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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    LE TRAITÉ TRIPARTITE

    Arlitto
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:40

    LE TRAITÉ TRIPARTITE


    Traduit du copte par Louis Painchaud et Einar Thomassen .Bibliothèque copte de Nag Hammadi.

    constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, l’oeuvre d’un maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel l’Église valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de l’hérésie valentinienne.

    PREMIÈRE PARTIE : PROTOLOGIE

    Quoi que nous puissions dire des choses d’en haut, il convient que nous commencions par le Père qui est la racine du Tout – dont nous avons reçu la grâce de pouvoir parler de lui —, car il existait alors que rien n’était encore venu à l’existence en dehors de lui seul.

    La triade originelle


    Le Père

    Le Père est un, tout en étant à la façon du multiple, car il est le premier et il est ce qu’il est seul à être. Mais il n’est pas pour autant un être solitaire, sinon comment serait-il Père ? Dès qu’il y a un « père » en effet, il s’ensuit qu’il y a un « fils ». Mais l’Un, qui seul est le Père, ressemble à une racine, avec un tronc, des branches et des fruits.

    On dit de lui qu’il est Père au sens propre, car il est incomparable et immuable, parce qu’il est au sens propre unique et dieu, car nul n’est un dieu pour lui et nul n’est pour lui un père — il est en effet inengendré — et nul autre ne l’a engendré, et nul autre ne l’a créé. C’est que celui qui est père ou créateur d’un autre a, lui aussi, un père et un créateur. Il est certes possible qu’il soit père et créateur de celui qui est issu de lui et qu’il a créé ; il n’est néanmoins à proprement parler, ni père ni dieu, du fait qu’un autre l’a engendré et créé. Au sens propre donc, le seul Père et Dieu est celui que personne n’a engendré, alors qu’il a engendré et créé le Tout. Il n’a ni principe ni fin. Non seulement il n’a pas de fin — il est inengendré parce qu’il est immortel —, mais encore il est inébranlable en son être éternel, et en ce qu’il est, et en ce par quoi il est stable, et en ce par quoi il est grand. Lui-même ne saurait se déplacer de ce en quoi il est, et nul autre ne saurait le contraindre à prendre fin contre sa volonté. Il n’a admis aucun initiateur de son être.

    C’est ainsi qu’il ne se change pas lui-même, et aucun autre ne le pourra déplacer de ce en quoi il se trouve, ni de ce qu’il est, ni de ce en quoi il est, ni de sa grandeur, de sorte qu’on ne peut le déplacer et qu’il est impossible qu’un autre le change en une forme différente, soit pour l’amoindrir, soit pour l’altérer ou pour le diminuer, puisque c’est ainsi qu’il est en toute vérité l’Immuable qui ne change pas et que revêt l’inaltérable. En effet, non seulement l’appelle-t-on « sans principe » et « sans fin » du fait qu’il est inengendré et immortel, mais tout comme il n’a pas de principe, il n’a pas non plus de fin.

    Par son mode d’existence, il est inaccessible en sa grandeur, impénétrable en sa sagesse, invincible en son pouvoir, insondable en sa douceur. À proprement parler, lui seul, le bon, le Père inengendré et parfait sans déficience, est plénitude, celui qui est plein de tous ses biens, de toute qualité excellente et de toute valeur. Plus encore, il est dénué d’envie, de sorte que, tout en possédant, il donne tout ce qu’il possède, sans que cela ne l’affecte et sans qu’il ne souffre à cause de ce qu’il donne. Car il est riche de ses dons et il trouve son repos dans les grâces qu’il distribue. Ainsi donc il est de telle façon, de telle forme et de telle grandeur que nul autre n’existe avec lui depuis le commencement : ni lieu où il pourrait être ou dont il serait sorti, ou dans quoi il devrait retourner ; ni forme originelle dont il se servirait comme modèle en travaillant ; ni fatigue qui l’affecterait et qui résulterait de ce qu’il fait ; ni matière première à partir de laquelle il façonnerait les êtres qu’il façonne ; ni substance en son sein, dont il engendrerait ce qu’il engendre ; ni collaborateur qui travaillerait avec lui à son oeuvre. Ce serait ignorance que de parler ainsi. Mais en tant que bon, sans déficience, parfait, complet, il est lui-même le Tout.

    Pas un seul des noms que l’on conçoit, que l’on dit, que l’on voit ou que l’on saisit, pas un seul d’entre eux ne lui convient, même les plus brillants, vénérables et honorés. Certes, on peut néanmoins les prononcer pour lui rendre gloire et l’honorer selon la capacité de chacun de ceux qui le glorifient. Mais lui-même tel qu’il est, tel qu’il existe, et dans sa forme propre, il est impossible à aucun intellect de le comprendre, et aucune parole ne le saurait exprimer, ni aucun oeil ne le pourrait voir, ni aucun corps ne le pourrait saisir à cause de sa grandeur insondable et de sa profondeur inaccessible et de sa hauteur incommensurable et de son étendue qu’on ne saurait contenir.

    Telle est la nature de l’Inengendré : il ne se met à l’oeuvre à partir de rien d’autre ni n’est apparié, comme ce qui est limité, mais il est doté d’existence, bien que n’ayant ni figure ni forme extérieure que l’on conçoit à partir des sens. De ce fait, il est aussi l’Insaisissable ; s’il est insaisissable, il s’ensuit qu’il est inconnaissable.

    Le Fils

    Celui qui n’est concevable par aucune pensée, qui n’est visible en aucune chose, qu’aucune parole ne peut dire, qu’aucune main ne peut toucher, c’est lui seul qui se connaît lui-même tel qu’il est, avec sa forme, sa grandeur et sa magnitude. Et c’est lui qui a la capacité de se concevoir, de se voir, de se nommer et de se saisir, car il est à lui-même son propre intellect, il est à lui-même son propre oeil, sa propre bouche, sa propre forme, et il est lui-même ce qu’il conçoit, ce qu’il voit, ce qu’il dit, ce qu’il saisit, lui l’Inconcevable indicible, insaisissable et immuable. Ce qu’il conçoit, ce qu’il voit, ce qu’il énonce est nourriture et délice, vérité, joie et repos. Ce qui lui appartient comme pensée s’élève au-dessus de toute sagesse et surpasse tout intellect, et surpasse toute gloire, et surpasse toute beauté et toute douceur, toute grandeur, toute profondeur et toute hauteur.

    Celui donc qui est inconnaissable dans sa nature, et qui possède toutes les grandeurs dont j’ai déjà parlé, a la faculté, s’il le désire, de donner la connaissance pour qu’on le connaisse par la surabondance de sa douceur. Il est doté d’une puissance égale à sa volonté. Toutefois, il se maintient dans le silence — qu’il est lui-même, le Grand, tout en étant la cause de l’engendrement des Touts en vue de leur existence éternelle.

    C’est lui-même, véritablement, qu’il engendre comme ineffable, de sorte que c’est une autogénération, car il se conçoit et se connaît tel qu’il est. C’est un être digne de l’admiration, de la gloire, de l’honneur et de la louange qui lui sont dus à lui-même, qu’il produit, à cause de son infinie grandeur et de son insondable sagesse, de son immense pouvoir et de sa douceur qui est au-delà de ce qui se peut goûter. C’est lui qui s’expose en ce mode de génération pour recevoir gloire et louange d’admiration et d’amour, et c’est aussi lui qui se glorifie lui-même, qui s’admire, se louange et s’aime. Il a un Fils qui demeure en lui et qui garde le silence à son sujet ; ce Fils est l’ineffable dans l’ineffable, l’invisible, l’insaisissable, l’inconcevable dans l’inconcevable.

    C’est ainsi que le Fils demeure éternellement dans le Père, comme nous l’avons déjà dit, sans qu’il y ait génération ; il est celui en qui ce dernier se connaît lui-même en l’engendrant, de sorte que le Père est doté d’une Pensée qui est sa Pensée propre, c’est-à-dire sa perception, [ ..... ]qui est .[ ..... ].[ . . ]..[.... . ] de son existence éternelle ; elle est à proprement parler le silence et la sagesse et la grâce, puisqu’on l’appelle à juste titre de cette façon. Car de même que le Père est au sens propre celui avant qui personne d’autre n’existe et celui après qui n’existe aucun autre inengendré, de même aussi le Fils est au sens propre celui avant qui il n’y a aucun autre fils et après qui il n’y en a aucun autre. C’est pourquoi il est premier-né et fils unique : « premier-né », parce qu’il n’y a personne avant lui ; « fils unique », parce qu’il n’y a personne après lui.

    L’Église

    Et il porte son fruit qui resta inconnu à cause de son excessive grandeur, et il voulait qu’on le connût à cause de la richesse de sa douceur. Et il révéla sa puissance indescriptible, et il la mélangea à la surabondance de sa libéralité. En effet, non seulement le Fils existe depuis le commencement, mais l’Église, elle aussi, existe depuis le commencement. Si quelqu’un s’imagine que l’unicité du Fils contredit ce propos, eh ! bien à cause du mystère de la chose, ce n’est pas le cas. En effet, tout comme on a montré que le Père, qui est un être unique, était son propre père, il en va de même aussi pour le Fils : on a trouvé qu’il était son propre frère, sans génération ni commencement. C’est le Père qui s’admire lui-même 1 en tant que Père, et qui se rend gloire, et honneur, par amour. Et c’est également lui-même qui se conçoit lui-même comme fils, conformément à ces dispositions : « sans commencement » et « sans fin ». Il en est ainsi, la chose est établie.

    Innombrable et illimitée, sa progéniture — les existants — est pourtant indivisible ; c’est qu’elle est issue de lui, Père et Fils, à la manière de baisers : par l’effet de leur surabondance, le baiser de personnes s’embrassant mutuellement dans une pensée bonne et insatiable est unique, bien que s’exprimant en de multiples baisers. Telle est l’Église nombreuse, qui préexiste aux éons, que l’on appelle à juste titre « les éons des éons ». Telle est la nature des esprits saints impérissables, sur laquelle le Fils se repose puisqu’elle est son essence, de la même manière que c’est sur le Fils que se repose [......] le Père [ . . . . . ] [ . . . . ] l’Église subsiste dans les dispositions et qualités en lesquelles subsistent le Père et le Fils, comme je l’ai déjà exposé. C’est pourquoi elle existe en tant qu’innombrable progéniture des éons ; et en nombre infini, ils engendrent à leur tour dans les qualités et dispositions dans lesquelles ils existent. Ceux-ci sont . . . communauté qu’ils forment les uns avec les autres et avec ceux qui sont issus d’eux et avec le Fils, dont ils sont la gloire.

    C’est pourquoi il est impossible à un intellect de les concevoir — telle est la perfection de ce lieu-là — et nulle parole ne les peut dire, car ils sont ineffables et ils sont au-dessus de tout nom. Ils sont inconcevables. Eux seuls néanmoins ont le pouvoir de s’attribuer des noms afin de se concevoir. En effet, ils ne sont pas enracinés ici-bas. Car ceux qui appartiennent à ce lieu là sont ineffables et indénombrables, selon cette constitution. Car telle est la forme , la manière et la sorte, la joie et l’allégresse de l’Inengendré, innommé, au-dessus de tout nom, inconcevable, invisible et insaisissable ; c’est le Plérôme de la Paternité, si bien que sa surabondance est devenue procréation.

    La formation du plérôme

    Introduction

    [ ...... ].[ .... ].[ . . ].[ . ] … des éons cependant existaient éternellement dans la Pensée du Père de sorte que celui-ci était pour eux comme une Pensée et comme un lieu. Et après que leur engendrement eût été décidé, celui qui a toute puissance voulut conduire et faire sortir ce qui était déficient hors de [ . . . . . . ]. ceux qui étaient en lui, mais tout en demeurant comme] il est, car il est une source qui n’est pas diminuée par l’eau qui en jaillit avec abondance.

    La préexistence dans le Père

    Tant qu’ils sont demeurés dans la Pensée du Père, c’est-à-dire tant qu’ils sont demeurés dans la Profondeur cachée, la Profondeur les connaissait certes, mais eux ne pouvaient connaître la Profondeur en laquelle ils se trouvaient, ni se connaître eux-mêmes, ni connaître quoi que ce soit d’autre. C’est qu’ils existaient avec le Père, et ils n’existaient pas pour eux-mêmes, mais ils possédaient leur existence seulement comme une semence, de sorte qu’on peut comparer leur existence à celle d’un embryon. Il les a engendrés comme le logos qui existe à l’état de semence avant que ne viennent à l’existence les choses qu’il produit.

    La première forme

    C’est également pour cela que le Père a prévu à leur sujet non seulement qu’ils existeraient pour lui, mais qu’ils existeraient aussi pour eux-mêmes ; qu’ils existeraient donc dans sa pensée en tant que substance intellectuelle, mais qu’ils existeraient aussi pour eux-mêmes. Il sema une pensée comme un semence de [ . . . . ] pour qu’ils comprennent qui est celui qu’ils ont pour Père. Il leur fit la grâce, de leur donner la première forme pour qu’ils re connaissent qui est celui qu’ils ont pour Père. Le Père leur fit don de son nom par le moyen d’une voix qui proclama pour eux que celui qui est existe par ce nom qu’ils possèdent dès leur venue à l’existence. Toutefois l’élévation est dans ce nom même si elle leur échappa : lorsqu’il est à l’état d’embryon, le bébé a tout ce dont il a besoin sans avoir jamais vu celui qui l’a semé. Voilà pourquoi ils possédaient seulement le nom du Père, de manière à le chercher, percevant qu’un Père existe et désirant trouver qui il est.

    L’ultime formation

    Mais puisque le Père est bon et parfait, de même qu’il ne les entendit pas pour qu’ils demeurent dans sa pensée pour toujours, mais qu’il leur accorda d’exister pour eux-mêmes, c’est ainsi également qu’il veut leur faire la grâce de savoir qui est celui qui est, c’est-à-dire celui qui se connaît lui-même de toute éternité. [ . . . . . . . . . . . ] .. [ . ] . [ . . . ] . prendre forme pour savoir qui est celui qui est, tout comme on est engendré ici-bas : à la naissance on accède à la lumière de sorte que l’on voit ses parents.

    Le Tout n’est pas parfait dès le début

    Le Père, en effet, a produit le Tout comme un petit enfant, comme une goutte provenant d’une source, comme une fleur de vigne, comme un [ . . ].[ . comme une jeune pousse [ . . . . ].. de sorte que celui-ci a besoin de nourriture, de croissance et de perfection. Mais il retint sa perfection pour un temps. Lui qui l’a conçue depuis le commencement, il la possède depuis le début et l’a vue, mais il l’a cachée à ceux qui sont issus de lui, non pas par jalousie, mais afin que les éons ne reçoivent pas dès le début leur perfection et qu’ils ne s’exaltent pas dans la gloire à l’égal du Père, et qu’ils ne pensent pas que c’est par eux-mêmes qu’ils ont cette perfection. Mais tout comme il a plu au Père de leur accorder l’existence, de même aussi, quand il lui a plu, il leur a donné la parfaite notion de sa bienfaisance envers eux pour qu’ils soient sans déficience.

    Le Fils, étant un avec le Père, apporte la forme et la connaissance, mais la grandeur ne devient accessible qu’au moyen d’actes spirituels

    Celui que le Père a fait se lever comme une lumière pour ceux qui sont issus de lui-même, celui d’après qui ils sont nommés, c’est le Fils en plénitude, parfait et sans déficience. Le Père l’a produit tout en restant uni à ce qui émanait de lui [ ; ] . [ . . ] . [ . . . . . . . . . ] glorifié conjointement ..[ . . ] le Tout à la façon dont chacun pourra recevoir en lui le Père. Pourtant ce n’est pas sa grandeur qu’ils reçoivent ainsi, puisque ce n’est pas encore le Père qu’ils ont reçu par le Fils ; mais le Père subsiste quant à lui en sa magnitude, sa manière, sa forme et sa grandeur, bien qu’il soit possible aux éons de le voir et de dire ce qu’ils savent de lui, car ils le portent et il les porte. Et ils peuvent atteindre le Père, bien qu’il demeure quant à lui comme il est, c’est-à-dire celui qu’on ne peut imiter, pour qu’il soit glorifié par chacun et qu’il se manifeste lui-même ; et parce que dans son infertilité il se cache, invisible, c’est par l’intellect qu’ils l’admirent. Pour cette raison, c’est quand ils parlent de lui et le voient que la grandeur de son élévation devient manifeste, tandis qu’ils chantent pour lui des hymnes d’action de grâce à cause de la surabondance de sa douceur.

    Ceux qui sont manifestés ne sont pas séparés de ce dont ils proviennent

    .... … et comme les merveilles des silences sont des progénitures éternelles — elles sont engendrées par l’intellect —, de même aussi les dispositions du logos sont des émissions spirituelles. En tant qu’ils appartiennent à un logos, ces deux rangs sont des . . . . . et des pensées de sa gestation, et des racines à jamais vivantes, qui sont manifestées. En effet, le second rang est une progéniture issue du premier, et ils sont des intellects et des procréations spirituelles, pour la gloire du Père. Or ils n’ont nul besoin de voix — ce sont des esprits d’intellect et de logos — et ils n’ont nul besoin de poser un acte pour faire ce qu’ils désirent , mais de la même façon que le Père, ceux qui sont issus de lui engendrent eux aussi tout ce qu’ils désirent. Et ce qu’ils conçoivent, et ce qu’ils disent, et ce vers quoi ils sont mus, et ce en quoi ils résident et ce qu’ils chantent pour rendre gloire au Père, cela est leur Fils. Telle est en effet leur puissance procréatrice, comme c’est aussi le cas pour ceux dont ils sont issus — c’est par leur mutuelle coopération qu’ils se sont entraidés à la manière des inengendrés.

    La distinction entre le Père et les deux aspects de Fils

    Le Père, d’une part sous le rapport de ce qui l’élève au-dessus des Touts, est inconnaissable et insaisissable, possédant une grandeur telle et si grande que même les plus élevés d’entre les éons qui sont issus de lui eussent été détruits, s’il leur était apparu tout de suite, abruptement ; c’est pourquoi il a contenu sa puissance et son impassibilité dans ce en quoi il est, demeurant ineffable, au-dessus de tout nom, et surpassant tout intellect et toute parole. Sous un second rapport, il s’étendit lui-même, et se répandit ; c’est lui qui donna fermeté, lieu et demeure au Tout — c’est un de ses noms, en tant qu’il est le père du Tout — par sa souffrance persistante pour les éons, s’étant ensemencé dans leur pensée afin qu’ils lecherchent, lui qui transcende leur . . . ..quand ils conçoivent qu’il existe et cherchent qui il est. Sous un troisième rapport, il leur a été donné en guise de jouissance, de nourriture, de joie et de surabondante illumination qui est sa compassion, sa connaissance et sa réunion avec eux. C’est lui qu’on appelle le Fils et il l’est ; il est les Touts et celui dont ils ont reconnu qui il était ; et il se revêt lui-même. C’est le second qu’on appelle Fils et qui est perçu comme existant, et que l’on cherchait. Celui enfin qui existe comme Père et dont on ne peut parler et qu’on ne conçoit pas ; c’est lui qui existe en premier.

    Le Fils en tant que nom et noms du Père

    Personne, en effet, ne le peut concevoir ou penser, ni ne peut approcher auprès de celui qui est exalté, auprès du véritable préexistant. Mais tout nom qui est conçu ou prononcé à son sujet, est proclamé pour sa gloire, comme sa trace, selon la capacité de chacun de ceux qui le glorifient. Mais celui donc qui à partir de lui s’est levé comme le soleil à l’horizon, se déployant en vue de l’engendrement et de la connaissance des Touts, lui, par contre, il est tous les noms, sans mensonge, et il est véritablement le seul premier homme du Père. C’est lui que j’appelle la forme de ce qui n’a pas de forme, le corps de l’incorporel, le visage de l’invisible, le logos de l’ineffable, l’intellect de l’inintelligible, la source qui a jailli de lui, la racine de ceux qui sont plantés et le dieu des dévots, la lumière de ceux qu’il illumine, la volonté de ceux qu’il a voulus, la providence de ceux qu’il pourvoit, l’intelligence de ceux qu’il a rendus intelligents, la puissance de ceux à qui il donne puissance, l’assemblée de ceux avec qui il s’assemble, la révélation de ce qui est recherché, l’oeil de ceux qui voient, le souffle de ceux qui respirent, la vie des vivants, l’unité de ceux qui sont unis.

    Tandis que les Touts sont tout entiers en lui, cet être unique est tout entier revêtu de lui-même, mais on ne l’appelle jamais du seul nom qui est sien. Et de la même façon, les Touts sont, ensemble, à la fois l’être unique et les Touts. Il n’est ni divisé corporellement, ni divisé entre les noms dans lesquels il réside — de sorte qu’il serait soit comme ceci soit comme cela — et il ne change pas par [ . . . ].. ni ne subit de changement selon les noms où il se trouve, de sorte qu’il serait tantôt ceci, tantôt cela, qu’il serait différent d’un moment à l’autre, mais il est tout entier à jamais. Il est chacun des Touts éternellement et simultanément ; il est ce qu’ils sont tous, en tant que Père des Touts, les Touts sont aussi lui. Il est sa propre connaissance, et il est chacune de ses qualités et puissances, de sorte qu’il est l’oeil par lequel il voit tout ce qu’il connaît, puisque cela, il le voit tout entier en 18 lui-même, ayant Fils et forme.

    La fécondité des Touts

    C’est pourquoi innombrables sont ses puissances et ses qualités, et elles sont inouïes, à cause de l’engendrement par lequel il les engendre. Innombrables et indivisibles sont les engendrements que sont ses logos, et ses commandements et ses Touts ; il les connaît — c’est ce qu’il est lui-même. S’ils parlent, c’est le nom unique qu’ils expriment, car ils résident tous en lui. Et il les produit de sorte qu’ils forment une unité tout en épousant chacune de ses qualités. Et il n’a pas manifesté la multitude aux Touts en une seule fois ; et il n’a pas manifesté son égalité à ceux qui sont issus de lui. Tous ceux qui sont issus de lui, c’est- à-d ire les éons des éons, puisqu’ils sont des émissions, les procréations d’une nature procréatrice, eux aussi procréent, dans leur nature procréatrice, pour la gloire du Père, tout comme celui-ci fut pour eux la cause de leur existence. C’est ce que nous avons dit précédemment : des éons il fait des racines et des sources, et des pères. Car celui qu’ils glorifient, ils l’ont engendré. Ils sont dotés de savoir et d’intelligence, et ils ont compris par conséquent que c’est du savoir et de l’intelligence des Touts qu’ils sont issus. Les éons n’auraient produit qu’un semblant de gloire, car le Père est les Touts, s’ils s’étaient levés pour rendre gloire selon la puissance individuelle de chacun. C’est pourquoi par le chant d’hymnes de glorification et par la puissance de l’unité de celui dont ils sont issus,ils atteignirent à un mélange, une réunion et une unité mutuels. Le Plérôme de l’assemblée produisit une gloire digne du Père, image unique bien que multiple, parce que c’est à la gloire de l’être unique qu’il l’a produite, et parce ses membres ont convergé vers celui qui est lui-même les Touts.

    Les trois glorifications, ou fruits

    Cette gloire était donc un tribut des éons à celui qui a produit les Touts et elle était prémices des immortels et éternelle, car lorsqu’elle sortit des éons vivants, elle les a quittés parfaite et plénière, à cause de ce qui est parfait et plénier, car ils sont pléniers et parfaits, ayant rendu gloire de façon parfaite, en communion. En effet, parce que le Père est sans déficience, lorsqu’on lui rend gloire, il retourne la gloire à ceux qui le glorifient afin de les faire apparaître comme ce qu’il est lui-même. Et la cause de cette deuxième gloire qui leur est advenue, c’est ce que le Père leur a retourné, parce qu’ils comprirent par quelle grâce ils ont pu donner du fruit dans le Père, à l’unisson. Par conséquent, tout comme ils ont produit pour rendre gloire au Père, c’est aussi de façon à révéler leur propre perfection qu’ils se sont manifestés portant un fruit de glorification.

    Enfin, ils sont pères de la troisième gloire, de façon autonome et selon la puissance dont ils sont dotés pour rendre gloire à l’unisson selon la volonté de chacun, indépendamment les uns des autres. Donc la première et la seconde gloire sont toutes les deux de la même façon parfaites et plénières, car elles sont des manifestations du Père qui est parfait et plénier et des êtres parfaits issus de la glorification de celui qui est parfait. Mais le fruit de la troisième est glorification par la volonté de chacun des éons et de chacune des qualités du Père et de ses puissances. Ce fruit est un Plérôme parfait dans la mesure où, lorsque chacun rend gloire au Père, ce qu’il veut et ce dont il est capable provient à la fois de chacun des éons individuellement aussi bien que de leur réunion. C’est pourquoi ils sont des intellects d’intellects, qui se trouvent être des logos de logos, supérieurs de supérieurs, degrés de degrés, plus élevés les uns que les autres. Chacun de ceux qui rendent gloire a 16 sa place et son élévation, sa demeure et son repos, qui sont la gloire qu’il produit. La différence entre l’activité des éons et celle des puissances cosmiques, qui tentent aussi d’égaler le Plérôme du Père

    Tous ceux qui rendent gloire au Père ont une progéniture éternelle. Ils procréent dans l’assistance mutuelle de sorte que leurs émissions sont illimitées et incommensurables. Et il n’y a aucune jalousie de la part du Père, à l’endroit de ceux qui sont issus de lui, concernant le fait qu’ils engendrent son égal et son semblable puisque c’est lui qui est dans les Touts, procréant et se manifestant lui-même. Et il veut faire pères ceux dont il est le Père, ou dieux, ceux dont il est le Dieu, comme il fait Touts ceux dont il est le Tout. C’est en ce lieu-là que résident véritablement tous ces bons noms auxquels participent les anges qui sont venus à l’existence dans le monde, de même que les archontes, bien qu’ils soient dépourvus de ressemblance avec les éternels.

    Le Plérôme cherche le Père

    Donc, toute la constitution des éons se caractérise par le désir et la recherche de la découverte parfaite et entière du Père, c’est là leur union irréprochable. Quoique le Père se soit révélé lui-même, il n’a pas voulu qu’on le connût de toute éternité, se donnant comme objet de réflexion et de recherche, tout en préservant pour lui-même ce par quoi il est préexistant et qui ne peut être soumis à l’examen. Car c’est lui, le Père, qui a donné impulsion et racine aux éons, en sorte qu’ils sont des stations sur le chemin paisible qui mène jusqu’à lui comme vers une école de comportement, lorsqu’il étendit .[ . . ] foi et prière concernant ce qu’ils ne voient pas, et une espérance ferme en ce qu’ils ne conçoivent pas et un amour fécond qui a les yeux tournés vers ce qu’ils ne voient pas, et une compréhension agréable et éternelle de l’intellect, et une bénédiction qui est richesse et liberté, et pour leur pensée, sagesse de qui désire la gloire du Père.

    L’esprit

    Ils connaissent le Père qui est en haut de par sa volonté, par l’esprit qui souffle dans les Touts et leur inspire de chercher l’inconnu, comme on est attiré par une bonne odeur à en chercher la cause, puisque la bonne odeur du Père doit provenir d’un lieu supérieur. Sa douceur plonge en effet les éons dans un plaisir indicible et leur donne la pensée de se fondre en celui qui désire être connu par eux dans l’unité, et de s’assister mutuellement dans l’esprit qui est semé en eux. Ils se trouvent alors dans une grande et puissante aspiration, renouvelés de façon indicible et prenant forme en lui, sans qu’ils puissent se séparer par irréflexion de ce en quoi ils se trouvent, car ils ne parlent pas, gardant le silence au sujet de la gloire du Père, au sujet de celui qui seul peut parler. Il s’est révélé, mais il est impossible de le dire. Les éons possèdent le Père caché dans leurs pensées ; c’est pourquoi ils gardent le silence concernant sa manière d’être dans sa forme, sa nature et sa grandeur, alors que son esprit les a rendus dignes de la connaître. Il est innommable et inaccessible, mais par l’intermédiaire de cet esprit qui est sien, et qui est la trace menant à sa découverte, il se donne à eux pour qu’ils le conçoivent et le disent. Chacun des éons est un nom correspondant à chacune des qualités et des puissances du Père. Puisque celui-ci subsiste en de nombreux noms, c’est dans un mélange et une mutuelle harmonie qu’il leur est possible de le dire, à cause de la richesse du logos, parce que le Père, bien qu’étant un nom unique du fait qu’il est un, est néanmoins innombrable en ses qualités et noms.

    La nature de l’émission

    L’émission des Touts qui existent à partir de celui qui est ne s’est pas produite par mode de coupure, comme si c’était une séparation de celui qui les engendre, mais leur engendrement a pris la forme d’un déploiement, le Père se déployant vers ceux qu’il veut, afin que ceux]qui sont issus de lui viennent à l’existence eux aussi. Car de même que le présent éon est unique bien que divisé en temps, et que les temps sont divisés en années, que les années sont divisées en saisons, et les saisons en mois, et les mois en jours, les jours en heures et les heures en instants, de même l’éon véritable est également unique bien que multiple, alors qu’on lui rend gloire au moyen des petits comme des grands noms, selon ce que chacun peut comprendre. Par mode d’analogie encore, il est comme une source qui demeure ce qu’elle est, tout en s’écoulant en fleuves et lacs, en canaux et en aqueducs ; comme une racine qui se déploie en arbres et en branches, avec ses fruits ; comme un corps humain qui est partagé sans division en membres de membres, membres principaux et extrémités, membres grands et petits.

    L’autonomie et la sagesse des éons

    Les éons ont été produits selon le troisième fruit, par la volonté autonome et par la sagesse dont le Père les a gratifiés pour leur pensée. Lorsqu’ils veulent rendre gloire avec ce qui est issu d’une union produite en vue de paroles de glorification de chacun des plérômes, et lorsqu’ils veulent rendre gloire avec le Tout ou avec un éon qui a déjà atteint un rang ou une station supérieure à la leur, alors chacun reçoit de l’éon qui réside dans le nom supérieur et dans la station supérieure ce qu’ il a voulu, si cet éon le fait monter à lui au niveau supérieur ; et il s’engendre, pour ainsi dire, lui-même, et par l’intermédiaire de cet éon, il s’engendre avec ce qu’est ce dernier et il se régénère lui-même avec ce qui lui est venu de son frère. Et il le voit et le prie ainsi : que celui qui désire monter à lui y parvienne. Celui qui a voulu rendre gloire ne dit rien d’autre à son frère, hormis cela seulement, car il y a une limite fixée à la parole au sein du Plérôme, de sorte qu’ils gardent le silence à propos de l’inaccessibilité du Père, mais qu’ils expriment leur volonté de l’atteindre.

    La chute

    La glorification présomptueuse effectuée par le dernier éon

    L’un des éons eut l’idée de chercher à saisir l’inconcevabilité du Père et de lui rendre gloire ainsi qu’à son infertilité, et c’était un logos appartenant à l’Unité, et il était un, bien que n’étant pas issu de l’union des Touts ni de celui qui les a produits — celui qui a produit le Tout est le Père. Cet éon était l’un de ceux à qui fut donnée la sagesse et qui préexistaient individuellement dans la Pensée du Père ; et c’est par un acte de la volonté du Père qu’ils ont été produits. C’est pourquoi cet éon reçut une nature sage pour s’enquérir de l’ordre caché, puisqu’il était un fruit de sagesse. Car la volonté autonome qui fut produite avec les Touts le poussait à accomplir ce qu’il voulait sans que rien ne le retînt. L’intention de ce Logos était bonne, puisqu’il s’est élancé pour rendre gloire au Père, même s’ il avait entrepris une chose qui était au-delà de son pouvoir en voulant produire un être parfait sans passer par une 1 union, et sans qu’il en eût reçu l’ordre. C’était le dernier des éons, qui avait été produit par un concours mutuel, et il était le plus jeune en âge. Et avant qu’il n’eût engendré quoi que ce soit d’autre à la gloire de la volonté du Père, et en union avec les Touts, il agit avec audace, à cause de la surabondance de son amour, et il s’élança vers ce qui se trouve dans la sphère de cette gloire parfaite.

    La chute correspondait à la volonté du Père

    Ce n’est pas contre la volonté du Père qu’a été engendré ce Logos et ce n’est pas non plus contre elle qu’il allait s’élancer, au contraire, le Père l’avait produit pour qu’adviennent ces choses dont il savait la nécessité. En effet, le Père et les Touts se sont retirés de lui afin que soit affermie la limite fixée par le Père — le Logos n’est pas un être issu de l’inaccessibilité du Père, mais de sa volonté — et aussi pour qu’adviennent les choses qui sont advenues, en vue d’une économie qui devait arriver dans la manifestation du Plérôme, car il ne convenait pas qu’elle n’advînt pas. Par conséquent, il ne faut pas condamner ce mouvement du Logos, mais nous devrions plutôt dire que ce mouvement du Logos est la cause d’une économie dont l’avènement était fixé.

    Le Logos est divisé

    Le Logos s’est engendré lui-même en tant qu’être parfait, unique, pour la gloire du Père qui l’a voulu et qui mettait en lui son plaisir. Par contre, ce qu’il a voulu saisir et atteindre, il l’a engendré à l’état d’ombres, de représentations et d’imitations ; en effet, il n’a pas pu supporter la vue de la lumière, mais il a dirigé son regard vers l’abîme et il a hésité. De ce fait, il a souffert d’une division et d’un détournement. De cette hésitation et de cette division naquirent l’oubli et l’ignorance de lui-même et de ce qui est. Or son mouvement vers le haut et son dessein de saisir l’insaisissable se sont affermis et demeurèrent en lui. Par contre, les maladies qui l’affligèrent lorsqu’il fut hors de lui-même sont issues de son hésitation, de son incapacité de s’approcher des gloires du Père dont la hauteur est infinie, et qu’il n’a pas atteint, car il ne pouvait le contenir.

    L’ascension de la partie supérieure

    Celui que le Logos avait produit à partir de lui-même comme un éon d’unité s’empressa de monter vers ce qui est sien et vers son parent 4 dans le Plérôme, et il abandonna comme ne lui appartenant pas ce qui est venu à l’existence dans la déficience, les choses issues de lui comme une illusion. Après l’avoir produit comme parfait, celui qui l’avait produit de lui-même s’affaiblit encore plus, à la manière d’une nature féminine privée de masculinité. En effet, c’est de sa déficience même qu’étaient issues les choses venues de sa pensée et de sa présomption. À cause de cela, sa partie parfaite l’abandonna et s’éleva vers les siens. Elle demeura dans le Plérôme, comme un souvenir du fait qu’elle a été sauvée de ce qui ….[ . ]. Et cette partie qui s’est précipitée vers la hauteur et celui qui l’a attirée à lui ne demeurèrent pas stériles, mais produisirent un fruit dans le Plérôme dans le but de renverser ceux qui sont venus à l’existence dans la déficience.

    La nature de la partie inférieure de l’émission du Logos

    Ceux qui sont issus de la pensée présomptueuse ressemblent aux plérômes dont ils sont des imitations ; mais ce ne sont que représentations, ombres et illusions vides de logos et de lumière, qui appartiennent à la vaine pensée, personne ne les ayant engendrés. C’est pourquoi aussi leur fin sera comme leur commencement : sortis de ce qui n’existait pas, ils retourneront à ce qui n’existera pas. Mais à leurs propres yeux, ils sont grands et puissants, et plus beaux que les noms qui les parent, dont ils sont les ombres, rendues belles par imitation. En effet, l’aspect d’une représentation reçoit sa beauté de ce qui est représenté. Ils croyaient être seuls à exister, et ils se croyaient sans commencement, parce qu’ils ne voyaient rien d’autre qui existât avant eux. C’est pourquoi ils se montrèrent désobéissants et rebelles, ne s’étant point soumis à celui à cause de qui ils sont venus à l’existence. Chacun en effet voulait commander aux autres et les dominer par amour de la vaine gloire, parce que la gloire qu’ils possèdent contient la cause de la constitution du monde qui allait venir. Étant donc des imitations des êtres supérieurs, ils s’élevèrent au désir de commander, chacun suivant la grandeur du nom dont il était l’ombre, s’imaginant devenir plus grands les uns que les autres.

    Leur pensée ne demeura pas stérile, mais conformément aux modèles dont ils sont les ombres — et qui engendrent comme fils tout ce qu’ils pensent — eux aussi engendrèrent ce qui leur a inspiré ces pensées. De là il advint qu’ils eurent une nombreuse progéniture : combattants, guerriers, fauteurs de trouble, rebelles insoumis, qui aiment le commandement, et tous les autres semblables qui en sont issus.

    La conversion du Logos

    Le Logos fut donc la cause de ce qui advint et]son désarroi augmenta et il fut confondu : au lieu de la perfection, il vit la déficience, au lieu de l’unité, il vit la division, au lieu de la stabilité, il vit du désordre, au lieu du repos, l’agitation. Et il n’avait ni la capacité de mettre un terme à leur amour du trouble, ni la capacité de le détruire : il était devenu sans force aucune après que son intégrité et sa perfection l’eussent abandonné.

    Ces créatures ne se sont pas connues elles-mêmes, et elles n’ont connu ni les plérômes dont elles étaient issues ni celui qui était la cause de leur existence. En effet, étant dans un tel état d’instabilité, le Logos n’arrivait plus à produire à la manière dont sont produites les émissions qui existent comme plérômes de gloire et qui vinrent à l’existence pour la gloire du Père, mais il produisit des créatures faibles, petites, diminuées par les mêmes maladies que lui. C’est l’imitation solitaire survenue dans cette disposition qui fut la cause des choses qui n’existaient pas au commencement. Parce qu’il les avait produites de cette manière imparfaite, ses créatures furent déficientes, jusqu’au moment où il condamna ceux qui sont venus à l’existence de façon irrationnelle à cause de lui. Par l’effet de la colère qui les poursuivait, cette condamnation devint un jugement dirigé contre ceux qui s’y étaient opposés en vue de leur destruction. Mais ce jugement est pour eux une aide et les sauve de leur sentiment et de leur rébellion, puisqu’il es la source de la conversion, que l’on appelle aussi repentance, le Logos se tournant vers un autre sentiment et une autre pensée, s’étant détourné du mal pour se tourner vers le bien.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:40

    Le souvenir et la supplication

    Cette conversion éveilla le souvenir de ceux qui existent, puis ceux-ci prièrent en faveur de celui qui s’était retourné sur lui-même grâce à ce qui était bon en lui. C’est d’abord celui qui est dans le Plérôme qui pria pour lui et se souvint de lui, ensuite ce furent ses frères un par un, toujours en alternance avec les autres, ensuite, tous ensemble. Le Père les précède tous. Cette prière de supplication, donc, l’aida à se retourner sur lui-même et vers le Tout, car en se souvenant de lui les êtres préexistants éveillèrent leur souvenir en lui — c’est leur souvenir qui, tel un appel lointain, le fait se retourner.

    Le souvenir et la prière deviennent un ordre de puissances supérieur à celui de l’imitation

    Et toute sa prière et son souvenir étaient puissances nombreuses, bien que ne dépassant pas la limite déjà évoquée : il n’y a en effet rien de stérile dans sa pensée. Et ces puissances étaient meilleures et plus grandes que celles de l’imitation. En effet, ces dernières ont une substance ténébreuse : elles sont venues à l’existence à partir d’une imitation illusoire et d’une pensée présomptueuse et vain, alors que les premières sont issues d’une pensée qui les connaissait par avance. Les puissances de l’imitation sont comme l’ oubli et un lourd sommeil, elles sont comme ceux qui ont des rêves agités, ces rêveurs que quelqu’un poursuit alors qu’ils sont encerclés. Mais les autres sont pour lui semblables à des êtres de lumière comme lorsqu’on tourne son regard vers le lever du soleil, il arrive qu’on y voie des rêves d’une grande douceur.

    Quant à eux dès lors, … les émanations du souvenir. Elles n’avaient pas plus de substance ni de gloire, car elles ne sont pas égales aux préexistants, même si elles sont supérieures aux imitations. Le seul aspect par lequel ces émanations sont supérieures aux imitations, c’est qu’elles sont issues d’un bon sentiment, c’est-à-dire du bon sentiment de celui qui chercha le préexistant, ayant prié et s’étant porté lui-même vers ce qui est bon, car elles ne sont pas issues de la maladie qu’il subit. Et celui-ci sema en elles une inclination à chercher et à prier le glorieux préexistant. Il sema en elles un souvenir de celui-ci et une réflexion pour qu’elles pensent qu’un être plus grand qu’elles existe avant elles, sans qu’elles sussent ce qu’il était. Engendrant l’accord et l’amour mutuel grâce à cette pensée, elles agirent dans l’unité et l’unanimité, puisque c’est de l’unité et de l’unanimité qu’elles ont reçu leur existence.

    La lutte des deux ordres

    Les imitations se sont attaquées à ces émanations par amour du pouvoir parce que celles-ci étaient plus glorieuses que leurs assaillantes. Celles-là ne s’étaient pas soumises. Elles se croyaient des êtres issus d’eux-mêmes et sans commencement, les premiers à engendrer et à donner naissance. Les deux ordres combattaient l’un contre l’autre, luttant pour le pouvoir, de telle sorte qu’ils furent tous deux submergés par des forces et des substances suivant la loi du combat mutuel, si bien que ces émanations connurent aussi l’amour du pouvoir, de même que toutes les autres passions semblables. C’est à cause de cela que l’amour de la vaine gloire les entraîne toutes au désir avide du pouvoir, sans qu’aucune d’elles ne se souvienne ….[ . . ].. et ne le reconnaisse.

    Les puissances du souvenir avaient été préparées par les actions du préexistant, dont elles étaient les ressemblances. À ce titre, leur ordre était dans la concorde avec lui-même et avec les siens, mais il combattait l’ordre de l’imitation parce que l’ordre de l’imitation faisait la guerre aux ressemblances, et il agissait contre lui-même emporté par la colère. À cause de cela, il advint . . . . . . . . . . ] .. eux-mêmes [ . . . . . . . . . . . ] uns contre les autres … [ . . . . . . . . . . . . . ] le destin les plaça . [ . . . . . . . . . . . . . ] .. pour qu’ils soient victorieux [ . . . . . . . . . . . . . ] il ne voulait pas tomber . [ . . . . . . . . . . . . . ] et leur envie, leur jalousie, la colère, la violence, la convoitise et l’ignorance dominent, engendrant des matières diverses et des puissances d toutes sortes, nombreuses, mélangées les unes aux autres, tandis que l’intellect du Logos qui fut la cause de leur engendrement attendait la révélation de l’espérance qui allait leur venir d’en haut.

    La mission du fils

    L’espérance du Logos


    Donc, le Logos qui s’était mis en mouvement était dans l’espérance et l’attente de ce qui est en haut. Il se sépara complètement de ceux de l’ombre, puisqu’ils s’opposaient à lui et qu’ils lui étaient très insoumis. D’autre part, il se reposa dans l’ordre du souvenir. Et en ceux qui vinrent à l’existence par le souvenir, le Logos engendra invisiblement celui qui s’est hâté vers le haut et qui est parvenu à l’état supérieur en se souvenant de celui qui était dans la déficience, conformément à ce qui était avec eux, jusqu’à ce que la lumière jaillisse sur lui d’en haut, source de vie née du souvenir de l’amour fraternel des plérômes préexistants.

    La prière d’intercession du Plérôme

    Les éons du Père des Touts, qui n’ont pas connu la souffrance, prirent sur eux la chute qui était advenue, comme si elle était leur, avec sollicitude et bonté et avec une grande douceur. . . . . . . . . . le Tout, afin qu’ils soient instruits de [ . . ] [ . . . . . . . . . . . ] par l’Un .. [ . . . . . . . . . . confirmer tous par lui, [ . . . . . . . . . . ] pour faire cesser les déficiences. Or, l’ordre qui est venu à l’existence pour le Logos est advenu par celui qui est remonté et qui l’a produit pour lui à

    partir de lui-même et de la perfection entière. Celui qui est remonté intercéda en faveur de celui qui était déficient auprès des éons de l’émission, qui sont venus à l’existence conformément à ce qui est. Après qu’il les eût priés, ceux-ci consentirent avec joie, bienveillance et avec un accord unanime, à venir en aide à celui qui était devenu déficient. Ils se rassemblèrent, priant le Père dans une pensée salutaire que le secours vînt d’en haut, du Père, pour sa gloire, puisque celui qui était déficient n’aurait pu être rendu parfait en aucune façon à moins que ne le veuille bien le Plérôme du Père qui l’a attiré à lui, et qu’il ne le manifeste et ne lui donne ce qui lui manquait.

    L’accord du Plérôme produit le Fils-Fruit

    Par l’accord consenti dans la joie qui advint, ils produisirent donc un fruit né de l’accord, unique, appartenant aux Touts, manifestant la représentation du Père à laquelle pensèrent les éons en rendant gloire et en demandant de l’aide pour leur frère, dans un sentiment que le Père partagea avec eux, de sorte que c’est volontairement et avec joie qu’ils produisirent ce fruit. Et l’accord de de l’union manifeste du Père avec eux, qui est le Fils de sa volonté, se manifesta.

    Le Fils du bon plaisir des Touts se posa sur eux comme un vêtement, au moyen duquel il donna la perfection à celui qui était devenu déficient et il raffermit les parfaits. C’est lui que l’on appelle à juste titre Sauveur et Rédempteur, le « Bon plaisir » et le Bien-aimé, le Paraclet, le Christ et la lumière de ceux qui sont désignés, conformément à ceux qui le produisirent, car il vint à l’existence revêtu des noms des Existants. Quel autre nom lui donner, si ce n’est celui de Fils, comme nous l’avons déjà dit, puisqu’il est la connaissance du Père qui a voulu être connu ?

    Non seulement donc les éons engendrèrent-ils la représentation du Père lorsqu’ils glorifièrent — ce qui a été décrit plus haut —, mais ils engendrèrent aussi la leur propre. En effet, les éons qui rendirent gloire engendrèrent leur représentation et leur visage. Celle-ci fut engendrée pour le Fils en guise d’armée, comme pour un roi, de façon à ce que l’ordre du souvenir retrouve une force commune et à un accord commun. Elle apparut sous une forme multiple, afin que celui qu’elle allait aider voie ceux dont il avait imploré le secours et qu’il voie également celui qui le lui avait apporté. Car le fruit dont nous avons parlé plus tôt, expression de leur consentement à son endroit, représente la puissance des Touts. En effet, le Père a mis en lui les Touts, aussi bien ceux qui ont préexisté, qui sont et qui seront. Le Fils avait la capacité nécessaire pour accomplir sa tâche. Il révéla ce que le Père avait placé en lui et qui ne lui avait pas été donné mais confié. Il régit l’économie du Tout, grâce à l’autorité qui lui avait été attribuée depuis le début avec la force requise pour cette oeuvre. C’est ainsi qu’il commença et qu’il accomplit sa manifestation.

    La manifestation du Fils

    Celui en qui habite le Père et en qui habitent les Touts apparut à celui qui était privé de la vue et il se montra à ceux qui espéraient retrouver la vue, au moyen du rayonnement de cette lumière parfaite. Il le prépara dans une joie indicible. Il le rendit parfait en tant qu’être plénier et il lui donna aussi ce qui est individuel. Car telle est la nature de la première joie. Et le Fils sema aussi en lui invisiblement un logos destiné à la connaissance. Et il lui donna la force de séparer et détourner de lui ceux qui étaient désobéissants envers lui. Telle est la manière dont le Fils s’est montré à lui. Mais aux deux ordres qui sont venus à l’existence à cause de lui, il s’est manifesté sous une forme trompeuse. Il leur a porté un coup, se manifestant à eux soudainement et se retirant en lui-même à la façon d’un éclair. Et ayant arrêté la mêlée où ils se trouvaient les uns et les autres, il y mit un terme par cette soudaine apparition dont ils n’avaient pas été prévenus et qu’ils n’attendaient pas puisqu’ils ne le connaissaient pas.

    Les réactions différentes des deux ordres

    C’est pourquoi ils furent effrayés et abattus, car ils ne purent supporter le choc de la lumière qui les frappait. Cette apparition fut un choc pour les deux ordres. Mais comme ceux qui appartiennent au souvenir ont été appelés « petits », ils avaient un petit souvenir que quelque chose de supérieur existait avant eux, et ils avaient, semée en eux, l’attente de ce qui était supérieur et allait se manifester. C’est pourquoi ils accueillirent la manifestation du Fils et s’inclinèrent devant lui. Ils devinrent pour lui des témoins convaincus et reconnurent la lumière qui était venue, parce qu’ils étaient plus forts que leurs adversaires.

    Quant à ceux de l’imitation, ils éprouvèrent une grande frayeur, car ils n’avaient jamais entendu dire qu’une telle figure existât. C’est pourquoi ils sombrèrent dans le gouffre de l’ignorance que l’on appelle la Ténèbre extérieure, le Chaos, Hadès et l’Abîme. Le Fils plaça au-dessus d’eux l’ordre du souvenir : puisque celui-ci avait été plus fort qu’eux, ses membres étaient dignes de commander la Ténèbre indicible comme leur bien propre et le lot qui leur revenait. Il le leur accorda afin qu’ils puissent eux aussi être utiles dans l’économie à venir, dont ils étaient ignorants. Il y a en effet une grande différence entre la manifestation à celui qui est venu à l’existence et qui est devenu déficient, et la manifestation à ceux qui sont venus à l’existence à cause de lui. Au premier en effet, il se manifesta de l’intérieur, l’accompagnant, partageant sa souffrance, lui donnant peu à peu le repos, le faisant 8 croître, l’élevant, se donnant enfin à lui afin qu’il se réjouisse à sa vue. Mais à ceux qui sont à l’extérieur, il se manifesta rapidement et en leur portant un coup et il se retira aussitôt sans s’être laissé voir.


    [size=22]La création du monde[/size]


    Le Logos rend grâce

    Après que le Logos déficient fût illuminé, sa plénitude progressa. Il se délivra de ceux qui le troublaient auparavant, se dégagea d’eux et se dépouilla de la pensée présomptueuse. Il reçut l’unité du repos lorsque s’inclinèrent et s’humilièrent devant lui ceux qui avaient d’abord été désobéissants à son endroit. Et il se réjouit de la visite de ses frères qui vinrent le visiter. Et il rendit gloire à ceux qui se manifestèrent pour l’aider et il les bénit, rendant grâce pour avoir été libéré de ceux qui s’étaient levés contre lui, admirant et honorant la Grandeur et ceux qui se manifestèrent à lui par décret. Il engendra des images visibles des figures vivantes. Elles sont belles et bonnes, puisqu’elles sont des images de ceux qui existent ; elles leur ressemblent en beauté, mais ne les égalent pas vraiment, car elles ne sont pas issues d’une union de celui qui les a produites avec celui qui s’est manifesté à lui. Mais c’est avec adresse et habileté qu’il oeuvre, de façon complètement conforme à la raison ; c’est pourquoi ce qu’il produit est grand, tout comme est vraiment grand ce qui existe.

    Le but de cette émission

    Ayant admiré la beauté de ceux qui s’ étaient manifestés à lui et rendu grâce pour leur visite, le Logos réalisa cette oeuvre grâce à ceux dont il obtint l’aide, en vue de la mise en ordre de ceux qui étaient venus à l’existence à cause de lui afin qu’ils reçoivent quelque chose de bon, alors qu’il se mettait en prière pour que l’économie fixée atteigne tous ceux qui sont issus de lui. C’est pourquoi ceux qu’il produisit suivant ce dessein sont dans des chars, comme les existants qui se sont manifestés, afin qu’ils puissent franchir toutes les stations, c’est-à-dire les réalités inférieures, de sorte qu’à chacun soit attribuée une région établie suivant sa nature. Ce fut un renversement pour ceux de l’imitation, mais un bienfait pour ceux du souvenir, et la manifestation de ceux qui sont issus du décret unanime et compatissant, même si ces productions du Logos n’étaient que des semences n’existant pas encore par elles-mêmes. Ce qui apparut était une représentation du Père et de l’accord, c’était un vêtement de toute grâce et un viatique pour ceux que le Logos avait produits dans sa prière. Et cette représentation reçut la gloire et la louange par lesquelles le Logos avait glorifié et rendu hommage en gardant les yeux fixés sur ceux qu’il priait 3 de sorte que, grâce à cela, il produisit des images parfaites.

    Le Logos augmenta ainsi considérablement chez ceux du souvenir la coopération mutuelle et l’espoir né de la promesse, de sorte qu’ils connurent l’allégresse, un grand repos et des plaisirs sans tache. Ceux qui possèdent la perfection et dont il s’est d’abord souvenu sans qu’ils fussent auprès de lui, le Logos les a maintenant engendrés en ayant l’objet de sa vision à ses côtés. Le Logos reçut cette révélation mais il ne s’unit pas encore à son objet, demeurant dans l’espérance et la foi dans le Père Tout-Parfait, afin que ceux qui sont venus à l’existence ne périssent point à la vue de la lumière, car ils n’auraient pu supporter sa suprême grandeur.

    Les noms de cette pensée

    Cette pensée, par laquelle le Logos se retourna et fut raffermi, et qui imposa son empire sur ceux qui sont venus à l’existence à cause de lui, était appelée « éon » et « lieu » pour tous ceux qu’il a produits conformément au décret. Et on l’appelle aussi « synagogue de salut », car elle l’a sauvé de la dispersion d’une pensée multiple et elle l’a ramené vers une pensée unique, de sorte qu’on l’appelle aussi « entrepôt » à cause du repos que le Logos a atteint et s’est accordé à lui-même. Et on l’appelle aussi « épouse » à cause de la joie de celui-ci quand il s’est accordé ce repos, devant l’espérance d’un fruit issu de l’union qui lui a été annoncée. On l’appelle également « royaume » à cause de l’affermissement qu’il connut lorsqu’il se réjouit de sa domination sur ceux qui s’opposaient à lui. Et on l’appelle « la joie du Seigneur » car la lumière qui était auprès de lui le remplit d’une allégresse qui le récompensa pour le bien qui était en lui et lui inspira la pensée de la liberté.

    La supériorité de cet éon

    Cet éon dont nous venons de parler se trouve au-dessus des deux ordres qui se combattent les uns les autres. Il n’est ni associé à ceux qui l’ont emporté, ni mélangé à ceux qui sont malades et petits, c’est-à-dire ceux du souvenir et ceux de l’imitation. En effet, ce en quoi s’est établi, plein de joie, le Logos, avait la forme d’un éon véritable et retenait aussi la constitution du modèle, qui lui est apparu. Cet éon est une image de ceux qui existent dans le Plérôme, qui sont issus de la surabondante jouissance de celui qui est. À l’aspect de celui qui lui apparut, le Logos fut comblé de joie. Dans le plaisir , l’attente et la promesse des choses qu’il avait demandées, il possédait le logos du Fils, son essence, sa puissance et sa forme. C’est lui qu’avait désiré le Logos et en qui il avait mis ses délices, qu’il avait demandé avec amour dans sa prière. Cet éon était lumière, et volonté de redressement, et ouverture à un enseignement, et un oeil apte à la vision , qualités qu’il tenait des êtres supérieurs. Et en vue de son combat contre ceux qui sont au bas de l’économie, cet éon apportait la sagesse à sa pensée et le logos à son discours, et toutes sortes de perfections semblables.

    Les membres individuels de cet éon

    Ceux qui furent formés avec le Logos à l’image du Plérôme, ayant pour pères ceux qui sont apparus, sont chacun une petite empreinte de l’une de ces figures. Leurs formes sont masculines car ils ne sont pas issus de la maladie, c’est-à-dire de la féminité, mais de celui qui a déjà laissé derrière lui la maladie et qui a pour nom « Église ». Par leur accord en effet, ils reproduisent l’accord qui règne dans l’assemblée de ceux qui apparurent. Ce qui vint à l’existence à l’image de la lumière est parfait aussi, parce que c’est une image de la lumière qui est une, qui existe et qui est les Touts. L’image était certes plus petite que son modèle, mais elle en avait l’indivisibilité, puisqu’elle était une représentation de la lumière indivise. Ce que nous venons de dire s’applique à la substance de ceux qui sont venus à l’existence à l’image de chacun des éons, mais en pouvoir ils ne sont pas égaux puisque celui-ci réside en chacun individuellement. Dans leur union mutuelle, certes ils sont égaux. Mais aucun d’eux n’a rejeté ce qui lui est propre. C’est pourquoi ils sont passions — or la passion est maladie —, car ils ne sont pas nés de l’union du Plérôme, mais du Logos qui n’avait pas encore reçu le Père, et qui n’avait pas encore été réuni avec son Tout ni avec la volonté du Père. C’était chose utile pour l’économie à venir puisqu’il avait été consenti ( ?) qu’ils traversent les stations inférieures, qui ne pouvaient accepter leur passage soudain et rapide, sinon un à un. En outre leur venue était une nécessité, puisque toute chose devrait être accomplie par eux.

    Le mandat du Logos

    Le Logos reçut en une seule et unique fois la vision de toute chose, ce qui préexiste, ce qui existe maintenant, et ce qui existera, puisqu’il a été chargé de l’économie de tout ce qui existe. Certaines de ces choses sont déjà des réalités, prêtes à exister, mais il a aussi en lui les semences des choses à venir du fait de la promesse en vertu de laquelle il conçut, puisque celle-ci s’applique aux semences à venir. Et il engendra une descendance qui fut la manifestation de ce par quoi il conçut, mais la semence de la promesse fut mise en réserve en vue de la désignation de ceux qui devaient remplir une mission par la venue du Sauveur et qui allaient accompagner celui-ci — ceux-ci sont les premiers —, pour la connaissance et la gloire du Père. Or il est juste que certains périssent, que d’autres tirent un bénéfice et que d’autres encore soient mis à part par la prière que fit le Logos et la conversion qui en résulta. Il prépara le châtiment de ceux qui furent désobéissants, agissant avec puissance de la part de celui qui lui était apparu et de qui il avait reçu l’autorité sur toute chose. Ainsi il put séparer de lui-même ce qui est inférieur et se placer également lui-même à l’écart de ce qui est supérieur, jusqu’à ce qu’il ait mis en ordre l’économie de tout ce qui est à l’extérieur et attribué à chacun la région qui lui revient.

    L’établissement de la région spirituelle

    Mettant en ordre toute chose, le Logos s’établit d’abord lui-même comme principe, cause et maître de ce qui est venu à l’existence, à la manière du Père qui fut cause de l’établissement qui exista le premier après lui. Il mit en ordre les images qui existaient déjà, qu’il avait produites en action de grâce et pour rendre gloire. Ensuite, il mit en ordre la demeure de ceux qu’il a produits à travers la glorification, que l’on appelle « Paradis » et « Jouissance » et « Délice plein de nourriture » et « Délice des préexistants », reproduisant l’image de toutes les bonnes choses qui existent dans le Plérôme. 35 Ensuite, le Logos mit en ordre le royaume telle une cité remplie de tout ce qui est agréable, d’amour fraternel et de grande générosité, peuplée par les saints esprits et les fortes puissances qui gouvernent ceux qu’il avait produits. Et le royaume fut établi solidement. Ensuite, il mit en ordre la station de l’Église rassemblée en ce lieu, qui a la forme de l’Église se trouvant parmi les éons qui rendent gloire au Père. Après cela, il mit en ordre la station de la foi et de l’obéissance issues de l’espérance que reçut le Logos après l’apparition de la lumière. Enfin, il mit en ordre la station de cette disposition qui est la prière et la supplication — suivies par le pardon — et la parole concernant celui qui apparaîtrait.

    Toutes ces stations spirituelles sont mises à part de l’ordre du souvenir au moyen d’une puissance spirituelle. Cette puissance est une image de ce qui sépare le Plérôme du Logos — c’est la puissance qui agit en ceux qui prophétisent les choses à venir —, et elle tient l’ordre du souvenir, qui est venu à l’existence, à l’écart de ce qui est préexistant, ne le laissant pas se mêler non plus à ceux qui sont venus à l’existence à travers une vision immédiate.

    La subordination des deux ordres inférieurs

    Exclues de cette vision, les puissances du souvenir sont pour leur part, subordonnés. Elles reproduisent cependant la ressemblance du Plérôme, mais surtout parce qu’elles participent des noms dont elles tirent leur beauté. Ensuite, la conversion est subordonnée à l’ordre du souvenir, et la loi du jugement, qui est condamnation et colère, lui est aussi subordonnée. Leur est également subordonnée la puissance qui sépare les réalités qui leur sont inférieures, les rejetant au loin et ne les laissant pas se déployer vers le haut contre ceux qui appartiennent au souvenir et à la conversion. Ce sont la crainte et le désespoir, l’oubli et la stupeur et l’ignorance, et les choses qui sont venues à l’existence comme des représentations nées de l’imagination. Ces réalités aussi on leur attribue les noms les plus hauts, mais ces êtres inférieurs ignorent ceux dont ils sont issus dans une pensée présomptueuse et un désir de domination, la désobéissance et le mensonge. Le Logos dénomma chacun des deux ordres : on appelle l’ordre du souvenir et de la ressemblance « la droite », et « les psychiques », « les « feux » et « les médians ». Quant à l’ordre de la pensée présomptueuse et de l’imitation, on l’appelle « la gauche », « les hyliques », « la ténèbre » et « les derniers ».

    L’union du psychique et du hylique

    Après que le Logos eût établi chacun en son rang donc, images, ressemblances et imitations, il garda l’éon des images pur de tous ceux qui s’opposent à lui, de sorte qu’il est un lieu de joie. Mais à l’ordre du souvenir, il révéla la pensée dont il s’était dépouillé, désirant qu’elle entraîne celui-ci à se lier avec la matière pour se procurer ainsi une organisation à lui et une demeure. Ses moyens seraient ainsi affaiblis du fait de son attraction vers le mal, de sorte qu’il ne se réjouisse pas à l’excès de la gloire de sa sphère et qu’il ne demeure pas exilé, mais qu’il prenne plutôt conscience de la maladie dont il était atteint, et qu’il conçoive le désir de celui qui a le pouvoir de le guérir de cette faiblesse et qu’il le recherche assidûment. Au dessus de l’ordre de l’imitation, il plaça le logos ordonnateur afin que celui-ci lui procure une forme. Il plaça également au-dessus de lui la loi du jugement, puis les puissances que les racines avaient produites dans leur désir de domination. Il les plaça pour qu’elles gouvernent cet ordre de sorte que, grâce à la fermeté du Logos sage ou sous la menace de la loi ou par la puissance de l’amour du pouvoir, il fût gardé en échec au moyen de ces puissances réduisant le mal en lui, jusqu’à ce que le Logos fût satisfait de son utilité pour l’économie.

    Les rangs des puissances cosmiques, psychiques et hyliques

    Le Logos connaît le commun amour du pouvoir des deux ordres. Aux uns et aux autres, il accorda ce qu’ils désiraient. Il attribua à chacun le rang qui lui revenait pour qu’il en exerce le commandement. Chacun devint ainsi l’archonte d’une station et d’une oeuvre et renonça à la station de celui qui lui était supérieur pour commander par son action les stations inférieures, chacun étant chargé de l’oeuvre qu’il lui incombait de contrôler du fait de sa manière d’être. De la sorte, il y avait des commandants et des subordonnés, en position de domination et de servitude, parmi les anges et les archanges, leurs oeuvres étant variées et différentes. Suivant la classe et le rang qui lui sont échus conformément à la manière dont ils sont apparus, chacun des archontes montait la garde à laquelle il avait été préposé en vue de l’économie. Et nul n’est sans commandement, et nul n’est sans roi : depuis les confins des cieux jusqu’aux extrémités de la terre, aux régions habitées de la terre et aux régions souterraines, il y a des rois et des seigneurs, et ceux à qui ils commandent, certains punissent, d’autres jugent, d’autres encore confortent et guérissent, d’autres enseignent, d’autres enfin montent la garde.

    L’Archonte

    Au-dessus de tous ces archontes, le Logos établit un archonte auquel personne ne commande car il est leur seigneur à tous. Il est la représentation que le Logos a produite par sa pensée à la ressemblance du Père des Touts. C’est pourquoi il est paré de tous les noms de manière à lui ressembler puisqu’il possède toutes les vertus et de toutes les gloires. On l’appelle en effet lui aussi « père » et « dieu » et « artisan » et « roi » et « juge » et « lieu » et « demeure » et « loi ». Le Logos usa de lui comme d’une main, pour façonner et fabriquer les choses inférieures, et il se servit de lui comme d’une bouche pour dire les choses qui devaient être prophétisées. Lorsque cet archonte vit que les choses qu’il avait dites et fabriquées étaient grandes, bonnes et merveilleuses, il s’en réjouit et fut heureux comme si c’eût été lui qui, par ses pensées, les eût dites et faites, ignorant que le mouvement qui l’habitait était dû à l’esprit qui le mouvait de façon prédéterminée vers ce qu’il voulait.

    L’organisation de la région psychique

    Les choses qui sont issues de lui, il les a dites et elles sont advenues, semblables aux stations spirituelles dont nous avons déjà parlé dans la partie concernant les images. Car non seulement oeuvrait-il, mais il engendrait également lui-même en tant que père sa propre économie et des semences conformes à lui-même, mais c’était par l’action de l’esprit supérieur qui descend à travers lui vers les stations inférieures. Non seulement il prononçait des paroles spirituelles qui étaient siennes … invisiblement grâce à l’esprit qui proclame et engendre des choses dépassant la nature de l’archonte. Mais lui, à cause de sa nature, comme il est dieu et père et tout le reste de ces titres glorieux, il pensait que ces choses venaient de sa propre nature. Il établit un repos pour ceux qui lui obéissaient, mais ceux qui ne lui obéissaient pas furent voués aux châtiments. Et auprès de lui se trouvent également un paradis et un royaume et tout le reste de ce qui se trouve dans l’éon qui est avant lui, choses qui sont supérieures à ces empreintes à cause de la pensée qui leur est unie, ..... … qui est comme une ombre ou un voile de telle sorte que, pour ainsi dire, il ne voit pas comment sont les choses qui existent. Il s’est adjoint des ouvriers et des serviteurs pour qu’ils l’assistassent en ce qu’il ferait et en ce qu’il dirait. Sur toute chose à laquelle il a travaillé, il laissa sa marque de beauté au moyen de son nom, fabriquant et disant les choses qu’il pensait. Il établit en effet dans ses stations des images de la lumière qui était apparue et des lieux spirituels, des images issues de sa nature, de sorte que les stations furent complètement ornées par lui, marquées au chiffre de celui qui les a établies. Et des paradis, des royaumes, des repos, des promesses et des multitudes furent établis au service de sa volonté. Et celles-ci, tout en étant des seigneurs des principautés, sont soumises à ce Seigneur qui les a établies.

    L’organisation de la région matérielle

    Après qu’il eût écouté attentivement l’esprit au sujet des lumières qui constituent le point de départ de la constitution et qu’il les eût placées au sommet de la création des choses inférieures, celui-ci le poussa de la même façon à désirer lui aussi gouverner par l’intermédiaire de son propre serviteur dont il se servit lui aussi comme d’une main et comme d’une bouche , et comme s’il avait un visage. Ce que produit ce serviteur est ordre, menace et crainte, de sorte que ceux qui furent ignorants . . . . . . puissent tenir droit le rang à la garde duquel ils furent préposés étant enchaînés … [ . . . . . ] les archontes qui les dominent, en leur lieu.

    Tout l’établissement de la matière est divisé en trois. D’une part, les premières puissances que le Logos spirituel avait produites par illusion et présomption, il les plaça dans le premier ordre, spirituel. Puis, celles que celles-ci avaient produites par amour du commandement, il les plaça dans la région médiane, puisqu’elles sont des puissances .[ . ] d’amour du commandement, pour qu’elles gouvernent et commandent l’établissement inférieur par la contrainte et la violence. Enfin, celles qui sont issues de l’envie et de la jalousie, et tous les autres fruits de cette sorte de dispositions, il les plaça comme un ordre de service dominant les dernières choses, commandant à tout ce qui existe et à tout le royaume de l’engendrement. D’elles sont issues les maladies, destructrices rapides, impatientes de devenir quelque chose dans le lieu dont elles sont issues et auquel elles retourneront. Et à cause de cela, il plaça au-dessus d’elles des puissances 
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:41

    [size=22]DEUXIÈME PARTIE : ANTHROPOGONIE[/size]


    LE TRAITÉ TRIPARTITE

    Traduit du copte par Louis Painchaud et Einar Thomassen .Bibliothèque copte de Nag Hammadi 

    constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, l’oeuvre d’un maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel l’Église valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de l’hérésie valentinienne.

    DEUXIÈME PARTIE : ANTHROPOGONIE

    La nature du monde visible

    Le caractère flottant de la forme de la matière est dû au fait que n’est pas visible par les puissances [ . . . . ]….. toutes en elle, …. [ . . . . ] ils engendrent avec eux et ils périssent. La pensée qui est placée entre la droite et la gauche est une puissance de …. [ . . . ]. toutes les choses que les ..[ . . . ]. veulent fabriquer, de sorte qu’ils les produisent, pour ainsi dire, comme une ombre est projetée par un corps qu’elle suit. Telles sont les racines des créations visibles.

    Le but de la création est l’homme

    Toute l’édifice de la création des images, ressemblances et imitations est advenue en vue de ceux qui ont besoin de nourriture, d’instruction et de formation, afin que leur petitesse croisse progressivement, comme à travers le reflet d’un miroir. C’est en effet pour cela qu’il créa l’homme en dernier lieu après qu’il eût préparé et pourvu à son intention ce qu’il a créé pour lui.

    La création de l’homme

    La création de l’homme est survenue comme le reste : le Logos spirituel mit celui-ci en mouvement invisiblement, mais il l’acheva par l’intermédiaire du démiurge et des anges qui le servaient, à qui se sont joints pour son modelage la pensée mentionnée plus haut et ses archontes. Ainsi, en tant qu’ombre terrestre, il partagerait l’état de ceux qui sont coupés des Touts. Et il est leur création à tous, ceux de la droite et ceux de la gauche, chacun des ordres contribuant à la formation de l’homme à sa manière propre.

    Les contributions du Logos, du démiurge et des puissances matérielles à la création de l’homme

    La forme que produisit le Logos, était déficiente de telle sorte que l’homme était affligé de maladies ; elle ne ressemblait pas au Logos, car lorsque celui-ci lui donna sa première forme, elle fut produite dans un état d’oubli, d’ignorance, et de [ . . ] et dans toutes les autres maladies. Si par l’intermédiaire du démiurge, le Logos la produisit dans cet état d’ignorance, c’est pour que l’homme apprît qu’il existait quelque chose de supérieur et qu’il comprît qu’il en avait besoin. C’est ce que le prophète a appelé « souffle de vie » et [ . . ] .. de l’éon supérieur et l’« invisible », et c’est l’âme vivante qui a donné vie à la substance qui auparavant était morte. En effet ce qui est mort, c’est l’ignorance. Par conséquent, il convient que nous établissions que l’âme du premier homme était issue du Logos spirituel bien que le créateur pensât qu’elle fût sienne puisqu’elle sortit de lui comme d’une bouche par laquelle on souffle.

    Le créateur envoya également en bas des âmes issues de sa propre substance ; il avait lui aussi la capacité d’engendrer, car il était un être à la ressemblance du Père. La gauche aussi produisit sa propre sorte d’hommes, car elle possède l’imitation .. < … >. La substance spirituelle est un nom et une unité et]sa maladie consiste en sa constitution multiforme. Par contre, la constitution de la substance des psychiques est double, car elle possède l’ intelligence de ce qui est supérieur et le confesse, tandis qu’elle est aussi inclinée au mal à cause de l’inclination de la pensée présomptueuse. Enfin, l’impulsion de la substance hylique, est diverse et multiforme. C’est une maladie qui se traduit en des inclinations disparates. Le premier homme est en effet un modelage et une créature mixtes ; il est dépositaire de la gauche et de la droite ainsi que d’un Logos spirituel, de sorte que son sentiment est divisé entre chacune des deux substances dont il tire son existence.

    La signification du paradis et de la transgression de l’homme

    C’est pourquoi il est dit qu’un paradis fut planté pour lui afin qu’il mange du fruit de trois essences d’arbres ; ce jardin de délices est un jardin de l’ordre triple. La noblesse de la substance supérieure qui résidait en l’homme était très haute ; elle prit néanmoins part à la création sans coup férir. C’est pourquoi il fut soumis à un commandement et à des menaces, et un grand danger pesa sur lui, la mort. Le créateur ne lui laissa que la jouissance des mauvais arbres pour qu’il en mange. Mais ils ne l’autorisèrent pas à manger de l’autre arbre au double caractère, encore moins de celui de la vie, de peur qu’il n’acquière une gloire égale à la leur et que .[ . . . . . . ] …. par la puissance mauvaise appelée le serpent. Elle est en effet la plus rusée de toutes les puissances mauvaises. Il trompa l’homme, par ordre de ceux qui appartiennent à la pensée présomptueuse et aux désirs, et lui fit transgresser le commandement afin qu’il meure. Et l’homme a été écarté de tous les délices de ce lieu.

    La signification de l’expulsion du paradis

    Car telle est l’expulsion qu’il a subie lorsqu’il a été expulsé des délices de ceux de l’imitation et de la ressemblance. C’est là l’oeuvre de la providence afin que l’on comprenne que bref est le temps que l’homme peut jouir de ces biens-là comparé à l’éternité du lieu de repos que l’esprit a fixé. Celle-ci avait considéré en effet que l’homme devait faire l’ expérience de ce grand mal qu’est la mort — l’ignorance complète de toute chose — et qu’il devait faire également l’expérience de tous les maux qui en découlent, en sorte qu’après les avidités et les anxiétés qui en résultent, il puisse avoir part à ce grand bien qu’est la vie éternelle, c’est-à-dire la pleine connaissance des Touts et la participation à tous les biens.

    La conséquence de la chute : le règne de la mort

    À cause de la transgression du premier homme, la mort a régné. Elle a accompagné tous les hommes pour les faire mourir pendant toute la durée de la domination qui lui a été accordée en guise de royaume en vue de l’ économie dont nous avons déjà parlé et qui est voulue par le Père.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:41

    TROISIÈME PARTIE : ESCHATOLOGIE


    LE TRAITÉ TRIPARTITE

    Traduit du copte par Louis Painchaud et Einar Thomassen .Bibliothèque copte de Nag Hammadi, 

    constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, l’oeuvre d’un maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel l’Église valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de l’hérésie valentinienne.

    TROISIÈME PARTIE : ESCHATOLOGIE

    Les différentes opinions des hommes

    La confusion apportée par les deux ordres inférieurs

    Puisque l’un et l’autre des deux ordres, la droite et la gauche, sont réunis par cette pensée qui est placée entre eux et qui leur procure une économie commune, il leur arrive d’agir tous deux par un même zèle dans leurs oeuvres, la droite copiant la gauche et la gauche, à son tour, copiant la droite. Tantôt, lorsque l’ordre mauvais se met à faire le mal de façon insensée, l’ordre sensé rivalise avec lui dans le rôle de malfaiteur, faisant lui aussi le mal comme s’il était une puissance injuste. Tantôt au contraire, l’ordre sensé entreprend de faire le bien et l’ordre mauvais l’imite, en rivalisant pour en faire autant. Il en va de même pour les choses qui résultent de ces oeuvres : elles sont venues à l’existence portantl’empreinte d’oeuvres dissemblables, de sorte que ceux qui n’en ont pas été instruits sont incapables de comprendre la cause des choses qui existent. C’est pourquoi circulent les opinions les plus diverses : d’aucuns soutiennent que les réalités existantes existent grâce à une providence ; ce sont ceux qui observent la stabilité du mouvement de la création et son obéissance. D’autres prétendent que ces réalités sont étrangères à toute providence : ce sont ceux qui considèrent la diversité et l’anarchie des puissances et le mal. D’autres affirment que ce qui arrive est prédestiné : ce sont ceux qui se sont occupés de cette question. D’autres parlent de nature, d’autres encore, d’accident. Toutefois, la grande majorité en est restée aux éléments visibles et n’en connaît pas plus.

    Les opinions des Grecs et des Barbares

    En effet, ceux qui sont devenus sages à la manière des Grecs et des Barbares sont parvenu jusqu’aux puissances qui sont venues à l’existence par illusion et vaine pensée, et à celles qui sont issues de leur affrontement mutuel et de leur rébellion. Ils furent possédés par elles de sorte que leurs discours au sujet de ce qu’ils ont cru sagesse ne furent qu’imitation, présomption et pensée fantasque. Trompés par l’ imitation , ils ont cru avoir atteint la vérité alors qu’ils n’avaient atteint que l’erreur, non seulement à cause de l’insuffisance des noms, mais parce que les puissances elles-mêmes, pour leur faire obstacle, produisirent une imitation destinée à leur faire croire qu’elles étaient le Tout. C’est pourquoi cet ordre emmêlé combattit contre lui-même à cause de l’agressivité présomptueuse de …[ . . ]… l’archonte qui … ..[ . ].[ . ].. qui le précède. C’est pourquoi il n’y a nul accord, ni en philosophie, ni en médecine ni en rhétorique, ni en musique, ni en mécanique, mais il n’y a qu’opinions et théories. Il s’ensuit que le verbiage régna, et ils furent dans la confusion à cause de leur incapacité d’expliquer ceux qui les dominaient et inspiraient leurs pensées.

    La pensée de ceux qui tirent leur inspiration d’un mélange du hylique et du psychique

    Une partie de la production de certains Hébreux a été écrite sous l’influence des puissances hyliques qui reproduisaient le modèle des Grecs … alors qu’ils ont cru attribuer cette production toute entière aux puissances de la droite qui les meuvent tous pour qu’ils pensent avec leurs mots et leur image. Et ils entreprirent d’atteindre la vérité et rendirent un culte aux puissances mixtes qui les possédaient. Après cela, ils se rendirent jusqu’à l’ordre sans mélange de celui qui est établi comme unique, qui a été institué à la ressemblance du Père. Il n’est pas invisible en sa nature mais il est recouvert par une sagesse, de sorte qu’il reproduit le type du véritable invisible. C’est pourquoi de nombreux anges se sont trouvés incapables de le voir.

    Les prophéties

    Et d’autres hommes de la race hébraïque dont nous venons de parler, les justes et le prophètes, n’ont rien pensé ni rien dit par illusion ou par imitation ou par quelque obscure pensée. Attentif au contraire à ce qu’il vit et entendit sous l’impulsion de la puissance agissant en lui, chacun d’eux parla fidèle ment, tandis qu’un commun accord les réunissait entre eux, à la manière de ceux qui agissaient en eux dont ils reproduisirent l’ unité et l’accord mutuel, principalement par la confession de ce qui leur est supérieur. Et le Logos spirituel déposa dans leur pensée le besoin de quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, une semence du besoin de ce qui est en haut, une espérance et une attente. Cette pensée est la semence de salut et un logos illuminateur, et les justes et les prophètes dont nous avons déjà parlé en sont la progéniture et les émissions. Ils préservent la confession et le témoignage de leurs pères au sujet de ce qui est grand, car ils sont venus dans l’attente de leur espérance et dans l’obéissance du fait de la semence de prière et de quête déposée en eux. Celle-ci est déposée dans un grand nombre d’hommes qui en ont cherché la confirmation. Cette semence manifeste sa présence en les entraînant à aimer ce qui est en haut, à proclamer les prophéties comme ayant un seul objet.

    Les différentes interprétations de prophéties

    C’était un seul être qui agissait en eux lorsqu’ils parlaient ; leurs visions et leurs paroles varient pourtant à cause de la multiplicité de ceux qui les leur ont données. C’est pourquoi ceux qui ont écouté leurs paroles n’en rejettent rien, mais ils ont compris diversement les Écritures lorsqu’ils les ont interprétées. Ils ont formé de nombreux partis qui1 subsistent jusqu’à maintenant parmi les Juifs. Certains disent que c’est un seul Dieu qui a proclamé ces Écritures anciennes. D’autres disent qu’il y en a plusieurs. Certains disent que la nature de Dieu est simple et harmonieuse. D’autres disent que, dans son action, est réunie l’origine du bien et du mal. D’autres encore disent qu’il est l’artisan de ce qui est venu à l’existence, mais d’autres disent qu’il a oeuvré par l’intermédiaire de ses anges. [ . ] nombreuses hypothèses de cette sorte, c’est la multiplicité et 4 la diversité des Écritures qui leur ont donné < … > docteurs de la Loi.


    [size=22]L’oeuvre du sauveur[/size]



    Les prophéties concernant le Sauveur

    Les prophètes, quant à eux, n’ont rien dit par eux-mêmes, mais chacun d’eux a parlé à partir de ce qu’il a vu et entendu au sujet de la proclamation du Sauveur. Le sujet principal de leur proclamation, ce que chacun annonça au sujet de la venue du Sauveur, c’est son avènement. Mais parfois les prophètes parlent de lui comme si son existence était à venir, et parfois encore,ils s’expriment comme si le Sauveur parlait déjà par leur bouche, disant qu’il viendrait et ferait grâce à ceux qui ne l’auront pas connu. Ainsi ils ne se sont entendus sur rien ; mais chacun d’eux, en raison de l’influence qui le poussa à parler du Sauveur et du lieu qu’il lui arriva de voir, crut que c’était par elle qu’il allait être engendré et que c’était de ce lieu-là qu’il allait venir alors qu’aucun d’eux ne comprit d’où il viendrait ou de qui il allait naître. Mais la seule chose dont il leur a été accordé de parler, c’est ce en quoi il allait naître et souffrir. Par contre, ils n’ont rien connu de sa préexistence ni de son être éternel en tant qu’inengendré et impassible, qui n’ est pas le Logos venu dans la chair. Et voici ce qu’ils ont été inspirés de dire concernant sa chair qui allait apparaître : ils disent qu’elle est le produit commun de tous les êtres spirituels, mais avant toute chose, qu’elle vient du Logos spirituel qui est la cause de ce qui est venu à l’existence.

    Celui dont le Sauveur a reçu sa chair avait conçu celui-ci à l’état de semence, lors de l’apparition de la lumière, telle une parole promettant sa manifestation — elle est en effet, une semence de ceux qui existent, mais elle a été produite en dernier. Mais c’est celui que le Père a chargé de la révélation du salut qui est l’accomplissement de cette promesse et il a été doté de tous les organes nécessaires à son entrée dans la vie physique. Il a cependant un seul et unique véritable Père, invisible, inconnaissable et insaisissable en sa nature, Dieu, qui par le seul effet de sa volonté et de sa grâce s’est donné lui-même pour être vu, pour être connu et pour être atteint.

    L’incarnation du Sauveur et des spirituels


    Notre Sauveur devint, par une volontaire compassion, ce que sont devenus, par le fait d’une passion involontaire, ceux pour qui il s’est manifesté : ceux-ci sont en effet devenus chair et âme, c’est la domination perpétuelle à laquelle ils sont soumis, et ils meurent dans la corruption. Mais ceux qui sont venus à l’existence invisiblement, comme un homme invisible, il les a instruits à son propre sujet tout aussi invisiblement. Non seulement il assuma la mort de ceux qu’il avait l’intention de sauver, mais il assuma aussi la petitesse dans laquelle ils descendirent lorsqu’ils sont nés , corps et âme, car il s’est soumis à la conception et il s’est laissé engendrer comme un enfant, corps et âme. Il a embrassé tout ce que ceux-ci partageaient avec ceux qui sont perdus, bien qu’ils possédassent la lumière tout en demeurant supérieur, car c’est sans péché, sans 16 tache et sans souillure qu’il se soumit à la conception. Le Sauveur a été engendré et est demeuré dans la vie physique parce qu’il avait été fixé que ceux-ci deviendraient, comme ceux-là, corps et âme à cause de la passion et du sentiment désordonné du Logos qui s’était mis en mouvement.

    En vue de l’économie, le Sauveur assuma également ce qui est issu de la vision radieuse et de la ferme pensée du Logos lorsque celui-ci se convertit après son mouvement, comme nous l’avons déjà raconté. De la même, ceux qui sont venus avec le Sauveur reçurent avec le corps et l’âme, stabilité, fermeté et discernement. Leur venue avait été prévue en même temps que celle du Sauveur, mais ils ne vinrent que lorsqu’il en eut avisé. Dans leur émission charnelle, ils furent eux aussi supérieurs à ceux qui ont été produits dans la déficience, car c’est ainsi qu’ils furent émis concorporellement avec le Sauveur dans leur manifestation et leur union avec lui. Ce sont eux qui appartiennent à l’essence unique : c’est elle l’essence spirituelle. Par contre, l’économie est variable : elle est tantôt ceci, tantôt cela. Certains, issus d’une passion et d’une division, ont besoin de guérison. À d’autres, issus d’une prière pour la guérison de ces malades, on a a confié le soin de ceux qui sont tombés. Ce sont les apôtres et les porteurs de bonne nouvelle. Ce sont les disciples du Sauveur, mais ce sont des maîtres qui ont eux mêmes besoin d’instruction. Pourquoi donc ont-ils aussi partagé ces passions que partagèrent ceux qui sont issus d’une passion, si, conformément à l’économie, ils sont produits corporellement avec le Sauveur qui n’a pas partagé ces passions ?

    C’est que dans le corps, le Sauveur était une image du Tout, qui est un. C’est pourquoi il a reproduit le type de l’indivisibilité par laquelle l’impassibilité existe. Mais eux sont des images de chacun de ceux qui sont apparus ; c’est pourquoi ils reçoivent de leur modèle la division, ayant été formés pour être implantés dans le monde inférieur, plantation qui partage elle aussi le mal qui existe dans les régions qu’ils ont atteintes. En effet, la volonté a maintenu le Tout sous le péché afin que, conformément à cette volonté, le Sauveur puisse être miséricordieux à l’endroit du Tout et qu’ils soient sauvés, car un seul est destiné à donner la vie, alors que tous les autres ont besoin d’être sauvés.

    Par conséquent, c’est pour ces raisons que ceux que Jésus a jugés dignes d’assurer aux autres la proclamation ont reçu les premiers la grâce et le don de le proclamer. En eux est déposée en effet la semence de la promesse de Jésus le Christ, dont notre ministère annonce la manifestation et l’union. Cette promesse comportait leur instruction et leur retour à ce qu’ils sont depuis le début, dont ils possèdent une goutte de sorte qu’ils puissent y retourner ; c’est ce que l’on appelle la rédemption. Et c’est la libération de la captivité et l’acquisition de la liberté — la captivité de ceux qui étaient esclaves de l’ignorance qui règne en ses domaines. La liberté par contre est la connaissance de la vérité qui existait avant que ne fût l’ignorance ; elle règne éternellement, sans commencement et sans fin, elle est un bienfait, la réalisation du salut ; elle est libération de la nature esclave dont ont souffert ceux qui ont été produits par une pensée inférieure et vaniteuse, qui incline au mal et qui les fait succomber à l’amour du pouvoir. Par l’abondance de la grâce aux yeux tournés vers les enfants, ils ont reçu en partage la liberté qui renverse la passion et anéantit les effets causés par le Logos. Celui-ci les avait déjà écartés lorsqu’il s’était séparé d’eux, mais il avait reporté leur destruction à la fin de l’économie, leur permettant d’exister à cause de leur utilité pour les choses à venir.

    [size=22]Les trois races humaines[/size]


    Les différentes réactions des hommes devant la lumière

    L’humanité se divisa en trois sortes de natures, spirituelle, psychique et hylique ; elle reproduit ainsi le type de la triple disposition par laquelle le Logos produisit les hyliques, les psychiques et les spirituels. C’est à son fruit que l’on reconnaît l’essence de chacune de ces trois races, elles n’ont cependant pas été reconnues dès le début, mais seulement lors de l’avènement du Sauveur, qui a mis en lumière les saints et révélé ce que chacun était. La race spirituelle est en effet comme une lumière née de la lumière, et comme un esprit né de l’esprit. À l’apparition de la tête du Sauveur, elle se précipita aussitôt vers lui et aussitôt devint corps pour sa tête, et sur-le-champ elle reçut la connaissance par la révélation. Pour sa part, la race psychique, lumière issue d’un feu, a tardé à reconnaître celui qui s’est révélé à elle, encore plus à se précipiter vers lui avec foi. C’est plutôt par une voix qu’elle est instruite — cela leur suffit — et elle n’est pas éloignée de l’espérance née de la promesse, puisqu’elle a reçu, pour ainsi dire en guise d’arrhes, l’assurance des choses à venir. Mais la race hylique est complètement étrangère. Elle est comme les ténèbres qu’écartent les rayons de lumière. En effet, elle est détruite par l’apparition du Seigneur, parce qu’elle n’a pas accepté le surabondant éclat de sa lumière , et elle est remplie de haine à son égard à cause de sa manifestation.

    La destinée des trois races

    La race spirituelle recevra un salut complet à tous égards, mais la race hylique sera détruite à tous égards, comme un adversaire récalcitrant. Quant à la race psychique toutefois puisqu’elle est située au milieu en raison de son mode de production et que sa constitution est double en raison de sa disposition au bien et au mal, l’issue qui lui est réservée est incertaine … et l’entrée totale dans ce qui est bien.

    La destinée des différentes catégories de psychiques

    Ceux que le Logos produisit sur le modèle du préexistant, lorsqu’il se rappela ce qui est en haut et qu’il implora le salut, et qui appartiennent à son souvenir, ce salut leur appartient complètement sans incertitude. Ils seront sauvés à cause]de cette pensée salvifique, selon ce qu’elle produit en eux. Tel est également le cas pour ceux qu’ils ont produits, qu’ils soient anges ou hommes : selon qu’ils confessent, prient et cherchent celui qui leur est supérieur, ils obtiendront aussi le salut, comme ceux qui les ont produits, parce qu’ils sont issus de cette disposition bonne. Ils ont été assignés au service de la proclamation de l’avènement du Sauveur lorsque celui-ci était encore à venir et de sa manifestation après sa venue. Anges ou hommes envoyés pour ce service ont reçu de ce fait l’essence de leur être.

    Quant aux psychiques issus de la pensée de l’amour du pouvoir, qui sont venus à l’existence dans l’assaut mené par ceux qui combattent, ils sont les produits de cette pensée. À cause de cela, le sort final de ces êtres mélangés sera incertain. Ceux qui auront été produits dans l’amour du pouvoir qu’ils exercent pour un temps et des moments, et qui rendront gloire au Seigneur de gloire et abandonneront leur colère, ceux-là recevront pour leur humilité la récompense de subsister jusqu’à la fin. D’autre part, ceux qui s’enorgueillissent à cause du désir de l’amour de la gloire et aiment la gloire temporaire sans être conscients que le pouvoir ne leur a été confié que pour le temps et les instants qui leur appartiennent, et qui, pour cette raison, n’ont pas confessé que le Fils de Dieu est le Seigneur du Tout et le Sauveur, et n’ont renoncé ni à leur nature colérique ni à l’imitation des mauvais, ceux-là seront jugés pour leur ignorance et leur irréflexion — qui est la souffrance. Ils seront jugés avec ceux qui se sont perdus, tous ceux qui, parmi les psychiques, se sont détournés et pis encore, de sorte qu’ils ont eux aussi commis contre le Seigneur ces indignités commises contre lui par les puissances de la gauche jusqu’à sa mort. Ils ont persisté dans la pensée qu’ils deviendraient les maîtres du

    Tout si seulement était tué celui qui avait été proclamé roi du Tout. Ainsi se sont acharnés les hommes et les anges qui ne sont pas issus de la disposition bonne de la droite, mais du mélange. Et ils ont choisi volontairement pour eux-mêmes les honneurs passagers et la convoitise. C’est par l’humilité que passe le chemin du repos éternel conduisant au salut de ceux qui, parmi la droite, seront sauvés. Après avoir confessé le Seigneur, nourri la pensée de ce qui plaît à l’Église, et participé avec elle au chant 3 des humbles à travers tout ce qu’ils ont pu faire qui soit agréable à l’Église, de sorte qu’ils ont partagé ses afflictions et ses souffrances en tant que partisans fidèles du bien de l’Église, ils auront part à l’espérance — et ceci s’applique aux hommes et aux anges. De même, le chemin de ceux qui sont issus de l’ordre de la gauche les mène à la perdition, non seulement parce qu’ils ont renié le Seigneur, et tramé un sombre complot contre lui, mais aussi parce qu’ils ont dirigé leur haine, leur envie et leur jalousie contre l’Église elle-même. Et c’est la raison de la condamnation de ceux qui se sont agités et qui se sont portés à éprouver l’Église.

    [size=22]Le destin de l’élection et de la vocation[/size]


    Introduction

    L’Élection est concorporelle et consubstantielle au Sauveur ; à cause de son unité et de son union avec lui, elle ressemble à une chambre nuptiale, car c’est avant tout pour elle que le Christ est venu. Quant à la Vocation, elle occupe la place de ceux qui se réjouissent à propos de la chambre nuptiale et qui exultent et se félicitent de l’union de l’époux et de l’épouse. Le lieu de la Vocation sera donc l’éon des images, le lieu où le Logos ne s’est pas encore uni au Plérôme. Et c’est en cette union que l’Homme-Église est heureux, se réjouit et espère. Il fut divisé en esprit, âme et corps dans l’économie de celui qui a pensé …... L’Homme qui était en lui était unique, il est le Tout et tous sont en lui et il possède l’émanation provenant du Père dans la mesure où les régions sont capables de la recevoir.

    Le salut des élus

    Et il possède les membres que nous avons indiqués. Aussitôt que fut proclamée la rédemption l’homme parfait reçut la connaissance de façon à se tourner immédiatement vers son unité, vers le lieu d’où il est issu et à retourner dans la joie au lieu d’où il est issu, au lieu d’où il émana. Ses membres toutefois avaient besoin d’une école — celle-ci se trouve dans les régions inférieures qui sont pourvues de manière à ce qu’elle reflète les images et les archétypes comme un miroir. Ce besoin durera jusqu’à ce que tous les membres du corps de l’Église soient réunis et rétablis ensemble lorsqu’ils seront manifestés comme le corps intégral … ...... le rétablissement dans le Plérôme. Celui-ci possède un premier accord unificateur, l’accord existant pour la gloire du Père, si bien que les Touts en ont reçu une représentation. Son rétablissement final surviendra toutefois après que le Tout ait été manifesté dans le Fils, lui qui est la rédemption, la voie vers le Père incompréhensible, le retour au préexistant, et après que les Touts aient été manifestés authentiquement dans l’inconcevable et l’indicible, l’invisible et l’insaisissable, de telle sorte que le Tout reçoive la rédemption. Celle-ci n’est pas seulement une libération de la domination exercée par ceux qui appartiennent à la gauche, ou un affranchissement de l’autorité exercée par ceux qui appartiennent à la droite, dont nous avons pensé être respectivement les esclaves et les fils, et dont on ne s’affranchit pas sans être bientôt de nouveau à eux. Mais la rédemption est aussi une remontée et les degrés du Plérôme et tous ceux qui ont reçu des noms et qui les comprennent suivant la capacité de chacun des éons, et une entrée en ce lieu silencieux où il n’est nul besoin de voix, ni de compréhension, ni de pensée ni d’illumination mais où il n’y a que des réalités lumineuses par elles-mêmes.

    Enfin, ce ne sont pas seulement les hommes terrestres qui ont besoin de rédemption, mais les anges ont aussi besoin de la rédemption et de l’image, de même que les plérômes des éons et les merveilleuses puissances lumineuses on ne doit pas en douter. Même le Fils, qui sert de modèle de la rédemption pour le Tout, a eu besoin de la rédemption lui aussi, lorsqu’il s’est fait homme, s’étant lui-même soumis à tout ce dont nous avons besoin, nous qui dans la chair sommes son Église. Donc, après qu’il eût reçu le premier la rédemption par le logos descendu sur lui, tous les autres qui l’ont reçu ont reçu par lui la rédemption. En effet, ceux qui ont reçu celui qui a reçu, ont aussi reçu ce qui était en lui. Car il est venu parmi les hommes qui sont dans la chair, pour apporter la rédemption, lui, le premier-né et l’amour du Père, le Fils venu dans la chair. Et les anges du ciel ont été jugés dignes de former en lui une communauté sur la terre. C’est pourquoi on appelle le Fils rédemption angélique du Père et consolation de ceux qui ont souffert pour le Tout en vue de la connaissance du Père, parce qu’il a reçu cette grâce avant quiconque.

    Le Père le connaissait à l’avance car il existait dans sa pensée avant que rien ne fût, tout comme existaient également en elle ceux pour qui il l’a manifesté. Il logea la déficience dans ce qui ne dure qu’un temps et des instants, pour la gloire de son Plérôme. C’est parce qu’il est inconnu que le Père a pu montrer sa bienveillance en se faisant connaître, et ainsi, la réception de sa connaissance est devenue la manifestation de sa générosité et de sa surabondante douceur, qui est la deuxième gloire. C’est pourquoi il est lui-même à la fois cause de l’ignorance et auteur de la connaissance. En effet, par sa sagesse cachée et inaccessible, Dieu le Père, que personne n’a trouvé par sa propre sagesse ou capacité, a préservé la connaissance jusqu’à la fin, jusqu’à ce que les Touts aient peiné à sa recherche. Il se donne lui-même à eux afin que, pour sa plus grande gloire, ils reçoivent la connaissance par la pensée supérieure qu’il leur a inspirée et par ce moyen qu’il leur a procuré, qui est l’action de grâce sans fin qu’ils lui rendent. Depuis son immuable conseil, le Père inconnaissable dans sa nature manifeste éternellement cette connaissance à ceux qui se sont montrés dignes à ses yeux, de sorte qu’ils reçoivent sa connaissance par sa volonté.

    C’était réflexion de la sagesse du Père que ceux dont il avait prévu qu’ils atteindraient la connaissance et ses bienfaits fassent aussi l’expérience de l’ignorance et de ses souffrances, afin qu’ils goûtent les choses mauvaises et qu’ils s’exercent par elles comme un ..[ . ].. temporaire, [ . . . . . . . . . . . . ] recevoir la jouissance des biens éternels. Le rejet constant et les accusations dont ils sont l’objet de la part de leurs adversaires les distinguent et les parent comme le signe merveilleux des choses d’en haut, pour qu’il devienne manifeste que l’ignorance de ceux qui ne connaissent pas le Père était leur propre fait, alors que c’est par sa puissance qu’il a donné à ceux qui l’ont connu la capacité de le connaître. On appelle à juste titre cette connaissance « la connaissance de tout ce qui peut être pensé » et « le trésor ». Pour tout dire, elle est la manifestation de ceux qui ont été connus à l’avance, et le chemin vers l’accord et vers le préexistant, et elle est la croissance de ceux qui ont renoncé à leur propre grandeur dans l’économie de la volonté divine, de sorte que la fin sera comme le commencement.

    Quant au baptême authentique, en lequel doivent descendre les Touts et en lequel ils viendront à l’existence, il n’y en a pas d’autre hormis celui-là seul qui est la rédemption en Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, après la confession de la foi en ces noms qui forment un nom unique de la Bonne Nouvelle. Parce qu’ils ont cru en la réalité de ce qui leur a été enseigné, ceux qui croient en cette réalité obtiennent le salut en retour ; ils atteignent invisiblement le Père et le Fils, et le Saint-Esprit, parce qu’ils leur ont rendu témoignage dans une foi inébranlable et qu’ils les saisissent dans une ferme espérance. C’est ainsi que leur foi s’accomplit dans leur retour vers ces noms, et dans l’union du Père avec eux, le Père Dieu, lui qu’ils ont confessé dans la foi et qui leur a 18 accordé d’être unis avec lui dans la connaissance. Le baptême dont nous parlons est appelé « vêtement de ceux qui ne s’en dévêtent pas », car c’est lui que portent ceux qui le revêtent et qui ont été sauvés. Et on l’appelle « l’infaillible confirmation de la vérité » : fermement et immuablement, il saisit ceux qui ont été rétablis et ils le saisissent. On l’appelle « silence » à cause de sa quiétude et de sa tranquillité. On l’appelle aussi « chambre nuptiale » à cause de l’accord inséparable de ceux qu’il a connu et qui l’ont connu . Et on l’appelle encore « lumière qui ne s’éteint pas et qui n’a pas besoin de feu » car elle n’éclaire pas de l’extérieur, mais ceux qui la portent en eux et qu’elle porte en elle deviennent lumière. Et on l’appelle aussi « vie éternelle », c’est-à-dire l’immortalité. Et les noms de tous les délices qu’il contient s’appliquent à lui proprement, avec simplicité, sans division ni réduction, sans déficience ni fléchissement, et tout le reste. En effet, comment le désigner autrement, sinon comme « les Touts » ? C’est que, même si on lui donne des noms innombrables, ils ne servent qu’à en exprimer un aspect particulier, alors qu’il transcende tout mot et qu’il transcende toute voix, et qu’il transcende tout intellect, et qu’il surpasse tout, et qu’il surpasse tout silence. Il en est ainsi …... avec son caractère propre. Telle est en effet sa nature indicible et incompréhensible, qu’il fait sa demeure en ceux qui connaissent au moyen de ce qu’ils ont atteint, qui est ce à quoi ils ont rendu gloire.

    Le salut de ceux qui sont appelés

    Même s’il y aurait encore beaucoup de choses à dire au sujet de l’Élection, il faut toutefois que nous reparlions de ceux qui appartiennent à la Vocation — car c’est ainsi qu’on appelle ceux de la droite ; nous n’aurions pas profit à les oublier. Nous en avons parlé comme si la description limitée que nous en avons donnée suffisait. Comment en avons-nous traité partiellement ?

    Eh bien voici. Tous ceux qui sont issus du Logos, soit de sa condamnation des mauvais, soit de sa colère contre eux, ou du fait qu’il s’en est détourné — c’est sa conversion aux choses d’en haut — ou de sa prière et de son souvenir des pré existants ou de son espérance et de sa confiance de recevoir le salut de ce qui est bon, tous ceux-là furent jugés dignes, parce qu’ils sont des êtres issus de ces bonnes dispositions, et qu’ils sont nés d’un sentiment issu de ce qui est.

    En outre, avant le moment où le Logos s’est lui-même occupé d’eux de façon invisible par un acte de sa volonté, ce qui est supérieur leur procura, en raison de leur obéissance, une pensée qui est devenue cause de leur existence. Et ils ne s’exaltèrent pas de leur guérison, pour prétendre que nul n’existait avant eux, mais ils reconnurent qu’il y avait un principe à leur être et ils voulurent connaître ce qui existait avant eux. Ensuite, ils saluèrent l’apparition fulgurante de la lumière et ils portèrent témoignage qu’elle était apparue pour leur salut. Et ce n’est pas uniquement à propos de ceux qui sont venus du Logos que nous avons dit qu’ils atteindraient au bien, mais ceux qu’ils ont engendrés à leur tour, suivant les mêmes dispositions bonnes, auront part eux aussi au repos à cause de la surabondance de la grâce. Quant à ceux qui sont issus du désir de l’amour du pouvoir, et qui portent en eux la semence de l’amour du pouvoir, ceux d’entre eux qui ont oeuvré avec ceux qui ont une disposition au bien recevront la récompense des bons, pourvu qu’ils soient bien disposés et qu’ils veuillent abandonner l’amour de la vaine gloire passagère et qu’ils accomplissent les commandements du Seigneur de gloire au lieu de rechercher les honneurs passagers, et ils hériteront du royaume éternel.

    Après ce retour nécessaire à ce que nous avons déjà dit, nous devons maintenant ajouter aux propos précédents concernant le salut et le repos de tous ceux de la droite, qu’ils soient mélangés ou non, les fondements et les illustrations de la grâce à leur endroit de façon à les joindre les uns aux autres. Cela rendra manifeste la nature de leur foi. De façon à établir ceci dans un discours, nous devons confesser que le royaume qui est dans le Christ abolit toute diversité, inégalité et différence. La fin en effet, connaîtra à nouveau l’unité, comme le commencement était un lieu où il n’y a ni mâle ni femelle, ni esclave ni homme libre, ni circoncis ni incirconcis, ni ange ni homme, mais le Christ est tout en tout. Comment celui qui n’était pas auparavant viendrait-il à l’existence, à moins que … ... la nature de celui qui n’est pas un esclave, puisqu’il prendra place avec un homme libre. Bien plus, ils recevront en effet la vision directe, de sorte qu’ils ne se fieront plus seulement à quelques paroles transmises au moyen d’une voix. Il en est ainsi, car le rétablissement dans ce qui était est unité. Même si certains furent exaltés à cause de l’économie, parce qu’ils ont été instaurés comme cause de ce qui est venu à l’existence, multipliant les forces physiques et se délectant en elles, ils]recevront, anges et]hommes, la royauté, la confirmation et le salut.

    En voici les fondements : ceux qui sont apparus dans la chair ont cru sans hésiter qu’il était le fils du Dieu inconnu, dont on n’avait pas parlé auparavant et que personne n’avait pu voir. Et ils ont abandonné les dieux qu’ils avaient servis auparavant et les seigneurs des cieux et de la terre. Avant son ascension d’une part, même alors qu’il était encore un enfant, et qu’il avait déjà commencé à prêcher, ils ont rendu témoignage ; et une fois déposé dans le tombeau, comme un homme mort, les anges … , ils comprirent qu’il était vivant et ils reçurent la vie de celui qui était mort. Et ils vouèrent à un autre les nombreux cultes antérieurs et les gestes symboliques qu’ils exécutaient dans le temple. C’est la confession qui leur donne la puissance de faire cela parce qu’ils se sont hâtés vers lui. Ils ont reçu en effet ces institutions pour s’en départir au profit de celui qui ne fut pas honoré ici-bas, mais en échange, ils reçurent le Christ dont ils comprirent qu’il était d’en haut, du lieu d’où ils sont venus en sa compagnie, un lieu divin et seigneurial. Les noms qu’avaient reçus en prêt ceux à qui ils rendaient un culte, qu’ils soignaient et qu’ils servaient, furent attribués à celui qu’ils désignent légitimement.

    Ce n’est qu’après son ascension que d’autres comprirent d’expérience qu’il était leur Seigneur, et qu’il n’était soumis à nul Seigneur. Ils lui rendirent leurs royaumes, ils se levèrent de leurs trônes, ils refusèrent leurs couronnes. Comme nous l’avons déjà mentionné, il se manifesta à eux pour des raisons de salut et de conversion à la bonne pensée envers [ . . . . . . ] [ . . . . . . ]. ami et les anges [ . . . . ].. et les nombreux bienfaits qu’ils ont accomplis envers elle. C’est ainsi qu’on leur a confié pour le bien des élus, la charge de rapporter au ciel les iniquités dont ceux-ci ont souffert pour qu’elles soient jugées pour l’éternité, d’un jugement sans appel et infaillible. Et ils demeurent à cause des élus jusqu’à ce que ceux-ci soient tous entrés dans la vie physique et qu’ils en soient resortis. Tant que les saints demeurent dans les corps sur la terre, les anges servent tous leurs [ . . . . ]., partageant leurs souffrances, leurs persécutions et les tribulations qui se sont accumulées sur eux plus que sur quiconque. Comme le mal mérite la destruction, les serviteurs du mal, < … > < … > avec fermeté à cause de ce mode de vie qui est au-dessus de tous les cieux et qui est leur bonne pensée et leur amitié. L’Église se souviendra d’eux comme de bons amis et de fidèles serviteurs lorsqu’elle aura reçu la rédemption, et elle leur donnera]en récompense la joie de la chambre nuptiale et la . . . . . . . qui est dans sa maison .[ . .. . . . ].. qui est dans cette pensée. . . …….et ce qu’elle doit .. . . le Christ qui est avec elle . . . . . attente du Père du Tout.

    L’Église leur procurera des anges comme guides et comme serviteurs, car les éons se souviendront de la bienveillance que mirent ces bons amis à son service et ils leur accorderont la rétribution que méritent toutes leurs bonnes pensées. C’est leur émission, de sorte que, comme le Christ . . . volonté qui a apporté les sublimes grandeurs à l’Église, et les lui a données, à son tour aussi l’Église sera une pensée pour eux et leur donnera des demeures en lesquelles ils resteront éternellement, après qu’ils auront renoncé à l’attraction de la déficience, attirés vers le haut par la puissance du Plérôme grâce à la grande générosité et à la douceur de l’éon préexistant.

    CONCLUSION : LA FIN DES TEMPS

    Telle fut la nature de l’engendrement complet de ceux qui étaient avec lui lorsqu’il a brillé pour eux d’une lumière qui a manifesté .. . . . . …… comme son . . . . . . . . . . . qui sera . . . . . . . . .. comme son . . . . . . . la seule différence qui existe parmi ceux qui ont été …. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ceux qui . . . . . . . . . au moyen de … . . . . . . . . . . . . . . . valeur comme je l’ai déjà expliqué, alors que les hyliques seront laissés à l’arrière jusqu’à la fin pour être détruits, car ils ne donneront pas leurs . . …. . S’ils sont retournés à nouveau à ce que . . ... . . comme ils . . . . . . . alors qu’ils n’existent pas . . . . . . mais ils ont été utiles . . pour le temps qu’ils ont été parmi eux, bien qu’ils . . . . . d’abord, alors . . . . . .. pour faire autre chose selon le pouvoir qu’ils détiennent dans l’établissement pour s’opposer à eux. Bien que je fasse en effet un constant usage de]ces paroles …. . sa pensée. Des … . . . . . . . . . . . . … . . . . . . . grandeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . tous. . . . . . . anges . . . . . . . . . .. paroles au son de la trompe qui annoncera la grande réconciliation définitive dans l’orient resplendissant, dans la chambre nuptiale, qui est l’amour de Dieu le . . .. . . . selon la puissance qui … . . . . . . . . de la grandeur . . . . . . . . la douceur de . . . . . . . . à lui, alors qu’il se manifeste lui-même aux grandeurs . . . . . . . . sa bonté . . . . . . . . . . la louange, la puissance et la gloire par Jésus, le Christ, le Seigneur, le Sauveur, le Rédempteur de tous ceux qu’embrasse son amour miséricordieux, et par son Esprit saint dès maintenant à travers les générations des générations, pour les siècles . . des siècles. Amen.

    Notes sur le Traité tripartite

    Avec ses quatre-vingt-huit pages, le Traité tripartite est le plus long des écrits de la bibliothèque de Nag Hammadi qui nous soient parvenus dans un bon état de conservation. Il constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, l’oeuvre d’un maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel l’Église valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de l’hérésie valentinienne. Il fournit donc un accès direct à ce type de littérature, sans qu’il soit nécessaire de passer par l’interprétation, à certains égards tendancieuse, qu’en ont donnée les hérésiologues.

    Bien qu’il ne fasse aucun doute qu’il ait d’abord été rédigé en grec, ce texte n’est connu que par cet unique manuscrit copte. Aucun autre témoin ne nous en est parvenu, et on n’en connaît aucune mention ou citation dans la littérature ancienne. Bien que l’oeuvre se situe à l’intérieur d’une tradition d’exposition systématique du valentinisme, l’auteur n’en demeure pas moins un penseur original qui s’intéresse davantage à la structure logique du système qu’il expose qu’au détail de sa mythologie. Il se considère lui-même comme appartenant à l’Église de la chair du Seigneur et il est attentif à expliquer sa conception de l’Église et la situation de celle-ci en ce monde. Que le traité ne se donne pas explicitement lui même pour valentinien n’a cependant rien d’étonnant puisque les valentiniens se considéraient d’abord et avant tout comme des chrétiens et ne faisaient que rarement référence à Valentin lui-même.

    La comparaison du contenu avec les systèmes valentiniens décrits par les hérésiologues révèle un grand nombre d’expressions et de motifs communs. Parmi les plus caractéristiques, mentionnons : le partage de l’éon déchu en deux entités, dont l’une remonte au Plérôme ; la mission du Fils- Sauveur en tant que fruit commun du Plérôme ; et la tripartition entre le matériel, le psychique et le spirituel. Le recours à la catégorie intermédiaire du psychique pour attribuer une valeur positive au créateur du monde, au monde lui-même, aux Écritures juives, et aux autres chrétiens non valentiniens, est typique du valentinisme. Cette catégorie sert à distinguer l’Église valentinienne, elle même considérée comme spirituelle, des autres chrétiens et des juifs d’une part, et des groupes caractérisés par un dualisme et un anti-judaïsme radical, comme l’Église de Marcion et certains groupes gnostiques d’autre part.

    La disposition du traité suit un modèle qui nous est bien connu par la présentation que font les hérésiologues du système valentinien, et dont on retrouve les principaux éléments dans certains traités gnostiques non valentiniens comme, par exemple, l’Apocryphon de Jean. Réduit à ses éléments fondamentaux, ce modèle comprend : 1° la description du Dieu transcendant et du Plérôme ; 2° la passion du plus jeune et dernier des éons ; 3° la mission du Sauveur et la création du monde ; 4° la création de l’humanité ; 5° l’avènement du Sauveur et 6° l’eschatologie. Ce modèle laisse cependant une large place aux variations individuelles.

    L’importance du Traité tripartite ne tient pas seulement au fait qu’il permet de mieux comprendre un certain nombre d’éléments fondamentaux du système valentinien, mais elle tient aussi au fait qu’il nous permet d’observer jusqu’à quel point un maître pouvait donner sa propre perception du système, à partir de certains thèmes communs. Ce que les hérésiologues tournaient en dérision et présentaient comme des désaccords sans fin entre les hérétiques était en réalité l’expression d’un jeu constant sur ces thèmes communs et d’une méfiance à l’égard d’un vocabulaire figé qui aurait détourné l’attention des vérités transcendantes.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:41

    LES TEXTES APOCRYPHES

    TEXTES DE REFERENCES

    apocryphes - pères de l'église - auteurs chrétiens - auteurs antiques

    Lien : http://sophie.md.chez-alice.fr/NouvOMond/biblioapo.htm

    .
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:42

    APOCRYPHES ANCIEN & NOUVEAU TESTAMENT

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    Dictionnaire des Apocryphes - Collection de tous les Apocryphes relatifs à l'ancien et au Nouveau Testament (Encyc. de Migne - T1) PDF.

    Dictionnaire des Apocryphes - Collection de tous les Apocryphes relatifs à l'ancien et au Nouveau Testament (Encyc. de Migne - T2) PDF.


    LE TRAITÉ TRIPARTITE Pcuv


    Lien :  http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Apocryphes/table.html
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:42

    Les Apocryphes, vision Catholique

    Les évangiles apocryphes



    KTOTV LE TRAITÉ TRIPARTITE Photo

    Avec eux, on semble ouvrir un monde merveilleux empli de révélations défendues. Apocryphes, du grec apocruphos, signifie secret, caché. Et pourtant la réalité semble bien plus rationnelle. De 150 avant J.-C. à 200 après J.-C., la littérature foisonne dans les milieux juifs et chrétiens. Les écrits apocryphes ou intertestamentaires ressemblent donc à ceux de la Bible mais ne seront pas repris dans le " canon " des Ecritures. Alors quelles informations contiennent-ils ? Sont-ils à craindre ou à explorer ? Avec Jean-Daniel Dubois, directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études et Madeleine Scopello, directeur de recherche au CNRS.
    Emission du 15/05/2011
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:43

    APOCRYPHES COPTES

    LES ÉVANGILES DES DOUZE APÔTRES.   

    Traduction française :  E. Revillout

    Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

    LE TRAITÉ TRIPARTITE Ubkm

    Lien :

    http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/coptes1.htm
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:43

    LES APOCRYPHES

    LE TRAITÉ TRIPARTITE Kb4d

    LA CORRESPONDANCE APOCRYPHE DE SAINT PAUL ET DES CORINTHIENS

    LES ÉVANGILES DES DOUZE APÔTRES  ET DE SAINT BARTHÉLÉMY


    PRÉFACE

    LES MYSTÈRES DES ACTA D[U SAUVEUR].

    Préface d'Aenéas

    Date de la Passion

    Accusation de Jésus devant Pilate. 

    Convocation de Jésus. — Incident du   Cursor et des Aigles.

    II.   — Incident de la femme de Pilate. — Jésus est-il un sorcier? — Est-il un bâtard?

    III.

    IV. — Accusation de blasphème et de lèse-majesté.

    V. Intervention et déposition de Nicodème

    VI.   — Second témoignage en faveur de Jésus. — Le Paralytique. 

    Nouveaux témoignages. — L'aveugle, le bossu, le lépreux

    VII.   — Dernier témoignage. — Celui d'une femme. — Protestation des Juifs. 

    VIII.   — Cris pour acclamer Jésus prophète ou Dieu.

    IX.   — Pilate offre le choix entre Jésus et Barabbas. — Pilate se lave les mains et condamne Jésus.


    X. — Le Crucifiement.

    XI. — La mort du Christ.

    L'ensevelissement de Jésus par les soins de Joseph d'Arimathie

    XII. Affaires intentées par les Juifs contre Nicodème et Joseph. — Arrestation et délivrance de Joseph.

    XIII. — Le rapport fait par les gardes aux Juifs sur la résurrection du Christ.

    XIV. Témoignage rendu aux Juifs par Phinées et ses compagnons sur la résurrection du Christ. 

    XV. — Nicodème et Joseph devant le Sanhédrin

    XVI. — Enquête des Juifs.

    FRAGMENT I (Bibliothèque Nationale, ms. 12917, fol. 140).

    FRAGMENT II (Bibliothèque Nationale, ms. 12918, fol. 140).

    SUPPLÉMENT A L'ÉVANGILE DES XII APÔTRES

    FRAGMENT Ia (Bibliothèque Nationale, ms. 12917, fol. 10).

    FRAGMENT Ibis.


    Apocalypse d'Esdras

    LA SAGESSE DE SIBYLLE

    TABLE DES MATIÈRES.

    Histoire de Joseph le charpentier. 17

    Évangile de l'Enfance 57

    Protévangile de Jacques le Mineur 111

    Évangile de Thomas l'Israélite. 139

    Evangile de la Nativité de Sainte Marie 155

    Évangile de la Nativité de Marie et de l'enfance du Sauveur. 173

    Évangile de Nicodème. 215

    Évangiles aujourd'hui perdus; écrits attribués à Jésus-Christ, à la Vierge et aux Apôtres. 285

    Histoire du combat apostolique, par Abdyas. 299

    Écrits apocryphes de l'Ancien Testament  311

    Livres attribués à Adam. 313

    Livre d'Enoch. 325

    Livres attribués à Abraham. 345

    Testaments des douze Patriarches.348

    Livres attribués à Joseph. 353

    » à Solomon. 358

    L'Ascension d'Isaïe le prophète. 360

    Quatrième Livre d'Esdras. 371


    Le livre de la Fidèle Sagesse - Pistis Sophia



    Lien :

    http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/table.htm
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:44

    L ’AUTHENTIKOS LOGOS

    (NH VI, 3)

    Traduit du copte par Jacques É. Ménard, révisé par Jean-Pierre Mahé

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,

    à l’université de Laval, Québec, Canada.



    I. ORIGINES DIVINES ET NATURE SPIRITUELLE DE L’ÂME

    Le Père du Tout et le Plérôme

    Avant que rien ne fut venu à l’être le Père du Tout était seul à exister, lui, l’invisible et le caché, reposant dans sa gloire, celle qui est au ciel incorruptible et qu’il contient enlui. Alors donc que rien n’était encore apparu, ni les cieux cachés ni les cieux visibles et avant que ne fussent révélés les mondes invisibles et indicibles, c’est d’eux que l’âme invisible de la justice est venue, ayant mêmes membres, même corps et même esprit. Qu’elle soit descendue ici-bas ou dans le Plérôme, elle n’est pas séparée d’eux des mondes. Mais ils la voient et elle élève vers eux son regard par le Logos invisible. En secret, son fiancé l’a apporté. Il le lui a donné dans la bouche, pour qu’elle le mange à la manière d’une nourriture ; et il lui a mis le Logos sur les yeux comme un baume, pour que son intellect acquière la vue, perçoive ceux de sa race et prenne connaissance de sa racine, pour qu’elle se fixe à son rameau, d’où elle est venue originellement, pour qu’elle reçoive ce qui est sien et qu’elle quitte la matière

    L’âme, ses frères et leur héritage

    ................… mais comme un homme qui a épousé une femme, ayant des enfants. Cependant les véritables enfants de l’homme, ceux qui sont issus de sa semence, appellent les enfants de la femme : « nos frères ». Il en va de même de l’âme pneumatique. Après avoir été rejetée dans le corps, elle est devenue sœur du désir, de la haine et de la jalousie, elle est devenue une âme hylique, tant il est vrai que le corps est venu du désir et que le désir est venu de l’être matériel. C’est pourquoi l’âme est devenue pour eux une sœur. Et pourtant ce ne sont que des beaux-enfants. Il n’est pas possible qu’ils héritent du mâle, mais ils hériteront seulement de leur mère. Quand donc l’âme veut hériter avec les beaux-enfants – car les biens des beaux-enfants sont les passions, les vanités, les plaisirs de la vie, les jalousies, les haines, les vantardises, les propos creux, les accusations mensongères. . . elle abandonne son propre héritage.

    De la sottise à l’animalité

    Mais quand une âme insensée se choisit un esprit de prostitution, il l’exclut et la jet te dans le lieu de prostitution. Car elle a choisi le vice, et elle a abandonné la pudeur. En effet, la mort et la vie s’offrent à chacun ; et ce que l’on désire de ces deux choses, on le choisira pour soi. Mais cette âme ainsi faite s’adonnera à l’ivrognerie et au vice. En effet, le vice c’est le vin. Aussi ne se rappelle-t-elle plus ses frères ni son père, parce que le plaisir et les gains agréables l’abusent. Lorsqu’elle a renoncé à la connaissance, elle est tombée dans l’animalité. Car un insensé est dans un état animal. Il ne sait pas ce qu’il convient de dire et ce qu’il convient de ne pas dire.

    Les vrais fils et les beaux-enfants

    Mais le fils réfléchi est heureux d’être héritier de son père et son père se réjouit en lui parce que chacun lui fait compliment de lui. Il cherche aussi comment doubler les biens qu’il a reçus. En effet, les beaux-enfants ne désirent que l’héritage et leur désir ne peut s’unir à la modération, car dès que la seule pensée d’un désir pénètre dans un homme vierge, il est déjà souillé. Et leur gloutonnerie ne peut s’allier à la modération.

    La paille et le froment

    Car si la paille se mêle au froment, ce n’est pas la paille qui se souille, mais c’est le froment. En effet lorsqu’ils sont mêlés l’un à l’autre, personne n’achètera le froment parce qu’il est souillé. Mais on dira au vendeur avec une feinte courtoisie : » Vends-nous cette paille », quand on verra le froment qui s’y trouve mêlé, jusqu’à ce qu’on l’ait obtenue et jetée avec toutes les autres pailles ; et cette paille se mêle à toutes les autres matières. Au contraire, quand une semence est pure, on la conserve dans des greniers, en sécurité. Mais, tout cela nous l’avons dit.

    (I. LE COMBAT DE LA VIE CORPORELLE

    Le dessein du Père

    Et avant que rien ne fût, le Père est seul à exister. Avant que ne fussent apparus les mondes qui sont dans les cieux, ni le monde qui est sur la terre, ni Principauté, ni Domination, ni Puissance seul existait celui qui n’est pas venu à l’être. Quand il lui plut, des êtres… apparurent sur son commandement, et …… Car rien n’est venu à l’être sans sa volonté. Mais, parce que le Père voulait manifester sa richesse et sa majesté, il institua ce grand combat en ce monde, désirant que les lutteurs se révèlent et que tous ceux qui combattent abandonnent les choses qui sont venues à l’être et qu’ils les méprisent grâce à une connaissance supérieure et inaccessible, et qu’ils s’empressent vers celui qui est ; quant à ceux qui nous combattent, étant nos adversaires, il veut que, dans ce combat qu’ils nous livrent, nous vainquions leur ignorance par notre connaissance, parce que nous avons déjà connaissance de l’Inaccessible d’où nous sommes émanés.

    Se détacher du monde

    Nous ne possédons rien en ce monde, de crainte que la Domination qui est venue à l’être dans le monde ne nous retienne dans les mondes célestes, ceux où demeure la mort universelle entourée des morts particulières. Nous résistons à toutes les tentations de la part des Puissances du monde qui nous sont opposées, afin de n’être pas couverts de honte. Ceux qui sont du monde, nous ne nous en soucions pas ; ils nous calomnient, et nous les ignorons ; ils nous jettent outrages et injures au visage, nous les regardons sans dire mot. Car ceux-là accomplissent leur travail. Mais nous, nous cheminons dans la faim, dans la soif, parce que nos regards sont tournés vers notre demeure, le lieu vers où tendent notre manière de vivre et notre conscience ; parce que nous ne sommes pas attachés à ce qui est venu à l’être, mais, parce que nous nous en détournons et que nos cœurs sont fixés sur ce qui existe, quelque malades, faibles et affligés que nous soyons.

    S’empresser vers le Logos

    Mais il y a une grande force cachée en nous. Notre âme est, certes, malade, parce qu’elle est dans une maison de pauvreté, où la matière lui blesse les yeux, voulant l’aveugler. C’est pourquoi, elle s’empresse vers le Logos et se le met sur les yeux comme un baume, qui les ouvre rejetant la cécité car de même que… afin de lui jeter un peu de cécité sur la vue et ensuite, quand celui-là est dans l’ignorance, il est tout entier ténèbres et hylique ainsi, l’âme reçoit à chaque fois un logos, pour se le poser sur les yeux comme un baume, afin qu’elle voie et que sa lumière engloutisse les ennemis qui la combattent : qu’elle les aveugle par son éclat et qu’elle les capture lors de son avènement, qu’elle les abatte par sa vigilance, et qu’elle se manifeste ouvertement par sa puissance et sa couronne royale. Tandis que ses ennemis, couverts de honte, la suivent des yeux, elle monte là-haut, dans son trésor, là où est son Noûs, et son sûr dépôt, afin qu’aucun de ceux qui sont venus à l’être ne se saisisse d’elle, et sans avoir reçu d’étrangers dans sa maison ; en effet, nombreux sont ceux, nés dans la maison, qui la combattent, jour et nuit, sans prendre de repos le jour ni la nuit, puisque c’est le désir qui les tourmente. C’est pourquoi aussi nous ne dormons ni ne sommeillons : car les filets déployés en cachette, tendent leurs embûches pour nous prendre.

    Déjouer les pièges des pêcheurs

    En effet, si nous nous laissons saisir dans un]seul filet, il nous engloutira dans son ouverture, tandis que l’eau nous submergera en nous frappant. Et nous serons entraînés au fond du filet, et nous ne pourrons pas remonter pour en sortir, à cause de la hauteur des eaux au dessus de nous. Se déversant de haut en bas, elles plongeront notre cœur dans la fange boueuse, et nous ne pourrons pas leur échapper. Car, ce sont des mangeurs d’hommes, ceux qui nous saisiront et qui nous engloutiront avec joie. C’est ainsi qu’un pêcheur, jetant l’hameçon à l’eau, jette à l’eau plusieurs sortes d’appâts. En effet, chaque poisson a son appât bien à lui ; quand il le sent, il s’empresse, guidé par l’odeur, et lorsqu’il l’avale, l’hameçon caché dans l’appât l’enferre et l’entraîne de force, hors des eaux profondes. Or, nul homme ne peut se saisir de ce poisson-là, dans les eaux profondes, si ce n’est par la ruse mise en œuvre par le pêcheur. Sous le leurre de l’appât, il a attiré le poisson vers l’hameçon.

    Il en va ainsi de nous en ce monde : comme des poissons ! Et l’adversaire nous surveille, nous guettant comme un pêcheur, car il veut nous saisir et, en effet, se réjouit de nous manger. Il nous met sous les yeux plusieurs appâts qui sont les choses de ce monde. Il veut que nous désirions l’une d’entre elles, que nous n’y goûtions qu’un peu, puis il nous terrasse par le venin qu’il y a caché et nous prive de liberté pour nous entraîner en esclavage. Car, s’il nous saisit par un seul appât, il est fatal, en effet, que nous désirions le reste. À la fin, ce genre de choses devient un appât mortel.

    Les vices, appâts du diable

    Et voici les appâts grâce auxquels le diable nous tend des embûches. D’abord il te jette un chagrin dans le cœur, jusqu’à ce que tu te tourmentes pour une petite chose de cette vie, puis il nous terrasse par ses poisons ; et ensuite viennent le désir d’un vêtement, dont tu sois fier et l’amour de l’argent, la jactance, l’orgueil, la jalousie envieuse d’une autre jalousie, la beauté du corps, la dépravation. De tous ces vices, le plus grand est l’ignorance, jointe à la mollesse. Or, tous les pièges de cette sorte sont soigneusement apprêtés par l’adversaire et il les présente au corps, parce qu’il veut que l’instinct de l’âme l’oriente vers un de ceux-ci, en sorte qu’il la domine. Comme un hameçon, il l’attire de force dans l’ignorance et abuse d’elle jusqu’à ce qu’elle soit grosse de mal, qu’elle enfante des fruits de la matière et qu’elle vive dans la souillure en poursuivant une foule de désirs et de convoitises, tandis que la douceur de la chair l’attire dans l’ignorance.

    III. ESCHATOLOGIE

    La remontée de l’âme

    Mais l’âme qui y a goûté a reconnu que des passions douces ne sont que pour un temps. Elle a pris connaissance de la malice, elle s’en est détachée, elle a adopté une nouvelle conduite.

    Elle rejoint le bon pasteur

    Désormais elle méprise cette vie parce qu’elle est passagère, et elle recherche les nourritures qui l’introduiront dans la véritable vie. Elle abandonne les nourritures mensongères et reçoit connaissance de sa lumière. Elle marche dépouillée de ce monde, drapée intérieurement de son véritable vêtement, tandis qu’elle revêt la robe de fiancée qui l’orne d’une beauté du cœur et, non de vanité charnelle. Elle prend conscience de sa profondeur et elle se hâte vers son enclos, alors que son pasteur se tient à la porte. Donc, pour toutes les diffamations et tous les déshonneurs qu’elle a subis en ce monde, elle reçoit dix mille fois plus de grâce et d’honneur.

    Déception des marchands de corps

    Elle a remis son corps à ceux qui le lui avaient donné pour leur faire honte, en sorte que les négociants des corps sont assis et pleurent parce qu’ils n’ont pu négocier ce corps et qu’ils n’ont trouvé aucune autre marchandise à sa place. Ils avaient pris beaucoup de peine à façonner le corps de cette âme, voulant y faire déchoir l’âme invisible. Or, ils ont retiré honte à présent de leur ouvrage. Ils ont subi la perte de ce pour quoi ils avaient peiné. Ils ne se sont pas avisés qu’elle a un corps spirituel invisible ; ils pensaient : « Nous sommes le pasteur qui la paît ». Mais ils ne se sont pas avisés qu’elle connaît un autre chemin qui leur est caché, celui que son pasteur véritable lui a enseigné par la connaissance.

    Égarement de ceux qui ne cherchent pas Dieu

    Mais ceux qui sont ignorants, ne cherchent pas Dieu, ni ne s’inquiètent de leur demeure qui est dans le repos, mais se conduisent d’une manière animale, ceux-là sont pires que les païens. D’abord parce qu’ils ne recherchent pas Dieu, puisque c’est la sécheresse de leur cœur qui les pousse à pratiquer leur dureté. Et de plus, s’ils trouvent quelqu’un d’autre à la recherche de son salut, leur sécheresse de cœur s’exerce contre cet homme-là. Et s’il n’arrête pas de chercher, ils le tuent par leur dureté, pensant avoir accompli pour eux-mêmes une bonne action. Pourtant ils sont les enfants du diable. Car même les païens font l’aumône et ils savent que Dieu existe dans les cieux, et que le Père du Tout, est supérieur aux idoles qu’ils vénèrent. Mais ils n’ont pas prêté l’oreille au Logos pour s’enquérir de ses voies.

    Or voici comment se comporte l’homme insensé : bien qu’il entende l’invitation, toutefois il est ignorant du lieu où il a été invité. Et, lors du prêche, il ne s’est pas enquis : « Où est le temple où j’irai et où j’implorerai mon espérance ? » Ainsi, à cause de son irréflexion, il est pire qu’un païen, car les païens connaissent le chemin pour aller à leur temple de pierre voué à la corruption, et ils vénèrent leur idole en qui leur cœur se repose, car elle est leur espoir. Mais à cet insensé on a annoncé le Logos, on a eu beau lui enseigner : « Demande et recherche les chemins que tu dois parcourir car il n’y a rien de meilleur que cette choselà ! : » la nature même de la sécheresse de cœur s’attaque à son esprit, avec l’aide de la puissance de l’ignorance et du démon de l’erreur. Ils ne laissent pas son esprit se redresser pour que celui-ci ne fasse pas l’effort de s’enquérir et de reconnaître son espérance.

    Repos de l’âme qui a cherché Dieu

    Mais l’âme qui détient le Logos, <elle>, qui a fait l’effort de s’enquérir, a reçu la connaissance de Dieu. Elle s’est épuisée à chercher, peinant dans le corps, s’usant les pieds jusqu’aux porteurs d’heureuses nouvelles, pour connaître l’Inaccessible. Elle a trouvé son orient, elle s’est reposée dans celui qui se repose, elle s’est laissée choir dans la chambre nuptiale. Elle a mangé au banquet dont elle était affamée, elle a goûté à une nourriture immortelle. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait, elle a obtenu le repos de ses peines car la lumière qui s’est levée au-dessus d’elle ne se couche pas, celle à qui appartient la gloire et la puissance et la révélation,pour les siècles des siècles,Amen ! Authentikos Logos

    Notes sur l’Authentikos Logos
    L’auteur de l’Authentikos Logos réunit et présente un impressionnant ensemble d’images et de métaphores, connues du monde hellénistique à l’époque romaine, à travers lesquelles il transmet un enseignement sur la nature réelle de l’âme, en décrivant sa chute dans le monde et la façon dont elle peut être sauvée. Pour le professeur Ménard, ce traité est aussi bien didactique qu’homilétique, et certains rapprochements avec l’hermétisme sont possibles. Selon lui, ce texte n’est absolument pas chrétien, car les nombreuses métaphores employées par l’écrit appartiennent au monde syncrétiste de l’époque hellénistique. Cependant, depuis quelques années son affirmation est discutée. Par sa terminologie, l’Authentikos Logos pourrait également se rapprocher des systèmes gnostiques tel que le valentinisme, et pourrait lui-même être considéré comme proprement gnostique.

    L’Authentikos Logos est le troisième traité du codex VI de Nag Hammadi et occupe les pages 22 à 35 de ce codex. Il est précédé des Actes de Pierre et des Douze Apôtres et de la Brontè, il est suivi du Concept de notre Grande Puissance, d’un fragment de la République de Platon, de l’Ogdoade et l’Ennéade, d’une prière d’action de grâces, d’une notice de scribe et d’un fragment du Discours Parfait. Ce texte est très bien conservé, en dehors des lacunes de six à dix lignes du haut des sept premières pages. Il est rédigé en sahidique, un dialecte copte.

    Le récit décrit la chute de l’âme individuelle, tombée du monde de l’immortalité et des cieux invisibles sur terre (22,4-34), et ce n’est qu’en se nourrissant du Logos et en le mettant sur ses yeux qu’elle pourra retrouver sa race (22,24-34). Sur terre, elle est mêlée aux enfants adoptifs de la femme (23,4-34), à savoir les passions qui sont les enfants de la Sophia déchue, symbole de l’âme animale soumise aux passions, qui n’est plus qu’une semence femelle opposée à la semence mâle pneumatique et céleste. L’âme ici-bas est dans un lieu de prostitution (24,8), elle est livrée à l’ivresse (24,15) ; sans la connaissance, elle est dans un état d’animalité (24,22). Le récit continue avec la parabole du bon grain mêlé à de la paille, cette parabole est suivie d’une nouvelle métaphore, celle du combat avec les puissances mauvaises. Pour vaincre les Archontes, le texte enjoint à nouveau de pratiquer l’ascèse (27,14), indispensable pour retrouver le Logos afin de le mettre sur les yeux à la manière d’un baume. Sans ce baume, l’âme est dans l’aveuglement provoqué par les Puissances qu’elle ne peut vaincre que grâce à la lumière dont elle est inconsciemment porteuse et qui l’aidera à remonter dans sa demeure (28,13-30). En effet, les passions guettent l’âme comme un pêcheur attire le poisson à l’aide de multiples appâts (29,3- 31,24). Aussi, pour atteindre la vraie vie, l’âme doit mépriser le monde, se dépouiller de lui (31,31) et revêtir la robe nuptiale (35,5-11) et demeurer avec son véritable gardien. Elle doit remettre le corps qui l’a troublée de ses désirs aux commerçants de corps, les mauvais gardiens (32,16-34,32) qui, pires que les païens et à cause de la dureté de leur coeur, ont essayé d’entraîner l’âme à leur suite dans l’ignorance. L’âme qui se laisse ainsi tromper est insensée, alors que l’âme sensée, après avoir cherché, redécouvre ses origines, pénètre dans la chambre nuptiale plongée dans la lumière d’Orient qui ne se couche jamais (34,32-35,23) et à laquelle est adressée la doxologie de la fin.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:44

    Approches ! APOCRYPHES.

    OEUVRES COMPLÈTES DE VOLTAIRE

    DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE


    Du mot grec qui signifie caché. On remarque très bien dans le Dictionnaire encyclopédique que les divines Écritures pouvaient être à la fois sacrées et apocryphes: sacrées, parce qu'elles sont indubitablement dictées par Dieu même; apocryphes, parce qu'elles étaient cachées aux nations et même au peuple juif.
    Qu'elles fussent caché avant la traduction grecque faite dans Alexandrie sous les Ptolémées, c'est une vérité reconnue. Josèphe l'avoue(1) dans la réponse qu'il fit à Apion, après la mort d'Apion; et son aveu n'en a pas moins de poids, quoiqu'il prétende le fortifier par une fable. Il dit dans son histoire(2) que les livres juifs étant tous divins, nul historien, nul poète étranger n'en avait jamais osé parler. Et immédiatement après avoir assuré que jamais personne n'osa s'exprimer sur les lois juives, il ajoute que l'historien Théopompe ayant eu seulement le dessein d'en insérer quelque chose dans son histoire, Dieu le rendit fou pendant trente jours; qu'ensuite, ayant été averti dans un songe qu'il n'était fou que pour avoir voulu connaître les choses divines et les faire connaître aux profanes, il en demanda pardon à Dieu, qui le remit dans son bon sens.

    Josèphe, au même endroit, rapporte encore qu'un poète nommé Théodecte ayant dit un mot des Juifs, dans ses tragédies, devint aveugle, et que Dieu ne lui rendit la vue qu'après qu'il eut fait pénitence.

    Quant au peuple juif, il est certain qu'il y eut des temps où il ne put lire les divines Écritures, puisqu'il est dit dans le quatrième livre des Rois(3),et dans le deuxième des Paralipomènes(4),que sous le roi Josias on ne les connaissait pas, et qu'on en trouva par hasard un seul exemplaire dans un coffre chez le grand prêtre Helcias ou Helkia.

    Les dix tribus qui furent dispersées par Salmanasar n'ont jamais reparu; et leurs livres, si elles en avaient, ont été perdus avec elles. Les deux tribus qui furent esclaves à Babylone, et qui revinrent au bout de soixante et dix ans, n'avaient plus leurs livres, ou du moins ils étaient très rares et très défectueux, puisque Esdras fut obligé de les rétablir. Mais quoique ces livres fussent apocryphes pendant la captivité de Babylone, c'est-à-dire cachés, inconnus au peuple, ils étaient toujours sacrés; ils portaient le sceau de la Divinité ils étaient, comme tout le monde en convient, le seul monument de vérité qui fût sur la terre.

    Nous appelons aujourd'hui apocryphes les livres qui ne méritent aucune créance, tant les langues sont sujettes au changement.

    Les catholiques et les protestants s'accordent à traiter d'apocryphes en ce sens, et à rejeter: La prière de Manassé, roi de Juda, qui se trouve dans le quatrième livre des Rois; Le troisième et le quatrième livre des Machabées; Le quatrième livre d'Esdras; quoiqu'ils soient incontestablement écrits par des Juifs; mais on nie que les auteurs aient été inspirés de Dieu ainsi que les autres Juifs. Les autres livres juifs, rejetés par les seuls protestants, et regardés par conséquent comme non inspirés par Dieu même, sont: La Sagesse, quoiqu'elle soit écrite du même style que les Proverbes; L'Ecclésiastique, quoique ce soit encore le même style; Les deux premiers livres des Machabées, quoiqu'ils soient écrits par un Juif; mais ils ne croient pas que ce Juif ait été inspiré de Dieu; Tobie, quoique le fond en soit édifiant. Le judicieux et profond Calmet affirme qu'une partie de ce livre fut écrite par Tobie père, et l'autre par Tobie fils, et qu'un troisième auteur ajouta la conclusion du dernier chapitre, laquelle dit que le jeune Tobie mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, et que ses enfants l'enterrèrent gaiement.

    Le même Calmet, à la fin de sa préface, s'exprime ainsi(5): « Ni cette histoire en elle-même, ni la manière dont elle est racontée, ne portent en aucune manière le caractère de fable ou de fiction. S'il fallait rejeter toutes les histoires de l'Écriture où il paraît du merveilleux et de l'extraordinaire, où serait le livre sacré que l'on pourrait conserver?... »

    Judith, quoique Luther lui-même déclare « que ce livre est beau, bon, saint, utile, et que c'est le discours d'un saint poète et d'un prophète animé du Saint-Esprit, qui nous instruit, etc.(6) »

    Il est difficile, à la vérité, de savoir en quel temps se passa l'aventure de Judith, et où était située la ville de Béthulie. On a disputé aussi beaucoup sur le degré de sainteté de Judith; mais le livre ayant été déclaré canonique au concile de Trente, il n'y a plus à disputer. Baruch, quoiqu'il soit écrit du style de tous les autres prophètes. Esther. Les protestants n'en rejettent que quelques additions après le chapitre dix; mais ils admettent tout le reste du livre encore que l'on ne sache pas qui était le roi Assuérus, personnage principal de cette histoire.

    Daniel. Les protestants en retranchent l'aventure de Suzanne et des petits enfants dans la fournaise; mais ils conservent le songe de Nabuchodonosor et son habitation avec les bêtes. De la vie de Moïse, livre apocryphe de la plus haute antiquité. L'ancien livre qui contient la vie et la mort de Moïse, paraît écrit du temps de la captivité de Babylone. Ce fut alors que les Juifs commencèrent à connaître les noms que les Chaldéens et les Perses donnaient aux anges.

    C'est là qu'on voit les noms de Zinghiel, Samael, Tsakon, Lakah et beaucoup d'autres dont les Juifs n'avaient fait aucune mention. Le livre de la mort de Moïse paraît postérieur. Il est reconnu que les Juifs avaient plusieurs vies de Moïse très anciennes, et d'autres livres indépendamment du Pentateuque. Il y était appelé Moni, et non pas Moïse; et on prétend que mo signifiait de l'eau, et ni la particule de. On le nomma aussi du nom général Melk; on lui donna ceux de Joakim, Adamosi, Thetmosi; et surtout on a cru que c'était le même personnage que Manéthon appelle Ozarziph.

    Quelques-uns de ces vieux manuscrits hébraïques furent tirés de la poussière des cabinets des Juifs vers l'an 1517. Le savant Gilbert Gaulmin, qui possédait leur langue parfaitement, les traduisit en latin vers l'an 1635. Ils furent imprimés ensuite et dédiés au cardinal de Bérulle. Les exemplaires sont devenus d'une rareté extrême. Jamais le rabbinisme, le goût du merveilleux, l'imagination orientale, ne se déployèrent avec plus d'excès.

    Fragment de la vie de Moïse. Cent trente ans après l'établissement des Juifs en Égypte, et soixante ans après la mort du patriarche Joseph, le pharaon eut un songe en dormant. Un vieillard tenait une balance: dans l'un des bassins étaient tous les habitants de l'Égypte, dans l'autre était un petit enfant, et cet enfant pesait plus que tous les Égyptiens ensemble. Le pharaon appelle aussitôt ses shotim, ses sages. L'un des sages lui dit: « O roi! cet enfant est un Juif qui fera un jour bien du mal à votre royaume. Faites tuer tous les enfants des Juifs, vous sauverez par là votre empire, si pourtant on peut s'opposer aux ordres du destin. »

    Ce conseil plut à Pharaon: il fit venir les sages-femmes, et leur ordonna d'étrangler tous les mâles dont les Juives accoucheraient.... Il y avait en Égypte un homme nommé Amram, fils de Kehat, mari de Jocebed, soeur de son frère. Cette Jocebed lui donna une fille nommée Marie, qui signifie persécutée, parce que les Égyptiens descendants de Cham persécutaient les Israélites descendants de Sem. Jocebed accoucha ensuite d'Aaron, qui signifie condamné à mort, parce que le pharaon avait condamné à mort tous les enfants juifs. Aaron et Marie furent préservés par les anges du Seigneur, qui les nourrirent aux champs, et qui les rendirent à leurs parents quand ils furent dans l'adolescence.

    Enfin Jocebed eut un troisième enfant: ce fut Moïse, qui par conséquent avait quinze ans de moins que son frère. Il fut exposé sur le Nil. La fille du pharaon le rencontra en se baignant, le fit nourrir, et l'adopta pour son fils, quoiqu'elle ne fût point mariée.

    Trois ans après, son père le pharaon prit une nouvelle femme; il fit un grand festin; sa femme était à sa droite, sa fille était à sa gauche avec le petit Moïse. L'enfant, en se jouant, lui prit sa couronne et la mit sur sa tête. Balaam le magicien, eunuque du roi, se ressouvint alors du songe de Sa Majesté. « Voilà, dit-il, cet enfant qui doit un jour vous faire tant de mal; l'esprit de Dieu est en lui. Ce qu'il vient de faire est une preuve qu'il a déjà une idée de vous détrôner. Il faut le tuer sur-le-champ. » Cette idée plut beaucoup au pharaon.

    On allait tuer le petit Moïse lorsque Dieu envoya sur-le-champ son ange Gabriel déguisé en officier du pharaon, et qui lui dit: « Seigneur, il ne faut pas faire mourir un enfant innocent qui n'a pas encore l'âge de discrétion; il n'a mis votre couronne sur sa tête que parce qu'il manque de jugement. Il n'y a qu'à lui présenter un rubis et un charbon ardent; s'il choisit le charbon, il est clair que c'est un Imbéc... qui ne sera pas dangereux; mais s'il prend le rubis, c'est signe qu'il y entend finesse, et alors il faut le tuer. »

    Aussitôt on apporte un rubis et un charbon; Moïse ne manque pas de prendre le rubis; mais l'ange Gabriel, par un léger tour de main glisse le charbon à la place de la pierre précieuse. Moïse mit le charbon dans sa bouche, et se brûla la langue si horriblement qu'il en resta bègue toute sa vie; et c'est la raison pour laquelle le législateur des Juifs ne put jamais articuler.

    Moïse avait quinze ans et était favori du pharaon. Un Hébreu vint se plaindre à lui de ce qu'un Égyptien l'avait battu après avoir couché avec sa femme. Moïse tua l'Égyptien. Le pharaon ordonna qu'on coupât la tête à Moïse. Le bourreau le frappa; mais Dieu changea sur-le-champ le cou de Moïse en colonne de marbre, et envoya l'ange Michaël, qui en trois jours de temps conduisit Moïse hors des frontières.

    Le jeune Hébreu se réfugia auprès de Nécano, roi d'Éthiopie, qui était en guerre avec les Arabes. Nécano le fit son général d'armée, et après la mort de Nécano, Moïse fut élu roi et épousa la veuve. Mais Moïse, honteux d'épouser la femme de son seigneur, n'osa jouir d'elle, et mit une épée dans le lit entre lui et la reine. Il demeura quarante ans avec elle sans la toucher. La reine, irritée, convoqua enfin les états du royaume d'Éthiopie, se plaignit de ce que Moïse ne lui faisait rien, et conclut à le chasser, et à mettre sur le trône le fils feu roi.

    Moïse s'enfuit dans le pays de Madian chez le prêtre Jéthro. Ce prêtre crut que sa fortune était faite s'il remettait Moïse entre les mains du pharaon d'Égypte, et il commença par le faire mettre dans un "CENSURÉ" de basse-fosse, où il fut réduit au pain et à l'eau. Moïse engraissa à vue d'oeil dans son cachot. Jéthro en fut tout étonné. Il ne savait pas que sa fille Séphora était devenue amoureuse du prisonnier, et lui portait elle-même des perdrix et des cailles avec d'excellent vin. Il conclut que Dieu protégeait Moïse et ne le livra point au pharaon.

    Cependant le prêtre Jéthro voulut marier sa fille; il avait dans son jardin un arbre de saphir sur lequel était gravé le nom de Jaho ou Jéhova. Il fit publier dans tout le pays qu'il donnerait sa fille à celui qui pourrait arracher l'arbre de saphir. Les amants de Séphora se présentèrent: aucun d'eux ne put seulement faire pencher l'arbre. Moïse, qui n'avait que soixante et dix-sept ans, l'arracha tout d'un coup sans efforts. Il épousa Séphora, dont il eut bientôt un beau garçon nommé Gersom.

    Un jour en se promenant il rencontra Dieu (qui se nommait auparavant Sadaï, et qui alors s'appelait Jéhova) dans un buisson et Dieu lui ordonna d'aller faire des miracles à la cour du pharaon: il partit avec sa femme et son fils. Ils rencontrèrent chemin faisant, un ange qu'on ne nomme pas, qui ordonna à Séphora de circoncire le petit Gersom avec un couteau de pierre. Dieu envoya Aaron sur la route; mais Aaron trouva fort mauvais que son frère eût épousé une Madianite; il la traita de p.... et le petit Gersom de bâtard; il les renvoya dans leur pays par le plus court.

    Aaron et Moïse s'en allèrent donc tout seuls dans le palais du pharaon. La porte du palais était gardée par deux lions d'une grandeur énorme. Balaam, l'un des magiciens du roi, voyant venir les deux frères, lâcha sur eux les deux lions; mais Moïse les toucha de sa verge, et les deux lions, humblement prosternés, léchèrent les pieds d'Aaron et de Moïse. Le roi, tout étonné, fit venir les deux pèlerins devant tous ses magiciens. Ce fut à qui ferait le plus de miracles.

    L'auteur raconte ici les dix plaies d'Égypte à peu près comme elles sont rapportées dans l'Exode. Il ajoute seulement que Moïse couvrit toute l'Égypte de poux jusqu'à la hauteur d'une coudée, et qu'il envoya chez tous les Égyptiens des lions, des loups, des ours, des tigres, qui entraient dans toutes les maisons, quoique les portes fussent fermées aux verrous, et qui mangeaient tous les petits enfants.

    Ce ne fut point, selon cet auteur, les Juifs qui s'enfuirent par la mer Rouge, ce fut le pharaon qui s'enfuit par ce chemin avec son armée; les Juifs coururent après lui, les eaux se séparèrent à droite et à gauche pour les voir combattre; tous les Égyptiens, excepté le roi, furent tués sur le sable. Alors ce roi, voyant bien qu'il avait affaire à forte partie, demanda pardon à Dieu. Michaël et Gabriel furent envoyés vers lui; ils le transportèrent dans la ville de Ninive, où il régna quatre cents ans.

    De la mort de Moïse Dieu avait déclaré au peuple d'Israël qu'il ne sortirait point de l'Égypte à moins qu'il n'eût retrouvé le tombeau de Joseph. Moïse le retrouva, et le porta sur ses épaules en traversant la mer Rouge. Dieu lui dit qu'il se souviendrait de cette bonne action, et qu'il l'assisterait à la mort.

    Quand Moïse eut passé six-vingts ans, Dieu vint lui annoncer qu'il fallait mourir, et qu'il n'avait plus que trois heures à vivre. Le mauvais ange Samaël assistait à la conversation. Dès que la première heure fut passée, il se mit à rire de ce qu'il allait bientôt s'emparer de l'âme de Moïse, et Michaël se mit à pleurer. « Ne te réjouis pas, méchante bête, dit le bon ange au mauvais; Moïse va mourir, mais nous avons Josué à sa place. »

    Quand les trois heures furent passées, Dieu commanda à Gabriel de prendre l'âme du mourant. Gabriel s'en excusa, Michaël aussi. Dieu, refusé par ces deux anges, s'adresse à Zinghiel. Celui-ci ne voulut pas plus obéir que les autres: « C'est moi, dit-il, qui ai été autrefois son précepteur, je ne tuerai pas mon disciple. » Alors Dieu, se fâchant, dit au mauvais ange Samaël: « Eh bien, méchant, prends donc son âme. » Samaël, plein de joie, tire son épée et court sur Moïse. Le mourant se lève en colère, les yeux étincelants: « Comment, coquin! lui dit Moïse, oserais-tu bien me tuer, moi qui étant enfant ai mis la couronne d'un pharaon sur ma tête, qui ai fait des miracles à l'âge de quatre-vingts ans, qui ai conduit hors d'Égypte soixante millions d'hommes, qui aicoupé la mer Rouge en deux, qui ai vaincu deux rois si grands que du temps du déluge l'eau ne leur venait qu'à mi-jambe! va-t'en, maraud, sors de devant moi tout à l'heure. »

    Cette altercation dura encore quelques moments. Gabriel, pendant ce temps-là, prépara un brancard pour transporter l'âme de Moïse; Michaël, un manteau de pourpre; Zinghiel, une soutane. Dieu lui mit les deux mains sur la poitrine, et emporta son âme.


    C'est à cette histoire que l'apôtre saint Jude fait allusion dans son Épître, lorsqu'il dit que l'archange Michaël disputa le corps de Moïse au diable. Comme ce fait ne se trouve que dans le livre que je viens de citer, il est évident que saint Jude l'avait lu, et qu'il le regardait comme un livre canonique.
    La seconde histoire de la mort de Moïse est encore une conversation avec Dieu. Elle n'est pas moins plaisante et moins curieuse que l'autre. Voici quelques traits de ce dialogue.

    MOÏSE. Je vous prie, Seigneur, de me laisser entrer dans la terre promise, au moins pour deux ou trois ans. DIEU. Non mon décret porte que tu n'y entreras pas. MOÏSE. Que du moins on m'y porte après ma mort. DIEU. Non, ni mort ni vif. MOÏSE. Hélas! bon Dieu, vous êtes si clément envers vos créatures, vous leur pardonnez deux ou trois fois; je n'ai fait qu'un péché, et vous ne me pardonnez pas! DIEU. Tu ne sais ce que tu dis, tu as commis six péchés.... Je me souviens d'avoir juré ta mort ou la perte d'Israël; il faut qu'un de ces deux serments s'accomplisse. Si tu veux vivre, Israël périra. MOÏSE. Seigneur, il y a là trop d'adresse, vous tenez la corde par les deux bouts. Que Moïse périsse plutôt qu'une seule âme d'Israël. Après plusieurs discours de la sorte, l'écho de la montagne dit à Moïse: « Tu n'as plus que cinq heures à vivre. » Au bout des cinq heures Dieu envoya chercher Gabriel, Zinghiel, et Samaël. Dieu promit à Moïse de l'enterrer, et emporta son âme.


    Quand on fait réflexion que presque toute la terre a été infatuée de pareils contes, et qu'ils ont fait l'éducation du genre humain, on trouve les fables de Pilpaï, de Lokman, d'Ésope, bien raisonnables.
    Livres apocryphes de la nouvelle loi. Cinquante Évangiles, tous assez différents les uns des autres, dont il ne nous reste que quatre entiers, celui de Jacques, celui de Nicodème, celui de l'enfance de Jésus, et celui de la naissance de Marie. Nous n'avons des autres que des fragments et de légères notices.

    Le voyageur Tournefort, envoyé par Louis XIV en Asie, nous apprend que les Géorgiens ont conservé l'Évangile de l'enfance, qui leur a été probablement communiqué par les Arméniens (Tournefort, lett. XIX). Dans les commencements, plusieurs de ces Évangiles, aujourd'hui reconnus comme apocryphes, furent cités comme authentiques, et furent même les seuls cités. On trouve dans les Actes des apôtres ces mots que prononce saint Paul(7): « Il faut se souvenir des paroles du seigneur Jésus; car lui-même a dit: « Il vaut mieux donner que recevoir. »

    Saint Barnabé, où plutôt saint Barnabas, fait parler ainsi Jésus-Christ dans son Épître catholique(8): « Résistons à toute iniquité, et ayons-la en haine.... Ceux qui veulent me voir et parvenir à mon royaume, doivent me suivre par les afflictions et par les peines. »

    Saint Clément, dans sa seconde Épître aux Corinthiens, met dans la bouche de Jésus-Christ ces paroles: « Si vous êtes assemblés dans mon sein, et que vous ne suiviez pas mes commandements(9), je vous rejetterai, et je vous dirai: Retirez-vous de moi, je ne vous connais pas; retirez-vous de moi, artisans d'iniquité. »

    Il attribue ensuite ces paroles à Jésus-Christ: « Gardez votre chair chaste et le cachet immaculé, afin que vous receviez la vie éternelle(10). »

    Dans les Constitutions apostoliques, qui sont du iie siècle, on trouve ces mots: « Jésus-Christ a dit: « Soyez des agents de change honnêtes. »

    Il y a beaucoup de citations pareilles, dont aucune n'est tirée des quatre Évangiles reconnus dans l'Église pour les seuls canoniques. Elles sont pour la plupart tirées de l'Évangile selon les Hébreux, Évangile traduit par saint Jérôme, et qui est aujourd'hui regardé comme apocryphe.

    Saint Clément le Romain dit, dans sa seconde Épître: « Le Seigneur étant interrogé quand viendrait son règne, répondit: « Quand deux feront un, quand ce qui est dehors sera dedans, quand le mâle sera femelle, et quand il n'y aura ni femelle ni mâle. »

    Ces paroles sont tirées de l'Évangile selon les Égyptiens, et le texte est rapporté tout entier par saint Clément d Alexandrie. Mais à quoi pensait l'auteur de l'Évangile égyptien, et saint Clément lui-même? les paroles qu'il cite sont injurieuses à Jésus-Christ; elles font entendre qu'il ne croyait pas que son règne advînt. Dire qu'une chose arrivera « quand deux feront un, quand le mâle sera femelle, » c'est dire qu'elle n'arrivera jamais. C'est, comme nous disons: « La semaine des trois jeudis, les calendes grecques; » un tel passage est bien plus rabbinique qu'évangélique.

    Il y eut aussi des Actes des apôtres apocryphes: saint Épiphane les cite(11). C'est dans ces actes qu'il est rapporté que saint Paul était fils d'un père et d'une mère idolâtres, et qu'il se fit Juif pour épouser la fille de Gamaliel; et qu'ayant été refusé, ou ne l'ayant pas trouvée vierge, il prit le parti des disciples de Jésus. C'est un blasphème contre saint Paul.

    Des autres livres apocryphes du ier et du iie siècle. I. Livre d'Énoch, septième homme après Adam, lequel fait mention de la guerre des anges rebelles sous leur capitaine Semexia contre les anges fidèles conduits par Michaël. L'objet de la guerre était de jouir des filles des hommes, comme il est dit à l'article ANGE(12).

    II. Les Actes de sainte Thècle et de saint Paul, écrits par un disciple nommé Jean, attaché à saint Paul. C'est dans cette histoire que Thècle s'échappe des mains de ses persécuteurs pour aller trouver saint Paul, déguisée en homme. C'est là qu'elle baptise un lion; mais cette aventure fut retranchée depuis. C'est là qu'on trouve le portrait de Paul: Statura brevi, calvastrum, cruribus curvis, surosum, superciliis junctis, naso aquilino, plenum gratia Dei. Quoique cette histoire ait été recommandée par saint Grégoire de Nazianze, par saint Ambroise, et par saint Jean Chrysostome, etc., elle n'a eu aucune considération chez les autres docteurs de l'Église.

    III. La Prédication de Pierre. Cet écrit est aussi appelé l'Évangile, la Révélation de Pierre. Saint Clément d'Alexandrie en parle avec beaucoup d'éloge; mais on s'aperçut bientôt qu'il était d'un faussaire qui avait pris le nom de cet apôtre.

    IV. Les Actes de Pierre, ouvrage non moins supposé.

    V. Le testament des douze patriarches. On doute si ce livre est d'un Juif ou d'un chrétien. Il est très vraisemblable pourtant qu'il est d'un chrétien des premiers temps; car il est dit, dans le Testament de Lévi, qu'à la fin de la septième semaine il viendra des prêtres adonnés à l'idolâtrie, bellatores, avari, scribae iniqui, impudici, pueroruin corruptores et pecorum; qu'alors il y aura un nouveau sacerdoce; que les cieux s'ouvriront; que la gloire du Très Haut, et l'esprit d'intelligence et de sanctification s'élèvera sur ce nouveau prêtre. Ce qui semble prophétiser Jésus-Christ.

    VI. La lettre d'Abgar, prétendu roi d'Édesse, à Jésus-Christ, et la Réponse de Jésus-Christ au roi Abgar. On croit en effet qu'il y avait du temps de Tibère un toparque d'Édesse qui avait passé du service des Perses à celui des Romains; mais son commerce épistolaire a été regardé par tous les bons critiques comme une chimère,

    VII. Les Actes de Pilate, les Lettres de Pilate à Tibère sur la mort de Jésus-Christ; la Vie de Procula, femme de Pilate.

    VIII. Les Actes de Pierre et de Paul, où l'on voit l'histoire de la querelle de saint Pierre avec Simon le magicien: Abdias, Marcel et Hégésippe ont tous trois écrit cette histoire. Saint Pierre dispute d'abord avec Simon à qui ressuscitera un parent de l'empereur Néron, qui venait de mourir: Simon le ressuscite à moitié, et saint Pierre achève la résurrection. Simon vole ensuite dans l'air, saint Pierre le fait tomber, et le magicien se casse les jambes. L'empereur Néron, irrité de la mort de son magicien, fait crucifier saint Pierre la tête en bas, et fait couper la tête à saint Paul, qui était du parti de saint Pierre.

    IX. Les Gestes du bienheureux Paul, apôtre et docteur des nations. Dans ce livre, on fait demeurer saint Paul à Rome, deux ans après la mort de saint Pierre. L'auteur dit que quand on eut coupé la tête à Paul, il en sortit du lait au lieu de sang, et que Lucina, femme dévote, le fit enterrer à vingt milles de Rome, sur le chemin d'Ostie, dans sa maison de campagne.

    X. Les Gestes du bienheureux apôtre André. L'auteur raconte que saint André alla prêcher dans la ville des Myrmidons, et qu'il y baptisa tous les citoyens. Un jeune homme, nommé Sostrate, de la ville d'Amazée, qui est du moins plus connue que celle des Myrmidons, vint dire au bienheureux André: « Je suis si beau que ma mère a conçu pour moi de la passion; j'ai eu horreur pour ce crime exécrable, et j'ai pris la fuite; ma mère en fureur m'accuse auprès du proconsul de la province de l'avoir voulu violer. Je ne puis rien répondre; car j'aimerais mieux mourir que d'accuser ma mère. » Comme il parlait ainsi, les gardes du proconsul vinrent se saisir de lui. Saint André accompagna l'enfant devant le juge, et plaida sa cause: la mère ne se déconcerta point; elle accusa saint André lui-même. d'avoir engagé l'enfant à ce crime. Le proconsul aussitôt ordonne qu'on jette saint André dans la rivière; mais l'apôtre ayant prié Dieu, il se fit un grand tremblement de terre, et la mère mourut d'un coup de tonnerre. Après plusieurs aventures de ce genre, l'auteur fait crucifier saint André à Patras.

    XI. Les Gestes de saint Jacques le Majeur. L'auteur le fait condamner à la mort par le pontife Abiathar à Jérusalem, et il baptise le greffier avant d'être crucifié.

    XII. Les Gestes de saint Jean l'évangéliste. L'auteur raconte qu'à Éphèse, dont saint Jean était évêque. Drusilla, convertie par lui, ne voulut plus de la compagnie de son mari Andronic, et se retira dans un tombeau. Un jeune homme nommé Callimaque, amoureux d'elle, la pressa quelquefois dans ce tombeau même de condescendre à sa passion. Drusilla, pressée par son mari et par son amant, souhaita la mort, et l'obtint. Callimaque, informé de sa perte, fut encore plus furieux d'amour; il gagna par argent un domestique d'Andronic, qui avait les clefs du tombeau; il y court; il dépouille sa maîtresse de son linceul, il s'écrie: «

    Ce que tu n'as pas voulu m'accorder vivante, tu me l'accorderas morte. » Et dans l'excès horrible de sa démence, il assouvit ses désirs sur ce corps inanimé. Un serpent sort à l'instant du tombeau: le jeune homme tombe évanoui, le serpent le tue; il en fait autant du domestique complice, et se roule sur son corps. Saint Jean arrive avec le mari; ils sont étonnés de trouver Callimaque en vie. Saint Jean ordonne au serpent de s'en aller; le serpent obéit. Il demande au jeune homme comment il est ressuscité; Callimaque répond qu'un ange lui était apparu et lui avait dit: « Il fallait que tu mourusses pour revivre chrétien. » Il demanda aussitôt le baptême, et pria saint Jean de ressusciter Drusilla.

    L'apôtre ayant sur-le-champ opéré ce miracle, Callimaque et Drusilla le supplièrent de vouloir bien aussi ressusciter le domestique. Celui-ci, qui était un païen obstiné, ayant été rendu à la vie, déclara qu'il aimait mieux remourir que d'être chrétien; et en effet il remourut incontinent. Sur quoi saint Jean dit qu'un mauvais arbre porte toujours de mauvais fruits.

    Aristodème, grand prêtre d'Éphèse, quoique frappé d'un tel prodige, ne voulut pas se convertir: il dit à saint Jean: « Permettez que je vous empoisonne, et si vous n'en mourez pas, je me convertirai. » L'apôtre accepte la proposition: mais il voulut qu'auparavant Aristodème empoisonnât deux Éphésiens condamnés à mort. Aristodème aussitôt leur présenta le poison; ils expirèrent sur-le-champ. Saint Jean prit le même poison, qui ne lui fit aucun mal. Il ressuscita les deux morts, et le grand prêtre se convertit.

    Saint Jean ayant atteint l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans, Jésus-Christ lui apparut, et lui dit: « Il est temps que tu viennes à mon festin avec tes frères. » Et bientôt après l'apôtre s'endormit en paix.

    XIII. L'Histoire des bienheureux Jacques le Mineur, Simon et Jude, frères. Ces apôtres sont en Perse, y exécutent des choses aussi incroyables que celles que l'auteur rapporte de saint André.

    XIV. Les Gestes de saint Matthieu, apôtre et évangéliste. Saint Matthieu va en Éthiopie dans la grande ville de Nadaver; il y ressuscite le fils de la reine Candace, et il y fonde des Églises chrétiennes.

    XV. Les Gestes du bienheureux Barthélemi dans l'Inde. Barthélemi va d'abord dans le temple d'Astarot. Cette déesse rendait des oracles, et guérissait toutes les maladies; Barthélemi la fait taire, et rend malades tous ceux qu'elle avait guéris. Le roi Polimius dispute avec lui; le démon déclare devant le roi qu'il est vaincu. Saint Barthélemi sacre le roi Polimius évêque des Indes.

    XVI. Les Gestes du bienheureux Thomas, apôtre de l'Inde. Saint Thomas entre dans l'Inde par un autre chemin, et y fait beaucoup plus de miracles, que saint Barthélemi; il est enfin martyrisé, et apparaît a Xiphoro et à Susani.

    XVII. Les Gestes du bienheureux Philippe. Il alla prêcher en Scythie. On voulut lui faire sacrifier à Mars; mais il fit sortir un dragon de l'autel, qui dévora les enfants des prêtres; il mourut à Hiérapolis, à l'âge de quatre-vingt-sept ans. On ne sait quelle est cette ville; il y en avait plusieurs de ce nom. Toutes ces histoires passent pour être écrites par Abdias, évêque de Babylone, et sont traduites par Jules Africain.

    XVIII. A cet abus des saintes Écritures on en a joint un moins révoltant, et qui ne manque point de respect au christianisme comme ceux qu'on vient de mettre sous les yeux du lecteur. Ce sont les liturgies attribuées à saint Jacques, à saint Pierre, à saint Marc, dont le savant Tillemont a fait voir la fausseté.

    XIX. Fabricius met parmi les écrits apocryphes l'Homélie attribuée à saint Augustin, sur la manière dont se forma le Symbole: mais il ne prétend pas sans doute que le Symbole, que nous appelons des apôtres, en soit moins sacré et moins véritable. Il est dit dans cette Homélie, dans Rufin, et ensuite dans Isidore, que dix jours après l'ascension, les apôtres étant renfermés ensemble de peur des Juifs, Pierre dit: Je crois en Dieu le Père tout-puissant; André, Et en Jésus-Christ son Fils; Jacques, Qui a été conçu du Saint-Esprit; et qu'ainsi chaque apôtre ayant prononcé un article, le Symbole fut entièrement achevé. Cette histoire n'étant point dans les Actes des apôtres, on est dispensé de la croire; mais on n'est pas dispensé de croire au Symbole, dont les apôtres ont enseigné la substance. La vérité ne doit point souffrir des faux ornements qu'on a voulu lui donner.

    XX. Les Constitutions apostoliques(13).On met aujourd'hui dans le rang des apocryphes les Constitutions des saints apôtres, qui passaient autrefois pour être rédigées par saint Clément le Romain. La seule lecture de quelques chapitres suffit pour faire voir que les apôtres n'ont eu aucune part à cet ouvrage. Dans le chapitre IX, on ordonne aux femmes de ne se laver qu'à la neuvième heure. Au premier chapitre du second livre, on veut que les évêques soient savants: mais du temps des apôtres il n'y avait point de hiérarchie, point d'évêques attachés à une seule Église. Ils allaient instruire de ville en ville, de bourgade en bourgade; ils s'appelaient apôtres, et non pas évêques, et surtout ils ne se piquaient pas d'être savants. Au chapitre II de ce second livre, il est dit qu'un évêque ne doit avoir « qu'une femme qui ait grand soin de sa maison; » ce qui ne sert qu'à prouver qu'à la fin du premier, et au commencement du second siècle, lorsque la hiérarchie commença à s'établir, les prêtres étaient mariés.

    Dans presque tout le livre les évêques sont regardés comme les juges des fidèles, et l'on sait assez que les apôtres n'avaient aucune juridiction. Il est dit au chapitre XXI, qu'il faut écouter les deux parties; ce qui suppose une juridiction établie. Il est dit au chapitre XXVI: « L'évêque est votre prince, votre roi, votre empereur, votre Dieu en terre. » Ces expressions sont bien fortes pour l'humilité des apôtres.

    Au chapitre XXVIII. « Il faut dans les festins des agapes donner au diacre le double de ce qu'on donne à une vieille; au prêtre le double de ce qu'on donne au diacre; parce qu'ils sont les conseillers de l'évêque et la couronne de l'Église. Le lecteur aura une portion en l'honneur des prophètes, aussi bien que le chantre et le portier. Les laïques qui voudront avoir quelque chose doivent s'adresser à l'évêque par le diacre. »

    Jamais les apôtres ne se sont servis d'aucun terme qui répondit à laïque, et qui marquât la différence entre les profanes et les prêtres. Au chapitre XXXIV. « Il faut révérer l'évêque comme un roi, l'honorer comme le maître, lui donner vos fruits, les ouvrages de vos mains, vos prémices, vos décimes, vos épargnes, les présents qu'on vous a faits, votre froment, votre vin, votre huile, votre laine, et tout ce que vous avez. Cet article est fort.

    Au chapitre LVII. « Que l'Église soit longue, qu'elle regarde l'orient, qu'elle ressemble à un vaisseau, que le trône de l'évêque soit au milieu; que le lecteur lise les livres de Moïse, de Josué, des Juges, des Rois, des Paralipomènes, de Job, etc. »

    Au chapitre XVII du livre III. « Le baptême est donné pour la mort de Jésus, l'huile pour le Saint-Esprit. Quand on nous plonge dans la cuve, nous mourons; quand nous en sortons, nous ressuscitons. Le père est le Dieu de tous; Christ est fils unique Dieu, fils aimé, et seigneur de gloire. Le saint souffle est Paraclet envoyé de Christ, docteur enseignant, et prédicateur de Christ. » Cette doctrine serait aujourd'hui exprimée en termes plus canoniques.

    Au chapitre VII du livre V, on cite des vers des sibylles sur l'avènement de Jésus et sur sa résurrection. C'est la première fois que les chrétiens supposèrent des vers des sibylles, ce qui continua pendant plus de trois cents années.

    Au chapitre XXVIII du livre VI, la pédérastie et l'accouplement avec les bêtes sont défendus aux fidèles. Au chapitre XXIX, il est dit « qu'un mari et une femme sont purs en sortant du lit, quoiqu'ils ne se lavent point. » Au chapitre V du livre VIII, on trouve ces mots: « Dieu tout-puissant, donne à l'évêque par ton Christ la participation du Saint- Esprit. »

    Au chapitre VI. « Recommandez-vous au seul Dieu par Jésus-Christ, » ce qui n'exprime pas assez la divinité de Notre-Seigneur. Au chapitre XII, est la constitution de Jacques, frère de Zébédée. Au chapitre XV. Le diacre doit prononcer tout haut: « Inclinez-vous devant Dieu par le Christ. » Ces expressions ne sont pas aujourd'hui assez correctes.

    XXI. Les canons apostoliques. Le sixième canon ordonne qu'aucun évêque ni prêtre ne se sépare de sa femme sous prétexte de religion; que s'il s'en sépare, il soit excommunié; que s'il persévère, il soit chassé. Le viie, qu'aucun prêtre ne se mêle jamais d'affaires séculières. Le xixe, que celui qui a épousé les deux soeurs ne soit point admis dans le clergé.

    Les xxie et xxiie, que les eunuques soient admis à la prêtrise, excepté ceux qui se sont coupé à eux-mêmes les génitoires. Cependant Origène fut prêtre malgré cette loi. Le lve, si un évêque, ou un prêtre, ou un diacre, ou un clerc, mange de la chair où il y ait encore du sang, qu'il soit déposé. Il est assez évident que ces canons ne peuvent avoir été promulgués par les apôtres.

    XXII. Les Reconnaissances de saint Clément et Jacques, frère du Seigneur, en dix livres, traduites du grec en latin par Rufin. Ce livre commence par un doute sur l'immortalité de l'âme: Utrumne sit mihi aliqua vita post mortem, an nihil omnino postea sim futurus(14)?

    Saint Clément, agité par ce doute, et voulant savoir si le monde était éternel, ou s'il avait été créé, s'il y avait un Tartare et un Phlégéton, un Ixion et un Tantale, etc., etc., voulut aller en Égypte apprendre la nécromancie; mais ayant entendu parler de saint Barnabé qui prêchait le christianisme, il alla le trouver dans l'Orient, dans le temps que Barnabé célébrait une fête juive. Ensuite il rencontra saint Pierre à Césarée avec Simon le magicien et Zachée. Ils disputèrent ensemble, et saint Pierre leur raconta tout ce qui s'était passé depuis la mort de Jésus. Clément se fit chrétien, mais Simon demeura magicien.

    Simon devint amoureux d'une femme qu'on appelait la Lune, et en attendant qu'il l'épousât, il proposa à saint Pierre, à Zachée, à Lazare, à Nicodème, à Dosithée, et à plusieurs autres, de se mettre au rang de ses disciples. Dosithée lui répondit d'abord par un grand coup de bâton; mais le bâton ayant passé au travers du corps de Simon, comme au travers de la fumée, Dosithée l'adora et devint son lieutenant; après quoi Simon épousa sa maîtresse, et assura qu'elle était la lune elle-même descendue du ciel pour se marier avec lui.

    Ce n'est pas la peine de pousser plus loin les Reconnaissances de saint Clément. Il faut seulement remarquer qu'au livre IX il est parlé des Chinois sous le nom de Seres, comme des plus justes et des plus sages de tous les hommes; après eux viennent les brachmanes, auxquels l'auteur rend la justice que toute l'antiquité leur a rendue. L'auteur les cite comme des modèles de sobriété, de douceur, et de justice.

    XXIII. La lettre de saint Pierre à saint Jacques et la lettre de saint Clément au même saint Jacques, frère du Seigneur, gouvernant la sainte Église des Hébreux à Jérusalem et toutes les Églises. La lettre de saint Pierre ne contient rien de curieux, mais celle de saint Clément est très remarquable; il prétend que saint Pierre le déclara évêque de Rome avant sa mort, et son coadjuteur; qu'il lui imposa les mains, et qu'il le fit asseoir dans sa chaire épiscopale, en présence de tous les fidèles. « Ne manquez pas, lui dit-il, d'écrire à mon frère Jacques dès que je serai mort. »

    Cette lettre semble prouver qu'on ne croyait pas alors que saint Pierre eût été supplicié, puisque cette lettre attribuée à saint Clément aurait probablement fait mention du supplice de saint Pierre. Elle prouve encore qu'on ne comptait pas Clet et Anaclet parmi les évêques de Rome.

    XXIV. Homélies de saint Clément, au nombre de dix-neuf. Il raconte, dans sa première Homélie, ce qu'il avait déjà dit dans les Reconnaissances, qu'il était allé chercher saint Pierre avec saint Barnabé à Césarée, pour savoir si l'âme est immortelle, et si le monde est éternel.

    On lit dans la seconde Homélie, n° 38, un passage bien plus extraordinaire; c'est saint Pierre lui-même qui parle de l'Ancien Testament. Et voici comme il s'exprime: « La loi écrite contient certaines choses fausses contre la loi de Dieu, créateur du ciel et de la terre: c'est ce que le diable a fait pour une juste raison; et cela est arrivé aussi par le jugement de Dieu, afin de découvrir ceux qui écouteraient avec plaisir ce qui est écrit contre lui, etc., etc. »

    Dans la sixième Homélie, saint Clément rencontre Apion, le même qui avait écrit contre les Juifs du temps de Tibère; il dit à Apion qu'il est amoureux d'une Égyptienne, et le prie d'écrire une lettre en son nom à sa prétendue maîtresse, pour lui persuader, par l'exemple de tous les dieux, qu'il faut faire l'amour. Apion écrit la lettre, et saint Clément fait la réponse au nom de l'Égyptienne; après quoi il dispute sur la nature des dieux.

    XXV. Deux Épîtres de saint Clément aux Corinthiens. Il ne paraît pas juste d'avoir rangé ces épîtres parmi les apocryphes. Ce qui a pu engager quelques savants à ne les pas reconnaître, c'est qu'il y est parlé du « phénix d'Arabie qui vit cinq cents ans, et qui se brûle en Égypte dans la ville d'Héliopolis. » Mais il se peut très bien faire que saint Clément ait cru cette fable que tant d'autres croyaient, et qu'il ait écrit des lettres aux Corinthiens.

    On convient qu'il y avait alors une grande dispute entre l'Église de Corinthe et celle de Rome. L'Église de Corinthe, qui se disait fondée la première, se gouvernait en commun; il n'y avait presque point de distinction entre les prêtres et les séculiers encore moins entre les prêtres et l'évêque; tous avaient également voix délibérative; du moins plusieurs savants le prétendent. Saint Clément dit aux Corinthiens, dans sa première Épître: « Vous qui avez jeté les premiers fondements de la sédition, soyez soumis aux prêtres, corrigez-vous par la pénitence, et fléchissez les genoux de votre coeur; apprenez à obéir.,, Il n'est point du tout étonnant qu'un évêque de Rome ait employé ces expressions.

    C'est dans la seconde Épître qu'on trouve encore cette réponse de Jésus-Christ que nous avons déjà rapportée, sur ce qu'on lui demandait quand viendrait son royaume des cieux. « Ce sera, dit-il, quand deux feront un, que ce qui est dehors sera dedans, quand le mâle sera femelle, et quand il n'y aura ni mâle ni femelle. » XXVI. Lettre de saint Ignace le martyr à la Vierge Marie et la Réponse de la Vierge à saint Ignace.

    A MARIE QUI A PORTÉ CHRIST, SON DÉVOT IGNACE.

    « Vous deviez me consoler, moi néophyte et disciple de votre Jean; J'ai entendu plusieurs choses admirables de votre Jésus, et j'en ai été stupéfait. Je désire de tout mon coeur d'en être instruit par vous qui avez toujours vécu avec lui en familiarité, et qui avez su tous ses secrets. Portez-vous bien, et confortez les néophytes qui sont avec moi, de vous et par vous, Amen. » RÉPONSE DE LA SAINTE VIERGE, A IGNACE, SON DISCIPLE CHÉRI.L'humble servante de Jésus-Christ. « Toutes les choses que vous avez apprises de Jean sont vraies, croyez-les, persistez-y, gardez votre voeu de christianisme, conformez-lui vos moeurs et votre vie; je viendrai vous voir avec Jean, vous et ceux qui sont avec vous. Soyez ferme dans la foi, agissez en homme; que la sévérité de la persécution ne vous trouble pas; mais que votre esprit se fortifie, et exulte en Dieu votre sauveur, Amen. »

    On prétend que ces lettres sont de l'an 116 de notre ère vulgaire; mais elles n'en sont pas moins fausses et moins absurdes: ce serait même une insulte à notre sainte religion, si elles n'avaient pas été écrites dans un esprit de simplicité qui peut faire tout pardonner.

    XXVII. Fragments des apôtres. On y trouve ce passage: « Paul, homme de petite taille au nez aquilin, au visage angélique, instruit dans le ciel, a dit à Plantilla la Romaine avant de mourir: « Adieu, Plantilla, petite plante de salut éternel; connais ta noblesse, tu es plus blanche que la neige, tu es enregistrée parmi les soldats du Christ, tu es héritière du royaume céleste. » Cela ne méritait pas d'être réfuté.

    XXVIII. Onze Apocalypses, qui sont attribuées aux patriarches et prophètes, à saint Pierre, à Cérinthe, à saint Thomas, à saint Étienne protomartyr, deux à saint Jean, différentes de la canonique, et trois à saint Paul. Toutes ces Apocalypses ont été éclipsées par celle de saint Jean.

    XXIX. Les Visions, les Préceptes, et les Similitudes d'Hermas: Hermas paraît être de la fin du Ier siècle. Ceux qui traitent son livre d'apocryphe sont obligés de rendre justice à sa morale. Il commence par dire que son père nourricier avait vendu une fille à Rome. Hermas reconnut cette fille après plusieurs années, et l'aima, dit-il, comme sa soeur: il la vit un jour se baigner dans le Tibre, il lui tendit la main, et la tira du fleuve, et il disait dans son coeur: « Que je serais heureux si j'avais une femme semblable à elle pour la beauté et pour les moeurs! »

    Aussitôt le ciel s'ouvrit, et il vit tout d'un coup cette même femme, qui lui fit une révérence du haut du ciel, et lui dit: « Bonjour, Hermas. » Cette femme était l'Église chrétienne. Elle lui donna beaucoup de bons conseils. Un an après, l'esprit le transporta au même endroit où il avait vu cette belle femme, qui pourtant était une vieille; mais sa vieillesse était fraîche, et elle n'était vieille que parce qu'elle avait été créée dés le commencement du monde, et que le monde avait été fait pour elle.

    Le livre des Préceptes contient moins d'allégories; mais celui des Similitudes en contient beaucoup.

    « Un jour que je jeûnais, dit Hermas, et que j'étais assis sur une colline, rendant grâces à Dieu de tout ce qu'il avait fait pour moi, un berger vint s'asseoir à mes côtés, et me dit: « Pourquoi êtes-vous venu ici de si bon matin? C'est que je suis en station, lui répondis-je. Qu'est-ce qu'une station? me dit le berger. C'est un jeûne. Et qu'est-ce que ce jeûne? C'est ma coutume.

    « Allez, me répliqua le berger, vous ne savez ce que c'est que de jeûner, cela ne fait aucun profit à Dieu; je vous apprendrai ce que c'est que le vrai jeûne agréable à la Divinité(15). Votre jeûne n'a rien de commun avec la justice et la vertu. Servez Dieu d'un coeur pur; gardez ses commandements; n'admettez dans votre coeur aucun désir coupable. Si vous avez toujours la crainte de Dieu devant les yeux, Si vous vous abstenez de tout mal, ce sera là le vrai jeûne, le grand jeûne dont Dieu vous saura gré. »

    Cette piété philosophique et sublime est un des plus singuliers monuments du Ier siècle. Mais ce qui est étrange, c'est qu'à la fin des Similitudes le berger lui donne des filles très affables, valde affabiles, chastes et industrieuses, pour avoir soin de sa maison, et lui déclare qu'il ne peut accomplir les commandements de Dieu sans ces filles, qui figurent visiblement les vertus. Ne poussons pas plus loin cette liste; elle serait immense si on voulait entrer dans tous les détails. Finissons par les Sibylles.

    XXX. Les Sibylles. Ce qu'il y eut de plus apocryphe dans la primitive Église, c'est la prodigieuse quantité de vers attribués aux anciennes sibylles en faveur des mystères de la religion chrétienne. Diodore de Sicile(16) n'en reconnaissait qu'une, qui fut prise dans Thèbes par les Épigones, et qui fut placée à Delphes avant la guerre de Troie. De cette sibylle, c'est-à-dire de cette prophétesse, on en fit bientôt dix. Celle de Cumes avait le plus grand crédit chez les Romains, et la Sibylle Érythrée chez les Grecs.

    Comme tous les oracles se rendaient en vers, toutes les sibylles ne manquèrent pas d'en faire; et pour donner plus d'autorité à ces vers, on les fit quelquefois en acrostiches. Plusieurs chrétiens qui n'avaient pas un zèle selon la science, non seulement détournèrent le sens des anciens vers qu'on supposait écrits par les sibylles, mais ils en firent eux-mêmes, et, qui pis est, en acrostiches. Ils ne songèrent pas que cet artifice pénible de l'acrostiche ne ressemble point du tout à l'inspiration et à l'enthousiasme d'une prophétesse. Ils voulurent soutenir la meilleure des causes par la fraude la plus maladroite. Ils firent donc de mauvais vers grecs, dont les lettres initiales signifiaient en grec, Jésus, Christ, Fils, Sauveur; et ces vers disaient « qu'avec cinq pains et deux poissons il nourrirait cinq mille hommes au désert, et qu'en ramassant les morceaux qui resteront il remplirait douze paniers. »

    Le règne de mille ans, et la nouvelle Jérusalem céleste, que Justin avait vue dans les airs pendant quarante nuits, ne manquèrent pas d'être prédits par les sibylles. Lactance, au ive siècle, recueillit presque tous les vers attribués aux sibylles, et les regarda comme des preuves convaincantes. Cette opinion fut tellement autorisée, et se maintint si longtemps, que nous chantons encore des hymnes dans lesquelles le témoignage des sibylles est joint aux prédictions de David:

    Solvet saeclum in favilla, Teste David cum sibylla.

    Ne poussons pas plus loin la liste de ces erreurs ou de ces fraudes, on pourrait en rapporter plus de cent; tant le monde fut toujours composé de trompeurs et de gens qui aimèrent à se tromper. Mais ne recherchons point une érudition si dangereuse. Une grande vérité approfondie vaut mieux que la découverte de mille mensonges.

    Toutes ces erreurs, toute la foule des livres apocryphes, n'ont pu nuire à la religion chrétienne, parce qu'elle est fondée, comme on sait, sur des vérités inébranlables. Ces vérités sont appuyées par une Église militante et triomphante, à laquelle Dieu a donné le pouvoir d'enseigner et de réprimer. Elle unit dans plusieurs pays l'autorité spirituelle et la temporelle. La prudence, la force, la richesse, sont ses attributs; et quoiqu'elle soit divisée, quoique ses divisions l'aient ensanglantée, on la peut comparer à la république romaine, toujours agitée de discordes civiles, mais toujours victorieuse.
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    Message  Arlitto Lun 23 Nov 2020 - 10:45

    L’OGDOADE ET L’ENNÉADE

    (NH VI, 6)

    Traduit du copte par Jean-Pierre Mahé Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier, à l’université de Laval, Québec, Canada.


    Discours de l’Ogdoade et l’Ennéade

    Préambule

    (FILS) Mon père,tu m’as promis hier de conduire mon intellect jusque dans l’Ogdoade et de me conduire ensuite moi-même jusque dans l’Ennéade. Tu as dit : c’est l’ordre de la tradition.

    (HERMÈS) Oui, mon enfant, c’est bien l’ordre ; mais la promesse fut faite selon la condition humaine. Je te l’ai bien dit dès que j’eus commencé de te faire cette promesse ; je te l’ai dit, si tu t’en souviens, à chaque degré.

    Entretien sur la régénération spirituelle et la race des élus

    Quand j’eus reçu l’Esprit grâce à la Puissance, je te transmis l’énergie : car, si l’intellection relève de toi, c’est en moi, pour ainsi dire, que la Puissance est conçue. En effet, lorsque j’eus conçu par la source qui coule en moi, je l’engendrai.

    (FILS) Mon père, tu m’as bien exposé chaque propos. Pourtant, je suis déconcerté par ce propos que tu as tenu à l’instant. Tu as dit en effet : « c’est la Puissance qui est en moi ». Il répondit :

    (HERMÈS) Je l’ai engendrée comme on engendre les enfants.

    (FILS) Mon Père, ai-je donc beaucoup de frères, si tu me comptes parmi les descendances ?

    (HERMÈS) Parfaitement, mon enfant, ce bien se compte par ...................en tout temps. C’est pourquoi, mon enfant, il t’est nécessaire que tu connaisses tes frères et que tu les honores bien, comme il convient, car ils sont issus du même Père. En effet, chaque descendance, je l’ai appelée, je lui ai donné un nom, puisqu’elles sont engendrées comme des enfants.

    (FILS) Mon père, ont-ils donc, eux aussi, leurs mères ?

    (HERMÈS) Mon enfant, ce sont des mères spirituelles, car il s’agit des énergies qui font croître aussi les âmes : c’est pourquoi je dis qu’elles sont immortelles.

    (FILS) Ta parole est vraie ; elle ne prête plus à contradiction désormais. Ô mon père, commence le discours de l’Ogdoade et de l’Ennéade, et mets-moi, moi aussi, au nombre de mes frères.

    (HERMÈS) Prions, mon enfant, le Père du Tout, avec tes frères qui sont mes fils, afin qu’il dispense l’Esprit, et que je parle.

    (FILS) Comment prie-t-on, mon père, en union avec les descendances ? Je souhaite obéir, mon père, mais.....

    (HERMÈS) … Mon enfant. .....Cependant cela n’est ni une nécessité ni une loi] mais cela repose en elle et ......... Or il est juste que tu te souviennes du progrès en sagesse qui s’est produit en toi grâce aux livres. Mon enfant, compare-toi au premier âge : comme les petits, tu as posé les questions les plus déraisonnables, les plus irréfléchies.

    (FILS) Mon père, le progrès et la prescience qui me sont advenus présentement grâce aux livres sont arrivés à surpasser la déficience qui était en moi tout d’abord.

    (HERMÈS) Mon enfant, quand tu concevras par l’intelligence la réalité de ce que tu dis, tu trouveras tes frères priant avec toi, eux qui sont mes fils.

    (FILS) Mon père, mon intelligence ne conçoit rien d’autre que la beauté qui m’est advenue grâce aux livres, celle que tu appelles beauté de l’âme.

    (HERMÈS) L’édification s’est opérée en toi par degrés. Puisse t’advenir l’intellection et tu seras instruit.

    (FILS) J’ai reconnu par l’intelligence, mon père, chacune des descendances, plus

    particulièrement la 55 matière ? ........ elles]sont dans..............

    llumination mystique

    (HERMÈS) 2 Mon fils, ..... par des louanges de la part de ceux qui ont reçu l’accroissement.

    (FILS) Mon père, quant au propos que tu as tenu, j’en recevrai de toi la puissance. Suivant ce qui a été dit, prions tous deux, mon père.

    (HERMÈS) (récitant une sorte de préface liturgique) Mon enfant, c’est convenance Que, de toute notre pensée, de tout notre coeur et de toute notre âme, Nous priions Dieu, et lui demandions Que le don de l’Ogdoade s’étende jusqu’à nous, Et que chacun de nous reçoive par là ce qui lui est propre : À toi il appartient de saisir par l’intelligence, Et à moi de pouvoir exprimer le discours Grâce à la source qui coule en moi.

    Prière d’invocation

    (FILS) Prions, mon père. (Hermès et son fils, ensemble) Je t’invoque, toi qui es Celui qui domine sur le royaume de la Puissance, Celui dont le Verbe se fait naissance de lumière ; et dont les paroles sont immortelles, éternelles, inaltérables ! Celui dont le vouloir engendre la vie manifestée, en tout lieu ; et dont la nature donne forme à l’essence ! C’est de Lui que se meuvent [56] les âmes de l’Ogdoade et les anges. Car c’est Lui dont le Verbe s’étend vers chacun de ceux qui existent ; Sa Providence parvient jusqu’à chacun dans le Lieu. Il engendre chacun, lui qui a partagé l’Éon entre les Esprits. Il a créé toutes choses, Lui qui est son propre contenant et soutient tous les êtres en sa plénitude !

    Dieu invisible, à qui l’on s’adresse en silence, Dont l’image se meut en se gouvernant Et se gouverne en se mouvant ! Puissant de la Puissance, Toi qui es plus grand que la grandeur, Plus glorieux que les gloires ! Zôxathazô, Zôzazôth, Seigneur, accorde-nous une sagesse issue de ta Puissance parvenant jusqu’à nous, afin que nous nous fassions part mutuellement de la contemplation de l’Ogdoade et de l’Ennéade.

    Déjà nous avons atteint l’Hebdomade, car nous sommes pieux, nous gouvernant dans ta Loi, et ta volonté, nous l’accomplissons toujours. En effet, nous avons marché dans [57] ta voie et nous avons laissé derrière nous la malice, afin que nous fassions advenir la contemplation. Seigneur, accorde-nous la vérité dans l’image, accorde-nous, par l’Esprit, de voir la forme de l’image qui est sans déficience reçois de nous la réplique du Plérôme par notre action de grâces et reconnais l’Esprit qui est en nous.

    Car c’est par Toi que le Tout a été animé ; Car c’est de Toi, l’Inengendré, qu’est issu l’Engendré. La génération de Celui-qui-s’engendre-lui-même se produit par Toi, comme génération de tous les êtres engendrés. Reçois de nous le sacrifice de discours que nous faisons monter vers Toi de tout notre coeur et de toute notre âme et d toute notre force. Sauve ce qui est en nous, Et donne-nous la sagesse immortelle.

    Première vision

    (HERMÈS) Embrassons-nous l’un l’autre, mon enfant, avec amour. (Tandis qu’ils s’embrassent silencieusement, Hermès a une vision.)

    Réjouis-toi de ceci ! Car déjà, venant d’Eux, la Puissance qui est lumière arrive jusqu’à nous !

    (FILS) Je vois, oui, je vois des profondeurs indicibles !

    (HERMÈS) Comment te le dirais-je, [58] mon enfant, commence dès maintenant à tendre vers les lieux ! Comment te parlerais-je du Tout ? Je suis l’Intellect et je vois un autre Intellect qui met l’âme en mouvement. Je vois Celui qui me ravit en une sainte extase. Tu me donnes puissance. Je me vois moi-même. Je veux parler. Une crainte me retient. J’ai trouvé, moi, le Principe de la Puissance qui est au-dessus de toutes les Puissances et qui lui-même n’a pas de principe. Je vois une source vibrante de vie. Je l’ai dit, ô mon enfant, je suis l’Intellect. J’ai contemplé ! Il est impossible à la parole de révéler cela. En effet, toute l’Ogdoade, ô mon enfant, avec les âmes qui sont en elle et les anges chantent des hymnes en silence. Mais à moi, l’Intellect, ils me sont intelligibles.

    (FILS) De quelle façon chantent-ils ?

    (HERMÈS) Te voici au point qu’on ne pourra plus te parler.

    Prière à Hermès divinisé

    (FILS) Je fais silence, ô mon Père. Je désire te chanter un hymne en silence.

    (HERMÈS) Chante-le-moi donc, car je suis l’Intellect.

    (FILS) L’Intellect m’est intelligible, Hermès, celui que l’on ne peut interpréter, Car il se retranche en lui-même ! Mais, je me réjouis, ô mon Père, voyant que tu souris, Et le Tout (59 ) se réjouit ! C’est pourquoi, il n’est pas de créature Qui puisse être privée de ta vie. Car c’est toi le Seigneur des citoyens en tout lieu. Ta providence est une sauvegarde. Je t’invoque, Père, Éon des Éons, Esprit, Être divin, Qui, en outre, répands en esprit l’eau de pluie sur chacun ! Que m’en dis-tu, ô mon Père, Hermès ?

    (HERMÈS) De cela, je ne dis rien, ô mon enfant : il est juste, en effet, devant Dieu, que nous taisions ce qui est caché.

    (FILS) Ô Trismégiste, ne permets pas que mon âme soit veuve de la contemplation, Être divin, car tu as pouvoir sur toute chose, comme maître de tout le lieu !

    (HERMÈS) Reviens à l’action de grâces, ô mon enfant, et exprime tout cela en silence. Demande ce que tu veux en silence.

    Deuxième vision

    (Le fils se recueille quelques instants en silence) Quand il eut terminé de rendre grâces, il s’écria :

    (FILS) Père, Trismégiste, que dirai-je ? Nous avons reçu cette lumière et, moi, je vois cette même vision à l’intérieur de toi ! Et je vois l’Ogdoade avec les âmes qui sont en elle, et les anges chantent leurs hymnes à l’Ennéade et à ses Puissances. Et je le vois, Lui, pourvu de toutes leurs Puissances, et qui crée (60 ) dans l’Esprit !

    Action de grâces

    (HERMÈS) Il est bien que nous fassions désormais silence. Ne va pas, précipitamment parler de la vision ! Désormais, il convient de chanter des hymnes au Père, jusqu’au jour de quitter ce corps.

    (FILS) Ce que tu dis-là, ô mon Père, je veux le dire moi aussi. Je chante un hymne du fond de mon coeur.

    (HERMÈS) Puisque tu as atteint le repos, vaque à l’action de grâces, car tu as trouvé ce que tu cherchais.

    (FILS) Mais comment faut-il, ô mon Père, que je rende grâces, puisque mon coeur est plein à déborder ?

    (HERMÈS) Il te faut pourtant faire monter ton action de grâces jusqu’à Dieu et qu’elle soit ensuite en ce livre impérissable.

    (FILS) Je ferai monter l’action de grâces. Du fond de mon coeur,Pour prier le terme du Tout Et le Principe du Principe, De la quête des hommes, la trouvaille immortelle, Celui qui fait naître la Lumière et la Vérité, Celui qui sème le Verbe, L’amour de la vie éternelle ! Nul discours caché ne saurait parler de toi, Seigneur ! C’est pourquoi mon Intellect Veut te chanter ses hymnes chaque jour. Je suis l’instrument de ton Esprit, L’Intellect est ton plectre, Et ton conseil joue sur moi un psaume. Je me vois (61) moi-même. J’ai reçu puissance de toi, Car ton amour est venu jusqu’à nous.

    (HERMÈS) Bien, ô mon enfant !

    (FILS) Ô grâce ! Après cela je rends grâces En te chantant un hymne, Car j’ai été vivifié par toi, Quand tu eus fait de moi un sage. Je te rends grâces, J’invoque du fond du coeur ton Nom mystérieux : Tu es Celui qui est avec l’Esprit. Je te chante mon hymne pieusement.

    ÉPILOGUE

    Monument commémoratif

    (HERMÈS) Ce livre, ô mon enfant, écris-le pour le Temple de Diospolis en caractères hiéroglyphiques en le dédiant à l’Ogdoade qui révèle l’Ennéade.

    (FILS) Je le ferai, ô mon Père comme tu me le prescris maintenant. Ô mon Père, le texte du livre, l’écrirai-je sur des stèles couleur turquoise ?

    (HERMÈS) Ô mon enfant, ce livre, il convient de l’écrire sur des stèles couleur turquoise en caractères hiéroglyphiques, car c’est l’Intellect lui-même qui est devenu leur protecteur. (62) C’est pourquoi, j’ordonne que ce discours soit gravé sur de la pierre et que tu le mettes à l’intérieur de mon parvis, sous la surveillance de huit gardiens et des Neuf du Soleil. Que les gardiens mâles, à droite, soient à visage de grenouilles et que les femelles, à gauche, soient à visage de chats. Place en outre une pierre de lait en dessous des tables couleur turquoise, qui soit de forme quadrangulaire et écris le Nom sur la table de pierre couleur saphir, en caractères hiéroglyphiques. Ô mon enfant, tu placeras cette pierre quand je serai dans la constellation de la Vierge, et le Soleil, dans la première moitié du jour, quand quinze degrés m’auront dépassé.

    (FILS) Ô mon Père, toutes 21 les paroles que tu dis, je les 22 accomplirai avec zèle.

    Imprécation prophylactique

    (HERMÈS) Écris donc une imprécation sur le livre, afin que le Nom ne soit pas détourné à des fins mauvaises par ceux qui liront le livre et qu’ils ne luttent pas non plus contre les oeuvres de la Destinée. Qu’ils se soumettent plutôt à la Loi de Dieu, sans l’avoir transgressée en rien, mais qu’avec pureté ils demandent à Dieu sagesse et gnose. Et quiconque (63) n’aura pas été tout d’abord engendré par Dieu, en usant des Leçons Générales et des Leçons Détaillées, ne pourra pas lire ce qui est écrit dans ce livre, bien que sa conscience soit pure en ce qui le concerne, qu’il ne commette rien de laid et n’y consente nullement. Cependant, parcourant chaque degré, il entrera dans la voie d’immortalité et ainsi, il parviendra à l’Intellection de l’Ogdoade qui révèle l’Ennéade.

    (FILS) C’est ce que je ferai, ô mon Père.

    (HERMÈS) Voici la formule : « Je conjure quiconque lira ce livre saint, Par le ciel et la terre, et le feu et l’eau,

    Par les Sept Ousiarques Et l’Esprit démiurgique qui est en eux, Par le Dieu Inengendré, Celui-qui-s’engendre-lui-même Et l’Engendré, Qu’il respecte ce qu’a dit Hermès ! Car pour ceux qui respecteront cette imprécation, Dieu se joindra à eux, Ainsi que tous les dieux que nous avons nommés. Mais ceux qui passeront outre à cette imprécation, Que, sur la tête de chacun d’entre eux, S’abatte la colère de chacun des dieux sus-nommés ! » Voilà qui est vraiment parfait, ô mon enfant.

    Notes sur l’Ogdoade et l’Ennéade
    Le sixième écrit du codex VI nous entraîne au coeur du mystère hermétique de régénération. Le titre de l’écrit, figurant sur la première ligne (52, 1), a été accidentellement arraché. En se fondant sur l’objet principal du discours, indiqué en 53, 23-26, on peut restituer Le Discours de l’Ogdoade et l’Ennéade, ou une dénomination équivalente.

    Il s’agit d’un dialogue entre un maître et son disciple. Le disciple appelle son maître «mon père» et, à plusieurs reprises, «Hermès» (58, 28 ; 59, 11 ; 63, 24) ou «Trismégiste» (59, 15.24) ; le maître appelle son disciple «mon enfant», sans le désigner par un autre nom. On sait qu’il existe d’autres écrits, parmi les enseignements adressés à Tat, où le nom du disciple n’apparaît pas dans les répliques du dialogue. Mais on observe vite une différence essentielle. Le disciple qui apparaît ici n’est plus un débutant. Hermès lui a déjà expliqué la totalité de ses Leçons générales et de ses Leçons détaillées (63, 1-2). Il ne lui reste plus qu’à franchir l’étape finale, qui n’est pas de simple savoir mais engage toute sa personne. C’est une initiation à l’Ogdoade et à l’Ennéade divines qui doit le régénérer, faire de lui un homme nouveau, directement inspiré par l’Intellect divin. On comprend donc qu’il ne saurait être question ici d’un enseignement ordinaire. Il ne s’agit pas de transmettre un savoir, mais une expérience ou, plus exactement, une attitude spirituelle, une profonde disposition intérieure. La base de cette attitude est la prière de louanges (55, 4 ; 57, 10 ; 59, 20 cor. ; 60, 9.14.18) qui élève l’âme et la prépare à la contemplation silencieuse. Aussi bien, la partie centrale du discours n’est composée que de prières entrecoupées de visions extatiques et l’enseignement du maître s’annonce dès le début (52, 27) comme une pédagogie de la prière. Si l’on ajoute que la puissance spirituelle qui opère la régénération est transmise par un baiser (57, 26) échangé entre le père et le fils, symbole du don gratuit de l’amour divin, on concevra l’originalité d’un enseignement qui tient beaucoup plus de la pratique, de la formation spirituelle et de l’initiation aux mystères que de la théorie.

    Ce dialogue se révèle un document de première importance, aussi bien pour l’étude des sources de certains écrits gnostiques de Nag Hammadi que pour éclairer, par un témoignage vivant, la vie interne des communautés de parfaits et de spirituels, l’esprit de leurs pratiques et de leurs rites d’initiation. C’est, en tout cas, un des exemples les plus nets où un cérémonial gnostique soit évoqué concrètement dans tous ses détails.

      La date/heure actuelle est Sam 23 Nov 2024 - 12:58