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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Les évangéliques : La secte qui veut conquérir le monde

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    Message  Arlitto Lun 16 Nov 2020 - 16:44

    Les évangéliques : La secte qui veut conquérir le monde 

    C’est le courant religieux qui progresse le plus vite aujourd’hui. Ils sont déjà 500 millions qui croient à l’Armageddon, la bataille finale et prochaine entre les forces du Bien et du Mal. Ils s’appuient sur la télévision, internet, les jeux vidéo ou les romans de science-fiction pour convertir en masse. George W. Bush, comme nombre de ses ministres et conseillers, partage leur vision messianique du monde et de l’avenir. Jusqu’à l’extrême? 


    Les croisés de l’Apocalypse

    Que faire contre un homme qui dispose d’une ligne directe avec le Tout-Puissant? Qui s’estime investi d’une mission divine? Qui croit que l’apocalypse est proche? Que dire quand cet homme est le président des Etats-Unis? A la fin de l’hiver 2003, quelques semaines avant la guerre d’Irak, George W. Bush tente une dernière fois de ranger le président français à ses arguments, de le convaincre d’admettre enfin que la cause est juste et l’opération Liberté pour l’Irak la volonté de Dieu. Pas moins. Tout à sa démonstration, Bush junior fustige les « Etats voyous », stigmatise l’«axe du Mal», évoque Gog et Magog. Gog et Magog? Jacques Chirac en reste coi, sidéré par l’énigmatique référence. Un conseiller de l’Elysée, prié de décrypter la citation en vitesse, finit par trouver la réponse auprès de la Fédération protestante de France. Il s’entend dire qu’à la Fin des Temps, selon le prophète Ezéchiel, Gog et Magog déferleront de Babylone sur Israël. Or Gog et Magog sont l’incarnation des forces du Mal, et Babylone, qui se dresse dans les environs de Bagdad, a été restaurée par... Saddam Hussein!

    L’homme le plus puissant du monde n’est ni un exégète de haut vol ni un fou. C’est tout simplement un fidèle d’une curieuse Eglise, protestante, expansionniste, millénariste et apocalyptique. George Bush est un Born Again Christian, littéralement un chrétien né une deuxième fois. Les Born Again Christians sont l’un des mouvements qui composent les très dynamiques et très prospères Evangelical Churches of Jesus Christ, dont les adeptes sont appelés «évangéliques» (1). Ces Eglises, qui par de nombreux aspects évoquent une fédération de sectes, entendent convertir l’Amérique avant de conquérir le monde! Ni plus ni moins. Avec un homme comme Bush à la Maison-Blanche, elles tiennent déjà un bon début.

    La doctrine évangélique, dont la terre d’élection reste l’Amérique, est aujourd’hui le courant religieux qui progresse le plus dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Au détriment de l’Eglise catholique, des Eglises protestantes historiques (baptistes, méthodistes) et même de l’islam. Les chiffres décrivant cet essor colossal donnent le tournis: de 4 millions en 1940 - sur un total de 560 millions de chrétiens -, les évangéliques sont aujourd’hui 500 millions, néopentecôtistes et charismatiques confondus, sur 2 milliards de chrétiens, soit un sur quatre! On estime que 52000 conversions se produisent par jour. Déjà, il existe 14000 dénominations évangéliques, comprenant 1million d’églises qu’animent 1million de pasteurs à plein temps. Harvey Cox, professeur de théologie à Harvard et auteur du «Retour de Dieu. Voyage en pays pentecôtiste» (Desclée de Brouwer), prédit que le courant évangélique devrait toucher, à l’horizon 2050, un disciple du Christ sur deux et qu’il deviendra la religion dominante du xxiesiècle. Les Born Again Christians, quant à eux, s’appellent ainsi parce qu’ils doivent leur conversion, leur seconde naissance, non point à un baptême classique mais à un contact direct, à une rencontre «d’homme à homme, d’homme à Dieu» avec Jésus.

    Jésus, George W. Bush l’a rencontré à l’âge de 40 ans, quand il buvait trop, beaucoup trop même, et que sa vie partait à vau-l’eau. Le révérend Billy Graham, le «pape évangélique», a servi d’ambassadeur au Christ et de traducteur au futur président. Celui-ci a cessé de boire et changé de vie. Renaître en Christ lui a donné des ailes et lui a assuré des alliés qui lui ont permis d’accéder au poste de gouverneur du Texas puis à la Maison-Blanche. De là il peut affirmer qu’il se fixe pour objectif de «promouvoir une vision biblique du monde».
    Mal élu par les électeurs, George W. Bush n’en passe pas moins pour l’élu de Dieu aux yeux des évangéliques américains - dont il a réussi à capter les trois quarts des suffrages. Mi-janvier encore, le pasteur Pat Robertson, fondateur de la puissante Christian Coalition et ex-patron de la chaîne évangélique The Family Channel, annonce: «J’entends Dieu me dire que l’élection en 2004 sera une explosion.» Et que «George W. Bush gagnera facilement. Peu importe ce qu’il fait, bien ou mal, Dieu le soutient car c’est un homme pieux et Dieu le bénit». Auteur d’un manifeste au titre éloquent, «The New World Order», le révérend met en exergue la vocation messianique de l’Amérique en estimant qu’«il n’y aura jamais de paix mondiale avant que la maison de Dieu et le peuple de Dieu n’assument leur rôle de leadership à la tête du monde» (voir p. 22). Cette conviction tranquille, et souvent sincère, d’une «destinée manifeste» de l’Amérique entretient un véritable prurit prosélyte, un désir de convertir autrui. Ainsi le courant évangélique, qui englobe déjà 70 millions d’Américains, soit un citoyen sur quatre, s’exporte aussi facilement que le fast-food, le Coca ou le rap, et s’enracine partout, de l’Amérique latine au Japon en passant par l’Afrique, l’Europe, la Russie, l’Inde, la Chine... Il s’enhardit même à investir avec force l’univers islamique, ultime zone de mission.

    L’enjeu saute aux yeux: l’Amérique, berceau et terre d’élection de la doctrine évangélique, en serait donc La Mecque. Washington, à l’origine, n’est-elle pas la «ville illuminée sur la colline», la Nouvelle Jérusalem, la Sion du Nouveau Monde? La Maison-Blanche suit avec un grand intérêt l’expansion des Eglises évangéliques. Un bureau spécial, sorte d’observatoire officiel de la liberté des cultes à travers le monde, édite chaque année un annuaire de la «persécution» des religions, où voisinent parmi les oppresseurs l’Arabie Saoudite, la Russie, la Chine et la France, tous coupables de «sévir» contre des obédiences évangéliques.

    Rien de tel en Amérique latine, continent où vit un catholique sur deux et où les Eglises évangéliques prolifèrent sur des terres interdites aux protestants jusqu’au milieu du xixesiècle. Le mouvement de néo-évangélisation commence vers 1970. C’est l’âge d’or de la théologie de la libération, ce courant catholique marxisant et opposant résolu, y compris par les armes, aux impérialistes yankees. Et pourtant, l’Amérique centrale se laisse gagner par les partisans de la «libération de la théologie» - c’est ainsi que se présente le courant évangélique. Le Guatemala élit ainsi Rios Montt à la tête de l’Etat. Pasteur de l’Eglise du Verbe de Dieu, ce président très croyant n’hésitera pourtant pas à décimer des milliers de paysans indiens.

    Le pape Jean-Paul II, à peine élu, met à l’index la théologie de la libération et écarte peu à peu les évêques «rouges» au profit de prélats conservateurs. Mû par la volonté d’abattre le rideau de fer, le souverain pontife conclut un pacte avec le président - évangélique - Ronald Reagan, qui accepte en retour, courant 1984, d’établir enfin des relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Les courants évangéliques en profitent pour essaimer d’un bout à l’autre du continent américain grâce au zèle missionnaire de milliers d’étudiants américains Born Again parlant, outre l’espagnol ou le portugais, le guarani, l’aymara, le tupi. «Il s’agit, annonce alors Ben Armstrong, le directeur exécutif des Télévisions religieuses nationales américaines, de conquérir un territoire bien défini pour le Christ : l’Amérique latine. La télévision est notre force aérienne, tous les convertis qui vont de maison en maison forment notre infanterie.» Et il émet le voeu de «voir tout le monde uni par le satellite, comme l’annonce l’Apocalypse XIV, 6». Plus d’un prélat latino croit y déceler l’oeuvre de la CIA.

    Ainsi aura-t-il suffi d’un quart de siècle de mission évangélique pour que l’Amérique latine, pourtant colonisée au nom de la Contre-Réforme, se laisse détourner de l’Eglise catholique. Déjà un Chilien sur quatre est un Born Again. Quant au Brésil, il n’est plus seulement la plus grande nation catholique, il est devenu également le deuxième pays évangélique, juste après les Etats-Unis (voir p. 26). A tel point que, lors du dernier scrutin électoral, même le très papiste Lula da Silva a dû solliciter les suffrages des groupes néopentecôtistes. Y compris ceux de l’Eglise universelle du Règne de Dieu ou l’Universal, dont le fondateur, Edir Macedo, un ancien employé de la Loterie nationale, fait l’objet de procès pour corruption et fraude fiscale. Le Sénat brésilien compte aujourd’hui 60 députés - sur 512 - issus d’Eglises évangéliques!

    Et désormais le Brésil, avec 30 millions de convertis, «rivalise» avec les Etats-Unis pour diffuser la «bonne nouvelle» évangélique. Surtout en Afrique ex-portugaise - Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mozambique -, où l’Universal recrute à tour de bras. Au Congo, en Afrique du Sud, au Bénin, au Burkina, les sectes néopentecôtistes dament le pion à leurs homologues islamistes. Elles en viennent de plus en plus aux mains (armées, le plus souvent!), causant des centaines de morts, comme au nord du Nigeria. En Côte d’Ivoire, une garde rapprochée d’évangéliques conseille et soutient le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.

    Le Maghreb n’échappe pas non plus au zèle évangélique. Environ 150 missionnaires «travaillent» au Maroc, selon un responsable de l’archevêché catholique de Rabat. En Algérie, le mouvement est encore plus visible: des Eglises néoprotestantes ont déjà pignon sur rue. Des pasteurs étrangers, français, égyptiens ou jordaniens se rendent souvent en visite pastorale, surtout en Grande Kabylie. Au grand dam de la presse locale, qui s’étonne non seulement d’une telle liberté de mouvement mais aussi de l’impunité dont jouissent les convertis auprès des islamistes, aux yeux de qui ils sont pourtant des apostats passibles, selon la charia, de la peine de mort.

    Faut-il expliquer cette étonnante indulgence de la part de l’Etat et des barbus par la protection qu’apporte Washington aux Eglises évangéliques? Quoi qu’il en soit, la Maison de l’Islam - désignation classique du monde islamique - fait l’objet d’une véritable stratégie de conquête des âmes. Ainsi l’Université internationale Columbia, en Caroline du Sud, forme-t-elle des missionnaires de choc. Leur objectif? «Liquider l’islam», si l’on en croit l’imposant dossier que leur consacre, mi-2002, le mensuel américain «Mother Jones». 3000 Born Again relevant de la Convention des Baptistes du Sud - l’unique Eglise à avoir béni l’invasion de l’Irak, contraignant l’ex-président Jimmy Carter à la quitter - s’apprêtent à partir évangéliser des musulmans chez eux, et assument de bonne grâce le risque d’y mourir en martyrs. En Irak, la Convention entretient une ONG évangélique, la Samaritan’s Purse, que parraine le pasteur Franklin Graham, fils du célèbre Billy Graham. Elle y diffuse, entre autres, une Bible dont la couverture imite l’uniforme des GI : un lot de 50000 exemplaires aurait déjà trouvé preneur.

    De quoi conforter la croyance de George W. Bush en la vocation messianique de l’Amérique. Lorsqu’il clame, au lendemain du 11septembre, que «l’Amérique doit diriger le monde» , il ne réagit pas par orgueil écorné, il réaffirme le credo essentiel du catéchisme national américain: celui de la «destinée manifeste». Un concept dont un sénateur de l’Indiana, Albert Beveridge, résumait déjà l’esprit conquérant lorsqu’il déclarait fin 1898 - l’année où Washington boute manu militari la très catholique Espagne hors de Cuba et des Philippines: «Dieu a fait des Américains les maîtres organisateurs du monde afin d’instituer l’ordre là où règne le chaos.»

    Le chaos. C’est ce que prévoit Philip Jenkins, auteur d’un ouvrage impertinent sur le phénomène évangélique, «la Prochaine Chrétienté» («The Next Christendom»). Prenant acte du basculement du centre de gravité de la chrétienté de l’Occident au tiers-monde, du Nord développé et libéral vers le Sud pauvre et conservateur, il craint une cassure radicale entre chrétiens postmodernes et néochrétiens ayant renoué, croyances folkloriques aidant, avec l’Eglise du Moyen Age. Pis encore, ces néochrétiens, en proie à la misère, aux passions nationalistes, tribales et messianiques, et qui vivent au milieu de catholiques, d’hindouistes ou de musulmans - au Pérou, au Mexique, en Inde, en Indonésie, au Nigeria, au Soudan, aux Philippines -, ne manqueront pas d’entrer tôt ou tard en guerre totale contre leurs voisins. L’Occident n’y échappera pas non plus, conclut le chercheur, car il incarnera la nouvelle Babylone, la «prostituée» dont l’Apocalypse de saint Jean considère la destruction comme la condition sine qua non du retour de Jésus-Christ, le Messie attendu.

    «Evangéliques» et non évangélistes, comme Matthieu, Marc, Luc et Jean, les quatre disciples du Christ qui ont écrit les Evangiles.

    Slimane Zeghidour

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    Message  Arlitto Lun 16 Nov 2020 - 16:44

    Marginaux il y a cinquante ans, 70 millions aujourd’hui

    Une Amérique chrétienne pour sauver le monde

    Universités, télévisions, sites internet, journaux, livres, tracts: les évangéliques et leurs pasteurs vedettes disposent de grands moyens pour convertir l’Amérique et la planète entière


    Vinson Synan est un homme très occupé. Il rentre à l’instant d’une conférence à Kiev avant de s’envoler pour Mexico et Santiago. Et dire que, petit, on le traitait de fils de «cinglé» parce que son père prêchait jour et nuit au nom d’une étrange Eglise appelée «pentecôtiste». C’était il y a un peu plus d’un demi-siècle. Dans ce coin de Virginie, berceau de l’Amérique, les autres chrétiens les méprisaient. «Une bande de marginaux», ricanaient-ils... Ils ont cessé de rire. Aujourd’hui, le pays compte plus de 70 millions d’évangéliques, et le mouvement gagne des fidèles partout. «Les églises sont vides et nous, on est en passe de conquérir le monde», dit Vinson.

    Vinson Synan a des cheveux gris, de tout petits yeux prêts à lancer des flammes. Pasteur comme son père, il dirige la School of Divinity de Regent University, à Virginia Beach, au sud de Washington. Créée en 1978 au moment où les évangéliques se décident à investir la scène politique, l’université a pour vocation de «former des leaders chrétiens pour changer la société». 77 au départ, ils sont plus de 3 000 étudiants aujourd’hui, qui suivent des masters (à 45 000 dollars) en communication, en économie, en droit... Deux ou trois ans d’études pour apprendre à servir le Christ et l’Amérique. De son bureau, Vinson Synan admire cette école divine nichée dans les bois. Jardins, salle de gym, campus tout en moquette, en lustres, en technologie dernier cri. «Et regardez: avec ça, on en fait, des miracles.» Ça, c’est la tour de télévision, qui trône au milieu de l’université.

    Diffusée dans 180 pays, CBN (Christian Broadcasting Network) a pour mission de «préparer l’Amérique et le monde au retour de Jésus-Christ», selon son fondateur, Pat Robertson.

    Tous les Américains connaissent Pat, le papy illuminé qui en a toujours une bonne à balancer. Il veut faire exploser le Département d’Etat, il prie pour chasser les juges libéraux de la Cour suprême, il entend Dieu lui annoncer la réélection de Bush. Candidat à la candidature républicaine à la présidence en 1988, fondateur de la Christian Coalition, le télévangéliste habite au cœur du campus. Chaque matin, il part enregistrer son émission, «le 700 Club», un million de fans rien qu’aux Etats-Unis... Bientôt la fin du monde avant le retour du Christ, il est temps de sauver cette société décadente, de convertir les impies, de nettoyer le pays de tous ces homos, ces féministes, ces libéraux...

    Loin de Virginia Beach, des centaines d’autres voix lancent la même croisade. Ce sont TD Jakes, le charismatique pasteur noir de Dallas, James Robinson, l’allumé de «Life Today», James Dobson, le bon vieux doc’ antiporno de la radio, ou encore John Hagee, le pasteur déchaîné de Cornerstone Church. Avec ses 17 000 fidèles, celui-là vend sur 120 stations de télé et de radio des CD, des croisières aux Caraïbes et toujours le même refrain: «Quand Jésus gouvernera Jérusalem, il n’y aura plus d’avortement, plus de divorce, plus d’enfants sans père!» Il y a encore le pasteur Tim Lahaye, dont les thrillers apocalyptiques se sont vendus à plus de 60 millions d’exemplaires... «Time» s’interrogeait récemment: «Pourquoi tant d’Américains parlent de la Fin des Temps?»

    La machine évangélique n’a ni organisation unique, ni porte-parole. Elle est faite d’individus isolés qui œuvrent avec leurs fidèles, leurs sites internet, leurs écrits, leurs écoles... Comme le dit Vinson Synan, le guerrier de Regent: «On n’est pas concurrents, on travaille tous dans le même sens.»

    Ils n’ont qu’un rêve: recréer une Amérique chrétienne. Dans un pays où plus de 90% de la population croit en Dieu... tout est possible. «Regardez, il y a trente ans, on n’était rien, explique Pat Robertson. Maintenant on contrôle une bonne partie du Parti républicain, on a un Born Again Christian à la Maison-Blanche, un autre à la tête du Congrès...» Ajoutons le machiavélique Karl Rove, le plus proche conseiller du président, et aussi les ministres: Gale Norton à l’Intérieur, Tommy Thompson à la Santé, ou John Ashcroft, l’homme convaincu que «nous avons Jésus pour roi», à la Justice. Ralph Reed, le jeune prodige Born Again de Géorgie, ancien directeur de la Christian Coalition, dirige la campagne 2004 de Bush. L’ex-juif communiste Martin Olavski, passé lui aussi par la re-naissance en Jésus, a convaincu son ami George de redonner du pouvoir aux associations religieuses...

    Par conviction, ou simple calcul politique, l’équipe de Bush soigne ses amis évangéliques, qui représenteraient aujourd’hui près du tiers de l’électorat républicain. Quand George junior promet de soutenir le mariage et d’inciter les ados à l’abstinence, c’est pour eux. Quand il promet de modifier la Constitution pour bannir à tout jamais l’idée du mariage gay, c’est encore pour eux... S’il ne va pas assez loin, ou pas assez vite, les fidèles se rappellent à lui. Les chrétiens fondamentalistes se sont constitué au fil des ans une force de frappe efficace. La Christian Coalition revendique 2 millions d’adhérents. Elle orchestre un lobbying considérable dans les Etats, au sein du Parti républicain, et à Washington. Au programme: lutte contre l’avortement, le clonage et les droits des homosexuels, et défense des associations religieuses et d’Israël, la nouvelle grande cause des évangéliques (voir encadré). En 2000 elle a distribué 70 millions de livrets pour guider les électeurs... A ses côtés, on trouve des dizaines d’associations et de cellules de réflexion comme American Values, le Family Research Council ou l’American Center for Law and Justice. Mené par l’ultrabrillant Jay Sekulaw, ce groupe d’une quarantaine d’avocats travaille sans relâche pour abattre la cloison entre l’Eglise et l’Etat. C’est lui, par exemple, qui lutte pour l’enseignement de la Bible et du créationnisme dans les écoles.

    Pour ces néosoldats de Dieu, le 11 septembre a révélé l’urgence du combat: le déchaînement de Dieu sur les tours babyloniennes est à la mesure du degré de dépravation de la nation. Quand le World Trade fumait encore, Jerry Falwell, l’influent pasteur de l’ex-Moral Majority, tonnait, sur CBN: «A force de tuer 40 millions de bébés innocents, à force de rejeter Dieu des écoles… on l’a rendu fou.» Il faut sauver l’Amérique pour qu’elle puisse à son tour sauver le monde… Car la frappe terroriste du 11 septembre est aussi à leurs yeux une attaque contre la chrétienté, première étape décisive avant la lutte finale. Du haut de sa School of Divinity, Vinson Synan l’affirme: «Les musulmans, c’est la grande bataille des temps modernes. Ils tuent des chrétiens dans le monde entier et sont extrêmement prolifiques. Vous allez voir la France dans dix ans...»

    Tous les évangéliques ne sont pas aussi véhéments. Mais la haine, ou tout au moins la crainte de l’islam, suinte partout, et pas seulement dans les églises. En juin 2003, un des plus hauts responsables du Pentagone, le général Boykin, a déclaré: «On ne battra Saddam et Ben Laden que si l’on combat au nom de Jésus.»
    L’évangélisation du monde a toujours fait partie du programme. Mais depuis le 11 septembre et «le galop des chevaux de l’Armageddon qui résonne», comme le clame le pasteur John Hagee, il est urgent d’agir. Sur internet, des dizaines d’associations tentent de pousser les fidèles à partir et, si possible, en terre musulmane.
    Sauver l’homme de cette «religion perverse et diabolique». Ce sont les mots de Franklin Graham, fils du célébrissime Billy qui a converti Bush en 1986. Le fiston, qui prêche régulièrement au Pentagone, envoie des milliers de Bibles en Irak grâce à son association humanitaire. A Bagdad, d’étranges pasteurs proposent aux soldats de les protéger s’ils acceptent de se faire baptiser. Le site de Campus Crusade International incite à aller distribuer des RDK (Rapid Deployment Kit) avec petit Nouveau Testament «dans un sac waterproof à glisser dans la poche d’un uniforme»… Des universités, comme Columbia University en Caroline du Sud, forment les nouveaux missionnaires. Elles organisent des sessions pour acquérir les «bonnes techniques de persuasion» et apprendre à se fondre dans la culture musulmane. Regent, elle, ne prévoit pas de formations spéciales. Pas nécessaire, assure Vinson Synan: «Les élèves qui veulent partir sont suffisamment motivés.»

    Gina partira un jour, c’est sûr. Dès qu’elle aura fini son master de business à Regent. Réfugiée à la cafétéria avec une pile de livres, cette liane aux longs cheveux parle encore et encore… de Dieu. C’est lui qui la guide depuis l’âge de 6 ans, lui encore qui lui a dit d’étudier ici et d’aller bientôt «apporter la foi et la joie au monde». «Au pire, je gagne une vie éternelle avec mon grand amour.» Gina n’a peur de rien. Dans sa paroisse de l’Ohio, on l’a toujours appelée le «missionary missile».
    Sophie des Deserts

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    Message  Arlitto Lun 16 Nov 2020 - 16:44

    Pour le Grand Israël

    Les évangélistes proclament que tous les juifs doivent revenir en Israël... et se convertir !

    Coïncidence ou choix délibéré de calendrier? Le 12 octobre 2003, au moment même où des pacifistes israéliens et palestiniens, réunis en Jordanie, mettent l’ultime touche à l’«accord de Genève», un aréopage d’évangéliques américains et de «likoudniks» israéliens ouvre, sous les auspices du néoconservateur Richard Perle, un Sommet de Jérusalem. «Israël est la solution morale au totalitarisme oriental et au relativisme occidental, déclarent-ils, il est le "Ground Zero" de la bataille centrale de notre civilisation.»

    Les évangéliques attribuent un rôle décisif aux juifs et à l’Etat d’Israël dans le projet divin pour la fin des temps. Pour eux, le retour du Messie n’interviendra qu’à la condition sine qua non que tous les juifs retournent en Terre sainte. Aussi financent-ils l’immigration à Sion, parrainent-ils des colonies et défendent-ils à Washington le projet du Grand Israël. «Dieu a donné la terre d’Israël au peuple juif, plaide Gary Bauer, l’étoile montante de la Christian Coalition. Ni l’ONU, ni l’Europe, ni la Russie, ni quelque quartette ou trio que ce soit ne peut décider du sort de ce pays.» Mais ce n’est pas tout: une fois Jésus-Christ de retour en Terre sainte, les juifs pourront se racheter en le reconnaissant, enfin, comme leur Messie! Faute de quoi ils seront anéantis à jamais. «Ils n’aiment pas les juifs, s’indigne l’écrivain israélo-américain Gershom Gorenberg, auteur de "la Fin des temps". La doctrine évangélique du salut est une pièce en cinq actes où les juifs disparaissent au cinquième.»

    Slimane Zeghidour  
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    Message  Arlitto Lun 16 Nov 2020 - 16:45

    Brésil : 30millions de fidèles

    Plus de samba dans la Nouvelle Jérusalem

    L’Eglise universelle du Règne de Dieu - l’Universal -, d’obédience évangélique, recourt au marketing le plus agressif pour convertir au Nouvel Israël. Avec un succès considérable


    Ce sera «le futur clou touristique» de Rio de Janeiro, jure l’hôtesse d’accueil Ana Paula Franco, si fière de servir le temple de la Gloire du Nouvel Israël. Curieux temple, dont l’aspect mastoc hésite entre le vaisseau spatial pour péplum à petit budget et l’immeuble HLM ravalé à grands frais. Et d’autant plus extravagant, avec l’immense calotte de métal noir qui le coiffe, qu’il se dresse au cœur du faubourg de Del Castilho, un archipel de favelas qui recouvre la si mal famée «zone Nord», repaire des mafias de la drogue, du jeu et du crime.

    C’est là, à une heure de taxi des palaces de Copacabana, que l’Eglise universelle du Règne de Dieu - l’Universal pour les intimes -, véritable «multinationale de la foi», a choisi d’ériger son siège mondial. «Rien d’étonnant à cela, explique Regina Novaes, chercheur à l’Institut des Sciences des Religions (Iser), l’Universal s’installe d’abord chez les pauvres, là où l’Etat n’existe plus et là où l’Eglise catholique s’accroche encore.» En clair, cette obédience évangélique cherche à se substituer à un Etat pas assez libéral à son goût, et à une Eglise romaine coupable de vitupérer «le veau d’or du marché capitaliste».

    Ouvert il y a cinq ans, le temple ne désemplit pas. C’est un véritable complexe cultuel, dont la salle de prière, style Palais des Congrès, peut accueillir 15000croyants à la fois. Derrière la façade de pierre taillée «importée d’Israël», indique la brochure de promotion, on trouve fast-food, garderie d’enfants, musée, cybercafé, librairie, kiosque à journaux, parking - de 1500places! -, jardin et, c’est le clou de l’endroit, une maquette de 1hectare construite à ciel ouvert avec des «matériaux de Terre sainte», reproduisant la Jérusalem du temps de Jésus.

    «L’Universal, c’est-à-dire les millions de croyants qui s’en réclament, est le Nouvel Israël, le peuple choisi par Dieu pour sauver les hommes des griffes du diable», prêche, l’air de rien, Clodomir Santos en sa qualité d’«évêque» du temple.

    Le diable ? Il est partout, martèlent journaux, radios et télévisions de l’Universal, il revêt tant de visages. Et d’abord celui du... pape de Rome. L’Eglise catholique, voilà l’ennemi mortel. Pour s’en convaincre, si besoin est, un coup d’oeil sur les rayonnages de la librairie suffit. La meilleure vente du mois? «L’Histoire secrète des jésuites» d’un certain Edmond Pérès. L’illustration de la couverture en donne la couleur: un crucifix dressé sur une croix gammée «embroche» une Bible. «Ils s’infiltrent dans les Etats, les instituts, les partis politiques, lit-on sur le verso, pour fomenter révolutions, crimes de sang et désordres sociaux, politiques, moraux, militaires et sexuels afin d’instaurer un pouvoir mondial», sous la tiare de l’Eglise catholique.

    Ce matin, comme chaque dimanche, c’est le «jour de l’exorcisme», les croyants viennent tordre le cou à Satan. En voiture, par bus spéciaux, ils débarquent, jeunes, vieillards et nourrissons, riches et pauvres, bien vêtus, débonnaires. Un détail saute aux yeux: la plupart des «élus» sont des femmes, noires ou métisses. Un signe qui parle à Fernando Altmeyer, professeur de journalisme, ex-bras droit du cardinal «rouge» Evaristo Arns.

    «L’Eglise catholique est encore trop masculine, trop cérébrale, trop blanche», déplore ce partisan de la théologie de la libération, lui-même fils d’une Espagnole et d’un Allemand. «Pensez, révèle-t-il en tendant la main ouverte, qu’il n’y a que 5Noirs parmi les 414évêques du Brésil, pays où le brassage racial n’est pas un vain mot. La force des évangéliques est d’avoir compris qu’il faut s’ouvrir aux femmes, aux gens de couleur, à une religiosité affective.»

    La foule des croyants se répand à travers les méandres du jardin du temple, bordé par de modestes maisons de brique que rongent le soleil et la moiteur de l’été tropical. Beaucoup arborent un pin’s maison clamant «Brésil, nation évangélique». Ils lambinent en attendant non point la messe, qu’ils laissent aux «païens», mais l’«office», prennent des photos de la Jérusalem antique, puis s’installent à la cafétéria pour parcourir l’hebdo de la secte, la «Folha Universal», qui tire à pas moins de 1million d’exemplaires, de très loin le plus fort tirage de la presse d’Amérique latine.

    A la une, ce titre au-dessus d’une main tenant un revolver: «45000crimes par an», dont 8500 rien qu’à Rio. «10% des tués par balle dans le monde sont brésiliens, souligne Pablo Dreyfus, chercheur franco-argentin au sein de l’ONG Viva Rio, soit un taux de mortalité supérieur à celui de la Colombie ou même de l’Irak.» D’où le mot d’ordre, fleurant un marketing avisé, de l’évêque Clodomir Santos: «Là où la mafia fauchait les corps, l’Universal sauve les âmes.» Et, si besoin est, les aide à se racheter. Aussi a-t-elle tôt investi les prisons, où il lui arrive d’organiser des baptêmes collectifs dans… des piscines gonflables en plastique.

    Les corps ayant survécu peuvent se nourrir au fast-food «national» Bob’s, aménagé au rez-de-jardin du temple. L’Universal promet des produits sains - et saints - qu’elle s’apprête à cultiver dans une ferme pilote baptisée - toujours la Bible - la Nouvelle Canaan. Fondé dans l’arrière-pays de Bahia par Marcello Crivela, pasteur, chanteur évangélique à succès, neveu du fondateur de l’Eglise universelle du Règne de Dieu, Edir Macedo, et depuis peu sénateur fédéral du Parti libéral, le «projet Nordeste» vient d’être reconnu, selon la «Folha Universal», d’utilité publique. Du coup la fazenda de 500hectares, comprenant habitations familiales, écoles, restaurants, temples, terrain de foot et supermarché, sera dispensée d’impôts. La «théologie de la prospérité» peut donc rapporter gros.

    «Théologie de la prospérité», c’est justement le titre du livre-profession de foi d’Edir Macedo, le fondateur de l’Universal. Sans cesse réédité, il est disponible à la librairie du temple. L’évêque en chef y dénonce l’option catholique pour les pauvres, si chère à la théologie de la libération, et sa haine des puissants. Non, plaide-t-il, Jésus n’est pas l’homme loqueteux, doux et indigent que l’Eglise romaine popularise depuis deux mille ans. C’est un héros positif, prêt à guerroyer, ne boudant nullement honneurs et richesses. En vertu de quoi, observe le journaliste Paulo Farah, «il existe au Brésil un business évangélique en plein essor. Appuyé sur l’Association des Hommes d’Affaires du Plein Evangile (Adhonep), qui rassemble 25000chefs d’entreprise, il pèse 1milliard d’euros».

    Un business dont les magasins du temple proposent les produits. En tête du hit-parade des ventes, les CD de funk chrétien, d’aérobic de Dieu, de capoeira de Jésus, autant de styles qui déjà font école. «Le public vénère les stars évangéliques, raconte Leia Dahan, la responsable de la librairie. Il en réclame photos, posters, pin’s, autographes.» Petite-fille d’un immigrant juif marocain, d’abord mariée à un catholique, la libraire jure avoir tout plaqué, mari et enfants, pour Jésus, la superstar des stars évangéliques. Sur une étagère de la boutique où s’entassent candélabres à sept branches, arches de Yahvé en cuivre, flacons d’eau du Jourdain ou d’huile d’olive d’Israël trônent les divas des croyants: Cassiane - 1million de CD vendus! -, les groupes de rock Catedral et Apocalypse16, ainsi nommé par allusion à la bataille d’Armageddon... Et pas un seul CD de samba ou de bossa-nova ni des grands noms de la MPB, la musique populaire brésilienne. L’un d’entre eux, Toquinho, rencontré chez le célèbre disquaire Toca do Vinicius à Ipanema, lâchera, ironique: «Rien ne les arrête. Après le rock évangélique, pourquoi pas le strip-tease évangélique?» 10heures. L’office d’exorcisme va commencer. 15000croyants, calmes, prennent place à l’intérieur du temple en forme d’hémicycle, avec balcon et orchestre comme au cinéma. Sur la tribune, l’évêque Clodomir Santos se concentre, micro en main, à côté d’une arche de Yahvé en bronze veillée par deux chérubins au-dessous de la devise de l’Universal inscrite en lettres de métal doré: «Jésus-Christ est le Seigneur.» Des ouvriers - appellation maison des curés évangéliques - y conduisent des possédés par le démon: une hystérique, un kleptomane, un travesti. Les «malades» s’avancent un à un au milieu de la tribune. L’évêque appose une main sur le front, l’autre sur le sommet du crâne et hurle à l’oreille de la victime: «Sors de là, Satan, sors de là, Jésus te maudit !» Les croyants se dressent comme un seul homme, bras levés, en reprenant: «Dehors, Satan, dehors, Lucifer, ta place est en Enfer !» Le possédé se débat, gémit, se convulse puis s’effondre dans un râle de soulagement pour se redresser aussitôt devant l’évêque épuisé et les fidèles ravis.

    En repartant, les fidèles achèteront à la vidéothèque du temple des DVD aux titres évocateurs - «Colons de Canaan», «Victoire à Hébron» - du superhéros BibleMan, le Superman évangélique justicier et vengeur. Histoire de passer une bonne soirée en attendant le grand soir.

    A lire
    Qui sont les évangéliques?», par Alfred Kuen, Ed. Emmaüs.
    Billy Graham, pape protestant», par Sébastien Fath, Albin Michel.
    «L’Essor des Eglises évangéliques», par Philippe Larère, Bayard-Centurion

    Slimane Zeghidour

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    Les évangéliques : La secte qui veut conquérir le monde   Empty Re: Les évangéliques : La secte qui veut conquérir le monde

    Message  Arlitto Lun 16 Nov 2020 - 16:45

    Armageddon, bataille finale

    Où l’on voit que les fondamentalistes, chrétiens ou musulmans, partagent la même vision, inversée, de la fin des temps

    L’opuscule se vend comme des petits pains, de Jérusalem à Bamako en passant par Le Caire et Beyrouth. Interdit en Arabie Saoudite, le livre y circule sous l’abaya. Intitulé «Armageddon, avis ultime à la Nation islamique», l’ouvrage du cheikh égyptien Djamel el-Dine, un ouléma d’Al-Azhar, annonce le début du compte à rebours de la troisième et dernière guerre mondiale, la «bataille suprême» («el-malhama el-koubra») d’Armageddon, prélude au retour du Mahdi, le Messie de l’islam, qui instaurera sur la terre entière... la religion d’Allah et la justice. Elle opposera en Palestine, non loin de la ville de Lod, l’Antéchrist - le Dadjal - au Rédempteur, les forces du Bien à celles du Mal, Gog et Magog, la mosquée et la synagogue. Cet opuscule reprend, en l’adoptant au cadre islamique, la doctrine des chrétiens Born Again, convaincus que ladite bataille fait déjà rage et qu’elle trouvera son épilogue non à Lod mais sur la colline de Meggido - d’où Armageddon.

    En Amérique, des livres et un film - «Armageddon», de Michael Bay -, traitent ce sujet d’autant plus à l’ordre du jour que le conflit israélo-arabe menace de prendre une tournure proprement apocalyptique. Ce duel cosmique n’intéresse pas que des intégristes illuminés, il concerne également des hommes politiques de renom, Dick Cheney, Donald Rumsfeld et, paraît-il, George Bush lui-même. Mieux, l’an dernier, la Rand Corporation a organisé un séminaire consacré à la guérilla urbaine - en prévision de la prise de Bagdad? -, auquel elle a convié des experts de Jordanie et d’Israël. Titre du colloque: «Ready for Armageddon!»





    Les racines du mouvement

    De l’aube du XIXe siècle aux années 1970 : un retour aux sources

    Quoique revendiqué par les Eglises protestantes historiques, le mot «évangélique» - ou évangélicalisme - désigne surtout le mouvement de réveil religieux qui prend essor au tournant du xixe siècle en Angleterre et en Amérique. La doctrine repose sur quatre piliers: l’autorité de la Bible, la véracité historique des Ecritures, la conversion par une «rencontre» avec Jésus-Christ - une seconde naissance -, l’importance de l’évangélisation.

    La doctrine évangélique n’a pas de fondateur à proprement parler: elle puise à divers courants néoprotestants, dont le pentecôtisme, un «réveil» apparu à l’aube du xxe siècle aux Etats-Unis. Rejet total des apports de l’archéologie à la critique des Ecritures, refus de la théorie de l’évolutionnisme, dénonciation de l’Eglise catholique et du dialogueoecuménique, tels sont les principaux points qui séparent nettement les Eglises évangéliques des Eglises protestantes historiques.

    Marginal jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le courant évangélique ou pentecôtiste déborde le cadre anglo-saxon grâce, entre autres, au zèle missionnaire du prédicateur Billy Graham, le «pape protestant», et à l’aide qu’il reçoit, guerre froide oblige, de la Maison-Blanche. Au début des années 1970 apparaît aux Etats-Unis un courant évangélique néopentecôtiste, conservateur, ultralibéral et millénariste. Il se répand en Amérique latine en même temps que l’école économique des Chicago Boys, avec l’aval des juntes au pouvoir. Puis en Afrique noire, avant d’investir, depuis la chute du mur de Berlin, la Russie, la Chine, l’Inde et le monde musulman.





    Les évangéliques en France

    Au pays de la laïcité, les néochrétiens s’intéressent aux musulmans

    La France, fille aînée de l’Eglise romaine, intéresse au plus haut point les Eglises évangéliques. A cause des catholiques, mais aussi, et peut-être plus, des musulmans qui y vivent. «Le musulman, en raison même de son sérieux moral et de son désir de soumission à Dieu, est d’abord le destinataire de la Bonne Nouvelle», écrit Henri Blocher, dans «la Revue réformée». Jugeant «fascinante», la «force de conviction islamiste», il n’exclut pas que «le protestantisme évangélique et l’islam français se rejoignent dans certains combats de salubrité morale», ajoutant qu’«ils ont commencé de s’allier dans leur mobilisation contre le pacs».

    Les évangéliques forment en France une galaxie très mouvante de courants qui échappent à toute vision d’ensemble. Les Eglises de Pentecôte à elles seules rassemblent, selon «Christianisme», plus de 700 églises, 400 pasteurs, 80 missionnaires, 5 maisons de retraite, un centre de réinsertion pour toxicomanes, une société d’édition, un institut de formation et plus de 100 000 convertis actifs, dont 30 000 dans les Dom-Tom.

    Venue du Brésil à la mi-1993, l’Eglise universelle du Règne de Dieu - l’Universal -, s’est vu refuser par le maire de Paris, Jean Tiberi, l’autorisation de transformer l’ancien music-hall La Scala en lieu de culte évangélique. Bien implantée parmi les ressortissants de pays lusophones, l’Eglise, qualifiée de «multinationale de la foi», n’a pas pu convaincre le CSA de lui allouer un créneau pour lancer une chaîne de télévision couvrant, au-delà de l’Hexagone, la Belgique et le Maghreb.

    En milieu musulman, les évangéliques réussissent, grâce au réseau Oasis évangélique, le tour de force de convertir des Maghrébins, qui se révèlent assez convaincus pour s’afficher au grand jour. Des cassettes racontant «la vie de Jésus» en arabe, kabyle, chleuh et dialectal algérien circulent en France et au Maghreb. Des pasteurs en distribuent dans les ports de Marseille, d’Alicante et jusqu’à Oran, en Algérie.

    A Paris, des citoyens portant des noms à consonance arabe trouvent dans leurs boîtes à lettres des brochures dans la langue du Coran. Un de ces ouvrages, intitulé «Que sais-tu de Dieu?», imprimé à Francfort, en Allemagne, s’ouvre sur une profession de foi du joueur brésilien Jorginho qui déclare: «Mon but dans la vie, c’est de plaire à Dieu.» Il existe même un manuel à l’intention du missionnaire oeuvrant en milieu maghrébin.

    Rédigé par Charles Marsh, ancien de l’Algérie et du Tchad, traducteur du Nouveau Testament en kabyle et des quatre Evangiles en berbère, «le Musulman, mon prochain» (Ed. Farel), avertit le lecteur que le fidèle de Mahomet est «bigot, fanatique», mais qu’«il craint Dieu et parler de religion l’intéresse». Toutefois, indique-t-il, les musulmans qui vivent en Europe, dès lors qu’ils «ne sont plus soumis à l’ambiance islamique, peuvent plus facilement rompre avec les traditions et les liens familiaux qui les empêchent d’accepter le Sauveur».





    A bon entendeur... 


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    Message  Arlitto Lun 16 Nov 2020 - 16:46

    Les évangélistes américains à la conquête du monde 


    Religion: Les Evangéliques à la conquête du monde
    Les évangéliques : La secte qui veut conquérir le monde   Q9R6fW605FVhF0J_hCWENp6W1pe9LdtuKq7oZ-dS6fS8a4CVvN9f9iRBr8fNQqBUBfZ2SrRgrug=s48-c-k-c0x00ffffff-no-rj
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    L'Église évangélique gagne du terrain en France
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    FRANCE 24



    Incantations, gémissements, le culte évangéliste est la communication vers Jésus. Pour ces fidèles, le monde extérieur est ténébreux et seul le langage des anges les apaise. La religion évangéliste, celle qui progresse aujourd'hui le plus sur la planète et qui est représentée par ses 500 millions de fidèles. Enquête au Guatemala, Etats-Unis et en France.




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