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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    LE TRAITÉ TRIPARTITE

    Arlitto
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:40

    Rappel du premier message :

    LE TRAITÉ TRIPARTITE


    Traduit du copte par Louis Painchaud et Einar Thomassen .Bibliothèque copte de Nag Hammadi.

    constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, l’oeuvre d’un maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel l’Église valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de l’hérésie valentinienne.

    PREMIÈRE PARTIE : PROTOLOGIE

    Quoi que nous puissions dire des choses d’en haut, il convient que nous commencions par le Père qui est la racine du Tout – dont nous avons reçu la grâce de pouvoir parler de lui —, car il existait alors que rien n’était encore venu à l’existence en dehors de lui seul.

    La triade originelle


    Le Père

    Le Père est un, tout en étant à la façon du multiple, car il est le premier et il est ce qu’il est seul à être. Mais il n’est pas pour autant un être solitaire, sinon comment serait-il Père ? Dès qu’il y a un « père » en effet, il s’ensuit qu’il y a un « fils ». Mais l’Un, qui seul est le Père, ressemble à une racine, avec un tronc, des branches et des fruits.

    On dit de lui qu’il est Père au sens propre, car il est incomparable et immuable, parce qu’il est au sens propre unique et dieu, car nul n’est un dieu pour lui et nul n’est pour lui un père — il est en effet inengendré — et nul autre ne l’a engendré, et nul autre ne l’a créé. C’est que celui qui est père ou créateur d’un autre a, lui aussi, un père et un créateur. Il est certes possible qu’il soit père et créateur de celui qui est issu de lui et qu’il a créé ; il n’est néanmoins à proprement parler, ni père ni dieu, du fait qu’un autre l’a engendré et créé. Au sens propre donc, le seul Père et Dieu est celui que personne n’a engendré, alors qu’il a engendré et créé le Tout. Il n’a ni principe ni fin. Non seulement il n’a pas de fin — il est inengendré parce qu’il est immortel —, mais encore il est inébranlable en son être éternel, et en ce qu’il est, et en ce par quoi il est stable, et en ce par quoi il est grand. Lui-même ne saurait se déplacer de ce en quoi il est, et nul autre ne saurait le contraindre à prendre fin contre sa volonté. Il n’a admis aucun initiateur de son être.

    C’est ainsi qu’il ne se change pas lui-même, et aucun autre ne le pourra déplacer de ce en quoi il se trouve, ni de ce qu’il est, ni de ce en quoi il est, ni de sa grandeur, de sorte qu’on ne peut le déplacer et qu’il est impossible qu’un autre le change en une forme différente, soit pour l’amoindrir, soit pour l’altérer ou pour le diminuer, puisque c’est ainsi qu’il est en toute vérité l’Immuable qui ne change pas et que revêt l’inaltérable. En effet, non seulement l’appelle-t-on « sans principe » et « sans fin » du fait qu’il est inengendré et immortel, mais tout comme il n’a pas de principe, il n’a pas non plus de fin.

    Par son mode d’existence, il est inaccessible en sa grandeur, impénétrable en sa sagesse, invincible en son pouvoir, insondable en sa douceur. À proprement parler, lui seul, le bon, le Père inengendré et parfait sans déficience, est plénitude, celui qui est plein de tous ses biens, de toute qualité excellente et de toute valeur. Plus encore, il est dénué d’envie, de sorte que, tout en possédant, il donne tout ce qu’il possède, sans que cela ne l’affecte et sans qu’il ne souffre à cause de ce qu’il donne. Car il est riche de ses dons et il trouve son repos dans les grâces qu’il distribue. Ainsi donc il est de telle façon, de telle forme et de telle grandeur que nul autre n’existe avec lui depuis le commencement : ni lieu où il pourrait être ou dont il serait sorti, ou dans quoi il devrait retourner ; ni forme originelle dont il se servirait comme modèle en travaillant ; ni fatigue qui l’affecterait et qui résulterait de ce qu’il fait ; ni matière première à partir de laquelle il façonnerait les êtres qu’il façonne ; ni substance en son sein, dont il engendrerait ce qu’il engendre ; ni collaborateur qui travaillerait avec lui à son oeuvre. Ce serait ignorance que de parler ainsi. Mais en tant que bon, sans déficience, parfait, complet, il est lui-même le Tout.

    Pas un seul des noms que l’on conçoit, que l’on dit, que l’on voit ou que l’on saisit, pas un seul d’entre eux ne lui convient, même les plus brillants, vénérables et honorés. Certes, on peut néanmoins les prononcer pour lui rendre gloire et l’honorer selon la capacité de chacun de ceux qui le glorifient. Mais lui-même tel qu’il est, tel qu’il existe, et dans sa forme propre, il est impossible à aucun intellect de le comprendre, et aucune parole ne le saurait exprimer, ni aucun oeil ne le pourrait voir, ni aucun corps ne le pourrait saisir à cause de sa grandeur insondable et de sa profondeur inaccessible et de sa hauteur incommensurable et de son étendue qu’on ne saurait contenir.

    Telle est la nature de l’Inengendré : il ne se met à l’oeuvre à partir de rien d’autre ni n’est apparié, comme ce qui est limité, mais il est doté d’existence, bien que n’ayant ni figure ni forme extérieure que l’on conçoit à partir des sens. De ce fait, il est aussi l’Insaisissable ; s’il est insaisissable, il s’ensuit qu’il est inconnaissable.

    Le Fils

    Celui qui n’est concevable par aucune pensée, qui n’est visible en aucune chose, qu’aucune parole ne peut dire, qu’aucune main ne peut toucher, c’est lui seul qui se connaît lui-même tel qu’il est, avec sa forme, sa grandeur et sa magnitude. Et c’est lui qui a la capacité de se concevoir, de se voir, de se nommer et de se saisir, car il est à lui-même son propre intellect, il est à lui-même son propre oeil, sa propre bouche, sa propre forme, et il est lui-même ce qu’il conçoit, ce qu’il voit, ce qu’il dit, ce qu’il saisit, lui l’Inconcevable indicible, insaisissable et immuable. Ce qu’il conçoit, ce qu’il voit, ce qu’il énonce est nourriture et délice, vérité, joie et repos. Ce qui lui appartient comme pensée s’élève au-dessus de toute sagesse et surpasse tout intellect, et surpasse toute gloire, et surpasse toute beauté et toute douceur, toute grandeur, toute profondeur et toute hauteur.

    Celui donc qui est inconnaissable dans sa nature, et qui possède toutes les grandeurs dont j’ai déjà parlé, a la faculté, s’il le désire, de donner la connaissance pour qu’on le connaisse par la surabondance de sa douceur. Il est doté d’une puissance égale à sa volonté. Toutefois, il se maintient dans le silence — qu’il est lui-même, le Grand, tout en étant la cause de l’engendrement des Touts en vue de leur existence éternelle.

    C’est lui-même, véritablement, qu’il engendre comme ineffable, de sorte que c’est une autogénération, car il se conçoit et se connaît tel qu’il est. C’est un être digne de l’admiration, de la gloire, de l’honneur et de la louange qui lui sont dus à lui-même, qu’il produit, à cause de son infinie grandeur et de son insondable sagesse, de son immense pouvoir et de sa douceur qui est au-delà de ce qui se peut goûter. C’est lui qui s’expose en ce mode de génération pour recevoir gloire et louange d’admiration et d’amour, et c’est aussi lui qui se glorifie lui-même, qui s’admire, se louange et s’aime. Il a un Fils qui demeure en lui et qui garde le silence à son sujet ; ce Fils est l’ineffable dans l’ineffable, l’invisible, l’insaisissable, l’inconcevable dans l’inconcevable.

    C’est ainsi que le Fils demeure éternellement dans le Père, comme nous l’avons déjà dit, sans qu’il y ait génération ; il est celui en qui ce dernier se connaît lui-même en l’engendrant, de sorte que le Père est doté d’une Pensée qui est sa Pensée propre, c’est-à-dire sa perception, [ ..... ]qui est .[ ..... ].[ . . ]..[.... . ] de son existence éternelle ; elle est à proprement parler le silence et la sagesse et la grâce, puisqu’on l’appelle à juste titre de cette façon. Car de même que le Père est au sens propre celui avant qui personne d’autre n’existe et celui après qui n’existe aucun autre inengendré, de même aussi le Fils est au sens propre celui avant qui il n’y a aucun autre fils et après qui il n’y en a aucun autre. C’est pourquoi il est premier-né et fils unique : « premier-né », parce qu’il n’y a personne avant lui ; « fils unique », parce qu’il n’y a personne après lui.

    L’Église

    Et il porte son fruit qui resta inconnu à cause de son excessive grandeur, et il voulait qu’on le connût à cause de la richesse de sa douceur. Et il révéla sa puissance indescriptible, et il la mélangea à la surabondance de sa libéralité. En effet, non seulement le Fils existe depuis le commencement, mais l’Église, elle aussi, existe depuis le commencement. Si quelqu’un s’imagine que l’unicité du Fils contredit ce propos, eh ! bien à cause du mystère de la chose, ce n’est pas le cas. En effet, tout comme on a montré que le Père, qui est un être unique, était son propre père, il en va de même aussi pour le Fils : on a trouvé qu’il était son propre frère, sans génération ni commencement. C’est le Père qui s’admire lui-même 1 en tant que Père, et qui se rend gloire, et honneur, par amour. Et c’est également lui-même qui se conçoit lui-même comme fils, conformément à ces dispositions : « sans commencement » et « sans fin ». Il en est ainsi, la chose est établie.

    Innombrable et illimitée, sa progéniture — les existants — est pourtant indivisible ; c’est qu’elle est issue de lui, Père et Fils, à la manière de baisers : par l’effet de leur surabondance, le baiser de personnes s’embrassant mutuellement dans une pensée bonne et insatiable est unique, bien que s’exprimant en de multiples baisers. Telle est l’Église nombreuse, qui préexiste aux éons, que l’on appelle à juste titre « les éons des éons ». Telle est la nature des esprits saints impérissables, sur laquelle le Fils se repose puisqu’elle est son essence, de la même manière que c’est sur le Fils que se repose [......] le Père [ . . . . . ] [ . . . . ] l’Église subsiste dans les dispositions et qualités en lesquelles subsistent le Père et le Fils, comme je l’ai déjà exposé. C’est pourquoi elle existe en tant qu’innombrable progéniture des éons ; et en nombre infini, ils engendrent à leur tour dans les qualités et dispositions dans lesquelles ils existent. Ceux-ci sont . . . communauté qu’ils forment les uns avec les autres et avec ceux qui sont issus d’eux et avec le Fils, dont ils sont la gloire.

    C’est pourquoi il est impossible à un intellect de les concevoir — telle est la perfection de ce lieu-là — et nulle parole ne les peut dire, car ils sont ineffables et ils sont au-dessus de tout nom. Ils sont inconcevables. Eux seuls néanmoins ont le pouvoir de s’attribuer des noms afin de se concevoir. En effet, ils ne sont pas enracinés ici-bas. Car ceux qui appartiennent à ce lieu là sont ineffables et indénombrables, selon cette constitution. Car telle est la forme , la manière et la sorte, la joie et l’allégresse de l’Inengendré, innommé, au-dessus de tout nom, inconcevable, invisible et insaisissable ; c’est le Plérôme de la Paternité, si bien que sa surabondance est devenue procréation.

    La formation du plérôme

    Introduction

    [ ...... ].[ .... ].[ . . ].[ . ] … des éons cependant existaient éternellement dans la Pensée du Père de sorte que celui-ci était pour eux comme une Pensée et comme un lieu. Et après que leur engendrement eût été décidé, celui qui a toute puissance voulut conduire et faire sortir ce qui était déficient hors de [ . . . . . . ]. ceux qui étaient en lui, mais tout en demeurant comme] il est, car il est une source qui n’est pas diminuée par l’eau qui en jaillit avec abondance.

    La préexistence dans le Père

    Tant qu’ils sont demeurés dans la Pensée du Père, c’est-à-dire tant qu’ils sont demeurés dans la Profondeur cachée, la Profondeur les connaissait certes, mais eux ne pouvaient connaître la Profondeur en laquelle ils se trouvaient, ni se connaître eux-mêmes, ni connaître quoi que ce soit d’autre. C’est qu’ils existaient avec le Père, et ils n’existaient pas pour eux-mêmes, mais ils possédaient leur existence seulement comme une semence, de sorte qu’on peut comparer leur existence à celle d’un embryon. Il les a engendrés comme le logos qui existe à l’état de semence avant que ne viennent à l’existence les choses qu’il produit.

    La première forme

    C’est également pour cela que le Père a prévu à leur sujet non seulement qu’ils existeraient pour lui, mais qu’ils existeraient aussi pour eux-mêmes ; qu’ils existeraient donc dans sa pensée en tant que substance intellectuelle, mais qu’ils existeraient aussi pour eux-mêmes. Il sema une pensée comme un semence de [ . . . . ] pour qu’ils comprennent qui est celui qu’ils ont pour Père. Il leur fit la grâce, de leur donner la première forme pour qu’ils re connaissent qui est celui qu’ils ont pour Père. Le Père leur fit don de son nom par le moyen d’une voix qui proclama pour eux que celui qui est existe par ce nom qu’ils possèdent dès leur venue à l’existence. Toutefois l’élévation est dans ce nom même si elle leur échappa : lorsqu’il est à l’état d’embryon, le bébé a tout ce dont il a besoin sans avoir jamais vu celui qui l’a semé. Voilà pourquoi ils possédaient seulement le nom du Père, de manière à le chercher, percevant qu’un Père existe et désirant trouver qui il est.

    L’ultime formation

    Mais puisque le Père est bon et parfait, de même qu’il ne les entendit pas pour qu’ils demeurent dans sa pensée pour toujours, mais qu’il leur accorda d’exister pour eux-mêmes, c’est ainsi également qu’il veut leur faire la grâce de savoir qui est celui qui est, c’est-à-dire celui qui se connaît lui-même de toute éternité. [ . . . . . . . . . . . ] .. [ . ] . [ . . . ] . prendre forme pour savoir qui est celui qui est, tout comme on est engendré ici-bas : à la naissance on accède à la lumière de sorte que l’on voit ses parents.

    Le Tout n’est pas parfait dès le début

    Le Père, en effet, a produit le Tout comme un petit enfant, comme une goutte provenant d’une source, comme une fleur de vigne, comme un [ . . ].[ . comme une jeune pousse [ . . . . ].. de sorte que celui-ci a besoin de nourriture, de croissance et de perfection. Mais il retint sa perfection pour un temps. Lui qui l’a conçue depuis le commencement, il la possède depuis le début et l’a vue, mais il l’a cachée à ceux qui sont issus de lui, non pas par jalousie, mais afin que les éons ne reçoivent pas dès le début leur perfection et qu’ils ne s’exaltent pas dans la gloire à l’égal du Père, et qu’ils ne pensent pas que c’est par eux-mêmes qu’ils ont cette perfection. Mais tout comme il a plu au Père de leur accorder l’existence, de même aussi, quand il lui a plu, il leur a donné la parfaite notion de sa bienfaisance envers eux pour qu’ils soient sans déficience.

    Le Fils, étant un avec le Père, apporte la forme et la connaissance, mais la grandeur ne devient accessible qu’au moyen d’actes spirituels

    Celui que le Père a fait se lever comme une lumière pour ceux qui sont issus de lui-même, celui d’après qui ils sont nommés, c’est le Fils en plénitude, parfait et sans déficience. Le Père l’a produit tout en restant uni à ce qui émanait de lui [ ; ] . [ . . ] . [ . . . . . . . . . ] glorifié conjointement ..[ . . ] le Tout à la façon dont chacun pourra recevoir en lui le Père. Pourtant ce n’est pas sa grandeur qu’ils reçoivent ainsi, puisque ce n’est pas encore le Père qu’ils ont reçu par le Fils ; mais le Père subsiste quant à lui en sa magnitude, sa manière, sa forme et sa grandeur, bien qu’il soit possible aux éons de le voir et de dire ce qu’ils savent de lui, car ils le portent et il les porte. Et ils peuvent atteindre le Père, bien qu’il demeure quant à lui comme il est, c’est-à-dire celui qu’on ne peut imiter, pour qu’il soit glorifié par chacun et qu’il se manifeste lui-même ; et parce que dans son infertilité il se cache, invisible, c’est par l’intellect qu’ils l’admirent. Pour cette raison, c’est quand ils parlent de lui et le voient que la grandeur de son élévation devient manifeste, tandis qu’ils chantent pour lui des hymnes d’action de grâce à cause de la surabondance de sa douceur.

    Ceux qui sont manifestés ne sont pas séparés de ce dont ils proviennent

    .... … et comme les merveilles des silences sont des progénitures éternelles — elles sont engendrées par l’intellect —, de même aussi les dispositions du logos sont des émissions spirituelles. En tant qu’ils appartiennent à un logos, ces deux rangs sont des . . . . . et des pensées de sa gestation, et des racines à jamais vivantes, qui sont manifestées. En effet, le second rang est une progéniture issue du premier, et ils sont des intellects et des procréations spirituelles, pour la gloire du Père. Or ils n’ont nul besoin de voix — ce sont des esprits d’intellect et de logos — et ils n’ont nul besoin de poser un acte pour faire ce qu’ils désirent , mais de la même façon que le Père, ceux qui sont issus de lui engendrent eux aussi tout ce qu’ils désirent. Et ce qu’ils conçoivent, et ce qu’ils disent, et ce vers quoi ils sont mus, et ce en quoi ils résident et ce qu’ils chantent pour rendre gloire au Père, cela est leur Fils. Telle est en effet leur puissance procréatrice, comme c’est aussi le cas pour ceux dont ils sont issus — c’est par leur mutuelle coopération qu’ils se sont entraidés à la manière des inengendrés.

    La distinction entre le Père et les deux aspects de Fils

    Le Père, d’une part sous le rapport de ce qui l’élève au-dessus des Touts, est inconnaissable et insaisissable, possédant une grandeur telle et si grande que même les plus élevés d’entre les éons qui sont issus de lui eussent été détruits, s’il leur était apparu tout de suite, abruptement ; c’est pourquoi il a contenu sa puissance et son impassibilité dans ce en quoi il est, demeurant ineffable, au-dessus de tout nom, et surpassant tout intellect et toute parole. Sous un second rapport, il s’étendit lui-même, et se répandit ; c’est lui qui donna fermeté, lieu et demeure au Tout — c’est un de ses noms, en tant qu’il est le père du Tout — par sa souffrance persistante pour les éons, s’étant ensemencé dans leur pensée afin qu’ils lecherchent, lui qui transcende leur . . . ..quand ils conçoivent qu’il existe et cherchent qui il est. Sous un troisième rapport, il leur a été donné en guise de jouissance, de nourriture, de joie et de surabondante illumination qui est sa compassion, sa connaissance et sa réunion avec eux. C’est lui qu’on appelle le Fils et il l’est ; il est les Touts et celui dont ils ont reconnu qui il était ; et il se revêt lui-même. C’est le second qu’on appelle Fils et qui est perçu comme existant, et que l’on cherchait. Celui enfin qui existe comme Père et dont on ne peut parler et qu’on ne conçoit pas ; c’est lui qui existe en premier.

    Le Fils en tant que nom et noms du Père

    Personne, en effet, ne le peut concevoir ou penser, ni ne peut approcher auprès de celui qui est exalté, auprès du véritable préexistant. Mais tout nom qui est conçu ou prononcé à son sujet, est proclamé pour sa gloire, comme sa trace, selon la capacité de chacun de ceux qui le glorifient. Mais celui donc qui à partir de lui s’est levé comme le soleil à l’horizon, se déployant en vue de l’engendrement et de la connaissance des Touts, lui, par contre, il est tous les noms, sans mensonge, et il est véritablement le seul premier homme du Père. C’est lui que j’appelle la forme de ce qui n’a pas de forme, le corps de l’incorporel, le visage de l’invisible, le logos de l’ineffable, l’intellect de l’inintelligible, la source qui a jailli de lui, la racine de ceux qui sont plantés et le dieu des dévots, la lumière de ceux qu’il illumine, la volonté de ceux qu’il a voulus, la providence de ceux qu’il pourvoit, l’intelligence de ceux qu’il a rendus intelligents, la puissance de ceux à qui il donne puissance, l’assemblée de ceux avec qui il s’assemble, la révélation de ce qui est recherché, l’oeil de ceux qui voient, le souffle de ceux qui respirent, la vie des vivants, l’unité de ceux qui sont unis.

    Tandis que les Touts sont tout entiers en lui, cet être unique est tout entier revêtu de lui-même, mais on ne l’appelle jamais du seul nom qui est sien. Et de la même façon, les Touts sont, ensemble, à la fois l’être unique et les Touts. Il n’est ni divisé corporellement, ni divisé entre les noms dans lesquels il réside — de sorte qu’il serait soit comme ceci soit comme cela — et il ne change pas par [ . . . ].. ni ne subit de changement selon les noms où il se trouve, de sorte qu’il serait tantôt ceci, tantôt cela, qu’il serait différent d’un moment à l’autre, mais il est tout entier à jamais. Il est chacun des Touts éternellement et simultanément ; il est ce qu’ils sont tous, en tant que Père des Touts, les Touts sont aussi lui. Il est sa propre connaissance, et il est chacune de ses qualités et puissances, de sorte qu’il est l’oeil par lequel il voit tout ce qu’il connaît, puisque cela, il le voit tout entier en 18 lui-même, ayant Fils et forme.

    La fécondité des Touts

    C’est pourquoi innombrables sont ses puissances et ses qualités, et elles sont inouïes, à cause de l’engendrement par lequel il les engendre. Innombrables et indivisibles sont les engendrements que sont ses logos, et ses commandements et ses Touts ; il les connaît — c’est ce qu’il est lui-même. S’ils parlent, c’est le nom unique qu’ils expriment, car ils résident tous en lui. Et il les produit de sorte qu’ils forment une unité tout en épousant chacune de ses qualités. Et il n’a pas manifesté la multitude aux Touts en une seule fois ; et il n’a pas manifesté son égalité à ceux qui sont issus de lui. Tous ceux qui sont issus de lui, c’est- à-d ire les éons des éons, puisqu’ils sont des émissions, les procréations d’une nature procréatrice, eux aussi procréent, dans leur nature procréatrice, pour la gloire du Père, tout comme celui-ci fut pour eux la cause de leur existence. C’est ce que nous avons dit précédemment : des éons il fait des racines et des sources, et des pères. Car celui qu’ils glorifient, ils l’ont engendré. Ils sont dotés de savoir et d’intelligence, et ils ont compris par conséquent que c’est du savoir et de l’intelligence des Touts qu’ils sont issus. Les éons n’auraient produit qu’un semblant de gloire, car le Père est les Touts, s’ils s’étaient levés pour rendre gloire selon la puissance individuelle de chacun. C’est pourquoi par le chant d’hymnes de glorification et par la puissance de l’unité de celui dont ils sont issus,ils atteignirent à un mélange, une réunion et une unité mutuels. Le Plérôme de l’assemblée produisit une gloire digne du Père, image unique bien que multiple, parce que c’est à la gloire de l’être unique qu’il l’a produite, et parce ses membres ont convergé vers celui qui est lui-même les Touts.

    Les trois glorifications, ou fruits

    Cette gloire était donc un tribut des éons à celui qui a produit les Touts et elle était prémices des immortels et éternelle, car lorsqu’elle sortit des éons vivants, elle les a quittés parfaite et plénière, à cause de ce qui est parfait et plénier, car ils sont pléniers et parfaits, ayant rendu gloire de façon parfaite, en communion. En effet, parce que le Père est sans déficience, lorsqu’on lui rend gloire, il retourne la gloire à ceux qui le glorifient afin de les faire apparaître comme ce qu’il est lui-même. Et la cause de cette deuxième gloire qui leur est advenue, c’est ce que le Père leur a retourné, parce qu’ils comprirent par quelle grâce ils ont pu donner du fruit dans le Père, à l’unisson. Par conséquent, tout comme ils ont produit pour rendre gloire au Père, c’est aussi de façon à révéler leur propre perfection qu’ils se sont manifestés portant un fruit de glorification.

    Enfin, ils sont pères de la troisième gloire, de façon autonome et selon la puissance dont ils sont dotés pour rendre gloire à l’unisson selon la volonté de chacun, indépendamment les uns des autres. Donc la première et la seconde gloire sont toutes les deux de la même façon parfaites et plénières, car elles sont des manifestations du Père qui est parfait et plénier et des êtres parfaits issus de la glorification de celui qui est parfait. Mais le fruit de la troisième est glorification par la volonté de chacun des éons et de chacune des qualités du Père et de ses puissances. Ce fruit est un Plérôme parfait dans la mesure où, lorsque chacun rend gloire au Père, ce qu’il veut et ce dont il est capable provient à la fois de chacun des éons individuellement aussi bien que de leur réunion. C’est pourquoi ils sont des intellects d’intellects, qui se trouvent être des logos de logos, supérieurs de supérieurs, degrés de degrés, plus élevés les uns que les autres. Chacun de ceux qui rendent gloire a 16 sa place et son élévation, sa demeure et son repos, qui sont la gloire qu’il produit. La différence entre l’activité des éons et celle des puissances cosmiques, qui tentent aussi d’égaler le Plérôme du Père

    Tous ceux qui rendent gloire au Père ont une progéniture éternelle. Ils procréent dans l’assistance mutuelle de sorte que leurs émissions sont illimitées et incommensurables. Et il n’y a aucune jalousie de la part du Père, à l’endroit de ceux qui sont issus de lui, concernant le fait qu’ils engendrent son égal et son semblable puisque c’est lui qui est dans les Touts, procréant et se manifestant lui-même. Et il veut faire pères ceux dont il est le Père, ou dieux, ceux dont il est le Dieu, comme il fait Touts ceux dont il est le Tout. C’est en ce lieu-là que résident véritablement tous ces bons noms auxquels participent les anges qui sont venus à l’existence dans le monde, de même que les archontes, bien qu’ils soient dépourvus de ressemblance avec les éternels.

    Le Plérôme cherche le Père

    Donc, toute la constitution des éons se caractérise par le désir et la recherche de la découverte parfaite et entière du Père, c’est là leur union irréprochable. Quoique le Père se soit révélé lui-même, il n’a pas voulu qu’on le connût de toute éternité, se donnant comme objet de réflexion et de recherche, tout en préservant pour lui-même ce par quoi il est préexistant et qui ne peut être soumis à l’examen. Car c’est lui, le Père, qui a donné impulsion et racine aux éons, en sorte qu’ils sont des stations sur le chemin paisible qui mène jusqu’à lui comme vers une école de comportement, lorsqu’il étendit .[ . . ] foi et prière concernant ce qu’ils ne voient pas, et une espérance ferme en ce qu’ils ne conçoivent pas et un amour fécond qui a les yeux tournés vers ce qu’ils ne voient pas, et une compréhension agréable et éternelle de l’intellect, et une bénédiction qui est richesse et liberté, et pour leur pensée, sagesse de qui désire la gloire du Père.

    L’esprit

    Ils connaissent le Père qui est en haut de par sa volonté, par l’esprit qui souffle dans les Touts et leur inspire de chercher l’inconnu, comme on est attiré par une bonne odeur à en chercher la cause, puisque la bonne odeur du Père doit provenir d’un lieu supérieur. Sa douceur plonge en effet les éons dans un plaisir indicible et leur donne la pensée de se fondre en celui qui désire être connu par eux dans l’unité, et de s’assister mutuellement dans l’esprit qui est semé en eux. Ils se trouvent alors dans une grande et puissante aspiration, renouvelés de façon indicible et prenant forme en lui, sans qu’ils puissent se séparer par irréflexion de ce en quoi ils se trouvent, car ils ne parlent pas, gardant le silence au sujet de la gloire du Père, au sujet de celui qui seul peut parler. Il s’est révélé, mais il est impossible de le dire. Les éons possèdent le Père caché dans leurs pensées ; c’est pourquoi ils gardent le silence concernant sa manière d’être dans sa forme, sa nature et sa grandeur, alors que son esprit les a rendus dignes de la connaître. Il est innommable et inaccessible, mais par l’intermédiaire de cet esprit qui est sien, et qui est la trace menant à sa découverte, il se donne à eux pour qu’ils le conçoivent et le disent. Chacun des éons est un nom correspondant à chacune des qualités et des puissances du Père. Puisque celui-ci subsiste en de nombreux noms, c’est dans un mélange et une mutuelle harmonie qu’il leur est possible de le dire, à cause de la richesse du logos, parce que le Père, bien qu’étant un nom unique du fait qu’il est un, est néanmoins innombrable en ses qualités et noms.

    La nature de l’émission

    L’émission des Touts qui existent à partir de celui qui est ne s’est pas produite par mode de coupure, comme si c’était une séparation de celui qui les engendre, mais leur engendrement a pris la forme d’un déploiement, le Père se déployant vers ceux qu’il veut, afin que ceux]qui sont issus de lui viennent à l’existence eux aussi. Car de même que le présent éon est unique bien que divisé en temps, et que les temps sont divisés en années, que les années sont divisées en saisons, et les saisons en mois, et les mois en jours, les jours en heures et les heures en instants, de même l’éon véritable est également unique bien que multiple, alors qu’on lui rend gloire au moyen des petits comme des grands noms, selon ce que chacun peut comprendre. Par mode d’analogie encore, il est comme une source qui demeure ce qu’elle est, tout en s’écoulant en fleuves et lacs, en canaux et en aqueducs ; comme une racine qui se déploie en arbres et en branches, avec ses fruits ; comme un corps humain qui est partagé sans division en membres de membres, membres principaux et extrémités, membres grands et petits.

    L’autonomie et la sagesse des éons

    Les éons ont été produits selon le troisième fruit, par la volonté autonome et par la sagesse dont le Père les a gratifiés pour leur pensée. Lorsqu’ils veulent rendre gloire avec ce qui est issu d’une union produite en vue de paroles de glorification de chacun des plérômes, et lorsqu’ils veulent rendre gloire avec le Tout ou avec un éon qui a déjà atteint un rang ou une station supérieure à la leur, alors chacun reçoit de l’éon qui réside dans le nom supérieur et dans la station supérieure ce qu’ il a voulu, si cet éon le fait monter à lui au niveau supérieur ; et il s’engendre, pour ainsi dire, lui-même, et par l’intermédiaire de cet éon, il s’engendre avec ce qu’est ce dernier et il se régénère lui-même avec ce qui lui est venu de son frère. Et il le voit et le prie ainsi : que celui qui désire monter à lui y parvienne. Celui qui a voulu rendre gloire ne dit rien d’autre à son frère, hormis cela seulement, car il y a une limite fixée à la parole au sein du Plérôme, de sorte qu’ils gardent le silence à propos de l’inaccessibilité du Père, mais qu’ils expriment leur volonté de l’atteindre.

    La chute

    La glorification présomptueuse effectuée par le dernier éon

    L’un des éons eut l’idée de chercher à saisir l’inconcevabilité du Père et de lui rendre gloire ainsi qu’à son infertilité, et c’était un logos appartenant à l’Unité, et il était un, bien que n’étant pas issu de l’union des Touts ni de celui qui les a produits — celui qui a produit le Tout est le Père. Cet éon était l’un de ceux à qui fut donnée la sagesse et qui préexistaient individuellement dans la Pensée du Père ; et c’est par un acte de la volonté du Père qu’ils ont été produits. C’est pourquoi cet éon reçut une nature sage pour s’enquérir de l’ordre caché, puisqu’il était un fruit de sagesse. Car la volonté autonome qui fut produite avec les Touts le poussait à accomplir ce qu’il voulait sans que rien ne le retînt. L’intention de ce Logos était bonne, puisqu’il s’est élancé pour rendre gloire au Père, même s’ il avait entrepris une chose qui était au-delà de son pouvoir en voulant produire un être parfait sans passer par une 1 union, et sans qu’il en eût reçu l’ordre. C’était le dernier des éons, qui avait été produit par un concours mutuel, et il était le plus jeune en âge. Et avant qu’il n’eût engendré quoi que ce soit d’autre à la gloire de la volonté du Père, et en union avec les Touts, il agit avec audace, à cause de la surabondance de son amour, et il s’élança vers ce qui se trouve dans la sphère de cette gloire parfaite.

    La chute correspondait à la volonté du Père

    Ce n’est pas contre la volonté du Père qu’a été engendré ce Logos et ce n’est pas non plus contre elle qu’il allait s’élancer, au contraire, le Père l’avait produit pour qu’adviennent ces choses dont il savait la nécessité. En effet, le Père et les Touts se sont retirés de lui afin que soit affermie la limite fixée par le Père — le Logos n’est pas un être issu de l’inaccessibilité du Père, mais de sa volonté — et aussi pour qu’adviennent les choses qui sont advenues, en vue d’une économie qui devait arriver dans la manifestation du Plérôme, car il ne convenait pas qu’elle n’advînt pas. Par conséquent, il ne faut pas condamner ce mouvement du Logos, mais nous devrions plutôt dire que ce mouvement du Logos est la cause d’une économie dont l’avènement était fixé.

    Le Logos est divisé

    Le Logos s’est engendré lui-même en tant qu’être parfait, unique, pour la gloire du Père qui l’a voulu et qui mettait en lui son plaisir. Par contre, ce qu’il a voulu saisir et atteindre, il l’a engendré à l’état d’ombres, de représentations et d’imitations ; en effet, il n’a pas pu supporter la vue de la lumière, mais il a dirigé son regard vers l’abîme et il a hésité. De ce fait, il a souffert d’une division et d’un détournement. De cette hésitation et de cette division naquirent l’oubli et l’ignorance de lui-même et de ce qui est. Or son mouvement vers le haut et son dessein de saisir l’insaisissable se sont affermis et demeurèrent en lui. Par contre, les maladies qui l’affligèrent lorsqu’il fut hors de lui-même sont issues de son hésitation, de son incapacité de s’approcher des gloires du Père dont la hauteur est infinie, et qu’il n’a pas atteint, car il ne pouvait le contenir.

    L’ascension de la partie supérieure

    Celui que le Logos avait produit à partir de lui-même comme un éon d’unité s’empressa de monter vers ce qui est sien et vers son parent 4 dans le Plérôme, et il abandonna comme ne lui appartenant pas ce qui est venu à l’existence dans la déficience, les choses issues de lui comme une illusion. Après l’avoir produit comme parfait, celui qui l’avait produit de lui-même s’affaiblit encore plus, à la manière d’une nature féminine privée de masculinité. En effet, c’est de sa déficience même qu’étaient issues les choses venues de sa pensée et de sa présomption. À cause de cela, sa partie parfaite l’abandonna et s’éleva vers les siens. Elle demeura dans le Plérôme, comme un souvenir du fait qu’elle a été sauvée de ce qui ….[ . ]. Et cette partie qui s’est précipitée vers la hauteur et celui qui l’a attirée à lui ne demeurèrent pas stériles, mais produisirent un fruit dans le Plérôme dans le but de renverser ceux qui sont venus à l’existence dans la déficience.

    La nature de la partie inférieure de l’émission du Logos

    Ceux qui sont issus de la pensée présomptueuse ressemblent aux plérômes dont ils sont des imitations ; mais ce ne sont que représentations, ombres et illusions vides de logos et de lumière, qui appartiennent à la vaine pensée, personne ne les ayant engendrés. C’est pourquoi aussi leur fin sera comme leur commencement : sortis de ce qui n’existait pas, ils retourneront à ce qui n’existera pas. Mais à leurs propres yeux, ils sont grands et puissants, et plus beaux que les noms qui les parent, dont ils sont les ombres, rendues belles par imitation. En effet, l’aspect d’une représentation reçoit sa beauté de ce qui est représenté. Ils croyaient être seuls à exister, et ils se croyaient sans commencement, parce qu’ils ne voyaient rien d’autre qui existât avant eux. C’est pourquoi ils se montrèrent désobéissants et rebelles, ne s’étant point soumis à celui à cause de qui ils sont venus à l’existence. Chacun en effet voulait commander aux autres et les dominer par amour de la vaine gloire, parce que la gloire qu’ils possèdent contient la cause de la constitution du monde qui allait venir. Étant donc des imitations des êtres supérieurs, ils s’élevèrent au désir de commander, chacun suivant la grandeur du nom dont il était l’ombre, s’imaginant devenir plus grands les uns que les autres.

    Leur pensée ne demeura pas stérile, mais conformément aux modèles dont ils sont les ombres — et qui engendrent comme fils tout ce qu’ils pensent — eux aussi engendrèrent ce qui leur a inspiré ces pensées. De là il advint qu’ils eurent une nombreuse progéniture : combattants, guerriers, fauteurs de trouble, rebelles insoumis, qui aiment le commandement, et tous les autres semblables qui en sont issus.

    La conversion du Logos

    Le Logos fut donc la cause de ce qui advint et]son désarroi augmenta et il fut confondu : au lieu de la perfection, il vit la déficience, au lieu de l’unité, il vit la division, au lieu de la stabilité, il vit du désordre, au lieu du repos, l’agitation. Et il n’avait ni la capacité de mettre un terme à leur amour du trouble, ni la capacité de le détruire : il était devenu sans force aucune après que son intégrité et sa perfection l’eussent abandonné.

    Ces créatures ne se sont pas connues elles-mêmes, et elles n’ont connu ni les plérômes dont elles étaient issues ni celui qui était la cause de leur existence. En effet, étant dans un tel état d’instabilité, le Logos n’arrivait plus à produire à la manière dont sont produites les émissions qui existent comme plérômes de gloire et qui vinrent à l’existence pour la gloire du Père, mais il produisit des créatures faibles, petites, diminuées par les mêmes maladies que lui. C’est l’imitation solitaire survenue dans cette disposition qui fut la cause des choses qui n’existaient pas au commencement. Parce qu’il les avait produites de cette manière imparfaite, ses créatures furent déficientes, jusqu’au moment où il condamna ceux qui sont venus à l’existence de façon irrationnelle à cause de lui. Par l’effet de la colère qui les poursuivait, cette condamnation devint un jugement dirigé contre ceux qui s’y étaient opposés en vue de leur destruction. Mais ce jugement est pour eux une aide et les sauve de leur sentiment et de leur rébellion, puisqu’il es la source de la conversion, que l’on appelle aussi repentance, le Logos se tournant vers un autre sentiment et une autre pensée, s’étant détourné du mal pour se tourner vers le bien.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:45

    FRAGMENT DE LA RÉPUBLIQUE DE PLATON

    NH VI, 5)

    Traduit du copte par Louis Painchaud Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier, à l’université de Laval, Québec, Canada.


    ( 48) Puisque nous sommes arrivés à ce point dans la discussion, reprenons les premières choses qui nous ont été dites, et nous trouverons qu’il dit : « Il est bon celui à qui l’on a fait parfaitement injustice ; il est glorifié à juste titre. » N’est-ce pas ainsi qu’il a été éprouvé ? Voilà certes la manière qui convient. Et je dis : « Maintenant encore nous avons pris la parole puisqu’il a dit que celui qui commet l’injustice et celui qui agit avec justice, ont chacun une puissance. » — « Comment donc ? » Il dit : « C’est une image sans ressemblance que le logos de l’âme, afin que comprenne celui [49] qui a]dit cela ... est en effet celui qui fait … ou non ...... est pour moi. »

    Mais tous les récits qu’on a racontés ........ archontes, ce sont eux qui sont devenus réalité, et la Chimère et Cerbère et tous les autres dont on a parlé : ils descendirent tous, ils produisirent des formes et des ressemblances et ils devinrent tous une seule ressemblance. Ils disent :

    « Au travail maintenant ! » Certes, c’est une ressemblance unique que celle qui est devenue la ressemblance d’une bête, changeante, avec de nombreuses têtes. Certains jours elle est comme la ressemblance d’une bête sauvage. Alors, elle peut rejeter la première ressemblance de toutes ces figures dures et incommodes et elles s’épanouissent hors d’elle en une oeuvre, puisque ceux qui les ont façonnées maintenant avec superbe, et aussi tout le reste qui leur ressemble, façonnent maintenant par la parole. Maintenant en effet, c’est une seule ressemblance car autre est la ressemblance du lion, et autre est la ressemblance de l’homme [50] une ........joindre. ......celle-ci change, bien plus que la premiè]re. Et la seconde.........a été façonnée. Maintenant donc, joignez-les l’une à l’autre et faites-en une seule — car elles sont trois — de sorte qu’elles croissent ensemble et qu’elles adviennent toutes dans une ressemblance unique, à l’extérieur de l’image de l’homme, comme pour celui qui ne peut pas voir ce qui est en son intérieur, mais c’est ce qui est à l’extérieur seulement qu’il voit. Et apparaît dans quel être vivant est sa ressemblance et qu’elle a été façonnée dans une ressemblance d’homme.

    Et je dis à celui qui a dit qu’il était utile à l’homme de commettre l’injustice : « Celui qui commet l’injustice, il est dans le milieu, cela ne lui sert à rien ni ne lui est d’aucun profit. En revanche ce qui lui est avantageux, c’est de rejeter toute ressemblance de bête mauvaise et de les piétiner avec les ressemblances du lion. Mais l’homme est dans une faiblesse telle, et tout ce qu’il fait est si faible qu’il est entraîné vers le lieu où il passe le jour avec eux d’abord. (51) Et il......habitude à lui dans un..... mais il fait … les inimitiés dans .......ainsi qu’un combat pour s’entredévorer à cause de cela. C’est en effet tout cela qu’il a dit à quiconque fait l’éloge de l’injustice. Par conséquent, donc, celui qui parle quant à lui avec justice, cela ne lui est-il pas profitable ? Et s’il met ces choses en pratique et parle en elles, à l’intérieur de l’homme elles dominent avec force. C’est pourquoi il cherche davantage à se soucier d’elles et à les maintenir en vie, comme également le laboureur maintient en vie sa production chaque jour, et les bêtes sauvages l’empêchent de croître.

    Notes sur le fragment de la République de Platon
    Le cinquième écrit du Codex VI est un fragment de la République de Platon (588b-589b). Il s’agit d’un passage qui connut une grande fortune dans l’Antiquité ; il est cité par Plotin (Ennéades, I, 1,7), Proclus y fait de nombreuses allusions dans son commentaire sur la République, on le retrouve encore chez Eusèbe (La préparation évangélique XII, 46) et chez Stobée (Anthologie, III, 9).

    Somme imagée et concise de l’anthropologie platonicienne, il y a tout lieu de croire que ce texte faisait partie d’anthologies de textes philosophiques qu’on utilisait dans les écoles. Son traducteur copte l’a rendu à ce point méconnaissable qu’il a fallu près de vingt ans avant qu’on ne l’identifie. Il n’existe aucune autre version copte de ce texte, ni d’aucun autre texte de Platon. Il y a lieu de croire que cette traduction a été réalisée dans un milieu où avaient cours les récits protogoniques mettant en scène des archontes et où l’on connaissait le thème de la création par la parole (49,31-32), véritable leitmotiv dans l’Apocryphon de Jean, et où les conceptions anthropologiques valentiniennes avaient cours, si l’on en juge par les éléments que le traducteur introduit dans le texte. L’éclectisme de ce milieu refléterait donc celui de l’ensemble de la collection de Nag Hammadi.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:45

    Traité sur l’origine du monde

    « l’Écrit sans titre » (NH II, 5)

    Traduit du copte par Louis Painchaud Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier, à l’université de Laval, Québec, Canada.


    PROLOGUE
    (97) Alors que tout ce qu’il y a de divin et d’humain dans le monde affirme que rien n’existe avant le chaos, moi, au contraire, je démontrerai que tous ont fait erreur en méconnaissant la nature du chaos et sa racine. En voici la démonstration : s’il est vrai qu’il y a accord entre(98) tous les humains sur le fait que le chaos est ténèbre, il est donc issu d’une ombre , on l’a appelé « ténèbre ». Or l’ombre provient d’une oeuvre existant depuis le commencement. Il est donc évident que cette dernière existait avant que le chaos ne fût et que c’est après la première oeuvre qu’il est venu. Mais pénétrons dans la vérité, de même que dans la première oeuvre dont est issu le chaos, et ainsi apparaîtra la démonstration de la vérité.

    EXPOSÉ

    Préambule narratif

    Lorsque fut achevée dans l’illimité la nature des immortels, s’écoula de Foi une forme qu’on appelle Sagesse. Cette forme éprouva un désir et devint une oeuvre ressemblant à la lumière qui est au commencement. Le désir de Sagesse se déploya aussitôt comme un ciel, d’une grandeur qu’on ne saurait concevoir, situé dans le milieu entre les immortels et ceux qui sont venus après, comme en haut, il y a un voile séparant les humains des réalités supérieures. Toutefois, l’éon de la vérité ne produit pas d’ombre au dehors car la lumière incommensurable est partout en lui. Son dehors, en revanche, est ombre ; c’est pourquoi on l’a appelé « ténèbre ». Une puissance est apparue au-dessus de la ténèbre. Or cette ombre, les puissances qui sont venues après l’ont appelé « le chaos sans limite ». De ce dernier, toute race]de dieux a germé ............avec le lieu entier, comme l’ombre aussi a suivi la première (99) oeuvre qui est apparue. L’abîme est issu de Foi dont nous avons parlé.

    Engendrement de la jalousie qui est un avorton

    Vint le moment où l’ombre s’aperçut qu’il y avait plus fort qu’elle. Elle fut jalouse et, ayant conçu par elle seule, elle engendra aussitôt la Jalousie. Ce jour-là apparut le commencement de la jalousie dans tous les éons et leurs mondes. Or cette jalousie-là se trouva être un avorton dépourvu d’esprit. Il naquit comme les ombres dans une grande quantité de substance aqueuse. La bile qui est issue de l’ombre fut alors expulsée à part du chaos . Ce jour-là apparut une substance d’eau , et ce qui avait pénétré en elle s’écoula, apparaissant dans le chaos. De même que celle qui accouche d’un petit, tous ses surplus tombent, ainsi en est-il de la matière qui est issue de l’ombre, elle fut expulsée à part. La matière n’est donc pas sortie du chaos mais elle était plutôt dans le chaos : c’est dans une de ses parties qu’elle se trouvait.

    Formation du gouvernement du monde matériel et origine des archontes

    Formation de l’Archonte

    Après que cela fut arrivé, alors vint Foi. Elle découvrit sur la matière du chaos celle qui avait été expulsée comme un avorton car il était dépourvu d’esprit, parce qu’il est en effet tout entier ténèbre sans limite et eau sans fond. Or lorsque Foi vit ce qui était issu de sa déficience, elle se troubla. Et le Trouble apparut telle une « oeuvre redoutable ». Et il courut ...... dans le chaos. Et elle se tourna vers lui, souffla sur son visage, dans l’abîme qui est (100 ) sous tous les cieux. Or parce que Foi-Sagesse voulut que ce qui était dépourvu d’esprit fût modelé d’après une forme et exerçât le gouvernement sur la matière et sur toutes ses puissances, un Archonte apparut hors des eaux, ressemblant à un lion, androgyne, doté d’un grand pouvoir, mais ne sachant pas d’où il était 1 issu.

    Et quand Foi-Sagesse le vit bouger au fond des eaux, elle lui dit : « Jeune homme, traverse jusqu’ici ! », dont l’équivalent est « yaldabaoth ». Ce jour-là, apparut le commencement de la parole qui atteint les dieux, les anges et les hommes. Et ce qui advint, c’est par la parole que l’accomplirent les dieux, les anges et les hommes. Mais l’Archonte Yaltabaoth était ignorant de la puissance de Foi. Il ne vit pas son visage mais il vit le reflet qui lui avait parlé dans l’eau. Et d’après cette voix, il s’est appelé « Yaldabaoth ». Les parfaits toutefois le nomment « Ariel », car il ressemble à un lion. Et quand il fut en possession de l’autorité sur la matière, Foi-Sagesse se retira en haut dans sa lumière.

    Création des sept puissances des sept cieux du chaos

    Quand l’Archonte vit sa propre grandeur, — et c’est lui seul qu’il vit —, il ne vit rien d’autre si ce n’est eau et ténèbre. Alors il pensa qu’il était seul à exister.,Et sa pensée se réalisa par la parole. Elle (101) se manifesta dans un esprit allant et venant au-dessus des eaux. Et quand cet esprit-là apparut, l’Archonte sépara la substance aqueuse d’une part et ce qui était sec fut séparé d’autre part. Et à partir de la matière, il se créa une demeure et l’appela « ciel ». Également à partir de la matière, l’Archonte créa un escabeau et l’appela « terre ». Après cela l’Archonte eut une pensée conforme à sa nature et il créa par la parole un androgyne.

    Celui-ci ouvrit la bouche et émit un vagissement vers lui. Une fois les yeux ouverts, il aperçut son père et lui dit : « i ». Et son père le nomma « Iao ». Il créa encore un deuxième fils. Celui-ci émit un vagissement vers lui. Il ouvrit les yeux et dit à son père : « e ». Son père le nomma « Eloai ». Il créa encore un troisième fils. Celui-ci émit un vagissement vers lui. Il ouvrit les yeux et dit à son père : « as ». Son père le nomma « Astaphaios ». Ce sont les trois fils de leur père.

    Sept androgynes apparurent dans le chaos. Ils ont leur nom masculin et leur nom féminin. Le nom féminin est Providence Sabbathas, qui est l’Hebdomade. Et son fils nommé Iao a pour nom féminin Seigneurie, Sabaoth a pour nom féminin Divinité, Adonaios a pour nom féminin Royauté, Eloaios a pour nom féminin Jalousie, Oraios a pour nom féminin Richesse, Astaphaios enfin a pour nom féminin (102) Sagesse. Ce sont les sept puissances des sept cieux du chaos. Et elles sont nées androgynes, comme la forme immortelle qui existe avant elles, selon la volonté de Foi, afin que la ressemblance de ce qui est depuis le commencement exerce le gouvernement jusqu’à la fin. Tu trouveras la vertu de ces noms et la puissance des mâles dans l’Archangélique de Moïse le Prophète, et les noms des femelles dans le Premier livre de Noréa.

    Blasphème de l’Archonte et réponse céleste

    Création des sept cieux

    Mais comme il détenait de grands pouvoirs, le Grand Géniteur Yaldabaoth créa des cieux pour chacun de ses fils au moyen de la parole, beaux, en guise de demeures, et dans chaque ciel, de grandes splendeurs sept fois précieuses, des trônes et des demeures, des temples et des chars, et des esprits virginaux, pour les rendre invisibles avec leur gloire. Chacun possède en son ciel de puissantes armées de dieux et de seigneurs, d’anges et d’archanges, innombrables myriades à son service. Tu trouveras la relation détaillée de ces choses dans le Premier traité de Noréa.

    Cela fut achevé depuis ce ciel-ci jusqu’au sixième ciel, celui de Sagesse. Le ciel et sa terre furent renversés par le Troublé qui est au-dessous de tous. Et les six cieux tremblèrent. Les puissances du chaos ne savaient pas en effet, qui était celui qui avait détruit le ciel sous elles. Or quand Foi apprit l’insolence du Trouble, elle envoya son souffle, elle le lia et le précipita au Tartare. Ce jour]là, le ciel fut affermi avec (103) sa terre par la Sagesse de Yaldabaoth, celle qui est au-dessous de tous.

    Blasphème de l’Archonte

    Quand donc les cieux furent établis avec leurs puissances et leur administration entière, le Grand Géniteur s’enorgueillit et il fut glorifié par toute l’armée des anges. Et tous les dieux et leurs anges le bénirent et lui rendirent gloire. Et lui, il se réjouit en son coeur et se vanta sans arrêt en leur disant : « Je n’ai besoin de rien. » Il dit : « Je suis dieu et il n’y en a pas d’autre en dehors de moi. » En disant cela cependant, il pécha contre tous les immortels qui annoncent et ils le surveillèrent.

    Mais lorsque Foi vit l’impiété du grand Archonte, elle se mit en colère — ils ne la voyaient pas — et dit : « Tu te trompes, Samaël — c’est-à-dire le dieu aveugle —, il existe avant toi un Homme immortel, un Homme de lumière qui se manifestera parmi vos modelages. Il te piétinera comme on foule l’argile du potier et tu dégringoleras avec les tiens jusqu’à ta mère l’abîme. En effet, lorsque vos oeuvres arriveront à leur terme sera dissoute la déficience entière qui est apparue dans la vérité et elle disparaîtra, et elle deviendra comme ce qui n’a jamais existé. » Ayant dit cela, Foi dévoila dans les eaux son reflet, de sa grandeur. Et c’est ainsi qu’elle se retira en haut dans sa lumière.

    Conversion de Sabaoth

    Or quand Sabaoth, le fils de Yaldabaoth, entendit la voix de Foi, il la louangea et il condamna père et mère. (104) Sur la parole de Foi, il lui rendit gloire de leur avoir fait connaître l’Homme immortel et sa lumière. Puis Foi-Sagesse tendit son doigt et répandit sur lui une lumière issue de sa lumière, pour la condamnation de son père. Et quand Sabaoth fut illuminé, il reçut un grand pouvoir en face de toutes les puissances du chaos. À partir de ce jour, on l’a appelé le Seigneur des Forces. Il prit en haine son père Ténèbre et sa mère Abîme. Il prit en dégoût sa soeur la pensée du Grand Géniteur, celle qui va et vient au-dessus des eaux. À cause de sa lumière toutefois, toutes les autorités du chaos furent jalouses de lui. Et dans leur trouble, elles livrèrent un grand combat dans les sept cieux. Voyant ce combat, Foi- Sagesse, depuis sa lumière, envoya à Sabaoth sept archanges. Ils le ravirent au septième ciel et se tinrent debout devant lui comme serviteurs. Elle lui envoya encore trois autres archanges et l’établit comme roi au-dessus de tous afin qu’il fût supérieur aux douze dieux du chaos. Or après que Sabaoth eût reçu le lieu du repos en retour de sa conversion, Foi lui donna sa fille Vie avec pleine autorité pour lui enseigner tout ce qui se trouve dans l’Ogdoade. Mais comme il en avait le pouvoir, il se fabriqua d’abord une demeure grande, magnifique, sept fois plus que tout ce qui existe dans]les sept cieux. Et devant (105 ) sa demeure, il fabriqua un grand trône placé sur un char à quatre faces appelé « chérubin ». Le chérubin a huit formes à chacun des quatre coins : des formes de lion, des formes de taureau, des formes d’homme et des formes d’aigle, de sorte que toutes les formes sont au nombre de soixante-quatre formes.

    Et puisque devant lui se tiennent sept archanges, il est le huitième, détenant le pouvoir. Toutes les formes sont au nombre de soixante-douze, car d’après ce char 14 ont été modelés les soixante-douze dieux. Ils ont été modelés pour présider aux soixante-douze langues des nations. Et au-dessus de ce trône, il créa d’autres anges à forme de dragon appelés 1séraphins, qui lui rendent gloire en tout temps. Puis il créa une Assemblée angélique, des milliers et des myriades sans nombre, semblable à l’Assemblée qui est dans l’Ogdoade, et un premier-né appelé « Israël », c’est-à-dire « l’homme qui voit dieu »,

    et un autre, Jésus le Christ, semblable au Sauveur qui est au-dessus de

    l’Ogdoade, siégeant à sa droite sur un trône précieux. Et à sa gauche siège sur un trône la vierge de l’Esprit Saint lui rendant gloire. Et devant sa face se tiennent les sept vierges tenant trente cithares, des harpes et (106 ) des trompettes, et lui rendant gloire. Et toutes les armées des anges lui rendent gloire et le bénissent. Et c’est sur un trône recouvert d’une grande nuée lumineuse qu’il est assis. Et il n’y avait personne avec lui dans la nuée, si ce n’est Sagesse-Foi lui enseignant tout ce qui est dans l’Ogdoade afin qu’en soient créées des répliques de sorte que la royauté demeure à lui jusqu’à la fin des cieux du chaos et de leurs puissances. Foi-Sagesse le sépara de la ténèbre et l’appela à sa droite. Quant au Grand Géniteur, elle le plaça à sa gauche. Depuis ce jour, on a appelé la droite Justice, et la gauche, on l’a appelée Injustice. C’est pourquoi tous prirent rang dans l’Assemblée de la Justice. La Justice et l’Injustice dominent toutes leurs créatures.

    Engendrement de la mort par l’Archonte jaloux

    Mais quand le Grand Géniteur du chaos vit son fils Sabaoth et la gloire dans laquelle il se trouvait parce qu’il avait été choisi de préférence à toutes les autorités du chaos, il fut jaloux de lui. Et quand il se fut mis en colère, il engendra la Mort à partir de sa mort. Elle fut établie sur le sixième ciel car Sabaoth avait été enlevé de ce lieu-là. Ainsi donc fut complété le nombre des six autorités du chaos. Alors la Mort androgyne s’unit à sa nature. Elle engendra sept fils androgynes. Voici les noms des mâles : Jalousie, Courroux, Sanglots, Gémissement, Deuil, Hurlement, Pleurs à fendre l’âme ; et voici les noms des femelles : Colère, Tristesse, Luxure, Lamentation, Malédiction, Amertume, Querelle. Ils s’unirent les uns aux autres et chacun en engendra sept, de sorte qu’ils (107) sont quarante-neuf démons androgynes. Tu trouveras leurs noms et leurs vertus dans le Livre de Salomon. Et en face de ceux-ci, Vie, qui est avec Sabaoth, créa sept puissances bonnes, androgynes. Voici les noms des mâles : Celui-qui-n’est-pas-jaloux, Bienheureux, Joyeux, Véridique, Celui qui- n’est-pas-envieux, Désirable, Fidèle. Quant aux femelles, voici leurs noms : Paix, Joie, Allégresse, Béatitude, Vérité, Amour, Foi. Et de ceux-ci sont nés de nombreux esprits bons et innocents. Tu trouveras leurs influences et leurs vertus dans les Figures de la Fatalité du Ciel qui est sous la Dodécade.

    Éros et les arbres du paradis

    Manifestation de l’Homme immortel

    Lorsque le Grand Géniteur aperçut le reflet de Foi dans les eaux, il éprouva une affliction extrême ; bien plus, après qu’il eût reconnu que sa voix ressemblait à la voix qui l’avait précédemment appelé hors des eaux et qu’il eût compris que c’était elle qui l’avait nommé, il gémit et il eut honte de sa transgression. Et ayant compris qu’il existait vraiment un homme immortel, un homme de lumière avant lui, son trouble fut grand, car il avait déclaré auparavant à tous les dieux et à leurs anges : « Je suis Dieu, il n’y en a pas d’autre en dehors de moi. » Il craignait en effet qu’ils ne comprennent qu’un autre existait avant lui et qu’ils ne lui donnent tort, mais dédaignant d’être mis dans son tort, le sot eut la témérité de dire : « Si (108 ) quelqu’un existe avant moi, qu’il se manifeste afin que nous voyions sa lumière ! » Et voici qu’aussitôt une lumière sortit de l’Ogdoade supérieure et traversa tous les cieux de la terre. Voyant que la lumière était belle et radieuse, le Grand Géniteur fut stupéfait et il éprouva une grande honte. Quand cette lumière apparut, une forme humaine se révéla en elle, toute merveilleuse, et personne ne la vit, si ce n’est le Grand Géniteur seul et la Providence qui est avec lui. Mais sa lumière apparut à toutes les puissances des cieux, c’est pourquoi elles en furent toutes troublées.

    Dès que la Providence eut aperçu cet ange, elle s’éprit d’amour pour lui, alors que lui, il la détestait car elle était sur la ténèbre. Et elle voulait l’enlacer mais elle n’y parvint pas. Incapable de mettre un frein à sa passion amoureuse, elle répandit sa lumière sur la terre. Depuis ce jour, on a appelé cet ange Adam-Lumière, ce qui signifie « l’homme-de-sang-lumineux » et la terre s’étendit sur lui, « adamah sainte », ce qui signifie « terre-adamantine-sainte ». Depuis ce jour, toutes les autorités ont craint le sang de la vierge. Or la terre devint pure à cause du sang de la vierge. Et plus encore, l’eau devint pure grâce au reflet de Foi-Sagesse, qui est apparu au Grand Géniteur dans les eaux. On a donc raison de dire « par les eaux », l’eau qui est sainte puisqu’elle vivifie le Tout (109) et le purifie.

    Éros et Psyché ou le cycle de la génération et de la mort

    À partir de ce premier sang, Éros apparut, androgyne. Sa masculinité est Himéros puisqu’il est feu issu de la lumière. Sa féminité qui l’accompagne, est une âme de sang issue de la substance de la Providence. Il est si charmant dans sa beauté, plus gracieux que toutes les créatures du chaos. Dès qu’ils aperçurent Éros, tous les dieux et leurs anges furent épris de lui. Et quand il apparut parmi eux tous, il les embrasa. Comme à partir d’une lampe on en allume plusieurs, et bien que cette lumière soit unique, la lampe ne faiblit pas, de cette façon aussi Éros se répandit parmi toutes les créatures du chaos et il ne faiblit pas. De la même façon qu’à partir de l’espace intermédiaire situé entre la lumière et les ténèbres se manifesta Éros — par l’intermédiaire des anges et des hommes fut accomplie l’union d’Éros — de la même façon, en bas sur la terre germa la première volupté. La femme suivit la terre et le mariage suivit la femme, l’engendrement suivit le mariage, la dissolution suivit l’engendrement.

    Après cet Éros-là , le cep de vigne germa du sang qui avait été répandu sur la terre. C’est pourquoi ceux qui en boivent conçoivent le désir de s’accoupler. Après le cep de vigne, un figuier et un grenadier germèrent sur la terre avec le reste des arbres selon leur espèce, portant en eux leur semence, issue de la (110) semence des autorités et de leurs anges.

    Les arbres du paradis ou la voie de l’immortalité Alors la Justice créa le beau paradis au-delà de la sphère de la lune et de la sphère du soleil, sur la terre de délices qui est à l’orient, au milieu des pierres. Et le désir est au milieu des arbres beaux et appétissants. Et l’arbre de la vie immortelle, comme il a été manifesté dans la volonté de dieu, est situé au nord du paradis, afin de rendre immortelles les âmes des saints, qui sortiront à la fin des temps des modelages de la pauvreté. Or la couleur de l’arbre de vie est comparable au soleil et ses branches sont belles, ses feuilles sont comme celles du cyprès, son fruit a l’éclat d’une grappe de raisins, son faîte atteint le ciel.

    Et près de lui se trouve l’arbre de la connaissance, doté de la puissance de dieu. Sa gloire est comparable à l’éclat de la pleine lune et ses branches sont belles, ses feuilles sont comme les feuilles du figuier, son fruit est semblable aux dattes bonnes et appétissantes. Et celui-ci, c’est au nord du paradis qu’il est placé, pour éveiller les âmes de l’oubli des démons, afin qu’accédant à l’arbre de vie, elles mangent de son fruit et condamnent les autorités et leurs anges.

    L’influence de cet arbre est décrite dans le Livre Saint : C’est toi l’arbre de la connaissance Situé dans le paradis, Celui dont a mangé le premier homme Et qui a ouvert son intellect. Il a aimé sa co-ressemblance, Il a condamné (111) les autres ressemblances étrangères, Il les a prises en dégoût. Et après cela l’olivier a germé en vue de la purification des rois et des grands-prêtres de la Justice qui apparaîtraient dans les derniers jours, puisque l’olivier est apparu dans la lumière du premier Adam en vue de l’onction qu’ils allaient recevoir.

    Or la première âme s’éprit d’Éros qui était avec elle. Elle répandit son sang sur lui et sur la terre. Et à partir de ce sang, la rose se mit à fleurir sur la terre, sur l’épineux, pour la joie de la lumière, qui allait se manifester dans le buisson. Et puis encore, les belles fleurs odorantes s’épanouirent sur la terre selon leur espèce, nées de chaque vierge parmi les filles de la Providence. Celles-ci, s’étant éprises d’Éros, avaient répandu leur sang sur lui et sur la terre. Ensuite toutes les plantes germèrent sur la terre selon leur espèce, portant la semence des autorités et de leurs anges. Puis, à partir des eaux, les autorités créèrent toutes les bêtes, selon leur espèce, et les reptiles et les oiseaux selon leur espèce, possédant la semence des autorités et de leurs anges.

    Retraite d’Adam-Lumière

    Or avant tout cela, mais après qu’il fût apparu au premier jour, il demeura sur la terre environ deux jours. Il plaça la Providence inférieure dans le ciel et il monta vers sa lumière. Et aussitôt les ténèbres couvrirent le monde (112) entier. Mais quand la Sagesse qui est dans le ciel inférieur le voulut, elle reçut de Foi le pouvoir de créer de grands luminaires et toutes les étoiles. Elle les plaça dans le ciel pour éclairer la terre. Et ils marquent repères temporels et moments, années et mois, jours et nuits, instants et tout le reste. C’est donc ainsi que fut ornée toute la surface du ciel. Mais quand Adam-Lumière voulut réintégrer sa lumière, c’est-à-dire l’Ogdoade, il en fut incapable à cause de la pauvreté qui était mélangée à sa lumière. Alors il se créa un grand éon, et dans cet éon, il créa six éons, et leurs mondes au nombre de six, sept fois supérieurs aux cieux du chaos et à leurs mondes. Et tous ces éons et leurs mondes se trouvent dans l’infini situé entre l’Ogdoade et le chaos qui est sous elle. C’est avec le monde qui appartient à la pauvreté qu’ils sont comptés. Si tu désires connaître leur disposition, tu la trouveras décrite dans le Septième monde de Hiéralias le Prophète.

    Engendrement de l’homme avorton

    Le complot des archontes

    Mais avant qu’Adam-Lumière ne se fût retiré du chaos, les autorités le virent. Elles se moquèrent du Grand Géniteur parce qu’il avait menti en disant : « Je suis Dieu, il n’y a personne avant moi. » S’étant approchées de lui, elles dirent : « Ne serait-ce pas là le dieu qui a détruit notre ouvrage ? » Il répondit disant : « Oui, si vous voulez qu’il ne puisse plus détruire notre ouvrage, allons, faisons un homme à partir du sol, d’après l’image de notre corps et à la ressemblance (113) de celui-là, et qu’il s’attache à notre service, de telle sorte que celui-là, voyant cette ressemblance, en soit épris, et qu’il ne détruise plus notre ouvrage. Et de ceux qui seront engendrés de la lumière, nous ferons nos serviteurs pour toute la durée de cet âge. » Or c’est conformément à la providence de Foi que tout ceci arriva afin que l’homme se manifestât dans sa ressemblance et qu’il les condamnât depuis leur modelage, et que leur modelage devînt un rempart pour la lumière.

    Création de l’Instructeur

    Alors les autorités reçurent la connaissance pour créer l’homme. Sagesse-Vie les précéda, celle qui est auprès de Sabaoth, et elle se moqua de leur dessein parce qu’elles sont aveugles. C’est sans le savoir qu’elles l’ont créé contre elles-mêmes , ignorant ce qu’elles allaient faire. Voilà pourquoi elle les précéda et elle créa d’abord son homme afin qu’il instruisît leur modelage de la manière de les mépriser et qu’ainsi il en soit délivrée.

    Or c’est ainsi que se produisit la naissance de l’Instructeur. Sagesse ayant laissé tomber une goutte de lumière, elle s’écoula sur l’eau. Aussitôt apparut l’homme, androgyne. Cette goutte, elle commença par lui donner la forme d’un corps femelle, puis, dans le corps, elle lui donna forme à la ressemblance de la mère qui était apparue. Elle l’acheva en douze mois. Un être androgyne fut engendré, que les Grecs appellent « Hermaphrodite », et sa mère, les Hébreux l’appellent « Ève-Vie », c’est-à-dire l’instructrice de la vie. Et son fils est la génération seigneuriale. Puis les autorités (114 ) l’appelèrent la « Bête » pour qu’il induise en erreur leurs modelages. Le véritable sens de « la Bête », c’est « l’Instructeur » car il fut trouvé plus sage que tous.

    L’homme seigneurial

    Ève est donc la première vierge, elle qui, sans mâle, a engendré pour la première fois ; c’est elle qui s’est soignée elle-même. C’est pourquoi on rapporte à son sujet qu’elle a dit : C’est moi la partie de ma mère Et c’est moi la mère C’est moi la femme C’est moi la jeune fille C’est moi la femme enceinte C’est moi la sage-femme C’est moi la consolatrice des douleurs de l’enfantement C’est mon époux qui m’a engendrée Et c’est moi sa mère Et c’est lui mon père et mon seigneur C’est lui ma force Ce qu’il veut, il le dit clairement Je nais Mais j’ai enfanté un homme seigneurial.

    Cela fut révélé dans l’intervalle aux âmes de Sabaoth et de son Christ, qui sont venues dans les modelages des autorités. Et c’est à leur intention que la voix sainte a dit : « Multipliez-vous et soyez beaux, dominez toutes les créatures », de sorte qu’elles ont été faites prisonnières, chacune suivant le sort fixé, par le Grand Géniteur. Ainsi donc, elles ont été emprisonnées dans les modelages … à la fin des temps.

    Engendrement de l’homme avorton

    Le moment venu, le Grand Géniteur donna à ceux qui étaient avec lui un ordre au sujet de l’homme, et chacun d’eux éjacula sa semence au milieu du nombril de la terre. Ce jour-là, les sept archontes ont façonné l’homme, son corps d’après leur corps, et son aspect d’après l’homme qui leur était apparu — ils le façonnèrent membre par membre : leur aîné créa le cerveau et la moelle —, si bien qu’il apparut comme … avant lui. Cet homme naquit (115 ) doté d’une âme et il fut appelé « Adam », c’est-à-dire « père », d’après 3le nom de celui qui lui est antérieur.

    Or quand Adam 4 fut achevé, son créateur l’abandonna comme un vase inerte car il avait pris forme tel un avorton, dépourvu d’esprit. À ce propos, quand le grand Archonte se souvint de la parole de Foi, il craignit que l’Homme véritable n’entrât dans la créature qu’il avait façonnée et ne la dominât. C’est pourquoi il laissa sa créature quarante jours sans âme ; il se retira et l’abandonna.

    Animation d’Adam : la vraie et la fausse maternité

    Ève, la mère des vivants

    Le quarantième jour cependant, Sagesse-Vie envoya son souffle sur Adam, qui était sans âme. Il se mit à se mouvoir sur la terre 1 mais ne put se lever. Or quand les sept archontes vinrent et l’aperçurent, ils furent très troublés. Ils s’approchèrent de lui et le saisirent. Et il dit au souffle qui était en lui : « Qui es-tu ? » et « D’où es-tu venu jusqu’ici ? » Il répondit : « C’est de la puissance de l’homme que je suis venu pour la destruction de votre ouvrage ». À ces mots, ils le glorifièrent parce qu’il leur avait donné le repos de la crainte et du souci dans lesquels ils se trouvaient. Alors ils appelèrent ce jour-là « repos » car ils se sont reposés d’un labeur. Mais quand ils virent qu’Adam ne pouvait pas se lever, ils se réjouirent. Ils le prirent, le placèrent dans le paradis et se retirèrent dans leurs cieux.

    Après le jour du repos, Sagesse envoya Vie, sa fille appelée Ève, comme instructrice pour qu’elle fît se lever Adam — celui qui est sans âme — afin que ceux qu’il engendrerait devinssent des réceptacles pour la lumière. Quand] (116) Ève vit sa co-ressemblance gisante, elle en eut pitié et dit : « Adam, sois vivant, dresse-toi sur le sol. » Sa parole se réalisa sur-le-champ et Adam, s’étant levé, ouvrit aussitôt les yeux. L’ayant aperçue, il dit : « Toi, on t’appellera « mère des vivants », car c’est toi qui m’as donné la vie. »

    La première mère ou l’assujettissement à la Fatalité

    On apprit alors aux autorités que la créature qu’elles avaient façonnée était vivante et s’était dressée. Elles furent très troublées et envoyèrent sept archanges pour voir ce qui s’était passé. Ils s’approchèrent d’Adam. Quand ils aperçurent Ève parlant avec lui, ils se dirent entre eux : « Qui est cette femme de lumière ? C’est bien à cette forme qui nous est apparue dans la lumière qu’elle ressemble. Allons donc, emparons-nous d’elle et éjaculons en elle notre semence, de sorte qu’étant souillée, elle ne puisse plus remonter dans sa lumière ; en outre ceux qu’elle engendrera nous seront soumis. Toutefois, ne disons pas à Adam qu’elle n’est pas issue de nous, mais faisons tomber sur lui un sommeil et instruisons-le dans son sommeil, de sorte qu’il croie que c’est de son côté qu’elle est issue, afin que la femme soit soumise et qu’il la domine. »

    Ève, qui est puissante, se moqua de leur dessein. Elle obscurcit leurs yeux, plaça subrepticement son sosie auprès d’Adam, entra dans l’arbre de la connaissance et y demeura. Ils la suivirent. Elle leur parut être entrée dans l’arbre, s’être faite arbre. Pris d’une grande crainte, ils s’enfuirent, aveugles. Puis, recouvrant leurs sens, ils s’approchèrent d’Adam et voyant ce sosie d’Ève (117) près de lui, ils se hâtèrent, croyant que c’était la véritable Ève. Et ils osèrent s’approcher d’elle. Ils la saisirent et éjaculèrent leur semence en elle. Ils firent cela avec fourberie, la souillant non seulement selon la nature, mais abominablement, puisqu’ils souillaient l’empreinte de sa voix qui leur avait dit auparavant : « Il y a quelqu’un avant vous », pour que soient souillés ceux qui disent à la fin des temps que par la parole, c’est par l’Homme véritable qu’ils sont engendrés. Ils s’égarèrent donc, ne sachant pas que c’était leur corps qu’ils souillaient. C’est le sosie que souillèrent les autorités de toutes les façons avec leurs anges. Elle conçut d’abord Abel du premier Archonte ; et le reste de ses enfants, c’est par les sept autorités et leurs anges qu’elle les engendra.

    Or tout ceci advint conformément à la Providence du Grand Géniteur, afin que la première mère engendrât en elle toute semence mélangée et assujettie à la Fatalité du monde avec ses figures et à la Justice. Une disposition fut prise au sujet d’Ève afin que les modelages des autorités devinssent des remparts pour la lumière ; alors celle-ci les condamnera à travers leurs modelages.

    Sommaire anthropogonique

    Ainsi donc, Le premier Adam de la lumière est spirituel. Il apparut le premier jour. Le deuxième Adam est psychique. Il apparut le six]ème jour, auquel on donne le nom d’Aphrodite. Le troisième Adam est terrestre, c’est l’homme-de-la-loi qui est apparu le huitième jour, après le repos (118 ) de la pauvreté, celui qu’on appelle « jour du soleil ». Or la postérité de l’Adam terrestre se multiplia et parvint à maturité. Elle conçut en elle toutes les histoires au sujet de l’Adam psychique ; néanmoins, tous étaient dans l’ignorance.

    Commandement des archontes et la réponse du serpent

    Je dirai encore ceci : Voyant que lui et sa compagne erraient dans l’ignorance comme des bêtes, les archontes se réjouirent beaucoup. Quand ils comprirent que l’Homme immortel leur échapperait encore et qu’ils auraient aussi à craindre celle qui s’était faite arbre, ils furent troublés. Ils dirent : « Ne serait-ce pas l’Homme véritable qui nous a obscurci la vue et qui nous a fait croire que celle que nous avons souillée lui ressemblait, afin que nous soyons dominés ? »

    Ils réunirent alors le conseil des sept, s’approchèrent d’Adam et d’Ève de manière à les effrayer et dirent à Adam : « Tous les arbres qui sont dans le paradis, c’est pour vous qu’ils ont été créés, afin que vous mangiez de leur fruit. De l’arbre de la connaissance toutefois, gardezvous et n’en mangez point, car si vous en mangez, vous mourrez. » Leur ayant causé une grande frayeur, ils se retirèrent auprès de leurs autorités. Alors survint le sage entre tous, celui qui a été appelé la « Bête » et lorsqu’il vit le sosie de leur mère Ève, il lui dit : « Que vous a dit Dieu ? de ne pas manger de l’arbre de la connaissance ? » Elle répondit : « Il a dit « Non seulement n’en mange pas, mais n’y touche pas afin de ne point mourir. » » Il leur dit : « Ne craignez point, de mort vous ne mourrez pas. Il sait en effet que si vous en mangez, (119 ) votre intellect se dégrisera et vous deviendrez comme des dieux, puisque vous connaîtrez 3 la différence qui existe entre les hommes mauvais et les bons. En effet, c’est parce qu’il est jaloux qu’il vous a dit cela, afin que vous n’en mangiez pas. »

    Transgression d’Adam et Ève

    Adam et Ève passent de l’ignorance à la connaissance

    Or Ève eut confiance dans les paroles de l’Instructeur. Elle regarda vers l’arbre, vit qu’il était beau et appétissant, et le désira. Elle prit de son fruit, en mangea, en donna également à son époux. Il en mangea. Alors leur intellect s’ouvrit. Quand ils eurent mangé, en effet, la lumière de la connaissance les illumina. Ils comprirent alors que c’est lorsqu’ils se couvraient de honte qu’ils étaient nus de la connaissance. Quand ils furent dégrisés, ils virent qu’ils étaient nus et s’aimèrent d’un amour mutuel. Et voyant que leurs créateurs avaient forme animale, ils les prirent en dégoût et comprirent beaucoup de choses.

    Les archontes passent d’un savoir à un non-savoir

    Lorsque les archontes surent qu’ils avaient transgressé leur commandement, ils entrèrent dans le paradis avec un fracas de tremblement de terre et grande menace, jusqu’à Adam et Ève, pour voir l’influence de l’Aide. Adam et Ève, grandement bouleversés, se cachèrent sous les arbres qui sont dans le paradis, et les archontes ne surent pas où ils se trouvaient. Ils dirent à Adam : « Où es-tu ? » Il répondit : « Je suis ici, mais par crainte de vous je me suis caché, honteux. » Et ils lui dirent, dans leur ignorance : « Quel est celui qui t’a parlé de la honte dont t’es couvert, si ce n’est que tu as mangé de cet arbre ? » Il dit : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’en a offert, et j’ai mangé. » Alors ils dirent à celle-ci : (120 ) « Qu’as-tu fait ? » Elle répondit en disant : « C’est l’Instructeur qui m’a tentée et j’ai 3 mangé. » Alors les archontes s’approchèrent de l’Instructeur mais leurs yeux furent obscurcis par lui et ils ne purent rien faire. Ils le maudirent, impuissants. Puis ils s’approchèrent de la femme et la maudirent avec sa descendance. Après la femme, ils maudirent Adam et la terre à cause de lui, avec ses fruits. Et tout ce qu’ils avaient créé, ils le maudirent. Il n’y a nulle bénédiction chez eux. Il est impossible de produire le bien à partir du mal. Ce jour-là, les autorités comprirent qu’il y avait vraiment plus puissant avant elles. Elles ne savaient rien, sinon qu’ils n’avaient pas gardé leur commandement. Une grande jalousie fut introduite dans le monde, uniquement à cause de de l’Homme immortel.

    Expulsion d’Adam et Ève hors du paradis

    Or quand les archontes virent que leur Adam avait accédé à une connaissance différente, ils voulurent le mettre à l’épreuve. Ils rassemblèrent tous les animaux et les bêtes de la terre et les oiseaux du ciel et les amenèrent à Adam pour voir comment il les appellerait. Quand il vit leurs créatures, il leur donna un nom. Ils furent bouleversés car Adam était libéré de toute angoisse. Ils se réunirent en conseil et dirent : « Voici qu’Adam 7 est devenu comme l’un d’entre nous, de sorte qu’il connaît la différence entre la lumière et les ténèbres. Maintenant, de crainte qu’il ne soit trompé comme pour l’arbre de la connaissance et qu’il ne s’approche aussi de l’arbre de la vie, qu’il n’en mange et ne devienne immortel, qu’il ne nous)domine et nous méprise, qu’il ne nous dédaigne avec notre gloire entière et qu’ensuite il ne nous condamne avec notre monde, allons, expulsons-le (121) du paradis, en bas sur la terre, le lieu d’où il a été tiré, afin qu’il ne puisse désormais rien connaître au-delà de nous. » Ainsi donc jetèrent-ils Adam hors du paradis avec sa femme. Et ce qu’ils avaient fait ne leur suffit point mais ils furent pris de crainte. Ils s’approchèrent de l’arbre de la vie, l’entourèrent de grands épouvantails, des êtres de feu appelés « chérubins », et ils placèrent en leur milieu un glaive ardent tournoyant sans arrêt de façon à inspirer la terreur, afin que nul parmi les hommes terrestres ne pénétrât jamais en ce lieu-là.

    Abrégement de la vie humaine par les archontes jaloux

    Par la suite, les archontes, jaloux d’Adam, voulurent réduire la durée de leur vie. Ils ne le purent pas à cause de la Fatalité établie depuis le début. En effet, la durée de leur vie à chacun avait été fixée à mille ans d’après la course des luminaires. Les archontes, donc, ne purent réaliser cela mais chacun de ceux qui font le mal enleva dix années, de sorte que cette durée passa à neuf cent trente années au total, et cela dans la tristesse et la faiblesse, et dans de vils soucis. Ainsi donc, depuis ce jour-là, la durée de la vie a décliné jusqu’à la fin des temps. Alors voyant que les archontes des ténèbres avaient maudit ses co-ressemblances, Sagesse-Vies’emporta, et sortant du premier ciel avec toute puissance, elle chassa ces archontes hors de leurs cieux et les précipita dans le monde pécheur afin qu’ils y demeurassent sous la forme des démons mauvais sur la terre. ....(122) que les mille ans qui étaient dans le paradis devinssent dans leur monde un être vivant appelé « phénix » qui se mît à mort lui-même et se redonnât la vie pour attester à leur jugement qu’ils ont fait injustice à Adam et à sa descendance jusqu’à la fin des temps.

    Signes d’Égypte

    Il y a trois hommes, « et à ses descendants jusqu’à la fin du monde », le spirituel de ce monde, le psychique et le terrestre, comme il y a trois palmiers (phoinikes) du paradis : le premier est immortel, le deuxième dure mille ans ; quant au troisième, il est écrit dans le livre saint qu’on en mange. Ainsi y a-t-il également trois baptêmes : le premier est spirituel, le deuxième est feu, le troisième est eau. Tout comme le phénix (phoinix) rend un témoignage concernant les anges, tel est aussi le cas des vases d’eau qui sont en Égypte : ils rendent un témoignage concernant ceux qui descendent dans le baptême de leur Homme véritable.

    Les deux taureaux qui sont en Égypte ont un sens caché : le soleil et la lune. C’est un témoignage à propos de Sabaoth qu’ils rendent, à savoir que la Sagesse du monde a pris le dessus sur eux depuis le jour où elle a créé le soleil et la lune et où elle a scellé son ciel pour l’éternité. Le ver engendré du phénix (phoinix) n’est pas un homme. Il est écrit à son sujet : « Le juste croîtra comme un palmier (phoinix). » Et le phénix apparaît d’abord vivant, et il meurt, puis à nouveau il se dresse, signe de celui qui s’est manifesté à la fin des temps. Ces grands signes, c’est en Égypte seulement qu’ils ont été manifestés, et en nul autre pays, car il est signalé (123) qu’elle ressemble au paradis de dieu.

    PREUVE

    Revenons aux archontes dont nous avons parlé afin d’en fournir la démonstration : c’est qu’ayant été expulsés hors de leurs cieux en bas sur la terre, les sept archontes se créèrent des anges qui sont nombreux démons, pour qu’ils les assistent. Et ceux-ci apprirent aux hommes force erreurs, magies et sortilèges, cultes d’idoles et effusions de sang, autels et temples, sacrifices et libations pour tous les démons de la terre, ayant comme collaboratrice la Fatalité qui advint conformément à l’accord intervenu entre les dieux de l’Injustice et de la Justice. Et dès lors que le monde fut ainsi distrait, il erra pendant toute la durée du temps. Tous les hommes de la terre en effet, ont servi les démons depuis le commencement jusqu’à la fin, les anges la Justice, et les hommes, l’Injustice. Ainsi le monde fut-il dans la distraction, dans l’ignorance et l’oubli, et tous ont erré jusqu’à l’avènement de l’Homme véritable. Que cela vous suffise concernant ces questions. Nous viendrons plus tard à notre monde afin de compléter son organisation et son administration avec exactitude ; alors apparaîtra comment on a trouvé la preuve de ce qui est caché dans ce qui est visible depuis le commencement jusqu’à la fin des temps.

    ÉPILOGUE

    But de la présence en ce monde de ceux qui appartiennent à l’Homme immortel

    J’en arrive donc aux points capitaux qui concernent l’Homme immortel. Je dirai à propos de tous les siens dans quel but ils se trouvent ici-bas. Lorsqu’une multitude d’hommes fut issue..... (124 ) qu’ils ont façonné et de la matière, dès que le monde fut empli, les archontes le dominèrent, c’est-à-dire qu’ils le retinrent dans l’ignorance. Quelle en est la raison ? Voici, c’est que le Père immortel sait qu’il y a une déficience issue de la vérité dans les éons et leur monde. C’est pourquoi quand il voulut réduire à néant les archontes de la corruption par le truchement de leurs modelages, il envoya vos ressemblances dans le monde de la corruption. Ce sont les esprits innocents, les petits bienheureux. Ils ne sont pas étrangers à la connaissance. La connaissance entière en effet est dans leurs anges qui apparaissent devant eux — la chose n’est pas impossible au Père —, pour précisément leur donner la connaissance.

    Aussitôt qu’ils apparaissent dans le monde de la corruption, ils doivent rendre visible le type de l’incorruptibilité pour la condamnation des archontes et de leurs puissances. Donc les bienheureux étant apparus dans les modelages des autorités, celles-ci en furent jalouses. Et les autorités, par jalousie, mélangèrent leurs semences avec eux pour les souiller, mais sans y parvenir. Les bienheureux donc lorsqu’ils apparurent au grand jour, manifestèrent leur différence, et chacun, depuis sa terre, dévoila sa connaissance à l’église qui a surgi parmi les modelages de la corruption et dont on a trouvé qu’elle contenait toute semence à cause des semences des autorités qui ont été mélangées [avec elle]. Alors le Sauveur créa u[ne] à partir d’eux tous, et les esprits de ceux-ci élus, étant les bienheureux (125 ) et différents du fait de leurs élections. Et d’autres, nombreux, qui sont sans roi et supérieurs à tous ceux qui les précèdent, de sorte qu’il y a quatre races. Il y en a trois qui sont attribuées aux rois de l’Ogdoade, mais la quatrième race est sans roi et parfaite, car elle est au-dessus de toutes.

    Rétribution à venir

    Ceux-ci en effet, c’est dans le lieu saint de leur père qu’ils entreront 9 et ils se reposeront dans un repos et une gloire éternels et indicibles et dans une joie sans fin. Et ils sont rois parmi la race mortelle en tant qu’immortels ; ils doivent condamner les dieux du chaos et leurs puissances. Mais le Verbe qui est au-dessus de tous a été envoyé pour cela seulement, proclamer ce qui est inconnu. Il a dit : « Il n’y a rien de caché qui ne soit manifesté et ce qui n’a pas été connu sera connu. » Et ceux-ci furent envoyés pour rendre manifeste <ce> qui était caché, et les sept autorités du chaos et leur impiété, aussi celles-ci les ont-elles condamnés à mort.

    Quand donc tous les parfaits firent leur apparition dans les modelages des archontes et quand ils révélèrent la vérité qui n’a pas d’équivalent, toute la sagesse des dieux fut discréditée, leur Fatalité fut mise en procès et leur puissance s’éteignit, leur domination fut renversée et l’inanité de leur Providence et de leur gloire éclata. Avant la fin des temps, le lieu entier sera ébranlé par un grand coup de tonnerre. Alors les archontes seront dans le deuil, pleurant leur (126) mort. Les anges se lamenteront sur leurs hommes et les démons pleureront leurs temps et leurs hommes se lamenteront et crieront sur leur mort.

    Apocatastase finale jusqu’à la dissolution de la première réalité

    Alors débutera l’âge à venir et ils seront jetés dans le trouble. Ses rois seront ivres de l’épée ardente et ils se feront la guerre entre eux de sorte que la terre sera enivrée du sang versé et que les mers seront ébranlées par ces combats. Alors le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat, les étoiles du ciel dévieront de leur course. Et il y aura un grand coup de tonnerre venant d’une grande puissance qui est au-dessus de toutes les puissances du chaos, là où se trouve le firmament de la femme. Ayant créé la première oeuvre, elle déposera le feu sage de l’intelligence et revêtira la colère insensée. Puis elle poursuivra les dieux du chaos qu’elle a créés, ainsi que le Grand Géniteur. Elle les précipitera dans l’abîme. Ils seront supprimés à cause de leur injustice ; ils seront en effet comme ces montagnes embrasées et ils s’entre-dévoreront jusqu’à ce qu’ils soient détruits par leur Grand Géniteur. Lorsqu’il les aura détruits, il se retournera contre lui-même et se détruira jusqu’à ce qu’il périsse. Et leurs cieux s’effondreront les uns sur les autres et leurs puissances brûleront. Leurs éons aussi seront bouleversés. Et son ciel s’effondrera et se fendra en deux. Son ........ tombera sur la terre........pouvoir les soutenir. Elles tomberont dans l’abîme et l’abîme sera renversé. La lumière .......la ténèbre et la fera disparaître. Elle (127) sera comme ce qui n’a jamais existé, et l’oeuvre que la ténèbre a suivie se dissoudra. Puis la déficience sera extirpée à la racine, en bas dans la ténèbre et la lumière se retirera en haut dans sa racine. Et la gloire de l’Inengendré apparaîtra et emplira tous les éons

    Seuls les parfaits entreront dans la non-royauté

    …dès lors que la prophétie et l’histoire de ceux qui sont rois seront dévoilées et qu’elles seront accomplies par ceux qui sont appelés « parfaits ». Quant à ceux qui ne sont pas devenus parfaits dans le Père inengendré, ils recevront leurs gloires dans leurs éons et dans les royaumes immortels, mais ils n’entreront jamais dans la non-royauté. Il convient en effet que chacun retourne au lieu d’où il est sorti car chacun, par son agir et sa connaissance, dévoilera sa nature.


    Notes sur l’écrit sans titre : traité sur l’origine du monde

    (NH II,5 et XIII,2 et Brit. Lib. Or. 4926[1])

    Le cinquième écrit du codex II, qui nous est parvenu sans titre, est un véritable traité didactique sur l’origine du monde. Il veut persuader des destinataires non-gnostiques, probablement juifs, d’embrasser les croyances gnostiques relatives à la création du monde, afin de discréditer dans leur esprit le dieu des Écritures juives, les disposant ainsi à adhérer à une doctrine supérieure, celle de l’existence d’un dieu transcendant, supérieur au démiurge et maître du monde matériel. C’est du moins ce que l’on peut supposer à la lumière de l’analyse de la disposition du traité et des matériaux utilisés dans chacune de ses parties. Après un prologue prétendant réfuter la théorie de la primauté du chaos, bien fait pour rallier des lecteurs juifs ou chrétiens, le maître gnostique propose un long exposé de la cosmogonie et de l’anthropogonie gnostiques. Il utilise pour cela une ou des sources gnostiques également citées dans l’Hypostase des archontes et peut être, dans l’Apocryphon de Jean.

    Ces sources présentent le dieu créateur du monde matériel comme un dieu ignorant et envieux, qui blasphème en se prétendant le seul dieu. Par mode de captatio benevolentiae sans doute, l’auteur fait toutefois de Sabaoth, un des fils du démiurge Ialdabaoth, un exemple de conversion gnostique, proposant ainsi en modèle à ses destinataires le Dieu des Écritures juives. Dans son exposé anthropogonique, il présente encore Ialdabaoth, le dieu créateur, comme ignorant et jaloux, alors qu’Adam et Ève, tout comme Sabaoth, deviennent des modèles à imiter, qui accèdent à la vraie connaissance en désobéissant à leur créateur.

    Une fois cet exposé terminé, l’auteur en propose comme démonstration non pas un argument tiré de quelque système gnostique, mais la croyance, bien attestée dans la littérature intertestamentaire juive, selon laquelle cultes idolâtres, pratiques magiques et sortilèges ont été enseignés aux hommes par des anges déchus, qu’il s’empresse d’identifier aux archontes de son exposé. Le traité se conclut sur un épilogue qui résume l’exposé et conclut le tout par un vibrant appel à la conversion, une promesse de récompense ou de châtiment éternel. Les parentés littéraires observées entre cet écrit sans titre et celui qui nous est connu sous le titre Eugnoste le Bienheureux permettent de croire que ces deux traités formaient à l’origine les deux volets d’un dyptique, le premier consacré à l’origine du monde et le second au dieu transcendant. Ces deux écrits ont par la suite connu des trajectoires différentes au cours desquelles ils ont subi un certain nombre de transformations.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:46

    L’Hypostase des Archontes

    « De l’Origine des Puissances »

    CODEX II, 5

    Traduction : André Wautier Extrait du Tome V-VI des textes de Shenesêt : Thot-Hermès et les Séthiens suivi de Nôréa, fille d’Adam, Editions Ganesha.


    1. Inspiré par l’esprit du Père de la vérité et se référant aux « puissances des ténèbres » , le grand Apôtre nous a dit que « nous n’avons pas à combattre contre la chair et le sang, mais contre les puissances maîtresses de ce monde de ténèbres, contre les esprits pervers. » C’est pourquoi je vous ai mandé ceci, puisque vous vous êtes interrogés au sujet de la réalité de ces puissances.

    2. Leur chef est aveugle. Poussé par son pouvoir, son ignorance et sa vanité, il déclara avec arrogance : « C’est moi qui suis Dieu. Il n’y en a pas d’autre que moi. » Disant cela, il pécha contre l’Univers . Or, son discours fut perçu par l’lncorruptible, et il vint une voix émanant de l’incorruptibilité, qui dit : « Tu te trompes, Samaël » ce qui veut dire : « Dieu des aveugles. »

    3. Ses pensées s’enténébrèrent. Et, ayant par le blasphème qu’il avait proféré laissé échapper de lui sa puissance, il la poursuivit, à l’instigation de Pistis Sophia, en descendant vers le Chaos et vers l’Abysse sa mère, qui établit les enfants de celui-là, chacun selon son pouvoir, sur le modèle des éons qui sont dans la hauteur : car c’est, à l’origine, à la ressemblance du monde invisible que le monde visible a été conçu à partir de celui qui est caché.

    4. Lorsque l’lncorruptibilité abaissa son regard vers la région des eaux, son image apparut dans les eaux et les maîtres des ténèbres en devinrent amoureux . Mais, du fait de leur faiblesse, ils ne purent s’approprier cette ressemblance qui leur était apparue dans les eaux : les psychiques, en effet, ne peuvent comprendre les Pneumatiques , car ils sont d’en bas, alors qu’elle était d’en haut. C’est pourquoi l’lncorruptibilité regarda en bas vers la région des eaux en vue d’unir, selon la volonté du Père, le Tout à la Lumière.

    5. Les archontes firent des projets et dirent : « Allons, faisons un homme qui soit de la poussière de la terre. » lls modelèrent leur créature comme si elle était entièrement de terre. Or, le corps dont sont faits les archontes est femelle, c’est un avorton d’apparence animale. Ayant pris de la poussière de la terre, ils modelèrent leur homme d’après leurs propres corps et à la ressemblance de l’image du dieu qui (leur) était apparue dans les eaux ). Ils dirent : « Allons ) façonnons-le conformément au modèle que nous avons perçu, en sorte qu' il puisse voir sa […] et que nous l’emprisonnions dans la forme que nous avons façonnée », n’ayant pas compris, vu leur impéritie, la puissance de Dieu. Ce dernier souffla dans son visage, et l’homme acquit une âme sur la Terre pour de longs jours .

    6. Toutefois, étant donnée leur impéritie, ils n’arrivèrent pas à le faire se tenir debout . Ils s’obstinèrent à souffler tels des vents de tempête , tentant de capter cette ressemblance qui leur était apparue dans les eaux, mais dont ils ne comprenaient pas le pouvoir.

    7. Tout cela cependant était arrivé par la volonté du Père du Tout. Peu après, I’Esprit aperçut sur le sol l’homme pourvu d’une âme. Et l’Esprit sortit du Monde adamantin, il descendit et vint en lui, et l’homme devint une âme vivante. Il lui donna le nom d’Adam parce qu’il l’avait trouvé rampant sur la terre .

    8. Une voix sortit de l’lncorruptibilité en vue d’une aide à Adam et les archontes rassemblèrent toutes les bêtes de la terre, ainsi que les oiseaux du ciel, pour voir comment Adam les dénommerait, pour qu’il donne un nom à chacun des oiseaux et à toutes les bêtes .Ensuite, les archontes prirent Adam et ils le placèrent dans un verger pour qu’il le cultive et en assure la garde. Ils lui donnèrent un ordre, disant : « Tu mangeras de (ous les arbres dans le verger, mais de I’arbre de la connaissance du bien et du mal, n’en mange pas ; n’y touche pas non plus, car le jour où vous en mangeriez, vous péririez de mort. » Mais ils lui dirent cela sans bien comprendre ce qu’ils lui avaient dit. Car, par la volonté du Père, ils le lui dirent de telle sorte qu’ils pouvaient en réalité) en manger, afin qu’Adam les voie comme s’il était un homme d’une nature uniquement hylique .

    9. Les archontes se concertèrent et dirent : « Allons, faisons tomber sur Adam un profond sommeil. » Et il s’endormit. Or, ce sommeil qu’ils firent tomber sur lui pour le faire dormir, c’est l’ignorance. Ils tranchèrent alors dans son côté, celui qui était pareil à une femme vivante, puis ils reconstituèrent ce coté en mettant de la chair à la place .

    10. Alors, Adam ne fut plus entièrement qu’une âme. Et la femme pneumatique vint vers lui et elle lui parla, disant : « Redresse-toi, Adam ! » Et, lorsqu’il l’eut vue, il dit : « C’est toi qui m’as donné vie : tu seras appelée Mère des vivants. Car c’est elle qui est ma mère , elle est l’accoucheuse et la femme et celle qui a présidé à la naissance. »

    11. Alors, les archontes s’approchèrent de leur Adam. Et, quand ils virent sa contre-partie féminine parler avec lui, un grand émoi les saisit et ils la désirèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! jetons en elle notre semence » et ils la poursuivirent. Mais elle se rit d’eux à cause de leur stupidité et de leur aveuglement, et elle se changea en arbre devant eux tous. Elle étendit devant eux le reflet de son ombre, qui lui ressemble et c’est celle-ci qu’ils souillèrent abominablement, polluant ainsi l’empreinte qu’elle lui avait imprimée : c’est ainsi qu’en s’en prenant à l’image qu’elle avait dessinée en même temps que la leur, ils provoquèrent eux-mêmes leur propre condamnation.

    12. Alors, le principe féminin pneumatique s’introduisit dans le Serpent, l’lnstructeur , qui se

    mit à les enseigner, disant : « Que vous a-t-on dit ? Était-ce : de tous les arbres du jardin, vous en........

    11 Image reprise de l’orphisme, selon lequel ce serait par la violence de tourbillons aériens que les âmes sont contraintes de s’incarner dans des corps.

    12...... mangerez, mais de l’arbre de la connaissance du mal et du bien, n’en mangez pas ? » La femme de chair dit : « Non seulement on a dit : n’en mangez pas, mais même : n’y touchez pas, car le jour où vous en mangeriez, vous péririez de mort. » Le Serpent, l’lnstructeur, dit alors : « Vous ne périrez pas de mort. C’est par jalousie qu’on vous a dit cela. Au contraire, vos yeux s’ouvriront et vous deviendrez comme les dieux, distinguant le bien et le mal. » Mais le principe instructeur féminin se retira alors du Serpent et le quitta, ne laissant derrière lui qu’un être de terre.

    13. La femme de chair prit alors du fruit de l’arbre et en mangea, puis elle en donna à son mari comme à elle : et ces êtres psychiques mangèrent. Alors, leur déficience devint patente, vu leur manque de connaissance, et ils s’aperçurent qu’ils avaient été dépouillés de l’esprit pneumatique. Ils prirent des feuilles du figuier et s’en ceignirent les reins.

    14. Alors, le grand Archonte arriva et il dit : « Adam, où es-tu ? » car il ne savait pas ce qui s’était passé . Adam répondit : « J’ai entendu ta voix et j’ai pris peur, parce que j’étais nu, et je me suis caché. » L’Archonte dit : « Pourquoi t’es-tu caché ? sinon parce que tu as mangé du seul arbre dont je t’avais ordonné : n’en mange pas. Alors, tu en as mangé ? » Adam dit : « La femme que tu m’as donnée, elle m’en a présenté et j’ai mangé. » L’Archonte arrogant, alors, maudit la femme. La femme dit : « C’est le Serpent qui m’a poussée et j’ai mangé. » lls se tournèrent vers le Serpent et maudirent son ombre, en sorte qu’elle devint impuissante, ne sachant pas qu’elle n’était que l’image d’eux-mêmes (qu’ils avaient) dessinée. Depuis lors, le Serpent est sous la malédiction des archontes : jusqu’à ce que vint l’Homme parfait, cette malédiction a pesé sur le Serpent.

    15. Alors, ils se tournèrent vers leur Adam, ils le prirent et ils le jetèrent hors du verger avec sa femme : car il n’y a pas en eux de bienfaisance, du fait qu’ils sont eux-mêmes plus bas que la malédiction. Bien plus, ils tourmentèrent l’homme par de grandes tribulations et une vie pleine de soucis, afin que l’humanité soit accaparée par la vie matérielle et n’ait pas la possibilité de se consacrer à l’Esprit saint .

    16. Dans la suite, elle enfanta Caïn, leur fils. Et Caïn cultiva la terre. L’homme connut à nouveau sa femme, qui devint grosse une nouvelle fois et enfanta Abel. Et Abel fut pasteur de moutons .

    17. Or, Caïn présenta des fruits de son champ, tandis qu’Abel présentait un sacrifice de ses agneaux. Dieu regarda les offrandes d’Abel, mais il n’agréa pas les offrandes de Caïn. Et Caïn, I’homme charnel, abattit son frère Abel. Alors, Dieu dit à Caïn : « Où est Abel, ton frère ? » Il répondit, disant : « Suis-je donc le gardien de mon frère ? » Dieu dit à Caïn : « Écoute ! la voix des sangs de ton frère crie vers moi. Tu as péché par ta bouche. Cela se retournera contre toi. Cependant, quiconque tuerait Caïn déchaînerait sept vengeances. Tu vivras donc en gémissant et en tremblant sur la terre. »

    18. Alors, Adam connut sa ressemblance féminine, Eve, et elle devint grosse, et d’Adam elle enfanta Seth Et elle dit : « J’ai enfanté un autre)homme de par Dieu, en place d’Abel. »

    19. Eve devint grosse à nouveau et elle enfanta Nôréa. Et elle dit : « Il a été conçu en moi une vierge comme une aide pour beaucoup de générations de l’humanité. » Cette vierge, les archontes ne l’ont pas souillée.

    20. Alors, I’humanité se mit à se multiplier et à croître. Les archontes prirent conseil les uns des autres et dirent : « Allons ! provoquons un déluge de nos propres mains et anéantissons toute chair, hommes et animaux. »

    21. Mais, quand l’Archonte des Forces apprit leur résolution, il dit à Noé : « Fais-toi une arche d’un bois imputrescible et cachez-vous en elle, toi et tes enfants, avec les animaux et les oiseaux du ciel, du plus petit au plus grand, et fabrique-la sur la montagne de Sir. »

    22. Alors, Oréa vint à lui pour monter dans l’arche. Mais, comme il ne la laissait pas monter, elle souffla sur l’arche et fit en sorte qu’elle soit détruite par le feu. Il construisit alors l’arche une deuxième fois.

    23. Les archontes vinrent à sa rencontre avec l’intention de l’abuser. Leur chef suprême lui dit : « Eve, ta mère, est venue à nous. » Mais Noréa , se tournant vers eux, leur dit : « C’est vous qui êtes les gouverneurs des ténèbres ? Vous êtes maudits et vous n’avez pas connu ma mère, mais c’est votre équivalent féminin que vous avez connu. Aussi ne suis-je pas issue de vous : c’est, bien au contraire, du monde d’en haut que je suis venue. » L’archonte arrogant fit appel à tout son pouvoir et son apparence devint pareille à [ … ] noir. Il lui dit, dans sa présomption : « Il te faut nous rendre service (comme l’a fait) ta mère Eve, car on m’a […]. »

    24. Mais Noréa se tourna, grâce à la puissance de [ … ] cria d’une grande voix vers le Saint, le Dieu du Tout : « Protège-moi des archontes d’iniquité et sauve-moi de leur emprise ! »

    25. Alors, un ange descendit des cieux et lui dit : « Pourquoi cries-tu vers Dieu ? Pourquoi te montres-tu aussi téméraire envers l’Esprit saint ? » Nôréa dit : « Qui es-tu ? » Les archontes d’iniquité s’étaient éloignés d’elle. Il répondit : « Moi, je suis Elelêth l’avisé , le grand ange qui se tient debout en présence de l’Esprit saint. J’ai été envoyé pour m’entretenir avec toi et pour te délivrer des griffes de ceux qui sont sans loi. Et je te ferai connaître tes racines. » Or, cet ange, je ne suis pas capable de dire sa puissance. Son apparence est comme de l’or fin et sa vêture comme la neige. Vraiment, ma bouche n’est apte, ni à exprimer sa puissance, ni à décrire son visage.

    26. Elelêth, le grand ange, me parla : « Moi, dit-il, je suis intelligence ; je suis l’un des quatre illuminateurs qui se tiennent debout en présence du Grand Esprit invisible . Crois-tu que ces archontes aient quelque pouvoir sur toi ? Aucun d’eux ne pourra prévaloir contre la racine de la vérité, car c’est à cause d’elle que s’est produite ces derniers temps la Manifestation et ces autorités seront vaincues. Et elles ne pourront pas te souiller, pas plus que cette génération, car votre place est dans l’lncorruptibilité, là où habite l’Esprit virginal , lequel domine les autorités du Chaos et leur monde. »

    27. Alors je dis : « Seigneur, instruis-moi des capacités (de) ces autorités. Comment sont-elles venues à l’existence ? et à partir de quelle origine et en quelle matière ? et qui les créa, elles et leur pouvoir ? »

    28. Et le grand ange Éleleth, I’lntelligence, me parla : « Dans les éons sans limite réside l’incorruptible Sophia, encore appelée Pistis . Elle voulut créer seule quelque chose, sans son conjoint , et elle produisit un être céleste. « Entre le Monde d’en haut et les éons d’en bas, il y a un voile, et une ombre se dessina sous ce voile. Cette ombre devint matière et cette ombre fut projetée plus bas. Et ce qu’elle avait produit devint un être matériel semblable à un avorton. Mais il reçut une forme façonnée comme provenant de l’ombre et il devint une bête arrogante ressemblant à un lion .

    29. « Il était androgyne, puisqu’il était, je viens de le dire, sorti de la matière. Ouvrant les yeux, il aperçut la matière vaste et étendue, et il devint arrogant, il dit : Moi, je suis Dieu et il n’y en a pas d’autre que moi. Disant cela, il pécha contre le Tout. Mais il sortit d’au-dessus de l’Eon suprême une voix qui dit : Tu te trompes, Samaël c’est le dieu des aveugles . « Mais il rétorqua : S’il existe quelqu’un d’autre d’antérieur à moi, qu’il se montre à moi ! Aussitôt, Sophia étendit son doigt et elle fit parvenir la lumière au sein de la matière, et elle la suivit jusqu’en bas, dans les régions du Chaos. Puis, elle partit en remontant dans sa lumière. L’obscurité, à nouveau, envahit alors la matière .

    30. « Cet Archonte, qui est androgyne, se bâtit un autre domaine, d’une grandeur sans limite, et il résolut de susciter de lui des enfants. Il créa pour lui-même sept enfants, androgynes comme leur auteur, et il dit à ses enfants : ‘Je suis le Dieu du Tout’. « Mais Zoé, la fille de Pistis Sophia, lui dit en criant : Tu fais erreur, Saclas (un nom occulte pour laldabaôth . Elle lui souffla au visage et son souffle devint pour elle un ange de feu, et cet ange lia laldabaôth et le précipita dans le Tartare au fond de l’abîme .

    31. « Alors, lorsque son enfant Sabaôth eut vu le pouvoir de cet ange, il fut retourné et il condamna son père, ainsi que sa mère, la matière. Il prit celle-ci en aversion, et il célébra Sophia et sa fille Zoé. « Aussi Sophia et Zoé l’enlevèrent-elles pour l’établir sur le septième ciel, en dessous du voile qui se trouve entre la hauteur et les bas-fonds. On l’appela le Dieu des Forces, Sabaôth , parce qu’il est supérieur aux Forces du Chaos, du fait que Sophia l’y a établi. « Après (tout) cela, il se fabriqua un grand char à quatre faces de chérubins , avec pour l’assister un nombre immense d’anges (porteurs) de harpes et de cithares.

    32. « Et Sophia emmena sa fille Zoé pour la faire asseoir à sa droite en vue de lui enseigner ce qu’il y a dans l’Ogdoade, et elle plaça à sa gauche l’ange de la colère. Depuis ce jour, on appela sa droite Vie, tandis que la gauche fut le modèle de l’iniquité issue de l’Eon du pouvoir suprême d’en haut. C’est avant ton temps qu’ils sont venus à l’existence.

    33. « Mais, lorsque laldabaôth le vit établi dans cette grande gloire et à cette hauteur, il en devint jaloux et cette envie devint un être androgyne . C’est là l’origine de l’envie, et l’envie engendra la mort, et la mort engendra des enfants, à chacun desquels elle attribua un ciel, et tous les cieux du Chaos furent emplis de leur multitude .

    34. « Or, c’est en conformité avec la volonté du Père du Tout que tout cela se produisit, à l’exemple de toutes les choses d’en haut, afin que tout le Chaos puisse être empli.

    35. « Voici donc que je t’ai instruite de l’histoire des archontes et de la matière en laquelle ils ont été créés, et aussi de leur auteur et de leur monde. »

    36. Mais je dis : « Seigneur, suis-je, moi aussi, faite de leur matière ? » « Toi, de même que tes descendants, vous êtes issus du Père primordial. C’est d’en haut, de la Lumière impérissable, que sont venues leurs âmes. Aussi les autorités ne pourront-elles s’approcher d’eux, grâce à l’Esprit de vérité présent en eux, et tous ceux qui ont acquis la connaissance de ce chemin sont immortels parmi les hommes mortels. Cependant, cette semence ne se manifestera pas aujourd’hui. Après trois générations toutefois, elle se manifestera et elle rejettera loin d’elle le joug d’erreur des autorités. »

    37. Alors, je dis : « Dans combien de temps, seigneur ? » Il répondit : « Lorsque l’Homme vrai révélera, au moyen d’une image modelée, l’existence de l’Esprit de vérité que le Père aura envoyé. « C’est lui alors qui les instruira de toutes choses. Et il les oindra du chrême de la vie éternelle, qui lui aura été remis par la génération autonome . « Alors, ils seront affranchis de la pensée aveugle et ils fouleront aux pieds la mort issue des puissances. Et ils monteront dans la Lumière sans limite, là où repose cette semence. « Dès lors, les puissances délaisseront leurs éons et leurs anges pleureront sur leur destruction, tandis que leurs démons lamenteront leur mort. « Alors, tous les enfants de la Lumière connaîtront vraiment la vérité et leur racine, ainsi que le Père du Tout et l’Esprit saint. Tous, ils diront d’une seule voix : La Vérité du Père est juste et le Fils règne sur le Tout. »

    38. Et tous clameront, dans les siècles des siècles : « Saint, saint, saint ! Amen. »


    L’Hypostase des archontes. Traité gnostique sur l’origine de

    l’homme, du monde et des archontes (NH II,4)

    Les personnes qui s’intéressent au gnosticisme sont souvent frappées par l’appropriation des textes bibliques par certains auteurs gnostiques. Ces récits sont souvent revisités, transformés et réinterprétés afin de leur donner de nouvelles valeurs. Cependant, certaines fois, le texte en question peut être simplement soumis à une exégèse audacieuse et non conventionnelle. Quelle qu’en soit l’approche, le livre de la Genèse paraît être une source extrêmement privilégiée, particulièrement en ce qui concerne ses premiers chapitres. Dans son introduction à l’Hypostase des archontes, le professeur Barc soutient que l’auteur de ce texte a utilisé comme source une version réécrite de la Genèse ; source également utilisée par les auteurs de l’Écrit sans titre sur l’origine du monde, et de l’Apocryphon de Jean, deux autres textes découverts eux aussi à Nag Hammadi.

    L’Hypostase des archontes est le quatrième traité du codex II de Nag Hammadi. Il est précédé de l’Apocryphon de Jean, l’Évangile de Thomas et l’Évangile de Philippe, et est suivi de l’Écrit sans titre sur l’origine du monde et de l’Exégèse de l’âme. Ce texte est très bien conservé, avec quelques lacunes mineures. Il est rédigé en sahidique, un dialecte copte, mais l’original aurait été écrit en grec. Le professeur Barc soutient que ses liens avec la pensée de Philon permettent de rattacher cet écrit à la communauté juive d’Alexandrie. Quant à la date, il y a lieu de faire une distinction entre la première rédaction, témoin d’une gnose encore purement juive, et qui a pu être rédigée dans la première moitié du deuxième siècle et la rédaction christianisée (deuxième rédaction) qui peut être datée de la deuxième moitié du IIe siècle.

    Le traité enseigne la vérité sur les puissances qui possèdent le pouvoir et qui ont autorité sur le monde. Le récit commence par l’affirmation du démiurge, le chef des archontes, qui s’attribue les mots prononcés par le Dieu de la Bible : «Je suis Dieu, il n’y en a pas d’autres». Cependant il existe un autre pouvoir que le sien, mais il l’ignore. Ce pouvoir blâme le démiurge et le fait tomber dans le chaos. À cet instant, «l’incorruptibilité» regarde vers les eaux primitives et «son image apparut dans les eaux, et les puissances des ténèbres la désirèrent, mais ne purent saisir cette ressemblance» (87,14-25).

    Les archontes créèrent alors un homme à son image, Adam, qui reçut aussi l’esprit venant du royaume supérieur. Après lui avoir amené tous les animaux et tous les oiseaux pour qu’il les nomme, ils l’amenèrent au jardin d’Éden, où ils essayèrent de lui retirer l’essence divine qu’il avait reçue. Or, cette essence devint une femme «la mère des vivants» (89,15). Les puissances la désirèrent et voulurent la violenter, mais elle se transforma en arbre, et leur présenta seulement son ombre. Cette ombre devint «la femme charnelle» (90,2), l’Ève biblique, la femme d’Adam. La femme spirituelle pris la forme du serpent et, sous cette forme, instruisit Ève sur le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Ève et Adam croquèrent le fruit de l’arbre, malgré l’interdiction des archontes. Ils furent chassés du jardin d’Éden comme dans la Genèse. Cependant, le chef des archontes est présenté ici comme un être ignorant, jaloux et effrayant. Le récit se poursuit avec l’histoire de Caïn et Abel, après qu’Ève eu donné naissance à Seth. Contrairement à la version «canonique» de la Genèse, elle met également au monde une fille, Noréa. Les archontes fous de jalousie essayèrent de détruire l’espèce humaine. Noréa chercha alors refuge chez Noé. À cet instant-là, l’archonte essaya de la posséder, elle cria pour demander de l’aide (93,1-2). L’ange Eleleth descendit des cieux pour se porter à son secours. À partir de son arrivée, Noréa s’exprime désormais à la première personne et le texte prend la forme d’un discours de révélation. Elle interroge Eleleth sur la nature et l’origine des archontes, sur sa propre nature et sur le temps qu’il reste avant la libération des «fils de la lumière» (97,14). L’ange raconte à Noréa la création de Samæl (le démiurge) par Sophia et son abandon. Il raconte aussi les actions de Zoé (vie), la fille de Sophia, et la repentance du fils de Samæl, Sabaoth. Le professeur Barc souligne que ces dernières révélations proviennent d’une source différente de celle du début du texte et que ces deux sources ne sont pas complètement en accord l’une avec l’autre. Le récit prend fin avec la discussion de la venue de «l’Homme véritable» (96,33-34) qui enseignera la vérité et libérera les élus, qui «monteront vers la lumière illimitée» (97,8).



    Dans son introduction et son commentaire, le professeur Barc souligne que l’Hypostase des archontes serait le résultat d’un travail de synthèse à partir de deux sources principales. Le rédacteur, tout en respectant scrupuleusement le schéma traditionnel d’enseignement sur l’origine de l’homme, enrichit celui-ci en fusionnant avec lui une version gnostique des premiers chapitres de la Genèse. Il la considère comme la forme authentique de la révélation sur les origines, et dont la Genèse canonique ne serait que la version falsifiée. Cette dépendance à la Genèse est si fortement marquée dans l’Hypostase des archontes que certains commentateurs ont cru pouvoir faire de la première partie de cet écrit une paraphrase de la Genèse. Il démontre que les choses sont en fait plus complexes, si le rédacteur se réfère en effet directement à ce texte, il en reproduit cependant une version corrigée. Le professeur Barc présente un schéma anthropogonique de l’Hypostase des archontes, de l’Apocryphon de Jean et de l’Écrit sans titre. Il établi ainsi, grâce à la mise en lumière des éléments communs aux trois écrits, que les rédacteurs des ces traités ont utilisé la même Genèse «véritable».

    Le professeur Barc appelle le deuxième texte, qui a inspiré la seconde partie de l’Hypostase des archontes, la source théogonique. La complexité de la situation de l’Apocryphon de Jean rend incertaine l’utilisation par son auteur de cette source, mais il est certain que le rédacteur de l’Écrit sans titre l’a exploitée. Le professeur Barc par sa comparaison de l’Hypostase des archontes avec l’Écrit sans titre, arrive à restituer une partie de la source théogonique. Il la soumet à une analyse détaillée qui lui permet de mieux comprendre l’intention des rédacteurs lorsqu’ils intervenaient pour la remanier. Il démontre les liens existant entre la source théogonique et la philosophie de Philon d’Alexandrie, grand exégète et philosophe juif. Cette organisation bipolaire du monde archontique rappelle, en effet, les spéculations de Philon sur les deux hypostases divines les plus vénérables et les plus anciennes, le Créateur et le Seigneur.

    Le Professeur Barc démontre que la présence de contradictions à l’intérieur même de l’Hypostase des archontes peut être imputée au dernier rédacteur, qui aurait retravaillé la première édition. Il confirme que cette première édition serait le produit d’un gnosticisme juif, la deuxième édition serait, quant à elle, l’oeuvre d’un rédacteur chrétien. Ce deuxième rédacteur n’a pas beaucoup altéré la partie du texte dérivant de la Genèse «véritable». Cependant, il a effectué de nombreux changements dans les sections venant de la source théogonique, ce qui reflète ainsi une vue chrétienne de l’histoire.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:46

    Nag Hammadiles écrits gnostiques

    Bibliothèque de Nag Hammadi


    En décembre 1945 fut déterré accidentellement un ensemble de 52 textes religieux et philosophiques caché il y a 1600 ans dans une jarre. Un groupe de paysans découvrit en effet non loin du village de Nag Hammadi en Haute Égypte une véritable bibliothèque, en langue copte, celle là même que parlaient les chrétiens égyptiens, et allant faire l’effet d’une bombe dans les milieux historiques et théologiques.

    Parmi ce corpus de 1200 pages, actuellement conservé au Musée copte du Caire, un écrit a particulièrement défrayé la chronique, L’évangile selon Thomas, originellement titré « Paroles cachées de Jésus écrites par Thomas ».

    55 ans après cette miraculeuse découverte, la polémique est toujours très vive et l’étude des textes un grand sujet de controverse. Beaucoup d’encre a coulé : des interprétations à tendance rosicrucienne jusqu’à l’accusation d’omerta religieuse, les scientifiques continuent aujourd’hui à s’interroger sur l’impact exact que constitue une telle découverte.

    La découverte de la bibliothèque fut localisée au Nord Ouest de Louxor, entre Dendérah et Panopolis. Le corpus y avait été soigneusement placé dans une tombe du cimetière pacômien au pied de la falaise du Djebel el Tarif. Initiation à la Gnose et à la tradition chrétienne, à la lumière des textes de Nag Hammadi

    Le contenu des manuscrits de Nag Hammadi L’ensemble des livres se compose de textes religieux et hermétiques, d’ouvrages de sentences morales, d’écrits apocryphes et plus curieusement encore d’une ré-écriture de la République de Platon.

    Outre l’intérêt des manuscrits pour l’histoire du livre (ils sont les plus anciens connus à ce jour) et la paléographie copte, ils représentent un témoignage capitale pour l’histoire de la philosophie et du christianisme primitif. Leur analyse est néanmoins très difficile puisque nous ne connaissons ni leurs auteurs, ni les circonstances, ni les lieux de leur rédaction. En revanche, on peut aujourd’hui les considérer comme décisif pour la recherche sur le gnosticisme des premiers temps.

    Les écrits gnostiques de Nag Hammadi Les textes religieux, dit "gnostiques", proposent des interprétations et des rituels chrétiens différents de ceux officialisés en 325 et qui avaient été immédiatement rejetés comme hérétiques. C’est pourquoi ils furent rassemblés, protégés et cachés par les communautés dites "déviantes". La gnose signifie la connaissance. Les gnostiques avaient une toute autre relation aux textes sacrés que les chrétiens en ce sens qu’ils ne s’attachaient aucunement à leur historicité mais à leur sens ésotérique. Les gnostiques envisagent donc les choses divines comme une connaissance intérieure et secrète, transmise par la tradition et par l’initiation.

    La bibliothèque de Nag Hammadi offre de nombreux témoignages de ces courants gnostiques prétendant contenir un enseignement secret tout en s’inspirant parfois de l’Ancien Testament. Nag Hammadi et l’Hermétisme Parmi le corpus de la bibliothèque se trouvent des livres dits "hermétiques" s’inscrivant dans la tradition du Corpus Herméticum.

    Le codex VI est en effet composé d’un traité de titre inconnu et surnommé L’Ogdoade et L’Ennéade, d’une prière d’action de grâce et d’un long fragment du Discours Parfait. Ces deux derniers textes sont en partie repris dans l’Asclépius tandis que le premier est tout à fait inédit.

    Ces écrits peuvent être mis à part tant ils s’éloignent des théories gnostiques largement diffusées dans le reste de la bibliothèque. Mais leur intérêt réside surtout dans leur inspiration égyptienne très marquée en comparaison des textes grecs et latins connus à ce jour. Ils ne rejettent d’ailleurs aucunement la religion égyptienne mais propose de la "spiritualiser". Plus qu’un système religieux à la manière chrétienne, l’hermétisme est une "voie". Complémentaires et suffisants, ils exposent à eux trois l’ensemble de la doctrine hermétique, le chemin initiatique devant conduire à "l’illumination divine". Il s’agit d’une des différences fondamentales entre chrétiens et gnostiques ou hermétiques. Si le christianisme se repose sur la vérité historique, les courants gnostiques, hermétisme compris, accordent une place primordiale au symbolisme, voire à l’allégorie.

    Un exemplaire des codices découverts en 1945 au pied de la montagne du Gebel el Tarif : la plupart de ces codices étaient protégés par un étui de cuir tel que celui-ci. Histoire d’une grande découverte Le parcours précis des livres de Nag Hammadi est une extraordinaire aventure qui ne fut connue que 30 ans après leur découverte, quand son auteur, Mohammed Ali Samman, accepta de raconter son histoire. Elle fut recueillie par les savants conscients de l’importance des circonstances qui entouraient la mise à jour des manuscrits. Parti à la recherche d’engrais naturel, le sabakh, dans la montagne proche de son village, Mohammed Ali Samman déterra accidentellement une jarre de terre rouge, haute d’un mètre. Hésitant avant de la briser - celle-ci aurait pu être le logement d’un esprit malin - l’appât du gain et la curiosité l’emporta finalement. Mais à la place de l’or tant espéré, il n’y découvrit qu’une douzaine de livres reliés dans des étuis de cuir brun qu’il rapporta chez lui à Al Quasr.

    Inconscient de leur valeur inestimable, il les jeta sur le tas de paille destiné à alimenter le four du foyer. Sa mère, Umm-Ahmad, en fit d’ailleurs usage pour entretenir le feu. Selon son témoignage, Mohammed Ali Samman était alors mêlé à une histoire de vendetta à la suite du meurtre de son père. Décidés à le venger, ses frères et lui assassinèrent quelques semaines plus tard Ahmed Ismail, le coupable, de passage dans la région.

    Craignant les représailles de la police, il confia le "trésor" au religieux Al- Qummus Basiliyus Abd el Masih qui, frappé par leur originalité, envoya un exemplaire des manuscrits à l’historien égyptien Raghib. Ce dernier, présumant déjà de leur grande valeur, les fit parvenir au Caire.

    Rapidement vendus au marché noir, les livres attirèrent l’attention du gouvernement égyptien qui en fit l’acquisition, freinant ainsi leur éparpillement et leur fuite hors des frontières égyptiennes. Déposés au Musée Copte du Caire, il faudra encore attendre quelques années avant que ces livres soient portés à la connaissance des scientifiques.

    Un des codices, surnommé aujourd’hui le codex Jung, échappa à l’autorité égyptienne et fut vendu aux Etats-Unis à des collectionneurs privés. Un historien néerlandais, Gilles Quispel, entendit parler de ces mystérieux manuscrits et décida de les acheter par l’intermédiaire de la Fondation Jung de Zurich. Après examen de ce codex isolé, l’historien constate que quelques pages sont manquantes et s’envole pour l’Egypte afin de les rassembler. Il se rend au Musée Copte dès le printemps 1955 afin d’emprunter les photographies des textes. C’est à ce moment qu’il s’aperçoit de la valeur réelle des pages qu’il tenait entre ses mains. Et il ne s’agissait là que de l’un des 52 manuscrits découverts dix ans plus tôt à Nag Hammadi!

    Dans sa déclaration, Mohammed Ali Samman admet que certaines pages ont été perdues, brûlées ou jetées. Malgré tout, il avait mis la main sur un fabuleux trésor : des traductions coptes datant du IIe siècle de notre ère de textes religieux et philosophiques encore plus anciens, initialement rédigés en langue grecque, et dont quelques fragments avaient été mis à jour par des archéologues cinquante ans auparavant !

    L ’ i n t i n é r a i r e f a b u l e u x d e s m a n u s c r i t s

    La première partie des manuscrits fut confiée au religieux Al-Qummus Basiliyus Abd el Masih. Envoyé à l’historien Raghib, cet ensemble devient la propriété du Musée copte du Caire où il est étudié par l’égyptologue français Jean Doresse. De cet examen, mettant en avant la richesse d’une telle découverte, est née la nécessité de retrouver et de réunir la totalité de la collection. La deuxième partie de la bibliothèque passe entre les mains d’un hors-la-loi, Bahij Ali, du village de Samman. Vendue à Phocion Tano, un antiquaire du Caire, le gouvernement égyptien tente de la racheter. L’antiquaire affirme qu’ils sont dorénavant la possession d’une collectionneuse italienne, Mademoiselle Dattari, habitant la capitale égyptienne. Lorsqu’en 1952, les manuscrits sont déclarés bien national par le ministère de l’Education Public, la collection Dattari devient la propriété du Musée Copte du Caire.

    La dernière partie des manuscrits, aussi vendue au marché noir, est achetée par l’antiquaire Albert Eid. Celui-ci, refusant de remettre le codex 1 aux autorités de son pays, le fait passer en fraude hors des frontières l’Egypte. Resté invendu aux Etats-Unis, il le dépose dans un coffre fort en Belgique. A son décès, sa femme poursuit la vente illicite du livre. C’est alors qu’il est remarqué par le professeur Gilles Quispel qui en fait l’acquisition par l’intermédiaire de la fondation Jung de Zurich afin d’être offert comme cadeau d’anniversaire au psychanalyste Carl-Gustav Jung.

    L a d é c o u v e r t e d e N a g H a m m a d i

    En décembre 1945, près de la ville de Nag Hammadi, des paysans égyptiens déterraient fortuitement une jarre contenant treize codices de papyrus, des volumes reliés à plat comme nos livres et recouverts de cuir. Ils venaient de faire l’une des plus formidables découvertes de manuscrits anciens du XXe siècle. Dans un état de conservation variable, les 1156 pages inscrites renferment 54 oeuvres différentes, la plupart inconnues par ailleurs, dont le fameux Évangile selon Thomas, un recueil de paroles de Jésus. Il s’agit de textes religieux, généralement décrits comme gnostiques. D’abord rédigés en grec, vraisemblablement au cours du IIe siècle, ces textes ont ensuite été traduits en copte, la langue de l’Égypte de cette époque, puis copiés vers le milieu du IVe siècle dans des codices qui ont par la suite été enfouis dans une jarre, probablement au début du Ve siècle.

    Cette découverte est d’un intérêt inestimable, que ce soit pour l’histoire du livre, dont les codices de Nag Hammadi constituent les plus anciens spécimens, pour l’histoire de la langue et de la paléographie coptes, ou pour celle de la philosophie et du christianisme naissant.

    Ces textes ressuscitent en effet pour nous des formes du christianisme primitif que la tradition postérieure a combattues et s’est efforcée de faire disparaître, mais qui jouèrent néanmoins un rôle essentiel dans sa formation. Leur édition, leur traduction dans des langues modernes et leur étude, qui en est encore à ses débuts, ouvrent donc une fenêtre nouvelle sur la période du IIe siècle, si importante dans la formation du christianisme. Toutefois, l’interprétation de ces textes nouveaux est particulièrement difficile. On ignore en effet l’identité de leurs auteurs, les lieux, dates et circonstances de leur rédaction en grec, de leur transmission, de leur traduction en copte, de leur copie dans les codices mis au jour en 1945. De laborieuses recherches permettent néanmoins de les situer dans leur contexte et d’en tirer de nombreux renseignements qui éclairent l’histoire des premiers siècles chrétiens sous un jour nouveau. Ainsi, pour ne donner qu’un seul exemple, l’Évangile selon Thomas est devenu une pièce maîtresse de la recherche sur le personnage historique de Jésus de Nazareth et sur les origines du christianisme.

    En 1952, 12 codices et demi se trouvent réunis au Musée Copte du Caire et une grande partie du 13e placée dans un coffre à Zurich. Mais selon le témoignage de Samman, des pages ont été perdues, brûlées ou jetées. Par ailleurs, on ne sait pas si la bibliothèque retrouvée en 1945, est aujourd’hui complète et si aucun livre supplémentaire ne se promènerait pas encore dans la nature.

    Table des Matière de la Bibliothèque de Nag Hammadi

    La bibliothèque se compose de 13 livres, appelés codex d’après le nom scientifique donné à tout assemblage de feuilles pliées en deux et cousues ensemble. Ces livres représentent les spécimens les plus anciens que nous possédons aujourd’hui.

    Codex I (Codex Jung) pages

    1. Prière de l’apôtre Paul A-B

    2. L’Épître apocryphe (ou livre secret) de Jacques 1-16

    3. L’Évangile de Vérité 16-43

    4. Le Traité sur la Résurrection 43-50

    5. Le Traité Tripartite 51-138

    Codex II

    1. L’Apocryphon (ou livre secret) de Jean 1-32

    2. L’Évangile selon Thomas 32-51

    3. L’Évangile selon Philippe 51-86

    4. L’Hypostase des archontes 86-97

    5. Écrit sans titre : traité sur l’origine du monde 97-127

    ou Symphonia de l’hérésie 40 du Panarion d’Épiphane

    6. L’Exégèse de l’âme 127-137

    7. Le Livre de Thomas [l’Athlète] 138-145

    Colophon 145

    Codex III

    1. L’Apocryphon (ou livre secret) de Jean 1-40

    2. L’Évangile égyptien (ou des Égyptiens) 40-69

    ou le Livre sacré du grand esprit invisible

    3. Eugnoste le Bienheureux 70-90

    4. La Sagesse (ou Sophia) de Jésus-Christ 90-119

    5. Le Dialogue du Sauveur 120-147

    Codex IV

    1. L’Apocryphon (ou livre secret) de Jean 1-49

    2. L’Évangile égyptien (ou des Égyptiens) 50-81

    ou le Livre sacré du grand esprit invisible

    Codex V

    3. Eugnoste le Bienheureux 1-17

    4. L’Apocalypse de Paul 17-24

    5. Apocalypse de Jacques 24-44

    6. Apocalypse de Jacques 44-63

    7. L’Apocalypse d’Adam 64-85

    Codex VI

    1. Les Actes de Pierre et des douze Apôtres 1-12

    2. Le Tonnerre, Intellect Parfait – la Brontè 13-21

    3. Authentikos Logos 22-35

    4. Le Concept de notre Grande Puissance 36-48

    ou Aisthesis Dianoia Noèma

    5. Fragment de la République de Platon, 588b-589b 48-51

    6. [Discours sur] l’Ogdoade et l’Ennéade 52-63

    7. La Prière d’action de grâce 63-65

    8. Fragment du Discours Parfait (ou de l’Asclépius) 65-78

    Codex VII

    1. La Paraphrase de Sem (ou Séem) 1-49

    2. Le Second Traité du grand Seth 49-70

    3. L’Apocalypse de Pierre 70-84

    4. Les Enseignements de Silouanos 84-118

    5. Les Trois Stèles de Seth 118-127

    Colophon 127

    Codex VIII

    1. Zostrianos – Zostrien 1-132

    2. La Lettre de Pierre à Philippe 132-140

    Codex IX

    1. Melchisédek 1-27

    2. La Pensée de Noréa 27-29

    3. Le Témoignage Véritable (ou de la Vérité) 29-74

    Codex X

    1. Marsanès 1-68

    Codex XI

    1. L’Interprétation de la Gnose (ou Connaissance) 1-21

    2. Exposé[s] valentinien[s] 22-44

    3. [Révélations reçues par] l’Allogène 49-69

    4. Hypsiphronè 69-72

    Codex XII

    1. Les Sentences de Sextus 15*-34*

    2. L’Évangile de Vérité (fragment central) 53*-60*

    3. Fragments [non identifiés]

    Codex XIII

    1. La Protennoia Trimorphe 35*-50*

    2. Écrit sans titre (fragment du 5e traité du Codex II) 50*

    Berolinensis Gnosticus 8502

    Codex conservé à Berlin qui contient deux traités dont on trouve des parallèles

    dans la collection de Nag Hammadi. Début du Ve siècle.

    1. L’Évangile selon Marie 7-19

    2. L’Apocryphon de Jean 19-77

    3. La Sagesse de Jésus-Christ 77-127

    4. L’Acte de Pierre 128-141
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:46

    LE DEUXIÈME TRAITÉ DU GRAND SETH

    NH VII, 2) Traduit du copte par Louis Painchaud Bibliothèque copte de Nag Hammadi,

    PROLOGUE
    La Grandeur parfaite se repose dans la Lumière indicible, dans la vérité, la Mère de tous. Et vous tous, parce que Moi seul suis parfait, vous venez à moi à cause de la Parole. Je demeure en effet avec la Grandeur entière de l’Esprit qui est avec nous et avec ceux qui sont véritablement nôtres. C’est pour glorifier notre Père à cause de sa bonté que j’ai proclamé une parole et une pensée impérissables : c’est la parole qui est en Lui. — C’est un esclavage de dire : « Nous mourrons avec le Christ », avec une Pensée impérissable et immaculée. Merveille insaisissable que cette écriture au sujet de l’eau indicible — c’est de nous qu’est cette parole — : « C’est Moi qui suis en vous et vous qui êtes en Moi comme le Père est en vous en toute innocence. »

    Origine et nature du Sauveur et des sauvés

    « Réunissons une Église visitons la création qui est sienne ; envoyons quelqu’un en elle comme il a visité toutes les Pensées dans les>régions inférieures. » Lorsque je dis cela à la multitude entière de l’Église nombreuse de la Grandeur qui exulte, elle exulta, la maison entière du Père de vérité, car c’est d’elle que je suis issu. Je leur rappelai les Pensées qui étaient sorties de l’Esprit immaculé, la descente sur l’eau — c’est-à-dire les régions inférieures —. Et ils eurent tous une pensée unique car elle est issue d’un seul. Ils se soumirent à mon décret comme je le voulais et je sortis pour révéler la gloire à mes semblables et à mes compagnons en esprit.

    ORIGINE ET MODE DE L’INCARNATION DU SAUVEUR ET DES SAUVÉS

    Origine et mode de l’incarnation des sauvés

    En effet, ceux qui étaient dans le monde avaient été préparés par la volonté de Sagesse, notre soeur — celle qui était un Prounicos — à cause de l’innocence. Elle n’a pas été envoyée et n’a rien demandé au Tout, ni à la Grandeur de l’Église, ni au Plérôme, lorsqu’elle se précipita et sortit pour préparer des demeures et des lieux pour le Fils de la Lumière. Et c’est afin qu’ils construisent de leurs mains ces maisons corporelles qu’elle prit des collaborateurs parmi les éléments inférieurs, mais ayant succombé à la vanité, ceux-ci atteignirent le comble de la ruine. Dans les maisons qu’ils habitèrent, préparés par Sagesse, ils sont prêts à recevoir la Parole salvifique au sujet de l’Unité ineffable et de la Grandeur de l’Église de tous ceux qui voient et qui sont en Moi.

    Origine et mode de l’incarnation du Sauveur

    J’ai visité une maison corporelle, j’ai expulsé son premier occupant et je suis entré. Et la multitude entière des archontes fut troublée. Et toute la matière des archontes, avec aussi les puissances nées de la terre, tremblait en voyant l’aspect mélangé de l’image : c’est Moi qui logeais en elle et je ne ressemblais pas à celui qui y logeait auparavant. Celui-là était en effet un homme de ce monde ; quant à Moi qui suis d’au-dessus des cieux, je ne leur ai pas refusé … et d’être Christ, mais je ne me suis pas 6 manifesté à eux dans l’amour qui émanait de Moi.

    Je laissais paraître que j’étais étranger aux régions inférieures. Il y eut un grand trouble dans le monde terrestre tout entier, confusion et fuite, puis le conseil des archontes. Quelques-uns étaient convaincus à la vue des merveilles accomplies par moi. Et ils ont l’habitude de fuir, tous ceux qui sont issus de la race de celui qui a fui loin du Trône, vers la Sagesse de l’Espérance, lorsque la première elle nous annonça, ainsi que tous ceux qui sont avec Moi : ce sont ceux de la race d’Adonaios. D’autres en revanche se précipitèrent comme à l’instigation du Cosmocrator et de ceux qui sont avec lui, faisant tomber sur Moi toute espèce de châtiment. Et ils se hâtèrent d’appliquer leur esprit à ce qu’ils décideraient à mon sujet, pensant qu’il était toute la Grandeur, et prononçant un faux témoignage aussi contre l’Homme et contre la Grandeur entière de l’Église. Ils ne pouvaient pas savoir qui est le Père de vérité, l’Homme de la Grandeur. Ce sont eux en effet qui ont pris ce nom pour désigner un être de corruption et d’ignorance — un brasier et un vase d’argile —, qu’ils ont créé pour la ruine d’Adam, qu’ils ont fabriqué pour revêtir ceux qui sont véritablement leurs. Mais les archontes appartenant au Lieu de Ialdabaoth dévoilent la sphère des anges, celle que recherchait l’humanité, afin que celle-ci ne connaisse pas l’Homme véritable. Adam leur apparut en effet, celui qu’ils ont façonné. Un mouvement de crainte se produisit dans toute leur maison à la pensée que les anges qui les entouraient ne se lèvent en effet contre ceux qui rendaient gloire.

    Je suis mort, non pas réellement, afin que ne soit pas vain leur Archange. Et alors la voix du Cosmocrator s’adressa aux anges : « Je suis Dieu et il n’y en a pas d’autre en dehors de Moi. » Mais Moi, j’ai ri joyeusement, ayant sondé la vanité de sa gloire. Et lui reprenait de plus belle : « Qui est l’Homme ? ». Et toute l’armée de ses anges, qui avaient vu Adam et sa maison, se moquait de sa petitesse et ainsi, leur pensée fut détournée de la Grandeur des cieux qui est l’Homme de vérité, celui dont ils ont vu le Nom habiter dans une maison de petitesse. Dans la vanité de leur pensée, dans leur moquerie, ils sont petits et sans intelligence et cela était pour eux une souillure.

    Résumé : Nature et origine du vrai Sauveur

    La Grandeur entière de la Paternité de l’Esprit se reposait dans les lieux qui lui appartiennent. C’est Moi qui étais avec elle. Je possède une pensée d’une émanation unique issue des éternels, inconnaissables, et incommensurables. Je l’ai placée dans le monde, la petite Pensée, les troublant et semant l’effroi parmi toute la multitude des anges et chez leur Archonte. Et Moi, je les visitais tous par le feu et la flamme à cause de ma pensée, et tout ce qui leur appartient, ils en usèrent contre Moi. Trouble et combat survinrent dans la sphère des Séraphins et des Chérubins de sorte que leur gloire allait être anéantie, avec la confusion qui règne dans la sphère d’Adonaios de part et d’autre, avec leur maison, jusqu’au Cosmocrator et avec celui qui disait : « Emparons-nous de Lui ! » D’autres disaient au contraire : « Le plan ne doit pas se réaliser. » Adonaios me connaît en effet à cause d’Espérance.

    SORT DU SAUVEUR ET DES ÂMES INCARNÉES

    Le Sauveur

    Et j’étais dans la gueule des lions. Quant au plan qu’ils ont ourdi contre Moi en vue de la destruction de leur erreur et de leur déraison, je n’ai pas combattu contre eux comme ils en avaient délibéré. Au contraire, je n’étais nullement affligé. Ils m’ont châtié ceux-là, et je suis mort, non pas en réalité mais en apparence, car les outrages qu’ils m’infligeaient restaient loin de Moi. Je rejetai loin de Moi la honte et je ne faiblis pas devant ce qui m’a été infligé de leurs mains. J’allais succomber à la crainte. Et Moi, j’ai souffert à leurs yeux et dans leur esprit, afin qu’ils ne trouvent jamais nulle parole à dire à ce sujet. En effet, cette mort qui est mienne et qu’il pensent être arrivée, est arrivée pour eux dans leur erreur et leur aveuglement, car ils ont cloué leur homme pour leur propre mort. Leurs pensées en effet ne me virent pas car ils étaient sourds et aveugles, mais en faisant cela, ils se condamnaient. Ils m’ont vu, ils m’ont infligé un châtiment. C’était un autre, leur père.

    Celui qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas Moi.

    Ils me flagellaient avec le roseau.

    C’était un autre, celui qui portait la croix sur son épaule, c’était Simon.

    C’était un autre qui recevait la couronne d’épines.

    Quant à Moi, je me réjouissais dans la hauteur, au-dessus de tout le domaine qui appartient aux archontes et au-dessus de la semence de leur erreur, de leur vaine gloire et je me moquais de leur ignorance. Et j’ai réduit toutes leurs puissances en esclavage. En effet, lorsque je descendis, nul ne me vit car je me transformais, échangeant une apparence pour une autre et, grâce à cela, lorsque j’étais à leurs portes, je prenais leur apparence. En effet, je les traversai facilement et je voyais les lieux, et je n’éprouvai ni peur ni honte, car j’étais immaculé. Et je leur parlais, me mêlant à eux par l’intermédiaire des miens, et foulant aux pieds leur dureté ainsi que leur jalousie et éteignant leur flamme. Tout cela, je le faisais par ma volonté, 5 afin d’accomplir ce que je voulais dans la volonté du Père d’en haut.

    Et le Fils de la Grandeur qui était caché dans la région inférieure, nous l’avons ramené dans la hauteur, où je demeure dans tous les éons, avec eux, hauteur que personne n’a vue ni connue, qui est le mariage en vêtement nuptial, le nouveau et non l’ancien. Et il est indestructible, car c’est une chambre nuptiale nouvelle, céleste et parfaite. Je lui révélai qu’il y a trois voies, mystère immaculé dans l’Esprit de cet éon sans fin. Il n’est pas partiel ni ne peut être dit, mais il est sans division, universel et subsistant. En effet, l’âme qui vient d’en haut ne parlera pas de l’erreur qui est ici-bas, ni … exil loin de ces éons quand elle sera emportée, si elle est libre et si elle se comporte noblement dans le monde, se tenant sans peine devant le Père, et elle produira, éternellement unie à l’Intellect, une puissance idéale. De toute part, ils me verront sans haine car en me voyant, ils les voient unis entre eux. Ne m’ayant pas couvert de honte, ils n’ont pas été couverts de honte. N’ayant pas eu peur devant moi, ils passeront toute porte sans crainte et ils atteindront la perfection dans la troisième gloire.

    Je suis celui dont le monde n’a pas compris l’élévation apparente, le troisième baptême dans une image apparente. Quand fut chassé le feu des sept autorités et que le soleil des puissances des archontes sombra, les ténèbres s’emparèrent d’eux. Et le monde devint pauvre, alors qu’il était enserré dans une multitude de liens. Il fut cloué au bois et fixé à l’aide de quatre clous de bronze. Le voile de son Temple, il le déchira de ses mains.

    Les sauvés

    Un tremblement se saisit du chaos de la terre car elles ont été libérées, les âmes qui gisaient dans l’oubli inférieur, et elles se sont relevées, elles ont marché librement, ayant dépouillé jalousie ignorante et sottise auprès de sépulcres de mort, ayant revêtu l’homme nouveau, ayant reconnu ce parfait Bienheureux, issu du Père éternel et insaisissable et de la Lumière infinie, que je suis. Lorsque je suis venu vers les miens et que je les ai unis à moi, il n’y eut pas besoin de nombreuses paroles car notre pensée était unie à leur pensée. C’est pourquoi ils comprirent ce que je disais : nous délibérâmes en effet de la destruction des archontes. Et c’est pourquoi j’ai fait la volonté du Père, que je suis.

    Lorsque nous sortîmes de notre maison, que nous descendîmes dans ce monde et que nous habitâmes dans le monde, dans les corps, nous fûmes haïs et persécutés, non seulement par ceux qui sont dans l’ignorance, mais aussi par ceux qui croient posséder le Nom du Christ, alors qu’ils sont vides de connaissance et ne savent pas qui ils sont, comme les animaux sans raison. Ceux que j’ai libérés, ils les poursuivent de leur haine. Ceux-là, quand la porte sera fermée, c’est en vain qu’ils gémiront car ils ne m’ont pas connu parfaitement, mais ils ont servi deux maîtres et une multitude. Mais vous, vous vaincrez en tout, querelle, disputes et division née de jalousie et colère. Mais par la droiture de notre amour, nous sommes innocents, purs et bons, gardant souvenir du Père dans un mystère ineffable.

    C’était un objet de dérision, c’est Moi qui atteste que c’était un objet de dérision que les archontes ne sachent pas qu’il existe une réunion ineffable, vraie, immaculée telle que celle qui existe parmi les fils de la Lumière, dont ils ont fabriqué une contrefaçon en propageant une doctrine au sujet d’un homme mort et des mensonges pour imiter la liberté et la pureté de l’Église parfaite, qu’ils échangent par leur doctrine contre crainte et esclavage, des observances de ce monde et un culte répudié. Étant petits et ignorants et ne participant pas de la noblesse véritable, ils détestent ce qu’ils sont et aiment ce qu’ils ne sont pas. En effet, ils n’ont pas conçu que la connaissance de la Grandeur émane d’en haut et d’une source de vérité, et non d’esclavage ni de jalousie, ni 6 de crainte, ni d’un désir de la matière de ce monde. Car ce qui n’est pas à eux et ce qui est à eux, ils l’utilisent sans crainte et avec licence. Ils n’éprouvent nul désir, parce qu’ils ont une autorité et une loi venant d’eux-mêmes sur ce qu’ils pourraient désirer. — Mais habituellement, ceux qui ne possèdent pas sont pauvres, c’est à- dire ceux qui ne le possèdent pas, et ils le désirent. — Et ils égarent ceux qui sont parmi eux, comme s’ils pouvaient disposer véritablement de leur liberté, comme ils nous ont placés sous le joug et la contrainte de l’observance et de la crainte. Celui-ci est dans l’esclavage. Et celui qu’ils entraînent par la contrainte violente et la menace est sous la surveillance de leur dieu.

    Au contraire, celui qui appartient totalement à la race noble de la Paternité n’est pas gardé, car il garde lui-même ce qui est sien, sans parole ni contrainte. Il est uni à sa volonté, celui qui appartient à la pensée même de la Paternité, pour la rendre parfaite et ineffable grâce à l’eau vive. Soyez dans la sagesse les uns envers les autres non seulement dans l’écoute de la parole, mais en acte et dans l’accomplissement de la parole. En effet, c’est ainsi que les parfaits sont dignes d’être établis et d’être réunis à Moi de sorte qu’ils ne succombent à aucune inimitié dans une communion bénéfique. C’est moi qui agis en toute chose en celui qui est bon, car telle est l’union de la vérité, de sorte qu’ils n’aient aucun adversaire. Mais quiconque est source de division — et il ne s’accordera avec personne puisqu’il divise et qu’il n’est pas un ami — est un ennemi pour tous. Au contraire, celui qui vit dans l’accord et la communion de l’amour fraternel, par nature et non par position, en totalité et non partiellement, celui-là est vraiment la volonté du Père. Il est l’universel et l’amour parfait.

    Quelle dérision qu’Adam qui a été modelé en contrefaçon d’une forme d’homme par l’Hebdomade, comme si elle eût été plus puissante que Moi et mes frères ! Mais nous, nous sommes innocents face à elle car nous n’avons pas péché. Quelle dérision qu’Abraham, Isaac et Jacob qui furent faussement appelés pères par l’Hebdomade, comme si elle eût été plus puissante que Moi et mes frères ! Mais nous, nous sommes innocents face à elle car nous n’avons pas péché. Quelle dérision que David dont le fils a reçu le nom de Fils de l’Homme, alors qu’il était possédé par l’Hebdomade, comme si elle eût été plus puissante que Moi et ceux de ma race ! Mais nous, nous sommes innocents face à elle car nous n’avons pas péché. Quelle dérision que Salomon, pensant avoir reçu l’onction, il fut poussé à l’orgueil par l’Hebdomade, comme si elle eût été plus puissante que Moi et mes frères ! Mais nous, nous sommes innocents face à elle car nous n’avons pas péché. Quelle dérision que les douze prophètes qui furent une fausse imitation des vrais prophètes, ils furent une contrefaçon produite par l’Hebdomade, comme si elle eût été plus puissante que Moi et mes frères ! Mais nous, nous sommes innocents face à elle car nous n’avons pas péché.

    Quelle dérision que Moïse, esclave fidèle, en lui donnant le nom de compagnon on fait preuve d’impiété, car jamais il ne m’a connu, ni lui ni ceux qui l’ont précédé ! Depuis Adam jusqu’à Moïse et Jean le Baptiste, personne parmi eux ne m’a connu, ni Moi ni mes frères. Ce n’était en effet qu’un enseignement dispensé par leurs anges, des observances alimentaires et une amère servitude, de sorte qu’ils n’ont jamais connu la Vérité ni ne la connaîtront. En effet, une grande illusion recouvre leur âme en sorte qu’ils ne pourront jamais concevoir la liberté ni la connaître, tant qu’ils ne connaîtront pas le Fils de l’Homme. Mais au sujet de mon Père, le monde ne m’a pas compris et pour cette raison, il s’est dressé contre Moi et mes frères. Mais nous, nous sommes innocents face à lui, nous n’avons pas péché.

    Quelle dérision en effet, que l’Archonte, quand il a dit : « Je suis Dieu et nul n’est plus grand que moi ». — « Moi seul suis le Père et le Seigneur et il n’y en a aucun autre en dehors de moi. » — « Je suis un Dieu jaloux qui reporte les péchés des pères sur les fils jusqu’à la troisième et la quatrième génération », comme s’il eût été plus puissant que Moi et mes frères ! Mais nous, nous sommes innocents face à lui car nous n’avons pas péché. Nous sommes tellement supérieurs à son enseignement qu’il se trouve dans une vaine gloire et n’est pas en accord avec notre Père. Et notre communion a si bien prévalu sur sa doctrine qu’il s’enorgueillit dans une vaine gloire et n’est pas en accord avec notre Père. En effet, c’était-là dérision, jugement et fausse prophétie.

    Ô vous qui ne voyez pas, vous ne voyez pas votre aveuglement ! En effet, celui qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont jamais connu ni compris, ils n’ont pas prêté une oreille attentive à son sujet. C’est pourquoi ils ont médité un jugement erroné et ils ont levé leurs mains souillées et meurtrières sur lui comme s’ils battaient l’air. Quant aux insensés et aux aveugles, ils sont toujours insensés et toujours esclaves d’une Loi et d’une crainte de ce monde.

    Je suis Christ, le Fils de l’Homme, qui est issu de vous ; je suis en vous pour être méprisé à cause de vous afin que vous-mêmes, vous oubliiez la différence. Et ne devenez pas femme de peur que vous n’engendriez le mal et ses frères : jalousie et discorde, colère et emportement, crainte et duplicité, et désir vain, dépourvu d’existence. Mais je suis pour vous un mystère ineffable.

    ESCHATOLOGIE

    Dès, avant la fondation du monde, lorsque se fut réunie la multitude entière de l’Église au-dessus des lieux de l’Ogdoade, et qu’elle se fut concertée, elle célébra un mariage spirituel qui est une union. Et ainsi fut-il accompli dans les lieux ineffables par le Verbe vivant : le mariage immaculé est accompli grâce à la position intermédiaire de Jésus qui prépare et règle toute chose, car il est issu d’une volonté puissante, sans division. Formant un cercle autour de lui, il lui apparaît

    comme leur Unité à tous, Pensée et Père puisqu’il est un. Et il se tient auprès de tous ; tout entier, il a jailli de lui-même et il est vie issue du Père de la vérité indicible et parfaite de ceux qui sont en ce lieu, l’union de la paix, ami du bien, vie éternelle et joie immaculée, dans une grande harmonie de vie et de foi par la vie éternelle de la Paternité et de la Maternité, de la Fraternité et de la Sagesse spirituelle. Ils s’étaient unis à un l’Intellect se déployant. Il se déploiera dans une union joyeuse, solide, et obéissant à un seul. Et cela se produit dans la Paternité, la Maternité, la Fraternité spirituelle et la Sagesse. Et c’est un mariage de vérité et un repos incorruptible dans l’Esprit de vérité en chaque intellect, et une 1 lumière parfaite dans un mystère ineffable. Or cela n’est pas ni ne saurait arriver parmi nous, en quelque région ou lieu, dans la division ou la rupture de la paix. Au contraire, c’est une réunion et un repas d’amour fraternel, du fait que tous sont parfaits en Celui qui est.

    Cela s’est produit aussi dans les lieux qui sont en dessous du ciel, en vue de réunir ceux qui m’ont connu de manière salutaire et sans division avec ceux qui existaient pour la gloire du Père et de la Vérité : après avoir été séparés, ils ont été restaurés dans l’unité par le Verbe vivant. Et je réside dans l’Esprit et dans la Vérité maternelle. Cela est arrivé ici-bas de la manière suivante : j’ai habité en ceux qui sont réunis en tout temps dans une communauté fraternelle et qui ne connaissent nulle hostilité ni malice, mais qui sont réunis par ma connaissance, dans la parole et la paix qui réside en plénitude avec tous et en tous. Et ceux qui se sont conformés à mon exemple recevront la forme de ma Parole. Ils avanceront dans une Lumière éternelle et dans une fraternité mutuelle dans l’Esprit, ayant reconnu en toute chose, sans division, que ‘Celui qui est’ est un. Et ils sont tous un et ainsi ils recevront un enseignement au sujet de l’Un, comme l’Église et ceux qui sont réunis en elle. Car le Père est en tous, il est incommensurable et immuable : Intellect, Parole, Séparation, Feu et Flamme. Et il est tout entier un puisqu’il est tout en tous dans un seul enseignement, puisque tous sont issus d’un seul Esprit.

    Ô aveugles, que n’avez-vous connu le mystère en vérité ? Au contraire, les archontes de la sphère de Ialdabaoth furent indociles concernant la Pensée qui descendit vers celui-ci de la part de sa soeur Sagesse. Ils se sont fabriqué une réunion avec ceux qui sont en leur compagnie dans un mélange de nuée de feu — c’était leur jalousie — et avec tous les autres qui ont été produits par les créatures qu’ils ont modelées, comme s’ils avaient pétri le noble plaisir de l’Église. Et pour cette raison, ils ont révélé un mélange d’ignorance dans une contrefaçon de feu et de terre et un meurtrier, car ils sont petits et sans instruction. C’est sans savoir qu’ils ont eu cette audace et ils n’ont pas compris que la lumière s’unit à la lumière, les ténèbres aux ténèbres, la souillure à la corruption et l’incorruptible à l’immaculé.

    ÉPILOGUE

    Mais cela, je vous l’ai transmis, Moi, Jésus-Christ, le Fils de l’Homme qui est élevé au-dessus des cieux, ô parfaits et immaculés, au sujet du mystère immaculé et parfait et de l’ineffable — mais ils pensent que nous nous sommes soumis à leurs décrets depuis la fondation du monde — afin que, lorsque nous sortirons des lieux de ce monde, nous nous donnions là-bas les symboles de l’incorruptibilité, grâce à la réunion spirituelle, dans le but de nous faire reconnaître.

    Mais vous, vous ne savez pas cela parce que le nuage de la chair vous couvre de son ombre. C’est Moi le conjoint de la Sagesse elle-même, j’ai demeuré dans le sein du Père depuis le commencement, dans la demeure des fils de la Vérité et de la Grandeur. Aussi, reposez avec Moi, mes compagnons dans l’Esprit et mes frères pour l’éternité ! Deuxième Traité du Grand Seth.

    Notes sur le Deuxième Traité du Grand Seth
    Sous la fiction d’un discours de révélation mis dans la bouche de Jésus Christ, le Fils de l’Homme , le Deuxième Traité du Grand Seth s’adresse à des chrétiens qu’il exhorte à maintenir entre eux l’unité et à se séparer d’adversaires adeptes de doctrines qui se sont imposées au cours du IIe siècle comme celles du christianisme orthodoxe. Il dénonce en effet comme erreur et source d’esclavage la valeur rédemptrice des souffrances et de la mort du crucifié, l’interprétation paulinienne du baptême comme participation à la mort du Christ et l’appréciation positive des écritures juives, qui deviendront l’Ancien Testament des chrétiens. La fonction de ce texte étant manifestement de persuader et non d’instruire, on n’y trouve nul exposé systématique d’un corps de doctrine bien défini. Aux opinions qu’il combat, il oppose une interprétation de la passion de type docète, des allusions cosmogoniques et une représentation du salut qui présupposent à la fois des doctrines que l’on trouve exposées dans les textes valentiniens et dans les textes séthiens de la bibliothèque de Nag Hammadi. Ce syncrétisme de courants gnostiques divers est probablement l’indice d’une date de composition plutôt tardive, sans doute postérieure au dernier quart du IIe siècle.

    S’il faut chercher ses sources d’inspiration aussi bien du côté du valentinisme, en particulier pour les thèmes liés au salut et à l’eschatologie, que du côté du séthianisme, il faut observer que ce texte s’apparente beaucoup, par son thème central qui est la passion du Sauveur, à l’Apocalypse de Pierre et à la Lettre de Pierre à Philippe.

    Outre l’aspect fortement polémique qui le distingue, l’intérêt particulier du Deuxième Traité du Grand Seth réside dans le fait d’avoir utilisé des matériaux vraisemblablement tirés de sources écrites antérieures à sa composition et qui pourraient remonter à Basilide, ce maître chrétien qui enseigna à Alexandrie dans la première moitié du IIe siècle, et qui ne nous est connu autrement que par les témoignages des hérésiologues.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:47

    EXTRAIT DU DISCOURS PARFAIT

    H VI, 8) Traduit du copte par Jean-Pierre Mahé Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,

    à l’université de Laval, Québec, Canada.


    Trismégiste dialogue avec Asclépius dans le sanctuaire d’un temple égyptien . Tat et Ammon assistent silencieusement à l’entretien)

    I. L’HOMME ET LE DIVIN

    1° L’homme et le Dieu suprême

    Le mystère de fécondité

    (TRISMÉGISTE) (65) (Ascl 21…) Et si tu veux contempler la réalité de ce mystère, regarde l’image merveilleuse de l’union consommée par le mâle et la femelle : une fois arrivée à son terme, la semence jaillit. Alors , la femelle reçoit la puissance du mâle et le mâle, de son côté, reçoit pour lui la puissance de la femelle, car tel est bien l’effet de la semence ! C’est pourquoi le mystère de l’union est accompli en secret, de crainte que les deux sexes ne semblent indécents à la foule qui ne sait pas vraiment à quoi s’en tenir en cette matière.

    En effet, c’est en particulier que chacun transmet son principe générateur. Car, pour ceux qui ignorent ce qu’est vraiment cette œuvre, si elle se produit en leur présence, elle devient un objet de raillerie et d’incrédulité ! Pourtant, tout au contraire, il s’agit de mystères sacrés en paroles et en actes non seulement on ne saurait les entendre, mais on ne saurait non plus les voir.

    La science et la gnose, remèdes de l’âme

    Aussi, les gens de cette espèce, les ignorants, sont des blasphémateurs, des athées et des impies. (Ascl 22) Quant à ceux de l’autre sorte, les hommes pieux, ils ne sont pas nombreux, mais bien peu qu’on puisse dénombrer ! La raison pour laquelle la malice se rencontre en beaucoup, c’est qu’ils n’ont pas la science des choses qui existent réellement. Car la gnose des choses qui existent réellement est, en vérité, le remède aux vices de la matière. C’est pourquoi la science est issue de la gnose. Or, quand il y a de l’ignorance et que la science fait défaut à l’âme humaine, les vices y persistent et n’ont point de remède, tandis que la malice les accompagne, à la façon d’une blessure irrémédiable. Cette blessure gangrène l’âme, qui s’empuantit, rongée aux vers par la malice.

    La création de l’homme

    Toutefois, Dieu est innocent de ces maux, car il a envoyé aux hommes la gnose et la science. (ASCLÉPIUS 26) Ô Trismégiste, est-ce seulement aux hommes qu’il les a envoyées ? (TRISMÉGISTE) Oui, ô Asclépius, il ne les a envoyées qu’à eux ! Mais il vaut la peine que nous te disions pourquoi c’est seulement aux hommes, qu’il a accordé en grâce la gnose et la science, comme leur part de sa bonté.

    Maintenant donc, écoute : Le Dieu, Père et Seigneur, a créé l’homme après les dieux, et il l’a tiré de (67) l’élément matériel. Comme il a introduit dans sa fabrication la matière en quantité égale à son souffle, les vices y demeurent. De là, ils se répandent sur son corps, car il ne saurait subsister sans user de cette matière comme nourriture, lui qui est un être vivant. Puisqu’il est mortel, il est en outre inévitable que des désirs lui viennent hors de propos et lui fassent du mal.

    Mais les dieux, qui sont tirés d’une matière pure, n’ont pas besoin de science ni de gnose. Car l’immortalité des dieux est pour eux la science et la gnose : puisqu’ils sont tirés d’une matière pure, c’est elle qui leur a tenu lieu de gnose et de science, conformément à la Nécessité. L’homme, au contraire, Dieu l’a distingué, il l’a établi dans la science et la gnose. Pour les raisons que nous avons dites avant, il a porté ces facultés à leur perfection afin que, grâce à elles, l’homme éloignât les vices et les malices d’ici-bas, selon sa divine volonté.

    2° L’homme et les dieux-astres

    La nature mortelle de l’homme, Dieu l’a menée vers l’immortalité. l’homme est devenu bon et immortel, ainsi que je l’ai dit. Dieu lui a créé en effet, deux natures : l’immortelle et la mortelle ; et il est arrivé ainsi selon la volonté (68 ) de Dieu, que l’homme est supérieur aux dieux, car les dieux, pour leur part, sont seulement immortels, mais les hommes, eux, sont immortels et mortels à la fois. C’est pourquoi l’homme est devenu parent des dieux, et ils ont mutuellement connaissance de leurs affaires, avec certitude. Les dieux, de leur côté, connaissent ce qui est aux hommes, et les hommes connaissent ce qui est aux dieux.

    (Ascl 23) Je ne parle cependant, ô Asclépius, que des hommes qui ont reçu la science et la gnose : quant à ceux qui en sont dépourvus, il vaut mieux que nous n’en disions rien de fâcheux, car, puisque nous sommes consacrés aux dieux il nous sied de tenir des propos épurés.

    3° L’homme créateur de dieux sur terre

    Puisque nous en sommes venus à parler de la communion des dieux et des hommes, apprends, , ô Asclépius, ce que l’homme aura de puissance grâce à cela ! De même, en effet, que le Père, Seigneur du Tout, fait des dieux, ainsi l’homme, de son côté – cet être qui vit au ras du sol, ce mortel qui ressemble également à Dieu – lui aussi, à son tour, il fait des dieux ! Non seulement il est fortifié, mais il fortifie, non seulement il est divinisé, mais il fait des dieux ! Admires-tu cela, ô Asclépius, ou es-tu, toi aussi, incrédule comme la foule ?

    (ASCLÉPIUS) (69 ) Ô Trismégiste, je ne trouve pas de paroles à répondre ; je te crois bien quand tu parles, mais je suis stupéfait de ce que tu dis là, et je compte l’homme pour bienheureux d’avoir reçu cette grande puissance !

    (TRISMÉGISTE) De fait, lui qui est plus grand que tous ces êtres, ô Asclépius, il est digne d’admiration ! Ce qui nous apparaît pour l’engeance des dieux – et nous en tombons d’accord, ainsi que tout un chacun – c’est qu’elle est tirée d’une matière pure. Leurs corps sont donc uniquement des têtes. Mais ce que les hommes façonnent, c’est la ressemblance des dieux. Puisque les hommes sont tirés du dernier élément de la matière, et que ce qui est façonné est issu de l’essence inférieure des hommes, non seulement ces dieux ont des têtes, mais aussi toutes les autres parties du corps, à la ressemblance de leurs auteurs. De même que Dieu a voulu que l’homme intérieur fût fait à son image, de même, pour sa part, l’homme fait des dieux sur terre, à sa ressemblance.

    (ASCLÉPIUS) (Ascl 24) Ô Trismégiste, n’est-ce pas des statues que tu parles ?(TRISMÉGISTE) Ô Asclépius, c’est toi qui parles de « statues » !

    Tu vois comme, toi aussi, ô Asclépius, tu es incrédule à l’égard de la parole quand tu dis, à-propos d’êtres qui ont en eux âme et souffle : « les statues » ! Elles qui accomplissent de si grands miracles ! Tu dis, à propos d’êtres qui délivrent des prédictions : « les statues » ! Elles qui causent (70) des maladies et qui les guérissent, qui envoient aussi les épidémies !


    II. PRÉDICTION SUR L’ÉGYPTE ET SES DIEUX

    1° Annonce d’une catastrophe

    DÉPART DES DIEUX

    Ne sais-tu pas, ô Asclépius, que l’Égypte est une image du ciel, bien plutôt la demeure du ciel et de toutes les puissances qui sont dans le ciel ? S’il nous convient de dire la vérité, notre pays est le temple du monde ! Il ne faut pas non plus que tu ignores qu’un temps viendra où les Égyptiens sembleront avoir déployé en vain leur zèle envers la divinité, et leur application toute entière au culte divin sera méprisé. En effet, la divinité toute entière quittera l’Égypte et remontera au ciel, et l’Égypte sera veuve, elle sera désertée des dieux.

    Invasion étrangère

    Car les étrangers entreront en Égypte et ils domineront sur elle. L’Égypte, et, avant tout, les Égyptiens, seront empêchés de rendre un culte à Dieu. Bien plus, ils encourront le suprême châtiment, comme quiconque, parmi eux, sera pris à honorer Dieu pieusement. Et en ce jour-là ce pays, qui est pieux au-dessus de tous les pays, se verra devenir impie. Il ne sera plus rempli de temples, mais rempli de tombeaux et il ne sera plus rempli de dieux, mais de cadavres. O Égypte, Égypte ! Mais tes dévotions passeront pour des fables, et tes cultes divins, (71) nul n’y croira plus, bien qu’il s’agisse d’œuvres prodigieuses et de paroles saintes. Or, si tes mots qui font merveille ne sont plus que des pierres gravées, alors le barbare l’emportera contre toi, ô Égyptien, par sa piété : qu’il soit Scythe ou Indien, ou tout autre du même genre !

    Mais pourquoi même parler de l’Égyptien ? Car ceux-ci quitteront eux-aussi l’Égypte. Une fois, en effet, que les dieux auront abandonné l’Égypte et seront remontés au ciel, alors, tous les Égyptiens périront et l’Égypte sera vidée des dieux et des Égyptiens. Et toi, ô fleuve ! Un jour viendra où tu couleras de sang, plutôt que d’eau ; quant aux cadavres, ils iront jusqu’à s’entasser au-dessus des digues ! Pourtant, on ne pleurera pas le mort autant que le vivant : pour celui-ci, on ne le reconnaîtra comme Égyptien qu’à sa langue et en s’y prenant à deux fois – (Ascl 25) à quoi bon pleurer, ô Asclépius – car il aura tout l’air d’un étranger, d’après son comportement !

    Inversion des valeurs

    Mais la divine Égypte endurera des maux encore plus grands que ceux-là : L’Égypte, l’amante des dieux, la demeure des dieux, l’école de la piété, deviendra l’image de l’impiété ! Alors, en ce jour-là, l’univers ne sera plus admiré. (72 ) ...... et l’impiété. On ne l’adorera plus quand nous disons : « il est aussi beau que bon, et il n’y en a jamais eu un semblable ni pareil spectacle ! » Au contraire, le voilà qui risque de devenir un fardeau pour tous les hommes. C’est pourquoi, on le méprisera, ce monde magnifique créé par Dieu, œuvre qui n’a pas sa pareille, réalisation pleine de vertu, spectacle multiforme, chorégie exercée sans envie, remplie de tout objet de contemplation ! On préférera les ténèbres à la lumière et l’on préférera la mort à la vie. Personne n’élèvera plus son regard vers le ciel ; mais l’homme pieux sera compté pour fou, l’homme impie sera honoré comme un sage, le couard sera compté pour vaillant et l’on châtiera l’homme de bien comme un malfaiteur.

    Quant à l’âme et aux choses de l’âme, ainsi qu’à celles de l’immortalité et au reste de ce que je vous ai dit, ô Tat, Asclépius et Ammon, non seulement on pensera qu’il s’agit là de choses ridicules, mais encore, on les bafouera. Bien plus, croyez-moi sur ce point, les spirituels de cette sorte encourront, pour leur vie, le suprême péril. Une loi nouvelle sera établie : (73) rien de saint, rien de pieux, rien de digne du ciel ni des dieux célestes ne s’entendra ni ne se croira plus.

    CATASTROPHE COSMIQUE

    Ils s’en iront alors, les génies bienfaisants, et les mauvais anges resteront avec les hommes, se joignant à eux pour les entraîner au mal en toute impudence, à l’impiété, aux guerres, aux brigandages, leur enseignant ce qui est contre nature. En ces jours-là, la terre n’aura plus d’assise et l’on ne naviguera plus sur la mer, on ne connaîtra plus les étoiles au ciel. Toute voix sainte ou parole de Dieu, on sera forcé de s’en taire, et l’air sera malade. (Ascl 26) Telle est la vieillesse du monde : athéisme et déshonneur, dédain de toute parole de bien !

    2° Rétablissement de l’ordre

    Renaissance du monde

    Quand cela se produit, ô Asclépius, alors le Seigneur, Père et Dieu, Démiurge du Premier Dieu unique, commence par observer ce qui est arrivé. Puis, dressant contre les désordre, son conseil qui est le bien, il extirpe l’erreur et retranche la malice : tantôt il la consume dans un feu violent, et tantôt, il l’écrase sous les guerres et les pestilences, jusqu’à ramener (74) et rétablir son univers à l’état ancien, de sorte qu’il paraisse à nouveau digne d’adoration et d’émerveillement et que Dieu lui-même soit glorifié comme Créateur de cette œuvre Telle est donc la naissance du monde : le rétablissement de la nature des choses saintes et bonnes, qui se produira par l’effet du mouvement circulaire du temps qui n’a jamais eu de commencement.

    La volonté divine


    Car la volonté de Dieu n’a pas de commencement, non plus que sa nature, qui est sa volonté. En effet, la nature de Dieu, c’est la volonté, et sa volonté, c’est le bien.

    (ASCLÉPIUS) Ô Trismégiste, son conseil, est-ce sa volonté ?

    (TRISMÉGISTE) Oui, ô Asclépius, puisque sa volonté est dans son conseil. En effet, ce qu’il a, ce n’est pas dans la déficience qu’il le veut : étant de partout Plénitude, il veut ce qu’il possède en plénitude et c’est tous les biens qu’il possède. Or, l’objet de sa volonté, il le veut, et il a le bien qu’il veut ; donc il a le Tout. Ainsi, Dieu conçoit sa volonté et le monde, qui est bon, est l’image d’un Dieu bon.

    Hiérarchie des dieux

    (ASCLÉPIUS) Ô Trismégiste, est-ce que le monde est bon ?

    (TRISMÉGISTE) Ô Asclépius, il est bon, comme je vais te l’enseigner. De même, en effet, (75) que pour tous les genres et individus qui sont au monde, tous ces bienfaits, l’intellect, l’âme et la vie proviennent de Dieu, de même le Soleil dispense les biens dans la matière : les changements de l’atmosphère, et la beauté de la maturation des fruits et tout ce qu’il y a de semblable. C’est pourquoi Dieu règne au-dessus de la cime du ciel : il est partout et regarde partout. Mais, au lieu qui est sien, il n’y a ni ciel ni étoiles ; il est bien éloigné des corps ! Quant au Démiurge, il domine le lieu qui est entre la terre et le ciel. C’est lui qu’on appelle Zeus, c’est-à-dire la Vie. Et Zeus-Ploutonios, c’est lui qui est Seigneur sur la terre et la mer. Mais il ne détient pas la nourriture de tous les vivants mortels, car c’est Korè qui porte les moissons. Ces puissances, en tout temps, exercent leur pouvoir tout autour de la terre ; celles des autres dieux, en tout temps, sur tout ce qui existe.

    Retour des dieux tutélaires

    Mais ils se retireront de là-bas, les Seigneurs de la terre, et ils s’établiront dans une ville située à l’extrémité de l’Égypte, que l’on construira du côté du soleil couchant : tous les hommes y entreront soit ceux qui arriveront par mer, soit ceux qui arriveront par la terre ferme !

    (ASCLÉPIUS) Ô Trismégiste, pour l’instant, ces dieux-là, où seront-ils établis ?

    (TRISMÉGISTE) Ô Asclépius, dans la grande ville qui est sur la montagne (76)de Libye . Mais en voilà assez sur cette question.

    III. L’AU-DELÀ ET LE JUGEMENT DES ÂMES

    Ne pas craindre la mort

    Il nous faut maintenant parler de la mort, car la mort effraie la foule comme le plus grand mal, par ignorance de la réalité. En fait, la mort survient comme le détachement des souffrances du corps, et une fois accompli le nombre d’années imparti aux jointures du corps. Le nombre est en effet la jointure du corps, et le corps meurt quand il ne peut plus soutenir l’être humain. Voici donc ce qu’est la mort : dissolution du corps et suppression de la sensibilité corporelle. Il ne faut craindre ni l’une ni l’autre, mais bien plutôt ceci, que l’on ignore par incrédulité.

    Le jugement

    (ASCLÉPIUS) Qu’est-ce donc, ô Trismégiste, que l’on ignore et qui laisse incrédule ?

    (TRISMÉGISTE) Écoute, ô Asclépius ! Il y a un Grand Démon que le Grand Dieu a préposé comme inspecteur ou juge des âmes humaines. Or, Dieu l’a installé au milieu de l’air, entre la terre et le ciel. Quand donc l’âme sortira du corps, inéluctablement, elle rencontrera ce Démon. Alors, il fera rebrousser chemin à cet homme, l’examinant sur la façon dont il aura agi durant sa vie : et, s’il trouve qu’il a accompli avec piété toutes les œuvres en vue desquelles il est venu au monde, cet homme-là, il le placera (77) dans la région qui lui sied ....... le fait retourner Mais s’il voit,...... qu’un tel homme a passé sa vie dans les œuvres mauvaises, il l’attrape au moment où il prend son essor vers les hauteurs, et il le précipite vers le bas, en sorte que le voilà suspendu dans le ciel inférieur, où on lui inflige un grand châtiment ;

    L’enfer aérien

    Or, cet homme-là sera privé de son espérance, demeurant en grande affliction : et cette âme-là n’a pu trouver assiette ni sur terre, ni dans le ciel, mais elle a abouti dans la mer aérienne, là où il y a un grand feu, avec de l’eau glacée, ainsi que des traînées de flammes et un grand tourment, où les corps se voient supplicier, jamais semblablement entre eux : tantôt ils sont précipités dans des eaux courantes, tantôt ils sont jetés au fond du feu, qui doit les anéantir. Toutefois, je ne dirai pas que c’est là la mort de l’âme – car voilà qu’elle serait délivrée du mal – mais c’est là une sentence de mort.

    Ô Asclépius, il faut croire à ces peines, et tu dois bien les redouter, de crainte que nous n’y tombions. Car, pour les incrédules, ils sont impies et ils pèchent. Mais après, ils seront contraints d’y croire. En effet, il n’y aura plus seulement des discours à entendre, mais ils subiront la réalité même : aussi bien, ils ne croyaient pas qu‘ils endureraient cela !

    Équité des sentences

    (ASCLÉPIUS) N’est-ce pas seulement (78) la loi humaine qui punit les péchés des hommes, ô Trismégiste ?

    (TRISMÉGISTE) Tout d’abord, Asclépius, tout ce qui est terrestre est mortel et corps ........ qui sont mauvais. Toute forme qui , est bonne auprès des gens de cette sorte. Car les choses de ces lieux-ci, ne ressemblent pas à celles de là-bas. Comme les génies ........ les hommes, méprisent ................ de là-bas n’est pas de même espèce. Mais, en réalité, les dieux de ce lieu-là puniront spécialement le coupable qui est resté caché ici-bas, lui infligeant chaque jour un rude châtiment.

    (ASCLÉPIUS) O Trismégiste, de quelle nature est l’impiété la plus grande ?

    (TRISMÉGISTE) Ne penses-tu donc pas, ô Asclépius, que si quelqu’un vole un objet dans un temple, il se comporte en impie, – car c’est un brigand que l’homme de cette espèce, et un voleur – et de cette affaire-là, dieux et hommes en sont affligés ? Mais les choses d’ici-bas et celles de l’autre lieu, ne les compare pas entre elles !

    Supplice des âmes perverses

    Or, je veux te tenir ce propos comme un mystère, car il ne recevra absolument aucun crédit : les âmes qui sont entièrement remplies de méchanceté ne seront pas admises à circuler dans l’air, mais seront établies dans les lieux relevant des démons qui ont abondance de supplices. En tout temps ils sont pleins de sang et de meurtre et leur nourriture, c’est les larmes, le deuil et le sanglot !

    (ASCLÉPIUS) Ô Trismégiste, qui sont-ils ?

    (TRISMÉGISTE) Ô Asclépius, ceux qu’on appelle les « Étrangleurs » et ceux qui roulent les âmes du haut des collines vers le bas, et ceux qui leur donnent le fouet, qui les jettent à l’eau, qui les jettent au feu, et qui travaillent aux tourments des hommes et à leur malheur ! Car ces maux-là ne sont pas conçus d’une âme divine, ni d’une âme raisonnable et humaine, mais ils sortent du plus mauvais de la malice.

    La piété, unique sauvegarde


    Or, il n’y a qu’une seule sauvegarde, et qui est de soi nécessaire, c’est la piété ; car sur l’homme pieux, saint et vénérable, ni mauvais génie, ni Fatalité ne sauraient jamais dominer ou avoir prise ! Dieu, en effet, protège de tout mal l’homme qui est ainsi véritablement pieux. Le seul et unique bien parmi les hommes, c’est la piété.


    Notes sur le Discours Parfait

    L’état de conservation du codex est variable et ces deux textes présentent quelques lacunes sur la plupart des feuillets. Tous deux sont rédigés en sahidique, un dialecte copte, le Logos Teleios aurait été écrit en grec mais la date de sa composition est inconnue. La notice du scribe a été rédigée en copte et écrite par le même scribe qui a copié le reste du codex VI. La première publication moderne des Définitions hermétiques, préservées dans six manuscrits arméniens copiés entre le XIIIe et le XVIe siècle, eut lieu en 1956. La première traduction en langue française a été faite par le professeur Mahé en 1976, sa traduction dans ce présent volume constituant une révision de son premier travail. La langue originale de ce texte aurait été le grec, et le professeur Mahé date cette traduction en arménien du milieu du VIe siècle.

    La notice du scribe est assez brève. Pour le professeur Mahé, le scribe s’adresse à des interlocuteurs qu’il connaît pour poser une question précise, il déclare hésiter sur le texte qu’il convient de recopier, désirant s’informer d’abord de voeux et des besoins des futurs lecteurs. Après avoir analysé cette notice, il émet l’hypothèse que celle-ci fournit quelques explications sur la diffusion des écrits hermétiques, la date de leur traduction copte et sur les usagers de la Bibliothèque copte de Nag Hammadi.

    Le texte grec en partie perdu du Logos Teleios, et traduit en latin dans l’Asclepius, correspond aux pages 152-200 du volume. La version latine est donnée avec le texte copte et sa traduction française. Ce texte, prétendument un dialogue entre Hermès Trismégiste et son disciple Asclépius, commence avec une surprenante comparaison très explicite entre une union charnelle et la transmission de mystères sacrés (65,35). Cette association est également présente dans le texte 7 du codex VI, mais de façon beaucoup moins explicite. Suit une discussion sur l’origine et la nature de l’homme. Dans cette discussion, les humains sont dits supérieurs aux dieux, parce qu’ils sont à la fois mortels et immortels. L’immortalité s’acquiert par l’apprentissage et la connaissance. Ce passage semble être une défense du culte des idoles.

    Par la suite, l’Égypte est exaltée comme étant une image du ciel (70,), mais le texte prédit de terribles choses pour cette terre. Le dialogue prend prétendument place dans un passé lointain, son auteur utilise cette fiction pour donner son opinion sur des événements passés : la désacralisation de la terre d’Égypte et son abandon par les dieux (71,). Dans le passage suivant, Hermès se lamente sur le monde qui deviendra bientôt un fardeau pour l’homme alors qu’il était une si belle chose (71,). Cependant, après ces fléaux, une régénération du monde est à venir «et telle est la naissance du monde[….], le rétablissement des choses saintes et bonnes» (74,). Le texte fini par la description du grand démon qui a été assigné «pour être inspecteur ou juge des âmes humaines» (76,). En quittant son corps, l’âme monte vers le ciel où elle rencontre le grand démon. Si l’âme est bonne, elle pourra continuer son ascension, mais «les âmes qui sont entièrement remplies de méchanceté ne seront pas admises à circuler dans l’air, mais seront établies dans les lieux (relevant) des démons» et seront punies cruellement (78,).

    Les Définitions hermétiques sont, comme leur nom le suggère, une série de définitions et une brève discussion sur des concepts et des entités incluant la nature de Dieu, de l’âme, de l’homme, et de l’intellect. Dans sa structure, ce texte utilise une série de questions rhétoriques et auxquelles il répond par des formules dogmatiques. Les idées y sont développées très souvent par association et par progression de mots-clés et d’images. Dans sa discussion de l’hermétisme en général et de ces deux textes en particulier, le professeur Mahé couvre différents aspects et propose plusieurs hypothèses nouvelles, notamment sur les origines de l’hermétisme. Il soumet l’idée que la littérature hermétique était très bien structurée et que chaque sentence exprimait un concept fondamental ayant une structure et une interprétation propres. Cependant, quelles que soient ces sentences et les figures primitives de la sagesse employées, elles forment les bases pour toutes les spéculations hermétiques ultérieures. Pour le professeur Mahé, celles-ci, tantôt mythologiques, théologiques ou philosophiques, sont secondaires. Pour lui, elles résultent de traditions spéculatives et restent présentes dans tous les écrits ultérieurs. Sa démonstration de l’existence de ces sentences et son analyse de leur nature et de leurs fonctions s’appuie sur une impressionnante sélection de sources provenant aussi bien de la littérature ancienne de sagesse égyptienne que des textes bibliques, en passant par la rhétorique hellénistique et les textes de Nag Hammadi. Le professeur Mahé discute également du contenu eschatologique du Logos Teleios dans le contexte des nombreux matériaux eschatologiques trouvés à Nag Hammadi. Cela lui permet d’étendre sa discussion à l’intérêt que ce matériel avait pour les lecteurs de la Bibliothèque copte de Nag Hammadi pour soutenir que celui-ci résidait dans des éléments ascétiques, eschatologiques et dans le caractère de révélation de ces textes.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:47

    LA PRIÈRE D’ACTION DE GRÂCES

    (NH VI, 7)

    Traduit du copte par Jean-Pierre Mahé Bibliothèque copte de Nag Hammadi, à l’université de Laval, Québec, Canada.


    63 Voici la prière qu’ils on dite : « Nous te rendons grâces, nous, toutes les âmes, Et notre cœur est tendu vers toi, Ô Nom que n’entrave nul obstacle,

    64 Honoré du titre de Dieu Et béni du titre de Père ! « Car vers chacun et vers le Tout S’étend la bienveillance du Père, Son affection, sa faveur, Et comme enseignement, tout ce qu’il y a de doux et de simple, Qui nous apporte en grâce L’intellect, le discours et la gnose : L’intellect, pour que nous te concevions , Le discours, pour que nous nous fassions tes interprètes La gnose, pour que nous apprenions à te connaître.

    « Nous nous réjouissons d’avoir été illuminés par ta gnose ; Nous nous réjouissons parce que tu t’es montré à nous ; Nous nous réjouissons parce que, dans ce corps où nous sommes, tu nous as divinisés par ta gnose ! « L’humaine action de grâce parvenant jusqu’à toi N’a qu’un seul but : apprendre à te connaître. Nous t’avons connu(e), ô lumière de l’intellect ! Ô vie de la vie, nous t’avons connu(e) !

    Ô matrice de toute semence nous t’avons connue ! Ô matrice fécondée par la génération du Père, nous t’avons connue ! Ô durée perpétuelle du Père qui enfante ! « Ainsi vénérant ta bonté, Nous n’avons qu’un seul vœu à te soumettre : Nous voulons être préservés dans la gnose ! Nous ne voulons que cette unique sauvegarde : (65) ne pas déchoir de ce genre de vie ! »

    Une fois cette prière dite, ils s’embrassèrent les uns les autres et allèrent manger leur nourriture qui était pure et ne contenait pas de sang

      La date/heure actuelle est Sam 23 Nov 2024 - 15:54