Cessation du ministère apostolique: la Prêtrise universelle
Dans l'Église primitive nous trouvons différents ministères. Celui d'Apôtre étant le plus important. En Grec il signifie "Apostolos", celui qui est "envoyé"; il correspond à notre mot "missionnaire". Celui de Prophète qui en Grec est "Prophètes", celui qui parle ouvertement, qui proclame un message particulier de la part de Dieu; il correspond à notre terme "Prédicateur". Ceux-ci prédisaient parfois l'avenir, non en transe, mais en pleine possession de leurs facultés. Le ministère d'Évangéliste qui en Grec est "Euangelistes", un messager de la Bonne Nouvelle, de l'Évangile de la Souveraineté de Dieu dans le "salut par la Grâce seule". Comme les Apôtres, sa fonction était d'aller de lieux en lieux proclamer le message du salut. Celui de Pasteur qui en Grec est "Poimen", un Berger dont la mission était de prendre soin du troupeau de Dieu; d'encourager et de conseiller les fidèles. Cette désignation se donnait aussi aux Anciens qui étaient les Surveillants ou Gardiens de l'assemblée. Et enfin les Diacres qui s'occupaient surtout des soins à donner aux pauvres parmi les frères, dans tous les aspects matériels qui se présentèrent.
Dans tous ces ministères, plusieurs avaient des dons miraculeux qu'ils avaient reçu par l'imposition des mains des Apôtres, et qui furent désigné spécifiquement à cette période pour l'édification de l'Église naissante. Celui qui avait reçu un don particulier comme les dons de guérisons, de parler différentes langues pour annoncer aux différents peuples la gloire de Dieu dans son salut par la Grâce; le don d'interpréter les différentes langues dans le but de communiquer le message de Dieu aux différentes nations; les dons de sagesse et de connaissance dont les fonctions étaient d'exercer un discernement spécifique à une situation particulière; ne pouvait les transmettre à quelqu'un d'autre. Cette fonction était particulière aux Apôtres mêmes et réservé à cette période transitoire. Les dons miraculeux disparurent progressivement avec la mort du dernier Apôtre et l'achèvement des écrits du Nouveau Testament; comme l'atteste abondamment l'histoire du Christianisme authentique.
La compréhension de ce qui va suivre est si importante, que nous devons nous arrêter ici pour aviser nos lecteurs de demander au Seigneur un esprit de discernement et de révélation, et de méditer sur ces paroles:
"Que notre Dieu, le Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne l'esprit de sagesse et de révélation, dans ce qui regarde sa connaissance" (Eph.1:17); "Ce sont des choses que l'oeil n'a point vue, que l'oreille n'a point entendue, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, lesquelles Dieu a préparés à ceux qui l'aiment. Mais Dieu nous les a révélées par son Esprit: car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu" (1 Cor.2:9,10); Or, Jésus dit: "Je Suis la lumière du monde; celui qui me suit, ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie... si vous persistez en ma Parole, vous serez vraiment mes disciples; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres... Celui qui est de Dieu, entend les paroles de Dieu" (Jn.8:12,31,47); "Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie; mais quand arrivera ce qui doit être achevé, alors ce qui est partiel sera aboli" (l Cor.13:9,10); "Toute l'Écriture respire de Dieu, et est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, et pour instruire selon la justice; afin que 1'lhomme de Dieu soit accompli, et parfaitement instruit pour toute tâche convenable" (2 Tim.3:16,17).
D'après l'apôtre Paul les dons miraculeux devait cesser et être aboli pour faire place à quelque chose de meilleur, de plus parfait; quelque chose qui, dans son accomplissement nous révélerait "la foi, l'espérance et l'amour de Dieu" (1 Cor.12:31; 13:8-13). Il est impératif de remarquer ici que Paul n'aurait point mentionner la cessation des dons miraculeux, si ces dons n'étaient point pour terminer. Le fait qu'il le mentionne est d'une importance capitale. Mais ce qui est encore plus significatif, ce qui est plus surprenant, est que Paul nous stupéfie en mentionnant dans un même contexte les dons et "les ministères":
"Et Dieu a mis dans l'Église, d'abord des apôtres, ensuite des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite les miracles; puis les dons de guérison, les secours, les gouvernements, les diversités de langue" (1 Cor.12:28).
La révélation étonnante que témoigne l'Esprit de Dieu à notre esprit est que les ministères, autant que les dons miraculeux, ont cessé. Tous les deux étaient désigné pour une période spécifique et transitoire; la naissance de l'Église, que Paul compare à la naissance et la croissance d'un enfant:
"Quand j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais comme un enfant, je pensais comme un enfant; mais quand je suis devenu homme, j'ai aboli ce qui était de l'enfance" (l Cor.13:11).
L'Esprit nous révèle d'ailleurs que les langues étaient donné "pour signe" à Israël que le Royaume de Dieu, le Royaume de la Grâce, lui fut enlevé et donné à d'autres qui sauraient en porter fruits (Mat.8:12; 21:43):
"Il est écrit dans la Loi: Je parlerai à ce peuple par des gens d'une autre langue, et par des lèvres étrangères; et ainsi ils ne m'entendront point, dit le Seigneur. C'est pourquoi les langues sont pour un signe... Car les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse. Mais pour nous, nous prêchons Christ crucifié, qui est un scandale pour les Juifs, et une folie pour les Grecs. A ceux, dis-je, qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, nous prêchons Christ, la puissance de Dieu, et la sagesse de Dieu" (l Cor.14:21,22: 1:22, 24).
Or selon Paul, les ministères et les dons, nécessaires pour établir l'enfance de l'Église; devaient faire place à quelque chose "de plus excellent", quelques choses qui "les surpasserait de loin" (l Cor.12:31). Cet élément mystérieux dont Paul parle, devait remplacer les prophéties et les langues, et nous donner la connaissance complète et parfaite de la Foi, de l'Espérance, et de l'Amour de Dieu; soumettant toutes ces choses, incluant les ministères, à sa révélation entière du plan de Dieu. Cet élément merveilleux qui devait "être achevé" ou "rendu parfait" est nul autre que le Nouveau Testament qui achevait la Bible et rendait parfaite la révélation de Dieu en Jésus-Christ:
"Et même le premier ministère, qui a été glorieux, ne l'a pas été autant que le second, qui l'emporte de beaucoup en gloire. Car si ce qui devait prendre fin a été glorieux, ce qui est permanent est beaucoup plus glorieux... Ainsi nous tous qui contemplons, comme en un miroir, la gloire du Seigneur à face découverte, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur" (2 Cor. 3:10,11,18).
Or la Parole de Dieu confirme que "les esprits des prophètes sont sujet aux prophètes" (l Cor.14:33); et Elle-même contient toutes les prophéties et toute la connaissance de Dieu. Entre les deux couverts de la Bible, nous marchons dans l'histoire, nous entrons dans le lieux très-saint du Temple où il ne fut permis qu'aux souverain sacrificateurs d'entrer; nous sommes des témoins oculaires de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus; nous sommes avec les disciples le jour de la Pentecôte lorsque l'Esprit descend comme des langues de feu; nous entendons les prophéties et les prédications des apôtres; et nous sommes présent même au deuxième avènement de Jésus. Tout notre foi, notre espérance et notre amour de Dieu vient de ses pages. Nous ne pouvons avoir rien de plus parfait, de plus merveilleux; elle fut écrite par inspiration et demeure inspirée perpétuellement, elle habite dans notre coeur et notre esprit avec l'Esprit de Christ en nous, et sera avec nous pour l'éternité. Contenant le début et la fin de l'histoire de toute la race humaine, nous nous trouvons nous-mêmes entre ses pages. Il est impératif pour nous de la lire régulièrement et de l'étudier pour que ses préceptes se gravent dans notre coeur et notre esprit; afin que l'Esprit de Christ qui habite en nous les fasse surgir dans notre conscience pour nous instruire et nous diriger.
Ce qui est significatif pour nous, est qu'elle remplace tous les ministères et tous les dons; car elle devient elle-même le ministère par excellence et le don le plus merveilleux, par le fait qu'elle les contient tous. Ainsi Jésus Lui-même devient "le seul Pasteur et le seul Évêque de nos âmes" (1 Pi- 2: 25). Par le fait de la présence de Christ et de sa Parole en nous, chaque chrétien devient un apôtre, un évangélistes, un prophète, un pasteur, un ancien; et chaque chrétien possède tous les dons miraculeux. Mais, la manifestation de ces choses, est laissé à la discrétion de l'Esprit "qui opère toutes choses en tous" (1 Cor.12:4-7). C'est à dire, qu'à un certain moment donné, lorsqu'une situation particulière le demande, un chrétien peut être poussé par l'Esprit à accomplir une guérison. Mais qu'il ne s'imagine pas qu'une fois le besoin rencontré, qu'il puisse partir en mission pour guérir tous ceux qui en ont besoin. Nous ne servons que d'outils à l'Esprit pour rencontrer un besoin spécifique pour l'utilité commune du peuple de Dieu. Ceci signifie que l'Esprit manifeste sa puissance en nous que pour répondre à un besoin particulier, puis la retire pour nous employer d'une autre façon. Il agit ainsi pour que nous ne nous glorifions point de sa puissance; et que nous demeurions dépendant de Lui en toutes circonstances. Ainsi une journée un chrétien peut-être employé pour faire une guérison, mais le lendemain il ne peut même pas guérir un mal de tête. A un moment donné il peut amener une révélation formidable, et par après ne pas savoir où il a mis sa Bible. Mais qu'un chrétien ne s'inquiète point de ces choses, car l'Esprit ne manquera pas d'y laisser savoir qu'il sera employé dans un domaine spécifique; car Il fera surgir dans sa conscience la Parole qui confirmera son appel, et il ne pourra point résister.
Dans ce concept de la présence de Christ et de sa Parole en nous, se trouve la liberté des ministères et des dons qui font partie de la prêtrise spirituelle de tous les croyants:
"Mais vous êtes la race élue, la sacrificature royale, le peuple acquis; afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelé des ténèbres à sa merveilleuse lumière" (1 Pi.2:9).
Ainsi chacun est utile au corps entier, qu'il soit seul, isolé, ou réuni avec d'autres croyants; l'Esprit se sert de tous et chacun selon notre foi, et dans des circonstances que nous nous attendons le moins. La maturité de la foi est l'élément clé ici; car dans une assemblée de croyants, l'Esprit se servira toujours plus de ceux dont la foi fut éprouvée pour prendre soin des autres. Voici ainsi les ministères de l'Église Marginale, tous sont ministres, du plus petit au plus grand; du plus faible au plus fort; du plus pauvre au plus riche; tous sont des vaisseaux de l'Esprit, et tous contribuent à la gloire de Dieu, notre Seigneur et Roi, Jésus-Christ. Or l'Esprit ne se sert pas de tous en même temps, mais de tous en leur temps.
Le principe que nous venons d'examiner se nomme "la doctrine de la prêtrise spirituelle de tous les croyants" ou selon d'autres "la prêtrise universelle". Le Christianisme Conventionnel reconnaît cette doctrine avec une certaine crainte. Car l'admettre dans sa totalité, signifierait que ses ministres perdrait leur travail qui, pour certains s'avère être très rentable, considérant que des centaines de leurs membres doivent débourser dix pour-cent de leur salaire régulier, pour les maintenir dans leur position. A.R. Kayayan confirme cette doctrine en disant: "Le ministère principal de l'Église n'est ni celui de Diacre ni celui de l'Ancien, ni même celui du Prédicateur; mais l'office universel de tout les croyants".
J.T. Mueller fait une distinction entre le ministère général de tous les croyants qu'il nomme "le sacerdoce spirituel", et un ministère public ou "ministère pastoral": "La relation du ministère public au sacerdoce spirituel de tous les croyants est donc évidente. Ils ne sont pas identique... Bien que nous soyons tous prêtres, nous ne pouvons ni ne devons tous, pour autant prêcher, enseigner et diriger... Nul ne doit enseigner publiquement dans l'Église ou administrer les sacrements s'il n'a pas été régulièrement appelé". Selon Mueller, cet appel ne vient plus de Dieu, mais de la congrégation qui choisie ses représantants: "On ne doit plus s'attendre à un appel direct de Dieu dans l'Église aujourd'hui". Toutefois, Mueller fait ressortir un point très important qui nous concerne tous: "Bien que le ministère public ou pastorat qui est conféré au Pasteurs par l'intermédiaire de la congrégation locale soit d'institution divine, il n'est pas nécessaire d'une façon absolue; en effet, tous les croyants sont tenus par le commandement divin, de prêcher l'Évangile, de s'instruire et de s'exhorter les uns les autres par des psaumes et des cantiques spirituels".
Or le ministère public ou pastoral de toutes les dénominations, désigné pour enseigner le pauvre chrétien supposément ignorant, est en contradiction directe avec la Parole de Dieu:
"Mais vous avez été oints par le Saint Esprit, et vous connaissez toutes choses... Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous séduisent. Mais l'onction que vous avez reçue de Lui, demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne; mais comme la même onction vous enseigne toutes choses, et qu'elle est véritable, et n'est pas un mensonge, et selon qu'elle vous a enseignés, vous demeurerez en Lui" (l Jn.2:20,27); "Mais le Consolateur, qui est le Saint Esprit, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses; et il vous rappellera le souvenir de toutes les choses que je vous ai dites" (Jn.14:26). En ce qui nous concerne en tant que Chrétiens Marginaux: "Il faut plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes" (Ac.5:29).
C'est en effet l'habitude malheureuse du Christianisme Conventionnel de tout diviser, à partir de Dieu même qu'il divise en trois. De même leurs assemblées sont divisées en trois catégories: a) les initiés qu'on nomme pasteur, ancien ou ministre. Pour être reconnu dans leur position, ceux-ci doivent faire des études académiques en Théologie et surtout en Psychologie, où ils apprennent à contrôler les sentiments des gens, et à manipuler les situations; b) les Diacres qui ont le rôle de "police de l'assemblée". Ceux-ci s'occupe de placer les gens et de collecter l'argent; ainsi que d'agir en fonction de rapporteur (un stool en langage vulgaire); c) et finalement, le chrétien régulier, le membre passif qui doit tout gober. Celui-ci est contrôler comme une marionnette, lui disant quand se lever et quand s'asseoir d'une manière répétitive; on en fait même un perroquet, lui disant quoi dire, à quel moment le dire et combien de fois le dire. Ainsi, il subit progressivement un lavage de cerveau qui le pousse à glorifier sa dénomination particulière. Heureusement nous trouvons quelques chrétiens authentique en ce milieu à cause de la proclamation de l'Évangile de la Grâce. Ainsi comme dit l'apôtre Paul:
"Il est vrai que quelques-uns prêchent Christ par envie et par un esprit de dispute; et que d'autres le font, au contraire par une bonne volonté... Quoi donc? Toutefois, en quelque manière que ce soit, par ostentation, ou par amour de la vérité, Christ est annoncé; et c'est de quoi je me réjouis, et je me réjouirai" (Phil.1:15,18).