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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:34

    Sorcellerie et satanisme.
    Évocation des esprits, nécromancie, spiritisme et divination

    SABBAT ET MESSES NOIRES

    La rencontre avec le diable constitue le paroxysme du crime de sorcellerie.

    Tous les interdits posés par la justice divine et humaine sont transgressés par la cérémonie du "sabbat", appelée aussi "vauderie ou synagogue". Elle met en scène le monde à l'envers et ravale l'homme, créature de Dieu, au rang de l'animal. Elle se passe donc souvent dans un endroit désert, une nuit de pleine lune.

    Les "sabbats" se tiennent, au cours de la nuit du jeudi au vendredi ou la veille des fêtes chrétiennes, dans un cimetière ou au pied d'une potence ou à la croisée des chemins, ou encore, sur une montagne ou en un lieu réputé, pour les cérémonies de grande envergure : solstices, équinoxes et fêtes celtes (1er novembre, 1er février, 1er mai et 1er août).

    On distingue le "petit sabbat", qui réunit les personnes d'une même ville ou d'un canton, et le "grand sabbat", dit aussi "sabbat œcuménique", qui rassemble les sorcières de plusieurs régions ou pays.

    La légende veut que le 31 octobre (Halloween) soit le Nouvel An des sorcières ; la sorcière participe à la ronde des déguisements et des masques (adoptés depuis l'époque celte pour tromper les mauvais esprits) avec son acolyte le chat noir, que l'on soupçonne d'être en fait une sorcière réincarnée. L’autre grand sabbat de l’année est celui de la nuit du 30 avril au 1er mai, appelée "Nuit de Walpurgis", parce que le premier mai est le jour de la fête de sainte Walburge (ou Walpurgis), une religieuse du VIIIe siècle.

    Jusqu'au XVe siècle, les gens croient que, pour se rendre au sabbat, des milliers de sorcières et de sorciers se frottent d'un onguent (en fait un hallucinogène : du jus de belladone), passent par la cheminée et traversent le ciel sur un balai ou sur un bouc, volant vers des lieux particuliers où ils se rencontrent, tandis que leurs enfants gardent des troupeaux de crapauds dans les champs.

    Lors du sabbat, ils mangent, sans sel, des enfants non-baptisés (souvent mort-nés), du chien, du chat, du crapaud et de la viande putréfiée, dansent au son d’instruments discordants, copulent avec le diable (dont ils embrassent le derrière) ou avec le bouc, l'une de ses réincarnations, et se livrent à une orgie sexuelle.

    Ils disent aussi des messes noires où tout est noir, des chandelles (faites avec de la graisse humaine) aux hosties profanées (dérobées dans les églises ou consacrées sur place par un prêtre défroqué ; à défaut ils utilisent une tranche de navet ou de radis noir) ; les croix sont renversées et les prières dites en partant de la fin. Au premier chant du coq, ils se dispersent, chargés des onguents maléfiques qu'ils ont échangés entre eux. Là où un sabbat s'est tenu, l'herbe ne repoussera plus.

    Les litanies du sabbat sont des invocations étranges qui se chantent au sabbat les mercredis et les vendredis : « Lucifer : miserere nobis. Belzébuth : miserere nobis. Leviathan : miserere nobis. Belzébuth, prince des séraphins : ora pro nobis. Balbérith, prince des chérubins : ora pro nobis. Astaroth, prince des trônes : ora pro nobis. Rosier, prince des dominations : ora pro nobis. Carreau, prince des puissances : ora pro nobis. Bélias (Bélial), prince des vertus : ora pro nobis. Perrier (ou Pierrier, ndlr), prince des principautés : ora pro nobis. Olivier, prince des archanges : ora pro nobis. Junier, prince des anges : ora pro nobis. Sarcueil : ora pro nobis. Fume-Bouche : ora pro nobis. Pierre-de-Feu : ora pro nobis. Carniveau : ora pro nobis. Terrier : ora pro nobis. Coutellier : ora pro nobis. Candelier : ora pro nobis. Béhémoth : ora pro nobis. Oilette : ora pro nobis. Belphégor : ora pro nobis. Sabathan : ora pro nobis. Garandier : ora pro nobis. Dolers : ora pro nobis. Pierre Fort : ora pro nobis. Axaphat : ora pro nobis. Prisier : ora pro nobis. Kakos : ora pro nobis. Lucesme : ora pro nobis. »

    La sorcière qui se livre à Satan a choisi son camp et fait à son maître une étonnante profession de foi : « Je promets à vous, Belzébuth, que je vous serviroy toute ma vie, et vous donne mon cœur et mon âme, toutes les facultez de mon âme, tous les sens de mon corps, toutes mes œuvres, tous mes désirs et soupirs, toutes les affections de mon cœur, toutes mes oraisons et mes pensées, je vous donne toutes les parties de mon corps, toutes les gouttes de mon sang, tous mes nerfs, tous mes ossements et toutes mes veines, et tout ce qui est dans mon corps et ce que créature pourroit offrir [...] En confirmation de quoi, j'ai écrit et signé la présente toutes les affections de mon propre sang. »

    Le sorcier ou la sorcière qui conclut un pacte avec le diable (le "nœud de la sorcellerie") reçoit une puissance extraordinaire : il peut connaître le passé et l'avenir, se procurer des félicités coupables ou troubler le bonheur des autres, devenir invisible comme les esprits, léger comme les oiseaux, soumettre à sa volonté les êtres du monde surnaturel, réveiller les morts de leur sommeil éternel, défendre les sens du vieillard contre les atteintes de l'âge, livrer au jeune homme la femme qu'il convoite, débarrasser l'amant de ses rivaux, l'ambitieux de ses ennemis, etc.

    En échange de ce pouvoir, le sorcier doit renier le baptême, s'adonner à mille pratiques sacrilèges et livrer son âme au démon pour l'éternité.

    Une fois les conditions du marché remplies par l'homme, Satan est lié à son tour et forcé d'obéir pour un temps déterminé ; c'est un vasselage complet, une servitude entière. Il se laisse enfermer dans des coffres, dans des fioles, dans des anneaux ; d'autres fois, afin de ne jamais quitter son maître temporaire, il entre dans le corps de divers animaux.

    Cette croyance existe depuis les premiers temps du christianisme.

    "Les magiciens se font gloire d'avoir le démon pour ministre de leur impiété et de le réduire, par leurs évocations, à la nécessité de les servir" (Clément d’Alexandrie + vers 220).

    "D'où vient que l'homme, souillé de tous les vices, fait des menaces au démon pour s'en faire servir comme par un esclave ?" (Augustin d’Hippone + 430).

    Le diable peut prendre l'apparence d'un homme vêtu de noir, parfois de vert, ou bien d'un animal, généralement un chat noir (le bouc satanique étant plutôt réservé au sabbat). Il apparaît généralement à ceux qui sont dans le besoin ou le désespoir et compatit à leurs malheurs en leur promettant de les venger de ceux qui leur font du tort ou de leur procurer la chance, l'amour et la fortune.

    En échange, le diable fait signer à son nouveau vassal, de son sang, un pacte rédigé sur un parchemin vierge, avant de lui imprimer sa marque en quelque endroit du corps. Celle-ci, aisément reconnaissable par sa forme (lièvre, patte de crapaud, chat noir ou chien) ne peut être effacée que par le démon lui-même.

    Les inquisiteurs s'évertuent à découvrir cette marque du diable, réputée insensible, sur le corps des sorcières en leur enfonçant de longues aiguilles dans les moindres recoins de leur anatomie. Si un endroit ne saigne pas, ils en concluent que c’est la marque infernale.

    L'Église et les gouvernements condamnent la sorcellerie. L'Eglise, qui veut éradiquer la culture celte panthéiste des sociétés rurales superstitieuses et naïves, accuse de sorcellerie, pour les déconsidérer, les voyants et médiums, les guérisseurs et les rebouteux.

    Pendant 300 ans, les sorcières sont pourchassées : entre 300 000 et 2 000 000 de personnes sont brûlées vives. Parfois, le seul fait d'être soupçonné de sorcellerie suffit.
    Heureusement, la science fournira des explications à bien des phénomènes imputés à la sorcellerie. Nous n'avons plus besoin de sorcières pour expliquer les maladies, les inondations, les sécheresses et toutes les catastrophes naturelles.

    Aujourd’hui des messes noires se déroulent dans des appartements privés, des caves ou même dans des cryptes d'églises de grandes villes comme Lyon, Paris, Genève et leurs banlieues...
    La commune d'Ellezelles en Belgique, où 5 sorcières auraient été exécutées, organise chaque dernier samedi du mois de juin la reconstitution d'un sabbat.

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:35

    CHRONOLOGIE HISTORIQUE


    Dès l'antiquité, la sorcellerie entraîne pour ceux qui s'y livrent les peines les plus sévères.

    Chez les anciens Hébreux, les coupables de sortilèges sont punis de mort ; la même peine sera portée contre eux en 357 de notre ère : "Tu ne laisseras point vivre la magicienne (...) Celui qui offre des sacrifices à d'autres dieux qu'à l'Éternel seul sera voué à l'extermination" (Exode XXII, 18,20). "Qu'on ne trouve chez toi personne qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille, qui s'adonne à la divination, au augures, aux superstitions et aux enchantements, qui ait recours aux charmes, qui consulte les évocateurs et les sorciers, et qui interroge les morts. Car tout homme qui fait ces choses est en abomination à Yahweh, et c'est à cause de ces abominations que Yahweh, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. Tu seras intègre avec Yahweh, ton Dieu. Car ces nations que tu vas chasser écoutent les augures et les devins ; mais à toi, Yahweh, ton Dieu, ne le permet pas" (Deutéronome XVIII, 10-14).
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:35

    La nécromancie

    Dans le Lévitique (19,31 ; 20,6), Moïse prononce la peine de mort contre les nécromanciens. Cependant, il parait que ces croyances persistèrent malgré les sévères défenses de Moïse.

    Lorsque Saül, découragé, abattu, sur la fin de son règne, ne peut obtenir de réponse des prêtres et des prophètes, il ne trouve plus d’autre ressource que les sciences occultes qu'il avait lui-même proscrites, et demande s'il ne se trouverait pas quelqu’un capable d’interroger les morts. On lui indique la célèbre pythonisse d'Endor, et il demande à cette femme de rappeler du pays des morts l’ombre de Samuel. Et le livre de Samuel ajoute qu'à l'appel de la pythonisse parut un vieillard vêtu d'un manteau, que Saül, sans le voir, reconnut pour le prophète Samuel. « Pourquoi as-tu troublé mon repos ? » demande le vieillard. Et quand le roi lui a dit ses angoisses, il lui annonce sa fin prochaine : « Demain, lui dit-il, toi et tes fils vous serez avec moi. » Et, le lendemain, Saül et ses fils meurent sur la montagne de Gelboé.

    Isaïe dit que les âmes évoquées annoncent leur présence simplement par un léger murmure et par des mots dits à voix basse.
    La version grecque des Septante traduit le terme hébreu "obot" (nécromancien) par "engastrimythe" (ventriloque).
    Hennins suppose que le terme hébreu "Néphilim", traduit ordinairement par "géants", signifie "nécromanciens" (de "nephi" : cadavre) ; le plus souvent, en effet, il faut un cadavre pour évoquer l'âme des morts.

    On trouve chez les Juifs comme chez les Syriens une horrible pratique de nécromancie : ils tuent un enfant en lui tordant le cou, lui coupent la tête, salent ou embaument cette tête et, la plaçant sur une laine de métal où est gravé le nom de l’esprit ou de la divinité qu'ils veulent évoquer, en tirent des oracles.
    En Grèce, la nécromancie est ouvertement reconnue : elle a ses temples.

    Lorsque Pausanias est condamné à mourir de faim dans le temple de Pallas, son ombre revient effrayer les Lacédémoniens : ils font évoquer les ombres de ceux avec qui Pausanias a été en hostilité pendant sa vie, et, après un grand combat, elle est chassée pour jamais (Plutarque).

    Toute scène de nécromancie est précédée de sacrifices expiatoires.

    Les Thessaliens surtout sont renommés comme nécromanciens ; ils arrosent de sang chaud un cadavre et en tirent des réponses concernant l'avenir.

    Des pratiques à peu près semblables se retrouvent à Rome ; mais au lieu de cadavre, ce sont les ossements du mort qu’on arrose du sang de la victime, et d’ordinaire on choisit les os du crâne.
    On se contente souvent de creuser une fosse, d’y répandre de l'huile, de la farine, et d'attendre, en s’asseyant en cercle tout autour, que l'ombre du mort veuille bien se montrer.
    Dans les croyances anciennes, ce n’est ni le corps, ni l'âme telle que nous la comprenons que l’on évoque de la sorte, mais une apparence de corps, impondérable et pourtant visible, dépourvue d’organes réels et apte cependant à la souffrance et au plaisir. C’est de ces apparences que sont peuplés les enfers de Platon et de Virgile, comme l'enfer chrétien de Dante.
    Les Juifs ont toujours regardé comme un grand crime de s'adonner à la nécromancie, à la magie, aux prestiges, aux évocations d'anges, de démons ou de morts, pour en avoir des réponses.
    Chez tous les peuples anciens l'évocation des ombres est en grand honneur : on la pratique dans l'Inde, chez les Perses et les Assyriens, et de la haute Asie elle passe en Grèce, puis chez les Latins.

    "A Rome, c'était sur l'Esquilin, qui servait de lieu de sépulture, que les magiciennes se rendaient pour composer leurs sortilèges et évoquer les mânes et les puissances infernales. Dès que la lune paraissait, elles y venaient rassembler des ossements et ramasser des herbes magiques. Là, vêtues d'une robe retroussée, les pieds nus, les cheveux épars, elles poussaient des hurlements affreux ; elles grattaient la terre avec leurs ongles et déchiraient de leurs dents une brebis noire, dont elles faisaient couler le sang dans une fosse, pour évoquer les mânes qu'elles voulaient interroger ; puis elles invoquaient Hécate et Tisiphone. Alors apparaissaient à leurs yeux les monstres et les serpents infernaux, et elles s'entretenaient avec les ombres au milieu de petits cris aigus et plaintifs qu'on entendait de toute part. Ces ombres, ces monstres infernaux, elles les conjuraient de venir assister à la composition du philtre ou du poison qu'elles préparaient, et elles les sommaient de lui donner de la force et de l'efficacité : « Fidèles témoins de toutes mes entreprises, nuit affreuse, et toi, Diane, qui règnes dans le silence lorsqu'on célèbre les mystères secrets, écoutez-moi ! Écoutez-moi dans ce moment ; que votre colère et votre puissance vengeresses entrent dans la maison de mon ennemi ; qu'au moment où les bêtes sauvages, cachées au fond des forêts, sont ensevelies dans un doux sommeil, tous les chiens de la voie Suburane aboient contre ce vieux débauché, dès qu'une fois il aura été frotté de ce poison, le plus parfait qui soit sorti de mes mains. » Mais le beau temps pour les évocations fut le Moyen Age. Comme on croyait très fortement à l’existence du diable, il ne manquait pas de sorciers et de magiciens pour l’appeler, soit pour lui demander le secret de la fortune, soit pour implorer son secours contre des ennemis. Dans les nombreux procès de sorcellerie de cette époque, il est presque toujours question d’évocations de Satan".

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:36

    FÊTES CELTIQUES

    Les quatre grandes fêtes calendaires celtiques sont : Samain, Imbolc, Beltaine et Lughnasad. Les solstices et les équinoxes sont également célébrés.

    Samain

    Halloween est la survivance de l’ancienne fête celtique de Samain (ou Samhain) ou Samhuinn (gaélique) ou Samonios (gaulois) qui signifie "réunion".

    Selon les croyances celtiques, le monde des vivants se rapproche de celui des morts pendant la nuit et quelqu’un né la nuit peut plus facilement voir fantômes et esprits.

    Dans l'Irlande rurale, il est dit que celui qui sort la nuit peut rencontrer les "petits hommes" et retrouver parmi eux ses chers disparus. Les morts peuvent déranger les vivants à certaines époques de l'année.

    En Écosse, la fête d'Halloween est traditionnellement célébrée par des garçons au visage barbouillé de noir appelés guysers (épouvantails). Evoquant l'esprit des défunts, ils importunent tout un chacun afin de recevoir des présents.

    Bien avant la conquête romaine et l'ère chrétienne, les populations celtes qui peuplent l'Irlande et la Grande-Bretagne, mais également le nord et l'ouest de la Gaule, célèbrent leur nouvel an, le Samain, autour de notre 1er novembre ; en effet, leur calendrier étant lunaire, le Nouvel An ne tombe pas toujours à la même date.

    Cette fête, la plus importante, marque simultanément la fin de l'été, le début d'une nouvelle année et de la saison hivernale, l'achèvement des récoltes et le retour des troupeaux à l'étable.

    La nuit tombée, les festivités peuvent commencer.

    Les Celtes, qui ont éteint le feu dans l'âtre de leurs foyers, se rassemblent en cercle autour des druides.
    Ceux-ci étouffent solennellement le feu sacré de l'autel, puis frottent des branches sèches du chêne sacré pour enflammer un nouveau feu afin d’honorer le dieu du soleil et d’effrayer les esprits diaboliques.
    Le druide énonce ses prédictions pour l'année à venir et remet à chaque chef de famille une braise destinée à allumer, dans l'âtre familial, un nouveau feu qui doit brûler jusqu'à l'automne suivant. Ce feu sacré est censé protéger le foyer du danger tout au long de l'année.
    Les chrétiens ont reporté au samedi saint cette cérémonie druidique de l'extinction et de la rénovation générale du feu : chaque année, pendant la veillée pascale, le prêtre allume et bénit le cierge pascal.

    Un festin rassemble tout le village car chacun est tenu d’y d’assister.

    Samain, bien plus encore que les trois autres fêtes calendaires celtiques (Imbolc le 1er février, Beltaine le 1er mai, et Lughnasa ou Lugnasad le 1er août) a un caractère obligatoire.
    Fête totale et trifonctionnelle, elle regroupe les 3 classes : sacerdotale, guerrière et artisanale. C’est une cérémonie essentielle et fondamentale dont le manquement était puni par les sanctions les plus lourdes (parfois la mort).

    La chère est bonne : sanglier et porc. Cependant, certains peuples interdisent la consommation du sanglier dont la viande est réservée aux dieux.

    La bière et le vin coulent à flot.
    Au cours de ces beuveries rituelles et obligatoires, hydromel et cervoise (bière d’orge à peine fermenté) sont associés afin de procurer une ivresse plus rapide.

    La fête dure une semaine pleine, trois jours avant et trois jours après, et, pour être certains d'effrayer les esprits, les Celtes se griment et portent des costumes effrayants.

    C’est lors du Samain que le roi déchu est noyé dans un chaudron sacrificiel rempli de vin ou de bière, tandis qu’on incendie son palais.

    Pour les Celtes, pendant la nuit du Samain, la frontière entre le monde des vivants et celui des morts n'existe plus.
    L'esprit des morts est alors libre de revenir sur Terre, pour rendre aux vivants des visites pas toujours amicales.
    Les Celtes croient que les âmes des morts prennent forme animale et reviennent hanter les vivants.

    Une des croyances associées à cette fête est de laisser de la nourriture aux portes des villages et de l'offrir aux fantômes afin de les dissuader d'investir votre maison ou de saccager vos récoltes.
    Mais une cohorte d’esprits mauvais les accompagne.
    Se déguiser d'une façon effrayante (avec des peaux de bêtes) est le moyen de passer auprès des revenants pour l'un des leurs.
    Quand les Celtes doivent sortir, le soir, ils portent des navets dans lesquels ils ont découpé un visage terrifiant et placé une chandelle.

    Chaque année, à l’occasion du Samain et en dépit de leur morcellement politique, les Celtes se réunissent au nombril (en grec omphalos) de chacune de leurs grandes unités nationales : Gaule, Espagne, Bretagne, Pannonie, Asie, etc.
    Pour la Gaule, le nombril se trouve chez les Carnutes car leur pays passe pour le centre de la Gaule.

    Les réunions sont plus cultuelles que politiques, les participants étant en majorité des druides.
    Néanmoins, leur président joue un rôle politique : il est considéré comme un empereur des Celtes (sans doute un noble de lignée royale, constamment réélu) ; c'est lui qui accrédite les ambassadeurs gaulois envoyés à Rome, en Grèce et dans les royaumes d'Orient.

    Le panthéon celtique n'est pas seulement composé de dieux individualisés, mais de populations surnaturelles contre lesquelles les peuples historiques ont dû se battre ou avec lesquelles ils ont contracté des alliances.
    Le monde a commencé par un âge où le surnaturel était le naturel, où le prodige était normal.

    D’après le Livre des Invasions de l’Irlande (Lebor Gabâla Erenn), écrit par des moines au IIIe siècle, qui raconte la préhistoire mythique de l'Irlande, six races d'envahisseurs se succèdent dont la dernière est celle des Celtes de l'histoire (les Gaëls) nommés "Fils de Milid" ou "de Mile" (dieu de la guerre, génie du combat).
    Ces colons successifs sont tous aux prises avec les "Fomôiré, forces des ténèbres", cyclopes autochtones, vivant sous terre et en particulier dans les nécropoles.
    A la bataille de Mag Tured (ou Moytura) l'ogre Balor, roi des Fomôiré, a son unique œil crevé par une pierre lancée à la fronde par le dieu Lug.
    Ainsi l'Irlande est colonisée d'abord par diverses tribus d'êtres surnaturels, seule la dernière, les Fils de Mile, est celle des hommes.
    Quant aux tribus surnaturelles, elles semblent égales en droits et en dignités avec les tribus humaines. Ces êtres sont dits immortels car ils ne vieillissent pas, mais ils peuvent être tués au combat.

    C'est à Samhain que le dieu Dagda s'unit à la déesse Morrigu, reine des spectres et des enfers, laquelle, un an avant la bataille de Mag Tured, lui a donné les indications pour détruire les Fomôiré.

    Les envahisseurs de la 6ème race, les fils de Mile, débarquent dans le Sud-ouest de l’Irlande le premier mai, jour de la fête de Beltaine et luttent contre les dieux (Dagda, Lug et les autres "Tuatha Dé Danann" - Tribus de Dana - du nom de la déesse-mère appelée également Ana ou Anann) et remportent la victoire finale à Tara.
    Le poète Amairgen fait un partage égal entre les 2 camps : les dieux reçoivent tout le sous-sol (plus particulièrement les collines et le royaume des fées), les hommes la surface de la terre.
    Lors de Samain, des nouveaux-nés sont sacrifiés à l'idole Crom Ruach ou Crom Cruaich, sans doute pour apaiser les puissances du monde inférieur et contribuer à la fertilité.

    Le monde souterrain est conçu comme un éden bienheureux constamment égayé de chants d'oiseaux et dont les habitants resplendissent de jeunesse et de beauté.
    L'entrée de ce monde s'ouvre dans certaines grottes, certains tertres, lacs et marécages.
    Les mortels peuvent y pénétrer exceptionnellement et y résider des siècles en croyant n'avoir vécu que quelques jours...
    Les deux mondes deviennent perméables une fois l'an, pendant la nuit qui précède Samain.
    A cette occasion, les Celtes honorent leurs morts car ils croient que les esprits des défunts retournent ce soir-là dans leurs demeures terrestres.

    La Baie du Mont Saint-Michel conserve une solide réputation de passage vers le monde des invisibles.
    On célèbre toujours Samain dans cette région. Le Mont est effet considéré comme l'île des morts où les trépassés se donnent rendez-vous le 1er novembre.
    A Pleine Fougères, à 14 kilomètres du Mont, lors des obsèques, on a coutume de porter le cercueil du défunt sur une éminence surplombant la baie et de le tourner quelques instants vers le Mont.

    Avec la conquête romaine, le Samain se combine naturellement aux célébrations romaines du dernier jour d’octobre en l'honneur de Pomona (déesse des vergers et des fruits) qu’on remercie pour sa prodigalité (on se régale des dernières pommes et poires).
    Le culte rendu à Pomone, nymphe étrusque des fruits et des fleurs, annexée par la religion romaine, a pour but de rendre les terres fécondes.
    Pomone, dont le nom est tiré du terme "pomum" (fruit, pomme), est représentée assise sur un grand panier de fleurs et de fruits. Elle tient des pommes et un rameau. Elle est couronnée de pampres et de raisins, tandis qu'elle verse les fruits d'une corne d'abondance.
    La déesse, jusqu’à la fin des temps, assurera la fructification des plantes et des arbres pour le plus grand bien des hommes.

    Cette fête romaine des cueillettes (ou des récoltes) survit dans les jeux coutumiers anglo-saxons utilisant des pommes (fruit merveilleux pour les peuples antiques).

    Au Moyen Age, la tradition de Samain (Halloween) s'éteint dans le royaume de France et se fait lentement oublier en Grande-Bretagne. Il n'y a qu'en Irlande qu'elle reste très vivace.
    Le temps passant, les rites celtes laissent toutefois la place à d'autres pratiques : ce sont désormais les habitants les plus pauvres qui frappent aux portes des maisons du village pour quémander des "soul cakes" (gâteaux de l'âme), petits pains aux raisins, en échange desquels ils promettent de prier pour le repos de l'âme des morts de la famille du généreux donateur.

    L'un des plats servis au dîner en Irlande à Halloween est appelé callcannon. A ce plat de purée de pommes de terre, de panais et oignons frits, sont mélangés une bague, un dé, une poupée en porcelaine et une pièce. Celui qui trouve la bague peut se marier dans l'année, celui qui trouve la poupée en porcelaine aura un enfant, celui qui trouve le dé ne se mariera jamais, et celui qui a la chance de trouver la pièce sera riche.

    La citrouille sculptée est appelée "Jack O'Lantern" en souvenir de Jack, un légendaire irlandais, particulièrement avare et porté sur la bouteille, qui rencontre une nuit le Diable dans un pub irlandais.
    Peu prompt à vendre son âme au Diable, Jack se moque de lui régulièrement au cours de leurs rencontres, ce qui lui interdit, au jour de sa mort, d’aller en Enfer. Et son avarice l’empêche de monter au Paradis.
    Plongé dans le noir, Jack réussit à obtenir du Diable, pour éclairer sa route, un peu de charbon ardent qu’il place dans un gros navet évidé. Le voici donc condamné à errer dans les rues, une lanterne à la main, jusqu’au jugement dernier.
    A Halloween, on dispose les "Jack O'Lantern" à l'entrée des maisons pour éloigner les mauvais esprits.

    La légende veut que le 31 octobre corresponde au Nouvel An des sorcières.

    Jusqu'au XVe siècle, les gens croient que des milliers de sorcières et de sorciers parcourent l'Europe durant cette nuit.
    Elles s'enduisent d'un onguent magique qui leur donne le pouvoir de s'envoler sur leur balai pour rejoindre leur sauterie, à l'invitation du Diable en personne.
    Pendant ce temps, leurs enfants gardent les troupeaux de crapauds dans les champs.

    Le côté mystique (voire satanique) de la sorcière réserve à cette dernière une place de choix dans le folklore d'Halloween.
    Elle participe à la ronde des déguisements et des masques (adoptés depuis l'époque celte pour tromper les mauvais esprits) avec son acolyte le chat noir, que l'on soupçonne d'être en fait une sorcière réincarnée.

    Au début du XXe siècle, dans les campagnes de France, les enfants creusent encore betteraves, citrouilles et navets pour jouer aux fantômes, en ignorant qu’ils fêtent "Samonios".

    De nos jours, les lutins et les fées qui peuplent vitrines et Halloween parties sont directement issus de la tradition celte, tout comme les fantômes et les squelettes qui évoquent le retour des âmes défuntes, et les diables, l'Esprit du mal.

    Imbolc

    Le 1er février, au sortir de la période sombre de l’année, l'Imbolc fête la Grande Déesse, mère de tous les Dieux, qui présente au monde son enfant nouveau-né, le jeune soleil, Mabon ou Maponos.

    C'est le temps de la renaissance : Reine de la nature, elle a le pouvoir de faire reverdir le bois mort.

    Sous les noms de Ana ou Dana, Belisama, Brigit, Cerridwen, Macha ou Epona, elle veille le feu sacré, le feu domestique, le feu de la forge. Elle protège les foyers, les poètes et les guerriers.

    Imbolc est aussi une fête de purification par l’eau lustrale : les druides et les fidèles vont de manière symbolique se laver les mains, les pieds et la tête.

    Fleurs et bougies sont présentes.

    La célébration irlandaise de cette fête est consacrée à la déesse Brigit ou Brigid ou Boand (Bride chez les Ecossais, Brigantia chez les Gaulois), déesse des poètes, des forgerons et des médecins, et patronne des druides.
    Brigit est une déesse triple. Elle est à la fois la déesse de la santé et de la fertilité, de la poésie, et de la forge.
    Elle est souvent présentée comme une femme encore vierge, présidant aux premières unions (d'où son nom de Bride chez les Ecossais), et dotée d'une grande sagesse.
    Elle détient les savoirs cachés qui lui permettent justement de guérir, d'utiliser les mots dans leur juste valeur, et de créer des armes magiques.
    Elle crée Excalibur, l'épée du Roi, et la remet à Merlin pour restaurer l'ordre sur terre.

    Malgré la christianisation des pays celtes, le culte de Brigit survit à travers celui de Sainte Brigitte la thaumaturge (+ en 525) fondatrice du premier monastère féminin d’Irlande (à Kildare), fêtée également le 1er février.
    Dans le sanctuaire de Kildare, les nonnes célèbrent le cycle de Brigit durant des siècles en entretenant un feu, chacune à leur tour.
    Le sanctuaire est mis à bas au XVIIIe siècle après qu’elles ont interdit à l'évêque l’entrée du couvent.
    Depuis 1993, le feu, rallumé à Kildare, est entretenu par les sœurs Brigidines d'Irlande.

    La présence de grands feux lors des célébrations d'Imbolc est attestée par de nombreux écrits.
    Dans le cadre de la christianisation des rites païens, les feux sont remplacés par des cierges.

    Un autre attribut de Brigit est le lait, symbole de fécondité.
    Il est donc d'usage d'effectuer des offrandes et de boire du lait cette nuit-là.
    Certains pensent qu’on peut traduire "Imbolc" par "Oimelc" (lait de brebis).

    Durant cette même période sont célébrés les mystères d'Eleusis.
    Ils ont pour base la célébration de Déméter, Déesse-mère, retrouvant sa fille Perséphone, après son séjour annuel aux enfers.
    Perséphone, souvent représentée comme une semeuse, représente la fécondité.

    La fête chrétienne de la purification de la Vierge Marie et de la Présentation de Jésus au Temple, connue sous son nom populaire de fête de la Chandeleur et instituée par le pape Gélase Ier (492-496), a lieu le 2 février, le lendemain du jour d'Imbolc.

    Beltaine

    Beltaine ou Beltène ou Beltan (feu de Bel), le 1er mai, est la fête sacerdotale par excellence.

    Au lever du jour, les druides allument deux grands bûchers purificateurs entre lesquels défilent les participants.
    Afin de prévenir leurs troupeaux contre les maladies, les paysans les font également passer entre les feux.

    "Beltaine, feu de bel, feu bénéfique, à savoir un feu que les Druides faisaient par leur magie ou leurs grandes incantations, et on amenait les troupeaux pour les protéger contre les épidémies chaque année à ces feux. Ils faisaient passer les troupeaux entre eux." (Glossaire de Cornac).

    Au 1er mai, la nature est en plein épanouissement ; le temps est venu de libérer l'énergie vitale, les forces créatrices.

    Beltaine est l'occasion de rassemblements festifs où les jeux de forces cohabitent harmonieusement avec l'art du chant et de la danse.

    On célèbre les épousailles éternelles de la Reine de Mai et du Seigneur de la Lande, qui donneront les fruits et les blés.

    Le chêne préside à la fête, mais la fougère, protectrice, est aussi à l'honneur.

    Selon le Livre des Invasions, les Gaëls débarquent dans le Sud-ouest de l’Irlande, le jour de la fête de Beltaine.

    Patrick allume lui aussi un feu à Beltaine, mais pour fêter les Pâques chrétiennes, et les druides disent alors au Roi Loegaire de Tara : « Ce feu que nous voyons, qui que ce soit qui l'ait allumé cette nuit, il s'éteindra jamais dans l'éternité. Il prévaudra en outre sur tous les feux de notre coutume, et celui qui l'a allumé (le règne survenant de celui qui l'a allumé cette nuit) nous vaincra tous. Il te soumettra et tous les hommes de ton royaume. Tous les royaumes tomberont devant lui. »

    Le premier mai deviendra ensuite le jour de la fête de sainte Walburge ou Walpurgis, religieuse du VIIIe siècle (d’où le nom de "Nuit de Walpurgis" donné à la nuit du 30 avril au 1er mai durant laquelle les sorcières mènent grand sabbat).

    Lughnasad

    Lughnasad ou Lugnasad ("Assemblée de Lug"), le 1er août, est la fête du dieu Lug, le grand Roi solaire, garant de l'abondance, de la fertilité des troupeaux et de la prospérité, qui assure l’éternité des cycles de mort et de renaissance.

    Pour illustrer la descente vers l’hiver, une roue enflammée est lancée sur une pente.

    Fête des moissons et des récoltes, Lugnasad est aussi le temps des rassemblements, des mariages et de la trêve militaire.

    Occasion d’assemblées, de réunions de toutes sortes, juridiques, administratives, c’est aussi une fête agraire, un divertissement collectif (foire, audition de poètes et de musiciens, jeux, compétitions sportives...) placé sous le signe des échanges et de l’amitié : on y vient sans arme.

    Le Concilium Galliarum (Assemblée des Gaules), qui se tient à Lugdunum (Lyon) à la même date, est rapidement annexé au culte impérial d’Auguste.

    Au Moyen Age, en Grande Bretagne, cette fête, christianisée, devient le "Lammas Day" ["Lammas" vient de "laof-mass" (la messe du pain)]. En effet, ce jour-là, des miches de pain, fabriquées avec la récolte des premiers grains, sont déposées comme offrandes sur les autels des églises.



    HABITAT

    Lieux fortifiés

    L'aristocratie militaire (utilisant le cheval de combat) habite un tertre fortifié et s'entoure de "clients" (des protégés, débiteurs ou anciens serfs) qui leur sont unis par des liens de vassalité (origine de la féodalité)
    Il existe deux types de lieux fortifiés :
    1°) ceux qu'ont occupés les Ligures : "briga" (peut-être enlevés de force et repeuplés, peut-être alliés et assimilés) ; le nom des habitants est devenu un prénom : Brixius, Brix ou Brice ;
    2°) ceux qu'ont construits les Celtes : "durum" (c'est-à-dire porte ; germanique thür) ; le nom des habitants est devenu un patronyme : Duran ou Durand.

    Villages serviles

    L’aristocratie fait cultiver les plaines avoisinantes par des serfs [étrangers dont on a conquis le pays, mais que l'on n'a pas exterminés ("servus" = épargné)].
    On trouve deux types de villages serviles :
    - commerçant : "dunum" (anglais : town) ; nom des habitants devenu patronyme : Dunan ;
    - agricole : "magos" (de "magos" : marché, forum) ; nom des habitants devenu patronyme : Magan ou Mayen.
    Les nobles font travailler leurs serfs dans des unités territoriales équivalant au canton actuel. En cas de surpeuplement, on défriche une zone forestière ; village de défricheurs : "iolos" (nom des habitants devenu prénom : Yolande).

    Types d’habitat

    À la fin de l'âge du fer, aristocrates et paysans vivent dans une campagne soigneusement découpée en parcelles. L'habitat prend la forme d'un vaste maillage de fermes.
    Puis, au cours des IIIe et IIe siècles avant notre ère, des bourgs se développent, où l'artisanat et le commerce prospèrent. Implantés stratégiquement sur les voies de communication, ces bourgs peuvent s'étendre sur plusieurs hectares 10.

    On construit, plus tard, trois types d'habitats :
    - les "aedificia" : demeures isolées en campagne,
    - les "vici" : petites agglomérations,
    - les "oppida" ou places fortes : grandes agglomérations (100 à 600 ha), là où se trouve généralement un sanctuaire (fin du IIe siècle av. J.-C.).

    Les aedificia sont des demeures particulières. Elles servent de lieux de séjour aux grands propriétaires gaulois. D'autre part le même terme sert à désigner les habitations des cultivateurs gaulois. Il s'agit de fermes. Ce type d'habitat isolé s'explique par un certain goût de la solitude qui est naturel aux Gaulois.

    Les vici sont des villages agricoles, le plus souvent. Ils correspondent à une habitude plus ancienne, celle de rester groupés pour être plus fort. Les Helvètes possèdent 400 vici.

    Les oppida sont aussi appelées orbes (villes) par César. Ce sont des places fortes. Exemple : Avaricum, Gergovie, Alesia. Dans le cas le plus fréquent les oppida tiennent le sommet d'une montagne. Certaines oppida sont très étendues : Alésia peut donner refuge à une armée de 80.000 hommes. Dans les pays de plaine existe un autre type d'oppidum : la forteresse s'appuie à un cours d'eau ou à un marais, ou mieux encore s'abrite sur une île. L’oppidum est souvent protégé par le murus gallicus, rempart en pierre armé de poutres en bois entrecroisées et fixées entre elles par des clous de fer. A l'origine, les oppida constituaient non pas des villes à proprement parler, mais des lieux de refuge. Par la suite, elles commencèrent à recevoir une population sédentaire.
    On y entasse des stocks de récoltes. Entrepôt et marché, l'oppidum est aussi un chef-lieu politique. Le sénat y tient ses assises. L'assemblée générale de la Gaule se réunit à l'oppidum de Bibracte en -52.

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    Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie Empty Re: Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie

    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:36

    Halloween. Toussaint. Défunts.

    HALLOWEEN ET SAMAIN

    Halloween

    La fête d'Halloween [mot anglais, contraction de "All Hallows’ Eve" (la veille de la Toussaint), All Hallows Day étant la Toussaint] est célébrée la veille de la Toussaint (soirée du 31 octobre) dans les pays anglo-saxons.
    Cette fête est également appelée Night of the Witch (la Nuit de la Sorcière) et Samween (de Samain Eve : la veille de Samain).
    Les enfants, entre autres traditions, se déguisent en fantômes et en sorcières. Ils vont ensuite de maison en maison récolter des friandises en posant aux habitants l'ultimatum : « Trick or treat ! » [Un tour (dans le sens de « jouer un tour à quelqu’un ») ou une friandise !].
    Halloween est introduite aux États-Unis par les immigrants irlandais qui ont dû quitter leur pays ravagé par une terrible famine, causée par la maladie de la pomme de terre, en 1845-1847.
    C'est à la fin du XIXe siècle qu'Halloween devient une fête nationale aux États-Unis. La coutume du Trick or treat n'apparaît que dans les années 30.
    Importée d’outre-Atlantique à l’instigation d’entreprises commerciales à la fin du XXe siècle, Halloween devient presque incontournable en Europe. En 1992, le leader mondial du déguisement (César) inonde l'Europe de masques et de tenues lugubres. Ce sont les étudiants qui adoptent la coutume en premier, suivis bientôt par les écoliers. Puis, en 1997, Disneyland Paris, Coca-Cola et McDonald's font, à leur tour, la promotion d'Halloween. L'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas ne résistent pas à la déferlante. En France, France Telecom popularise l'événement, cette année-là, en déversant 8 500 citrouilles sur le Trocadéro à Paris afin de promouvoir des forfaits de téléphonie mobile. Estimé à 11 millions de francs (1,68 million d'euros) en 1997, le budget annuel Halloween des Français bondit à 100 millions de francs (15,24 millions d'euros) en 1998.
    En 2002, pour résister à cette mode païenne et commerciale concurrençant la fête religieuse de Toussaint, les catholiques de France ripostent en organisant, le 31 octobre, des concerts Holywins ("le saint gagne"), rendez-vous musicaux et festifs pour les jeunes, chrétiens ou pas, notamment à Paris.
    En 2005, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) indique que la célébration de Halloween en France, qui culmina en 2000, "s'effondrait aussi vite qu'elle avait progressé". Elle reprend cependant du poil de la bête en 2011.

    Samain

    Halloween est la survivance de l’ancienne fête celtique de Samain (ou Samhain) ou Samhuinn (gaélique) ou Samonios (gaulois) qui signifie "réunion".
    Selon les croyances celtiques, le monde des vivants se rapproche de celui des morts (l’Autre monde, le Sid) pendant la nuit et quelqu’un né la nuit peut plus facilement voir fantômes et esprits.
    Dans l'Irlande rurale, il est dit que celui qui sort la nuit peut rencontrer les "petits hommes" et retrouver parmi eux ses chers disparus. Les morts peuvent déranger les vivants à certaines époques de l'année.
    En Écosse, la fête d'Halloween est traditionnellement célébrée par des garçons au visage barbouillé de noir appelés guysers (épouvantails). Évoquant l'esprit des défunts, ils importunent tout un chacun afin de recevoir des présents.
    Bien avant la conquête romaine et l'ère chrétienne, les populations celtes qui peuplent l'Irlande et la Grande-Bretagne, mais également le nord et l'ouest de la Gaule, célèbrent leur nouvel an, le Samain, autour de notre 1er novembre ; en effet, leur calendrier étant lunaire, le Nouvel An ne tombe pas toujours à la même date.
    La fête elle-même dure une semaine entière, trois jours avant et trois jours après. Cette fête, la plus importante, marque simultanément la fin de l'été, le début d'une nouvelle année et de la saison hivernale, l'achèvement des récoltes et le retour des troupeaux à l'étable.
    Pour les Celtes, pendant la nuit du Samain, la frontière entre le monde des vivants et celui des morts n'existe plus. L'esprit des morts est alors libre de revenir sur Terre, pour rendre aux vivants des visites pas toujours amicales.
    Les Celtes croient que les âmes des morts prennent forme animale et reviennent hanter les vivants. Une des croyances associées à cette fête est de laisser de la nourriture aux portes des villages et de l'offrir aux fantômes afin de les dissuader d'investir votre maison ou de saccager vos récoltes. Mais une cohorte d’esprits mauvais et de sorcières les accompagne. Se déguiser d'une façon effrayante (avec des peaux de bêtes) est le moyen de passer auprès des revenants pour l'un des leurs. Quand les Celtes doivent sortir, le soir, ils portent des navets dans lesquels ils ont découpé un visage terrifiant et placé une chandelle.
    Chaque année, à l’occasion du Samain et en dépit de leur morcellement politique, les Celtes se réunissent au nombril (en grec : omphalos) de chacune de leurs grandes unités nationales : Gaule, Espagne, Bretagne, Pannonie, Asie, etc. Pour la Gaule, le nombril se trouve chez les Carnutes car leur pays passe pour le centre de la Gaule.

    Le panthéon celtique n'est pas seulement composé de dieux individualisés, mais de populations surnaturelles contre lesquelles les peuples historiques ont dû se battre ou avec lesquelles ils ont contracté des alliances. Le monde a commencé par un âge où le surnaturel était le naturel, où le prodige était normal.
    En Irlande, c'est à Samhain que le dieu Dagda s'unit à la déesse Morigu, reine des spectres et des enfers, laquelle, un an avant la bataille de Mag Tured, lui a donné les indications pour détruire les Fomôiré.
    Les ancêtres des Irlandais luttent contre les dieux (Dagda, Lug et les autres Tuatha Dé Danann (Tribus de Dana) du nom de la déesse-mère appelée également Ana ou Anann) et remportent la victoire finale à Tara. Le poète Amairgen fait un partage égal entre les 2 camps : les dieux reçoivent tout le sous-sol (plus particulièrement sous les collines et le royaume des fées), les hommes la surface de la terre.
    Lors de Samain, des nouveaux-nés sont sacrifiés à l'idole Crom Ruach ou Crom Cruaich, sans doute pour apaiser les puissances du monde inférieur et contribuer à la fertilité.
    Le monde souterrain est conçu comme un éden bienheureux constamment égayé de chants d'oiseaux et dont les habitants resplendissent de jeunesse et de beauté. L'entrée de ce monde s'ouvre dans certaines grottes, certains tertres, lacs et marécages. Les mortels peuvent y pénétrer exceptionnellement et y résider des siècles en croyant n'avoir vécu que quelques jours...
    Les deux mondes deviennent perméables une fois l'an, pendant la nuit qui précède Samain. A cette occasion, les Celtes honorent leurs morts car ils croient que les esprits des défunts retournent ce soir-là dans leurs demeures terrestres.

    La Baie du Mont Saint-Michel conserve une solide réputation de passage vers le monde des invisibles. On célèbre toujours Samain dans cette région. Le Mont est effet considéré comme l'île des morts où les trépassés se donnent rendez-vous le 1er novembre. A Pleine Fougères, à 14 kilomètres du Mont, lors des obsèques, on a coutume de porter le cercueil du défunt sur une éminence surplombant la baie et de le tourner quelques instants vers le Mont.

    Pommes et gâteaux

    Avec la conquête romaine, le Samain se combine naturellement aux célébrations romaines du dernier jour d’octobre en l'honneur de Pomona (déesse des vergers et des fruits) qu’on remercie pour sa prodigalité (on se régale des dernières pommes et poires).
    Le culte rendu à Pomone, nymphe étrusque des fruits et des fleurs, annexée par la religion romaine, a pour but de rendre les terres fécondes. Pomone, dont le nom est tiré du terme pomum (fruit, pomme), est représentée assise sur un grand panier de fleurs et de fruits. Elle tient des pommes et un rameau. Elle est couronnée de pampres et de raisins, tandis qu'elle verse les fruits d'une corne d'abondance.
    La déesse, jusqu’à la fin des temps, assurera la fructification des plantes et des arbres pour le plus grand bien des hommes.
    Cette fête romaine des cueillettes (ou des récoltes) survit dans les jeux coutumiers anglo-saxons utilisant des pommes (fruit merveilleux pour les peuples antiques).

    Au Moyen Age, la tradition de Samain-Halloween s'éteint dans le royaume de France et se fait lentement oublier en Grande-Bretagne. Il n'y a qu'en Irlande qu'elle reste très vivace. Le temps passant, les rites celtes laissent la place à d'autres pratiques : c’est désormais les habitants les plus pauvres qui frappent aux portes des maisons du village pour quémander des soul cakes (gâteaux de l'âme), petits gâteaux remplis de piment, muscade, cannelle, ou d'autres épices douces, de raisins secs ou de raisins de Corinthe, en échange desquels ils promettent de prier pour le repos de l'âme des morts de la famille du généreux donateur. Chaque gâteau mangé représente une âme humaine libérée de purgatoire. Depuis les années 1930, ce sont les enfants qui vont de porte en porte pour demander des bonbons ou de l'argent, et jouer des tours à ceux qui ne leur donnent pas de friandise.

    L'un des plats servis au dîner en Irlande à Halloween est appelé callcannon. A ce plat de purée de pommes de terre, de panais et oignons frits, sont mélangés une bague, un dé, une poupée en porcelaine et une pièce. Celui qui trouve la bague peut se marier dans l'année, celui qui trouve la poupée en porcelaine aura un enfant, celui qui trouve le dé ne se mariera jamais, et celui qui a la chance de trouver la pièce sera riche.

    La citrouille

    La citrouille sculptée est appelée Jack O'Lantern en souvenir de Jack, un légendaire irlandais, particulièrement avare et porté sur la bouteille, qui rencontre une nuit le Diable dans un pub irlandais. Peu prompt à vendre son âme au Diable, Jack se moque de lui régulièrement au cours de leurs rencontres, ce qui lui interdit, au jour de sa mort, d’aller en Enfer. Et par son avarice, il ne peut bien sûr accéder au Paradis. Plongé dans le noir, Jack réussit à obtenir du Diable un peu de charbon ardent pour éclairer sa route, qu’il promène dans un gros navet évidé. Le voici donc condamné à errer dans les rues, une lanterne à la main, jusqu’au jugement dernier. Le soir d'Halloween, on dispose les Jack O'Lantern à l'entrée des maisons pour éloigner les mauvais esprits.

    Le Nouvel An des sorcières

    La légende veut que Samain corresponde au Nouvel An des sorcières.
    Jusqu'au XVe siècle, les gens croient que des milliers de sorcières et de sorciers parcourent l'Europe durant cette nuit. Elles s'enduisent d'un onguent magique qui leur donne le pouvoir de s'envoler sur leur balai pour rejoindre leur sauterie, à l'invitation du Diable en personne. Pendant ce temps, leurs enfants gardent les troupeaux de crapauds dans les champs.
    Le côté mystique (voire satanique) de la sorcière réserve à cette dernière une place de choix dans le folklore d'Halloween. Elle participe à la ronde des déguisements et des masques (portés à l'époque celte pour tromper les mauvais esprits) avec son acolyte le chat noir, que l'on soupçonne d'être en fait une sorcière réincarnée.
    Au début du XXe siècle, les enfants de France, surtout dans les campagnes, creusent encore betteraves, citrouilles et navets pour jouer aux fantômes, en ignorant qu’ils fêtent Samonios.
    Les lutins et les fées sont directement issus de la tradition celte ; les fantômes et les squelettes évoquent le retour des âmes défuntes, et les démons, l'esprit du mal. Vampires, chauves-souris et autres Frankenstein se sont joints plus récemment à ce ballet infernal.

    Superstitions

    Il faut veiller à ne pas mettre ses vêtements à l'envers un jour d'Halloween sinon, la rencontre avec une sorcière est assurée.
    Croiser la route d'un chat noir ce jour-là attire immanquablement le mauvais sort.
    Méfiez-vous des bougies aux flammes bleutées : un esprit rôde à proximité.
    Ne faites surtout pas votre ménage, le jour d'Halloween car, en passant le balai, vous pousseriez le bonheur hors de votre foyer.
    Croquez une pomme devant un miroir et vous verrez le visage de votre futur époux ou future épouse !
    Mettez des pommes dans un baquet rempli d'eau et attrapez-en une avec les dents : plus le fruit est gros, plus vous serez riches !
    Si vous accouchez le 31 octobre, votre chérubin aura le rare privilège de voir les fantômes et même de converser avec eux.



    LA TOUSSAINT

    La Toussaint est la fête chrétienne de tous les saints connus et inconnus.
    Les orthodoxes célèbrent la Toussaint, qu’ils nomment "Dimanche de tous les saints", le premier dimanche après la Pentecôte. Le culte des saints est très développé dans l'orthodoxie.
    Les protestants, qui rejettent le culte des saints, ne célèbrent pas la fête de la Toussaint.

    Chronologie historique

    Dès le IVe siècle, en Orient, l'Église d'Édesse consacre le premier dimanche après la Pentecôte et celle d’Antioche le 13 mai, à fêter "tous les martyrs" dont le nombre devient trop important pour une commémoration individuelle.

    En 610, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, Boniface IV (608-615) transforme le Panthéon de Rome (temple dédié à tous les dieux que lui a donné en 609 l’empereur byzantin Phocas) en église, consacrée à Sainte Marie de tous les saints martyrs, qui prendra ensuite le nom de Notre-Dame des Martyrs. Le pape y fait transporter toutes les reliques des martyrs des catacombes romaines soumises régulièrement au pillage et institue une fête de tous les martyrs le 13 mai.

    En 731, Grégoire II, dédie une chapelle de l’église Saint-Pierre de Rome à tous les saints. La même année, son successeur, Grégoire III, décide que seront fêtés tous les saints.

    En 775, un ecclésiastique anglo-saxon, Kathwulf, écrit à Charlemagne pour lui demander d'instaurer une fête de tous les saints (probablement pour lutter contre la fête celte de Samhain).

    En 799/800, le concile de Riesbach (Bavière) crée une fête nouvelle, la Toussaint, aux calendes de novembre : l'idée vient d'Alcuin (+ 804), abbé à Tours, mais originaire d'Angleterre (d’ailleurs, Tours sera le seul lieu de France où la Toussaint sera fêtée ; en Angleterre, la fête de tous les saints est célébrée le 1er novembre).
    La coutume de fêter tous les saints se répand en Occident, mais chaque Église le fait à une date différente (13 mai à Rome).

    Ce n'est qu'en 835 que la fête de la Toussaint est transférée au 1er novembre, par Grégoire IV 5 6. A l’occasion de la venue en France de ce pape en 837, la fête est instituée sur tout le territoire de l'Empire carolingien par Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire, 3ème fils de Charlemagne et empereur d'Occident (toutefois, la Toussaint ne sera adoptée à Angers qu’en 1314).

    En 1480, Sixte IV place la Toussaint au niveau des grandes fêtes chrétiennes en lui attribuant une octave, c’est-à-dire une semaine de liturgie spéciale.

    Pie X (1903-1914) en fait une fête d'obligation (l’assistance à la messe est obligatoire).

    La sainteté

    Dictons météorologiques

    Le mois de novembre est malsain : il fait tousser dès la Toussaint.
    Autant d’heures de soleil à la Toussaint, autant de semaines à souffler dans ses mains.
    Telle Toussaint, tel Noël, Pâques au pareil.
    A la Toussaint, le froid revient et met l'hiver en train.
    La Toussaint venue, laisse-là ta charrue.
    Vent de Toussaint, terreur de marin.
    En novembre s’il tonne, l’année sera bonne.
    Brouillard en novembre, l'hiver sera tendre.



    COMMÉMORATION DES FIDÈLES DÉFUNTS

    Amalaire, diacre de Metz, dans son ouvrage Des Offices ecclésiastiques qu'il dédie à Louis le Débonnaire en 827, donne l'Office des Morts ; mais cet office n'a pas encore un caractère général et il ne se dit que pour les particuliers.

    En 998, Odilon, abbé de Cluny, institue, dans les monastères de son ordre, un office liturgique à l’intention de tous les frères défunts [du latin defunctus, de defungor (s'acquitter de sa dette)], "tous les morts qui dorment en Christ", le 2 novembre, lendemain de la Fête de Tous les Saints.
    Mosheim affirme qu'Odilon institue cette fête sur les exhortations d'un ermite de Sicile qui prétend avoir appris par révélation que les prières des moines de Cluny ont une efficacité particulière pour délivrer les âmes du purgatoire.
    Cette fête, propre aux clunisiens, se répand avec l’extension et le rayonnement de la congrégation, en même temps que se précisait la doctrine concernant les âmes du purgatoire 4 : elle est célébrée dans toute l'Église d'Occident au XIIIe siècle.
    On joint aux prières diverses des bonnes œuvres, surtout des aumônes, et, au XVIIIe siècle, il y a encore en France quelques diocèses où les laboureurs font ce jour-là quelque travail gratuit pour les pauvres et offrent à l'Église du blé, qui, selon saint Paul, est le symbole de la résurrection des corps.

    Au XVème siècle, les dominicains d’Espagne célèbrent trois messes le 2 novembre. Le pape Benoît XV (+1922) étend cette possibilité à toute l'Église afin de mieux prier pour les nombreux morts de la guerre.

    En Bretagne, la Toussaint marque davantage la fête des trépassés que celle de tous les saints : elle célèbre les âmes des disparus, des trépassés, et ces êtres d'outre-tombe sont désignés par un nom collectif : ann Anaon (les Âmes). On croyait naguère, qu’à la Toussaint, les Anaon circulaient sur les routes, pour revenir à leur ancien domicile...
    Au pays de Rosporden, la nuit qui précède la Gouel an Anaon (la fête des Âmes), il est d'usage, après le repas du soir, d'allumer un feu dans l'âtre : c'est le feu de l'Anaon, uniquement destiné à la purification des âmes.
    Durant la nuit qui précède la fête des morts, les Anaon devisent sereinement, et qui osera se rendre dans un cimetière entendra leurs conversations...

    Les protestants ne prient pas pour les défunts.

    Il n'y a pas de jour dédié aux morts dans le judaïsme et l’islam.

    El dia de los Muertos

    Le Jour des morts (El dia de los Muertos) tient une place très importante sur les calendriers espagnol et latino-américains.

    El Dia de los Muertos reprend un rituel des anciennes peuplades mexicaines (Mayas, Toltèques, Aztèques) célébrant les morts et la continuation de la vie.
    Les Espagnols imposent les dates du 1er et 2 novembre (fête des saints et fête des défunts), car ces jours tombent au milieu des fêtes de la mort des Aztèques. Les 1er et 2 novembre sont des jours de fête : le premier est celui des enfants défunts (los Angelitos = les petits Anges), le second celui des adultes défunts (les Aztèques célèbrent deux fêtes des morts : l'une pour les enfants et l'autre pour les adultes).

    Dans la nuit du 1er au 2 novembre, certains mexicains font des feux devant leurs maisons pour se signaler aux défunts amis et chasser les mauvais esprits.

    Dans les cimetières, les tombes sont nettoyées, décorées de fleurs plus spécialement des fleurs orange (le cempoalxuchitl). Les enfants morts reçoivent des jouets, les hommes adultes de la tequila ! On dépose de quoi festoyer ainsi que des confiseries et des cierges. Il n'est pas rare d'organiser un pique-nique près des tombes.
    On brûle des cierges et de l’encens (copal). La cendre d’encens chasse les esprits des morts et les mauvaises intentions envoyées par Satan ; elle peut être utilisée comme remède aux maux d’yeux.

    Des autels à la mémoire des disparus sont dressés dans la plupart des foyers. Décorés avec les photos des défunts, ils accueillent les boissons et les friandises qui étaient les préférées de ceux dont on célèbre le souvenir.

    Sur les calaveritas, pains sucrés en forme de têtes de mort ou de cercueil que l'on dépose sur les tombes ou les autels, sont inscrits les prénoms des morts. On mange ce gâteau qui symbolise la mort et la renaissance. Il y a aussi les pains des morts.

    Le Jour des morts donne lieu à Mexico à un véritable festival qui s'étire désormais du 31 octobre au 2 novembre et qui honore la mémoire des morts avec profusion de tequila et de joyeuses bandes de mariachi.



    LA MORT ET LA VIE ÉTERNELLE

    Les lieux inférieurs

    Dans les croyances primitives, longtemps conservées par l’Ancien Testament, la mort n'est pas un anéantissement total même si le défunt "n'est plus" (Psaumes 39,14 ; Job 7,8-21 ; 7,10). En même temps que le corps est inhumé, quelque chose du défunt, une ombre, subsiste dans le shéol.
    Mais ces enfers sont conçus de façon très rudimentaire : un trou béant, un puits profond, un lieu de silence (Ps 115,17), de perdition, de ténèbres, d'oubli (Ps 88,12 ; Jb 17,13).
    Là, tous les morts rassemblés participent au même sort misérable (Jb 3,13-19 ; Isaïe 14,9), même s'il y a des degrés dans leur ignominie (Ezéchiel 32,17-32) : ils sont livrés à la poussière (Jb 17,16 ; Ps 22,16 ; 30,10) et à la vermine (Isaïe 14,11 ; Jb 17,14).
    Leur existence n'est plus qu'un sommeil (Ps 13,4 ; Daniel 12,2) : plus d'espérance, de connaissance de Dieu, d'expérience de ses miracles, de louange qu'on lui adresserait (Ps 6,6 ; 30,10 ; 88,12 ; 115,7 ; Is 38,18).
    Dieu même oublie les morts (Ps 88, 6). Et une fois passées les portes du shéol (Jb 38,17 ; Sagesse 16,13), il n'y a point de retour (Jb 10,21). Telle est la perspective désolante que la mort ouvre à l'homme pour le jour où il doit être "réuni à ses pères". (Genèse 49,29)
    Que l'Ancien Testament en soit resté à ce niveau de croyances jusqu'à une époque tardive, c'est le signe qu'à l'encontre de la religion égyptienne et du spiritualisme grec, il a refusé de dévaloriser la vie d'ici-bas pour tendre ses espoirs vers une immortalité imaginaire 1.

    Les rites funèbres

    Les rites funèbres sont chose universelle : depuis la lointaine préhistoire, l'homme tient à honorer ses morts et à rester en contact avec eux. L'Ancien Testament conserve l'essentiel de ces traditions séculaires : gestes de deuil (2 Samuel 3,31 ; Jérémie 16, 6) ; ensevelissement rituel (I Samuel 31,12 ; Tobie 2,4-8), car ne pas recevoir de sépulture est une malédiction (Deutéronome 21,23 ; I Rois 14,11 ; Jr 16,4) ; soin des tombeaux (Gn 23 ; 49,29-32 ; 50,12) ; repas funéraires (Jr 16,7), voire offrandes sur les tombeaux des défunts (Tb 4,17) bien qu'elles soient déposées "devant des bouches closes" [Siracide ou Ecclésiastique 30,18]. Pourtant la révélation impose déjà des limites à ces coutumes, liées chez les peuples d'alentour à des croyances superstitieuses : d'où l'interdiction des incisions rituelles (Lévitique 19,28 ; Dt 14,1), et surtout la proscription de la nécromancie (Lv 19,31 ; 20,27 ; Dt 18,11), tentation grave en un temps où la magie était florissante et où l'on pratiquait l'évocation des morts comme on s'adonne aujourd'hui au spiritisme (I S 28 ; 2 R 21,6). Il n'y a donc pas dans l'Ancien Testament de culte des morts à proprement parler, comme il y en avait un chez les Égyptiens. 1

    Le 8 mai 1963, durant le concile Vatican II, un décret du Saint-Office, qui sera promulgué par Paul VI le 5 juillet [Code de Droit Canonique, c. 1176 §3], supprime l’interdiction de funérailles religieuses à ceux qui ont demandé à être incinérés : la crémation n’est plus condamnée par l’Eglise catholique à condition qu’elle à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne.

    En France, la loi du 15-11-1887 institue la liberté des funérailles et le décret du 27-4-1889 (Sadi Carnot) abroge le capitulaire de Charlemagne (785) qui interdisait l’incinération des morts. La Révolution française avait essayé, sans grand succès, de relancer cette pratique. Elle ne commence à se répandre que dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’action des adversaires de l’Eglise romaine, notamment les Libres penseurs et les Francs-maçons, agissant au sein d’associations pour la propagation de la crémation.
    Le pape Léon XIII décide le 15 décembre 1886 : « Si quelqu’un a fait demande publique pour lui de la crémation et est mort sans rétracter cet acte coupable, il est défendu de lui accorder les funérailles et la sépulture ecclésiastiques ».

    Le Code de Droit canonique de 1917 reprend cette interdiction et précise : « Si quelqu’un a prescrit que son corps soit livré à la crémation, il n’est pas permis d’exécuter sa volonté. Si elle est insérée dans un contrat, un testament ou un acte quelconque, elle doit être tenue pour non écrite. » (Canon 1203, 2).
    L’Eglise catholique autorise la crémation depuis le 8 mai 1963 à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne (la crémation "doit ne pas être désirée comme négation des dogmes chrétiens dans un esprit sectaire, par haine de la religion catholique ou de l’Eglise") et qu’elle ne manifeste pas une mise en cause de la foi dans la résurrection. Le service religieux est interdit devant une urne funéraire : il doit avoir lieu avant la crémation. L’Eglise désapprouve la dispersion des Cendres et la conservation des urnes à domicile. La décision conciliaire a été insérée dans le nouveau code de droit canonique de 1983. La crémation, admise par les protestants depuis 1898, est refusée par les juifs et les orthodoxes et non pratiquée par les musulmans.

    La Loi du 19 décembre 2008 accompagne l’essor de la crémation en comblant certaines lacunes juridiques.
    En 2010, selon l'Association française d'information funéraire (AFIF), la France et les DOM TOM comptent 141 crématoriums ; le taux de crémation approcherait 30 %.

    Le point de vue théologique

    La mort est le sort commun des hommes, "le chemin de toute la terre" (1 Rois 2,2 ; 2 Samuel 14,14 ; Siracide (Ecclésiastique) 8,7). En mettant fin à la vie de chacun, elle appose un sceau sur sa physionomie : mort des patriarches "comblés de jours" (Genèse 25,7 ; 35,29), mort mystérieuse de Moïse (Deutéronome 34), mort tragique de Saül (1 S 31)...
    Mais devant cette nécessité inéluctable, comment ne pas sentir que la vie, si ardemment désirée, n'est qu'un bien fragile et fugitif ? Elle est une ombre, un souffle, un néant (Psaumes 39,5 ; 89,48 ; 90 ; Job 14,1-12 ; Sagesse 2,2) ; elle est une vanité, puisque le sort final de tous est le même [Qohélet (Ecclésiaste) 3 ; Ps 49,8], fût-ce celui des rois (Si 10,10) ! Constatation mélancolique d'où naît parfois, en face de ce destin obligatoire, une résignation désabusée (2 S 12,23 ; 14,14).

    Pourtant, la vraie sagesse va plus loin ; elle accepte la mort comme un décret divin (Si 41,4), qui souligne l'humilité de la condition humaine en face du Dieu immortel : qui est poussière, retourne à la poussière (Gn 3,19). L’homme sent dans la Mort une force ennemie. Elle est le berger funèbre qui parque les hommes aux enfers (Ps 49,15) ; elle pénètre dans les maisons pour faucher les enfants (Jérémie 9,20). Certes, dans l'Ancien Testament, elle revêt aussi la figure de l'ange exterminateur, exécuteur des vengeances divines (Exode 12,23 ; 2 S 24,16 ; 2 R 19,35), voire même celle de la Parole divine qui extermine les adversaires de Dieu (Sg 18,15). Mais cette pourvoyeuse des enfers insatiables (Proverbes 27,20) a plutôt les traits d'une puissance d'en bas, dont toute maladie et tout danger font pressentir l'approche sournoise. Aussi le malade se voit-il déjà "compté parmi les morts" (Ps 88,4) ; l'homme en péril est cerné par les eaux de la mort, les torrents de Bélial, les filets du shéol (Ps 18,5 ; 69,15 ; 116,3 ; Jonas 2,4-7). La Mort et le Shéol ne sont donc pas seulement des réalités de l'au-delà ; ce sont des puissances en action ici-bas et malheur à qui tombe sous leurs griffes ! Qu'est-ce finalement que la vie, sinon une lutte angoissée de l'homme aux prises avec la Mort ?

    - L’homme condamné à mort par le péché

    Le drame a débuté aux origines de l'histoire humaine : par la faute de l'homme, le Péché est entré dans le monde, et par le Péché, la Mort (Romains 5,12-17 ; I Corinthiens 15,21). « Dieu n'est pas l'auteur de la Mort, il ne veut pas la perte des vivants ; Il a tout créé pour être, tout ce qu'engendre le monde est salutaire. » (Sagesse 1, 13).
    Depuis lors, tous les hommes "meurent en Adam" (I Corinthiens 15,22), si bien que la Mort règne sur le monde (Rm 5,14). Ce sentiment de la présence de la Mort, que l'Ancien Testament exprimait de façon si forte, correspondait donc à une réalité objective, et derrière le règne universel de la Mort se profile celui de Satan, le "prince de ce monde, homicide" depuis l'origine (Jean 8,44).
    Ce qui donne force à cet empire de la Mort, c'est le Péché : il est "l'aiguillon de la Mort" (I Corinthiens 15,56 ; Osée 13,14), car la mort est son fruit, son aboutissement, son salaire (Romains 6,16-21-23).
    Mais le Péché lui-même a dans l'homme un complice : la convoitise (7,7) ; c'est elle qui donne naissance au péché, lequel à son tour enfante la mort (Jacques 1,15) ; en un autre langage : c'est la chair, dont le désir est la mort et qui fructifie pour la mort (Romains 7,5 ; 8,6) ; par là notre corps, créature de Dieu, est devenu "corps de mort" (7,24).
    Donnant la connaissance du péché (3,20) sans la force d'en triompher, condamnant le pécheur à mort de façon explicite (5,13), la Loi est devenue "la force du péché" (I Corinthiens 15,56).
    C'est pourquoi le ministère de cette Loi, sainte et spirituelle en elle-même (Romains 7,12-14), mais simple lettre qui ne conférait pas la puissance de l'Esprit, a été en fait un ministère de mort (2 Co 3,7).
    Sans le Christ, l'humanité était donc plongée dans l'ombre de la mort (Matthieu 4,16 ; Luc 1,79 ; Isaïe 9,1) ; aussi la mort fut-elle, en tout temps, l'une des composantes de son histoire, et elle reste l'une des calamités que Dieu dépêche sur un monde pécheur (Apocalypse 6,8 ; 8, 9 ; 18,8). De là le caractère tragique de notre condition : par nous-mêmes, nous sommes livrés sans rémission à l'emprise de la mort.

    La mort du juste

    La mort corporelle prend pour le chrétien un sens nouveau.
    Elle n'est plus seulement un destin inévitable auquel on se résigne, un décret divin qu'on accepte, une condamnation encourue en conséquence du péché. Le chrétien "meurt pour le Seigneur" comme il avait vécu pour lui (Romains 14,7 ; Philippiens 1,20). Et s'il meurt en martyr du Christ, versant son sang en témoignage, sa mort est une libation qui a valeur de sacrifice aux yeux de Dieu (Ph 2,17 ; 2 Timothée 4,6). Cette mort, par laquelle il "glorifie Dieu" (Jean 21,19), lui vaut la couronne de vie (Apocalypse 2,10 ; 12,11). De nécessité angoissante, elle est donc devenue objet de béatitude : « Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur ! Qu'ils se reposent désormais de leurs peines ! » (Ap 14,13). La mort des justes est une entrée dans la paix (Sagesse 3,3), dans le repos éternel, dans la lumière sans fin : « Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis ! »

    Résurrection et Vie éternelle.

    Dieu veille sur ceux qui mettent leur espoir en son amour, il les délivre de la mort. (Psaume 32)
    L'espoir d'immortalité et de résurrection qui se faisait jour dans l'Ancien Testament a trouvé dans le mystère du Christ, sa base ferme. Car non seulement l'union à sa mort nous fait vivre actuellement d'une vie nouvelle, mais elle nous donne l'assurance que « celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à nos corps mortels » (Romains 8,11).
    Alors, par la résurrection, nous entrerons dans un monde nouveau où "il n'y aura plus de mort" (Apocalypse 21,4) ; ou plutôt, pour les élus ressuscités avec le Christ, il n'y aura pas de "seconde mort" (Ap 20,6 ; 2,11) : elle sera réservée aux réprouvés, au Diable, à la Mort, à l'Hadès (Ap 21,8 ; 20,10-14).
    C'est pourquoi, pour le chrétien, mourir est finalement un gain, puisque le Christ est sa vie (Philippiens 1,21). Sa condition présente, qui le rive à son corps mortel, est pour lui accablante : il préférerait la quitter pour aller demeurer auprès du Seigneur (2 Corinthiens 5,8) ; il a hâte de revêtir le vêtement de gloire des ressuscités, pour que ce qu'il y a en lui de mortel soit absorbé par la vie (2 Co 5,1-4 ; I Co 15,51-53). Il désire s'en aller pour "être avec le Christ" (Philippiens 1,23). 1
    "Jésus lui dit (à Marthe, ndlr) : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?" (Jean 11,25-26)
    Le 21 novembre 1964, Paul VI promulgue la constitution Lumen Gentium (Vatican II) : « Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Matthieu XXV 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Cor. XV 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes ». (Lumen Gentium 49)
    Le 30 juin 1968, Paul VI prononce solennellement le Credo du peuple de Dieu qui proclame : "Nous croyons à la vie éternelle. Nous croyons que les âmes de tous ceux qui meurent dans la grâce du Christ, soit qu’elles aient encore à être purifiées au purgatoire, soit que dès l’instant où elles quittent leur corps, Jésus les prenne au paradis comme il a fait pour le bon larron, sont le peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort, laquelle sera définitivement vaincue le jour de la résurrection où ces âmes seront réunies à leur corps. Nous croyons que la multitude de celles qui sont rassemblées autour de Jésus et de Marie au paradis forme l’Église du ciel, où dans l’éternelle béatitude elles voient Dieu tel qu’il est et où elles sont aussi, à des degrés divers, associées avec les saints anges au gouvernement divin exercé par le Christ en gloire, en intercédant pour nous et en aidant notre faiblesse par leur sollicitude fraternelle. Nous croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Église, et Nous croyons que dans cette communion l’amour miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à l’écoute de nos prières, comme Jésus nous l’a dit : Demandez et vous recevrez. Aussi est-ce avec foi et dans l’espérance que Nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Béni soit le Dieu trois fois saint. Amen."
    Le 2 novembre 2014, le Pape François déclare (Angelus) : "La mort n'a pas le dernier mot sur le sort de l’humanité parce que l'homme est destiné à une vie sans limites qui a ses racines et son accomplissement en Dieu."

    Le saint Viatique, l’extrême-onction

    Quand la fin est proche, l'eucharistie est reçue en viatique (c'est-à-dire pour le voyage), afin d’aider le croyant à assumer sa propre mort. C'est le sacrement du grand passage, le dernier sacrement .
    Cette extrême communion n'est plus appelée à donner des forces pour le combat de la vie terrestre, mais à donner la force et la grâce de quitter le monde présent dans l’amour du Christ ressuscité.
    Il n'existe pas à proprement parler de sacrement de la mort dans l'Église catholique. Aux malades dont la santé commence à être dangereusement compromise et qui demandent un réconfort, l'Eglise propose le sacrement de l’onction des malades. Il a été longtemps appelé extrême onction parce qu'il comprend l’apposition d'huiles saintes sur le front et qu'il était réservé aux mourants.

    "On nomme viatique la communion des mourants, parce qu'elle est destinée à leur donner la force nécessaire pour faire le grand voyage (…) Cet usage était fort ancien dans l'Église. Saint Julien nous apprend qu'au IIe siècle, lorsqu'on avait consacré l'eucharistie, dans les assemblées chrétiennes, et que les assistants y avaient participé, les diacres la portaient aux absents, c'est-à-dire aux malades. Nous savons encore par Tertullien et par Cyprien (de Carthage, ndlr) qu'au IIIe siècle les fidèles, toujours exposés au martyre, emportaient avec eux l'eucharistie et la conservaient, afin de la prendre en viatique et de puiser dans cet aliment les forces dont ils avaient besoin pour confesser Jésus-Christ dans les tourments (…) On sait que les malades, pour recevoir le viatique, sont dispensés de l'obligation d'être à jeun, c'est-à-dire de n'avoir rien bu ni mangé dans la journée. Il y a des Pères de l'Église et des conciles qui ont nommé viatique trois sacrements que l'on administrait aux mourants pour assurer leur salut : 1° le baptême, quand on le donnait à des catéchumènes qui ne l'avaient pas encore reçu ; 2° la pénitence ou l'absolution, à l'égard de ceux qu'on réconciliait avec l'Église, à l'article de la mort ; 3° l'eucharistie administrée aux malades." 3

    Chronologie historique

    Le peuple juif utilise de l’huile pour soigner les plaies (Isaïe 1,6).
    "Le sacrificateur fera avec le doigt de sa main droite sept fois l'aspersion de l'huile qui est dans sa main gauche, devant l'Éternel. Le sacrificateur mettra de l'huile qui est dans sa main sur le lobe de l'oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite et sur le gros orteil de son pied droit, à la place où il a mis du sang de la victime de culpabilité. Le sacrificateur mettra ce qui lui reste d'huile dans la main sur la tête de celui qui se purifie, afin de faire pour lui l'expiation devant l'Éternel. Puis il offrira l'une des tourterelles ou l'un des jeunes pigeons qu'il a pu se procurer, l'un en sacrifice d'expiation, l'autre en holocauste, avec l'offrande ; et le sacrificateur fera pour celui qui se purifie l'expiation devant l'Éternel. Telle est la loi pour la purification de celui qui a une plaie de lèpre, et dont les ressources sont insuffisantes". (Lévitique 14,27-32)
    Quant au bon samaritain : « Il s'approcha, et banda ses plaies, en y versant de l'huile et du vin ». (Luc 10,34)
    "Ils (les apôtres, ndlr) chassaient beaucoup de démons, et ils oignaient d'huile beaucoup de malades et les guérissaient". (Marc 6, 13)

    Au IIIème siècle, Hippolyte de Rome témoigne de l'existence d'un rituel pour l'Onction des malades.

    En 994, le concile d'Anse (69), présidé par Thibauld, évêque de Vienne, fait obligation aux prêtres d’apporter le viatique aux mourants.

    Le 14ème canon du deuxième concile du Latran (1139) interdit les combats militaires qui se font dans les foires, et ordonne que les gladiateurs qui "seront blessés dans ces combats soient privés de la sépulture ecclésiastique, quoiqu'on ne doive pas leur refuser la pénitence et le viatique".

    Le 25 novembre 1551, le Concile de Trente déclare : « Le Saint Concile (…) déclare & enseigne ; que comme nostre Rédempteur infiniment bon ; qui a voulu pourvoir en tout temps ses serviteurs de remèdes salutaires contre tous les traits de toutes sortes d'ennemis, a préparé dans les autres Sacremens de puissans secours aux Chrestiens, pour se pouvoir garantir pendant leur vie, & mettre à couvert des plus grands maux spirituels : aussi a-t-il voulu munir & fortifier la fin de leur course, du Sacrement de l'Extrême-Onction, comme d'une forte & asseûrée défense. » (XIVème session)

    En 1576, le cardinal Charles Borromée initie la pratique de sonner pour escorter le saint viatique.

    En 1812, Napoléon ayant ordonné le transfert secret à Fontainebleau du pape Pie VII, ce dernier, malade, reçoit le saint viatique au Mont Cenis.

    Selon le Catéchisme de saint Pie X (Chapitre 7) publié en 1905, le sacrement d’Extrême-onction :
    1 augmente la grâce sanctifiante ;
    2 efface les péchés véniels et même les péchés mortels que le malade repentant ne pourrait plus confesser ;
    3 enlève cette faiblesse et cette langueur pour le bien qui restent même après avoir obtenu le pardon des péchés ;
    4 donne la force de supporter le mal avec patience, de résister aux tentations et de mourir saintement ;
    5 aide à recouvrer la santé du corps, si c’est utile au salut de l’âme. (Catéchisme de saint Pie X , Chapitre 7, 1905)

    Selon le Concile Vatican II :
    "L'Extrême-Onction, qu'on appelle aussi et mieux l'Onction des malades, n'est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à toute extrémité. Aussi le temps opportun pour le recevoir est déjà certainement arrivé lorsque le fidèle commence à être en danger de mort par suite d'affaiblissement physique ou de vieillesse." (Concile Vatican II, Constitution sur la liturgie, n° 73, 4 décembre 1963).
    "Par l'onction sacrée des malades et la prière des prêtres toute l'Église recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, afin qu’il adoucisse leurs peines et les sauve. Elle les exhorte à s'unir spontanément à la passion et à la mort du Christ…" (Concile Vatican II, Constitution sur l’Église, Lumen Gentium, n° 11, 21 novembre 1964).

    Le 30 novembre 1972, le Pape Paul VI promulgue le nouveau Rituel de l'Onction des malades.

    Selon le Catéchisme de l'Église Catholique publié en 1992 :
    "1499 Par l’Onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve ; bien mieux, elle les exhorte, en s’associant librement à la passion et à la mort du Christ à apporter leur part pour le bien du peuple de Dieu.
    1511 L'Église croit et confesse qu'il existe, parmi les sept sacrements, un sacrement spécialement destiné à réconforter ceux qui sont éprouvés par la maladie : l'Onction des malades : cette onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre Seigneur comme un sacrement du Nouveau Testament, véritablement et proprement dit, insinué par Marc [cf. Mc 6, 13], mais recommandé aux fidèles et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur : « Si l'un de vous est malade, qu'il fasse appeler les anciens de la communauté qui prieront pour lui en pratiquant une onction d'huile au nom du Seigneur. Leurs prières, inspirées par la foi, sauveront le malade, le Seigneur le relèvera, et s'il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. » (Lettre de Saint Jacques aux chrétiens, 5,14-15).
    1512 Dans la tradition liturgique, tant en Orient qu'en Occident, on possède dès l'antiquité, des témoignages d'onctions de malades pratiquées avec de l'huile bénite. Au cours des siècles, l'Onction des malades a été conférée de plus en plus exclusivement à ceux qui étaient sur le point de mourir. A cause de cela elle avait reçu le nom de "Extrême-Onction". Malgré cette évolution la liturgie n'a jamais omis de prier le Seigneur afin que le malade recouvre sa santé si cela est convenable à son salut.
    1513 La Constitution apostolique Sacram unctionem infirmorum du 30 novembre 1972, à la suite du deuxième Concile du Vatican a établi que désormais, dans le rite romain, on observe ce qui suit : le sacrement de l'Onction des malades est conféré aux personnes dangereusement malades, en les oignant sur le front et sur les mains avec de l'huile dûment bénite - huile d'olive ou autre huile extraite de plantes - en disant une seule fois : "Per istam sanctam unctionem et suam piissimam misericordiam adiuvet te Dominus gratia Spiritus Sancti, ut a peccatis liberatum te salvet atque propitius allevet" (Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l'Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu'Il vous sauve et vous relève).
    1524 A ceux qui vont quitter cette vie, l'Église offre, en plus de l'Onction des malades, l'Eucharistie comme viatique. Reçue à ce moment de passage vers le Père, la communion au Corps et au Sang du Christ a une signification et une importance particulières. Elle est semence de vie éternelle et puissance de résurrection, selon les paroles du Seigneur : " Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour " (Jn 6, 54). Sacrement du Christ mort et ressuscité, l'Eucharistie est ici sacrement du passage de la mort à la vie, de ce monde vers le Père (cf. Jn 13, 1)."

    Administration du sacrement de l'onction des malades.

    Le sacrement de l'onction des malades est célébré par un prêtre. Ni les diacres ni les laïcs ne peuvent exercer ce ministère. (Code de droit canonique, canon 1003 § 1, qui reprend exactement la doctrine exprimée lors du Concile de Trente)

    L'essentiel de la célébration de ce sacrement consiste en deux éléments :
    - l'imposition des mains : geste qui appelle la descente de l'Esprit saint et se fait en silence ;
    - l'onction faite sur le front et les mains du malade avec « l'huile des malades ». Cette onction est accompagnée d'une prière. Le prêtre dit : « N., par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l'Esprit Saint » et la personne répond : « Amen ». Le prêtre dit : « Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu'il vous sauve et vous relève » et la personne répond : « Amen ».

    Si un malade qui a reçu l'onction recouvre la santé, il peut, en cas de nouvelle maladie grave, recevoir de nouveau ce sacrement. Au cours de la même maladie, si elle s’aggrave, ce sacrement peut être réitéré.

    L'huile des malades est bénite, lors de la messe chrismale pendant la semaine sainte, par l'évêque entouré de tous les prêtres.

    Citations

    Oui, Dieu a créé l'homme incorruptible, il en a fait une image de sa propre nature (Livre de la Sagesse, II, 23. Bible de Jérusalem).

    La vie est un départ et la mort un retour. (Lao-Tseu + 490 av. J-C, Tao-tö-king)

    La mort n’est qu’un épouvantail. (Socrate + 399 av. J.-C.)

    La mort est une loi, non un châtiment. (Sénèque + 39)

    Je confesse que le Christ est Dieu avec le Père et le Saint-Esprit. Il est juste que je lui rende mon âme, à lui mon créateur et mon sauveur. Ainsi la vie ne m’est pas ôtée, elle est transformée en une vie meilleure. Peu importe la faiblesse du corps, par laquelle il se dissout finalement, du moment que mon âme, transportée aux cieux, soit rendue à son créateur. (Epipode, décapité à Lyon + 178)

    La mort n'est peut-être qu'un changement de place. (Marc-Aurèle + 180)

    Si cette vie était la seule, ce serait avec raison que nous craindrions de la perdre. Mais il y en a une autre, qui n’est jamais perdue, et que le Fils de Dieu nous a fait connaître. (Cécile de Rome + 230)

    Aurais-tu peur de la mort ? - Non, car la mort, c’est la vie qui s’ouvre enfin, en toute vérité, dans la lumière divine et pour toujours. (Actes des martyrs)

    Efforçons-nous de ne rien posséder que ce que nous emporterons avec nous dans le tombeau, c'est-à-dire la charité, la douceur et la justice. (Antoine le Grand + 356)

    Tu nous as délivrés, Seigneur, de la crainte de la mort. Tu as fait du terme de notre vie le commencement de la vie véritable… Fais-moi remise de ma sentence afin que je prenne haleine et qu’une fois dépouillée de mon corps, je sois trouvée devant toi sans tache ni ride sur le visage de mon âme. (Prière de Macrine mourante + 379)

    Sache que tu as une âme libre, chef d’œuvre de Dieu, car elle est à l’image de son créateur ; immortelle, parce que Dieu lui a donné l’immortalité. Elle est vivante, douée de raison, incorruptible, et cela grâce à Dieu qui lui a accordé ses faveurs. (Cyrille de Jérusalem + 386, Catéchèses)

    Lorsque les fidèles témoignent aux défunts l’affection d’un cœur qui se souvient et qui prie, leur action est sûrement profitable à ceux qui méritèrent, de leur vivant, que de tels suffrages leur soient appliqués après cette vie. (Augustin d'Hippone + 430)

    Par sa mort, le Christ nous a délivrés de la mort : la mort l'a saisi, et il a tué la mort. Vous le savez, frères, Dieu n'a pas fait la mort, l'Écriture l'affirme : il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants, il a créé toutes choses pour qu'elles subsistent, mais, ajoute l'Écriture, par la jalousie du diable, la mort est entrée dans le monde. Or Jésus, le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, est devenu mortel, car le Verbe s'est fait chair. Il a donc reçu la mort, et il a cloué la mort en croix. C'est ce qui a été donné en figure autrefois : de même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. C'est là un symbole important. Le peuple d'Israël était prostré dans le désert par des morsures de serpents, il mourut un grand nombre de gens. Le Seigneur ordonna à Moïse de faire un serpent d'airain et de l'élever sur une hampe dans le désert, et d'avertir le peuple : si quelqu'un était mordu par un serpent, qu'il regarde le serpent élevé sur la hampe. Quels sont ces serpents qui mordent ? Les péchés qui nous viennent de notre condition mortelle. Quel est le serpent élevé ? Le Christ mort en croix. La morsure du serpent est mortelle, la mort du Seigneur donne vie. […] D'ici là, frères, pour guérir du péché, regardons le Christ en croix. Ceux qui regardaient le serpent de bronze ne périssaient pas des suites des morsures des serpents ; ceux qui contemplent avec foi la mort du Christ sont guéris des morsures des péchés. Jadis ils furent libérés de la mort pour une vie qui n'avait qu'un temps ; maintenant, c'est pour obtenir la vie éternelle. (Augustin, Commentaire sur l'Évangile de Jean)

    Vivez de telle sorte que la fin de la vie - on l’appelle la mort - ne vous effraie pas. Le trépas serait-il une peine lorsqu’il ne conduit pas aux supplices de l’enfer ? (Honorat [+ 430] à ses moines).

    Nous qui sommes en ce siècle des voyageurs et des étrangers, nous devons nous rappeler continuellement que nous ne sommes pas encore arrivés chez nous. (Césaire d'Arles + 543)

    Ne pleurez pas trop ! Les larmes troublent la vue et peuvent obscurcir l’intelligence. (Romuald + 1027)

    Au soir de la vie, même d’une vie d’infidélité, comme au matin, Jésus ne cesse de nous faire entendre ce même appel, impérieux et miséricordieux : « Suis-moi ! » … Seigneur, je ne peux pas dire que je t’ai suivi. Je t’ai souvent perdu de vue… Lève-toi et recommence… Seigneur, tu me fais encore, peut-être pour la dernière fois, la grâce de m’appeler ? … Oui, mon enfant. Veux-tu venir ? … Seigneur je viens ! (Un moine de l’Eglise d’Orient, Simples regards sur le Sauveur).

    Tous les maux d’ici-bas ne durent pas plus longtemps que la vie et la vie n’est qu’un instant. Quant à la récompense de ces maux, elle est immortelle. Si Dieu ne vous frappait pas, vous risqueriez d’être insolvable jusqu’à votre mort. (Lydwine + 1433, grabataire durant 38 ans)

    A la fin du jour, c'est sur l'amour qu'on vous examinera. (Jean de la Croix + 1591, Maxime 80)

    Ce n'est pas la mort que je crains, c'est le mourir. (Montaigne + 1592)

    Ne considérons donc plus la mort comme des païens, mais comme des chrétiens, c’est-à-dire avec l’espérance [...] puisque c’est le privilège spécial des chrétiens. Ne considérons plus un corps comme une charogne infecte, car la nature trompeuse le figure de la sorte, mais comme le temple inviolable et éternel du Saint-Esprit. » « Sans Jésus, la mort est abominable, mais avec lui c’est une chose sainte, douce et joyeuse pour le véritable croyant. (Pascal + 1662)

    La mort ne surprend pas le sage ; il est toujours prêt à partir. (La Fontaine + 1695)

    La mort aux malheureux ne cause point d'effroi. (Racine + 1699)

    Je tiens au défunt par de si fortes chaînes,
    Que je n'y veux penser de plus de trois semaines. (Edme Boursault + 1701)

    Le premier moment de la vie est le premier pas vers la mort. (J.-B. Rousseau + 1778)

    La mort est le commencement de l'immortalité. (Robespierre + 1794, Discours à la Convention nationale du 8 thermidor an II)

    Les vivants sont pressés de jeter le défunt dans l'éternité et de se débarrasser de son cadavre. (Chateaubriand + 1848)

    Si l'on en croyait les épitaphes qui auréolent la mémoire des défunts, chaque mort serait une perle de perfection. (Claudia Bachi + 1854)

    Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
    Elle allait à grands pas, moissonnant et fauchant,
    Noir squelette laissant passer le crépuscule.
    Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
    L'homme suivait des yeux les lueurs de la faux.
    Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
    Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
    Le trône en échafaud et l'échafaud en trône,
    Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
    L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.
    Et les femmes criaient: "Rends-nous ce petit être.
    Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ?"
    Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
    Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
    Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
    Les peuples éperdus semblaient sous la faux sombre
    Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit.
    Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
    Derrière elle le front baigné de douces flammes,
    Un ange souriant portait la gerbe d'âmes. (Victor Hugo, Les Contemplations, Mors, Mai 1854)

    Le disparu, si l'on vénère sa mémoire, est plus précieux et plus puissant que le vivant. (Antoine de Saint-Exupéry + 1944, Citadelle)

    Toute civilisation est hantée, visiblement ou invisiblement, par ce qu’elle pense de la mort. (André Malraux + 1976, Antimémoires)

    La mort n’est rien puisque Dieu, par elle, nous conduit à la vie. Qu’importe de perdre aujourd’hui une vie passagère si nous devons ainsi gagner cette vie pour toujours. (Yves Sterckmann, Lectionnaire Emmaüs, Jean-Pierre Bagot et Grio. 1991)

    La masse des regrets et des remords
    Constitue la pesanteur de la mort.
    L'homme jeune souhaite rencontrer la femme de sa vie ; l'homme âgé espère trouver la femme de sa mort.
    Et si notre existence terrestre n'était qu'une minuscule parenthèse dans la phrase de notre vie réelle ? Et si cette phrase n'était qu'une petite phrase parmi la multitude de phrases écrites dans l'immense Livre de la Vie ? (Jean-Paul Coudeyrette, Autocitations).

    Le jour des morts ne remue pas la terre si tu ne veux sortir les ossements de tes pères (Proverbe)

    .
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    Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie Empty Re: Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie

    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:37

    PETITE HISTOIRE DU PREMIER MAI

    Dans la Rome antique (IIIe s. av. J.-C.), les Floralies, célébrations en l'honneur de Flora, déesse sabine des Fleurs et des Jardins et mère du Printemps, associée à l’aubépine, donnent lieu, en avril, à des réjouissances champêtres qui deviennent rapidement orgiaques ; elles atteignent leur apogée le 1er mai.

    Le nom latin "maius" (mai) désigne le mois consacré à Maia, une des Pléiades, fille du titan Atlas et mère de Mercure, déesse romaine du Printemps et de la Croissance, dont le nom provient de la racine sanscrite "mah" (croître, nourrir).
    Ovide évoque l'instauration d'un culte, le 1er mai, à Rome, à la demande de la vestale Claudia, pour rendre hommage à "Bona Dea" (la Bonne Déesse). Ce jour-là, le prêtre (flamen volcanilis) effectue un sacrifice en l'honneur de Maia et de Vulcain son époux. 1
    Auparavant ce mois était placé sous la protection d'Apollon, et personnifié par un homme entre deux âges, vêtu d'une robe ample à grandes manches, et qui portait une corbeille de fleurs sur la tête. A ses pieds, un paon étalait sa queue parée de belles et brillantes couleurs.

    A en croire le Livre des Invasions de l’Irlande (Lebor Gabâla Erenn), écrit par des moines au IIIe siècle, qui raconte la préhistoire mythique de l'Irlande, les Gaëls débarquent dans le Sud-ouest de l’Irlande le 1er mai, jour de la fête solaire de "Beltène ou Beltaine ou Beltan" (feu de Bel), l’autre grande fête des Celtes (après Samain).
    Beltaine est la fête du feu et des druides. Au lever du jour, ceux-ci allument deux grands bûchers entre lesquels défilent les participants. Afin de prévenir leurs troupeaux contre les maladies, les paysans les font également passer entre les feux.

    "Beltaine, feu de bel, feu bénéfique, à savoir un feu que les Druides faisaient par leur magie ou leurs grandes incantations, et on amenait les troupeaux pour les protéger contre les épidémies chaque année à ces feux. Ils faisaient passer les troupeaux entre eux."

    Au 1er mai, la nature est en plein épanouissement ; le temps est venu de libérer l'énergie vitale, les forces créatrices.
    Beltaine est l'occasion de rassemblements festifs où les jeux de forces cohabitent harmonieusement avec l'art du chant et de la danse.
    On célèbre les épousailles éternelles de la Reine de Mai et du Seigneur de la Lande, qui donneront les fruits et les blés.
    Le chêne préside à la fête, mais la fougère, protectrice, est aussi à l'honneur.

    Saint Patrick allume lui aussi un feu à Beltaine, mais pour fêter les Pâques chrétiennes et les druides disent alors au Roi Loegaire de Tara : « Ce feu que nous voyons, qui que ce soit qui l'ait allumé cette nuit, il ne s'éteindra jamais dans l'éternité. Il prévaudra en outre sur tous les feux de notre coutume, et celui qui l'a allumé (le règne survenant de celui qui l'a allumé cette nuit) nous vaincra tous. Il te soumettra et tous les hommes de ton royaume. Tous les royaumes tomberont devant lui. »

    Le mois de mai, où s'épanouit le printemps, est célébré chez les païens par des cérémonies et des coutumes dont on retrouve des vestiges au moyen âge.

    La nation franque tient au mois de mai de grandes assemblées appelées "Champs de mai".

    Beaucoup de redevances se paient à la même époque, et on les appelle "maiagium" en bas-latin.

    Au Moyen Age, le 1er mai, est l’une des grandes dates de démarrage des contrats d’apprentissage pour de nombreuses corporations d’artisans.

    Le premier mai est dans beaucoup de contrées un jour férié.

    On croit que le lait tiré ce jour-là porte bonheur et que celui qui en boit beaucoup est assuré de ne pas en manquer durant toute l’année.
    Le beurre de mai qu'on prépare, avec certains ingrédients, passe pour posséder de grandes vertus curatives.

    Le Maitrank ou Maiwein est un vin aromatisé saisonnier, spécialité de la région d'Arlon en Belgique, obtenue par la macération dans du vin blanc de Moselle luxembourgeoise, d'inflorescences d'aspérule odorante — qu'on appelle encore « reine des bois » ou « faux muguet » et qui fleurit au mois de mai, d'où le nom — auxquelles on ajoute du sucre, des oranges en tranches et du cognac. Le Maitrank est mentionné pour la première fois par un moine de Prüm (Allemagne) en 854. 8
    On assurait qu'il suffisait d'y tremper les lèvres au 1er mai pour être heureux tout au long de l'année !

    Le premier mai est le jour de la fête de ste Walburge ou Walpurgis, religieuse du VIIIe siècle (d’où le nom de "Nuit de Walpurgis" donné à la nuit du 30 avril au 1er mai durant laquelle les sorcières mènent leur sabbat.

    Il existe une superstition selon laquelle il ne faut pas s'épouser en mai car la femme serait stérile. Les Romains ne se mariaient pas durant ce mois.
    Pour les catholiques, le mois de mai est le mois de Marie.


    Arbre de mai et tableau de mai

    Dans l’Europe médiévale, il est d'usage "d'esmayer" (de planter un arbre vert qu'on appelle "le mai") devant la porte d'une personne que l'on veut honorer ou d’une bonne amie.
    En certaines contrées, cet usage devient même une obligation féodale.
    Le premier mai, on érige sur les prés communaux des mâts enrubannés et décorés avec du muguet et des aubépines.
    La coutume de planter un mai dans les villes subsiste encore au XVIIe siècle, bien que le concile de Milan ait proscrit cet usage en 1579.
    En 1610, à Paris, on plante un mai dans la cour du Palais qui reçoit alors le nom de "Cour du Mai".
    La corporation des orfèvres de Paris est dans l'usage de faire un présent tous les ans à l'église de Notre- Dame, le premier jour de mai.
    En 1449, ils plantent un arbre vert qu'on nomme "le mai verdoyant". Dans la suite, ils élisent pour présenter le mai deux d'entre eux qu'on appelle "les princes du mai".
    En 1499, ils ajoutent au mai une œuvre d'architecture en forme de tabernacle, avec des sonnets, rondeaux et autres pièces de poésie.
    En 1533, le tabernacle est orné de petits tableaux représentant l'histoire de l'Ancien Testament.
    En 1608, ils offrent trois tableaux avec le tabernacle.
    Enfin le présent de mai est converti en un tableau votif qu'un appelle "tableau de mai" ; le sujet est tiré ordinairement des Actes des Apôtres.
    Le "tableau de mai" reste exposé devant le portail les premiers jours du mois, et pendant le reste de ce mois, il est suspendu dans la chapelle de la Vierge.


    Le Premier Mai des travailleurs

    Fabre d’Eglantine (parolier de la célèbre chanson "Il pleut, il pleut bergère"), inventeur des noms des mois du calendrier révolutionnaire décrété par la Convention le 4 frimaire an II (24 novembre 1793), prévoit une fête du Travail fixée au 19 septembre (3 sans-culottides) ; elle est déplacée par Saint-Just au 1er pluviôse (20 janvier).
    En 1848, une fête du Travail (fixée au 4 mars, date de l’abolition de l’esclavage) est instituée dans les colonies françaises. Le 14 juillet 1848 est choisi comme Fête des Travailleurs mais la manifestation doit être annulée à cause des émeutes de juin.

    Le 21 avril 1856, les travailleurs australiens organisent une journée d’arrêt total du travail, afin de manifester pour la journée de 8 heures.
    De nos jours, la "Fête du Travail" est célébrée le Premier Mai, dans de nombreux pays, pour commémorer une grande date de l’histoire syndicale : en novembre 1884, à l’issue du 4e Congrès des Trade Unions à Chicago (USA), les syndicats décident d’organiser un grand rassemblement le 1er mai 1886 pour réclamer la journée de huit heures.
    En Pennsylvanie et dans l’état de New-York, le premier mai est alors le "Moving Day" : jour du début de l’année pour les transactions économiques et engagements de travail. La Federation of Organized Trades and Labor Union (F.O.T.L.U.) appelle donc les ouvriers américains à faire grève le 1er mai 1886 en faveur de la journée de huit heures.
    Le mouvement est un succès en raison du renfort apporté par les "Knights of Labor" (Chevaliers du travail), organisation héritière de traditions maçonniques, alors beaucoup plus puissante que les syndicats.

    La grève est l’occasion de grands défilés ouvriers dans les rues des principales villes industrielles des États-Unis. A Milwaukee, la police, pour répliquer à des jets de pierre, tire, faisant 9 morts.
    Le 3 mai, à Chicago, grève aux usines McCormick : les ouvriers du fabricant de tracteurs exigent l'instauration des huit heures journalières ; 6 manifestants sont tués. Le lendemain, place du Haymarket, un anarchiste lance une bombe sur un détachement de police causant la mort de 8 policiers ; les policiers ripostent par un feu nourri (on ignore toujours le nombre de victimes) ; 5 dirigeants, la plupart d’origine allemande, Engel, Fischer, Lingg, Parsons et Spies, sont condamnés à mort le 20 août ; 4 sont pendus le 11 novembre 1887 (Lingg s'est suicidé dans sa prison) ; leur innocence sera reconnue en 1893.

    Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie Afna
    Gravure illustrant la tragédie de Haymarket Square (journal Harper's Weekly)


    Les ouvriers américains font encore grève les 1er mai 1887, 1888 et 1889.
    Aux États-Unis, bien que le 1er mai y soit né, le Labour Day est fêté le 1er lundi de septembre. En Amérique du Nord, il existe une distinction entre fête du Travail et fête des Travailleurs : la fête du Travail officielle (Labour Day) est célébrée le premier lundi de septembre, il s'agit d'un jour férié marquant traditionnellement la rentrée (scolaire, artistique, etc.) après les vacances d'été ; la fête des Travailleurs, non fériée, a lieu le 1er mai.
    La loi allemande du 1er mai 1889 porte sur les associations coopératives.
    Le premier congrès socialiste international, qui se tient à Paris du 14 au 20 juillet 1889, en l’absence des Trade-unions britanniques et de l'American Federation of Labor, fonde la IIe Internationale et déclare le Premier Mai "journée internationale de revendication des travailleurs" ; il décide d’organiser, chaque année, ce jour-là, une grande manifestation internationale pour demander la journée de huit heures.




    L’églantine

    Le 1er mai 1890, l'idée d'une fête du Travail est associée à cette revendication ; les manifestants portent un petit triangle rouge symbolisant la journée idéale (les 3 x 8 : travail, sommeil, loisirs) ; plus tard ils arborent l’églantine rouge symbole de la Révolution et fleur traditionnelle du Nord de la France ; Barrès (Cahiers, t. 11, 1917-18, p. 214) qualifie les socialistes et les communistes de "églantinards".




    La manifestation internationale du 1er mai 1890 connaît un immense succès.

    Le 1er mai 1891, en France, à Fourmies dans le Nord, l’armée ouvre le feu sur les manifestants faisant 9 morts et une soixantaine de blessés ; il y a aussi des heurts très violents avec la police à Clichy.
    Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie 8k6t
    L'échauffourée de Clichy

    Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.

    Le 1er mai 1894, près de Chicago, une manifestation de soutien aux ouvriers de Pullman est brutalement réprimée : 2 morts.

    Le 1er mai 1906, à Paris, une manifestation violente pour la journée de huit heures se solde par 800 arrestations et beaucoup de blessés (la troupe a été mobilisée par Clemenceau).
    A Hambourg, 6.000 ouvriers, qui fêtent et chôment ce 1er mai, sont licenciés.

    Le 6 juin 1906, le conseil municipal de Paris se prononce pour que le 1er mai soit férié.


    Le muguet

    Le 1er mai 1907, apparaît le muguet de mai (Convallaria majalis), fleur traditionnelle de l’Ile de France, symbole du printemps et du renouveau. L’églantine et le muguet sont considérés comme des porte-bonheur.
    Il faut attendre 1976 pour que le muguet soit totalement associé à la fête du 1er mai. Sur la boutonnière des manifestants, il remplace alors l'églantine et le triangle rouge qui symbolise la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs. 6
    Selon la légende grecque, le muguet fut créé par Apollon, dieu du mont Parnasse, pour en tapisser le sol, afin que ses neuf muses ne s'abîment pas les pieds 7.
    Les marins de l’antiquité emmènent du muguet afin de conjurer le mauvais sort.
    Les Celtes prêtent au muguet des vertus porte-bonheur.
    La déesse nordique, Ostara, célébrée à l'équinoxe de printemps, est associée au muguet ; des "Mâts de Mai" ou "Arbres de Mai" sont parfois utilisés dans le cadre des festivités d'Ostara. 7
    Le brin de muguet est souvent associé à la Vierge Marie (les larmes qu'elle versa au pied de la croix auraient donné naissance aux fleurs de muguet en forme de clochettes blanches) ; toutefois ses baies rouges contiennent un puissant bouillon d’onze heures. 7
    On dit que le roi Charles IX, âgé de dix ans, est le premier à offrir du muguet (appelé "lys des vallées") aux dames de la cour le 1er mai 1561.
    Au XVIIIe siècle, le muguet passe pour aphrodisiaque.

    Jusqu’en 1914, dans de nombreuses régions de France, les jeunes gens déclarent leur flamme à leur belle, le 1er mai, avec des branches et des fleurs ornés de rubans.
    Longtemps, sont organisés en Europe des "bals du muguet". C'est d'ailleurs l'un des seuls bals de l'année où les parents n'ont pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s'habillent de blanc et les garçons ornent leur boutonnière d'un brin de muguet.
    A Paris, au début du XXe siècle, les couturiers en offrent trois brins aux ouvrières et aux petites mains.
    La vente du muguet dans les rues de Nantes commence peu après 1932, avec l'instauration de la "fête du lait de mai" par Aimé Delrue. Elle se répand ensuite à toute la France aux environs de 1936 avec l'avènement des congés payés. La vente du muguet par les particuliers et les associations non munis d'une autorisation est tolérée le 1er mai en France 5.
    En 1982, le muguet devient la fleur nationale de la Finlande.


    Le 1er mai 1907, à Paris, un anarchiste russe, Jacob Law, est arrêté pour avoir tiré sur les cuirassiers qui répriment la manifestation.
    L'Union ouvrière du Premier Mai de La Paz (Bolivie) envoie un rapport à l’Internationale.

    Le Parti socialiste brésilien est fondé le 1er mai 1912.

    En 1916, des Allemands opposés à la guerre, rassemblés dans le groupe "Die Internationale", organisent le 1er mai une manifestation à Berlin sur les mots d’ordre : « À bas le gouvernement ! À bas la guerre ! »

    Les musulmans de Russie tiennent leur premier congrès panmusulman à Kazan (Tatarstan) le 1er mai 1917.

    En France, la journée de huit heures n'est obtenue, après bien des conflits, qu'en 1919 par la loi du 23 avril qui, en outre, fait du 1er mai suivant, à titre exceptionnel, une journée chômée.
    Une manifestation importante se déroule à Paris, ce 1er mai 1919, pour fêter cette victoire, mais, suite aux affrontements entre syndicalistes et forces de police, il y a un mort et des centaines de blessés.

    En 1920, le Premier Mai donne lieu à une manifestation spectaculaire à Ueno (Japon) et la Russie bolchévique en fait un jour chômé, fête légale des travailleurs.

    Le 1er mai 1929, à Berlin, il y a des heurts violents entre les communistes et les policiers (8 morts et 140 blessés).

    En 1933, Hitler fait du 1er mai une journée chômée et payée : le "Jour du travail national".

    Le chancelier d’Autriche, Engelbert Dollfuss, impose le 1er mai 1934 une Constitution du type corporatiste, prévoyant des élections "quand les circonstances le permettraient".

    Le 1er mai 1936, en Espagne, le congrès de la Confédération Nationale du Travail dénonce la conspiration militaire antirépublicaine sans que le gouvernement de Frente Popular réagisse.
    Ce jour-là, on vend, en France, des bouquets de muguet cravatés de rouge.

    En France, le Front Populaire organise une immense manifestation le 1er mai 1937.

    La Loi du 12 avril 1941, modifiée par la loi du 26 avril 1941, consacre le Premier Mai "Fête du Travail et de la Concorde sociale" : "Art. 1er : le 1er mai est jour férié. Art. 2 : ce jour sera chômé comme fête du travail et de la concorde sociale sans qu’il en résulte une réduction du salaire des travailleurs. Dans les cas où, en raison de la nature du travail, celui-ci ne pourrait être interrompu, le travailleur bénéficiera d’une indemnité compensatoire à la charge de l’employeur."

    La Loi du 30 avril 1947 (sur proposition des députés Mayer et Croizat) déclare le Premier Mai "jour chômé et payé intégralement" dans toutes les entreprises.
    Elle est modifiée par la Loi du 29 avril 1948 qui officialise la dénomination "Fête du Travail".

    Les défilés étant interdits lors des guerres d'Indochine et d'Algérie, la fête disparaît dans les années 1950 et 1960.
    Il faut attendre le 1er mai 1968 pour que la CGT réorganise une grande manifestation dans les rues de Paris.

    Le dimanche 1er mai 1955, dans l’après-midi, sur la place Saint-Pierre à Rome, Pie XII déclare aux membres du congrès des Associations chrétiennes des travailleurs italiens : « Nous avons le plaisir de vous annoncer Notre détermination d’instituer, comme, de fait, nous instituons, la fête liturgique de Saint Joseph Artisan, en la fixant précisément ». Les textes de la messe et de l’office de Saint-Joseph-Artisan, exemple et protecteur des travailleurs (double de première classe), sont publiés le 24 avril 1956 par la Sacré Congrégation des Rites. 3

    En 1961, pendant la marche des travailleurs du 1er mai, Fidel Castro annonce que Cuba est désormais une nation socialiste et que « la révolution n'a pas de temps pour des élections ».

    En 1970, à Paris, les syndicats et les partis de gauche défilent ensemble pour la première fois.

    Une immense fête populaire marque le 1er mai 1974 au Portugal. Portés par la Révolution des œillets, des partis politiques se constituent ou sortent de la clandestinité. La censure est abolie. Le droit d’association, le droit de grève et la liberté syndicale sont rétablis, des élections libres promises à bref délai. Après quelques heures de flottement dans les chancelleries prises au dépourvu, les reconnaissances internationales affluent.

    Les célébrations du 1er mai à Istanbul (Turquie), en 1976 et en 1977, réunissent entre 300.000 et 500.000 personnes. Lors des manifestations de 1977, sur la place Taksimen, des snipers non-identifiés tirent sur la foule, faisant 34 morts.

    Le 1er mai 1978, le colonel Kadhafi appelle les Libyens à prendre la direction de leurs entreprises et tous les travailleurs du monde à se libérer du salariat par l’association.
    Selon la charte du 1er mai 1978, toutes les entreprises publiques malgaches doivent se transformer en "entreprises socialistes" et les coopératives en "coopératives socialistes", ce qui signifie la prise du pouvoir par les travailleurs. Malgré l’incitation officielle, pressante, la socialisation ne se fait pas.

    Selon la Déclaration du gouvernement surinamien du 1er mai 1980 et le Manifeste de la Révolution du 1er mai 1981, les cinq premières années qui ont suivi l’indépendance du Surinam (1975) ont été négatives.

    Au Paraguay, a lieu le 1er mai 1985 une manifestation massive de milliers de travailleurs, la première organisée hors du cadre officiel en plus de vingt ans, qui voit naître le Mouvement intersyndical des travailleurs (M.I.T.).

    En 1988, le Front National, parti politique français fondé en 1972, choisit le Premier Mai pour honorer Jeanne d’Arc.

    En Roumanie, la biographie militante du couple Ceausescu est largement développée à l’occasion des fêtes du 1er mai 1989.

    Le 1er mai 1990, Mikhaïl Gorbatchev, hué par des milliers de manifestants sur la place Rouge, quitte la tribune avant la fin du défilé.

    Le 1er mai 1991, des dizaines de milliers d’étudiants, réclamant la démission du président Roh Tae-woo, défilent dans les rues de Séoul et de Kwangju (Corée du Sud), afin de protester contre la mort d’un étudiant, battu par la police, le 26 avril. Dénonçant les violences policières, un étudiant s’immole par le feu.

    Le 1er mai 1993, l’ex-premier ministre de la République française, Pierre Bérégovoy, se donne la mort, avec l’arme de service de son garde du corps, sur le bord d’un canal à Nevers dont il est le maire.
    Le même jour, les "Liberation Tigers of Tamil Eelam" (L.T.T.E) assassinent le président Ranasinghe Premadasa en plein centre de Colombo (Sri Lanka) lors du défilé.

    Au Brésil, le 1er mai 1994, le Parti des travailleurs annonce officiellement la candidature de Luís Inácio da Silva, dit Lula à l’élection présidentielle d’octobre.

    En 1995, la Confédération Nationale du Travail (C.N.T.), organisation anarcho-syndicaliste française fondée en 1946 et reconnaissable à son emblème (un chat noir hérissé sur fond rouge), participe, pour la première fois, au défilé du 1er mai.

    Le 1er mai 2002, 1.300.000 personnes descendent dans les rues de plusieurs villes de France pour marquer leur opposition au candidat du Front National, Jean-Marie Le Pen, arrivé au second tour de l'élection présidentielle.
    Le même jour, 2.000 prostituées défilent à Calcutta (Bengale) pour réclamer la légalisation de la prostitution et de meilleures conditions de travail.
    En France, des milliers de personnes reçoivent un SMS, accompagné d'un bouquet de muguet virtuel, sur leur portable, les invitant à composer un numéro à l'occasion de la fête du premier mai. D'autres abonnés reçoivent le message : "Quelqu'un que tu connais t'aime en secret, et nous a chargés de te prévenir. Devine vite qui a flashé sur toi en appelant le 08 99 7XXXX."  Évidemment le numéro que l'on incite ainsi à composer, numéro audiotel, est lourdement surtaxé (1,35 euro dès l'appel puis 0,34 euro pour chaque minute de connexion)...

    Le 1er Mai 2008, entre en vigueur, en France, le nouveau Code du travail : Loi n° 2008-67 du 21 janvier 2008 ratifiant l'ordonnance n° 2007-329 du 12 mars 2007 relative au code du travail (partie législative) parue au JORF n°0018 du 22 janvier 2008.

    Le 1er Mai 2014 vire à l'affrontement entre policiers et manifestants à Istanbul (Turquie) : 90 blessés et 142 interpellations, selon le bilan officiel.


    Citations

    Le capital est du travail volé. (Auguste Blanqui 1805-1881)

    (...) Le capital c’est du travail accumulé (...) Le capital, c’est le travail de plusieurs accumulé par un seul. (Paul Laffitte 1839-1909)

    Le travail, c’est une belle invention, parce que tout le monde croit que c’est sacré. (Roger Fournier, Journal d'un jeune marié, 1967)

    Les hommes ont toujours vu, dans le muguet, un porte-bonheur. Privilège enviable qu'il partage avec le fer à cheval, le nombre 13 et la crotte de chien. Moins encombrant que le premier, moins abstrait que le second, moins direct que le troisième, il possède en outre l'avantage de pouvoir se porter à la boutonnière. (Jean-Paul Lacroix, écrivain)

    Dictons

    S'il pleut le 1er mai peu de coings, s'il pleut le 2 ils sont véreux, s'il pleut le 3 il n'y en a pas.
    Si le dicton dit vrai, méchante femme s'épouse en mai.
    Mariages de mai ne fleurissent jamais.
    Femme de mai plaît toujours.
    Mai, mois fleuri, mois béni.
    Mai, mois de fleurs, mois de pleurs.
    Mai froid n'enrichit.
    Petite pluie de mai rend tout le monde gai.
    Mai pluvieux, laboureur joyeux.
    Mai pluvieux marie le laboureur et sa fille.
    En avril, ne te découvre pas d’un fil ; en mai, fais ce qu’il plaît ; en juin, tu te vêtiras d’un rien.
    Pendant le mois de mai, couvre-toi plus que jamais.


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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:37

    Satan, Lucifer, le Diable, le Démon, le Malin, le Serpent, le Dragon, Léonard

    En face des anges fidèles, la Bible présente les anges rebelles ayant à leur tête Satan (de l’expression hébraïque "ha-satan" : le satan ; dans Zacharie et dans le Livre de Job, il s’agit d’un nom commun, « le satan » (d'un verbe hébreu signifiant : "accuser, s'opposer"), qui désigne un des anges serviteurs de Dieu, l’accusateur de l’homme, un espion rassemblant des renseignements sur les êtres humains lors de ses voyages terrestres ; ce n’est que dans les Chroniques qu’il devient un nom propre, celui de l'adversaire de Dieu) 16 ou Lucifer [celui qui « porte la lumière », c’est également le nom de Vénus (astre ou étoile du matin) et celui du roi de Babylone dans Isaïe (14,12)] ou le Diable (en grec "diabolos" : celui qui désunit) ou le Serpent ou le Dragon (Léviathan, Béhémoth) ou la Bête ou Bélial ou le Prince des ténèbres ou le Malin ou Moloch (auquel Moïse fait allusion) qui, depuis Adam, attire l’homme vers le mal, ou encore Azazel et Samaël.

    Pour certains démonologues, Satan est un prince révolutionnaire dans l'empire de Belzébuth.
    Dans la tradition juive tardive et donc dans la pensée chrétienne primitive, on commence à considérer Satan comme un adversaire non seulement des hommes mais aussi et surtout de Dieu. Ce développement est probablement le résultat de l’influence de la religion zoroastrienne, avec ses pouvoirs opposés du bien (Ahura Mazda) et du mal (Ahriman). Mais dans le judaïsme et dans le christianisme, le dualisme est toujours provisoire ou temporaire, le diable étant finalement soumis par Dieu. En France, au XIe siècle, le diable est appelé "Aversier" (Adversaire).
    Dans les écrits de la secte de Qumran conservés dans les Manuscrits de la mer Morte, le diable est personnifié par Bélial, l’esprit de la méchanceté.
    Le plus beau de tous les esprits purs, un séraphin ou un chérubin, prend la tête des anges rebelles : il veut être heureux en lui-même par ses propres forces. Tout au moins, il veut mériter strictement cette béatitude que Dieu lui donnerait alors comme un salaire. Il veut ne rien tenir du Créateur et, tout en étant maître des autres créatures, se soustraire à la règle imposée par le Supérieur de toutes choses : « C'est vouloir commander et ne pas obéir, et en cela consiste le péché d'orgueil ; aussi a-t-on raison de dire que le premier péché du démon fut l'orgueil » (Thomas d'Aquin).

    Jésus déclare : « Il (le Diable, ndlr) a été homicide dès le commencement, et n'est point demeuré dans la vérité, parce qu'il n'y a point de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur et père du mensonge » (Jean 8,44)

    C'est au Moyen Âge que le diable connaît sa gloire, dans la tradition occidentale. On le représente sous les traits d'un serpent, mais aussi d'un crapaud, d'une chauve-souris, d'un léopard, d'un chat noir, d'un bouc ou d'un singe... Il est dragon, créature hybride, corps velu à tête de bouc, mais peut aussi se révéler, surtout auprès des dames, un homme très séduisant. On prétendait, au Moyen Âge, que les coquettes qui passaient trop de temps devant leur miroir finiraient par y voir le diable, et que leur visage deviendrait aussi laid que l'arrière-train qu'il leur montrait. Héritage celtique ? Comme le dieu gaulois Cernunnos qui porte sur son front de splendides cornes de cerf, le diable a des cornes. C'est aussi en se référant au dieu Moloch que l'on a façonné l'image du diable, empruntant à la cruelle idole ses cornes, sa fourche (sur certaines statues, le bras se terminait par un gril sur lequel était exposée la victime jusqu'à ce que son corps bascule dans un bassin d'airain disposé aux pieds de Baal-Moloch) et l’allusion au feu « infernal ». La figure médiévale traditionnelle de personnage cornu et barbu aux pieds de bouc est également due à l’influence du dieu Pan et des satyres antiques qui, au moment où l’empire romain se convertit au christianisme, devinrent les démons et les mauvais esprits de la nouvelle religion. Pan, fils de Zeus et de la nymphe Callisto, principalement adoré en Arcadie, présidait aux troupeaux et passait pour l'inventeur d'un instrument de musique qualifié de chalumeau. Muni de cornes, de pieds de chèvres et d'une petite queue, on lui donnait pour compagnons les égipans, les faunes et les satyres, et il passait pour un grand amateur de filles vierges et de jeunes éphèbes. Certaines nymphes, telles que Syrinx et Echo, avaient cependant repoussé ses avances. Est-ce de là que provenaient ses accès de méchanceté, la terreur que son apparition soudaine provoquait parmi les voyageurs et les populations superstitieuses des montagnes de la Grèce ? Considéré à la fin du monde antique comme le Grand Tout, la vie universelle, il fut rapidement assimilé à un démon, puis au Prince des incubes ayant Lilith pour parèdre. Pour les psychanalystes, Pan représente la libido. Il est le symbole de l'élan vital, de toutes les forces de la nature débordante.

    Sous son apparence caprine, le diable prend le nom de "Léonard", le grand Bouc noir qui préside au sabbat des sorcières. Démon des premiers ordres, grand maître des sabbats, Léonard est le chef des démons subalternes et inspecteur général de la sorcellerie, de la magie noire et des sorciers. On l'appelle souvent "le Grand Nègre". Il préside au sabbat sous la figure d'un bouc de haute taille. Il a trois cornes sur la tête, deux oreilles de renard, les cheveux hérissés, les yeux ronds, enflammés et fort ouverts, une barbe de chèvre et un visage au derrière, des pieds en pattes d’oie. Les sorciers l'adorent en baisant son visage inférieur, une chandelle verte à la main. Quelquefois, il ressemble à un lévrier ou à un bœuf ou encore à un grand oiseau noir ou un tronc d'arbre surmonté d'un visage ténébreux. Léonard est taciturne et mélancolique, mais dans toutes les assemblées de sorciers et de diables où il est obligé de figurer, il se montre avantageux et déploie une gravité superbe.

    Le Dragon, incarnation de Satan, donne sa puissance à la Bête (Apocalypse 13,1). L’ange qui tient la clef de l’abîme "se saisit du Dragon, l’antique Serpent, qui est le Diable et Satan" et l’enchaîne pour mille ans (Ap 20, 1-2).

    Les aspects du démon sont incroyablement variés et c’est pourquoi la subtilité des théologiens prêta au diable une ambivalence seule capable d’expliquer qu’il puisse être à la fois terrifiant et séducteur. Car ce sont là, on le comprend fort aisément, des apparences inconciliables : comment séduire, tenter l’âme du pécheur si on commence par le terrifier ? Et comment le terrifier si on commence par le séduire ?

    Le "Prince de ce siècle", comme l’appelle saint Paul, dispose donc d’un grand nombre de moyens d’action pour gagner à sa cause l’âme des hommes faibles ou luxurieux.
    Tour à tour dragon horrible ou jeune fille séduisante, il attaquera l’homme selon des voies multiples, adaptées à chaque cas. C’est pourquoi on le voit apparaître, dans l’immensité des déserts d’Egypte, par exemple, où il va tenter des ascètes comme saint Antoine, sous les traits d’un serpent ou d’un monstre hideux, propre à glacer le sang de tout homme aux nerfs un peu fragiles ou sous ceux d’une très belle femme, propre à enflammer le plus aguerri des ermites. Ces manœuvres échouent pour la plupart mais les Vies des Pères du désert regorgent d’exemples analogues et révèlent déjà, chez le diable, une personnalité bien affirmée.

    "Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera." (1 Pierre 5.8)
    "(...) Satan lui-même se déguise en ange de lumière." (2 Corinthiens 11,14)
    Satan, Lucifer, Samaël, Azazel, Bélial, Mastéma, Léviathan, Serpent, Dragon (terrassé par saint Michel et saint Georges), Léonard, tels sont donc quelques-uns des noms et aussi des aspects du Diable.

    Cette fusion en un seul être, le Diable chrétien, chef de l'Enfer, de personnages autrefois distincts (serpent biblique séducteur d’Eve, astre du matin du nom de Lucifer, adversaire de Yahvé sous le nom de Satan) est sans doute à l’origine de ce pouvoir de métamorphose qu’on lui prête volontiers.

    Les anges déchus

    Le livre de l’Apocalypse évoque la lutte des anges rebelles contre les anges fidèles, et leur défaite face à l’archange Michel qui les chasse du ciel.
    L’Eglise croit à leur influence mauvaise, et même à des cas de possession contre lesquels elle agit par exorcisme ; mais elle refuse le dualisme manichéen (2 principes égaux du Bien et du Mal) et affirme que, créés bons, les démons sont devenus mauvais par leur faute et que, s’ils peuvent tenter l’homme, ils restent soumis à la toute-puissance de Dieu.

    Selon le Pseudo Denys l’Aréopagite, les démons sont des anges révoltés contre Dieu ; ils ont trahi leur nature, mais ne sont mauvais ni par leur origine, ni par leur nature. S’ils étaient naturellement mauvais, ils ne procéderaient pas du Bien, ils ne compteraient pas au rang des êtres, et d’ailleurs comment se seraient-ils séparés des bons anges si leur nature avait été mauvaise de toute éternité ? « La race des démons n’est donc pas mauvaise en tant qu’elle se conforme à sa nature mais bien en tant qu’elle ne s’y conforme pas ».
    Honorius d’Autun, probablement moine irlandais auteur de l’Elucidarium (vers 1150) déformé plus tard en Lucidaire, ajoute aux données bibliques des éléments des légendes irlandaises de la Vision de Tungdal (diables hideux et cruels résidant en Enfer). Le Lucidaire inspira la Divine Comédie de Dante.

    Au XVe siècle, Denys le Chartreux (Denys Leeuwis ou Van Leeuven, né à Ryckel dans le Limbourg belge, 1402 1471), répand les concepts de la Vision de Tungdal, ajoutant la notion biblique de "tentateur" (le Diable, cherchant à avoir de nombreuses victimes à tourmenter pour l’éternité, s’efforce de les faire tomber en enfer). Du XVe s. date l’expression de "Malin", signifiant "cruel et rusé".

    Les démons, au sens chrétien du terme, c’est-à-dire les esprits mauvais composant la suite de Satan, sont tous des anges déchus, qui ont perdu leur habitat céleste, mais dont la nature est identique à celle des anges et qui furent, au même titre qu’eux, créés par Dieu.
    Ceci les distingue radicalement des démons manichéens, par exemple, qui sont des créations de l’esprit des Ténèbres et foncièrement distincts des anges ou créatures célestes composant le cortège du dieu bon.

    Cette différence est importante car elle implique que le Mal et ses prosélytes et instruments que sont les démons n’est pas pour le dogme chrétien une entité distincte du Bien, mais une perversion, une déchéance de ce dernier.

    Pourquoi certains sont-ils devenus des démons et furent-ils chassés du ciel ?
    Il existe deux réponses traditionnelles différentes :

    - La première, d’origine évangélique, indique que certains anges, sous la conduite de Lucifer, se seraient révoltés lors de la création de l’homme et auraient voulu faire obstacle au plan divin.
    - La seconde, d’origine biblique, indique que certains anges, ayant trouvé fort belles les filles des hommes, descendirent sur terre pour s’unir à elles, perdant ainsi leurs privilèges angéliques.
    La première de ces traditions figure notamment dans l’Epître aux Ephésiens de Paul. Lucifer s’est révolté contre Dieu au moment où celui-ci créa Adam. L’archange saint Michel le chassa alors du ciel et le précipita dans l’abîme. D’autres anges (un tiers des anges selon la tradition), qui, prirent fait et cause pour Lucifer, furent précipités avec lui et relégués dans cet espace intermédiaire qui sépare la terre du ciel (le Graal aurait été taillé par les anges dans l’émeraude tombée du front de Lucifer pendant sa chute). Toujours présents, volant dans les airs, ils ne cessent de harceler les hommes qui doivent, dit saint Paul, « revêtir l’armure de Dieu pour pouvoir résister aux manœuvres du diable ». Et il ajoute : « Car ce n’est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter mais contre les Puissances, contre les Principautés, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du Mal qui habitent les espaces célestes. »

    L’autre tradition est mentionnée dans la Genèse (6,1-4) en des termes qui déjouent depuis longtemps la sagacité des exégètes et des théologiens : « Alors que les hommes avaient commencé à se multiplier sur la surface du sol et que des filles leur étaient nées, les "elohim" (fils de Dieu) virent que les filles d’homme étaient belles et ils prirent pour femmes celles de leur choix. Le Seigneur dit : « Mon esprit ne dirigera pas toujours l’homme, étant donné ses erreurs ; il n’est que chair et ses jours seront de cent vingt ans. » En ces jours, les "Néphilim" (géants) étaient sur la terre et ils y étaient encore lorsque les fils de Dieu vinrent trouver des filles d’homme et eurent d’elles des enfants. Ce sont les héros d’autrefois, ces hommes de renom. »
    Hennins suppose que le terme hébreu "Néphilim", traduit ordinairement par "géants", signifie "nécromanciens", de "nephi" (cadavre) ; le plus souvent, en effet, il fallait un cadavre pour évoquer l'âme des morts.

    La majorité des versions anciennes de la Bible, incluant la Septante, Théodotion, la Vulgate, les traductions de la Bible Samaritaine, le Targum Onkeloset le Targum Neofiti, interprètent le mot comme signifiant "géants". Symmaque l'Ébionite, au IIe siècle, le traduit par "les violents" et la traduction d'Aquila de Sinope, datant de la même période, signifie, soit "ceux qui sont tombés", soit "ceux qui tombent" (sous-entendu: "sur leurs ennemis"). Le dictionnaire Brown-Driver-Briggs définit les "nephilim" comme étant des "géants". Bon nombre d'interprétations parmi celles suggérées sont basées sur l'hypothèse que le mot est dérivé de la racine hébraïque "n-ph-l", signifiant "tomber". Selon Robert Baker Girdlestone, les "nephilim" seraient plutôt ceux qui "font tomber". Adam Clarke comprend le mot comme un passé : "tombés", "apostats". Ronald Hendel défend également l'idée qu'il s'agit d'une forme passive, "ceux qui sont tombés". 11
    Ces géants eurent des descendants fameux : voir Nombres (13, 32-33), Deutéronome (1, 20-21 ; 3, 11 ; 9, 12), 1er livre de Samuel (17, 4-7), IIe livre de Samuel (21, 15-22), Livre de Baruch (3, 26-28). Selon l’Ancien Testament, Goliath mesurait environ 3 mètres, mais les manuscrits de Qumran, antérieurs, indiquent qu’il atteignait près de 2 mètres (ce qui en faisait un être très grand par rapport à la moyenne de l’époque qui était de 1 m 58). La découverte de squelettes de haute stature dans la région de Bashan prouve l’existence des Rephaïm (géants descendants de Rapha).

    Les Pères de l'Eglise, Jean Chrysostome, Cyrille, Théodoret et Augustin, enseignent que les fils de Dieu sont les pieux descendants de Seth et que les filles des hommes appartiennent à la race perverse de Caïn.

    Le Livre d’Enoch (patriarche enlevé vivant au ciel par Yahvé et censé avoir eu communication des mystères de la vie et de la mort), livre apocryphe de l’Ancien Testament, cité par saint Jude, raconte qu’au début de la lutte contre le créateur, le chef des esprits rebelles est Samiaxas (ou Semiazas). Il veut se faire homme pour s'unir aux filles des hommes ; 20 autres anges partagent sa résolution. Finalement, ils sont 200 en tout. Ils descendent sur Ardis, le sommet du mont Hermon. Tous ces anges ont quitté le ciel pour regarder les femmes afin de les choisir. Tous s'assemblent sur la montagne du serment et jurent de devenir des hommes, par amour pour les filles de la terre. Samiaxas et ses anges s'unissent aux femmes et engendrent les géants. Ces géants, issus du commerce des anges et des filles des hommes, sont les premiers anthropophages.

    Dans la chute des anges, racontée au Livre d’Enoch, il n'est pas question d'une lutte contre Dieu. Hénoch attribue aux anges faits hommes la découverte de la magie et l'enseignement de la divination. Ils façonnent les joyaux et les pierreries. Les femmes sont initiées aux grands mystères, initiation regardée comme une profanation par les anciens cabalistes. Emus des douleurs de la terre, les quatre anges de l'harmonie demandent à Dieu la fin de ses maux. Dieu trouve le déluge nécessaire ; la famille de Noé mérite seule d'être sauvée. Azazel, le dernier des anges déchus, après s'être révolté contre Samiaxas, s'était élevé au rang de chef des rebelles. Dieu ordonne à Raphaël, l'ange de la vraie science, de jeter Azazel dans une caverne, au désert de Dodoel. Raphaël reçoit ensuite du Seigneur la mission de retourner du côté de la vérité les révélations magiques faites aux hommes par Azazel. Ainsi, d'après Hénoch, pour réparer le mal fait à l'humanité par les enseignements du diable ou de la fausse science, de la magie noire, un ange lui apprit à se servir des connaissances acquises pour arriver à la vraie lumière, à la pure magie. Le génie de la fausse science est enfermé, pour qu'il ne puisse plus nuire aux hommes. L'auteur du livre d’Enoch dit que les âmes hybrides des géants flottent dans l'atmosphère et forment des courants mauvais. « Certains anges virent que les filles des hommes étaient belles et ils s’unirent à elles. Leurs descendants furent ces Néphilim ou géants des premiers temps. Le chef des mauvais anges s’appelait Azazel et il apprit aux hommes à fabriquer des épées et des glaives, des boucliers et des cuirasses pour se protéger la poitrine et il leur montra les métaux et l’art de les travailler, l’art de peindre le tour des yeux à l’antimoine et d’embellir les paupières et l’art de travailler les pierres précieuses... » (Livre d’Enoch). Il semble donc que ces « fils de Dieu » sont des anges qui quittèrent leur habitat céleste et « churent » sur la terre.

    Ce sont ces anges déchus que Dieu « a enchaînés dans les ténèbres pour se les réserver en vue du Jugement », dit la seconde Epître de Paul. L’Apocalypse en parle en des termes identiques.
    Il existerait pour les démons chrétiens deux habitats distincts : l’air entourant la terre (tout particulièrement la zone d’ombre que projette la terre dans l’espace à l’opposé du soleil) et les ténèbres, c’est-à-dire les abîmes souterrains de la terre. Cette dernière conception devait, en tout cas, devenir plus populaire que la première car c’est elle qui prévalut, en fait, dans les visions ultérieures du monde démoniaque.

    Au temps même de Paul les textes évangéliques laissent entendre que le Christ lui-même, pendant les 3 jours de sa mort, descend dans l’Hadès (Paul emploie ce mot grec pour désigner l’enfer) pour y « prêcher aux esprits en prison ».
    Ces « esprits en prison » ont donné lieu à bien des commentaires et des interprétations : on les identifie tour à tour avec les anges déchus cités plus haut et enchaînés par Dieu dans les ténèbres, ou avec les esprits des défunts noyés au moment du Déluge, interprétation que donne Paul lui-même.

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:38

    Belzébuth est le "prince des démons", celui que la démonologie chrétienne adoptera comme "lieutenant de Satan".

    C’est une créature gigantesque, dont la tête est entourée d’un bandeau de feu ou qui porte une ceinture de feu, au visage bouffi, aux yeux étincelants, aux sourcils relevés et à l'air menaçant, aux larges narines, nantie de cornes, avec des ailes de chauve-souris, des pattes de canard et une queue de lion. Quand il est en colère, il vomit des flammes et hurle comme un loup. Les Hébreux, dans leurs égarements idolâtriques, allèrent quelquefois consulter sur l'avenir Belzébuth, considéré comme le chef des esprits malins dans la démonologie du Nouveau Testament (Matthieu XII, 24-27 ; Marc III, 22-24 ; Luc XI, 15-19).

    En Syrie, il était Bêelzéboul ou "Baal-Zeboub" (le "seigneur des mouches") ; il a été souvent utilisé dans la démonologie médiévale et la sorcellerie. Selon les Clavicules de Salomon, il apparaît quelquefois comme un veau énorme ou un bouc muni d'une longue queue, mais se montre, le plus souvent, sous la forme d'une énorme mouche. On a cherché d’autres explications du nom de Belzébuth en lisant "Bel-zeboul, le maître, le seigneur des demeures", et "Beel d'bobo", mots syriaques signifiant "le maître de la calomnie", c'est-à-dire le calomniateur ("Beel d'bobo" correspond exactement au mot grec "diabolos" dont nous avons fait "diable").


    Léviathan (Bête qui se tortille), monstre marin d’origine babylonienne et égyptienne (dragon marin ou crocodile), antique personnification de l’Abîme, devint dans la démonologie postérieure, un démon androgyne, avec le grade de grand amiral (sans doute parce qu’il personnifiait l’Abîme marin). Certains en ont fait une baleine, d’autres un crocodile. Léviathan désigne aussi l'universalité des poissons. C’est un grand menteur, responsable de nombreuses possessions. Il est coriace et difficile à exorciser. Dieu « fracasse les têtes de Léviathan pour en faire la pâture des bêtes sauvages » (Psaumes 74,14).


    Baalberith, secrétaire général et archiviste des Enfers, est le maître des alliances. Les Phéniciens prêtaient serment devant lui.


    Astaroth, avec le titre de grand-duc, règne à l’ouest de l’enfer. Il commande 40 légions. On le représente généralement comme un ange anthropomorphe, laid et nu, tenant une vipère dans la main gauche et chevauchant un dragon. Il assume les fonctions de trésorier infernal et joue un rôle assez équivoque car il lui arrive de protéger les hommes et de leur dévoiler l’avenir. Il donne de très bons conseils quand on établit des lois nouvelles. Il procure l'amitié des grands seigneurs. Il enseigne les arts libéraux et permet de connaître le présent et l'avenir. On ne peut l'évoquer que le mercredi. Il connaît toute l’histoire de la Création, les fautes et les chutes des Anges. Il est cité comme l’un des sept Princes de l’Enfer qui visitèrent Faust. On ne peut se prémunir de son insupportable puanteur qu'en se bouchant le nez avec un anneau magique. Sa femme est Astarté (la grande déesse phénicienne, elle-même déformation d’Ishtar), reine de l'élégance dans le sombre royaume.


    Bélial (beli-ya’al = "malfaisant, vaurien") ou Béliar, Bélias qui, comme tous les démons ayant dans leur nom la racine "Bel ou Bal", est une ancienne divinité phénicienne ou cananéenne. "Prince de la Tromperie et Esprit des ténèbres", il est à la fois très vicieux (parce qu'il avait un culte à Sodome, il devint le démon de la s........ et de la pédérastie et le patron des incubes) et très drôle, ce qui n’est pas incompatible, et se promène d’ordinaire sur un char de feu (Bélial illustrait les cultes de l'Antiquité pour les chrétiens qui le représentaient conduisant un char de feu). C’est lui que l’Apocalypse désigne sous le nom de "La Bête". On le représente avec un extérieur séduisant. Il a le maintien plein de grâce et de dignité. Il procure dignités et faveurs, donne d’habiles serviteurs et secoure ceux qui se soumettent à lui. Le roi Salomon s'empara de lui et l'enferma dans une jarre qu'il enfouit au fond d'un puits. Mais les Babyloniens, lors de leur conquête de Jérusalem, explorèrent ce puits et brisèrent la jarre, libérant ainsi Bélial. Bien que Bélial eût un culte à Sodome et dans d'autres villes, on n'osa jamais lui ériger publiquement des autels ; les Babyloniens l'adorèrent aussi. Selon Wierus, Bélial, l'un des rois de l'enfer, fut créé immédiatement après Lucifer, et il entraîna la plupart des anges dans la révolte ; aussi fut-il renversé du ciel un des premiers. Il commandait 80 légions de l'ordre des Vertus et de l'ordre des Anges. Bélial est aussi qualifié "d’ambassadeur en Italie". Le nom de Bélial revient souvent sous la plume des écrivains sacrés : leurs ennemis sont des fils de Bélial ; pour eux, le culte de Bélial est le culte des démons, du roi des enfers. Au Moyen âge, on appelait "enfants de Bélial" les Barbares venus du Nord. En Angleterre, les puritains se sont souvent servis du même terme pour flétrir les royalistes. On a fait aussi de Bélial le chef des démons, nommé également Azazel ou Samaël (ou Shammaël).


    Belphégor ou Baalphégor, dont le nom signifie étymologiquement "Seigneur du Phégor", était un dieu de la fertilité des plantes adoré sur le mont Phégor, qui signifie crevasse ou fente, par les anciens peuples moabites ; on l'invoquait quelquefois dans les cavernes et on lui jetait des offrandes par un soupirail ; des rabbins disent qu'on lui rendait aussi hommage aux toilettes où on lui offrait les excréments, ce qui était digne de lui. Il est généralement représenté sous les traits d’un démon cornu et barbu, assis sur une chaise percée. Il préside aux richesses qu’il distribue et aux artifices. Ambassadeur en France, démon des découvertes et des inventions ingénieuses, il prend souvent un corps de jeune femme pour plaire aux hommes et séduit aussi les fainéants en leur distribuant des richesses faciles. Certains démonologues ne voient dans Belphégor que le Dieu Pet ou Crepitus, d'autres soutiennent qu'il s'agit de Priape. Wier remarque que c'est un démon qui a toujours la bouche ouverte.


    Béhémoth. Le livre de Job (40,15-24) décrit Béhémoth (le Bestial) comme un bœuf gigantesque qui mangeait le foin que lui servaient les montagnes. Il est le Roi des orgueilleux et sa haine de Dieu le rend très dur et obstiné. On en fait aussi un démon stupide, goinfre et intempérant, représenté comme un hippopotame ou un éléphant bedonnant ; ainsi Béhémoth aime-t-il à fréquenter les marins qui blasphèment dans les cabarets et se satisfaire de toutes sortes de lubricités. C’est le démon de la gourmandise et des plaisirs de la table. Sommelier et grand échanson des Enfers, il est aussi le chef des 1.100 légions de démons qui frétillent de la queue. Béhémoth concentre sa force non seulement dans cette queue « aussi ferme que du cèdre » que dans ses reins. Béhémoth signifie proprement l'universalité des animaux. Certains Juifs, et même plusieurs commentateurs chrétiens, ont voulu y voir Satan en personne. Suivant d'autres auteurs, Béhémoth est un démon lourd, stupide, et dont toute la force est dans les reins. Dans le procès d'Urbain Grandier, une des ursulines de Loudun possédées du démon, sœur Jeanne des Anges, fut accusée d'être possédée par Béhémoth. Les démonologues prétendent qu'il prend à volonté la forme de toutes les grosses bêtes, mais qu'il se déguise de préférence en chien, en renard et en loup.
    Bodin, dans sa Démonomanie ou Traité des sorciers, assure que Béhémoth n'est autre que le Pharaon d'Egypte qui pourchassa les Hébreux.


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    Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie Empty Re: Sorcellerie et satanisme. Evocation des esprits, nécromancie

    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:38

    En 51, le Sénat romain chasse les astrologues d'Italie.

    Le théologien Tertullien (+ vers 222) met en garde ceux qui pratiquent la nécromancie car les démons les trompent en se faisant passer pour les esprits des morts invoqués.

    En 319, un édit de Constantin limite les activités des aruspices et proscrit les pratiques de magie.

    En 331, le philosophe porphyrien Sôpatros, accusé de magie, est décapité à Constantinople.

    En 364, le concile de Laodicée en Phrygie (Asie Mineure) "défend aux prêtres et aux clercs d'être magiciens, enchanteurs, mathématiciens ou astrologues, de faire des ligatures ou des phylactères (amulettes) et commande de chasser de l'Église ceux qui en font l'usage" (canon 36).

    En 367, le concile de Rome, composé de 44 évêques, condamne les paterniens ou vénustiens, disciples de Symmaque le samaritain, qui attribuent au diable la formation des parties inférieures du corps humain et permettent qu’on s’en serve à des fins criminelles.

    A Trèves, en janvier 385, Priscillien, un laïc espagnol dont la doctrine est un mélange de sabellianisme, de docétisme, de panthéisme et de manichéisme, est convaincu de "maléfice" et de pratiques immorales. Il est condamné à mort et exécuté, avec 6 de ses disciples dont une femme : ils sont les premiers dans l’histoire à subir la peine de mort pour hérésie.
    Martin de Tours, Ambroise et le pape Sirice protestent contre cette mesure.

    Augustin d'Hippone (+ 430) distingue dans la magie une forme "plus détestable", la "goétie" (sorcellerie), et une forme "plus honorable, la théurgie". A la fin du Moyen Âge, vers 1450, les savants posent la distinction, en fonction de leurs buts moraux, entre deux sortes de pratiques : la magie noire ("nigromancie") et la magie blanche ("mageia"). Auparavant on voyait dans chaque magie du mal et du bien.

    En mars 415, à Alexandrie, l'évêque Cyrille accuse la mathématicienne, philosophe et astronome Hypatie, qui dirige l’école néoplatonicienne et dispense un enseignement public, d'être impie, de pratiquer la magie et d'ensorceler beaucoup de gens par ses dons sataniques 19 ; aussi des membres de la confrérie des parabalanis, conduits par Pierre le Lecteur ou le Clerc, guettent Hypatie qui rentre chez elle, la jettent hors de son siège et la traînent à l’église (l'église Saint-Michel, l'ancien Cæsareum, ndlr) où elle est mise en pièces à coups de tessons puis ils chargent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantissent par le feu 20 ; il n’est pas certain que le patriarche d'Alexandrie, Cyrille, ait effectivement autorisé ce meurtre, même si l’histoire lui en attribue la responsabilité.

    En 447, le concile de Tolède condamne l’astrologie et autres pratiques divinatoires : "Si quelqu'un croit devoir ajouter foi à la divination ou à l'astrologie, qu'il soit anathème".

    En 452, le concile d’Arles, présidé par Ravennius, évêque d’Arles, ordonne que "si quelqu'un allume des flambeaux, rend un culte à des arbres, à des fontaines ou à des pierres, ou bien néglige de les détruire, il soit réputé coupable de sacrilège".

    En 465, le 16e canon du concile de Vannes stipule que "sous peine d'excommunication, les clercs ne doivent se livrer à la divination par le sort des saints et la sainte écriture".

    La loi salique, écrite à la fin du règne de Clovis (481-511), le plus ancien de nos codes, mentionne, dans son paragraphe 67, le cas d'accusation sans preuve : « Quiconque en appellera un autre sorcier ou l'accusera d'avoir porté la chaudière au lieu où les sorciers s'assemblent et ne pourra le prouver sera condamné à 2 500 deniers d'amende. »

    Le démon Ebron est invoqué à Tournay du temps de Clovis.

    En 517, le concile d'Epaone (aujourd'hui Saint-Romain-d'Albon sur la commune d'Albon dans la Drôme) défend aux clercs de se livrer à la magie.

    Le Concile de Braga (561-563), soutenu par le pape Jean III, dresse la liste des démons : Abigor ; Abrasax ; Adramelech ; Agaliarep ; Aguarès ; Aloger ; Amducias ; Aamon ; Andras ; Asmodée ; Astaroth ; Ayperos ; Azazel ; Bael ; Balan ; Béhémoth ; Bélial ; Belphégor ; Belzébuth ; Berith ; Caym ; Empuze ; Eurynomos ; Fleurety ; Furfur ; Lucifer ; Lucifuge ; Malphas ; Mammon ; Moloch ; Nébiros ; Raum ; Satanachia.
    Le concile condamne le manichéisme et le priscillianisme : "Si quelqu'un prétend que le diable n'a pas été d'abord un ange créé par Dieu, mais s'il prétend qu'il est sorti du chaos et des ténèbres et qu'il n'a personne pour auteur de son être, mais qu'il soit lui-même le principe et la substance du mal, comme le disent Mani et Priscillien, qu'il soit anathème". Il condamne aussi l'astrologie : "Si quelqu'un croit, avec les païens et Priscillien, que l'âme et le corps sont fatalement assujettis au cours des astres, qu'il soit anathème".

    Le XXIIe canon du concile de Tours (17 novembre 567) condamne les nécromanciens à l’amende et à l’exil.

    Le catholicisme n’admet pas leur nécromancie. Il proscrit même, comme coupables de sortilèges, ceux qui, d'après la vieille coutume des Romains, célèbrent des repas en l'honneur des morts et offrent, à de certains jours de l’année, des aliments, de l’huile, des parfums aux mânes de leurs proches. Durant tout le moyen âge, les nécromanciens seront poursuivis, emprisonnés, torturés, brûlés, sans que la confiance populaire en leurs sortilèges pût être déracinée. A Tolède, Isabelle la Catholique (+ 1504) fera murer de profondes cavernes "transformées en écoles publiques de nécromancie". 5

    D'après Grégoire de Tours, le roi Chilpéric Ier (+ 584), auquel il s’oppose, fait condamner au feu et à la roue des gens accusés de maléfices.

    L'évêque de Noyon-Tournai, Eloi (+ 660), exhorte les chrétiens : « Je vous en supplie, n'observez aucune des coutumes sacrilèges des païens. Ne consultez pas les graveurs de talismans, ni les devins, ni les sorciers, ni les enchanteurs, pour aucune cause ou maladie que ce soit ; ne prenez garde ni aux augures, ni aux éternuements ; ne faites point attention au chant des oiseaux, que vous entendez dans votre chemin... Qu'aucun chrétien ne remarque quel jour il sortira d'une maison et quel jour il y rentrera... Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques... Que nul ne pense à invoquer les démons comme Neptune, Pluton, Diane, Minerve ou le Génie... Que nul ne garde le repos, le jour de Jupiter (ndlr : jeudi)... Que nul chrétien ne fasse des vœux dans les temples ou auprès des pierres et des fontaines, des arbres et des enclos... Que nul ne fasse des lustrations, ni des enchantements sur les herbes, ou ne fasse passer ses troupeaux par le creux d'un arbre ou à travers un trou creusé dans la terre... Que personne ne pousse de grands cris, quand la lune pâlit... Que personne ne nomme son maître la lune ou le soleil... »

    En 687, l'antipape Pascal Ier, convaincu de magie et refusant de se soumettre au pape légitime Serge Ier, est relégué dans un monastère où il mourra au bout de 5 ans.

    En 789, le capitulaire de Charlemagne est l'un des premiers textes juridiques à se préoccuper des actes de cannibalisme : « Si quelqu’un, trompé par le diable, croit qu’une femme est une sorcière qui mange des hommes, et que pour cela il la brûle et donne sa chair à manger ou la mange lui-même, il sera puni de la peine capitale ».

    Charles II le Chauve (843-877) mentionne dans ses Capitulaires : « Certaines femmes scélérates retournent à Satan séduites par les illusions et les fantasmes du démon. Elles croient et professent que pendant les nuits, avec Diane, déesse païenne, et une innombrable tourbe de femmes, chevauchant des bêtes, elles traversent des espaces dans le calme des nuits obéissant à ses ordres (...) Nous avons appris que des hommes maléfiques et des sorcières apparaissent en divers lieux de notre royaume, leurs maléfices ont déjà causé la maladie ou la mort de beaucoup de personnes. C'est le devoir du roi de faire disparaître les impies, de ne pas laisser vivre les fabricants de maléfices et de poisons. »

    En 900, Réginon de Prüm, illustre moine lettré, dénonce la sorcellerie.

    Des chroniqueurs qualifient le pape Jean XII (955-963) d'"Antéchrist siégeant dans le temps de Dieu". Ils racontent que le pape se livrait aux cruautés les plus diverses, faisant crever des yeux et châtrer des dignitaires, et qu'on buvait à la santé du Diable pendant les orgies offertes au Latran.

    Deux papes, Sylvestre II (999) et Benoît IX (1033), et un empereur germanique, Frédéric Barberousse (1155), passent pour être des sorciers.

    Burchard, évêque de Worms de 1000 à 1025, croit en l'existence des stryges ou striges (du grec strigx = oiseau de nuit) ; ce sont des démons femelles ailés, mi-femme mi-oiseau, apparus dès l'Antiquité, surtout dans la croyance romaine ; ils s'en prennent essentiellement aux nouveau-nés, soit en suçant leur sang, soit en les enlevant dans leurs serres crochues ; ils sont souvent confondues avec les vampires. L'évêque conseille à ses prêtres de demander à leurs pénitentes : "As-tu partagé la croyance de nombreuses femmes de la suite de Satan ? Que pendant le silence de la nuit, après t'être étendue dans ton lit et pendant que ton mari repose sur ton sein, tu as le pouvoir, toute corporelle que tu es, de sortir par la porte fermée, de parcourir l'espace avec d'autres femmes qui te ressemblent ? Que tu as le pouvoir de tuer, avec des armes invisibles, des chrétiens baptisés et rachetés par le Sang du Christ, de manger leur chair après l'avoir fait cuire, et de mettre à la place de leur coeur de la paille ou un tout autre objet ? Que tu as le pouvoir, après les avoir mangés, de les ressusciter et de leur accorder un délai pour vivre ? Si oui : quarante jours de jeûne et une pénitence durant sept ans."

    "Aversier" (Adversaire) est un des noms du diable au XIème siècle.

    Vers 1225, à Notre-Dame de Paris, les gargouilles (du bas latin "gargula" : gosier) apparaissent sur les corniches supérieures à l'occasion de leur réfection. Les gargouilles, qui représentent souvent une tête d'animal, sont, en effet, comme des gosiers de pierre vomissant l'eau. Les gargouilles sont aussi un moyen d'éloigner le mal des églises. D'aspect terrifiant, elles sont censées faire fuir tout esprit malin ou être démoniaque (peut-être en leur renvoyant leur propre image). Les gargouilles hurlent à l'approche du Mal, qu'il soit visible (sorciers, magiciens, démons incarné) ou invisible. 21

    En 1231, Grégoire IX munit l’inquisiteur allemand, Conrad de Marburg, de l’ordre de Prémontré, de pouvoirs très étendus pour poursuivre les hérétiques, et particulièrement la secte cathare extrémiste des lucifériens, qui s’adonne à des pratiques proches de la sorcellerie. Avec ses auxiliaires Dorso et Jean, Conrad agit avec un tel fanatisme qu’il soulève le mécontentement d’un grand nombre d’habitants et est massacré par des chevaliers dans le voisinage de Marburg.

    En 1232, une bulle de Grégoire IX, qui accuse de pratiques sacrilèges (sorcellerie, orgies, crucifixion des prêtres) les cathares du Nord, justifie une série de croisades contre les Stedinger du Bas-Weser. Une première croisade, payée d’indulgences plénières, échoue ; elle est suivie en 1233 et 1234 de deux autres croisades qui font des milliers de morts.

    Le 13 juin 1233, dans la bulle Vox in Rama, Grégoire IX décrit les rites d'intronisation par lesquels les sorciers deviennent des adorateurs du diable lors d'une cérémonie d'initiation se déroulant dans une sorte de temple voué à Lucifer : « Lorsque le novice entre dans cette demeure de perdition, c'est une sorte de grenouille, que d'aucuns appellent crapaud, qui lui apparaît en premier lieu. Les uns le baisent honteusement au derrière, les autres sur la bouche, prenant sa langue dans leur propre bouche et recevant sa bave. Cette bête apparaît parfois de sa taille naturelle ; d'autres fois elle est grosse comme une oie ou un canard ; le plus souvent elle a les dimensions d'un four. En avançant, le novice rencontre un homme étonnamment pâle, aux yeux fort noirs, tellement maigre qu'il paraît n'avoir que la peau sur les os. Le novice l'embrasse et le sent froid comme glace. Ce baiser lui fait perdre tout souvenir de la foi catholique. On passe ensuite à table. Puis on se lève, le repas terminé. Alors, d'une colonne, comme il en existe dans les salles de ce genre, descend à reculons un chat noir, de la grosseur d'un chien de taille moyenne, la queue relevée en arrière. Le novice en premier, puis le maître, puis enfin chacun des autres assistants, selon son rang, le baisent, du moins ceux qui en sont dignes et parfaits [...] Cela fait, les chandelles sont éteintes et l'on passe aux plus dégoûtantes œuvres de la luxure sans distinguer entre parents et étrangers. Si les hommes sont en plus grand nombre que les femmes, ceux qui sont en surnombre satisfont entre eux leurs passions honteuses et de même, si des femmes se trouvent en surnombre, elles satisfont entre elles, contre la nature, leurs désirs coupables. Puis, tous ces honteux plaisirs consommés et ces crimes si détestables accomplis, les chandelles sont rallumées et chacun reprend sa place. D'un coin obscur de la pièce, où ne manquent point les hommes les plus perdus, sort un homme au corps éclatant et plus brillant que le soleil au-dessus de la ceinture, mais au-dessous poilu comme un chat. Sa clarté illumine toute la pièce. Alors le maître, enlevant une partie des vêtements du novice, dit à cet homme lumineux : « Maître, je te donne ce qui m'a été donné. » Et l'homme lumineux répond : « Tu m'as bien servi à plus d'une reprise, tu me serviras encore mieux, je confie à ta garde ce que tu m'as donné. » Tout de suite après ces paroles, il disparaît. »

    En 1248, à Toul, des femmes sont brûlées comme sorcières.

    La Summa de officio Inquisitionis, manuel d’Inquisition de 1270, mentionne les "augures et idolâtres qui s’adonnent au culte du démon".

    En 1275, à Toulouse, Angèle de la Barthe, coupable d'entretenir des relations avec le démon et dont le procès conclut à sa "concupiscence diabolique", est brûlée.


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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:38

    La messe noire

    A partir de l'an 1300 apparaît la messe noire.

    D’après Michelet (La Sorcière), l'autel est dressé « au grand serf révolté, au vieux proscrit, injustement chassé du ciel, à l'esprit qui a créé la terre, au maître qui fait germer les plantes [...] Un Satan de bois, noir et velu, dresse ses cornes près d'un énorme feu. Tous les assistants renient Jésus et prêtent hommage au nouveau maître ; plutôt que l'ancien Dieu, on aime mieux le dos de Satan (on suspend au bas du dos de l’idole un masque représentant un second visage). Puis c’est le baiser féodal, comme aux réceptions du Temple. Le dieu de bois accueille la prêtresse, comme autrefois Pan et Priape. Conformément à la forme païenne, elle se donne à lui, siège un moment sur lui. Elle en reçoit le souffle, l'âme, la vie, la fécondation simulée. Puis, non moins solennellement, elle se purifie. Dès lors, elle est l'autel vivant. Le repas est pris en commun ; dans le festin des frères, pas d'armes, pas même de couteau.

    Chacun a une femme ; sans femme on ne peut être admis. Après le repas, la danse commence, échevelée, furieuse, folle. On boit, on danse en se tenant par la main, mais dos à dos, sans se voir. A ce moment de délire, la femme fiancée à Satan apparaît. Son corps sert d'autel. Elle s'offre. Sur ses reins, un démon officie, dit le Credo et fait l'offrande. On présente du blé à l'Esprit de la terre qui fait pousser le blé ; des oiseaux envolés portent au Dieu de liberté les soupirs et les vœux de l’assemblée ; un gâteau, cuit sur elle, sorcière qui demain pourra passer par le feu, est distribué en guise d'hostie. C'est sa vie, sa mort que l'on mange ; on y sent déjà sa chair brûlée. En dernier lieu, on dépose sur elle deux offrandes qui semblent de chair, deux simulacres : celui du dernier mort de la commune, celui du dernier-né. Ils participent au mérite de la femme, autel et hostie, et l'assemblée (fictivement) communie de l'un et de l'autre. Triple hostie, toute humaine. Après quoi la sorcière se relève et défie le dieu destitué. En dérision de la rupture de l'hostie chrétienne, elle se fait apporter un crapaud habillé et le met en pièces. Elle décapite le crapaud, en disant : « Ah ! Philippe, si je te tenais, je t'en ferais autant ! ». S'agit-il de Philippe de Valois, qui commença la terrible guerre de Cent ans ou de Philippe le Bel ? "


    Sous le règne de Louis X (1314-1316), Enguerrand de Marigny, garde du trésor, est arrêté sous l'inculpation du crime de concussion et d'altération des monnaies.

    Le roi est disposé à le traiter avec modération, lorsque les ennemis du trésorier rapportent à Louis X "qu'un nécromant de profession, à la sollicitation de la femme et de la sœur d'Enguerrand, a fabriqué certaines images de cire à la ressemblance du roi, du comte Charles et d'autres barons, afin de procurer par sortilège la délivrance d'Enguerrand et de jeter un maléfice sur lesdits roi et seigneurs ; lesquelles images maudites étoient en telle manière ouvrées, que, si longuement elles eussent duré ; lesdits roi, comte et barons n'eussent fait chaque jour qu'amenuiser, sécher et languir jusqu'à la mort." Pour donner quelque poids à ces allégations, on montre au roi des figures percées et sanglantes que l'on assure avoir été trouvées chez le nécromant. Louis X, épouvanté, consent à la condamnation de son favori qui est pendu le 30 avril 1315 au gibet de Montfaucon, où son cadavre demeurera exhibé pendant deux ans.

    Jean XXII (1316) excommunie les sorciers comme faisant un pacte avec le diable, l'adorant, se liant à lui par le don d'un anneau et l'interrogeant pour lui demander secours et assistance.
    En 1317, par la bulle Spondent quas non exhibent, il condamne les alchimistes à des amendes, déclare infâmes les laïques qui s’adonnent à l’art hermétique, et dégrade les ecclésiastiques convaincus du même cas ; l'évêque Hugues Géraud de Cahors est condamné au bûcher pour avoir essayé de tuer le pape avec des images de cire.
    La tradition rapporte que Jean XXII composa en latin un livre sur l’alchimie qui fut traduit en français en 1557 (Ars transmutatoria). Il est dit au commencement de cet ouvrage que le pape transforma son palais d’Avignon en un laboratoire immense consacré à la fabrication de l’or.

    En 1335, l'Inquisition de Toulouse condamne Anne-Marie de Goergel, laquelle, pour preuve de son allégeance à Satan, se rendait la nuit sous le gibet afin d'arracher aux pendus leurs vêtements, leur corde, leurs cheveux et leur graisse pour en tirer des sorts et des potions magiques.
    La même année, le même tribunal condamne Catherine, épouse de Pierre Delort, qui confessa, sous les rigueurs de la question, avoir contracté un pacte avec Satan. La rencontre avait eu lieu à minuit, à la lisière d'un bois, près d'un carrefour. Elle s’était saignée au bras gauche "en laissant tomber son sang sur un feu alimenté par des ossements humains dérobés au cimetière de la paroisse". Etait alors apparu un démon "sous la forme d'une flamme violâtre" qui lui avait appris l'art de fabriquer les poisons.

    La même année, une ordonnance du roi de France, Charles V dit le Sage (1364-1380), récompense ceux qui dénoncent les sorciers, menace de poursuivre comme complices ceux qui se taisent et de priver de leur charge les juges indulgents.

    1390 : premier procès en sorcellerie à Paris. Jugée par le Parlement, Jeanne de Brigue est brûlée vive.

    L'antipape Jean XXIII est déposé le 29 mai 1415 pour "simonie et façon de vivre scandaleuse" et en tant que "forban et sodomite" par le concile de Constance. En fait, Jean XXIII était très violent (on lui reproche beaucoup de meurtres) et débauché : on raconte qu'il vivait entouré de vierges, de femmes mariées ou veuves et de nones et qu'il jouait aux dés en invoquant le diable et en trinquant joyeusement 7.

    Le mercredi 30 mai 1431, vers 9 heures, l'exécution de Jeanne d’Arc a lieu, à Rouen même, sur la place du Vieux Marché. Sur la place noire de monde, une pancarte placée au sommet du bûcher rappelle que celle qu'on va brûler pour le bien de tous est "menteresse, pernicieuse, abuseresse du peuple, devineresse, superstitieuse, blasphématrice de Dieu, présomptueuse, malcréante de la foi de Jésus-Christ, vanteresse, idolâtre, cruelle, dissolue, invocatrice de diables, apostate, schismatique, hérétique et relapse".


    Gilles de Rais

    Le 25 octobre 1440, à Nantes, le baron Gilles de Montmorency-Laval ou Gilles de Rais (ou de Rays ou de Retz), comte de Brienne, maréchal de France et petit-neveu de Du Guesclin (arrêté le 15 septembre pour être entré en armes dans l'église de Saint-Etienne-de-Mer-Morte et d'avoir, pendant l'office, molesté et enlevé le prêtre Jean Le Ferron, frère du trésorier du duc de Bretagne), poursuivi pour "apostasie hérétique, évocation des démons, crime et vice contre nature avec des enfants de l’un et de l’autre sexe selon la pratique sodomite", est excommunié par le Tribunal de l'inquisition. Le Tribunal séculier le condamne à être pendu et brûlé le lendemain (son corps incinéré à demi sera retiré du brasier pour qu’il puisse reposer en terre chrétienne mais il disparaîtra lors du pillage de l’église de Notre-Dame-du-Carmel de Nantes parles révolutionnaires).

    A genoux, "avec des soupirs et des gémissements", Gilles demande à être réincorporé dans l’Église et se confesse. Quand on le sépare du prêtre florentin François Prelati, son magicien, il lui dit en sanglotant : « Adieu, François, mon ami, jamais plus ne nous entreverrons en ce monde. Je prie à Dieu qu'il vous doint bonne patience et connaissance, et soyez certain que, pourvu que vous ayez bonne patience et espérance en Dieu, nous nous entreverrons en la grant joie du paradis. Priez Dieu pour moi, et je prierai pour vous. »
    Comment le très pieux, le compagnon d’armes favori de Jeanne d’Arc que le roi avait placée sous sa protection, comment le jeune maréchal de France (vingt-cinq ans) devint-il le monstre de Tiffauges qui pratiqua, durant huit ans jusqu’à son arrestation), d’infâmes sacrifices humains et le pire satanisme, avec la complicité de son magicien, François Prelati ?
    On évalue à 140 les enfants égorgés, sans compter, peut-être, un certain nombre de femmes…

    Pour éliminer les traces de ses forfaits, Gilles faisait brûler les cadavres et jeter les restes dans les fosses d'aisances ou dans les douves.
    Extrait de l’acte accusation : "XXXVI. Item, qu'il y a environ cinq ans passés, plus ou moins, pendant que le susdit seigneur duc de Bretagne assiégeait le château fort de Champtocé, qu'alors tenait le susdit Gilles de Rais, accusé, et avant le siège dudit château, ledit Gilles de Rais, accusé, en fit éloigner par lesdits Gilles de Sillé, Henriet et Étienne Corrillaut, autrement nommé Poitou, et placer dans des coffres pour être transportés par eux au château de Machecoul et y être brûlés— de peur que le seigneur duc, ses gens, ses officiers et autres personnes ne les trouvassent — quarante-cinq têtes, avec les ossements, d'innocents inhumainement tués par ledit Gilles, accusé, avec lesquels enfants il avait détestablement commis le péché de s........ et d'autres crimes contre nature ; et audit château de Machecoul, ces têtes et ossements furent brûlés par lesdits Henri Griart, Gilles de Sillé et Étienne Corrillaut, autrement dit Poitou, sur l'ordre dudit Gilles accusé ; et qu'il en fut ainsi et que cela est vrai.”

    Gilles invoquait particulièrement le démon Baron auquel il sacrifiait les mains et le cœur des enfants dont il avait joui au préalable, pour obtenir la recette de la pierre philosophale lui permettant de fabriquer de l'or.

    Michelet écrit : « C'étaient des offrandes au diable. Il invoquait les démons... Il les priait de lui accorder l'or, la science et la puissance... Il lui était venu d'Italie un jeune prêtre de Pistoia, qui promettait de lui faire voir ces démons. Il avait aussi un Anglais qui aidait à les conjurer. La chose était difficile. Un des moyens essayés, c'était de chanter l'office de la Toussaint en l'honneur des malins esprits... Retz offrait parfois à son magicien le sang d'un enfant, sa main, ses yeux et son cœur. »

    Certains pensent que Gilles a été victime d’un complot. Jean V, le duc de Bretagne, aurait été d'autant plus ravi de frapper sur les Laval, que le roi venait d'ériger la baronnie des Laval en comté (1431), et que les Laval, issus des Montfort, formaient une opposition toute française (qui aboutira à livrer la Bretagne au roi en 1488).
    L'évêque, de son côté, en voulait au sire de Retz qui avait forcé à main armée une de ses églises et malmené un clerc.

    Le tribunal était formé dudit évêque, chancelier de Bretagne ; du vicaire de l’inquisition, messire Jean Blouyn ; de Jean Prigent, évêque de Saint-Brieuc ; de Pierre de l'Hospital, grand juge du duché ; et de Jacques de Pencoëtdic, official de l'évêché.

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:39

    Selon Voltaire, Louis XI (1461-1483) empêche que le parlement et l'université de Paris ne poursuivent comme sorciers les premiers imprimeurs venus d'Allemagne.

    Vers 1475, sont composés Les Évangiles des Quenouilles. La nature, force vitale, a des qualités occultes. Elle est constellée de signes qu’il faut décrypter. Leur interprétation oriente une action sur tout ce qui concerne la vie des hommes et celle des bêtes. L’action peut être bénéfique ou maléfique.

    En 1484, l’inquisiteur général pour l’Espagne, Torquemada, promulgue un code de procédure pour agir contre les juifs, les morisques, les hérétiques et les gens coupables de sorcellerie, de bigamie, d’usure, etc.

    La même année, le 5 décembre, Innocent VIII publie la bulle Summis desiderantes qui organise la lutte contre la sorcellerie et étend les pouvoirs des deux inquisiteurs de Cologne, les dominicains Henri Institoris (Heinrich Kramer de Sélestat) et Jacob Sprenger, officiant dans la Germanie supérieure entre Cologne et Mayence et en butte à la mauvaise volonté des autorités locales. La bulle ordonne de pourchasser les coupables de sorcellerie, jeteurs de sorts et magiciens, et énumère une longue liste de leurs crimes : « En certaines régions de la Germanie supérieure comme dans les provinces, cités et territoires de Mayence, Cologne, Trèves, Salzbourg et Brême, maintes personne de l'un et l'autre sexe, oublieuses de leur propre salut et déviant de la foi catholique, se sont livrées elles-mêmes aux démons, succubes et incubes ; par des incantations, des charmes, des conjurations, d'autres infamies superstitieuses et des sortilèges, par leurs excès, crimes et délits, elles font périr et détruisent les enfants des femmes, les petits des animaux, les moissons de la terre, les raisins des vignes, les vergers, les prairies, les pâturages, les blés, les grains, les légumes. Elles affligent et torturent les hommes, les femmes, les bêtes de somme, le gros et le petit bétail, tous les animaux par des douleurs et des tourments internes et externes. Elles empêchent les hommes de féconder, les femmes de concevoir, les époux de rendre à leurs épouses et les épouses de rendre à leurs époux les devoirs conjugaux. Et la foi elle-même, qu'elles ont reçue en recevant le saint baptême, elles la renient d'une bouche sacrilège. Elles ne craignent pas de commettre [...] d'autres crimes et excès infâmes, à l'instigation de l'Ennemi du genre humain, au péril de leurs âmes, en offense à la majesté Divine, en exemple pernicieux et au scandale de la plupart des gens. ». Les chasseurs de sorcières ont les pleins pouvoirs : celles qui ne mourront pas sous la torture, seront noyées lors du "jugement de Dieu" ou brûlées sur le bûcher.

    En 1485, quarante et une sorcières, supposées de relations avec des incubes, sont brûlées à Côme, en Lombardie.

    En 1486, avec l’approbation du pape, les dominicains Heinrich Kramer dit Institoris et Jakob Spenger publient à Strasbourg leur traité de démonologie Malleus maleficarum (le Marteau des Sorcières) qui explique comment trouver et éliminer les sorcières.
    On prétend que les chapelets des sorcières ont la croix en partie cassée ; pendant longtemps, ce sera une preuve de sorcellerie.

    Le 9 octobre 1490, le roi Charles VIII prend une ordonnance contre les enchanteurs : « Nous Charles, par la grâce de Dieu, Roy de France, au Préfet de Paris, salut. Nous voulons et entendons que tous les enchanteurs, devins, invocateurs des esprits malins et nécromanciens soient incessamment arrêtés et punis selon la rigueur des lois, parce que tous leurs crimes attaquent directement Dieu et la foi catholique. Nous vous enjoignons, ainsi qu'à tous les officiers de police, à ceux de nos vassaux et sujets de tenir la main en toute diligence à l'exécution de cette ordonnance, à peine contre les négligents d'amendes arbitraires, dont les dénonciateurs auront le quart ; ils perdront aussi leurs offices, sans qu'ils puissent espérer d'y être rétablis. Nous voulons que tous les juges ordinaires connaissent de ces crimes par prévention, et leur ordonnons qu'à l'instant qu'ils en auront des preuves, soit par information, soit de notoriété ou présomption violente, de faire emprisonner les coupables, de saisir leurs biens, d'instruire leurs procès et de les juger, toutes autres affaires cessantes. Pour ce qui est des religieux, nous voulons que vous les arrêtiez et les remettiez à leurs évêques diocésains, afin qu'ils soient aussi punis, parce que les lois le commandent aussi bien que la raison. Nous ordonnons enfin que toutes les personnes, de quelque état ou condition qu'elles soient, et sans aucune exception, qui consulteront ces enchanteurs, devins, invocateurs des esprits malins, nécromanciens ou autres usant d'arts pernicieux et défendus par l'Eglise, ou qui fréquenteront ou participeront à ces actes détestables, les reconnaissent pour tels, et, s'ils ne les révèlent pas aux officiers de police, ils seront punis de la même peine que ces malfaisants. Fait à Montils-lez-Tours le neuf octobre de l'an du Seigneur mil quatre cent quatre-vingt-dix et le neuvième de notre règne. Charles. »

    En 1493, Jeannette Relescée, convaincue de sorcellerie, est jugée et brûlée à Fribourg. Battue par son mari, elle s’était rendue de nuit dans un bois pour quémander l'aide de Dieu ou du diable. Ce dernier lui était apparu "en forme obscure, noire", et lui avait promis que si elle reniait Dieu et le choisissait pour maître, son mari cesserait de la battre. Jeannette s'était empressée d'abjurer son baptême et avait pris Satan pour maître "en ly faisant hommage, le baisant au cul, et ly donnast d'enseigne troys poil de sa teste".

    En 1500, le pape Alexandre VI écrit au prieur de Klosterneuburg et à l'inquisiteur Institoris pour s'informer des progrès de la sorcellerie en Bohême et en Moravie.

    En 1513, le pape Jules II demande aux prélats allemands de renforcer la répression de la sorcellerie ; il ordonne à l'inquisiteur de Crémone de poursuivre ceux qui abusent de l'Eucharistie dans un but maléfique ou qui adorent le diable.

    En 1514, à Bormio en Lombardie, 30 femmes accusées de sorcellerie sont brûlées vives.

    En 1518, dans la Valcamonica, 80 femmes sont brûlées vives pour sorcellerie.

    En 1521, par la bulle Honestis petentium votis, Léon X proteste contre l'attitude du Sénat vénitien qui s'oppose à l'action répressive des inquisiteurs de Brescia et de Bergame contre les sorciers.

    Luther, condamné par l'Edit de Worms le 26 mai 1521, est hébergé par Jean-Frédéric de Saxe dans le château de Wartburg où il demeure jusqu’au 6 mars 1522 sous le pseudonyme de "chevalier Georges". Un jour que le Diable vient, une fois de plus, le tourmenter, l’empêchant de travailler à la traduction de la Bible, il lance son encrier contre lui, occasionnant ainsi une tache sur le mur, laquelle est encore visible aujourd’hui.
    "Satan, écrit Luther, se présente souvent sous un déguisement : je l’ai vu de mes yeux sous la forme d’un porc, d’un bouchon de paille enflammé ..." (cité par L. Christiani).
    "Un religieux vint un jour frapper rudement à la porte de Luther en demandant à lui parler. On lui ouvre ; il regarde un moment le réformateur et lui dit : "J'ai découvert quelques erreurs papistiques sur lesquelles je voudrais conférer avec vous. - Parlez ! répond Luther. L'inconnu propose d'abord quelques discussions assez simples que Luther résout aisément mais chaque question nouvelle était plus difficile que la précédente et le moine exposa bientôt des syllogismes très embarrassants. Luther, offensé, lui dit brusquement : "Vos questions sont trop embrouillées, j'ai pour le moment autre chose à faire que de vous répondre !" Cependant il se levait pour argumenter encore lorsqu'il remarqua que le prétendu religieux avait le pied fendu et les mains armées de griffes : "N'es-tu pas, lui dit-il, celui dont la naissance du Christ a dû briser la tête. Ton règne passe ; ta puissance est maintenant peu dangereuse ; tu peux retourner en enfer !" Le Diable qui s'attendait à un combat d'esprit et non à un assaut d'injures se retira tout confus en gémissant sur l'injustice des hommes à son égard." 9
    Pour les démonologues, c'est le démon Caym qui aurait eu une discussion avec Luther 23.
    "Luther, en avançant que le diable pouvait être un visage de Dieu, a été atypique". (Pierre-Yves Ruff)

    Le 17 avril 1529, en place de Grève à Paris, le Chevalier Louis de Berquin (dont les livres ont été brûlés), correspondant et traducteur de Erasme, accusé d’hérésie (et même de se mêler aux orgies des sorciers et d'avoir adoré le diable), est étranglé au poteau, puis son corps est brûlé.

    En 1532, Charles-Quint promulgue la Constitutio Criminalis Carolina codifiant le droit pénal et le droit judiciaire criminel applicables dans l’Empire romain et germanique et comprenant trois passages relatifs à la sorcellerie. Le premier concerne ceux qui usent d'enchantements, qui se servent de livres, d'amulettes, de formules et d'objets divers, étranges et inusités, qui ont des attitudes inaccoutumées : on pourra les arrêter et les soumettre à la torture. Le deuxième passage se rapporte à l'enquête à laquelle on se livrera à leur propos : ils seront interrogés pour savoir quand et de quelle manière ils procèdent, il faudra savoir s'ils se servent de poussière empoisonnée ou de sachets magiques, on enquêtera aussi sur leur fréquentation du sabbat et s'ils sont liés au diable par un pacte. Le troisième passage est relatif à leur punition : il rappelle que déjà le droit romain vouait au feu les magiciens et ordonne de punir tous ceux qui s'adonnent à ces pratiques, même s'ils ne nuisent pas à autrui.


    Évocation et conjuration des démons

    "Voici, d’après Henri-Corneille Agrippa dit Trismégiste (+1535), magicien et alchimiste, la recette la plus sûre pour évoquer et conjurer les démons (De Philosophia occulta) : Il faut tracer trois cercles magiques concentriques, dont le plus grand ait 9 pieds de circonférence, et se tenir dans le plus petit, où l’on écrira le nom des auges qui président à l'heure, au jour, au mois et à la saison, car le calendrier magique est très complet. Cette précaution de s’enfermer dans un cercle pour évoquer les esprits est indispensable ; si on la négligeait le premier mouvement des démons évoqués serait de s’emparer de l’imprudent magicien et de lui tordre le cou. En entrant dans ce cercle, qui doit être tracé avec du charbon, il faut avoir soin de ne porter sur soi aucun objet de métal, si ce n’est la pièce d’or ou d’argent qu’on doit jeter à l'esprit ; car les démons sont comme les hommes, ils ne font rien pour rien ; aussi celui qui veut les évoquer leur doit le sacrifice d’un chien, d’un chat ou d’une poule ; il leur jure ensuite fidélité et obéissance éternelles, et reçoit aussitôt sur son corps une marque imposée par le diable lui-même. Il acquiert par là une puissance absolue sur les trois esprits infernaux de la terre, de la mer et de l’air. Celui donc qui a ces esprits à ses ordres ne doit jamais les appeler sans ces précautions ni sans leur jeter quelque chose, une pièce de monnaie, une savate, une paille même ; s'il y manquait, il courrait le risque de se voir étrangler. Ce cadeau, qu’on fait au diable est plié dans un papier blanc, et on l’envoie à l’esprit ; pendant qu’il se baisse pour le ramasser, on prononce la conjuration. Après avoir écrit les noms dans le cercle magique, il faut l’asperger d’eau bénite et bénir les parfums en disant : « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, daignez bénir et sanctifier ces parfums, et que leur odeur contienne les esprits que je dois évoquer. » Mettant alors les parfums dans un vase de terre neuf, on dit : « Je t’exorcise, parfum, pour que tout fantôme nuisible s’éloigne de moi. » II faut ensuite se vêtir d’un surplis de prêtre et avoir un morceau de parchemin vierge sur lequel on aura dit une messe du Saint-Esprit. Après s’être purifié pendant neuf jours, on trace des croix sur le parchemin, on appelle des quatre coins du monde les anges qui président à l’air par ces trois noms mystérieux : « Agla, On, Tetragrammaton » et l’on prononce la grande conjuration que voici : « Nous, faits, à l’image de Dieu et doués de sa puissance, nous t’exorcisons, esprit (on prononce le nom de l’esprit que l’on veut conjurer), par le très-redoutable et très-admirable nom de Dieu El, et nous te commandons d’apparaître sur-le-champ, ici, visiblement devant ce cercle, en belle forme et sans difformité. Nous te l’ordonnons par le nom Y, qu’Adam entendit et parla ; par le nom Agla, que Loth entendit ; par le nom Iod, que Jacob entendit dans la bouche de l’ange qui luttait avec lui ; par le nom d’Anexepheton, qu’Aaron entendit et qui le rendit sage ; par le nom de Zébaoth, que Moïse prononça pour changer en sang les marais de l'Égypte ; par le nom d’Oriston, qui fit monter les grenouilles dans les maisons des Egyptiens (etc.) Nous t’exorcisons par la mer flottante et transparente, par les quatre divins animaux qui vont et viennent devant le trône de la divine Majesté, ayant des yeux devant et des yeux derrière ; par le nom Primenmaton, en vertu duquel Moïse engloutit Coré, Dathan et Abiron. Nous t’exorcisons, et si tu ne parais aussitôt, ici, devant ce cercle, pour nous obéir en toutes choses, nous te maudissons et te privons de tout office, bien et joie ; nous te condamnons à brûler sans aucun relâche dans l’étang de feu et de soufre. » Une fois ces paroles prononcées, on voyait plusieurs fantômes qui remplissaient l’air de clameurs ; il ne fallait point s’en épouvanter et avoir bien soin de ne pas sortir du cercle. On apercevait des spectres armés de flèches menaçantes, mais qui n’avaient aucune puissance de nuire. Alors, mettant la main sur le parchemin vierge, on disait : « Que vos prestiges cessent par la vertu du Dieu crucifié. » On soufflait ensuite vers les quatre parties du monde, et l’on disait : « Pourquoi tardez-vous ? Soumettez-vous à votre maître, au nom du seigneur Bathat ou Vachat, tombant sur Abrac, Abéor se jetant sur Abérir. » C'est alors que paraissait l’esprit évoqué, qui disait : « Ordonnez et demandez, me voici prêt à vous obéir en toutes choses, parce que le Dieu tout-puissant le commande. » Le conjurateur demandait ce qu’il voulait : il était aussitôt satisfait. Quand il n’avait plus besoin de l’esprit, pour le renvoyer, il n’avait qu’à dire : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, allez en paix chez vous et soyez prêt à venir quand je vous appellerai »."


    En 1536 et 1550, les conciles de Cologne condamnent à l'excommunication les membres du clergé qui s'adonnent à la sorcellerie.

    En 1538, le concile de Trêves livre à l'official ceux qui usent des arts divinatoires ou qui adorent Satan.

    En 1545, l'abbesse d'un couvent de Cordoue, Madeleine de La Croix, est accusée du crime de sorcellerie et n'échappe à la mort qu'en obtenant sa grâce du pape Paul III.

    Nantes en 1549 et Poitiers en 1564 voient brûler plusieurs sorciers.

    En 1551, Jean de Mansencal, premier président du Parlement de Toulouse, écrit un ouvrage intitulé De la vérité et autorité de la justice en la correction et punition des maléfices
    La même année, à Louvain, Josse de Damhouder, le juriste le plus écouté de son temps aux Pays-Bas traite de la sorcellerie dans sa Praxis rerum criminalium.

    Sous Charles IX (1560-1574), un prétendu sorcier, nommé Trois-Echelles, condamné à mourir sur la place de Grève et à qui on promet sa grâce s'il dénonce ses complices, déclare qu’il y a 100 000 sorciers en France dont 30 000 à Paris.

    En 1562, en Allemagne, 300 personnes sont brûlées vives pour sorcellerie à Oppenau, 63 femmes à Wiesensteig et 54 à Obermachtal.

    Jean de Wier, dans son traité intitulé De praestigiis daemonum (1564), estime qu’il y a plus de sorcières que de sorciers à cause de "l'emprise qu'a le diable sur le sexe féminin, lequel est inconstant, à raison de sa complexion, de légère croyance, malicieux, impatient, mélancolique, pour ne pouvoir commander à ses affections, et principalement les vieilles débiles, stupides et d'esprit chancelant".

    En 1565, le concile de Cambrai défend aux fidèles de chercher dans la magie la guérison des personnes et des animaux et excommunie ceux qui, sous quelque motif que ce soit, se livrent aux arts défendus.

    En mai 1571, 21 sorcières sont brûlées à Genève.

    En 1573, le Français Gilles Garnier admet avoir assassiné plusieurs enfants, dont les corps ont été découverts mutilés et à moitié dévorés : il a déchiqueté des enfants avec ses griffes et les a dévorés. Il affirme être un loup-garou ; c'est un démon qui lui a appris à se changer en loup en se frottant le corps d’un onguent. Il admet qu’il aime manger de la chair humaine... et qu’il a les mêmes inclinaisons anormales qu'il soit dans son état d’être humain ou dans celui de loup. 10

    En 1577, le parlement de Toulouse condamne 400 cents femmes, marquées, dit-on, des stigmates du démon.

    En 1580, Jean Bodin, jurisconsulte et favori d'Henri III, publie De la démonomanie des sorciers ; il raconte des histoires diaboliques pour justifier l’envoi des sorciers au bûcher. Voici, d'après Bodin, l'énumération des crimes dont les sorciers se rendent coupables : 1° ils renient Dieu ; 2° ils le blasphèment; 3° ils adorent le diable; 4° ils lui vouent leurs enfants; 5° ils les lui sacrifient avant le baptême ; 6° ils les consacrent à Satan dès le ventre de leur mère ; 7° ils promettent au diable d'attirer tous ceux qu'ils pourront à son service ; 8° ils jurent par le nom du diable ; 9° ils commettent des incestes ; 10° ils font mourir les gens par poison et sortilèges ; 11° ils tuent les personnes et les mangent ; 12° ils se nourrissent de charognes et de pendus ; 13° ils font crever le bétail ; 14° ils font périr les fruits ; 15° ils ont avec le diable une copulation charnelle. Ceux qui sont marqués du "B" sont prédestinés à devenir sorciers : les boiteux, les bossus, les bègues, les borgnes et les bigles. On les reconnaît aussi à leur regard, louche et pénétrant, porteur du "mauvais œil". Jean Bodin estime qu'il y a 50 sorcières pour un seul sorcier.

    Le concile de Reims de 1583 excommunie les sorciers "qui font pacte avec le diable, qui empêchent les relations sexuelles, qui pratiquent l'envoûtement et prétendent guérir par le pouvoir de Satan".

    En 1585, le concile de Liège dénonce comme hérétiques et dignes du feu ceux qui se livrent à la magie.

    Le 5 janvier 1586, la bulle Cœli et terrae de Sixte V condamne la pratique de la magie : elle précise que les sorciers acquièrent leur pouvoir en passant un pacte avec l'enfer (afin de trouver des trésors, deviner les choses cachées et commettre leurs crimes en toute impunité, ils concluent avec le diable un traité par lequel, en échange de leur âme, ils peuvent évoquer et consulter les démons, enfermés dans des anneaux, des miroirs ou des fioles) ; elle bannit la divination du christianisme et sépare l'astrologie de la théologie.


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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 18:39

    L’envoûtement

    Parmi les maléfices, l'envoûtement, dans lequel Catherine de Médicis (+ 1589) avait une grande confiance, est un des plus usités et des plus redoutés. On a raconté qu'elle portait, sur l'estomac, une peau d'enfant égorgé, semée de figures et de caractères cabalistiques, en guise de protection ; elle entretenait auprès d'elle une troupe d'astrologues, alchimistes, mages et sorciers, dont Cosme Ruggieri, son conseiller florentin, confectionneur de figurine d’envoûtement.

    Les sorciers qui pratiquent l’envoûtement ont soin de se procurer, pour leur opération, soit des cheveux, soit des vêtements avant appartenu à la personne contre laquelle ils veulent agir. Ils choisissent ensuite un animal censé représenter cette personne ; ils lui donnent son nom, le mettent en rapport avec les cheveux ou les vêtements, le tuent d'un seul coup avec leur couteau magique, et, lui ayant arraché le cœur, ils enveloppent ce cœur dans les objets venus de la personne, et pendant trois jours ils y enfoncent de temps en temps des clous ou des épingles en prononçant des paroles de malédiction contre la personne. Ils supposent que toutes les tortures qu'ils font subir au cœur de cet animal tourmentent en même temps l'objet de leur aversion. D'autres encore administrent à un crapaud le baptême en lui donnant les noms et les prénoms de leurs ennemis ; ensuite ils lui font avaler une hostie consacrée avec des formules d'imprécation ; puis, après l'avoir entouré de cheveux ou de vêtements provenant de la victime désignée, ils l’enterrent dans un lieu où elle a l'habitude de passer souvent.

    Mais les envoûtements les plus ordinaires se font sur des figures de cire ; on mêle à cette cire de l'huile baptismale et des cendres d'hosties brûlées. De ce mélange on forme une image de la personne contre laquelle on dirige les maléfices ; on habille cette poupée, appelée dagyde, des mêmes vêtements que la victime a l'habitude de porter ; on administre les sacrements à la figurine et on prononce contre elle toutes les formules de l'exécration et de la malédiction ; ensuite on lui fait subir des tortures inimaginables, espérant qu'elles sont ressenties par le maléficié lui-même. Si la statue fond à l'ardeur du feu (de préférence un feu de bois et de verveine), l'envoûté, après avoir langui et dépéri pendant un certain temps, est condamné à mourir d'épuisement ; si on pique avec une aiguille neuve la figures de cire, en prononçant des conjurations, les personnes envoûtées souffrent précisément dans la partie qui a reçu la piqûre ; un coup porté dans le cœur de la poupée détermine la mort immédiate de l'envoûté. L'effigie de la victime peut aussi être moulée en terre glaise ou en airain. De nos jours, la poupée est remplacée par une "bougie humaine", bougie à l'effigie d'un homme ou d'une femme dont on choisit la couleur en fonction du but recherché : rouge pour susciter la passion ou la colère, rose pour équilibrer les émotions et à améliorer les relations (amour et amitié), noire pour aider à se débarrasser de quelqu'un, pour se protéger ou encore pour jeter un sort à une personne, blanche pour trouver la guérison, la protection et la purification, verte pour trouver l'espoir, avoir de la chance ou de l'argent.

    Voici un envoûtement d'amour tiré d'un grimoire : « Un vendredi, par nuit claire, écraser trois poignées de riz noir. Pétrir la farine obtenue afin d'obtenir une pâte et en confectionner la figure de la personne dont on veut se faire aimer. Ne pas oublier de fabriquer un petit cœur, que l'on placera à l'intérieur de la figure, là où doit se trouver le cœur humain. Allumer un feu de morelle blanche, d'asclépias à fleurs rouges, d'aubépine blanche et de branches de chêne. Faire cuire sous la cendre la figure et la manger très chaude. Toute, sauf le cœur. Autrement, la personne désirée en mourrait. »

    Pour paralyser l'effet de l'envoûtement, il faut que la personne maléficiée rende à l'envoûteur un service quelconque et qu'elle tache de l'amener à la communion du sel. Pour éviter l'envoûtement opéré par le crapaud, on doit porter sur soi un crapaud vivant renfermé dans une boite de corne. Pour l'envoûtement par le cœur percé, la personne qui en fait l'objet doit manger un cœur d'agneau assaisonné de sauge et de verveine.

    Les anciens croyaient à la puissance de l'envoûtement et à ses effets singuliers ou terribles.

    Les auteurs latins parlent de cette pratique de sorcellerie comme d'une des manœuvres occultes le plus souvent employées par les sorciers contre les personnes auxquelles ils veulent nuire. Ovide, dans une de ses plus gracieuses élégies, se plaint d'être sous l'influence fâcheuse (impuissance sexuelle) du maléfice qui fut plus tard désigné sous le nom de "nœud de l'aiguillette".


    L'arsenal de la sorcellerie

    1° le miroir magique, instrument favori de Catherine de Médicis et dans lequel se reflétait l'avenir ;
    2° la pistole volante, monnaie marquée d'un signe cabalistique et qui revenait toujours dans la poche de son maître ;
    3° les têtes d'airain, fabriquées sous l'influence de certaines constellations et qui, interrogées, donnaient des conseils ;
    4° les armes enchantées ;
    5° le carré magique, appareil de divination ;
    6° la baguette magique, qui servait à tracer les cercles de conjuration, et enfin les anneaux, colliers, peaux diverses, etc., jouissant de propriétés particulièrement déterminées.
    Les onguents, les poudres et les breuvages les plus étranges jouent également dans la sorcellerie un grand rôle. Parmi les plantes, la sorcellerie choisit de préférence celles qui sont vénéneuses ou infectes : la ciguë, la valériane ; celles qui croissent sur les tombeaux; telles que le lierre, la mauve et l'asphodèle. Elle adopte, parmi les animaux, le coq, le serpent, le loup, le hibou et surtout le crapaud. Les cadavres humains des malfaiteurs, des excommuniés et des pendus sont également employés.
    Voici une horrible recette trouvée dans un Grimoire espagnol : « Prenez des crapauds, des couleuvres, des lézards, des colimaçons et les insectes les plus laids que vous pourrez trouver. Ecorchez avec vos dents les crapauds et les reptiles ; placez-les dans un pot avec des os d'enfants nouveau-nés et des cervelles de cadavres tirés de la sépulture des églises. Faites bouillir le tout jusqu'à parfaite calcination et faites bénir par le diable. »
    On peut même ensorceler les forêts, les fleuves, comme le vent et la mer.
    Afin de suppléer les défaillances de la mémoire, on consigne les formules magiques dans des livres : Les Clavicules (Petites clefs) attribuées à Salomon, et les Grimoires.


    Le 13 juin 1590, au sujet des gamins et des fillettes convaincus de sorcellerie, l'évêque de Tournai ordonne : « Les premièrement bien catéchiser et instruire et, par après, induire à bonne contrition et abomination d'ung exécrable péché, puis après les envoyer à la confesse et d'en user aussy des exorcismes, s'il est besoin. »

    Les synodes de Montauban (1594) et Montpellier (1598) condamnent le "nouement de l'aiguillette" et en excommunient les auteurs.

    En 1599, dans ses Six livres de discussions magiques, le jésuite Martin Del Rio affirme qu’en matière de sorcellerie, tous les témoignages sont acceptables pour soumettre un suspect à la torture.

    « Le crime de sorcellerie, dit un magistrat de la fin du XVIe siècle, est un crime exceptionnel, tant pour l'énormité d'iceluy que pour ce qu'il se commet le plus souvent de nuit et toujours en secret; tellement, qu'à cette occasion le jugement en doit être traité extraordinairement, sans qu'il soit besoin d'observer en cela l'ordre de droit ni les procédures ordinaires... Je dis qu'il faut condamner tous les sorciers, lors même qu'ils tesmoignent de bons sentiments. J'ajouteray une autre raison bien poignante, savoir : que depuis que l'on a esté une fois empêtré dans les rets de Satan, on ne s'en peut retirer. »

    Entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XVIIe, environ 100 000 personnes (la plupart des femmes), condamnés par des tribunaux laïcs, sont brûlés pour sorcellerie (bûchers en forme de hutte) dans le Sud de l’Allemagne, particulièrement dans la région de Trêves.

    En 1604, le concile de Namur interdit l'usage des livres traitant de magie et excommunie ceux qui pratiquent le "nouement de l'aiguillette".

    Lors de son procès en sorcellerie, Madeleine des Aymards, quinze ans, raconte au lieutenant général criminel de Riom, en Auvergne, le sabbat auquel elle a assisté plusieurs fois en 1606 : « Emportée en l'air en une montagne », elle y rencontre « grand nombre de personnes, tant d'hommes que de femmes, de toutes sortes et conditions ». Satan demande alors à ses serviteurs de rendre compte "des maux qu'ils avaient commis, quelles personnes ils avaient tué et empoisonné, indisposé et rendu malade, quel bétail ils avaient fait mourir et quels autres maux ils avaient fait". Puis la messe est contrefaite c'est une messe de dérision, dite à l'envers, sur un autel noir, avec des ornements noirs, une hostie noire... On danse "dos contre dos", au son du fifre et du tambourin. Enfin, le maître de cérémonie éteint la lumière, "et alors chaque homme de ceux qui l'assistaient prenait chacune des femmes et filles qui y estoient et les couchaient par terre et les jouissaient et connoissoient charnellement par le commandement du dit diable".

    Le 14 août 1606, François de Nobilibus, moine franciscain, est condamné au bûcher par le Parlement de Grenoble pour des pratiques de sorcellerie ; il est pendu avant d'être brûlé avec ses livres, amulettes, parchemins, effigies, aiguilles, etc.

    En 1607, le concile de Malines, après avoir condamné les sorciers et les devins, mande aux juges ecclésiastiques et exhorte les juges laïques de châtier de l'exil ceux qui y ont recours.

    Dans un livre publié à Lyon en 1609, Bocquet, chef du tribunal du chapitre de l'abbaye de Saint-Claude (Jura), se vante d'avoir fait brûler 600 sorcières dans l'espace de 10 ans et dans le seul pays de Saint-Claude.

    Entre 1608 et 1610, Pierre de Lancre, juge de Bordeaux, mène une longue enquête sur la sorcellerie dans le Labourd (région de Bayonne) dont il tirera en 1612 son fameux Traité de l'inconstance des mauvais anges et des démons. Jeannette d'Abadie, qui n'avait que seize ans lorsqu'elle fut conduite au sabbat par une certaine Gratiane, lui confie "qu'elle y vit le diable en forme d'homme noir et hideux, avec six cornes en la tête, parfois huit, et une grande queue derrière, un visage devant et un autre derrière la tête, comme on peint le dieu Janus, que ladite Gratiane l'ayant présentée, reçut une grande poignée d'or en récompense, puis la fit renoncer et renier son Créateur, la Sainte Vierge, les saints, le baptême, père, mère, parents, le ciel, la terre et tout ce qui est au monde, laquelle renonciation elle lui faisait renouveler toutes les fois qu'elle allait au sabbat, puis elle l'allait baiser au derrière".

    En 1610, le concile de Metz réprouve ceux qui usent de l'Eucharistie, de reliques ou d'images saintes en vue de maléficier.

    1611
    - Le 2 janvier, débute en Hongrie le procès de la comtesse sanglante, Erzsébet (Elisabeth) Bathory, et de quatre serviteurs complices, qui dure 5 jours. Arrêtés le 29 décembre 1610, sur ordre du roi Matthias, par le comte Gyorgy Thurzo (dont les hommes ont trouvé une fille morte, une mourante, une blessée et d’autres enfermées), les accusés sont : Erzsébet Bathory, Janos Ujvari (Ficzko), Jo Ilona, Dorottya Szentes (Dorko) et Katalin Beniezky. Tous sauf Bathory (qui s’enferme dans un mutisme total) avouent les crimes et tortures. La comtesse, qui s'adonnait à la magie noire, envoyait ses complices trouver et ramener des jeunes filles au château pour les sacrifier afin de boire leur sang ou de se baigner dedans (le nombre de jeunes filles torturées et tuées reste indéterminé ; on en a mentionné une centaine). Bathory était persuadée que le sang des jeunes filles, accompagné de rituels adaptés, allait ralentir sa vieillesse et maintenir sa beauté. Jo Ilona, Ficzko, Dorko et Katalin Beniezky sont condamnés à la décapitation et exécutés. Le 17 avril, Bathory est condamnée à être emmurée dans sa chambre (avec juste une ouverture permettant de lui transmettre de la nourriture) où elle meurt le 21 août 1614. La légende en a fait un vampire.
    - Louis Gaufridy, curé de Notre-Dame des Accoules à Marseille, après avoir subi les questions ordinaire et extraordinaire, est condamné pour avoir introduit le démon dans un couvent d'ursulines : il est brûlé vif le 30 avril. Des ursulines ont accusé Gaufridy des pires turpitudes notamment de les avoir fait posséder par les démons, Belzébuth, Asmodée, Verrine, Grésil, Sonneillon, et autres…

    De 1611 à 1618, à Ellwangen, petit territoire catholique dans le Sud-ouest de l'Allemagne, 400 personnes sont condamnées puis exécutées au cours d'une des plus importantes chasses aux sorcières de l'histoire européenne.

    En 1615, la chasse aux sorcières atteint le petit village suisse de Golion (Vaud) : sur ses 200 habitants, 25 seront brûlés vifs pour sorcellerie sur une période de 16 ans.

    Le 8 juillet 1617, Léonora Galigaï (épouse de Concino Concini, marquis d’Ancre et maréchal), accusée de judaïsme, de magie, de sortilèges (notamment d’avoir ensorcelé la reine mère, Marie de Médicis, dont elle était l’amie et la femme de chambre) et condamnée comme sorcière malgré ses dénégations, est décapitée puis brûlée en place de Grève. Le 24 avril, Louis XIII a fait abattre, à coups de pistolet, Concini, l’amant notoire de la reine mère, dans la cour du Louvre, par le baron de Vitry, capitaine des gardes.

    En 1619, à Bordeaux, Pierre de Lancre, préside une commission qui, dans une seule année, fait conduire au supplice 500 prétendus sorciers.

    En 1620, procès des sorciers de Nérac.

    En 1622, le médecin Poirot est accusé d'avoir ensorcelé une grande dame à Nancy.

    Urbain VIII, pape de 1623 à 1644, demande aux juges de faire preuve de discernement.

    1631
    - le concile de Cambrai excommunie ceux qui consultent les devins.
    - Un jésuite allemand, Friedrich Spee von Langenfeld (1591-1635) publie anonymement son manuscrit Cautio Criminalis dans lequel il dénonce les procès en sorcellerie illégitimes et inhumains, la torture brutale et l’extermination systématique d’innocents : des malheureuses, qui n'ont de sorcières que le nom, sont arrêtées, emprisonnées, torturées et condamnées au bûcher que pour avoir été accusées par d'autres inculpés eux-mêmes soumis à d'effroyables tortures. Quand il publie en 1632 une seconde version plus critique que la première, il perd la protection de la Compagnie de Jésus qu’il doit quitter.

    8 avril 1634, procès en sorcellerie d'Adrien Bouchard et de ses complices devant le Parlement de Paris.

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