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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Guerre et religion

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:31

    Guerre et religion



    Que penser de l’opinion suivant laquelle la religion serait un terreau propice à fomenter les guerres puisque ses membres versent facilement dans le fanatisme. Cet énoncé affirme deux choses. Un, la religion cause la guerre; deux, un croyant devient facilement fanatique. Bien que l’énoncé ne le précise pas ceux qui avancent cette opinion, étant occidentaux pour la plupart, ont en tête la religion chrétienne.

    Cette religion reconnait un Dieu personnel qui mérite notre adoration, exige de ses fidèles de devenir meilleurs de sorte qu’ils puissent s’aimer les uns les autres. Ces traits disposent-ils à la guerre?

    Une religion de cette sorte rend-elle pacifique ou belliqueux? Le croyant place sa vie sous le regard de Dieu. Se mettre en relation avec un Être suprême a comme effet d’élever l’esprit et la volonté de celui qui lui est subordonné. Au lieu de limiter son horizon à son monde, il accède à la perspective plus vaste de Dieu. Les soucis du quotidien, de la santé, la recherche des honneurs, des plaisirs et des biens matériels sont mis dans une juste perspective lorsque confrontés à l’univers plus vaste de la volonté divine. Le croyant agrandit son âme et s’attache à une réalité autre que le quotidien et, parvient petit à petit à se détacher des biens qui ne méritent pas d’avoir toute son affection. Or, l’histoire montre que les guerres proviennent principalement du désir de posséder ce que l’autre a, de la jalousie, de l’ambition, du désir de se venger, de l’insécurité.  Autant de défauts que la croyance en Dieu tempère pour autant qu’elle incite à voir au-delà de sa seule personne et de ses propres biens. La religion pacifie l’humain en lui donnant un horizon autre que son moi et en le détachant de biens propices à engendrer des conflits. Ces biens de leur nature ne peuvent être possédés par  plusieurs en même temps (par exemple, une même portion de terre ne peut appartenir à plusieurs). La religion met de l’ordre dans ce à quoi l’homme s’attache et, ainsi, l’éloigne de l’attitude belliqueuse.

    Passons au second trait : devenir meilleur rend-il pacifique? Poser la question c’est déjà y répondre en partie. Toute éducation cherche à rendre meilleur, en quoi la religion se distingue-t-elle? La religion met la barre plus haute. Elle ne se limite pas aux qualités requises pour la vie domestique ou sociale, mais exige en plus toutes celles qui sont nécessaires pour entrer dans l’univers de Dieu. Or Dieu étant plus grand désire un bien plus vaste que nous. Une morale simplement humaine n’ira pas jusqu’à demander de pardonner soixante-dix-sept fois sept fois. D’aimer ses ennemis, de prier pour ceux qui nous persécutent. Ainsi la religion présente un objectif plus élevé permettant à l’humain de donner le meilleur de lui-même, de se dépasser en quelque sorte.  La religion peut même augmenter la motivation à devenir meilleur. Toute morale humaine fait appel au sens moral de la personne et à la satisfaction que procure le fait de vivre en harmonie avec les autres. À ces premières motivations la religion ajoute la perspective de plaire à Dieu et la récompense qui s’y rattache. Ainsi la religion parle de l’Importance de croire à la vie avec Dieu. Le croyant a donc deux raisons de s’améliorer.

    Voyons maintenant le second énoncé : un croyant devient facilement fanatique. Bien que cet énoncé soit contredit par la simple observation : les fanatiques dans toutes les religions sont nettement minoritaires. Faisons comme si l’énoncé était crédible. La croyance en un Dieu dispose-telle au fanatisme? Selon le Robert le fanatique est animé envers sa religion d’une foi intraitable et d’un zèle aveugle. Concédons au départ que toutes les activités qui se rapportent à un bien important à nos yeux comme la vie de couple, le sport, la politique, la religion incitent celui qui les pratique à les défendre, ce qui s’appelle le zèle. Le partisan d’une équipe sportive défend certes son équipe sans pour autant s’aveugler sur les faiblesses réelles de ses joueurs. Il  n’y a que quelques fanatiques qui outrepassent cette limite.

    Mêmes remarques en ce qui regarde le couple, la politique ou la religion. Oui, mais la religion touche à Dieu qui présente une vision globale de la vie, s’y attaquer c’est mettre en cause tout le sens de la vie. Convaincu de l’importance du bien en cause le croyant ne risque-t-il pas d’être, plus facilement que les autres, trop zélé? Le fanatisme est un zèle excessif. Le zèle augmente en proportion de l’importance du bien en cause. Il y a plus de zèle dans la vie de couple et dans la politique que dans le sport sans que l’on soit pour autant fanatique. Il ne faut pas confondre l’ardeur combative du militant politique avec le fanatisme.  Ainsi en est-il en matière de religion. De plus, dans le cas de la religion, certes son contenu est en soi plus important, mais il faut être réaliste. Les croyants véritables ne sont pas nombreux. Il est difficile de croire.  Pensez seulement à toutes ces personnes qui se disent croyantes et qui ne peuvent s’empêcher dans une funérailles de soulever des doutes quant à l’existence d’une vie après la mort («personne n’est venu nous dire comment c’était de l’autre côté»)! La foi ferme n’est pas le lot de la majorité et, par conséquent, le zèle non plus; le fanatisme, encore moins. De plus, ceux qui sont animés d’une foi ferme tentent d’adhérer à la façon de voir de Dieu. Or Dieu demande aux  humains d’être miséricordieux, artisans de paix, tolérants et ouverts. Comment une personne animée de ces valeurs peut-elle agir à la manière d’un fanatique? Le véritable croyant est tout le contraire d’un fanatique.

    D’où viennent donc les fanatiques religieux? De la même source que les fanatiques sportifs, amoureux et politiques. Des personnes qui compensent des manques importants de leur personnalité par l’activité dans laquelle ils se projettent. L’expérience montre que les personnes ayant de sérieux problèmes personnels ont plus de chance de verser dans le fanatisme. Le bien de l’activité dans laquelle il s’engage est surévalué en raison de son besoin de compenser. Pour cette raison, il se sent autorisé à agir comme il le fait. La religion n’est alors qu’un paravent. En somme, les fanatiques religieux sont bien peu religieux et relèvent bien plus de la psychopathie.

    Ceci dit il ne faut pas mettre toutes les religions sur le même pied et conclure que le contenu de chacune s’équivaut en ce qui regarde la propension à la guerre. Une religion qui encourage la vengeance prépare le terrain à la guerre. La croyance athée affirme que la vie n’a pas de but, elle autorise chacun à suivre sa volonté. Cette croyance ouvre la porte aux conflits. Un esprit éclairé pourra faire la part des choses en analysant le contenu de chacune des différentes croyances.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:32

    Religion, guerre et barbarie

    Guerre et religion X3q2

    Les abominations auxquelles se livre Daech en Irak et en Syrie posent encore une fois la question du lien qui existe entre la religion et la violence organisée. On peut logiquement se demander si l'Islam a une affinité particulière pour de tels actes. Etant donné que les militants de Daech et d'al-Qaïda se disent salafistes et se définissent comme des fondamentalistes fanatiques chargés de purifier la communauté des croyants musulmans, l'oumma, en exterminant les faux-croyants et leurs alliés infidèles (sans oublier les hérétiques), nombreux sont ceux qui estiment que la religion mène à la violence, voire l'encourage.

    Ce dernier point est particulièrement pertinent au vu de l'actualité. L'argument est néanmoins spécieux. Il suffit de se pencher sur l'histoire de l'humanité pour constater que les militants de toutes les religions ont commis des atrocités au nom de leurs croyances. Les Croisés ont célébré la prise de Jérusalem en massacrant les Musulmans et les Juifs de la ville, après un hiver particulièrement rigoureux ayant entraîné la pratique du cannibalisme.

    Plus tard sont venus les autodafés, le massacre des Cathares, etc. Les Israélites ont tué tous les hommes, femmes, enfants et animaux de Jéricho sur ordre de leur dieu, Yahvé, et se sont rendus coupables d'autres actes monstrueux, persuadés de faire partie du Peuple élu (Deutéronome 6:21). La grande tradition humaniste universelle du judaïsme n'est apparue que bien plus tard, et s'est exprimée pleinement chez les Pharisiens au début de notre ère. Jésus lui-même était l'incarnation d'une branche radicale de la théologie pharisienne. Après tout, ce Juif adressait à d'autres Juifs un message d'amour universel.

    Mêmes les bouddhistes n'ont pas hésité à manier le sabre à l'occasion, comme en témoigne l'histoire de la Birmanie et du Sri Lanka et, au XVIIIe siècle, la destruction totale de la capitale bouddhiste d'Ayutthaya, en Thaïlande, perpétrée par les bouddhistes birmans. Les Hindous ont, eux aussi, commis bien des abominations lors de la partition de l'Inde et du Pakistan en 1947 et des émeutes communautaristes que cette partition a entraînées, dont les dernières ont eu lieu en 2002 à Gujarat. Nous ne devons pas non plus oublier que les attentats suicides, symboles du terrorisme moderne, ont été inventés par les Tigres tamouls, qui en ont commis des centaines - dont celui, perpétré par une femme, qui visait le Premier ministre indien, Rajiv Gandhi - en raison du soutien de l'Inde à la répression de la rébellion tamoule par le gouvernement bouddhiste du Sri Lanka*.

    Il serait tentant de décerner le titre de « religion la plus meurtrière ». En vérité, cet exercice nous détourne d'une question plus fondamentale. En l'occurrence, celle de savoir si c'est l'adhésion à une doctrine religieuse qui en motive certains à s'en prendre aux non-croyants, ou bien si ceci est la conséquence inévitable de toutes les idéologies dogmatiques et doctrinaires. La religion peut être assimilée à une sous-catégorie des idéologies belliqueuses qui prennent parfois un caractère séculaire. Le XXe siècle a été le témoin des effets dévastateurs de telles idéologies séculaires (et même antireligieuses) comme le nazisme ou le communisme de Lénine, Mao ou Pol Pot. Le nationalisme est, lui aussi, une idéologie dont les partisans n'hésitent pas à recourir à la violence. La distinction fondamentale entre « nous » et « eux » favorise les traitements les plus horribles réservés à ceux qui sont différents. Notre humanité commune s'avère impuissante face à une idéologie qui s'empare des dualités « nous/eux » et « bien/mal ».

    Ces mouvements séculaires ont quelques points communs.

    · Ils suscitent une fidélité à toute épreuve de la part de la communauté de croyants ou d'adeptes.
    · Ils fondent l'individu dans un mouvement collectif qui lui dicte le comportement à adopter et teste régulièrement sa loyauté.
    · Ils éveillent des sentiments liés à la sacralité sans faire référence au surnaturel.
    · Ils élèvent l'agressivité au statut d'interaction privilégiée.

    Le fascisme était une idéologie politique qui transcendait les frontières religieuses et culturelles. Les partis baasistes irakien et syrien en étaient des exemples résolument séculaires et explicitement antireligieux. Aucun des crimes de Saddam n'a été commis au nom de l'Islam. Oussama ben Laden et lui se détestaient (contrairement aux illusions intéressées de l'ex-vice président des Etats-Unis, Dick Cheney). Sans oublier les hybrides, qui combinent nationalisme, fascisme et religion, dont la Phalange espagnole reste l'un des exemples les plus frappants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Croix fléchées hongroises, la Garde de fer roumaine, les Oustachis croates et la Garde Hlinka slovaque se sont livrées à de multiples exactions. La Garde de fer était composée de Chrétiens orthodoxes. Quant aux autres, ils étaient férocement catholiques : le président slovaque, le prêtre Jozef Tiso, avait défié le pape et se montrait particulièrement zélé pour envoyer les Juifs en camp d'extermination. Plus près de nous, les Phalangistes libanais sont un exemple de ce type d'idéologie.

    Les identités nationalistes exacerbées ont donc pris un caractère sacré, tout en qualifiant de maléfiques les autres communautés religieuses à portée de main, brutalement sacrifiées sur l'autel des divinités tribales. Les idéologies religieuses et séculaires (à l'exception du nazisme et du fascisme) ont un autre point commun de taille : elles promettent un avenir glorieux à leurs adhérents. Dans le cas des grandes religions universelles -- et du communisme --, la promesse est étendue à l'ensemble de l'humanité. Les premières mettent l'accent sur un au-delà paradisiaque, le second promet le Paradis sur Terre. La plupart des religions diffusent également un message bienveillant, pacifique et constructif censé soulager nos souffrances terrestres même si la récompense ultime se trouve dans l'au-delà. Ceci implique de suivre un code de conduite, qui compte tout autant que la foi et la croyance, condamnant la violence entre individus, entre autres formes de maltraitance.

    Le contraste entre un code moral qui abjure la violence tout en traçant une ligne très nette entre la communauté des croyants et le reste de l'humanité génère des contradictions qui n'ont jamais été résolues de manière satisfaisantes. Pour les Chrétiens, la parole de Jésus semble désavouer le recours à la guerre et à tout type de violence. Ce n'est pas ce qui s'est passé dans les faits, où les nécessités politiques ont pris le dessus sur les impératifs de l'éthique individuelle (« rendre à César » ne se limitait pas au paiement d'un impôt). En outre, l'institutionnalisation du Christianisme au sein d'une Eglise hiérarchisée et extrêmement disciplinée a mélangé le temporel et le sacré de manière irrévocable. Au niveau théologique, le fait que les Chrétiens acceptent l'Ancien Testament comme étant d'inspiration divine implique de réconcilier le tempérament de Yahvé et la religion de Jésus le pacifique. Si l'on s'en tient au commandement « A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur » (Romains 12:18), force est de constater que l'Eglise s'est autoproclamée première sous-traitante de Dieu le Père.

    L'inclusion officielle du Livre des Révélations au début du Ve siècle a littéralement inscrit l'idée de domination et d'extermination dans le Nouveau Testament. Ecrit par un Juif exilé, Jean de Patmos, il accordait le statut d'Evangile aux épouvantables visions apocalyptiques des prophètes hébreux. La boucle est aujourd'hui bouclée puisque les Evangélistes de l'Amérique profonde, comme le dominioniste Ted Cruz, voient dans l'attaque israélienne sur les Palestiniens musulmans, Opération Bordure protectrice, le signe de l'Apocalypse - annoncée par un Juif de l'Antiquité - et du retour du Christ rédempteur (au Jugement dernier, les Juifs récalcitrants et ceux qui ont rejeté le Christ seront détruits par le feu et le soufre). Jésus, après tout, est la version latinisée du Josué qui avait conquis Jéricho. Jean pensait que Jésus était le messie tant attendu, venu sauver le peuple juif et détruire l'oppresseur romain et tous les impies. Au Jugement dernier, ceux qui auront « vaincu » pourront s'asseoir auprès du Fils de Dieu sur son trône (Apocalypse 3:14-22).

    Les textes sacrés islamiques ont hérité de ces contradictions transmises par les gens du Livre, dans compter celles que l'on relève dans le Coran et le Hadith. On y trouve la justification de toute une série d'actions violentes ou concernant le traitement des croyants et des non-croyants, depuis les plus bénignes jusqu'au plus pernicieuses.
    ***
    Prenons un peu de recul. Si l'on étudie l'histoire du XXe siècle, on constate que des idéologies séculaires ont tué des dizaines de millions de personnes. Un chiffre qui éclipse la somme de toutes les victimes des violences religieuses au cours des siècles. A vrai dire, la religion n'a joué qu'un rôle mineur dans le désordre et les crimes qui caractérisent notre époque. L'idée que nous vivons dans une ère de fanatisme religieux repose sur deux facteurs. Le premier est l'émergence de fondamentalistes radicaux dans le monde musulman, qui se servent de la terreur pour servir leur cause. Le second est la différence radicale entre ce phénomène et le monde sagement prosaïque des démocraties occidentales, libérées des conflits et des guerres ataviques, tout du moins en leur sein. Ces sociétés séculaires sont naturellement enclines à condamner celles où la religion continue à jouer un rôle important, surtout dans le monde musulman. Elles ont du mal à concevoir l'idée même de pensée religieuse. Beaucoup d'Européens ne comprennent pas plus les salafistes que leurs propres ancêtres, ou les Evangélistes extrémistes américains. Ils ne font pas non plus beaucoup d'efforts pour les comprendre.

    Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe de l'Ouest s'est affranchie de toutes les idéologies, qu'elles soient religieuses, nationalistes ou politiques. Peu de société manifestent aujourd'hui un tel désintérêt pour la politique. Si l'Amérique de la fin du XVIIIe siècle s'est construite en opposition à l'histoire des autres nations, l'Europe de l'Ouest du milieu du XXe siècle a réussi à se libérer de sa propre histoire. Les bouleversements de la première moitié du XXe siècle ont ouvert la voie à un profond changement dans les modes d'interaction des peuples européens.
    Cette libération a nécessité une prise de distance affective, philosophique et intellectuelle avec les éléments de la vie politique qui avaient jusque-là défini l'action publique : au niveau international, les rivalités meurtrières ; en politique intérieure, les conflits idéologiques entre les différentes factions. Les « sociétés civiles » de l'Europe contemporaine (surtout à l'Ouest) se sont transformées. Les régimes politiques de cette nouvelle Europe sont davantage le résultat de soustractions que d'additions politiques. En d'autres termes, c'est parce que les intérêts mesquins et les ambitions sans envergure dominaient la vie publique que les Européens se sont débarrassés de ce qui était susceptibles d'entraver le processus d'intégration. Les passions nationalistes, les idéaux idéologiques, le désir de tracer des frontières en tous genres entre « nous » et « eux » se sont donc taris.

    Les populations de ces sociétés « civiles » envisagent leur mode de vie pacifique et matérialiste comme un but en soi. Ce qui explique leur grande difficulté à comprendre le sentiment religieux ou nationaliste (comme dans les Balkans) exacerbé. Le contraste avec les Etats-Unis est des plus instructifs. L'Amérique partage certaines de ces caractéristiques mais elle diffère radicalement par d'autres points essentiels. Dans l'ensemble, les Américains sont plus religieux, et certains sont fondamentalement des salafistes chrétiens : plus ouvertement nationalistes, et n'hésitant pas à faire usage de la violence, dans leur pays ou à l'étranger. Mais ne confondons cause et corrélation.

    L'engagement militaire des Etats-Unis est davantage lié à des réalités géostratégiques, et à l'Histoire, qu'au nombre de fidèles dans les Eglises ou au pin's aux couleurs du drapeau américain que portent tous les politiciens. La tolérance envers les conséquences de la guerre (au niveau des pertes américaines mais aussi étrangères) est aussi la conséquence d'une situation unique : le territoire des Etats-Unis n'a jamais été dévasté par des puissances étrangères (sauf en 1813), le pays est habitué à être victorieux, et il a une idée très précise de la mission qui lui incombe. Ce qui lui permet à la fois de parer ses actions de motifs désintéressés et de promouvoir l'idée qu'il est un agent et un modèle de progrès.

    Ce mélange unique de caractéristiques nationales génère une tension constante dans la politique étrangère américaine, entre les idéalistes d'un côté et les réalistes de l'autre. A l'ère de la « guerre contre le terrorisme », ces deux visions ont réussi à se renforcer mutuellement pour justifier une stratégie audacieuse d'ingérence hyperactive et multiforme dans des sociétés radicalement différentes, et obtenir le soutien du peuple américain. Concrètement, les Etats-Unis jouent à la fois le rôle d'assistante sociale, de policier, de législateur et d'arbitre. Pour ce faire, ils ont fait énormément de victimes, la plupart innocentes. Ils ont aussi perpétré des atrocités et, dans le cas de leur programme de torture, de manière totalement réfléchie. Pourtant, ces funestes conséquences n'ont pas vraiment de prise sur la conscience américaine. Rien n'est étudié en profondeur. L'image de soi, le sentiment de supériorité morale, la foi dans la justesse des actions entreprises sont restés intacts.

    On ne saurait expliquer ce phénomène en termes de conviction idéologique réfractaire à la réalité. En tant que doctrine politique, le sentiment religieux américain, semblable à nul autre, est trop abstrait et éclairé. Les actions douteuses mentionnées ci-dessus ne découlent ni d'une instruction divine ni d'une promesse solennelle. Le nationalisme exerce son influence mais la « destinée manifeste » du pays n'a plus le poids qu'elle avait autrefois. Cependant, ces spécificités américaines ont donné naissance à une conscience collective qui s'est réconciliée avec certains des agissements que nous dénonçons régulièrement chez les autres.

    Les contradictions qui perdurent dans l'attitude des Américains envers leur propre usage de la violence organisée sont compensées par deux particularités liées à la façon dont le pays livre ses guerres, et notamment la « guerre contre le terrorisme ». Tout d'abord, en remplaçant le service militaire obligatoire par une armée de professionnels, la guerre et ses conséquences peuvent être maintenues à distance. Il est d'ailleurs possible de ne pas y penser du tout en ne se portant pas volontaire. Ensuite, leur dépendance croissante aux armes de haute technologie modifie leur façon de tuer. Etre aux commandes d'un drone dans un bureau confortable du Nevada n'est pas du tout la même chose que d'égorger un Taliban potentiel aux abords d'un village en Afghanistan. La différence psychologique pour celui qui tue est énorme. De manière générale, la population est affectée différemment. Ceci s'explique en partie par le poids des images. Au cours de la « guerre contre le terrorisme », nous n'avons vu que très peu d'images ou de vidéos des morts ou des blessés, d'un côté comme de l'autre. Le contraste avec la couverture médiatique de la guerre du Vietnam est frappant. Aucune image de torture n'a été publiée, à l'exception de celles, les moins spectaculaires, qui ont été prises à Abu Ghraib. La CIA a détruit la plupart des autres preuves.

    C'est pourquoi les images marquantes de décapitation publiées par Daech dans un but de propagande ont un tel impact. L'un de leurs effets est d'assimiler ces actes horribles avec la doctrine salafiste (ce qui est exact) et l'Islam plus généralement (ce qui ne l'est pas). On nous dit que, « pour les Musulmans, tout cela n'a rien d'extraordinaire ». Pourtant, les Américains (Chrétiens et autres) ont tué des centaines de milliers de civils innocents à Hiroshima et Nagasaki. Quelle aurait été la réaction des Musulmans, et des fidèles d'autres religions, si des photographes sur le terrain avaient pu montrer au monde les gens asphyxiés, brûlés et grillés vifs, irradiés ? Nous avons, en revanche, vu les images terribles des morts et des blessés à Gaza, lors de l'offensive de l'armée israélienne, sans que presque personne, dans toute la classe politique américaine, et chez les différentes dénominations religieuses, ne s'en offusque. Y aurait-il une différence morale fondamentale dans la cause au nom de laquelle ces actions ont été perpétrées ?

    L'Islam, le christianisme, le judaïsme et toutes les autres religions peuvent influer sur notre comportement, de diverses manières, et dans des mesures différentes. La religion a donc son importance. Mais la responsabilité d'actes criminels ne doit pas incomber à une religion en particulier. Le principal coupable, c'est la nature humaine, au niveau individuel et sociétal. Ou, si vous y tenez, le dieu qui a donné vie à des créatures aussi contradictoires et imparfaites.
    __________
    * D'après l'Institut international des études stratégiques, les Tigres tamouls sont les premiers rebelles à avoir utilisé des ceintures et vestes explosives dissimulées. L'unité spécialisée dans les attentats suicide s'appelait les Tigres noirs. D'après les documents publiés par l'organisation des Tigres tamouls, les Tigres noirs ont commis 378 attentats suicide entre le 5 juillet 1987 et le 20 novembre 2008. 274 ont été perpétrés par des hommes, et 104 par des femmes.
    Ce blog, publié à l'origine sur



    [ltr]Le Huffington Post Etats-Unis[/ltr]



    , a été traduit de l'américain par Bamiyan Shiff.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:34

    La religion est la cause de la guerre !


    L'éthologiste britannique Richard Dawkins1 dit que “la religion est la cause des conflits du fait qu'elle est génératrice d'une seule vérité.”

    Toutes les nouvelles que nous voyons à la télévision, ou que nous lisons dans les journaux nous rappellent que tous les conflits contemporains ( les “Twin Towers” du 11 septembre, le conflit en Irak, en Afghanistan, en Irlande du Nord, au Moyen Orient, Bosnie, Sri Lanka…) ont éclaté à cause de la différence religieuse.

    Il y a aussi les attentats suicides où des hommes donnent leur vie pour la cause de leur religion ce qui justifie les propos de Richard Dawkins.

    Plus généralement, une inquiétude se développe concernant le rôle de la religion dans l'élaboration des civilisations, et dans sa responsabilité concernant les hostilités entre plusieurs civilisations différentes. La suggestion selon laquelle : “la croyance mène à l'intolérance et finalement à un conflit” est l'une des idées les plus populaires actuellement, mais est-ce que c'est vrai ? Est-ce simplement un mythe du XXIe siècle ? Comment les chrétiens qui croient en une seule vérité et en un seul Sauveur, Jésus-Christ, peuvent-ils faire face à ces arguments?

    Que pourrait dire un chrétien en réponse à ce genre de défi ?



    • C'est trop simple de dire que la religion est la cause des conflits, de la guerre et de la violence. Les informations qui nous sont données à la télévision et dans les journaux sont biaisées et nous renseignent de manière insuffisante et incomplète. L'objectivité chez les médias n'existe pas.

    • Parfois, c'est clairement visible : des établissements ou des organisations corrompus utilisent le nom de la religion pour mettre en avant leur agenda politique.

    • Les impérialistes assoiffés de sang des croisades n'était pas influencés par la Bible mais plutôt par leur soif de pouvoir et d'intérêts.

    • La plupart des conflits du XXe siècle étaient le résultat d'une idéologie athée. C'est souvent la religion qui est blâmée, mais l'Histoire nous donne une autre vision des conflits. Les critiques de la religion doivent nous expliquer comment les plus grands “bouchers” de ces 100 dernières années se sont tournés vers l'athéisme et la laïcité pour se justifier. Par exemple, Hitler s'est penché sur les travaux de Nietzsche, philosophe athée, et Staline s'appuya sur Karl Marx pour soutenir ses projets révolutionnaires.

    • Le mouvement laïque et la croyance athée, tels que ceux de Staline ou Mao Tse-tung, qui se partagent les plus grands moments de souffrance et de peine du XXe siècle doivent être remis en cause et questionnés autant que la religion.

    • Guerre et religion Soldiers_600px_400_300_90 Pour éviter toutes formes de simplification, nous devons étudier les enseignements de chaque religion, regarder les abus, et surtout analyser les principes sur lesquels se fonde la religion. Est-ce que prendre l'épée au nom de Jésus pour faire progresser le christianisme est conforme à ce que Jésus a enseigné dans les Évangiles ? Nous pourrions poser des questions du même type à l'islam ou à l'hindouisme. Est-ce que les principes fondamentaux d'une religion prônent la violence ?

    • Ce n'est pas la religion qui est la source de la violence mais plutôt les gens, mais un état d'esprit qui consiste à utiliser une idéologie pour contrôler la manière dont les gens pensent et à limiter les libertés humaines fondamentales.

    • Lorsque la liberté de conscience, la liberté religieuse, le droit des femmes ou d'autres droits importants sont violés, nous devons tous rejeter ceci comme néfaste et mauvais. Parfois ça peut vouloir dire remettre en cause et questionner ceux qui font partie de notre propre affiliation religieuse. Par exemple, que s'est-il passé lorsque nous aurions dû tous nous lever contre l'Ayatollah Komeini lorsqu'il a énoncé une fatwah contre Salman Rushdie pour ses « versets sataniques »?

    • C'est une déclaration autodestructrice ainsi qu'une violation des droits de l'homme d'empêcher un homme de croire ce qu'il choisit de croire avec certitude ou non.

    • Nous croyons avec conviction que ce que Jésus a dit est totalement vrai. La manière dont nous pensons influence notre manière d’agit. Il faut donc reconnaître que nos croyances influencent ce que nous faisons. Il faut constamment effectuer un réalignement nécessaire à la pensée de Christ.

    • Une personne peut être membre d’une Église et pas disciple de Jésus Christ. Certaines personnes sont des “chrétiens culturels”, d'autres sont des “chrétiens authentiques”. Ça fait plaisir aux révisionnistes du XXIe siècle, n'est-ce pas ? En fait, il faut revenir à ce que Jésus nous dit lui-même (
      [ltr]Matthieu 7:21-23[/ltr]

      ).

    • Dostoievsky a dit: “Il y a une guerre entre le ciel et l'enfer et le champ de bataille se trouve dans le cœur de l'homme”. Pour Dallas Willard : “Le plus grand besoin que j'ai, et le plus grand besoin que l'humanité a en général est la rénovation du cœur.”

    • La nature de la création de l'homme par Dieu repose fondamentalement sur la liberté de choix. Le revers de la médaille est que nous pouvons prendre des armes contre Dieu, à l'exemple d'Adam. Le bon côté de la médaille est que nous pouvons aimer  Dieu. L'amour a peu de valeur dans nos cultures… on en parle partout dans les chansons, dans les films, mais on comprend rarement l'essence et le vrai sens de ce mot… Dieu prend le risque de nous donner une liberté et un libre arbitre et la responsabilité du mauvais revers de la médaille si nous lui résistons. En nous laissant libres, Il a pris sur ses épaules la croix qui est l'endroit où l'amour de Dieu est le plus clairement visible, un chef d'œuvre dramatique et une courtoisie de la part du ciel: Dieu donne sa vie pour nous. La croix est l'endroit où notre rébellion contre Dieu, notre guerre contre Lui, ainsi que notre guerre les uns entre les autres sont abolies !

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:34

    Guerre et Paix. Paix et conflits dans la religion.


    Notre société a été en partie fondée par les trois grandes religions monothéistes. En cette période de recrudescence des tensions religieuses, nous avons tous besoin de repères pour comprendre ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui. Cet ouvrage nous aide à mieux saisir l’origine de l’intolérance religieuse.

    Mots clefs :


    [ltr]Utilisation de la religion pour la guerre, utilisation de la religion pour la paix[/ltr]



    [ltr]Islam[/ltr]



    [ltr]Christianisme[/ltr]



    [ltr]Judaïsme[/ltr]



    [ltr]Elaborer une culture de la tolérance et de la négociation pour gérer des conflits[/ltr]




    [ltr]Déconstruire les discours identitaires[/ltr]



    [ltr]Etats-Unis[/ltr]



    [ltr]Espagne[/ltr]



    [ltr]Irak[/ltr]


    Réf. : Claire Veillères, « Guerre et Paix. Paix et Conflits dans la Religion », Ed. Palette,Paris (2005).

    Partie I. Naissances en fanfare
    Dans les religions polythéistes, la diversité religieuse est une réalité familière aux hommes. Chaque dieu incarne une idée particulière ou représente une force de la nature. L’arrivée d’une nouvelle divinité ne trouble personne car aucun de ces dieux ne prétend être le seul vrai dieu. Au contraire, chaque religion monothéiste, transforme ses croyants en une grande famille qui peut percevoir à certains moments ceux qui n’en font pas partie comme des étrangers, des êtres menaçants.

    Les religions, au moment de leur naissance, ont joué un peu le rôle qui est aujourd’hui celui de la loi. C’est pour cette raison que les grandes guerres de religion étaient beaucoup plus fréquentes dans le passé : la religion, plus que la nationalité, était alors ce qui unissait les hommes, leur donnant une identité collective, grâce à quoi ils se sentaient solidaires les unes des autres.

    La guerre fut longtemps l’un des principaux instruments employés pour convertir des peuples aux religions monothéistes. À l’époque de la conquête arabe, entre 622 et 745 environ, les soldats musulmans obligeaient les populations conquises à renoncer au polythéisme et à adopter l’islam. Les juifs et les chrétiens n’étaient pas concernés. En effet, comme les musulmans, ceux-ci ne reconnaissent qu’un seul Dieu et possèdent un livre sacré. Ils étaient donc libres de pratiquer leur culte, mais devaient payer un impôt spécial. Placés sous la protection du pouvoir musulman, ils avaient un statut spécifique, celui de dhimmî, terme que signifie « protégé ».

    S’il arrive que des guerres naissent entre des peuples de religions différentes, il est tout aussi fréquent qu’elles divisent les croyants d’une même religion, au sujet de leurs pratiques et de l’interprétation des grands textes. Ces visions divergentes ont produit, au cours de l’histoire, des « schismes », de grandes ruptures entre les adeptes d’une même religion.
    Partie II. Religion et pouvoir

    Dans beaucoup de pays, les hommes agissent aujourd’hui en fonction de lois civiles. Par ailleurs, dans certains Etats, la religion reste à l’origine des règles de la vie sociale. C’est le cas par exemple des pays musulmans où l’on prétend appliquer la loi religieuse : la charia. C’est aussi le cas en Israël, où les citoyens sont unis par leur appartenance au judaïsme. En Europe, la religion chrétienne conserve dans certains pays une influence décisive. Par exemple, en Irlande ou en Pologne, où l’avortement est interdit pour des raisons religieuses.

    La guerre lancée contre l’Irak au printemps 2002 par les Etats-Unis montre comment la religion peut toujours être manipulée pour donner raison à ceux qui cherchent le conflit. George W.Bush a parlé d’une « croisade », dans laquelle les Etats-Unis incarnent le « Bien » et luttent contre le « Mal ». Ce sont là des arguments de nature religieuse. La croisade est par excellence une guerre religieuse. Ainsi la religion joue-t-elle, aujourd’hui encore, un rôle essentiel en légitimant les actes de la première puissance mondiale.

    Partie III. Cohabitations réussies
    Depuis le milieu des années 1970, les responsables des trois religions monothéistes ont accompli un véritable effort de dialogue. L’histoire a tendance à laisser dans l’ombre les périodes de paix, lorsque les sociétés vivent en harmonie. Pourtant, depuis qu’existent les trois religions monothéistes, des juifs, des musulmans et des chrétiens vivent en permanence ensemble, partout dans le monde. Ils sont aujourd’hui plus mêlés que jamais. S’il y a parfois des conflits dans lesquels la religion a une part, ils sont ponctuels et localisés. La planète n’est pas à feu et à sang partout et tous les jours.

    L’histoire a conservé le souvenir d’une cohabitation presque idéale : celle que connut la société musulmane d’Espagne entre le VIII et le XI siècle. En Andalousie vécurent ensemble les conquérants arabes et berbères, une population juive européenne et des « Mozarabes ». Les Mozarabes étaient des chrétiens d’origine espagnole, les habitants de l’Andalousie avant la conquête musulmane. La société andalouse parlait au moins deux langues : le romance (d’origine latine) et l’arabe. Les jours chômés pour tous étaient ceux des trois religions : vendredi, samedi et dimanche. Le mélange des cultures, des langues et des religions provoqua l’épanouissement de toutes les grandes disciplines de l’époque : littérature, architecture, médecine, musique, mathématique et philosophie. Ce fut une civilisation particulièrement brillante.
    Commentaire

    Cet ouvrage a le mérite de donner à voir et d’expliquer avec une extrême simplicité certaines questions parmi les plus sensibles des religions. C’est une bonne base de départ pour ceux qui, intéressés par ce sujet, souhaitent ensuite l’approfondir. La clarté du livre le rend également accessible à un public jeune.
    Le dernier chapitre est particulièrement intéressant ; on y trouve des informations et des outils concernant les trois grandes religions monothéistes : leur histoire, les diverses cérémonies, les lieux de culte…

    Le concept qui émerge de cette lecture, plus liée à l’actualité des conflits religieux, est qu’aucun conflit n’a une origine exclusivement religieuse, bien souvent la religion est un prétexte pour alimenter et justifier une guerre qui cache des raisons de pouvoir. C’était le cas pour la guerre en l’ex-Yougoslavie ou pour l’invasion américaine en Irak. Dans l’ouvrage, au contraire, l’auteur cite plusieurs exemples de cohabitation religieuse pacifiques, preuves qu’une coexistence pacifique est possible.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:36

    Religions

    Dieu aime-t-il la guerre ?


    C'est au nom de Dieu que les tueurs de l'État islamique sèment la terreur et la guerre de Mossoul à Paris en passant par Bagdad, Beyrouth et Bamako. Faut-il y voir pour autant un retour des guerres de religion ? Si évidente qu'elle paraisse, la référence ne suffit pas à comprendre ce qui motive al-Qaida, Daech et leurs successeurs à venir.

    Un survol attentif de l'Histoire donne un sens tout autre à ces organisations qualifiées faute de mieux de « terroristes ».
    Joseph Savès.


    Guerre et religion Bouton_telechargerledocumentLes hommes n'ont pas besoin de Dieu pour s'entretuerGuerre et religion 0pgx


    Les atrocités mises en scène par Daech rappellent d'autres mises en scène du temps des guerres de religion, il y a cinq cents ans, des guerres de Vendée, il y a deux cents ans, ou plus près de nous des guerres de Yougoslavie.

    Guerre et religion Ryfs

    Les décapitations et la réduction de jeunes filles en esclavage rivalisent dans l'horreur avec les éviscérations, empalements, bûchers, viols collectifs et scènes de cannibalisme d'autrefois.

    Les guerres de religion et les guerres civiles dressent en effet les uns contre les autres des gens ordinairement très proches, citoyens du même pays et parfois du même village.

    D'où le besoin pour chaque camp de se justifier de ses crimes en déshumanisant l'adversaire et en niant sa qualité d'alter ego. C'est hélas ce qui fait toute la différence avec les guerres conventionnelles qui voient des armées régulières s'affronter sur un champ de bataille.

    Il est temps ici de rappeler un fait statistique essentiel qui va à l'encontre des idées reçues : les conflits proprement religieux (Kerbela, Saint-Barthélemy, guerre de Trente Ans, hindous contre musulmans...) tuent beaucoup moins de gens que les guerres d'État à État, les guerres civiles et les dictatures !

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    La religion n'a pas de responsabilité directe dans la plupart des tragédies qui ont ensanglanté la planète jusqu'à l'aube du IIIe millénaire.

    Ainsi, elle a été totalement absente des grands drames du XXe siècle (plus de 100 millions de victimes), exception faite de la scission Inde-Pakistan : guerres mondiales, répressions nazies et communistes, génocides (les Juifs, comme les Arméniens et les Tutsis, n'ont pas été exterminés en raison de leur religion mais de leur prétendue « race »).

    D'une exceptionnelle ampleur ont été les méfaits commis par les régimes athées à l'oeuvre en Allemagne mais aussi en URSS et au Mexique des années 1910 aux années 1940, plus tard en Chine et au Cambodge.

    Guidés par le désir de faire table rase du passé et en particulier du fait religieux, Lénine, Hitler, Staline, Mao, Pol Pot... ont massacré des dizaines de millions d'innocents, soit par exemple beaucoup plus que tous les souverains européens depuis l'An Mil et en tout cas beaucoup plus que tous les fanatiques religieux de l'Histoire.

    Il n'y a sans doute que les Mongols de Gengis Khan et Tamerlanqui peuvent rivaliser avec le triste record du XXe siècle. Qu'ils fussent chamanistes, chrétiens nestoriens, bouddhistes ou musulmans, ce n'est pas au nom d'une religion ou d'une idéologie quelconque qu'ils ont tué mais seulement « pour le plaisir ».


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    Si nous remontons dans le temps, les préoccupations religieuses sont absentes des guerres de l'Antiquité, tant dans la sphère méditerranéenne que dans le reste du monde. Les cités grecques vénéraient les mêmes divinités mais s'affrontaient avec une extrême sauvagerie et n'hésitaient jamais à passer par le fil de l'épée les populations vaincues. Même chose en Afrique jusqu'à l'aube des temps modernes : Chaka a pu fonder l'État zoulou au début du XIXe siècle par des méthodes qui n'ont rien à envier à Staline et Pol Pot.

    Au Moyen Âge, notons que les croisades apparaissent comme des guerres défensives bien plus que des guerres de religion ou des guerres saintes. Leur objectif premier était de restaurer la sécurité des pèlerinages en Terre sainte, mise à mal par l'irruption des nomades turcs. Si les croisés ont combattu avec la brutalité habituelle de l'époque, ils ne se sont pas pour autant souciés de convertir les infidèles musulmans, encore moins de les exterminer.

    Plus près de nous, la guerre d'Irlande, le conflit israélo-palestinien et également la guerre d'Algérie sont assimilables à des conflits coloniaux entre occupants plus ou moins anciens d'une même terre. Les guerres plus récentes, avant l'éruption islamiste, ont opposé des gens de même religion (Darfour, Congo, Irak-Iran...) au nom de préjugés raciaux ou nationaux.

    Cela signifierait-il que Dieu n'a rien à voir avec les guerres ? Que nenni... mais pas toujours de la façon dont on l'imagine.

    [size=130]Dieu rapproche ![/size]
    Rappelons pour la forme le sens originel du mot religion, dérivé du latin relegere« relier ». La religion est ce qui lie normalement les hommes et les rapproche, comme un pont rapproche les deux rives d'un fleuve. C'est si vrai que, chez les Romains, l'organisation des fêtes religieuses était confiée au magistrat également en charge de l'entretien des ponts, le pontife. Son lointain héritier est le Souverain Pontife, le pape François.

    Les Égyptiens, à l'abri du monde extérieur et pénétrés d'un amour profond de la vie, ont pu pendant près de 3 000 ans cultiver une religion souriante destinée à apprivoiser la mort.

    Guerre et religion R7di

    Beaucoup plus impliqués dans les conflits guerriers, les Romains ont développé une religion civile qui avait l'avantage de souder le corps social autour de rituels publics et privés soigneusement codifiés.

    Ses précoccupations étaient essentiellement utilitaires : prendre de bonnes décisions grâce à la divination et aux aruspices (devins) ; obtenir des dieux la guérison en cas de maladie... Rien de mystique là-dedans et les poètes et penseurs latins se souciaient d'ailleurs très peu de religion. Aucun Romain n'aurait eu non plus l'idée de mourir en martyr au nom de Zeus ou Héra.

    On retrouve une religion civile de cette sorte en Chine, autour du confucianisme, et plus près de nous aux États-Unis, où les nombreuses confessions chrétiennes qui se sont développées depuis le XVIIIe siècle privilégient les vertus civiques plutôt que l'introspection spirituelle (mais cela est peut-être en train de changer avec la progression des Églises évangéliques issues du Deep South métissé).

    Cette religiosité tranquille convient aux empires qui ne souffrent d'aucune menace. Quel peuple fut moins mystique que les Britanniques au temps de leur splendeur, au XIXe siècle ?... (*).
    C'est aussi une forme d'islam tranquille que l'on observe dans l'empire arabo-persan de Bagdad et l'empire ottoman de Constantinople à leur apogée.

    Cette histoire-là a commencé au VIIe siècle, quand les cavaliers arabes ont quitté leur péninsule désertique en vue de s'emparer des richesses de leurs voisins bien plus qu'à convertir les âmes. Ils y ont réussi sans trop de difficultés du fait de l'état de décomposition avancée des grands empires antiques.

    Mais après avoir soumis le monde de l'Atlantique à l'Indus, ils se sont vus au siècle suivant ravalés au rang de sous-fifres par les Persans.
    C'est ainsi qu'à Bagdad s'épanouit une culture éclectique fécondée par l'Inde, la Perse et la Grèce. À la cour du calife de Bagdad, le poète Abou Nouwas (757-809) chante mieux que quiconque l'amour de la vie et des femmes, des garçons et du vin :

    « Le vin m'est présenté par un jeune échanson
 de sexe féminin, mais vêtu en garçon
...


    Guerre et religion Gjc3


    Il serait intéressant d'interpeller l'actuel « calife » de Racca et ses piteux disciples sur ces musulmans qui ont porté l'islam plus haut qu'ils ne le porteront jamais...

    Dieu protège !
    Cette joie de vivre s'effondre aux alentours de l'An Mil. À Jérusalem, le calife fatimide du Caire détruit le Saint Sépulcre en 1009 dans un accès de fanatisme. Les nomades turcs installent le chaos au Moyen-Orient et vont jusqu'à menacer l'empire byzantin. Ils interrompent également les pacifiques pèlerinages des chrétiens d'Occident, ce qui provoque l'intervention des croisés comme on l'a vu plus haut.

    Dans le même temps, faut-il s'en étonner ? la religion devient le refuge des âmes inquiètes. En l'an 1019, le calife de Bagdad Al Qadir fait lire au palais et dans les mosquées une épître dite « épître de Qadir » par laquelle il interdit toute exégèse nouvelle et ferme la porte à l'effort de recherche personnel des musulmans (l'ijithad). Cette décision va tuer l'esprit critique et favoriser l'imitation servile (le taqlid).

    Après le passage des Turcs puis des Mongols, les sociétés islamiques vont retrouver un développement autonome plus ou moins paisible et créatif. Ainsi en Andalousie et au Maroc, qui a fièrement conservé son indépendance des origines à nos jours (exception faite du bref épisode du protectorat) ; ainsi en Iran (Perse) et dans le sultanat de Delhi. Toutes ces sociétés incluent au Moyen Âge d'importantes communautés non-musulmanes, parfois ultra-majoritaires comme aux Indes. Les gouvernants ne cherchent pas à les convertir. Ils préfèrent les pressurer d'impôts.
    À la fin du Moyen Âge, les Ottomans vont plonger l'islam méditerranéen et proche-oriental dans une longue torpeur dont il ne sortira qu'au XIXe siècle, sous les coups des Occidentaux et en premier lieu de Bonaparte.

    Remontons le temps. Nous observons la même quête d'un dieu protecteur chez les peuples souffrants, à commencer par le peuple hébreu.

    Guerre et religion V0ri

    Les douze tribus d'Abraham établies sur la Terre promise connaissent une succession d'épreuves au 1er millénaire avant notre ère, de l'invasion des Assyriens en 721 av. J.-C. à l'exil de Babylone en 597 av. J.-C. Ils sont libérés en 539 par les bonnes grâces du Grand Roi des Perses Cyrus II mais c'est pour passer plus tard sous la tutelle d'Alexandre le Grand et de ses successeurs (en grec, « diadoques »).

    Ces Hébreux, qui vivent alors sur l'une des terres les plus riches du monde, connaissent une démographie très dynamique. Ils sont sans doute plus d'un million rien qu'en Palestine et leur diaspora autour de la Méditerranée est sans doute aussi nombreuse. C'est au total un dixième peut-être de la population de la région.

    Leurs épreuves les conduisent à renforcer leur identité à travers le lien ancestral qui les rattache à leur dieu. C'est ainsi qu'entre l'an 500 et l'an 150 av. J.-C., des scribes ou des érudits juifs compilent les archives et les textes anciens de leur communauté au sein de ce qui sera la Bible. À travers cette compilation, ils s'appliquent à témoigner de leur alliance avec un Dieu unique qui s'est manifesté en leur faveur à travers toutes sortes de signes et d'événements.

    De fait, les communautés israélites, même dispersées sur toute la surface de la planète, vont résister jusqu'à nos jours à toutes les persécutions, y compris les pires qui soient, sans jamais perdre la foi.

    C'est aussi le malheur des temps, la défection des élites et les incursions barbares qui vont aux IIIe et IVe siècles pousser les habitants de l'empire romain vers le dieu protecteur des juifs. Ils vont l'adopter dans sa version chrétienne, un Messie envoyé pour sauver les hommes et les conduire à la vie éternelle.

    Ce Dieu va se montrer d'abord consolateur pendant le long et pénible épisode des invasions barbares. Puis il va devenir très protecteur puisque, à partir de l'An Mil, la chrétienté occidentale ne va plus connaître d'invasions d'aucune sorte jusqu'à nos jours... Une exception dans l'Histoire universelle !

    Durablement stabilisées du fait de l'absence de menace extérieure, les sociétés européennes vont peu à peu se pacifier sous l'impulsion du clergé et donner naissance à des États de droit, fondement indispensable du progrès.

    Ces sociétés, soudées par la foi en un même Dieu et la soumission à une même autorité ecclésiastique, vont aussi se montrer impitoyables envers les ferments de division. Ainsi les Cathares sont-ils combattus par les armes et par l'Inquisition, plus brutalement que les musulmans du Proche-Orient. 

    Au XVIe siècle, les États européens et leurs habitants sont suffisamment assurés de leur force pour n'avoir plus besoin de la protection quelque peu envahissante de l'Église de Rome. Voici la Réforme de Luther et bientôt les guerres de religion.

    À l'issue de celles-ci, les Européens vont avancer à tâtons vers un compromis qui concilierait l'athéisme militant, l'indifférence agnostique et une religiosité tranquille « à l'américaine ». Ils s'attirent en 2000 cette remarque désabusée du pape Jean-Paul II« Pour la première fois de l'histoire de l'humanité, il y a un homme qui vit comme si Dieu n'existait pas, c'est l'homme européen »...
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:44

    Dieu libère !

    Justement, en 1978, quelle n'a pas été la surprise des Européens devant la ferveur religieuse qu'a suscitée l'élection de ce même pape dans son pays natal, la Pologne communiste ! Les Polonais ont pu résister à quarante années d'oppressions nazies et soviétiques grâce à leur foi catholique et au dévouement de leur clergé.

    L'élection de l'archevêque de Cracovie Karol Wojtyla à la tête de l'Église catholique va relancer leur ardeur comme jamais et, le 31 août 1980, à l'issue des
    [ltr]accords de Gdansk qui consacrent le triomphe du syndicat libre Solidarnosc, le très catholique leader syndicaliste Lech Walesa brandit devant ses camarades le stylo avec lequel il a signé les accords. C'est un gadget comme on en voit dans les boutiques de souvenirs du Vatican, avec le portrait du pape polonais. Lech Walesa veut par là signifier que le Souverain Pontife a guidé son bras et inspiré les accords ![/ltr]

    Guerre et religion W84z

    Ainsi Dieu a-t-il pu contribuer à libérer les Polonais et autres Européens de l'oppression communiste... La suite est plus amère. Sitôt qu'ils ont rejoint
    l'Occident démocratique, les Polonais ou du moins la plupart d'entre eux se sont abandonnés aux délices païens du consumérisme, avec en prime une natalité en berne. Même phénomène de l'autre côté de l'Atlantique, où les Français de la ont pu conserver pendant deux siècles leur identité sous tutelle anglaise grâce à leur foi catholique et à leur clergé. Mais à la fin du XXe siècle, les désillusions indépendantistes et l'humeur fôlatre ont eu raison de leur résistance. Aujourd'hui, le Québec se distingue en Amérique du Nord par son indifférence religieuse et sa très faible natalité tandis que l'identité francophone ne mobilise plus les foules même si elle demeure heureusement très vivante.

    Guerre et religion 0t91 


    Revenons en Europe : c'est en invoquant Dieu que le peuple espagnol s'est dressé contre l'occupant français, il y a deux siècles.

    Pendant que les paysans et les moines se livraient à une guerilla sans merci contre les troupes athées ou anticléricales de Napoléon, la bourgeoisie madrilène, sensible aux « Lumières »venues de France, se complaisait dans la collaboration avec l'occupant.

    Le peintre Goya est l'un de ces « afrancesados ». Il a pu se racheter une conscience après la libération de son pays en livrant ses sublimes dessins et peintures évoquant les heures héroïques.

    Il n'a pas manqué de montrer le supplicié du Tres de Mayo dans une attitude christique, les bras en croix, dans une référence évidente à la dimension religieuse du combat.

    C'est aussi à des résistants mûs par leur foi chrétienne que se sont heurtés en Russie les soldats de Napoléon. Bien plus tard, en 1941, Staline s'est souvenu de la force mobilisatrice de la foi religieuse. Face à l'invasion allemande, il a promptement oublié ses diatribes athéistes, remisé son projet de société sans Dieu et appelé son peuple à défendre la Sainte Russie.

    Dans le monde musulman, c'est au nom d'Allah que l'émir Abd el-Kader se soulève en 1839 contre les Français qui ont occupé Alger et le littoral de son pays. Il est défait huit ans plus tard et honorablement traité par ses vainqueurs. Napoléon III envisagera même de le restaurer comme vice-roi de l'Algérie mais sera renversé par les républicains avant d'avoir pu mener son projet à terme.

    Abd el-Kader va faire un émule, un demi-siècle plus tard, en la personne du Mahdi (le   « Guide » en arabe). Ce Soudanais proclame la jihad (« guerre juste ») contre les Anglais et leurs alliés égyptiens. Il s'empare de Khartoum, défendue par le général Gordon, mais ses troupes, après sa mort, finiront par être écrasées sous la puissance de feu des mitrailleuses Maximde l'armée anglaise.

    Néanmoins, quand survient la Première Guerre mondiale, les appels du sultan de Constantinople à la guerre sainte contre les Anglais et les Français tombent à plat dans le monde musulman. Il est vrai que les Turcs sont alliés aux Allemands et aux Austro-Hongrois, eux-mêmes chrétiens...

    Jusqu'au milieu du XXe siècle, personne ne parie plus sur les vertus émancipatrices de la religion musulmane. La confrérie des Frères musulmans, fondée en 1928, désespère elle-même d'instaurer en Égypte et dans les autres États arabes des régimes théocratiques fondés sur le Coran et la shari'a (la loi islamique), avec le mot d'ordre : « Le Coran est notre Constitution ; l'islam comme mode de vie » !


    Le réveil manqué de l'islam
    Après la Seconde Guerre mondiale, les États arabes du Moyen-Orient apparaissent plus divisés que jamais mais refont leur unité dans la guerre contre Israël. Et très tôt les élites s'interrogent sur le modèle de société qui leur permettra de se moderniser enfin.


    L'exemple éclatant du Japon et celui, plus mitigé, de la Turquie, les amènent à opter pour une modernisation à marche forcée, sur des bases laïques. De jeunes officiers guidés par Nasser renversent la monarchie en Égypte (1952). Un parti moderniste, laïque et socialiste, le Baas, prend le pouvoir en Syrie (1963) et en
    Irak


    (1963).

    Les nouveaux-venus se font forts de conduire leurs peuples vers des lendemains meilleurs par l'imitation du modèle occidental. Mais leur « modernisation » débouche sur des inégalités exacerbées et, plus insupportable que tout, une défaite humiliante face à Israël en 1967...

    Voilà qu'un nouvel acteur entre en scène, l'Arabie saoudite

    Cette monarchie familiale née en 1932 applique avec zèle un islam encore plus archaïque et improbable que celui des Frères musulmans, le wahhabisme, fondé par un prédicateur du XVIIIe siècle dont descend la famille royale. Mais l'administration des villes saintes de La Mecque et Médine lui vaut d'être ménagée par l'ensemble des musulmans. D'autre part, la sécurité de la famille royale est garantie depuis 1945 par une alliance contre nature avec la première démocratie du monde, les États-Unis !


    En 1973, le premier choc pétrolier accroît considérablement les royalties versées à l'Arabie séoudite et aux émirats du Golfe comme le Quatar, également wahhabite.

    Ces monarchies vont dès lors financer sans limites la construction de mosquées et réislamiser les populations arabes et musulmanes, partout dans le monde, y compris en Europe occidentale. Cette réislamisation prend une forme inédite encore jamais vue dans le monde musulman sauf en quelques endroits reculés (Afghanistan, Hedjaz...), avec la promotion du voile intégral, la séparation stricte des sexes etc.

    Les héritiers de l'idéal moderniste et laïc de la Nahda ne vont dès lors cesser de perdre du terrain, y compris dans leurs terres d'élection, le Liban, la Tunisie et, hors du monde arabe, la Turquie...

    En 1978, l'URSS ayant envahi l'Afghanistan, les États-Unis, qui n'en sont pas à une aberration près, s'associent aux Séoudiens pour financer et armer les brigades islamistes qui vont combattre l'occupant impie, parmi lesquels un jeune Séoudien du nom d'Oussama ben Laden qui fondera plus tard al-Qaida.

    La même année, un autre protégé des Américains, le chah d'Iran, ébloui par le mirage pétrolier, est chassé du pouvoir par une première révolution islamique
    .
    Les États-Unis, humiliés par la prise en otage de leur personnel d'ambassade à Téhéran, encouragent le dictateur baasiste Saddam Hussein àattaquer l'Iran et donner le coup de grâce à la révolution de l'imam Khomeiny. Colossale erreur qui a pour effet de ressouder les Iraniens autour de l'imam Khomeiny et de fragiliser l'Irak, où la majorité chiite et les Kurdes sont tenus en sujétion par la minorité arabo-sunnite.


    L'Iran khomeiniste va résister pendant huit ans avec le seul soutien de l'État d'Israël, selon l'éternel principe géostratégique : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis » ().

    Le chaos de ce début du XXIe siècle s'ébauche donc dans ces années 1980, qui voient d'une part sombrer le monde sunnite sous l'emprise du salafisme
    (versions wahhabite ou Frères musulmans), d'autre part rebondir le conflit millénaire entre les Arabes et les Persans et entre les musulmans sunnites et chiites !...

    Il en découle qu'on ne saurait assimiler les violences des islamistes aux anciennes guerres entre catholiques et protestants. Ces dernières opposaient des compatriotes au nom de pures divergences théologiques tandis que Daech et al-Qaida revendiquent leur allégeance à l'islam orthodoxe et mènent un combat contre l'Occident dépravé et les Iraniens mécréants...

    Les leçons d'un fiasco

    De ce qui précède, l'on voit que derrière les références à la « jihad » se cache un drame simplement humain : la difficulté des pays arabes du Moyen-Orient à accéder à la maturité politique après un millénaire de soumission aux Turcs et un siècle d'échecs successifs.

    L'instabilité de la région les empêche d'assimiler comme les Japonais, les Turcs ou les Iraniens la modernité occidentale et technologique. Par dépit, les islamistes ont fait en conséquence le choix de la rejeter et s'en justifient en recourant à une interprétation très personnelle du Coran. On retrouve le même dilemme chez les islamistes du Sahel, qui se sont significativement dénommés Boko Haram (« les livres sont illicites »).

    C'est aussi pour des motifs similaires que de jeunes Occidentaux, de culture musulmane ou fraîchement convertis, rejoignent les rangs de Daech... Victimes d'une immigration débridée qui fabrique à n'en plus finir des « colonies » musulmanes et africaines à l'écart du reste du pays, les premiers, issus de l'immigration, sont dissuadés de s'assimiler à la culture occidentale par la scolarité et empêchés d'aller à la rencontre des autres jeunes. Ils sont aussi mal à l'aise dans le pays natif de leurs parents dont ils ne comprennent plus la culture profonde. Quant aux jeunes Français convertis, ils sont tout autant victimes de déculturation dans la « France périphérique » que délaisse la faction dirigeante.


    Comment répondre dans ces conditions au défi lancé par Daech ? On peut bombarder sa capitale Racca au risque de disperser les métastases islamistes tout autour de la Méditerranée. On peut également, à l'intérieur, prolonger l'état d'urgence au risque de paralyser complètement une économie atone qui n'en demandait pas tant (transports désorganisés, magasins en berne, productivité en baisse...).

    Mais on peut aussi choisir de s'attaquer à la source de l'islamisme radical qui se situe à Riyad en renonçant s'il le faut au pétrole séoudien. L'occasion n'a jamais été aussi favorable avec un prix très (trop) bas du baril qui menace l'économie des autres pays exportateurs (et contribue à accélérer le réchauffement climatique). On peut également à l'intérieur prendre des mesures drastiques contre les mosquées et les imams financés par des États étrangers, en violation de la loi sur la séparation des Églises et de l'État, agir contre les abus du regroupement familial (mariages forcés d'adolescentes), encourager les personnes qui jouent le jeu de l'assimilation et, plus que tout, valoriser la culture et l'Histoire nationales qui le méritent ô combien...
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:45

    Les religions sont la cause des guerres et de la souffrance dans le monde


    Ce n'est qu'un mythe bien évidemment. Les religions n'ont pas le monopole de la guerre, de plus tuer, est l'un des pires péchés.
    La religion n'est pas la cause du problème, cependant, elle est souvent instrumentalisée et utilisée par des personnes qui ne pratiquent même pas la religion (les hypocrites). Bien souvent, les guerres "religieuses" n'en sont pas, ou bien il s'agit que de facteurs secondaires. Les véritables raisons sont bien souvent économiques, politiques, raciales ou autres.

    En outre, nous pouvons également compter les nombreuses victimes et les nombreux massacres issues des idéologies athées et non-religieuses.


    Il me semble que les athées qui ont fait la Révolution française (à ne retenir que l'extermination de la Vendée, 80% de la population, un vrai génocide) et Russe (140.000.000 de morts) sont les champions dans le domaine des tueries! Les républicains espagnols ont fait des choses abominables! Il est évident que la terrible réaction franquiste (politique et religieuse) n'en a été qu'une conséquence.

    En matière sanguinaire, les "croyants" (seulement les hypocrites dans leur religion, et cela concerne principalement l'église catholique) n'ont pas été les seuls à commettre des crimes et des massacres abominables, puisque des idéologies athées avec à leurs têtes des non-croyants ont également commis des massacres (et parfois bien pires que ceux commis par l'Eglise catholique, à ne pas confondre avec la religion chrétienne), ainsi que les fondateurs de cet État criminel pseudo-israël (qui est illégitime, et ce même pour les bons juifs qui suivent les enseignements de la Torah étaient majoritairement des non-croyants associés à des hérétiques "pseudo-religieux" à la Torah (puisque seul le messie peut rétablir la royauté juive en Terre d'Israël...). On peut donc, certes et avec raison, mettre les religions en accusation... mais elles n'ont pas été les seules, ni même les pires dans ce domaine-ci!

    La religion, source de souffrance, de guerre, de persécution et d'intolérance... c'est là l'argument favoris des athées pour diaboliser la foi religieuse d'un bloc dans le but de faire avancer leur idéologie.

    Selon beaucoup d'athées, aucun athée n'a jamais fait de mal à cause de son athéisme, et si l'on éradiquait toutes les religions de la terre, il émergerait un monde merveilleux où régnerait justice, amour et solidarité.

    Les athées/agnostiques vont souvent fouiller aux confins de l'histoire pour radoter les méfaits de certains religieux, et avancent que rien de semblable ne serait arrivé si il y avait eu absence de religion.

    L'Inquisition catholique est l'épisode de l'histoire qui dresse habituellement le standard de comparaison des violences théocratique. Comparons-la avec la principale idéologie simultanément athée et hyper-violente.

    > Inquisition espagnole: entre 3000 et 10 000 morts sur 350 ans.

    Cette donnée sur le nombre de victimes est très bien documentée. En 1998, le Pape Jean-Paul II a ouvert les archives du Vatican à une équipe de 30 chercheurs venant du monde entier. Les chercheurs ont compilés leurs trouvailles dans un ouvrage de 800 pages ayant été publié en 2004. Rédigés au Moyen-Âge au moment-même des événements, ces documents représentent une mine d'or pour les historiens à la recherche d'informations sur l'Inquisition. Les archives étaient anciennement gardées secrètes, donc les scribes n'avaient aucune raison d'y écrire autre chose que ce qui se passait vraiment. Les chiffres extravagants avancés par des athées surexcités tels que 50 000 morts ne sont que des fantaisies.


    Idéologies athées et non-religieuses (communisme, socialisme, nazisme, etc.):

    Communisme athée: Plus de 100 millions de morts sur 80 ans.

    Cela inclut:
    - URSS, 20 millions de morts (voire 40 millions selon certains historiens)
    - Chine, 65 millions de morts
    - Corée du Nord, 2 millions de morts
    - Cambodge, 2 millions de morts
    - Afrique, 1.7 millions de morts
    - Afghanistan, 1.5 millions de morts
    - Vietnam, 1 million de morts (5 millions avec la guerre menée par les USa contre le Viet-nam)
    - Europe de l'Est, 1 million de morts
    - Amérique latine, 150 000 morts
    - Mouvement communiste international et partis communistes non au pouvoir, 10 000 morts

    Clairement, le nombre de morts de l'Inquisition est RIDICULE comparé à ceux du communisme. L'absence de religion n'a rien à envier à la religion en termes de violence théocratique!

    Pour en savoir plus sur les morts du communisme, lisez le livre noir du communisme:

    Ce livre décrit sur 840 pages les crimes commis par les États communistes de 1917 à 1989. Les principales parties concernent l'Union soviétique sous Lénine puis Staline, et la Chine sous Mao Zedong. Plus précisément, les faits décrits dans le livre incluent:

    > URSS : - Les goulags, camps de travail forcé, principalement de 1930 à 1953.
    - La grande famine de 1932-1933.
    - L'arrestation de communistes anti-staliniens (y compris non russes), l'assassinat de milliers d'entre eux à partir de 1934 (principalement en URSS mais aussi à l'étranger).
    - Les grandes purges de 1936-1938.
    - L'invasion de la Pologne pendant l'application du pacte germano-soviétique (1939-1941).
    - Les déplacements forcés de populations. En particulier, l'étude du système soviétique cherche à montrer l'existence d'une continuité dans les politiques répressives des gouvernements issus de la révolution d'octobre 1917 tout au long de l'histoire de l'URSS, en confirmant que le processus de terreur s'est mis en place en Russie peu après la prise du pouvoir par les bolcheviks, avec la création de la Tchéka, l'interdiction progressive des journaux d’opposition, l'arrestation et exécution de nobles, bourgeois, mencheviks, anarchistes et paysans, la répression brutale des grèves ouvrières ou des révoltes.

    > Chine: - La famine sans précédent de 1959-1961, conséquence de l'échec du «grand bond en avant».
    - Les laogais, camps de travail forcé, principalement de 1954 à 1978.
    - La «révolution culturelle », décrite comme étant une «guerre civile, ouverte ou larvée».
    - L'occupation du Tibet.

    > Europe de l'Est: Les procès politiques, les camps de travail forcé (principalement de 1948 à 1956), la répression de manifestations populaires (en RDA en juin 1953, en Hongrie en 1956, en Tchécoslovaquie en 1968).

    > Corée du Nord: Les répressions exercées par le régime dictatorial de la « République populaire démocratique de Corée », depuis sa mise en place en 1948.

    > Cambodge: La déportation, puis l'élimination d'une grande partie de la population urbaine par le régime des Khmers rouges, au pouvoir de 1975 à 1979.

    > Cuba: Les emprisonnements et condamnations à mort depuis la prise de pouvoir par Fidel Castro en 1959.

    > Afghanistan: L'intervention militaire de l'URSS de 1979 à 1989.

    Plusieurs lecteurs seraient vite portés à rétorquer que le communisme n'à rien à voir avec l'athéisme.

    Il suffit de jeter un coup d'oeil aux affiches de propagande de Lénine lors de la guerre civile de Russie pour se rendre compte que l'athéisme est une caractéristique intégrale du communisme:

    On peut voir sur l'affiche soviétique: un capitaliste, un bourgeois, un monarchiste et un religieux ; les ennemis traditionnels des athées communistes.

    Même la page traitant du marxisme de l'Encyclopédie Wikipédia (à tendance gauchiste) laisse comprendre que l'athéisme est une composante non-négligeable du marxisme :

    Autres guerres non-religieuses:

    - Les guerres expansionnistes de l'empire romain
    - Les Royaumes Combattants (Chine)
    - La guerre pour unifier la Chine - la Dynastie Qin
    - Les Invasions Barbares
    - Charlemagne
    - Genghis Khan
    - La 1ère Guerre Mondiale
    - Le nazisme
    - La 2ème Guerre Mondiale
    - Les nombreux dictateurs
    - fascisme italien (Benito Mussolini)
    - Lénine, Staline, le stalinisme
    - Le communisme
    - Le maoïsme, La Révolution Culturelle (1 million de morts), le "Grand Bon en Avant" (des millions de morts)
    - Impérialisme japonais (le massacre de Nanqin)
    - Bombe atomique, le Projet Manhattan
    - La Guerre Froide (idéologique)
    - La CIA, le KGB
    - Les guerres déclarées par les USA (Irak, Afghanistan, Yougoslavie,...)
    - Les nombreux conflits en Afrique
    - D'autres encore...

    (Il faudrait vérifier les chiffres, je le ferai plus tard Insh'Allah. En tout cas ce qui est sûr, c'est que le nombre de morts dépasse la barre des 120 000 000 de morts juste pour le 20ème siècle).




    > De plus ceux parmi la liste des "serials killers" du XIXe siècle les empires coloniaux (Angleterre, France, Portugal, Hollande), et fait marrant: la "France laïque coloniale"?

    > Je n'ai même pas évoqué les guerres au nom du nationalisme, qui ont fait beaucoup de victimes (ex-Yougoslavie, Rwanda, Iran-Irak, etc.).

    > Sans oublié les régimes Bahassistes (Irak, Syrie,...) qui au nom du socialisme et parfois même de l'athéisme, ont massacré et continuent dans certains pays, de s'entre-tué, torturé, etc.



    Juste une précision concernant le Nazisme et la 2ème Guerre Mondiale:

    Un autre élément à prendre en compte, c'est que les juifs (encore une chose qu’on n’apprend pas dans les livres d’école) n’étaient pas les seuls victimes du nazisme. Parmi les victimes, il y a avait aussi les noirs, les tziganes, les homosexuels, les trisomiques, etc…Il est dangereux et surtout incorrect de réduire le génocide à une affaire nazi-juif ! Le danger nationaliste-socialiste-nazi était en réalité encore bien plus grand: Exterminer en Europe tout humain qui n'était pas "aryen" et productif.
    De plus, dans l'armée d'Hitler, il y avait une centaine de millier de soldats d'origines juives.
    [/font][/font][/color]

    Les lois de Nuremberg par exemple, contre les « non-aryens » ne visaient pas uniquement les juifs mais concernaient aussi les noirs.
    Donc effectivement, ce n'était pas une guerre de religion.


    En conclusion, croire qu'un monde sans religion deviendra un monde meilleur et sans conflit, est une imposture, une illusion, et l'histoire nous l'a prouvé à plusieurs reprises.


    Je précise également que les guerres sanguinaires qui ont eu lieu à partir des années 1900, ont éclaté quand l'état et la politique étaient séparés de la religion, et que la cause principale des guerres de cette époque, ne sont pas dû aux religions. Et résumer ces guerres à un conflit entièrement religieux, est absurde, dénoué de raison et de sens.

    Lorsque la civilisation musulmane fut libre de toute ingérence étrangère, elle fut de loin la plus pacifique du monde. Concernant l'esclavage, il s'agissait d'une mesure de clémence réservée aux captifs de guerre, qui ne furent qu'achetés (pour leur rendre leur liberté). Pour le génocide arménien (ce fut une violente vengeance concernant le génocide orchestré par les arméniens sur la communauté turcophone-musulmane: C'est donc de l’Anatolie orientale (1914-1922) à l’Azerbaïdjan (1988-1994), que les massacres de masse et les atrocités perpétrés par les Arméniens sur les populations turco-musulmanes ont fait plus d’un million de morts.) et c'était sous le règne d'Ataturk, un franc-maçon mort à 57 ans d'une cirrhose du foi.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:46

    RELIGIONS = GUERRES


    C’est en écoutant les bulletins d’informations qu’on réalise à quel point les conflits armés sont encore trop nombreux dans le monde. De plus, règle générale, chacun des conflits a pour toile de fond la religion. Le meilleur exemple est sans doute celui des Juifs et des Palestiniens en Israël. Des morts, des morts et encore des morts: tout ça au nom de Dieu.

    Ce n’est pas d’aujourd’hui

    L’histoire occidentale est parsemée de guerres religieuses. Dans ce cas-ci, c’est le christianisme qui a joué le mauvais rôle. On n’a qu’à penser aux huit Croisades qui, à partir du XIIe siècle, furent organisées dans le but précis de délivrer la ville de Jérusalem de l’Islam. Plus tard, vers les XVe et XVIe siècles, il y a eu toutes ces guerres liées à la Réforme protestante. L’Église catholique cherchait alors à récupérer ses fidèles par la force des armes. Les exemples pourraient être encore nombreux, mais à quoi bon puisque le phénomène est bien connu.
    Le problème: la religion!

    En effet, la déduction est facile à faire car les preuves sont là : la religion est effectivement responsable de la mort de millions d’innocents. En Europe, les philosophes du XVIIIe siècle prenaient déjà conscience de ce problème. Ainsi, ils en avaient contre l’Église qu’ils accusaient de tous les maux. En Amérique, c’est à partir des années soixante qu’on commence à s’insurger publiquement contre les guerres de religion. L’ex-Beatle John Lennon, dans sa chanson Imagine, écrivait: "imagine un monde où il n’y aurait ni ciel, ni enfer, ni religion." Cette pièce musicale reflète la pensée populaire selon laquelle la religion est le principal responsable des problèmes humains.

    Dieu au banc des accusés
    Comme c’est toujours le cas chez l’homme, il accuse un autre au lieu d’avouer ses propres erreurs. Et comme la religion ne peut être associée à un autre que Dieu lui-même, alors c’est certainement Lui le coupable. Les gens de notre génération fulminent contre tout ce qui est associé au christianisme sous prétexte que le problème est d’ordre religieux. On aime croire qu’un monde sans religion conduirait enfin à la paix tant désirée. Mais ce n’est là que pure illusion car au point de départ, on a accusé la mauvaise personne. On pointe du doigt la religion et Dieu, et on le rend coupables de ces tueries barbares car on ne veut pas pointer le vrai responsable de ce carnage.

    Laissons parler l’accusé!
    Tout tribunal qui se respecte donne toujours à l’accusé le droit de se défendre devant ceux qui l’accusent. Dans le cas de Dieu, personne ne prend le temps d’entendre ce qu’il a à dire. Vous est-il déjà venu à l’idée que tous ces événements pourraient être à l’opposé de sa volonté? Jésus, dans l’Évangile, a-t-il déjà prononcé une seule parole pour inciter ses disciples à la violence? Jamais au grand jamais!!!

    Bien au contraire, ses enseignements dénonçaient ce genre de comportements. Le texte suivant nous rapporte la réaction de Jésus face à ses disciple alors que deux de ceux-ci avaient une altercation avec des gens d’un faubourg qui ne voulaient pas voir Jésus chez eux: "Lorsque le temps où il devait être enlevé du monde approcha, Jésus prit la résolution de se rendre à Jérusalem. Il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il se dirigeait sur Jérusalem. Les disciples Jacques et Jean, voyant cela, dirent : Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume? Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver." Luc 9:51-58

    "Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés." Cette petite phrase ne serait-elle pas la clé de l’ énigme qui expliquerait la cruauté humaine au nom de la religion? La vérité qui se dégage de cette petite phrase est qu’elle renvoie le problème dans la cour de l’homme.

    Réal Gaudreault, pasteur de l’Assemblée Chrétienne La Bible Parle, Saguenay.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:47

    Les huit guerres de religion (1562-1598)


    La France connaît au XVI e siècle une fracture religieuse : la grande majorité du pays reste fidèle au catholicisme, tandis qu’une importante minorité rejoint la Réforme. Le principe de la coexistence de deux confessions dans le Royaume se révèle inapplicable. La guerre ne peut être évitée, signe de l’échec de la coexistence pacifique entre catholiques et protestants.

    Huit guerres vont se succéder sur une durée de 36 ans, entrecoupées de périodes de paix fragile. Elles s’achèvent avec l’édit de Nantes (30 avril 1598) qui établit une dualité confessionnelle. Pendant la fin du règne d’Henri IV, assassiné en 1610, le roi fait respecter l’édit, ce qui protège les protestants.

    1ère guerre (1562-1563)
    Guerre et religion Vf7g
    Massacre fait à Cahors en Quercy (19 novembre 1561) :copyright: Musée Calvin de Noyon

    Le massacre par le duc François de Guise d’une centaine de protestants assistant au culte dans une grange de la ville de Wassy, le premier mars 1562, est considéré comme l’événement qui a déclenché la première guerre de religion. A l’appel de Louis de Bourbon, prince de Condé, les protestants prennent les armes. Condé s’empare d’Orléans le 2 avril.
    La guerre s’étend à tout le royaume. Elle est marquée par des violences sauvages dans un camp comme dans l’autre. Les plus notables sont le fait – du côté protestant – du baron des Adrets en Dauphiné et en Provence, et – du côté catholique – de Blaise de Montluc en Guyenne.

    La bataille de Dreux qui voit s’affronter les troupes de Condé et celles du connétable de Montmorency est à l’avantage des forces royales. Le duc de Guise met alors le siège devant Orléans tenu par les protestants (5 février 1563). C’est là qu’il est assassiné par Poltrot de Méré, un ancien conjuré d’Amboise.
    Le 19 mars 1563 est signé l’édit de pacification d’Amboise négocié par Condé et le connétable de Montmorency.

    2ème guerre (1567-1568)
    Les chefs huguenots sont décidés à reprendre les armes dès l’automne 1567 et leur inquiétude devant l’influence grandissante du cardinal de Lorraine sur le jeune roi Charles IX les amène à envisager un coup de force pour soustraire le roi à cette influence. C’est ce que l’on a appelé la surprise de Meaux. Mais le roi, prévenu, déjoue cette tentative et, de Meaux, regagne Paris sous la protection des Suisses.

    Plusieurs villes du Midi sont prises par les huguenots. Des violences surviennent de part et d’autre. A Nîmes, à la Saint-Michel, le 30 septembre 1567, c’est la Michelade : massacre de notables catholiques par les réformés nîmois. A Paris, assiégée par l’armée huguenote, ce sont les catholiques qui s’en prennent violemment aux huguenots.
    L’armée de Condé s’empare de Saint-Denis et poursuit jusqu’à Dreux. Mais la bataille qui se livre à Saint-Denis le 10 novembre 1567 se termine à l’avantage des royaux, quoique le connétable Anne de Montmorency y soit mortellement blessé.

    A l’issue de longues négociations, une paix est signée le 23 mars 1568, c’est l’édit de Longjumeau qui confirme l’édit d’Amboise.

    3ème guerre (1568-1570)
    Guerre et religion Cezp
    Saint Barthélemy-24 août 1572 :copyright: S.H.P.F.


    Guerre et religion Z44g
    Moncontour (1570) :copyright: S.H.P.F.

    La paix de Longjumeau ne dure que cinq mois.
    La guerre civile en France subit l’influence des événements internationaux, notamment de la révolte des sujets de Philippe II d’Espagne aux Pays-Bas, ceux qu’on a appelé les « gueux ». La terrible répression dont ils sont l’objet, menée par le duc d’Albe, au nom du roi Philippe II suscite en France une grande émotion. Les huguenots, à la recherche d’alliances extérieures, concluent un accord avec eux.

    En outre, chaque camp bénéficie d’aides étrangères :


    • pour les protestants, celle du prince d’Orange et celle d’Élisabeth d’Angleterre qui finance l’expédition du comte palatin Wolfgang, duc de Deux-Ponts en Bourgogne au printemps de 1569 ;


    • pour les catholiques, celles du roi d’Espagne, du pape et du duc de Toscane.



    Les combats qui se déroulent principalement en Poitou, en Saintonge et en Guyenne, sont marqués par deux victoires des catholiques : à Jarnac (13 mars 1569), le duc d’Anjou, futur Henri III, remporte une victoire sur le prince de Condé qui sera tué au cours de la bataille ; et à Moncontour, au nord du Haut Poitou (3 octobre 1569), au cours de laquelle l’Amiral de Coligny, blessé, réussit à s’enfuir.
    En dépit de ces deux défaites, les huguenots ne sont pas découragés. Coligny remonte vers le nord et parvient jusqu’à La Charité-sur-Loire. En juin 1570, l’armée protestante l’emporta dans la bataille d’Arnay-le-Duc.

    La paix qui s’en suivit est le signe d’un revirement politique à la cour où les modérés retrouvent leur influence et où celle des Guise recule.
    Cet édit, signé à Saint-Germain le 8 août 1570, et qui a pour artisan principal le roi Charles IX, marque un retour à la tolérance civile. Il restitue la liberté de culte dans les lieux où il existait au premier août 1570.

    En outre, les protestants obtiennent des places de sûreté : quatre pour deux ans : La Rochelle, Cognac, La Charité-sur-Loire et Montauban.

    Le 22 août 1572, quatre jours après le mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX qui avait provoqué la venue à Paris de nombreux nobles protestants, l’Amiral de Coligny est victime d’un attentat auquel il échappe de peu. La tension est grande dans Paris. Dans la nuit du 23 au 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, un Conseil royal se réunit, au cours duquel il est décidé d’éliminer les principaux chefs huguenots. Coligny et d’autres gentilshommes protestants sont assassinés tant au Louvre qu’en ville. Cette exécution d’un nombre limité de chefs huguenots est suivie d’une tuerie sauvage qui va durer jusqu’au 29 août et fait dans Paris 4 000 tués. Le massacre se généralise et s’étend à la province où l’on dénombre quelque chose comme 10 000 tués.

    Henri de Navarre et le prince de Condé sont épargnés parce que princes du sang, mais ils sont contraints à se convertir au catholicisme.

    4ème guerre (1572-1573)
    La violence qui s’est déchaînée contre eux pousse de nombreux réformés à abjurer ou à s’enfuir dans les pays du « Refuge » : Genève, la Suisse, les provinces septentrionales des Pays-Bas ou l’Angleterre. Mais, dans l’Ouest et le Midi, les combats reprennent. Nîmes et Montauban refusent des garnisons royales. Le siège est mis devant La Rochelle qui résiste. Le siège sera levé le 6 juillet 1573 et le roi accorde aux huguenots un édit de pacification, l’édit de Boulogne enregistré au parlement le 11 juillet 1573, édit moins avantageux que le précédent. Les protestants conservent la liberté de conscience mais n’obtiennent la liberté du culte que dans trois villes : La Rochelle, Nîmes et Montauban.

    5ème guerre (1574-1576)
    Le duc d’Alençon, jeune frère du roi, prend la tête d’un mouvement composé de protestants et de catholiques modérés. C’est l’alliance des « Malcontents » qui réclame une réforme de l’Etat, considérant que la tolérance du culte réformé est d’abord un problème de réforme politique.
    Henri III, sacré roi le 13 février 1575, à la suite de la mort de Charles IX (30 mai 1574) refuse tout d’abord d’accéder aux requêtes des Malcontents, mais il est bien obligé de traiter avec eux par la suite, ses troupes étant très inférieures en nombre. Il signe à Etigny le traité de paix, appelé paix de Monsieur. L’édit du 6 mai, connu sous le nom d’édit de Beaulieu (6 mai 1576), atteste la victoire des Malcontents. Il permet l’exercice du culte réformé dans tous les lieux du royaume sauf à Paris et deux lieues alentour. En outre, les réformés reçoivent huit places de sûreté et des chambres mi-parties dans chaque parlement.

    6ème guerre (1576-1577)
    Dès le début, l’édit de Beaulieu est difficile à appliquer et suscite des résistances. Les catholiques hostiles se groupent en ligues défensives. Les états généraux convoqués à Blois se déroulent dans un climat très défavorable aux huguenots. L’abolition de l’édit de Beaulieu par l’assemblée provoque la reprise des conflits. Mais faute de secours financier de part et d’autre, la négociation s’impose. Un compromis est trouvé, ce sera la paix de Bergerac du 14 septembre 1577, confirmée par l’édit de Poitiers signé en octobre 1577.

    7ème guerre (1579-1580)
    En novembre 1579 la guerre reprend localement : le prince de Condé s’empare de La Fère en Picardie et en avril 1580, Henri de Navarre – alors chef du parti protestant depuis 1575-1576 – s’oppose aux provocations du lieutenant-général de Guyenne et prend possession de la ville de Cahors. Quelques conflits sporadiques ont encore lieu jusqu’à la signature du traité de Fleix, le 26 novembre 1580, qui confirme le texte de Poitiers. Les places de sûreté devront être rendues dans un délai de six ans, comme prévu à Poitiers.

    8ème guerre (1585-1598)
    Guerre et religion Qbtg
    Assassinat du Duc de Guise :copyright: B.P.U. Genève


    Guerre et religion 0000000205L-250x250-1400767889
    La Ligue : procession à Paris le 10 février 1593 :copyright: S.H.P.F.

    Guerre et religion 52qt
    Assassinat d’Henri III par Jacques Clément :copyright: B.P.U. Genève


    La mort de François d’Alençon, duc d’Anjou et dernier frère du roi (1584) fait d’Henri de Navarre l’héritier légitime du trône. Le rejet de cette candidature au trône de France suscite la constitution de la Ligue ou « Sainte Union » des catholiques dont le chef Henri de Guise impose au roi Henri III la signature du traité de Nemours (1585). L’édit qui en est tiré, enregistré au Parlement le 18 juillet 1585, est un reniement de la politique de tolérance civile. Il stipule que les calvinistes ont six mois pour choisir entre l’abjuration et l’exil, que les pasteurs sont bannis et que les places de sûreté doivent être rendues.

    Il en résulte une forte diminution du nombre des protestants. Cependant Henri de Navarre, vainqueur à Coutras, tient encore les provinces du Midi. La Ligue prend le contrôle du Nord de la France.

    A Paris, naît, indépendamment de la Ligue des princes, une ligue roturière qui s’allie à la première. Le 12 mai 1588, la ville se soulève : c’est la « journée des barricades ». Henri III doit s’enfuir. Il se réfugie à Blois et entame des négociations avec les ligueurs. Mais le pouvoir conquis par les Guise l’inquiète. Il veut à tout prix lutter contre la subversion qu’il redoute. Il décide de faire assassiner le duc Henri de Guise ainsi que son frère le Cardinal de Lorraine.

    Henri III se rapproche alors d’Henri de Navarre. Leurs deux armées se joignent et montent vers Paris. Mais les Parisiens se déchaînent contre leur roi qui a fait alliance avec les hérétiques.
    C’est alors, en 1589, qu’Henri III est assassiné par le moine ligueur Jacques Clément. Henri de Navarre devient roi sous le nom d’Henri IV, mais Paris est aux mains des ligueurs et le nouveau roi doit conquérir son royaume.

    En mars 1590, la fameuse bataille d’Ivry ouvre au roi la voie au siège de Paris.
    En 1593, Henri IV déclare son intention d’abjurer et de recevoir une instruction catholique. Il faudra le sacre royal à Chartres pour vaincre les réticences des Parisiens. Paris cède en 1594 et ouvre ses portes à Henri IV.

    En 1595, Henri IV reçoit l’absolution du Pape et déclare la guerre à l’Espagne dont de nombreuses troupes venues pour soutenir la Ligue sont encore présentes en France.
    En 1598, par le traité de Vervins, il obtient le départ des troupes espagnoles. Henri IV obtient aussi la soumission du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, qui s’était allié aux Espagnols.

    L'édit de Nantes (30 avril 1598)
    C’est à Nantes, en avril 1598, qu’Henri IV signe le fameux édit qui met un terme aux guerres de religion qui ont ravagé la France au cours d’une période de 36 ans. Cet édit est plus complet que les précédents. Il instaure la coexistence religieuse entre catholiques et protestants. Le culte réformé est autorisé dans tous les lieux où il existait en 1597 et l’accès à toutes les charges est garanti aux réformés.

      
    Bibliographie



    • Documents


         
      • Édit de Nantes | Fichier
         
      • Généalogie des rois de France | Fichier
         
      • Généalogie de la famille de Guise | Fichier
         
      • Collectif, Chronologie des guerres de religions | Fichier
         
      • COTTRET Bernard, Édits, point de vue synoptique | Fichier
         
      • FRIES Daniel, Les huit guerres de religion | Fichier



    • Livres


         
      • BOISSON Didier et DAUSSY Hugues, Les protestants dans la France moderne, Belin, Paris, 2006
         
      • CHRISTIN Olivier, La Paix de religion : l’autonomisation de la raison politique au XVIe siècle, Le Seuil, Paris, 1997
         
      • COTTRET Bernard, 1598, L’édit de Nantes, Perrin, Paris, 1997
         
      • CROUZET Denis, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, Champ Vallon, Seyssel, 1990
         
      • GARRISSON Janine, Les protestants au XVIe siècle, Fayard, Paris, 1988
         
      • JOUANNA Arlette, La France du XVIe siècle, PUF, Paris, 1996
         
      • JOUANNA Arlette, JBOUCHER Jacqueline, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Laffont (Bouquins), Paris, 1998, p. 1526
         
      • LIVET G., Les guerres de religion, PUF, Paris, 1993
         
      • MIQUEL Pierre, Les guerres de religion, Fayard, Paris, 1980
         
      • PERNOT Michel, Les guerres de religion en France, SEDES, Paris, 1987
         
      • VRAY Nicole, La guerre des religions dans la France de l’Ouest : Poitou, Aunis, Saintonge, 1534-1610, Geste Editions, 1997




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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:47

    La foi et les religions dans la Grande Guerre


    Introduction : l'engagement des religions dans le conflit
    La participation des religions à la guerre revêt plusieurs formes. En premier lieu, les institutions religieuses se mettent dès le début du conflit au service du (ou des) pays belligérants, conférant ainsi à la guerre une légitimité. En France, la guerre et l’Union sacrée ne sont en aucun cas remises en cause par le clergé.
     
    4 documents

    L’implication du clergé français dans la guerre
    Dès août 1914, les Églises se mobilisent. Le clergé français est soumis aux obligations militaires depuis la fin du XIXe siècle. Ainsi, les ministres des cultes rejoignent l’armée. Près de 30 000 religieux, 500 pasteurs, et une centaine de rabbins endossent alors l’uniforme.
     
    15 documents

    La foi au front
    Au front, la religion est incarnée par les aumôniers militaires, présents dans les zones de combats où l’on retrouve d’ailleurs une représentation pluriconfessionnelle. Ils doivent  permettre aux soldats de pratiquer leur foi, en célébrant les offices. Mais ils accompagnent également les soldats blessés ou mourants, d’où leur assimilation au personnel sanitaire et le port d’un brassard avec une croix rouge.
     
    33 documents

    Les pratiques religieuses à l’arrière
    La guerre voit un retour massif vers les églises, les temples et les synagogues. La peur de perdre l’être cher entraîne un regain de ferveur religieuse. Les familles restant à l’arrière, parfois même éloignées des pratiques religieuses, se tournent à nouveau vers les églises afin de trouver un réconfort. L’aide spirituelle permet de supporter l’absence, mais aussi le deuil. Les courriers de certaines mères témoignent du sacrifice de leurs fils. L’analogie avec le sacrifice christique est récurrente. Le combattant, tué au front a sacrifié sa vie dans une guerre juste, comme Jésus-Christ a donné sa vie pour le salut des hommes.
     
    18 documents

    Conclusion
    Le conflit a bouleversé la société et a eu des conséquences sur les religions. Elles sont d’abord matérielles puisqu’au sortir de la guerre, il faut reconstruire les lieux de culte dévastés par les bombardements et les incendies dans les zones de combat. Les religions s’associent aux hommages rendus en mémoire des morts et participent au deuil collectif. Les cérémonies officielles sont généralement accompagnées d’une messe.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:48

    Dragonnades

    Guerre et religion Gu0l

    Nom donné à un procédé de persécution utilisé contre les protestants sous le règne de Louis XIV pour obtenir par la force leur conversion.


    Appliqué avec l’approbation de Louvois, il consiste dans le logement forcé des soldats exclusivement chez les protestants. Ceux-ci sont surchargés de garnisaires (jusqu’à une compagnie et demie chez une protestante du Poitou) qui reçoivent la consigne de vivre « à discrétion » chez eux, avec tous les excès que cela peut impliquer. Aucune classe sociale n’est épargnée. Les atrocités des « missionnaires bottés » font vite merveille : en Poitou, la dragonnade de l’intendant Marillac, qui est le premier à faire de ce procédé un système, en 1680, est suivie de 30 000 conversions. Il y a des plaintes, et le roi rappelle Marillac, mais Louvois a raison des hésitations de Louis XIV et étend les dragonnades à la France entière en 1685. Les dragonnades de Foucauld en Béarn et de Lamoignon de Basville en Poitou et en Languedoc seront sévères.




    Edit de Nantes

    Guerre et religion Ceun


    Promulgué par Henri IV, le 13 avril 1598, l’édit clôt officiellement les guerres de Religion*, terminées de fait depuis la conversion du roi à la religion catholique.

    L’édit de Nantes, inspiré en partie de l’édit de Poitiers qu’avait signé Henri III au lendemain de la paix de Bergerac (1577), accorde à la minorité protestante six libertés. L’exercice du culte réformé dans une ville par bailliage, sauf Paris.

    L’admission des huguenots dans les écoles. Leur admission dans la fonction publique. La réunion d’assemblées.
    La représentation d’une chambre mi-partie dans les parlements.

    La tenue d’une centaine de places de sûreté, dont La Rochelle, pour huit ans.
    Bien que la religion romaine soit officiellement rétablie là où elle a été interdite, certains murmurent contre le libéralisme d’Henri IV. Celui-ci répliquera aux mécontents : « J’ai fait un édit, je veux être obéi I »




    Gaspard II de Coligny

    Gaspard de Coligny (16 février 1519 à Châtillon-sur-Loing-24 août 1572 à Paris) comte de Coligny, baron de Beaupont et Beauvoir, Montjuif, Roissiat, Chevignat et autres lieux, seigneur de Châtillon, amiral de France. Il est l’un des membres les plus connus de l’illustre maison de Coligny.

    C’est le fils de Gaspard Ier de Coligny, maréchal de France sous François Ier, et de sa femme Louise de Montmorency. Il est le frère d’Odet, cardinal de Châtillon et de François de Coligny d’Andelot.

    1519-1530, l’enfance provinciale

    Gaspard de Coligny naquit à Châtillon. Son père était d’une famille ancienne et avait épousé en 1514 Louise de Montmorency, veuve de Fercy de Mailly dont elle avait trois enfants. Un des frères de Louise était Anne de Montmorency, qui fut connétable de France entre 1538 et 1541[1]. Gaspard Ier mourut en Guyenne en 1522. Gaspard II avait trois ans, et s’était déjà fait remarquer par son goût pour les jeux guerriers. Il fut élevé par sa mère, Louise, avec ses trois frères : ses aînés Pierre (1515-1528) et Odet (1517) et son cadet François (1520).

    Les jeunes Coligny reçurent une éducation humaniste. Leur précepteur, Nicolas Bérault, correspondait avec Érasme et Guillaume Budé. A cette époque, un gentilhomme étudiait le trivium et le quadrivium, mais également les arts de cour (notamment la danse et le jeu de paume) et les arts de guerre (équitation et escrime) auxquels Gaspard et ses frères s’initièrent sous la tutelle d’un ancien soldat, Guillaume de Prunelay. Depuis la mort du père, l’oncle de Montmorency surveillait cette éducation et il nota avec satisfaction les progrès de Gaspard en latin qui auguraient d’un avenir écclésiastique. Mais le jeune homme se rebella. Il voulait faire carrière dans l’armée.

    1530-1542, l’adolescence à la cour de François Ier

    En 1530, Louise de Montmorency, la mère de Gaspard, fut nommée dame d’honneur d’Éléonore d’Autriche et la famille se retrouva à la cour. Celle-ci était une des plus brillantes d’Europe. Les grandes maisons s’y disputaient la faveur du roi et le clan des Montmorency y jouissait d’ une influence grandissante.

    Politiquement, la France, son rival l’empire de Charles Quint et les Etats Pontificaux étaient les plus grandes puissances européennes. Il faut y ajouter l’Angleterre dont le soutien pouvait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre en cas de conflit. Sur le plan religieux, la France s’était engagée dans la voie d’une certaine indépendance avec le concordat de Bologne. L’humanisme se répandait et avec lui une critique des pratiques religieuses qui appelait des réformes et provoquait des oppositions au sein de l’université et des ordres religieux inquiets de la diffusion des idées luthériennes[2]. En 1530 paraissait une édition de la vulgate traduite par Jacques Lefèvre d’Étaples. La propre sœur du roi, Marguerite d’Angoulême, était influencée par les idées réformistes et lorsque les Coligny arrivèrent à la cour le roi tolérait encore cette effervescence.

    En 1533, l’année du schisme entre Rome et l’Angleterre, François Ier maria son fils Henri, le dauphin, à la nièce du pape Clément VII, Catherine de Médicis. Reconnaissant, le pape offrit à la France sept places de cardinaux, dont Odet de Coligny, qui avait à peine 16 ans, fut un des bénéficiaires.

    En 1534 éclata l’affaire des placards qui allait déclencher une répression sévère contre les luthériens. François Ier était néanmoins embarrassé car il ne voulait pas s’aliéner les princes allemands favorables à la réforme.

    Pendant ce temps Coligny poursuivait ses études en compagnie des enfants du roi avec pour maître Guillaume du Maine, abbé de Beaulieu[3]. Il étudiait Cicéron, Ptolémée, et découvrait la cosmographie alors en plein essor. La cour se déplaçait beaucoup, et les jeunes Coligny suivaient le roi de château en château. Gaspard s’était fait des amis, notamment le jeune François de Guise. Avec son frère François, il jouissait d’une certaine popularité qui fit que la disgrâce de Montmorency, en 1541, n’affecta pas leur présence à la cour. Montmorency avait cherché à éviter la guerre avec les forces impériales, celle-ci devenait inévitable. En 1542, les Coligny allaient faire leurs premières armes

    1542-1546 : les premières armes [

    Odet avait choisi la carrière ecclésiastique, l’oncle de Montmorency était écarté de la cour, il ne restait aux jeunes Coligny que les armes pour se faire un nom. La guerre déclarée contre Charles Quint, Gaspard fit campagne au Luxembourg, en Flandres, en Italie où il participa à la victoire sans lendemain de Cérisoles. La paix signée avec l’empereur (1544) il prit part à l’offensive navale commandée par Claude d’Annebaut contre les anglais. Plusieurs fois blessé dans ces combats, il se distingua pour son audace. La paix fut signée avec Henri VIII d’Angleterre en 1546 laissant Coligny libre de faire, comme c’était l’usage à l’époque pour les jeunes gens de bonne famille, un voyage en Italie. Il séjourna notamment à Ferrare chez la duchesse d’Este, mais la mort de François Ier le 31 mars 1546 précipita son retour en France[1].

    Le règne d’Henri II

    Un des premiers gestes du nouveau roi fut de rappeler l’oncle de Gaspard, le connétable de Montmorency. Gaspard, quant à lui, fut nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et décoré de l’ordre de Saint-Michel. En 1547, il reçut la charge de colonel général de l’infanterie. Cette même année fut marquée par la mort de sa mère, Louise de Montmorency, qui s’était beaucoup rapprochée des idées de la réforme, et par son mariage avec Charlotte de Laval, fille du comte Guy XVI de Laval. L’année suivante son cadet, François, épousa à son tour une riche héritière. Mais la cour d’Henri II était un foyer d’intrigues où le clan des Montmorency et celui des Guise, soutenus par la toute-puissante maîtresse du roi, Diane de Poitiers se disputaient les faveurs d’Henri II.

    L’ambassade à Londres

    Le règne d’Henri II commença par une reprise des persécutions contre les réformés et des menaces du côté anglais qui refusait toujours de rendre Boulogne occupée. L’Angleterre lorgnait alors sur le trône d’Écosse, dont Marie Stuart avait hérité à la mort du roi Jacques Ier d’Écosse en 1542. Un mariage entre Edouard VI d’Angleterre, qui venait de succéder à Henri VIII mort en 1548, aurait réuni les couronnes d’Angleterre et d’Écosse, ce dont les Guise, notamment François, oncle de Marie Stuart par sa sœur Marie, ne voulaient à aucun prix. Coligny fit partie de la délégation qui se rendit à Londres pour négocier la paix. Il rencontra le jeune Édouard VI sous le règne duquel la réforme anglicane se radicalisait pour se rapprocher du protestantisme. De retour à Paris, se jugeant mal récompensé des efforts qu’il avait déployés au service du roi, Coligny se retira sur ses terres et profita de ses loisirs pour rédiger un code militaire très rigoureux qui avait pour but de moraliser le comportement des troupes.

    Guerres contre l’Espagne

    Le roi la rappela bientôt et Coligny repartit en campagne. Écarté du siège de Metz par François de Guise, il contribua à la victoire de Renty. Il fut nommé amiral de France en 1533 puis gouverneur de Picardie.

    En 1557, après la rupture de la trêve de Vaucelles passée avec Charles Quint, l’armée espagnole assiège Saint-Quentin, défendu par Coligny. Après beaucoup de résistance, il doit se rendre, mais son action a empêché l’invasion.

    Après la mort du roi Henri II, las des intrigues de la cour, il résigna tous ses emplois et se retira dans ses terres : dans cette retraite, la lecture des livres des novateurs changea ses opinions religieuses, et il embrassa la Réforme.

    Coligny se convertit, essentiellement à l’instigation de sa femme et de son frère, Odet, cardinal de Coligny.

    Guerres de religion

    En 1562, lorsque la guerre éclata entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny est nommé par le premier lieutenant général ; il combat sous les ordres du prince de Condé, et perd avec ce prince la bataille de Dreux contre le duc François de Guise.

    Il choisit le capitaine huguenot Jean Ribault en 1562 pour établir une colonie en Floride avec 150 de ses coreligionnaires avec l’autorisation du roi Charles IX.

    En 1563, on l’accuse d’avoir commandité l’assassinat du duc de Guise par Poltrot de Méré. La mort de ce dernier, assassiné sous les murs d’Orléans, amena quelques années de paix.

    Les armes ayant été reprises de part et d’autre en 1567, il quitte la cour avec Condé pour se réfugier en Bourgogne, puis à La Rochelle. Il est considéré, avec Louis Ier de Condé, François de Coligny et Guyonne XVIII de Laval, comme instigateur de la « poursuite de Meaux », en 1567, qui est une tentative des protestants pour saisir le roi Charles IX de France et la reine-mère Catherine de Médicis.

    Coligny prend part au combat indécis de Saint-Denis. La troisième guerre de religion voit les défaites s’accumuler : d’abord Jarnac (13 mars 1569, où Condé est assassiné. Puis, malgré la victoire de La Roche-l’Abeille, il perd du temps au siège de Poitiers car ses mercenaires, non payés, veulent du butin, et il doit lever le siège avant d’être battu et blessé à Moncontour (3 octobre 1569), où il est défait par le duc d’Anjou, futur Henri III.

    Coligny fuit alors vers le sud avec ses troupes, échappe à Monluc et Montmorency-Damville, et rejoint l’armée des « vicomtes » en Languedoc. Il peut alors reprendre l’initiative, lève des troupes, pille les villages catholiques, prend Saint-Étienne, remporte la victoire à Arnay-le-Duc et remonte en 1570 jusqu’à La Charité-sur-Loire, menaçant ainsi Paris. Le roi cède, et c’est alors la paix de Saint-Germain (8 août 1570).
    Statue de Coligny, oratoire du Louvre (contrairement à ce qu’indique la statue, il est bien né en 1519).
    Statue de Coligny, oratoire du Louvre (contrairement à ce qu’indique la statue, il est bien né en 1519).

    Coligny cherche alors à rentrer dans les bonnes grâces de Charles IX, qui l’a condamné à mort et a fait confisquer ses biens. En 1571, il rentre à la cour et le roi lui fait bon accueil.

    Les catholiques de la cour, cependant, le haïssent, et son influence sur le roi reste limitée. Sa proposition d’intervenir en Flandre contre l’Espagne est ainsi rejetée par trois fois.

    Le massacre de la Saint-Barthélemy se préparait, et l’amiral en est une des premières victimes.

    Le 22 août 1572, peu après le mariage d’Henri de Navarre (futur Henri IV), Maurevel tire sur Coligny depuis une maison appartenant aux Guise. Les historiens se partagent sur la responsabilité de cet attentat :

    * Catherine de Médicis en personne

    * les Guise

    * le duc d’Albe, pour le compte de Philippe II d’Espagne

    Toujours est-il que Charles IX se rend au chevet du blessé, et lui promet justice. Mais l’assassinat de tous les chefs protestants est décidé, et dans la nuit du 23 au 24 août 1572 a lieu le massacre de la Saint-Barthélemy. Coligny est achevé dans son lit, et son corps est jeté par la fenêtre dans la cour par Charles Danowitz.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 8:49

    Guerres de religion (France)

    En France, on appelle guerres de religion une série de huit conflits, qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où s’opposèrent catholiques et protestants.

    Le développement de l’humanisme à la Renaissance, d’une pensée à la fois critique et individualiste, provoque la naissance d’un courant de Réforme qui a remis en cause les principes traditionnels de la religion chrétienne enseignée par l’Église de Rome. Au catholicisme traditionnel s’oppose ainsi le protestantisme, opposition qui débouche sur une terrible guerre civile.

    Les premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent dans les années 1520[1]. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550, pour voir le développement des clivages. Celles-ci se font principalement autour des destructions iconoclastes commises par les protestants sur les objets du rituel romain considérés comme sacrés par les catholiques ; reliques, Saint-Sacrement et statues de dévotion. À la fin du règne d’Henri II, le conflit se politise et à la mort du roi en 1559, la noblesse organise ses réseaux en fonction de ses accointances religieuses. Les guerres de religion commencent en 1562 et se poursuivent entrecoupées de périodes de paix jusqu’en 1599, avec la mise en place de l’Édit de Nantes. Les guerres de religion trouvent un prolongement aux XVIIe (siège de La Rochelle, révocation de l’Édit de Nantes) et XVIIIe siècles (guerre des Camisards), jusqu’à l’arrêt des persécutions sous Louis XVI (Édit de tolérance en 1788).

    Ces troubles religieux sont particulièrement difficiles à étudier du fait de leur complexité. Aux différends religieux se superposent des affrontements politiques, des luttes sociales, des divergences culturelles et enfin un contexte européen tendu. C’est une période qui constitue un déclin pour la France.

    Les causes du conflit

    L’affaiblissement du pouvoir royal

    Ces troubles coïncident avec un affaiblissement de l’autorité royale. Les rois François Ier et Henri II n’avaient permis aucune contestation de leur pouvoir. Lorsque Henri II meurt accidentellement le 10 juillet 1559, ses successeurs François II et Charles IX sont trop jeunes pour pouvoir imposer leur autorité. Ils ne peuvent pas empêcher les Français de s’entredéchirer. Entre les deux camps belligérants, la reine mère Catherine de Médicis et son chancelier Michel de l’Hospital essaient en vain de maintenir la continuité de l’État par la mise en place de la tolérance religieuse.

    L’insubordination des Français trouve son modèle dans le comportement des princes et des grands seigneurs qui se permettent de prendre les armes sans permission royale. Le caractère féodal du pays apparaît nettement avec l’indépendance croissante des princes et des partis qui augmentent dangereusement le réseau de leurs clientèles. La réunion des États généraux, effectuée par trois fois durant les guerres de religion, est le témoin de cet affaiblissement de l’autorité royale. Le roi a besoin de l’appui de ses sujets pour pouvoir prendre des décisions qui seront respectées. À cette occasion, le pouvoir royal est remis en cause par des hommes de lois et des lettrés qui imaginent une plus grande subordination du roi à l’égard de ces assemblées.

    La dispute du pouvoir et de la faveur royale

    Les rois étant trop jeunes pour régner, différents camps politiques tentent de s’imposer pour contrôler le pouvoir royal. Ce sont trois grands clans nobiliaires qui vont ainsi s’opposer :

    *
    les Montmorency : il s’agit d’une des familles les plus anciennes et les plus puissantes de France. La raison en est l’extraordinaire fortune du connétable Anne de Montmorency qui exerçait une influence très importante sur le roi Henri II. Dans cette famille s’illustrent François de Montmorency et ses cousins germains, les trois frères Châtillon (Gaspard de Coligny, François d’Andelot et Odet, cardinal de Châtillon). Bien que partagés entre catholiques et protestants, les Montmorency-Châtillon s’unissent à l’occasion pour contrer l’influence croissante des Guise, leurs rivaux. Sans réduire les guerres de religion à un conflit privé entre ces deux familles [2], leur concurrence dans la course au pouvoir mobilise leur immense clientèle respective, répartie sur l’ensemble du royaume. Le clan Montmorency sort perdant des hostilités (ses membres sont morts au combat, assassinés, embastillés et exilés) mais il connaît cependant une renaissance aux côtés d’Henri IV grâce au gouverneur du Languedoc, le duc Henri Ier de Montmorency-Damville.

    *
    les Guise : ce sont les meneurs du parti catholique. Cousins du duc de Lorraine, ils connaissent leur ascension politique grâce à Claude de Lorraine et son fils François, les deux premiers ducs de Guise. Grâce au mariage de Marie Stuart avec l’héritier du trône, les Lorrains renforcent les liens entre leur maison et la dynastie des Valois. Dans leur famille s’illustrent également Charles, cardinal de Lorraine, Henri Ier, duc de Guise et Charles, duc de Mayenne. Si l’hostilité manifestée par les Guise à l’encontre de la politique de tolérance religieuse de Catherine de Médicis cause parfois leur mise à l’écart sous le règne de Charles IX, cette intransigeance catholique leur permet de cultiver une grande popularité auprès du peuple. Loués comme champions de la foi, ils reviennent triomphalement sur le devant de la scène sous Henri III grâce à la Ligue. En 1588, les Ligueurs parisiens parviennent à chasser Henri III de la capitale, ce qui renforce considérablement l’influence des Lorrains. Catherine de Médicis elle-même finit par "prier" son fils de "rendre content" [3] le duc de Guise. L’année suivante, la Ligue destitue le roi suite à l’assassinat des deux chefs de la maison ; leur frère survivant, Charles, duc de Mayenne, devient le principal opposant à l’avénement du roi protestant Henri IV. Malgré leur défaite finale et leur soumission à Henri IV, la puissance des Guise demeure assez importante pour obliger le roi à les ménager.

    *
    les Bourbons : descendants de saint Louis en ligne directe, ce sont des princes de la maison de France. C’est une famille dont certains membres sont les meneurs du parti protestant parmi lesquels les frères Louis de Condé et Antoine de Bourbon ainsi que leurs fils respectifs Henri de Condé et Henri IV. C’est une famille divisée qui a du mal à se trouver un chef véritable. Face à ses cousins et à son oncle Charles, cardinal de Bourbon, l’héritier légitime Henri de Navarre peine à s’imposer. La mort du dernier souverain Valois lui permet de ceindre la couronne de France.

    L’ingérence des pays voisins

    Les guerres de religion ont également pour cause l’ingérence des pays voisins qui entretiennent le feu des troubles pour mieux affaiblir la France. Après avoir perdu la bataille de Saint-Quentin en 1557 et signé le traité du Cateau-Cambrésis en 1559, la France voit l’affaiblissement de son leadership au profit du roi d’Espagne Philippe II. Du fait de la guerre civile, elle connaît un recul dans la seconde moitié du XVIe siècle dont profitent l’Espagne et l’Angleterre. Mais en dépit de la montée de ces deux pays, la France demeure une très grande puissance en Europe par sa démographie, sa richesse et son prestige.

    Pour abaisser la France, l’Espagne et l’Angleterre ne cessent de prêter la main aux sujets rebelles. La reine d’Angleterre Élisabeth Ire intervient en soutenant les protestants et le roi d’Espagne en soutenant le clan des Guise, partisan du catholicisme intransigeant. Pendant les guerres de religion, la France est ainsi divisée par deux factions soutenues financièrement et militairement par des pays étrangers. Durant les années 1580, la France semble même devenir un terrain de combat où s’affrontent l’Espagne et l’Angleterre par partis interposés.

    Les voisins limitrophes de la France ont également des ambitions territoriales. L’Angleterre entend récupérer la ville de Calais dont elle n’a pas accepté la perte en 1558. L’Espagne espère recouvrer la partie septentrionale de la Navarre. La Savoie, alliée à l’Espagne entend récupérer les places italiennes occupées par la France depuis les guerres d’Italie.

    Les guerres de religion sont en France très dépendantes du contexte européen. Cela est particulièrement le cas à l’égard des Pays-Bas espagnols où les troubles politico-religieux sévissent depuis la date de 1566. La guerre aux Pays-Bas espagnols répercute automatiquement sur les conflits français et vice versa.

    Le roi de France fait également appel à des armées étrangères pour l’aider à rétablir son autorité. Il fait venir ainsi des Suisses ainsi que des troupes italiennes envoyées par le pape. Les reîtres et les lansquenets allemands sont largement utilisés dans le conflit par les deux partis. Les Espagnols utilisent des troupes de nationalité flamande.

    Chronologie des chefs d’État de France, des Pays-Bas, d’Espagne et d’Angleterre

    Les prémices du conflit

    Les premiers problèmes religieux apparaissent sous le règne de François Ier (1515-1547). Malgré son inclinaison pour l’humanisme, le roi considère la Réforme comme néfaste à son autorité. Il s’y oppose catégoriquement quand apparaissent les premières agressions, à savoir les destructions iconoclastes qui touchent aux images saintes (sculptures, reliques). À partir de l’affaire des Placards (1534), le roi se met à persécuter les protestants en faisant paraître des édits les condamnant.

    C’est sous le règne de son fils Henri II (1547-1559), que les tensions religieuses augmentent dangereusement. Encore plus intolérant que son père, Henri II pourchasse sans faiblesse ceux qu’on appelle les hérétiques. Il multiplie les édits et crée les chambres ardentes pour les condamner au bûcher. Malgré cette persécution, le protestantisme connaît un essor considérable. Sous la direction de chefs religieux talentueux (comme Calvin), le protestantisme séduit de plus en plus de gens. Les milieux urbains (artisans et bourgeois), et la noblesse sont particulièrement touchés. Leur succès entraînent chez les catholiques intransigeants, une très grande rancoeur. Chaque parti est persuadé d’être le seul tenant de la vray foi. Le pays est au bord de la crise religieuse. Seule l’autorité forte du roi permet au pays de rester uni, notamment durant les guerres contre l’Espagne. La mort brutale d’Henri II en 1559 ouvre une période d’incertitude la plus complète.

    En 1560, les différents partis s’opposent pour contrôler le pouvoir royal désormais placé entre les mains d’un jeune adolescent sans expérience, François II. Le jeune roi confie le gouvernement aux oncles de son épouse, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine partisans pro-catholique de l’intolérance religieuse. Les protestants avec le prince de Condé à leur tête remettent en cause la légitimité des Guise et tentent des coups de force. Cela débouche sur le premier épisode violent des guerres de religion, le tumulte d’Amboise.

    La mort brutale de François II à la fin de l’année 1560 vient momentanément calmer les esprits. La reine Catherine de Médicis qui ouvre la régence au nom du tout jeune Charles IX cherche un terrain d’entente entre les catholiques et les protestants. Avec le chancelier Michel de l’Hospital, elle multiplie les rencontres entre les partis et tente même à travers le colloque de Poissy de maintenir l’unité de la chrétienté. Mais la politique de la reine échoue à cause des antagonismes trop forts qui opposent protestants et catholiques. L’émergence d’un parti modéré à la cour induit un relâchement de la pression sur les réformés. Les protestants se sentent libre et les plus violents cherchent à s’imposer par la force. Il ne s’agit plus seulement d’iconoclasme mais d’affrontements politiques locaux. De nombreux accidents violents essaiment dans les provinces. Au final, Catherine de Médicis ne contrôle plus la situation.

    Confiants dans leur avenir, les mal sentants de la foi se sont convertis en masse au protestantisme. L’année 1561 est l’apogée du protestantisme en France. Il y a environ deux millions de protestants en France. Les catholiques sont plus que jamais irrités. Les actes de violences se multiplient dans tout le pays. L’animosité devient extrême. Chaque parti monte des armées. Quand commence l’année 1562, chacun s’attend à une année terrible. Le 17 janvier 1562, Catherine de Medicis promulgue l’édit de Janvier qui constitue une véritable révolution puisqu’il autorise la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à la condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s’étaient emparés. La tolérance civile instaurée par la reine va produire l’effet contraire à celui recherché.

    Le conflit

    On peut distinguer trois phases dans le déroulement des guerres de religion :

    * l’offensive protestante de 1560 à 1572, période durant laquelle le protestantisme a le vent en poupe (dans la noblesse et en ville). L’augmentation croissante des convertis déclenchent chez les protestants un élan dynamique d’enthousiasme qui les portent à croire fermement - à tort - en la conversion du royaume entier. Après plusieurs déconvenues, le Massacre de la Saint-Barthélemy en 1572 porte un coup drastique au développement du mouvement et met un terme définitif aux illusions protestantes.

    * l’offensive des malcontents de 1572 aux années 1580, période durant laquelle les guerres de religion prennent davantage l’aspect d’un conflit politique mené par un parti catholique modéré mécontent du renforcement du pouvoir royal. À la tête du mouvement se tient le propre frère du roi François d’Alençon et des catholiques de grande noblesse.

    * l’offensive catholique des années 1580 à 1599, période durant laquelle apparaissent les prémices de la Contre-Réforme catholique. Les catholiques cherchent à exclure les protestants du royaume. Leur intransigeance les amène à se laisser séduire par l’obscurantisme religieux et déclenche l’une des guerres de religion les plus violentes.

    Première guerre de religion (1562-1563)

    La rupture est consommée le 1er mars 1562, lorsque le duc François de Guise, revenant de négociations en Alsace, affronte et tue à Wassy, dans des circonstances peu claires, 37 protestants regroupés dans une grange pour célébrer leur culte. À son retour à Paris, Guise est accueilli en héros et le peuple réclame une croisade contre les huguenots. Du côté protestant, on assiste à une prise d’arme sous la direction du prince Louis de Condé, qui s’empare de la ville d’Orléans. Prise au dépourvue par la précipitation des événements, Catherine de Médicis tente une ultime démarche pour maintenir la paix, mais le duc de Guise entreprend un véritable coup de force contre elle en surgissant en force avec ses troupes à Fontainebleau où la famille royale se trouve. Il contraint le jeune roi et sa mère à le suivre à Paris sous le prétexte de les protéger des protestants, les obligeant par ce moyen à prendre le parti des catholiques. La première guerre de religion vient d’éclater.

    Ce sont les protestants qui passent les premiers à l’offensive. La lutte s’organise pour le contrôle de l’espace urbain. L’attaque protestante est fulgurante. Au bout d’un mois, les protestants parviennent à s’emparer d’un grand nombre de villes dont de très importantes comme Lyon, Orléans ou encore Rouen la deuxième ville du pays. À chaque prise, les protestants passent méthodiquement au saccage des églises, voire à leur destruction. Les pertes sont immenses mais les protestants échouent à Toulouse et à Bordeaux. Pour l’armée catholique commence la longue campagne de siège qu’il faut mettre en place pour récupérer les villes prises.

    Il y a plusieurs théâtres d’opérations. Le plus important est celui qui se déploie sur la Loire et en Normandie où l’armée catholique royale tente de reprendre Rouen. La deuxième zone de combat se situe dans le Sud-Est, en particulier du côté du Languedoc, et la troisième zone de combat se déroule dans le Sud-Ouest où Blaise de Monluc mène une guerre et une répression implacable contre les protestants qu’il bat d’ailleurs à la bataille de Vergt.

    L’armée protestante est essentiellement constituée de marchands et d’artisans. Elle est encadrée par des réseaux nobiliaires expérimentés et fait appel à des mercenaires allemands. Depuis le traité d’Hampton Court, elle a le soutien non négligeable de la reine d’Angleterre. Les protestants échouent cependant à réunir leurs trois armées (sud-ouest, sud-est, vallée de la Loire).

    La bataille qui a lieu à Dreux le 19 décembre 1562 tourne à l’avantage de l’armée royale. Le prince de Condé est capturé mais le camp catholique souffre également de plusieurs pertes ; le maréchal de Saint-André est tué et le connétable Anne de Montmorency fait prisonnier par les protestants.

    Les deux chefs de guerres catholiques les plus importants Antoine de Bourbon et François de Guise ne tardent pas à être tués, le premier au siège de Rouen et le second au siège d’Orléans au cours d’une embuscade à Saint-Mesmin.

    La perte des principaux chefs de guerre permet à Catherine de Médicis de rétablir la paix. Elle lance des négociations avec le prince de Condé qui aboutissent le 19 mars 1563 à l’édit d’Amboise. Il autorise le culte protestant dans certains lieux réservés et ouvre une période de tolérance civile. Les villes de Rouen, Orléans et Lyon reviennent aux catholiques.

    Cette guerre a laissé de lourdes plaies. Les églises et les cathédrales prises par les protestants ont été extrêmement endommagées. À cause des violences qu’elles ont connues, des villes comme Rouen, Orléans et Lyon deviennent par la suite des foyers du catholicisme intransigeant. La fin de la guerre amène beaucoup de catholiques à se venger des protestants. Durant 1563, de nombreux procès sont intentés pour condamner les protestants qui ont pillé les églises.

    Au final, la paix imposée par la reine-mère reste précaire. Les catholiques restent rancuniers à l’égard des protestants pour les destructions qu’ils ont commises. La première guerre de religion a été la plus destructrice. Quant aux protestants, ils restent persuadés et déterminés à convertir le royaume à leur religion.

    Profitant de la paix, Catherine de Médicis entame en 1564 un tour de France royal, afin de montrer le jeune Charles IX à son peuple. Partout, il est accueilli triomphalement, et les manifestations de loyauté, aussi bien des catholiques que des protestants, sont générales[4].

    Deuxième guerre de religion (1567-1568)

    Après avoir connu la paix pendant quatre ans, le royaume de France est de nouveau la proie des armes. La reprise des hostilités en 1567 s’explique pour trois raisons : l’échec de l’Édit d’Amboise qui ne laisse la liberté de culte qu’aux nobles, le contexte international orageux et la rivalité de cour entre le prince de Condé et le jeune frère du roi, Henri duc d’Anjou. L’ambitieux Condé prend ombrage de l’ascension politique du jeune prince à peine âgé de seize ans et quitte la cour pour manifester sa contrariété.

    À l’extérieur du pays, la situation est grave. En 1566, une violente vague iconoclaste a déferlé sur les églises et les couvents de Flandre. Cette ample émeute populaire connue sous le nom de révolte des gueux a été très rapidement maîtrisée par les Espagnols qui gouvernent les Pays-Bas, mais la noblesse du pays en a profité pour réclamer au roi d’Espagne davantage de liberté. Bien que le calme soit revenu en 1567, le roi d’Espagne Philippe II a expédié une armée pour punir ses sujets rebelles. L’armée espagnole envoyée depuis le Milanais se dirige vers les Pays-Bas en longeant la frontière française. L’approche ennemie ravive les craintes du roi de France qui décide de lever plusieurs bataillons suisses pour prévenir une éventuelle attaque espagnole sur la France. Cette levée suscite l’inquiétude des protestants français restés méfiants depuis l’entrevue de Bayonne, dont l’issue est restée secrète. La déferlante iconoclaste des Flamands et les déboires de Marie Stuart en Écosse ravivent les passions en France et débouchent sur de nouveaux incidents en province (le massacre de la Michelade).

    La deuxième guerre éclate précisément le 28 septembre 1567 lorsque le prince de Condé tente de s’emparer de la famille royale par la force (Surprise de Meaux). Cette cassure dans la politique de concorde est une surprise et l’attaque du prince de Condé, en qui Catherine de Médicis avait placé ses espoirs de conciliation, est une trahison. C’est à la suite de cet événement que la régente du royaume se résout à faire usage de la violence pour le maintien de la paix. Les villes protestantes du Midi se soulèvent à nouveau et les deux armées s’affrontent à nouveau. A la tête de l’armée protestante, Condé s’établit à Saint-Denis, en vue d’affamer Paris. Mais, le 10 novembre il est repoussé lors de la bataille de Saint-Denis quoiqu’indécise, notamment à cause de la mort du connétable de Montmorency.

    Le reste de la campagne se déroule dans le Sud-Est de la région parisienne, entre Loire et Meuse dans un face à face sans affrontements. De novembre 1567 à février 1568, le duc d’Anjou s’efforce de poursuivre l’armée protestante. Mais Condé et Coligny refusent de livrer bataille avant leur jonction avec les reîtres allemands du prince palatin Jean Casimir. Ils quittent les bords de la Seine pour la Lorraine où doit s’opérer la jonction. De son côté, l’armée royale attend les troupes allemandes du duc de Saxe et les troupes italiennes du Piémont. Mis à part quelques escarmouches, rien ne se passe. Unis aux reîtres, les protestants descendent en Bourgogne, traversent la Loire à La Charité, remontent vers Paris et prennent Blois et Chartres. Le manque de moyens financiers, de part et d’autre, conduit à la signature d’une trêve, dit la paix de Longjumeau le 22 mars 1568.

    Troisième guerre de Religion (1568-1570)

    La paix de Longumeau est fragile car le pouvoir royal ne fait plus confiance au prince de Condé, et l’idée d’une coordination internationale des catholiques pour la répression du protestantisme s’accrédite (par exemple avec l’exécution de Cocqueville). La paix de Longjumeau est davantage une trève qui permet surtout aux belligérants d’organiser leurs armées. Quelques mois après la signature de la paix, la guerre reprend. Ce sont les catholiques qui anticipent en tentant de capturer par surprise le prince de Condé, au château de Noyers, et l’amiral de Coligny, à Tanlay, le 29 juillet 1568. Le projet échoue et les chefs protestants se rassemblent à La Rochelle où Coligny et Condé ont trouvé refuge.

    L’ensemble de la campagne se déroule dans l’Ouest de la France, au Sud de la Loire. L’objectif de l’armée royale est de s’emparer des villes protestantes situées entre la Charente et la Dordogne . Les protestants retranchés sur La Rochelle attendent le soutien militaire du prince d’Orange et du duc de Deux-Pont dont l’armée est financée par la reine d’Angleterre. De son côté, l’armée royale commandée par le duc d’Anjou attend les soutiens de l’Espagne et du pape.

    Après une campagne hivernale sans gros accrochage et marqué par les désertions, le duc d’Anjou remporte le 13 mars 1569 à Jarnac une victoire où le prince de Condé trouve la mort. Coligny qui lui succède à la tête des calvinistes, nomme Henri de Navarre et Henri de Condé chefs de l’armée huguenot mais demeure en réalité le seul chef véritable. Côté catholique, Anjou ne parvient pas à exploiter sa victoire faute d’artillerie suffisante et ne réussit pas à prendre Cognac. Il n’a pas non plus de troupes suffisantes pour garnir en garnison les villes prises aux Protestants.

    Tandis qu’en avril, Brissac et Andelot meurent chacun regretté par son camp, le duc de Deux-Ponts pénètre en France et vandalise la Bourgogne. Les catholiques s’alarment quand il prend sans difficulté La Charité-sur-Loire qui permet de traverser la Loire. Le roi se rend au camp d’Orléans tandis que Catherine de Médicis descend jusqu’au camp du duc d’Anjou. Si par chance, le duc de Deux-Ponts meurt entre temps, le 25 juin 1569, Coligny bat les Catholiques à La Roche-L’Abeille où Strozzi est fait prisonnier. Ensuite Coligny met le siège devant Poitiers où le duc de Guise s’ést enfermé en hâte. Mais Coligny est de nouveau défait le 3 octobre par le duc d’Anjou à la bataille de Moncontour.

    Les opérations militaires tournent à l’avantage de l’armée royale qui reprend une à une les villes protestantes du Poitou. Après Châtellerault, Niort et Lusignan, Anjou installe le siège devant Saint-Jean-d’Angély où le roi et la reine mère viennent le rejoindre le 24 octobre. La Rochelle est bloquée par mer, mais l’hiver s’installant et l’argent manquant de chaque côté, les négociations reprennent. Les hostilités se terminent plus ou moins par la capitulation de Saint-Jean-d’Angély le 3 décembre 1569. Pendant les négociations, Coligny qui a repris les lambeaux de l’armée, continue sa retraite par le midi et à la surprise des Catholiques remporte sur Cossé la bataille d’Arnay-le-Duc le 27 juin 1570. Cet évènement précipite la signature d’une nouvelle trêve, l’édit de Saint-Germain, le 8 août 1570. Ce traité garantit 4 places de sûreté aux protestants.

    Quatrième guerre de religion (1572-1573)

    Cette quatrième guerre s’ouvre par le massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572. L’échec du siège de la Rochelle par l’armée royale et le manque de moyens du Trésor royal mettent un terme rapide aux opérations.

    C’est à partir de cette guerre que le pouvoir monarchique absolu commence à être remis en cause :

    * par la constitution de l’Union des protestants du Midi, véritable gouvernement parallèle, qui lève des impôts (sur les catholiques et les protestants), possède ses États (élus par les fidèles), établit un programme de négociation avec le roi et possède sa propre organisation militaire ;

    * par la publication d’ouvrages théoriques : Franco-Gallia de François Hotman et Le Réveille-matin des Français, qui contestent l’hérédité de la monarchie et la légitimité de la Régence, notamment par une femme et par une étrangère..

    Chronologie sommaire

    * Nuit du 23 au 24 août 1572 : massacre de la Saint-Barthélemy

    * 13 janvier-31 août 1573 : Siège de Sancerre par les troupes royales et catholiques.

    * 11 février-6 juillet 1573 : Siège de La Rochelle

    * 24 juin 1573 : négociation qui met fin au siège.

    * 11 juillet 1573 : Edit de Boulogne où sont remises en vigueur les clauses de l’édit d’Amboise. Les protestants obtiennent La Rochelle, Montauban et Nîmes, perdent Cognac et La Charité-sur-Loire.

    * Juillet 1573 : négociation de Montauban. Les protestants du Sud refusent l’édit de Boulogne.

    * 24 août 1573 : Capitulation de Sancerre. Le gouverneur du Berry, La Châtre qui commande les troupes royales entre dans Sancerre, le 31 août.

    Cinquième guerre de religion (1574-1576)

    Cette guerre s’ouvre par le complot des Malcontents. Depuis le renforcement du pouvoir royal et la bienveillance accordé par le roi aux radicaux du parti catholique, un mouvement de fronde nait au sein même de la cour. L’opposition est en particulier menée contre les partisans du duc d’Anjou dont l’influence politique est à son summum depuis la Saint-Barthélemy. L’absence du prince parti rejoindre son royaume de Pologne entraîne de nombreuses spéculations politiques.

    Le complot est mené par le propre frère cadet du roi, François d’Alençon qui entend écarter Anjou de la succession du trône de France. Il s’est allié à la maison de Montmorency (Montmorency et Thoré)et au roi de Navarre et projette avec celui-ci de fuir la cour et déclencher la rupture. Les comploteurs ont des appuis à l’extérieur. Le prince de Condé est parti chercher refuge chez les princes protestants d’Allemagne, tandis que Montgomery prépare un débarquement en Normandie avec l’aide de ses amis anglais. Les comploteurs ont également l’appui de Ludovic de Nassau et Turenne.

    Le complot échoue, la fuite des princes est éventée, les comploteurs mis en arrestation. Le maréchal de Montmorency est embastillé, avec Cossé-Brissac, Montgomery capturé en Normandie par Matignon. Seul du clan Montmorency, Damville, gouverneur du Languedoc, se maintient, en faisant alliance avec les protestants.

    Quand Henri III rentre de France pour monter sur le trône, il pardonne aux princes révoltés mais ne parvient pas à trouver un accord avec le gouverneur de Languedoc, Damville, le frère de Montmorency dont celui-ci réclame la libération. La guerre est figée, mais s’ouvre de nouveau quelques mois plus tard par l’évasion très surprenante du frère du roi François, suivi six mois plus tard par celle du roi de Navarre. Les belligérants forment alors une coalition et ouvrent les hostilités contre le roi. Malgré la victoire le 10 octobre 1575, à Dormans, du duc de Guise que le roi a placé à la tête des troupes royales, le prince de Condé a fait venir Jean Casimir le fils du comte palatin du Rhin, qui vient menacer Paris avec son armée. Henri III doit s’incliner et le 6 mai 1576 il accorde l’édit de Beaulieu, qui donne une plus grande liberté de culte aux protestants, réhabilite la mémoire de Coligny, et surtout procure au frère du roi d’énormes avantages.



    Sixième guerre de religion (1576-1577)



    La sixième guerre est la conséquence des conditions trop favorables accordés aux protestants et aux princes de l’édit de Beaulieu. Elle permet au roi de reprendre quelques villes, mais, très mal soutenu par la Ligue créée en 1576, il abandonne les opérations faute de moyens. Cette guerre s’achève par l’édit de Poitiers, qui restreint les conditions du culte protestant.

    * 17 septembre 1577 : paix de Bergera
    * 8 octobre 1577 : l’édit de Poitiers confirme la paix de Bergerac.

    Septième guerre de religion (1579-1580) ou guerre des Amoureux

    Déclarée par une minorité de protestants, cette guerre fut l’une des plus courtes et des moins suivies. Elle se finit dans l’indifférence avec la prise de Cahors par Henri de Navarre et la paix de Fleix (près de Bergerac) accordant des baux de six ans aux places de sûreté protestantes. Cette guerre est aussi appelée guerre des Amoureux en raison des intrigues de galanterie qui y donnèrent lieu. En effet, le protestant Henri de Navarre (futur Henri IV) et sa femme Marguerite de Valois (la reine Margot) menèrent joyeuse vie à Nérac au milieu d’une cour composée de jeunes seigneurs frivoles, et que leurs continuelles galanteries avaient fait surnommer les Amoureux.

    Huitième guerre de religion (1585-1598)

    Par sa durée qui est de 13 ans, cette huitième et dernière guerre de religion est la plus importante. Elle meurt avec la Sainte Ligue catholique, un groupe politico-religieux qui s’est donné le but de faire disparaître le protestantisme de France. Trois époques se dessinent :

    * 1585-1589 : L’alliance de la Ligue et du roi.

    La réconciliation en 1584 du roi de France Henri III avec le roi de Navarre Henri III, dont il a fait son héritier a soulevé une grande vague de protestation catholique. Au printemps 1585, la Ligue revigorée prend le pouvoir dans beaucoup de villes locales. Elle reçoit le soutien d’une grande partie de la population et de la noblesse (la clientèle des Guise en particulier). L’ampleur du soulèvement contraint le roi de France à signer le traité de Nemours qui l’oblige à rompre avec le roi de Navarre et à lui faire la guerre ainsi qu’aux protestants. Guère motivé, le roi laisse le conflit s’enliser et n’apporte pas les moyens qu’il faut pour supporter le duc de Mayenne qui peine à battre Navarre, ce qui rend le roi impopulaire. Poussé par le duc de Joyeuse, le roi consent en 1587 à intervenir. La reine d’Angleterre et les princes allemands apportent leur soutien aux protestants. Le roi confie à Joyeuse le soin de battre Navarre et à Guise celui de battre les secours allemands. Le premier est vaincu à la bataille de Coutras, le second est vainqueur à Auneau, ce qui renforce la popularité de la Ligue qui s’empare du pouvoir à Paris à l’occasion de la « Journée des Barricades » en 1588. Chassé de Paris et détesté par les Ligueurs, Henri III tente de maintenir son autorité en éliminant la Ligue dont il fait assassiner les chefs, le duc de Guise et son frère le cardinal de Lorraine à Blois en décembre 1588.

    * 1589-1594 : À la conquête de Paris

    Destitué de son trône, le roi n’a plus d’autre solution que de s’allier aux protestants pour mettre fin à la puissance de la Ligue. Réconcilié avec le roi de Navarre, Henri III est assassiné en 1589 par un moine fanatique, faisant ainsi de Henri de Navarre, chef des Protestants, le roi de France sous le nom d’Henri IV. Henri IV tente d’entreprendre la reconquête de son royaume en grande partie tenu par la Ligue, qui refuse de reconnaître un roi protestant. Après la victoire d’Arques, il vient mettre le siège devant Paris qu’il fait bombarder. Contraint à la retraite à cause de la faiblesse de ses effectifs, il obtient le ralliement des personnes fidèles à la dignité royale. Après la brillante victoire d’Ivry, il tente un troisième siège sur Paris où plusieurs milliers de pauvres gens meurent de faim. L’opinion publique peine toutefois à se porter en sa faveur, du fait de l’accentuation de la pression fanatique qu’exerce sur la population une minorité extrémiste appelée les Seize. Au bout de plusieurs semaines de siège, Henri IV se voit contraint de lever le camp, à cause d’une armée de tertio espagnols envoyés par Alexandre Farnèse pour secourir Paris. Henri IV abandonne momentanément Paris. S’il parvient à prendre Chartres, ville réputée royaliste, il échoue devant Rouen dont le siège avait duré plus d’un an (1591-1592). Sur le front sud, le duc de Montmorency parvient à battre la famille de Joyeuse avec laquelle les Montmorency se disputent le Languedoc depuis le début des guerres de religion et menace désormais la ville de Toulouse aussi Catholique que Paris. En Savoie, Lesdiguières accumule des victoires qui permettent de libérer Marseille et la Provence du carcan du duc de Savoie qui s’était permis de la prendre. La conversion au catholicisme d’Henri IV en 1593 lui ouvre les portes de Paris en 1594.

    * 1594-1598 : La conquête de la France

    Durablement installé dans sa capitale, Henri IV peut songer à finir la reconquête de son royaume. Il déclare officiellement la guerre à l’Espagne et entame une campagne en Bourgogne qui débouche sur l’écrasement des dernières forces armées de la Ligue à la bataille de Fontaine-Française. Mayenne vaincu, la Ligue nobiliaire cesse peu à peu d’exister. Henri IV peut faire son entrée royale dans la ville de Lyon qui contrairement à Paris, l’accueille avec beaucoup de pompe. Si Mayenne et le cardinal de Joyeuse font leur soumission au roi, il n’en va pas de même du gouverneur de Bretagne, le duc de Mercoeur qui maintient la coupe ligueuse sur la Bretagne où Philippe II fait débarquer une troupe espagnole. L’Est reconquis, Henri IV songe à protéger sa frontière nord attaquée par les Espagnols. Les affrontements à Laon rétablissent la situation en sa faveur mais la prise surprise de la ville d’Amiens par les Espagnols remet tout en question. Délaissé par les protestants qui s’estiment lésés par le roi, Henri IV tente tant bien que mal de reprendre Amiens où il déploie des moyens militaires considérables. Une armée de secours espagnols vient assiéger l’armée assiégeante, mais au bout de multiples sacrifices, la ville est reprise. En 1598, la France et l’Espagne sont à bout de force et signent la paix de Vervins.
    Henri IV se déplace à Angers pour préparer un nouvel édit de pacification et soumettre à Nantes, le duc de Mercoeur. Le roi de Navarre obtiendra la paix avec Mercoeur et réglera le problème protestant par l’adoption d’un édit de tolérance, l’Édit de Nantes.

    Chronologie

    * 7 juillet 1585 : Traité de Nemours (Henri III reconnaissait la Ligue)

    * 20 octobre 1587 : bataille de Coutras (vainqueur Henri de NAvarre)

    * 12 mai 1588 : journée des barricades (soulevement des catholiques parisiens contre Henri III)

    * 23 décembre 1588 : assassinat du duc de Guise et du cardinal de Guise

    * 1er août 1589 : assassinat d’Henri III, arrivée au pouvoir de Henri IV

    * 15-29 septembre 1589 : bataille d’Arques (vainqueur Henri IV)

    * 14 mars 1590 : bataille d’Ivry (vainqueur Henri IV)

    * 23 mai 1592 : bataille de Craon

    * 2 mai 1593 : bataille du Port-Ringeard

    * 25 juillet 1593 : Henri IV se reconvertit au catholicisme

    * 22 mars 1594 : Henri IV entre enfin dans Paris

    * 5 juin 1595 : Bataille de Fontaine-Française (vainqueur Henri IV, fin de la Ligue)

    * 11 mars-19 septembre 1597 : siège d’Amiens

    * 13 avril 1598 : édit de Nantes

    * 2 mai 1598 : Traité de Vervins (les Espagnols rendent à la France ses territoires occupés)


    Sources
    * Pierre Miquel. Les Guerres de religion. Paris : Librairie Arthème Fayard, 1980 (réédition). Chronologie détaillée, Index détaillé, bibliographie (27 p). 596

    * Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998 (ISBN 2221074254) ;

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