dans leur langue maternelle ou des extraits de celle-ci. Partout dans le monde se déroulaient les mêmes scènes - comme encore récemment en Union soviétique et dans les autres pays communistes: en secret, on recopiait à la main les Saintes Écritures dans la langue du pays - plus tard, on utilisa également les imprimeries - et on se passait les textes interdits. Quiconque se faisait prendre était passible, ainsi que ses proches, de prison, de torture, de bannissement, voire de la peine capitale, car les escadrons de la mort envoyés par le pape étaient omniprésents!
C'est pourquoi, au concile de Constance, l'archevêque de Cantorbéry Arundel fut contraint de condamner publiquement, à titre posthume, l'influent érudit et prêtre Wycliffe. Voici les termes qu'il employa:
«ce fripon vénéneux, propagateur d'une hérésie damnable, qui a introduit une nouvelle traduction de l'Écriture sainte dans sa langue maternelle.»29
La façon dont le Vatican procéda à l'égard de la dépouille mortelle de John Wycliffe nous montre la profondeur de la haine qu'il avait contre les chrétiens qui, à la place des doctrines de Rome, annoncèrent la Parole de Dieu et la rendirent accessible au peuple.
Dans son manuel de l'histoire de l'Église, le théologien catholique Jedin écrit:
«[...] une ordonnance fut alors publiée, demandant que les ossements de Wycliffe soient retirés du sol consacré. [...] Finalement, en décembre 1427, l'évêque de Lincoln reçut l'ordre d'exhumer les ossements de Wycliffe et de les brûler, ordre qui fut exécuté.»30
Il fallait extirper la Parole de Dieu du cÏur des hommes en condamnant publiquement, «au nom de Dieu», ces hommes qui avaient l'audace de braver les interdits du Vatican. Au jour du Jugement dernier, nous retrouverons un grand nombre de chrétiens morts en saints martyrs, dont le nom a été effacé par les papes. Les membres de cette Église seront alors saisis d'effroi. Quant aux papes, ils ont canonisé des criminels, que des millions de fidèles de l'Église romaine doivent implorer et adorer pour obtenir le salut. C'est absolument pitoyable!
.. Au XVIème siècle, le Vatican a persécuté avec une violence et une brutalité extrêmes les prêtres qui traduisaient la Bible pour permettre aux peuples de la lire dans leur langue nationale respective.
Pour n'en donner qu'un exemple, le prêtre Luigi Giovan Paschale édita, en 1555, une Bible bilingue italien-français. Cinq ans plus tard, il fut cruellement torturé à Rome par la garde pontificale, qui lui fit subir le supplice de la roue avant de l'exécuter. Il mourut en martyr, victime de la cruelle persécution perpétrée, au nom de la «piété», par la papauté. Même si, «entre 1567 et 1773, pas une seule Bible ne put être publiée en Italie - du moins officiellement - dans la langue du peuple»,31
On a vu se multiplier le nombre des prêtres qui traduisaient la Bible dans les différentes langues pour permettre au peuple d'y découvrir la seule Parole de Dieu qui fasse autorité, obéissant ainsi à l'ordre de Jésus:
«[...] faites des disciples, [...] leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit» (Matthieu , 28.19).
C'est ainsi que le combat mené par les papes et le clergé pour " étouffer et anéantir la Parole de Dieu s'étend tout au long des siècles. l'Église catholique doit constamment imaginer de nouveaux subterfuges diplomatiques et à la philosophie subtile - toujours sous le couvert de la «piété» -, afin de tenir les fidèles à l'écart de la Parole de Dieu. Bien entendu, tout se fait toujours «au nom de Dieu».
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