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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Un seul Coran unique et incréé ? La fin d'un mensonge !

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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:40

    Un seul Coran unique et incréé ??? La fin d'un mensonge !


    "Le calife Uthman" a brûlé 31 versions différentes des Corans qui tournés à l'époque !. 

    Sous le califat de `Uthman, troisième calife (644 - 656), le territoire musulman s'est considérablement agrandi et de nouveaux problèmes surgissent : quatre types de divergences apparaissent à propos du texte du Coran. Le calife Uthman décide alors d'officialiser un type unique d'écriture du texte coranique et d'établir une classification unique des sourates les unes par rapport aux autres. 

    C'est à cette fin qu'il charge une commission de préparer plusieurs copies (mus'haf) du Coran. Et cela se passait en l'an 25 de l'hégire, soit quinze ans après la mort du Prophète. Ces copies préparées, `Uthman les fait envoyer en différents points importants du territoire musulman. 

    Tous ces éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, no 4 702. Les copies du Coran écrites de nos jours suivraient toujours mot pour mot et lettre pour lettre cette écriture des copies d'Uthman, écriture nommée « ar-rasm al-uthmanî ». Quelques-unes de ces copies existeraient encore aujourd'hui, l'une se trouverait à Istanbul (Turquie), l'autre à Tachkent (Ouzbékistan).

    Après avoir envoyé ces copies dans chaque région, `Uthman fit détruire toutes les copies précédentes, dont celle d'Ali, gendre de Mahomet, celle d'Ubai b. Ka'b ainsi que celle d'Ibn Mas`ud. Bien que ce dernier ait refusé de détruire sa copie de son vivant, elle fut brûlée par la suite.

    Le Kallif othman ibn afan a brûlé toutes les 31 versions du coran pour garder sa version qui circule aujourd'hui, c’est pourquoi il y a un seul coran.

    Mais on trouve quelques versions qui circulent toujours comme : 

    1)Coran version Hafess en Égypte
    2)Coran version Warche au Maroc
    3)Coran version Kaloun en Tunisie


    Ref:

    Dairat el maaref el islamiya, livre 26 page 8177 à 8194
    Al masahef de Iben Daoud al Cijistani page 21
    Fehrest de Iben al nadim
    Le plus grand auteur arabe Dr Taha Houssen dans son livre al fetna al koubra partie 1 page 160 a 183 a critiqué l'islam
    Al Tabari


    Le Coran d'Othman ou de Mohammed ? 

    Voici une liste de corans qui ont été brûlé par Othman.

    Le Coran d'Abdullah Bin Amre Ibn Al-Ass
    le Coran d'Abdullah Ibn Abbas
    le Coran d'Abdullah Ibn Al Zoubir
    le Coran d'Abe Baker Al Sedeek
    le Coran d"Abe Mosa Al Asharee
    le Coran de Abu Zaied
    le Coran d' Aïcha,
    le Coran d'Akrama
    le Coran d'Al Asoad Ibn Yazid 
    le Coran d'Al Hajaj Ibn Yousef Al Thakafy
    le Coran d'Anes Bin Malek
    le Coran d'Ata' Abe Rabeh
    le Coran d'Hafsa
    le Coran de Moaaz Bin Gabel
    le Coran de Moujahid
    le Coran de Muhammad Bin Abe Mosa.
    le Coran d'Obaid Bin Omeir Al-Laithy.
    le Coran d'Othman Ibn Affan
    le Coran de Qualown /Abu Mosa Ibn Mina
    le Coran de Saeed Bin Gabber 
    le Coran de Salem Maola Abe Hozaifa
    le Coran de Suleiman Ibn Mahran
    le Coran de Talha
    le Coran de Waresh
    le Coran de Zaied Ibn Thabet
    etc...

    De toutes ces anciennes versions du Coran qui ont été détruites, seuls deux manuscripts ont survécu jusqu'à notre époque : le Codex de Samarcande (daté de 654) conservé au musée Doktary à Istamboul et le Codex de Londres (daté de 772) conservé au British Museum. Chacun contient environ 750 divergences par rapport au Coran actuel (on remarque que c'est souvent le Coran actuel qui semble avoir ajouté des mots ou des phrases au texte primitif).


    Al Tabry, au 10ème siècle, l'avouait carément : 

    "Le texte du coran n’était pas fixé à mon époque." 



    Et l'Imam Ja'far, pour résumer la situation, allait plus loin encore :

    "Le véritable Coran n'existe pas !"


    Selon As-Suyuti (mort en 1505) Ibn ’Umar al Khattab aurait dit :

    "Que personne d’entre vous ne dise qu’il a acquis le Coran entier, car qu’en sait-il ? Beaucoup du Coran a été perdu ! Alors qu’il dise : J’ai acquis ce qui était disponible. "
    (As-Suyuti, Itqan, partie 3, page 72). 


    Jabir a rapporté que l'Imam Bar a dit :

    "Personne ne peut affirmer avoir rassemblé tout le Coran tel qu'il a été révélé par Allah, si ce n'est un menteur ! Le Prophète dit alors : c'est ainsi que le démon m'a envoyé ses deux serviteurs à l'instant Abu Bakr et Omar". (Commentaire de bas de page de la traduction de Maqbool : Sourate "Hajj": 674)


    Un grand nombre d'exemple de modification du Coran. En voici un

    L’Imâm Al-Bukhârî et Ibn Jarîr disent que, selon Ubayy Ibn Ka`b et Anas b. Malik, ces paroles ont été révélées dans la Sourate 102 "At-Takâthur" (La course aux richesses) : 

    "Le Prophète (paix et bénédiction d’Allâh sur lui) a dit : 'Si le fils d’Adam avait deux vallées de richesses, il souhaiterait que lui en fût échue une troisième. Rien ne peut remplir le ventre du fils d'Adam sauf la terre (= la mort), mais Dieu revient vers celui qui revient à Lui' ...". 


    -----> Pourtant on ne retrouve plus ce passage dans la sourate 102 (qui ne contient que 8 versets) du coran actuel. Il a donc été enlevé.

     Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi.
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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:43

    Sanaa ou la fin du mythe d'un Coran unique




    Histoire de la Fabrication-Falsification du Coran par les Califes : la preuve par les manuscrits de Sanaa.


    Aux origines du Coran


    Comment est né le texte sacré de l'islam

    Jusqu'aux alentours de l'An Mil, les commentaires autour du Coran furent innombrables, en liaison avec une grande effervescence intellectuelle. Une école réformiste proposa en particulier de distinguer le Coran incréé, parole de Dieu, restée près de Dieu, dénuée de toute équivoque, et le Coran créé, celui-là même qui est sorti de la bouche de Mahomet et se doit d'être analysé et interprété.

    En l'an 1019, le calife Al Qadir, craignant que la libre discussion ne mène à de nouvelles scissions, fit lire au palais et dans les mosquées une épître dite «épître de Qadir» (Risala al-qâdiriya) par laquelle il interdit toute exégèse nouvelle et ferma la porte à l'effort de recherche personnel des musulmans (l'ijithad).

    Aujourd'hui, à la lumière des travaux accomplis sur les textes chrétiens, des chercheurs abordent l'étude du Coran avec un regard historique, archéologique et philologique. Le magazine Le Monde de la Bible fait le point sur ces travaux d'une grande portée scientifique et nous offre ci-après un entretien passionnant et lumineux avec l'islamologue Claude Gilliot. 

    Aux origines du Coran» 

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    Le Monde de la Bible (juin-juillet-août 2012) Est-il possible d'appliquer au Coran les méthodes d'analyse critique déjà utilisées sur la Bible et les textes chrétiens depuis plus d'un siècle?

    Que sait-on de l’Arabie préislamique et de Mahomet lui-même ? Que peut-on dire du processus de mise par écrit du Coran et des plus anciens textes connus ?

    Quels rôles ont pu jouer des juifs et des chrétiens dans ce processus ? Existe-il un Coran des origines différent de celui que nous connaissons aujourd’hui ? Que dit le Coran des pierres, ces graffiti laissés par les pèlerins vers La Mecque, dès les premiers temps de l’islam?

    C’est à toutes ces questions que répond ce numéro du Monde de la Bible (été 2012), en bousculant un certain nombre d’idées.

    Comment et dans quelles circonstances le Coran fut-il mis par écrit? C’est à cette question que répond Claude Gilliot, professeur émérite à l’université de Provence, a bien voulu répondre en sa qualité de spécialiste d’études arabes et d’islamologie.

    Il nous précise, entre tradition musulmane et recherche historique, le long processus de la canonisation des textes coraniques aux premiers siècles de l’Hégire. Nous l’avons également interrogé sur les questions linguistiques que posent les plus anciens documents connus du Livre saint des musulmans


    Entretien de Claude Gilliot avec Le Monde de la Bible

    Le Monde de la Bible: Existe-il un Coran originel contemporain du Prophète?

    Claude Gilliot: Selon la tradition musulmane, à la mort de Muhammad [Mahomet] en 632 de notre ère, il n’existait pas d’édition complète et définitive des révélations que le Prophète avait livrées. Des sources arabo-musulmanes nombreuses l’attestent. 

    Il est dit que ses Compagnons les avaient mémorisées, en les apprenant et en les récitant par cœur. Certaines, toutefois, avaient été transcrites sur divers matériaux, telles des feuilles de palme ou des omoplates de chameaux. Une première mise par écrit «complète» aurait été faite à l’instigation d’Omar qui craignait que le Coran ne disparût parce que ses mémorisateurs mouraient au combat. Il convainquit le calife Abû Bakr (632-634) de faire consigner par écrit ce que les gens en savaient et ce qui en avait été écrit sur divers matériaux. Ce travail de collecte fut dirigé par l’un des scribes de Muhammad, ?le Médinois Zaïd b. Thâbit. À la mort d’Abû Bakr, ces premiers feuillets du Coran furent transmis à Omar, devenu calife (634-644), puis à sa fille Hafsa, l’une des veuves de Muhammad.

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    MdB : Et c’est ce recueil des versets coraniques qui s’imposa d’emblée?

    C. G.: Non, on ne peut pas dire cela. D’abord parce que nous n’avons pas de traces matérielles de cette collecte. Ensuite parce que l’objectif d’Omar était probablement de disposer d’un corpus et non de faire une «édition» définitive. C’est sous le califat suivant, celui d’Othman (644-656), qu’on prit conscience de divergences dans la façon de réciter le Coran. Othman reprit le corpus détenu par Hafsa et le fit compléter par d’autres personnages, toujours sous la direction de Zaïd b. Thâbit. Il fit ensuite détruire tous les matériaux originels, imposa une première version «canonique» du Coran en l’adressant aux métropoles les plus importantes du jeune Empire. Mais s’imposa-t-il à tous? La tradition musulmane affirme que oui, mais nous observons que l’idée même de collecte avait rencontré des oppositions dont celle d’Ibn Mas’ûd, compagnon du Prophète (m. 633), et que, d’autre part, les récits sur la collecte du Coran comportent de nombreuses contradictions qui contestent cette affirmation.


    MdB : Cela signifie-t-il que d’autres variantes du Coran aient pu subsister et êtres récitées à cette époque?


    C. G.: La tradition musulmane reconnaît une quinzaine de textes pré-othmaniens principaux et une douzaine de textes secondaires. Nous ne possédons aujourd’hui aucune de ces variantes de la «vulgate» othmanienne. Mais nous savons par ailleurs qu’en 934 et en 935, les exégètes Ibn Miqsam et Ibn Shannabûdh furent condamnés pour avoir récité des variantes non approuvées. Ce qui montre que celles-ci ont circulé longtemps.

    Il convient également de remarquer que le texte diffusé par Othman pouvait lui-même susciter différentes lectures et interprétations. Et cela pour deux raisons. La première est que le texte ne comportait pas de voyelles brèves et pas toujours les longues, ce qui induit des choix dans l’interprétation des mots. Deuxièmement, l’écriture arabe primitive n’était pas dotée des points diacritiques qui fixent la valeur exacte des signes et qui distinguent une consonne d’une autre. 

    Des vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, seules sept ne sont pas ambiguës et dans les plus anciens fragments du Coran, les lettres ambiguës constituent plus de la moitié du texte.

    C’est sous la période omeyyade, et le règne d’Abd al-Malik (685-705) plus précisément, que l’on peut placer la troisième phase de l’histoire du Coran. Certains attribuent au redoutable gouverneur de l’Irak, al-Hajjâj b. Yûsûf (714), plusieurs modifications apportées au texte coranique, mais à ce propos, les sources sont contradictoires. Pour les uns, il aurait seulement remis en ordre les versets et des sourates et rectifié des lectures déficientes; pour les autres, il aurait précisé l’orthographe en introduisant des points. En dépit des contradictions, le califat d’Abd al-Malik constitua un moment déterminant pour la constitution des textes qui nous sont parvenus


    MdB: Sur quels points portaient principalement les oppositions musulmanes à la version othmanienne que vous évoquiez précédemment?

    C. G.: Ces critiques viennent de savants musulmans qui soulevèrent des objections durant les trois premiers siècles de l’islam. Cela commença avec des compagnons du ?Prophète qui avaient leur propre texte, nous dit-on. D’autres sont allés jusqu’à considérer certains textes comme inauthentiques pour des raisons théologiques et éthiques. Ils visaient notamment les versets 111,1-3 contre Abu Lahab, l’un des grands adversaires de Muhammad; et 74,11-26. Des théologiens de Bassora mirent en doute l’authenticité de ces passages, tout comme certains kharijites pensaient que la sourate 12 (sourate de Joseph) ne faisait pas partie du Coran, car, selon eux, ce conte profane ne pouvait avoir sa place dans le Coran.


    On trouve les accusations les plus vigoureuses de falsification du Coran dans les sources chiites avant le milieu du Xe?siècle. 

    Pour ces derniers, seul Ali, successeur légitime de Muhammad, détenait les authentiques révélations faites au Prophète. Cette version avait été rejetée par les ennemis d’Ali, Abû Bakr et Omar notamment, parce qu’elle contenait des hommages explicites à Ali et à ses partisans et des attaques contre leurs adversaires.


    MdB: De quels textes anciens disposons-nous aujourd’hui?

    C. G.: Nous ne possédons aucun autographe du Prophète ni de ses scribes. Les plus anciennes versions complètes du Coran dateraient du IXe siècle. Des fragments, très rares, pourraient remonter à la fin VIIe siècle ou du début du VIIIe. L’un des plus anciens, daté du VIIe?siècle, est conservé à la Bibliothèque nationale de France (voir p. 32). Mais, en l’absence d’autres manuscrits antérieurs au IXe siècle, la datation de ce recueil d’une soixantaine de feuillets ne peut être estimée que par des critères paléographiques.


    MdB: Il existe une forte controverse sur la langue originelle du Coran. En quoi consiste-t-elle?

    C. G.: Selon la tradition musulmane, le Coran a été écrit dans la langue de Dieu, autrement dit dans l’arabe le plus clair

    Hors pour les chercheurs occidentaux, y compris pour ceux qui reprennent la thèse théologique musulmane, les particularités linguistiques du texte coranique font problème et entrent mal dans le système de la langue arabe. Afin de surmonter cette difficulté, plusieurs hypothèses furent proposées, selon lesquelles l’origine de la langue coranique se trouverait dans un dialecte – disons plutôt une «koinè(langue commune) vernaculaire» – de l’Arabie occidentale marqué par l’influence du syriaque, et donc de l’araméen. Le Coran est une production de l’Antiquité tardive. Qui dit Antiquité tardive, dit époque de syncrétisme. La péninsule Arabique, où le Coran est censé être né, n’était pas fermée aux idées véhiculées dans la région. Les historiographes arabes musulmans les plus anciens, soit de la première ou de la deuxième génération de l’islam, disent que La Mecque avait des relations en particulier avec la ville d’al-Hira, capitale de la tribu arabe des Lakhmides, où vivaient des païens, des chrétiens monophysites et des manichéens. Elle aurait été un des lieux de passage pour l’apprentissage de l’écriture de l’arabe primitif. Quand Muhammad livrait ses premières prédications, un de ses premiers opposants objectait qu’il avait déjà entendu cela à al-Hira. Dans un autre passage du Coran, il est reproché à Muhammad de se faire enseigner par un étranger qui parlait soit un mauvais arabe soit une autre langue.

    Il est vrai qu’un grand nombre d’expressions réputées obscures du Coran s’éclairent si l’on retraduit certains mots apparemment arabes à partir du syro-araméen, la langue de culture dominante au temps du Prophète.


    MdB: Vous rejoignez ainsi les thèses de Christoph Luxenberg qui, par ailleurs, ne fait pas l’unanimité chez nombre d’islamologues?

    C. G.: Christoph Luxenberg considère en effet que des pans entiers du Coran mecquois seraient un palimpseste d’hymnes chrétiennes.

    Avant lui, Günter Lüling avait tenté d’établir qu’une partie du Coran provenait d’hymnes chrétiennes répondant à une christologie angélique. Cela me paraît trop automatique et trop rapide. En revanche, Christoph Luxenberg m’a convaincu sur l’influence syriaque dans plusieurs passages du Coran, notamment dans la sourate 100 dans laquelle il voit une réécriture de la première épître de saint Pierre (5,8-9)

    On reconnaît dans le Coran des traces évidentes de syriaque. À commencer par le mot Qur’an qui, en syriaque, signifie «recueil» ou «lectionnaire». 

    Cette influence me semble fondamentale. D’autre part, Angelika Neuwirth [NDLR spécialiste du Coran, université de Berlin] a bien souligné la forme liturgique du Coran. Et des chercheurs allemands juifs ont noté une ressemblance forte entre le Coran mecquois et les psaumes bibliques. Serait-il un lectionnaire, ou contiendrait-il les éléments d’un lectionnaire? Je suis enclin à le penser. 

    Sans l’influence syriaque comment comprendre que le Coran ait pu reprendre le thème des sept dormants d’Éphèse qui sont d’origine chrétienne? De plus, la christologie du Coran est influencée par le Diatessaron de Tatien et par certains évangiles apocryphes. On peut penser que le groupe dans lequel le Coran primitif a vu le jour était l’un des rejetons de groupes judéo-chrétiens attachés à une christologie pré-nicéenne, avec aussi quelques accents manichéens. l

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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:44

    Le Coran ou la fabrication de l'incréé


    Tout le monde sait depuis toujours que tous les ouvrages de la Bible hébraïque ont des « auteurs », même lorsqu’ils restent anonymes.

    Quand le nom en est donné dans les textes eux-mêmes, comme pour les prophètes, et même lorsque ceux-ci disent : « Oracle de YHWH ! », ils se racontent aussi en disant « je » ; il y a des relais, des médiations ; il y a des noms d’hommes et de lieux, des événements situés en des temps donnés. Cela est vrai également pour les ouvrages du Nouveau Testament. Les spécialistes en toutes disciplines peuvent travailler, et le lecteur peut garder sa distance et se demander : « Qui agit ? qui parle ? à qui s’adresse-t-il ? quand ? pour qui ? pourquoi ?


    Dans le Coran, les choses sont différentes
    Nous savons bien, en dépit des affirmations contraires, que ce livre, comme les autres, a des « auteurs », nous dirions aujourd’hui des rédacteurs –, et qu’il a une histoire. Mais cette histoire a abouti à un fait massif significatif de la manière dont le Coran est reçu par les musulmans – la moindre citation qu’ils en font est précédée par un : « Dieu Très-Haut a dit. » Pour connaître l’histoire de cette histoire, il est nécessaire de commencer par ce que disent les textes coraniques sur le Coran.

    « Nous l’avons fait descendre… »

    Qui parle dans le Coran ? Lorsqu’il s’agit du Coran lui-même – et, par voie de conséquence, de tout ce dont il parle – tout s’y organise autour d’un « Nous » de majesté.

    Le seul qui parle, c’est « Nous », Allah, qui avons fait descendre cette Écriture.

    Nous l’avons fait descendre sur toi ; Nous te l’avons inspirée – le récipiendaire est toujours anonyme. Nous l’avons fait descendre durant la Nuit de la destinée. Nous l’avons répartie pour que tu la récites aux gens sans te précipiter. À Nous appartient de la rassembler et de la réciter. Nous en avons bien détaché les mots et les phrases. Nous l’avons fait descendre en Coran arabe. Humains et djinns associés n’en peuvent point produire de semblable. Il provient de la Mère du Livre. C’est un Coran glorieux conservé sur une Table, auprès de « Nous », etc.


    Comme pour les dix commandements de la Loi de Moïse « inscrits du doigt de Dieu sur les Tables de pierre », selon le livre de l’Exode (31, 18), nous pourrions dire : dans le Coran, nous avons affaire, aussi, à un langage métaphorique et symbolique. Certes. Mais, outre que c’est nous qui disons cela en tant que lecteurs extérieurs, et non les exégètes ou le commun des musulmans, la question n’est pas là.

    Elle est dans l’envahissement total de l’activité et du champ de la proclamation et de la transmission du Coran par ce « Nous » souverain, qui ne donne une place à un autre qu’en lui ordonnant : Dis !, et en lui dictant à la lettre ce qu’il faut dire. Lorsque, dans un texte, apparaît un mode d’expression qui semble échapper à cet envahissement, les commentateurs autorisés, s’appuyant sur les traditions attribuées à Mahomet, les hadith, ont tôt fait d’y ramener les lecteurs. S’étant soumis eux-mêmes à la logique d’ensemble de l’écriture coranique, ils ont raison en ce sens que c’est bien là l’atmosphère constante et dominante dans laquelle son mode d’expression plonge le lecteur. Le caractère répétitif d’affirmations à la fois péremptoires et enveloppantes est plus efficace, pour justifier l’adhésion de celui qui veut croire, faire croire ou laisser croire, que tout raisonnement distancié sur la métaphore et le symbole.


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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:51

    Expression symbolique ou stratégie ???


    En effet, en examinant l’entourage textuel de chacune des affirmations concernant le Coran, on peut constater que, bien plus que d’une intention métaphorique ou symbolique, laquelle n’est pas exclue pour autant, ce mode d’expression procède d’une stratégie argumentative. Celle-ci vise à abolir chez l’auditeur ou le lecteur toute distanciation par rapport à ce qui est dit.

    Aucune narration ne vient jamais en fournir le contexte dans une situation donnée, ni n’évoque jamais, à une exception près (47, 2), un acteur humain qui soit nommé par son nom.

    Le seul à garder sa distance, c’est Allah qui sait ce que vous ne savez point. Quant au lecteur croyant, il ne peut éventuellement prendre du recul qu’avec crainte et tremblement, car, selon le texte lui-même, il a affaire à un Coran noble – Dans un Écrit caché – Ne le touchent que les purifiés – Descente (de la part) du Maître de l’Univers (56, 77-80).

    Enfin, dans la majorité des cas, les affirmations concernant la descente du Coran sont polémiques : Allah, directement ou en enjoignant à son messager de « dire », condescend, à rompre des lances avec les dénégateurs. Mais ceux-ci ne sont jamais explicitement nommés : Ils disent…, alors dis… ! Qui étaient ces « ils » ?

    Quand parlaient-ils ? Où étaient-ils ? À qui, même, s’adresse l’injonction : Dis ! Rien, dans le texte, ne permet au lecteur de le savoir.

    Il est alors tributaire d’opinions extérieures au Coran, véritable maquis de données contradictoires, promues au rang d’« interprétations » par les spécialistes des traditions de Mahomet, que les orientalistes appellent « traditionnistes ». Les commentateurs, en juxtaposant ces opinions, semblent aussi souvent dépassés que les lecteurs ordinaires par l’opacité savamment entretenue des textes coraniques.

    Mais cela ne les gêne pas outre mesure : de toute façon, "Allâh" Très-Haut n’a-t-il pas dit dans son Livre : Allah sait bien mieux ce qu’il fait descendre (16, 101) ? Le raisonnement reste circulaire : quelles qu’en furent les circonstances, les versets descendaient alors sur l’envoyé d'Allâh", conférant au contenu des affirmations, à leur mode de proclamation, de transmission et enfin d’écriture, une force sacrale, allant, pour l’impression générale qu’elle provoque, bien au-delà de l’effet littéraire d’une expression métaphorique.


    Entre les deux plats de la couverture


    Cependant, à un certain moment, il fallut bien descendre d’un cran.

    Dans le courant du VIIIe siècle, des récits commencèrent à circuler parmi les musulmans concernant ce qu’on appelait la collecte du Coran.

    Non que l’on mît en doute, au moins apparemment, que le Coran fût le Livre "d'Allah". Mais on se demandait au moins par qui et comment avait été transmis et rassemblé ce qui était écrit entre les deux plats de la couverture du livre, selon une formule qui fera fortune plus tard.

    À partir de la fin du VIIIe siècle, et surtout au cours du IXe, de nombreuses informations sur ce sujet, attribuées à des informateurs divers, furent consignées par des compilateurs.

    Ceux-ci, à l’instar des maîtres juifs, commentateurs de la Tora, et pour garantir l’authenticité de ce qu’ils rapportaient, citaient en tête de chaque information le nom de l’informateur dont ils la tenaient, puis celui de l’informateur de l’informateur, et ainsi de suite en remontant le plus haut possible dans la suite des transmetteurs jusqu’à la source supposée initiale. Ce procédé était nommé l’isnad, « l’appui », que représentait la chaîne des garants. Il n’a cessé de poser, depuis toujours, de nombreux problèmes critiques sur lesquels je ne m’étendrai pas. Quant aux compilateurs, derrière cet appareil qui, avec le temps, deviendra une véritable langue de bois, ils se révèlent souvent des auteurs implicites passés maîtres dans l’art de sélectionner, d’agencer et d’orienter les éléments d’information qu’ils possèdent, à moins qu’ils ne se cantonnent dans de prudents silences. Ils avaient sans nul doute une intention historique. Ils voulaient donner un reflet de l’histoire vraie, mais ils canalisaient les données dont ils avaient connaissance en fonction des enjeux qu’ils pensaient avoir à préserver.


    Pour les traditionnistes du IXe siècle, en particulier, l’objectif était surtout de mettre en place, en la matière, une doctrine orthodoxe qui, par contrecoup, authentifierait comme venant du prophète les lois, les rites et la jurisprudence dont ils créaient ou organisaient les corpus, c’est-à-dire les recueils de hadith, en complément du Coran.

    Quant aux informateurs dont les historiographes citaient les propos, ils étaient surtout, et c’est ainsi qu’il convient de les considérer avant tout, les témoins d’un questionnement insistant sur différents points : qui étaient les gens qui avaient transmis les textes coraniques ? Quelle autorité garantissait que ceux-ci venaient bien du prophète ? Qui les avait composés par écrit ? Pourquoi y avait-il des différences dans les collections qui circulaient ? En fonction de quoi la répartition des textes avait-elle été effectuée ? Enfin, compte tenu de leur fonction à la fois législative, rituelle et liturgique, comment devait-on les comprendre, les lire et les réciter étant donné les incertitudes d’une graphie arabe défective, c’est-à-dire sans points diacritiques permettant de distinguer les lettres de même forme graphique, et sans signes vocaliques permettant de distinguer la fonction syntaxique d’un mot dans une phrase ?

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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:52

    Boukhari : la fabrication d’une version canonique


    Abou Bakr : 632-634 ; Omar : 634-644 ; Othman : 644-656.


    C’est à Boukhari, traditionniste et auteur d’un grand recueil de hadith dont la composition se situe entre 850 et 870, date de sa mort, que nous devons une version synthétique de la collecte du Coran qui deviendra la base d’une sorte de catéchisme sur le sujet.

    Son principal souci, tel qu’il apparaît à travers l’agencement d’une sélection qu’il effectue dans une masse d’informations que nous connaissons par d’autres, est de dire que le Coran est le résultat d’une transmission littérale ininterrompue depuis ceux qui, ayant entendu le Coran de la bouche du prophète, l’avaient mémorisé, en passant par la collecte aboutissant à l’écriture réalisée par étapes sous l’autorité de ses successeurs immédiats, les califes Abou Bakr, Omar et Othman, les grands compagnons

    C’est là, en quelque sorte, l’isnad du Coran, son « appui ». Selon Boukhari, le travail de collecte et d’écriture est entrepris sous les deux premiers califes, Abou Bakr et Omar. Il en résulte un premier recueil, conservé confidentiellement par la fille du calife Omar, veuve du prophète ; on en reste là un certain temps. Puis, sur cette base, et, semble-t-il, dans l’urgence, le travail est réalisé définitivement, sous le califat d’Othman.


    Selon le récit unique sélectionné par Boukhari, l’urgence est de couper court aux variations importantes que l’on a constatées chez les hommes de troupe en territoires de conquête, dans leur manière de réciter le Coran – en quoi consiste ce Coran qui n’est pas encore un livre ? Rien n’en est dit. Voulant remédier à la situation, Othman décide de faire établir un texte officiel qui soit la référence écrite de toute récitation correcte.


    Ce texte est établi sous la responsabilité technique d’un scribe, Zaïd, un Médinois, assisté de trois notables mecquois chargés de vérifier que la langue en est bien celle de la tribu du prophète à La Mecque, les Qoraïch.

    Le calife Othman envoie des exemplaires du Coran officiel dans les grands centres des territoires de conquêteet il ordonne de détruire toute les autres collections. Boukhari ne parle de ces collections que de façon incidente, sans dire aucunement en quoi elles consistaient. En somme, on ne peut en parler qu’à partir du moment où elles n’existent plus.


    Cette synthèse orientée, résultat à la fois d’une sélection drastique et d’un habile « couper-coller »fera autorité, en dépit des autres informations qui continueront à circuler.

    On parle toujours aujourd’hui, de la « vulgate othmanienne », du « codex d’Othman », qui serait le Coran écrit tel que nous l’avons maintenant.

    Pour les musulmans croyants, c’est devenu presque un dogme. Pour les savants extérieurs, c’est devenu une désignation commode. Pour d’autres, c’est un langage diplomatique.

    Pourtant, la version de Boukhari est débordée de toutes parts. Nous savons, à la fois par maints récits traditionnels d’un côté, par les études paléographiques modernes de l’autre, que l’introduction des points diacritiques et des voyelles syntaxiques dans la graphie coranique fut bien plus tardive que l’époque d’Othman, et même que l’époque dont on peut dater les plus anciens fragments coraniques manuscrits que nous possédons (fin du VIIe ou première moitié du VIIIe siècle).

    Ces derniers, en effet, ne comportent ni points diacritiques ni voyelles, et cette situation durera longtempsUn codex officiel du temps d’Othman ne pouvait prétendre, à partir d’un texte réalisé dans une graphie tout aussi défective et incertaine, servir de référence pour garantir une lecture unique et une récitation correcte.

    Les collections qui furent détruites, devaient donc contenir autre chose que de simples variations de prononciation, de lexique ou de syntaxe dues au caractère défectif de l’écriture.


    De plus, et en ce qui concerne précisément le recueil qui aurait été conservé par la fille d’Omar, il est dit que celle-ci ne fit que le prêter au calife Othman pour un temps limité. Ce n’était donc pas le Coran indéterminé qui, en Irak ou ailleurs, donnait lieu, dit-on, à tant de fautes de récitation.

    Ce recueil si jalousement gardé aurait d’ailleurs lui-même été détruit dès la mort de sa détentrice, en 665, sur la décision impérative du gouverneur de Médine, cousin germain d’Othman et futur calife, pour ne pas donner lieu à des contestations. Cette information, que Boukhari passe totalement sous silence, est des plus étranges, car pourquoi détruire ces feuillets s’ils avaient été à la base du codex d’Othman ?


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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:52

    Ibn Saad : un flou généralisé


    Ibn Saad (784-845), de Bagdad, auteur du Livre des grandes générations, est notre source première pour l’histoire de la transmission des traditions religieuses islamiques, histoire qu’il présente à travers les biographies des transmetteurs depuis les temps anciens jusqu’à son époque.

    Or, chez lui, l’histoire de la mise du Coran par écrit est floue, et la réalité d’une éventuelle collecte, incertaine. Il donne l’impression de ne vouloir aborder le problème de la mise par écrit que le moins possible.

    Rien n’est évoqué sur ce sujet pour le temps d’Abou Bakr, ni même, et c’est le plus curieux, pour le temps du calife Othman, ni, à plus forte raison, sur un rôle quelconque qu’aurait joué Zaïd, le scribe médinois mis en valeur par Boukhari.

    Pour Ibn Saad, Zaïd est un expert que l’on consulte en matière de droit ; il n’en dit rien d’autre. Quant au calife Omar, il aurait été le premier à entreprendre une collecte dans les feuilles ; mais son assassinat aurait coupé court à l’entreprise. C’est la seule fois où l’auteur parle de collecte dans les feuilles, donc de l’écrit. Habituellement, il entretient l’ambiguïté sur le terme collecte. Dans le langage des traditionnistes, en effet, le sens en est souvent subverti et interprété comme désignant une mémorisation complète du Coran transmis par la voie orale. En dépit de ce flou généralisé, Ibn Saad nous livre pourtant une information essentielle, concernant une époque plus tardive.


    Sayf et Ibn Chabba : les collections concurrentes

    Nous disposons encore de compilations d’informations effectuées sur le sujet par deux historiographes irakiens, Sayf ben Omar de Koufa (mort vers 786), auteur d’un Livre des conquêtes, et Ibn Chabba de Bassora (789-876), auteur d’une Histoire de Médine.

    Ni chez l’un ni chez l’autre il n’est question d’une première collecte qui aurait eu lieu au temps du premier successeur de Mahomet, le calife Abou Bakr. Mais, pour eux, il s’est bien passé quelque chose à Médine au temps du calife Othman.

    Les informations en sont nombreuses, voire foisonnantes, et c’est à partir de là que nous pouvons mesurer à quel point la version de Boukhari en constitue une sélection systématique. Limitons-nous ici à la question, récurrente chez l’un et l’autre de nos deux auteurs, des collections coraniques écrites concurrentes.


    Ces collections sont réalisées et circulent dans différents centres des territoires de conquête au Proche-Orient.

    C’est, chaque fois, un compagnon du prophète, le plus souvent très proche de lui, qui en a pris l’initiative, et qui est nommé par son nom et situé en un centre géographique donné : Damas et Homs en Syrie, Bassora et Koufa en Irak.

    Les variations qui existent entre les corpus ne sont pas dans la récitation d’un Coran unique que l’on prononcerait différemment. Ce sont les contenus mêmes qui en sont différents. Certaines choses existent chez les uns qui ne figurent pas chez les autres. On ajoute et on supprime.

    L’un de ces recueils a même une sorte de titre littéraire particulier. Les partisans respectifs de ces collections s’anathématisent les uns les autres. Et cela se passe dans un environnement de populations conquises qui ont leurs propres écritures, et qui revendiquent de connaître la Tora ou l’Évangile mieux que les partisans de la nouvelle religion.


    Tout cela donne à penser que le travail d’écriture battait son plein à l’époque de l’expansion militaire arabe au Proche-Orient, mais que Médine, la Ville du prophète, non seulement n’en était pas le pôle unique, mais encore n’en fut peut-être pas le premier pôle, qu’elle réagit tardivement et dans l’urgence, et qu’elle était débordée par les autres capitales du nouvel empire.

    Le Coran, c’était plusieurs livres, et toi tu les as réduits à un seul, tel est le reproche qui aurait été lancé au calife Othman par les insurgés venus d’Égypte et d’Irak en 656 en vue de l’assassiner… pour des raisons beaucoup plus prosaïques.

    Mais, étant donné l’insistance de nombreux récits sur la destruction de documents, à plusieurs reprises jusqu’à la fin du VIIe siècle, pour asseoir l’autorité d’un corpus unique, il est douteux que l’unification et l’officialisation de ce corpus aient pu avoir lieu à l’époque d’Othman.

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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:52

    Le premier Coran officiel


    Malik ben Anas (±706-796)

    Selon une personnalité de poids de la seconde moitié du VIIIe siècle, l’imam de Médine Malik ben Anas, ce fut le gouverneur omeyyade Hajjaj ben Youssouf qui, le premier, envoya des exemplaires officiels du Coran dans les grands centres de l’Empire.

    Ceci revient à enlever au calife Othman la primeur d’une telle décision, et à dater cette officialisation de la fin du VIIe ou du début du VIIIe siècle.

    Hajjaj, en effet, fut, en tous les domaines, le pilier du règne du calife de Damas Abd el-Malik (685-705), au cours duquel furent réalisées, non seulement une nouvelle version du Coran, mais encore la construction du Dôme du Rocher à Jérusalem. Il est significatif que les premiers témoins datés de fragments d’écritures coraniques sont ceux qui figurent en mosaïques sur le pourtour intérieur de ce monument, dont l’inscription de fondation porte, avec le nom d’Abd el-Malik, la date de 72 de l’hégire (691-692 de notre ère).


    L’un des éléments externes les plus notables qui appuient ces données figure dans la biographie consacrée à Abd el-Malik par l’ouvrage d’Ibn Saad dont il a été question plus haut.

    Il s’agit d’un discours adressé par ce calife en l’année 695 aux gens de Médine, à l’occasion du pèlerinage rituel.

    Les Médinois, antérieurement à son règne, avaient été en rébellion ouverte contre les Omeyyades de Damas et avaient connu une répression impitoyable. Le grand massacre dont ils avaient été les victimes en 683 était dans toutes les mémoires. Abd el-Malik, en 695, prononce son discours alors qu’il a enfin triomphé du califat rival de La Mecque, dont Médine avait dépendu (683-692). Il est donc en position de force et peut jouer l’apaisement. Intransigeant sur le plan politique, il compose avec ses auditeurs médinois dans le domaine des textes religieux. Il laisse apparaître dans ses propos la part qu’il prend lui-même à ce domaine.

    Le point important pour notre sujet est qu’il évoque l’existence, à Médine, de deux corpus d’écritures distincts : d’un côté votre codex coranique, autour duquel Othman, vous a rassemblés, dit-il aux Médinois ; et, de l’autre, un corpus de prescriptions légales, qui provient de Zaïd, scribe expert et conseiller particulier d’Othman en la matière. Le calife apaise les Médinois en leur assurant qu’il serait tenu compte de l’un et de l’autre pour l’islam, et en honorant la mémoire du calife Othman qu’il ne désigne jamais autrement que par l’expression l’imam injustement traité, sans citer son nom personnel.


    On peut penser que de nombreux éléments du corpus coranique propre aux Médinois figurent dans le Coran actuel. Mais, faute d’un document existant de façon autonome, et compte tenu du caractère fragmentaire et dispersé des textes actuels, nous ne pouvons pas savoir lesquels, ni quelle était la configuration d’ensemble propre au codex médinois.

    Quant au corpus de prescriptions légales mis sous le nom de Zaïd, on peut faire l’hypothèse qu’un certain nombre d’éléments en furent sélectionnés pour figurer dans le Coran officiel au même titre que les éléments provenant du codex. Plusieurs historiens attribuent en effet au calife Abd el-Malik l’affirmation qu’il avait collecté le Coran un mois de ramadan. Enfin, selon d’autres sources, islamiques ou chrétiennes, rapportant les événements comme des faits bien connus, ce fut le gouverneur Hajjaj qui procéda à de nombreux aménagements textuels, puis qui envoya la nouvelle version du Coran dans les grandes villes de l’empire, et fit détruire toutes les collections antérieures, y compris le codex propre à Médine.

    Quant à la mise de l’opération d’unification du Coran définitif sous le label d’Othman, à la fois en tant que compagnon et successeur du prophète et en tant qu’ancêtre éponyme de la dynastie omeyyade se réclamant de son patronage, c’est un procédé d’attribution après coup bien connu ailleurs, et à propos duquel on ne s’émeut plus aujourd’hui.

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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:53

    Coran créé ou incréé


    Ce fut à Bagdad, dans la première moitié du IXe siècle, qu’éclata la controverse autour de la nature du Coran : était-il créé ou incréé ?

    Du questionnement sur l’histoire du texte, le problème se déplaçait et abordait le domaine spéculatif à partir de notions philosophico-théologiques. C’était le temps où le calife abbasside Ma’moun, à Bagdad, donnait une impulsion vigoureuse à la grande bibliothèque impériale appelée Maison de la Sagesse. Cette institution rassemblait surtout des ouvrages de philosophie et de sciences hérités de l’Antiquité grecque, persane ou indienne, qui avaient été traduits en arabe par des voies diverses, et elle était ouverte à l’élite intellectuelle et aux savants.


    Ce fut dans ce contexte intellectuel marqué par le développement des sciences dites « rationnelles » (philosophie, médecine, astronomie, etc.) que se développa le courant appelé « mu’tazilite ». Le discours mu’tazilite, utilisant les concepts philosophiques ambiants, les mettait au service d’une apologétique religieuse dirigée non seulement contre les adversaires extérieurs de l’islam, mais encore contre différents courants propres au monde intellectuel et politique musulman.

    Opposant l’exercice de la raison individuelle à la soumission à des traditions orales transmises et comprises littéralement, les mu’tazilites méprisaient les traditionnistes, qu’ils qualifiaient de discoureurs oiseux. Tout cela s’accordait avec l’intérêt éprouvé par le calife Ma’moun pour les sciences nouvelles, et avec sa politique générale en tant que prince soucieux de défendre l’unité de son empire contre les mouvements centrifuges, et d’en conforter les bases religieuses, dont il se voulait, en tant que calife, le seul garant.


    Les mu’tazilites défendaient la thèse selon laquelle le Coran était créé par Dieu, et non éternel comme lui.

    La controverse était liée au problème des attributs de Dieu (sa parole, sa science, sa puissance, etc.) et à la question de savoir si ces attributs sont de véritables substances, des entités éternelles, comme Dieu lui-même, ou de simples qualifications que l’on ne pouvait ni dissocier de lui, ni envisager de façon anthropomorphique. Selon les mu’tazilites, attribuer à Dieu une parole éternelle, c’est postuler un éternel à côté et distinct de lui, et donc se rendre coupable de lui associer un autre être, alors que le premier principe à défendre est celui de l’unicité absolue de Dieu, affirmée contre la conception d’une sorte de Logos hypostasié distinct de Dieu. Dieu est « parlant », il produit, donc crée sa parole. À plus forte raison le Coran, simple substrat matériel, lettres mises en ordre, et sons fragmentés, selon leur expression, est-il le résultat d’une création, et n’a pas l’attribut de l’éternité.


    Les traditionnistes, qui n’ignoraient pas les enjeux intellectuels et religieux de ce langage, évoluaient dans un univers mental radicalement différent de celui des sciences rationnelles étrangères et intruses, comme ils les qualifieront. Nous ne voulons savoir rien d’autre que ce que "Allâh" lui-même a dit dans son Livre, et, à sa suite, les Saints Anciens, répliquaient-ils donc : le Coran est littéralement Parole d'Allâh. Il est donc éternel, et incréé ; et, ajoutaient les plus ardents, est incréé même ce qui se trouve écrit entre les deux plats de la couverture du livre, c’est-à-dire les exemplaires écrits du Coran, avec les lettres, l’encre et le papier. Même la récitation quotidienne du texte par les croyants n’est pas distincte de la parole d'Allâh éternelle et incréée. Chose curieuse, c’étaient les traditionnistes qui, en somme, postulaient l’existence d’une sorte de Logos éternel auprès de Dieu, le Coran.

    L’inquisition au service de la raison raisonnante

    Le calife Ma’moun, mû par ses propres tendances intellectuelles et par ses sympathies mu’tazilites, et voulant, de plus, combattre l’influence des traditionnistes sur un peuple ignorant, intervint en promoteur de la doctrine du Coran créé.

    Ses motivations et justifications intellectuelles et politiques apparaissent, clairement exprimées, dans les lettres successives qu’il écrivit au cours de l’année 833 au préfet de police de Bagdad. En conséquence de quoi il ordonnait à celui-ci de soumettre chacun des juges et des hauts fonctionnaires à une inquisition très serrée en la matière : examen doctrinal, signature devant témoins d’un document attestant son adhésion à la doctrine du Coran créé, surveillance étroite de son comportement ultérieur pour s’assurer de sa sincérité et de son obéissance. Enfin, il ordonnait chaque fois au préfet de police de lui envoyer son rapport sur les opérations inquisitoriales effectuées

    Tabarî, Annales, année 218 (833). L’historien Tabarî...

    Les traditionnistes furent soumis au même examen.

    Devant la perspective de se voir interdits d’enseignement et de fatwa, ou devant les menaces d’incarcération et de châtiments par le sabre ou la flagellation, s’ils n’adhéraient pas explicitement à la doctrine officielle, le nombre des récalcitrants se réduisit bientôt à quelques individus, dont le célèbre Ahmad ibn Hanbal. Celui-ci fut emprisonné peu avant la mort de Ma’moun, cette même année 833. Ayant subi la flagellation sous son successeur, il se serait finalement laissé convaincre de dire, au moins de façon formelle, ce que le calife ordonnait de dire

    Selon la version de l’historien de tendance chiite...

    Les deux califes successeurs de Ma’moun, en effet, avaient poursuivi à ce sujet la même politique. Une tentative d’insurrection menée en 845 par un disciple d’Ibn Hanbal fut rapidement étouffée ; son leader fut décapité, le cadavre restant suspendu à un gibet plusieurs années.


    Repères chronologiques (ère commune / ère hégirienne)

    Ce fut en 851 que le calife Mutawakkil rompit avec la politique de ses prédécesseurs sur la question du Coran.

    Cette affaire, s’ajoutant à d’autres, était dangereuse pour sa politique intérieure. Le peuple prenait tumultueusement parti pour le Coran incréé et pour les traditionnistes.

    Le calife ordonna la restitution du corps de l’ancien insurgé disciple d’Ibn Hanbal à sa famille, et rechercha la caution morale d’Ibn Hanbal lui-même. Remettant en honneur les traditionnistes, il leur créa des centres d’enseignement, révoqua les juges et les gouverneurs qui avaient mené l’inquisition antérieure, fit condamner les thèses mu’tazilites, et, à son tour, persécuta les récalcitrants. Enfin, il interdit l’enseignement de la théologie dogmatique
    Tabarî, Annales, année 237 (851-852).

    Les traditionnistes les plus stricts eurent donc le dernier mot sur la question du Coran incréé.

    Cette question devint même, dans leur milieu, une sorte de pierre de touche de la pensée orthodoxe, quand elle ne fut pas prise comme prétexte tortueux pour se débarrasser d’un collègue.

    C’est de l’époque du calife Mutawakkil et de ses successeurs que datent les plus importants corpus de hadith qui feront désormais autorité et deviendront, avec le Coran, la base du dogme et de la loi de l’islam.

    .
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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:54

    Compromis intellectuels et doctrine officielle


    Le mu’tazilisme ne disparut pas pour autant, et son influence subsista durant longtemps.

    Quant à la réflexion théologique dans le cadre du sunnisme, elle était désormais solidement encadrée par le pouvoir et les gens des hadith. Le courant de pensée issu d’Ach’ari (± 873-935), un transfuge du mu’tazilisme rallié à la doctrine d’Ibn Hanbal, tenta une sorte de compromis qui fit école.

    Selon un écrit se situant dans ce courant, le Coran, Parole d'Allâh incréée, n’est pas Lui et n’est pas autre que Lui, mais réellement Son attribut, écrit sur les feuillets, récité par les langues, conservé dans les cœurs, mais n’y résidant pas. L’encre, l’écriture, le papier, sont créés, ce sont des œuvres humaines. La Parole d'Allâh est incréée, et l’écriture, les lettres, les mots et les versets manifestent le Coran pour répondre aux besoins des hommes… Quiconque dit que la Parole de d'Allâh Très Haut est créée est impie au regard de Dieu […]
    Texte traduit par Louis Gardet, Encyclopédie de l’Islam,...

    Ce genre de compromis fut toujours combattu par les tenants de la tradition sunnite stricte, notamment par le courant traditionaliste militant issu d’Ibn Hanbal, dont les prolongements dans le wahhabisme et le mouvement réformiste modernes sont connus.


    Le dogme du Coran incréé reçut sa consécration califale officielle et définitive au début du XIe siècle,



    En 1018, Le calife abbasside Qadir (991-1031) fit donner solennellement, dans son palais à Bagdad, lecture d’un manifeste, la Qadiriyya, dans lequel il définissait, en face des différents courants qui se partageaient la communauté islamique, le credo officiel de l’État tel qu’Ibn Hanbal l’avait exprimé. La doctrine du Coran créé y était à nouveau condamnée en même temps que le mu’tazilisme et le chiisme, ainsi que la théologie dogmatique, même sous la forme du compromis doctrinal que lui avait donné Ach’ari. La lecture de ce manifeste fut réitérée non moins solennellement en 1042 par son successeur le calife Qa’im (1031-1075).


    Deux univers séparés

    Y eut-il, à l’époque de la controverse, d’un côté chez les transmetteurs de traditions sur l’histoire du texte coranique, et, de l’autre, chez les théologiens spéculatifs traitant de la nature du Coran, un rapport explicite ou implicite entre les deux ordres de questionnement ?


    Du côté des théologiens spéculatifs, on peut remarquer que les mu’tazilites, tout en voulant tenir un discours rationnel en affirmant que le Coran écrit n’est qu’un substrat matériel créé par "Allâh", ne font jamais allusion, dans leurs discussions, aux aléas de l’activité rédactionnelle humaine dont ce substrat fut le résultat ; le questionnement d’ordre historique semble donc absent, au moins, de leur argumentaire habituel, sinon de leur mode de réflexion. Pour eux, le texte est là, définitivement fixé et, en quelque sorte, consacré. Leur réflexion en la matière reste donc finalement circonscrite dans le même type d’argumentation scripturaire que celui des traditionnistes : les uns et les autres s’appuient sur le texte du Coran, les premiers pour affirmer qu’il est créé directement par "Allâh", les seconds pour déclarer qu’il est incréé. Les mu’tazilites de l’époque furent des théologiens apologètes beaucoup plus que des philosophes rationalistes tels qu’on les présente parfois.


    Quant aux compilateurs de traditions sur l’histoire du texte, ils furent historiquement impliqués, mais de façons différentes, dans l’affaire du Coran créé :

    l’auteur du Livre des grandes générations, Ibn Saad, au temps du calife Ma’moun, ne semble pas avoir eu beaucoup de peine à se rallier à la thèse officielle du Coran créé
    Tabarî, Annales, année 218 (833).

    Ibn Chabba, l’auteur de l’Histoire de Médine, soumis à examen par l’un des successeurs de Ma’moun, aurait, selon l’un de ses fidèles disciples, résisté à la pression califale.

    Boukhari lui-même aurait été l’objet de calomnies à ce sujet, dues à la jalousie d’ordre professionnel de l’un de ses collègues traditionnistes. Quoi qu’il en fût, ces trois auteurs faisaient partie d’un univers commun, celui des transmetteurs de traditions, fonctionnant intellectuellement à partir de critères relevant du droit positif et non de la spéculation rationnelle naturelle.

    Soucieux de valider la transmission des textes du Coran à partir du prophète, ils cherchaient la garantie que celui-ci était bien le Livre d'Allâh en tant que fondement d’une Loi dont ils établissaient, dans le même temps, les sources et les critères de validité. Le débat qui les intéressait était avant tout de l’ordre de la légitimation et du droit, et la preuve garante de toute chose était d’ordre juridique.

    La réflexion et les controverses d’ordre philosophico-théologique, même s’ils en connaissaient les données, leur étaient finalement aussi étrangères et intruses que les sciences philosophiques qui avaient suscité ces questions chez les mu’tazilites. Tout cela marqua de son sceau l’orientation fondamentale et l’univers mental des sciences islamiques traditionnelles, en regard des sciences rationnelles d’origine étrangère, sinon en opposition avec elles. Les sciences rationnelles, devenues arabes, se développèrent et poursuivirent leur carrière de façon indépendante, parallèlement à l’activité intellectuelle des traditionnistes sunnites, sur lesquels, sauf exceptions ponctuelles notables, elles n’eurent finalement guère d’influence.


    Un certain nombre de penseurs musulmans modernes déplorent aujour-d’hui que le courant mu’tazilite ait été, par son dogmatisme et les intrusions du pouvoir politique, l’artisan de sa propre mort, et ils estiment que sa disparition fut le plus grand malheur qui ait frappé la pensée religieuse de l’islam. Certains autres manifestent le souci apologétique de laver les mu’tazilites de tout soupçon de collusion avec l’inquisition organisée par le pouvoir politique.


    De toute manière, et bien que la question du Coran incréé ne soit plus d’actualité, au moins explicitement, dans la pensée musulmane contemporaine, les choses ne semblent guère avoir changé pour ce qui concerne la relation entre des sciences religieuses islamiques continuant à se mouvoir à l’intérieur d’un cercle fermé, et des disciplines intellectuelles étrangères et intruses d’un nouveau genre.


    Le Livre des musulmans se distingue de celui des juifs et des chrétiens en ce qu’il consigne la parole même d'Allâh, révélée au prophète dans la « Nuit du destin » par l’entremise de l’archange Gibril. En réalité, la « descente » du Coran, que la tradition appelle « incréé », est issue d’un long travail d’inscription, de sélection et de composition. Preuve que transmettre et transformer ne font qu’un.

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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:54

    Les éléments les plus anciens que nous possédions sur la vie de Muhammad ont été écrits par Ibn Ishaq seulement en 750 ... mais son travail a été perdu, et n’est disponible que par morceaux dans une recension plus tardive de Ibn Hisham qui est mort en 834, soit deux cents ans après la mort du Prophète.

    On dit qu’il y a six recueils corrects et authentiques de traditions Hadith sur la vie du Prophète ... mais ils ne datent que de deux à trois siècles aprés sa mort (leurs auteurs sont morts entre 870 et 915). Et un critique du dixième siècle a souligné la faiblesse de deux cents traditions incorporées dans les recueils de Muslim et Bukhari, qui pourtant passent pour sérieux

    Dans son étude classique, "On the Development of Hadith", Goldziher a démontré qu’un vaste nombre de Hadiths (récits traditionnels), acceptés même dans les recueils musulmans les plus rigoureusement critiques, étaient des faux complets de la fin du 8ème et du 9ème siècle et, en conséquence, que les chaînes de transmission (isnads) qui les étayaient étaient totalement fictives.

    Même le texte du Coran doit être considéré comme suspect.
    Quand les premières citations du Coran apparaissent sur des pièces de monnaie et des inscriptions, vers la fin du septième siècle, elles montrent des divergences par rapport au texte canonique. Celles-ci sont insignifiantes du point de vue du contenu, mais le fait qu’elles apparaissent dans des contextes aussi formels que ceux-là ne colle pas avec la notion selon laquelle le texte avait déjà été fixé.

    Il faut dire que le Coran écrit actuel n'est pas l'oeuvre de Muhammad ; il a été compilé après sa mort selon le gré de divers personnages. 

    Il a existé plusieurs Corans dont le contenu et l'organisation des versets étaient totalement différents. Celui qui est considéré comme LE Coran officiel est celui d'Othman (644-656), un calife despotique qui a détruit toutes les sources antérieures (mais Umar et Abû Bakr avaient déja fait disparaitre de nombreuses versions auparavant).

    Alors que les Musulmans modernes peuvent être liés par une position intenablement conservatrice, les érudits musulmans des premières années étaient bien plus flexibles, réalisant que des parties du Coran étaient perdues, perverties, et qu’il y avait plusieurs milliers de variantes qui rendaient impossible le fait de parler du Coran unique.

    Et ils savaient que les Corans compilés par les secrétaires particuliers du Prophète étaient différents de celui d'Othman.

    Dans les premiers siècles de l'Islam, beaucoup d'ouvrages furent écrits, qui relevaient des différences entre les Corans existants ; et bien qu'Othman affirmait et inscrivait une seule version, il fallut des années pour que les savants islamiques reconnaissent ce livre, et le propagent dans le monde islamique.

    Voici les noms des sept livres importants et notables qui furent écrits par les savants, à propos des différences entre les Corans :

    - Le "livre de la différence des livres" (les Corans de Médine, de Koufféh et de Bassora ) écrit par Kassâeï.
    - Le "livre de la différence des livres", écrit par Khalaf.
    - Le "livre de la différence des habitants de Koufféh, de Bassora, et de Damas en matière des livres", écrit par Farrâ.
    - Le "livre de la différence de Mossahéf", écrit par Ibn Davoud Sédjestani.
    - Le "livre de Madaéni sur la différence des livres", écrit par Madaéni.

    - Le "livre de la différence des livres de Damas, Hédjaz et l'Irak", écrit par Ibn Amér Yahsébi
    - Le "livre de Mossahéf", écrit par Mohammad Ibn Abd al Rahaman Isphahanï.

    Quelles étaient les différences de Corans entre les secrétaires du Prophète et celui d'Othman ?

    -Le Coran d'Imam Ali :
    il fut ordonné en fonction des dates des révélations et contient un relevé des versets abrogatifs et abrogés (les versets qui se contredisent).

    -Le Coran d'Abd Allah Ibn Massoud :
    Fazl Ibn Châsan disait que le nombre et l'ordre des sourates différaient considérablement de ceux du Coran d'Othman, car dans le coran d'Ibn Massoud, il n' y a que cent dix sourates.
    Les noms de beaucoup de sourates étaient plus longs que ceux du Coran d'Othman.
    Il n'y avait deux sourates nommées "Sadjdéh" (prosternation).

    Il y avait quelques sourates supplémentaires, comme "Havâmime" ou "Mossabahât" dans le coran et qu'on ne trouve pas ailleurs.

    Certains versets différaient, surtout dans la sourate "Va al Assre" qui disait ceci :
    "J'en jure par l'heure de l'après-midi, l'homme travaille à sa perte. Tu en excepteras ceux qui croient et pratiquent les bonnes oeuvres, qui recommandent aux autres la vérité et la patience !"

    -Le Coran d'Abi Ibn Ka'b :
    L'ordre des sourates était différent. Selon Fazl Ibn Ghasan le livre commencait par "Fatéhat al Kétab" (l'ouverture du livre), "Bagharéh" (la vache), "Néssâ" (les femmes), "Allé Omran" (la famille Omran), "Anâm" (les bienfaits), "Eerâf" (le purgatoire), "Maédéh" (la table), "Anfâl" (les surestimations), "Davoud" (David), "Tahâr" (les propres), "Insân" (l'homme), "Nabi Aliéh al Salam" (le missionnaire auquel salut), "Hai Ahl al Kétab" (les gens du livre)... ( Selon Al Féhreste -La liste d'Ibn Nadime Page 46). La sourates "Younesse" (Jonas) était absente. Les sourates n'atteignaient pas les 116 et un bon nombre n'existaient pas du tout dans le Coran d'Othman; comme les sourates "Davoud" (David), "Tahâr" (les propres), "Nabi Aliéh al Salâm", etc...

    Et la tradition garde le souvenir de nombreuses autres Corans disparus :

    Le Coran d'Abdullah Bin Amre Ibn Al-Ass
    le Coran d'Abdullah Ibn Abbas
    le Coran d'Abdullah Ibn Al Zoubir
    le Coran d'Abe Baker Al Sedeek
    le Coran d"Abe Mosa Al Asharee
    le Coran de Abu Zaied
    le Coran d' Aïcha,
    le Coran d'Akrama
    le Coran d'Al Asoad Ibn Yazid
    le Coran d'Al Hajaj Ibn Yousef Al Thakafy
    le Coran d'Anes Bin Malek
    le Coran d'Ata' Abe Rabeh
    le Coran d'Hafsa
    le Coran de Moaaz Bin Gabel
    le Coran de Moujahid
    le Coran de Muhammad Bin Abe Mosa.
    le Coran d'Obaid Bin Omeir Al-Laithy.
    le Coran d'Othman Ibn Affan
    le Coran de Qualown /Abu Mosa Ibn Mina
    le Coran de Saeed Bin Gabber
    le Coran de Salem Maola Abe Hozaifa
    le Coran de Suleiman Ibn Mahran
    le Coran de Talha
    le Coran de Waresh
    le Coran de Zaied Ibn Thabet
    etc...

    De toutes ces anciennes versions du Coran qui ont été détruites, seuls deux manuscripts ont survécu jusqu'à notre époque : le Codex de Samarcande (daté de 654) conservé au musée Doktary à Istamboul et le Codex de Londres (daté de 772) conservé au British Museum. Chacun contient environ 750 divergences par rapport au Coran actuel (on remarque que c'est souvent le Coran actuel qui semble avoir ajouté des mots ou des phrases au texte primitif).

    Al Tabry, au 10ème siècle, l'avouait carément :
    "Le texte du coran n’était pas fixé à mon époque."

    Et l'Imam Ja'far, pour résumer la situation, allait plus loin encore :
    "Le véritable Coran n'existe pas !"

    Selon As-Suyuti (mort en 1505) Ibn ’Umar al Khattab aurait dit :
    "Que personne d’entre vous ne dise qu’il a acquis le Coran entier, car qu’en sait-il ? Beaucoup du Coran a été perdu ! Alors qu’il dise : J’ai acquis ce qui était disponible. "
    (As-Suyuti, Itqan, partie 3, page 72).

    Cela indique bien que le Coran ne nous a pas été retransmit dans son intégralité.

    L’Imâm Al-Bukhârî et Ibn Jarîr disent que, selon Ubayy Ibn Ka`b et Anas b. Malik, ces paroles ont été révélées dans la Sourate 102 "At-Takâthur" (La course aux richesses) :
    "Le Prophète (paix et bénédiction d’Allâh sur lui) a dit : 'Si le fils d’Adam avait deux vallées de richesses, il souhaiterait que lui en fût échue une troisième. Rien ne peut remplir le ventre du fils d'Adam sauf la terre ( la mort), mais Dieu revient vers celui qui revient à Lui' ...".

     Pourtant on ne retrouve plus ce passage dans la sourate 102 (qui ne contient que 8 versets) du coran actuel. Il a donc été enlevé.

    On rapporte qu'un homme récitait le Coran en compagnie de l'Imam Ja'far. Le narrateur dit qu'il entendit certains versets, durant la récitation, qui ne correspondaient pas à des versets reconnus. L'Imam Ja'far dit à la personne qui récitait :
    "Ne récite pas de cette manière. Récite comme les gens jusqu'à ce que le Mahdi arrive. Quand le Mahdi arrivera, il récitera le véritable Coran et le Coran compilé par Ali, sera de nouveau ramené !" (Usul Kafi: 2.622)

     Cela indique bien que les versions du Coran postérieures à celles d'Ali sont considérées comme défectueuses.

    Selon Jabir, l'Imam Baqir aurait dit :
    "Personne ne peut affirmer avoir rassemblé tout le Coran tel qu'il a été révélé par Allah, si ce n'est un menteur. Les seules personnes à avoir entièrement compilé et appris par cœur le véritable Coran étaient Ali ibn Abi Talib et les Imams qui lui ont succédé !" (Usul Kafi: 1:228 )

    Les Chiites le confirment :
    "Celui qui a compilé le Coran véritable c'était Ali ibn alit tabib !"
    (A noter qu'ils estiment aussi que les versets relatifs à Ali ont été supprimés par Othman, le calife imposteur anti-Chiites)

    Selon As-Suyuti, Aïsha, l’épouse favorite du Prophète, aurait dit :
    "Du temps du Prophète, la sourate des Parties (ou des Confédérés) faisait deux cents versets à la lecture. Quand Othman édita les copies du Coran, seuls les 73 versets actuels furent enregistrés !" .

    Selon As-Suyuti aussi :
    Uba Ibn Ka’b, l’un des grands compagnons de Muhammad, aurait demandé à l’un des Musulmans, "Combien y a-t-il de versets dans la sourate des Parties ?" Le Musulman dit : "Soixante-treize versets." Uba Ibn Ka’b lui raconta : "Autrefois il était pratiquement égal à la sourate de la Vache (environ 286 versets) et comprenait le verset de la lapidation"L’homme demanda : "Qu’est-ce que le verset de la lapidation ?" Uba Ibn Ka’b dit : "Si un vieil homme ou une vieille femme commettait l’adultère, lapidez-les à mort."

    Au sujet de ce verset disparu, Ibn Majah a rapporté les paroles de Aisha qui disait :
    "Le verset relatif à la lapidation et à l'allaitement (9, 8a) est venu et sa feuille se trouvait sous mon lit : aussi, quand l'envoyé d'Allah mourut, et que nous fûmes occupés par les détails entourant sa mort, un animal domestique entra et dévora la feuille."

    Les textes historiques confirment effectivement que les anciens musulmans lapidaient les personnes adultères, suivant en cela ce qui était écrit dans un verset dont on n'a plus retrouvé la trace depuis.

    Au sujet du verset 6 de la sourate 33 "Les confédérés" ("...Pour les croyants le Prophète a priorité sur eux-mêmes; et ses épouses sont leurs mères."), Uthman dit que le texte d'Ubai b. Ka'b comportait :
    "Pour les croyants le Prophète a priorité sur eux-mêmes ; et il est un père pour eux et ses épouses sont leurs mères."

    Voila encore une sourate qui a été modifiée.

    Au sujet du verset 49 de la sourate 12 "Joseph" ("...Puis, viendra après cela une année où les gens auront beaucoup de pluies et presseront le raisin et les olives..."), l'Imam Ja'far raconta qu'un homme demanda comment il devait lire ce verset. Ali répondit que ce verset avait initialement été révélé comme suit :
    "Puis une année viendra ou les gens recevront une aide généreuse et ou il pleuvra abondamment" (Commentaire d'Al-Qummi: 192)

    Ce commentaire indique que le Coran a été modifié pour rendre service aux fantaisies des Califes amateurs de vin. Le mot Yâ'siroun ayant été transformé en Yâsiroun.

    A noter que les Kharijites trouvaient que la sourate "Joseph" racontait une histoire trop offensante et érotique pour vraiment appartenir au Coran authentique. (Pourtant cette sourate s'inspirait d'un passage de l'Ancien testament).

    Au sujet du verset 33 (ou 30) de la sourate 3 "La Famille d'Imran" ("...Certes, Allah a élu entre tous les hommes Adam, Noé, la famille d'Abraham et la famille d'Imran..."), le commentateur chiite Allamah Ali ibn Ibrahim AI-Qummi a dit :
    "Les mots 'La Famille de Mouhammad' étaient eux aussi révélés avec les mots 'La Famille d'Imraan'. Mais les compagnons du Prophète ont retiré les mots 'La Famille de Mouhammad' du texte original". (Commentaire d'Al-Qummi:308).

    Il est clair que ce commentaire accuse les Compagnons du Prophète d'avoir modifié le Coran.

    Au sujet du verset 114 (ou 115) de la sourate 20 "Taha" ("...En effet, Nous avions auparavant fait une recommandation (ou un pacte) à Adam, mais il l'oublia, et Nous n'avons pas trouvé chez lui de résolution ferme..."), Usul Kafi a rapporté que l'Imam Ja'far aurait dit que ce verset avait initialement été révélé avec les mots suivants :

    "Nous avons parlé à Adam de Mohammed, Ali, Fatima, Hassan, Hussain et des Imams, leurs progénitures, mais Adam a oublié." (Usul Kafi : 1:416)

    On retrouve ici l'écho de la guerre entre les partisans de Ali (proto-Chiites) et les partisans d'Othman (proto-Sunnites) qui trafiquaient le contenu du Coran et des hadiths pour essayer de difamer leurs adversaires tout en se glorifiant eux-mêmes.

    Au sujet du verset 9 (ou 10) de la sourate 47 "Muhammad" ("...C'est parce qu'ils ont de la répulsion pour ce qu'Allah a fait descendre. Il rendra donc vaines leurs oeuvres..."), l'Imam Mohammed Baqir aurait dit que l'ange Jibreel avait transmis initialement le verset comme suit :
    "C'est parce qu'ils découvrirent ce qu'Allah révéla à propos de Ali." C'est ainsi que les apostats enlevèrent le nom de Ali du Coran. (Commentaire d'Al-Qummi: 1011)

    On retrouve encore ici l'écho des guerres entre partisans de Ali et partisans d'Othman : Les chiites accusent des sunnites d'avoir effacé les textes louangeant leur chef Ali.

    Dans le verset 29 de la sourate "Waqi'ah", il est écrit :"Et les gens de la droite ; Que sont les gens de la droite ? Ils seront parmi des jujubiers sans épines, et parmi des bananiers aux régimes bien fournis." Une personne récita ce verset en présence de Ali. Celui-ci dit que le mot "Talh" n'était pas le bon et que l'on devait lire Tal'a comme dans la sourate Shu'araa. Certains demandèrent pourquoi ils ne changeraient pas le mot pour réécrire le bon. Ali répondit que le temps n'était pas encore venu de le faire car corriger le Coran ne ferait que troubler les gens. Il fut dit la même chose aux Imams, seul le Mahdi (le Messie) aura le droit de réintroduire le Coran tel qu'il était au temps du Prophète. (Commentaire d'Al-Qummi: 1067)

     Ici aussi les Chiites prétendent qu'Ali savait que le Coran avait été corrompu.

    Un des scribes suggéra de rajouter deux versets en l'honneur du Prophète à la fin de la sourate 9 "Le repentir". La majorité des scribes fut d'accord avec lui. Ali, quant à lui, trouva la chose scandaleuse. Il ne cessa de leur répéter, avec véhémence, que la parole de Dieu ne devait jamais subir la moindre altération.

    De nombreux documents font référence au désaccord d'Ali. Par exemple, Jalaluddin Al-Suyuty, a écrit en 1318 : "On demanda à Ali : 'Pourquoi restes-tu chez toi ?Il leur répondit : 'On a rajouté quelque chose au Coran et j'ai fait le serment de ne sortir que pour la prière tant que le vrai Coran ne serait pas rétabli !' " (Al Itqaan fee 'ulum al Quran, p.59)


    Justement, ces deux versets (128 et 129, ou 130) de la sourate 9 ont toujours été douteux. Par exemple, on peut lire dans la fameuse Hadith de Bukhary et le fameux Itqaa de Al-Suyuty que "chaque verset du Coran a été vérifié par de nombreux témoins, les versets 128 et 129 de la Sourate 9 mis à part. Seul Khuzeimah Ibn Thaabet Al-Ansaary les avait en sa possession. Lorsque cet étrange fait fut remis en cause par certains, quelqu'un apporta une hadith disant que 'Le témoignage de Khuzeimah vaut le témoignage de deux hommes !!!'"... ce qui n'est autre qu'un argument d'autorité.

    Mullah Muhsin Kashani, un savant Chiite du 11ème siècle, fait le commentaire suivant :
    "Il est clair, d'après toutes les traditions et récits de la famille du Prophète, que le Coran que les musulmans possèdent de nos jours, n'est pas le Coran complet tel qu'il a été révélé à Mohammed. Certains versets contredisent même ce qui a été révélé. Parmi les versets qui ont été modifiés ou qui disparurent figurent ceux où apparaissaient les noms d'Ali, 'la Famille de Mohammed' et à plusieurs reprises certains ou figuraient les noms d'hypocrites. Plus encore, l'ordre des sourates dans le Coran actuel n'est pas celui qu'avait choisit Allah et son Messager". (Tafseer de Saafi : l:32).

    Abû Mansur Ahmed Tibrisi, un célèbre savant Chiite du 8ème siècle, a écrit:
    "Enumérer les modifications et les oublis de ce type (dans le Coran d'aujourd'hui) deviendrait vite un travail laborieux et pourrait mettre à jour ce que la Taqiyyah m'oblige à ne pas divulguer (Taqiyyah = pratique consistant à cacher la vérité pour des raisons religieuses)..." (AI-Ihtijaj de Tibrisi 1:254)

    Jabir a rapporté que l'Imam Bar a dit :
    "Personne ne peut affirmer avoir rassemblé tout le Coran tel qu'il a été révélé par Allah, si ce n'est un menteur ! Le Prophète dit alors : c'est ainsi que le démon m'a envoyé ses deux serviteurs à l'instant Abu Bakr et Omar". (Commentaire de bas de page de la traduction de Maqbool : Sourate "Hajj": 674)

    Le Mullah Baqir raconte un récit rapporté par l'Imam Zainul Abideen selon lequel un homme vint voir l'Imam et lui demanda de l'informer à propos d'Abû Bakr et de Omar. L'Imam lui dit qu'ils étaient tous les deux des mécréants. (Haqqul Yaqeen : 551)

    -Al haj annouri attabrassi, mort en 1230, rapporte dans son livre "Fassl al khitab fi tahrifi kitabi rabbi al arbabe" que plus de 300 grands savants chiites ont déclaré à l'unanimité que le Saint Coran a été falsifié ou modifié.

    On peut résumer ainsi ce que disent les Chiites à ce sujet :

    Le texte du Coran dont les musulmans disposent n'est pas conforme à ce qui a été Révélé au Prophète Muhammad. Ceux qui ont compilé cette version (c'est-à-dire les Compagnons, parmi lesquels Abu Bakr, Omar et Othmân) ont falsifié ce Texte révélé afin de servir leurs intérêts.

    - Des passages et même des sourates entières du Coran contenant, notamment les vertus de Ali et des gens de la famille du Prophète Mouhammad ont été effacés par les "hypocrites" (c'est-à-dire des Compagnons) anti-chiites. An Noûri At Tabrassi affirme que les savants chiites qui renient la falsification du Coran n'agissent que par "taquiyya" (attitude qui a pour but de dissimuler sa foi réelle).

    - Selon les Chiites, le texte révélé n'a été compilé sous sa forme originale et dans son intégralité que par Ali. Des membres d'un cercle très fermé de l'élite chiite prétendent connaitre néanmoins le contenu de cette compilation. Mais il n'ont pas le droit de la dévoiler au grand public (même au sein des chiites): Ce n'est que lorsque celui qu'ils considèrent comme étant leur douzième imâm infaillible ("le Mahdi", caché dans une grotte depuis douze siècles) reviendra parmi les hommes, qu'il dévoilera à nouveau en public la véritable et authentique compilation du Coran.

    Même par l'analyse du style poétique, on peut déceler des phrases supplémentaires qui ont été ajoutées au Coran car elles rompent le rythme et la versification des sourates.(ex : 20-15, 78-1 à 5, 78-32 à 34, 74-31 et 50-24 à 32).

    Ainsi la sourate 42-36 à 38 a été visiblement rajoutée pour justifier le choix d'Othman comme calife à la place d'Ali. De même, une glose a été ajoutée à la sourate 104 pour traduire faussement hawiya ("sans enfant") par hotama ("feu de l'enfer").

    Ainsi une rupture de rythme affecte visiblement le verset 51 de la sourate 5 :
    "Ô les croyants ! Ne prenez pas pour amis les Juifs et les Nasârâs (Nazaréens ou Chrétiens) : ils sont amis les uns des autre."
    On peut constater que c'est la mention et les Nasârâs" qui est de trop car elle rompt le phrasé originel. Il s'agit donc d’un ajout tardif, probablement inséré pour discréditer les Chrétiens. En fait, on peut même remarquer que les passages contenant le mot "Nasârâ" sont pratiquement tous des interpolations. Par exemples : Dans les sourates 2:111, 2,113, 2:120, 2:135, 2,140 et 5,18.

    On peut également regarder dans le livre "Fiqh Akbar", écrit vers 750. Celui-ci présente les vues de l’orthodoxie islamique sur les questions qui se posaient alors en matière juridique. Or, étrangement, il ne fait aucune allusion aux 800 versets fixant des règles juridiques, qui se trouvent dans les Corans d’aujourd’hui. Apparemment ces versets étaient alors absents et n'ont été rajoutés que plus tard dans le Coran.

    Le chrétien Al-Kindi (à ne pas confondre avec l’Arabe, philosophe musulman) écrivant aux alentours de l’an 830, critiquait le Coran en ces termes :
    "Le résultat de tout ceci est patent pour vous qui avez lu les écritures et qui voyez comment, dans votre livre, les histoires sont brouillées ensemble et entremêlées ; une preuve que beaucoup de mains différentes ont été à l’œuvre, et ont causé des divergences, ajoutant ou retranchant tout ce qui leur plaisait ou déplaisait. Et maintenant, voici les conditions d’une révélation envoyée ici-bas depuis le Ciel ?"

    A noter, également, que le Coran aurait été mal traduit.
    Christoph Luxenberg, éminent professeur de linguistique, a montré que de nombreux passages obscurs du Coran s’éclaircissent si on lit certainsmots en syriaque et non en arabe. Ainsi fait-il disparaître les houris, vierges aux grands yeux de biche du Paradis, toujours consentantes, promises aux croyants.

    Selon la nouvelle analyse avancée par Christoph Luxenberg, qui s’appuie sur les Hymnes d’Ephrem le Syrien, le contexte est clair : ce sont de la nourriture et des boissons qui sont offertes, et non des jeunes filles pures.
    En syriaque, le mot “hour” est un adjectif féminin pluriel qui signifie blanc, dans lequel le mot “raisin” est implicite. Les éphèbes immortels ou les jeunes filles semblables à des perles décrites par des sourates (exemples : 44-54, 52-20 et 56,22) seraient nés d’une interprétation erronée d’une expression qui signifie en syriaque “des raisins frais”, que les justes auront le plaisir de goûter, par opposition aux breuvages bouillants réservés aux infidèles et aux damnés.

    "Nous leur aurons donné pour épouses des Houris aux grands yeux" se transforme alors en : "Nous leur donnerons une vie facile sous de blanches et cristallines grappes de raisin".

    En tentant de lire à partir du vocabulaire arabo-syriaque d'autres passages obscurs du Coran, les résultats sont étonnants. Ainsi, dans le verset 24 de la sourate 19 ("Marie"), par exemple, il est question de Marie, qui est accusée de grossesse illégitime et chassée par ses parents. Avant l'accouchement, elle se retire sous un palmier et dit: "Dussé-je être morte plutôt que de vivre à cette heure!" Jésus, qui vient de naître, lui dit : "Ne t'attriste pas, ton Seigneur a mis au-dessous de toi un ruisseau". Pourtant le mot "sariya" ne signifie pas "ruisseau" en arabe. C'est en fait un adjectif araméen qui signifie "légitime". Et "au-dessous de toi", lu à l'araméenne, signifie "accouchement". Cela donne alors : "Ne t'attriste pas, ton Seigneur a rendu ton accouchement légitime". Alors là, ca devient clair : Marie ne souhaitait pas la mort parcequ'elle avait soif mais parcequ'on lui reprochait d'avoir un fils illégitime.

    Un autre exemple est celui de la sourate 108 ("Al-Kawthar /L'Abondance") , dont le sens est obscur :
    "En vérité, Nous t'avons donné l'ABONDANCE. Prie donc ton Seigneur et SACRIFIE ! En vérité, celui qui te HAIT se trouve DÉSHÉRITÉ".

    Tous les chercheurs reconnaissent que cela n'a pas de sens. Mais avec une lecture syro-araméenne, cela donne :
    "Nous t'avons donné la PERSÉVÉRANCE. Prie donc ton Seigneur et PERSISTE !
    Ton ADVERSAIRE se trouve alors VAINCU".
    A l'origine de cette courte sourate, se trouve une liturgie syriaque, réminiscence de la première épître de saint Pierre 5, 8-9.

    Mais il y a plus grave 

    Même Muhammad est suspecté de ne pas avoir transcrit fidèlement la parole d'Allah :

    Le Coran passe pour être la parole de Allah (voir les sourates 43-3, 55-77, 85-22). Pourtant des sourates s'adressent à Dieu à la 2ème personne (sourates 1-4 à 6, 113, 114, 27-91, 6-104 à 114); de même, dans les sourates 75-1 et 90-1, Allah jure au nom d'Allah ! Se parle-t-il à lui-même ? (Quand aux sourates 19-64 et 36-164 à 166, il est clair que ce sont des anges qui s'y expriment et non pas Dieu.)
    Cela indique donc que certaines sourates ont été acceptées alors qu'elles ne venaient visiblement pas de Dieu.

    Selon At Tabari et Ibn Sad, Mahomet aurait accordé quelques concessions pour amadouer les non-musulmans de la Mecque : il aurait ainsi dit qu'on pouvait adorer les "trois filles d'Allah" (des déesses paiennes). Par la suite, il aurait retiré ces paroles de la sourate 53-19 à 23 en disant que c'était le diable qui les lui avait soufflées (ce sont les fameux "versets sataniques").
    Cela montre que l'on ne peut pas se fier aveuglément à tout ce qu'a révélé le Prophète.

    Le célèbre commentateur Boukhari a rapporté l'anecdote suivante :
    "Le Prophète, ayant entendu quelqu'un réciter le Coran à la mosquée, dit : 'Dieu fera miséricorde à cet homme, car il m'a rappelé tel et tel verset qui m'ont échappé dans telle et telle sourate'."

    Cela montre que la mémoire de Prophète était faillible. Peut-on alors lui faire confiance pour la retranscription des paroles de Dieu ?

    Une autre fois, c'est un compagnon du Prophète, le futur calife Umar, qui se flatte d'avoir été à l'origine d'une révélation :
    "J'ai dit : 'ô apôtre d'Allah, des gens bien et des gens moins bien fréquentent tes femmes. Si tu leur ordonnais de se voiler ?' Alors, le verset du voile est descendu."
    et dans les hadiths (Vol. 1:148) recueillies par Boukhari, on lit :
    "Umar était extrêmement désireux que les versets de Al Hijab (observance du voile par les femmes musulmanes) soient révélés. Accédant à ses désirs, Allah révéla les versets de Al Hijab."

    Si même le Prophète laisse n'importe qui inventer de nouvelle sourates, alors comment se fier au contenu du Coran ?

    Ibn Abi-Sahr (Abd Allah ibn Sad Abi Sahr) était le scribe du Prophète. Il se flattait d'avoir pu noter "miséricordieux" et "absoluteur", là où le prophète lui avait dicté "sage" et "puissant".

    On notera que Ibn Abi-Sahr finira plus tard par apostasier l'islam, estimant qu'un Prophète qui laissait son scribe modifier la parole de Dieu ne pouvait pas être un prophète véridique. Il était également dégoûté par l’opportunisme des révélations divines, qui tombaient toujours à pic pour justifier les actes du Prophète. Il fut plus tard exécuté...
    Plus étrange encore : Certaines sourates du Coran sont contredites par d'autres.

    Pourtant la sourate 4, 82 ou 84 affirme que le Coran est non-contradictoire :

    "Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S'il provenait d'un autre qu'Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions !"

    Ces contradictions sont dues au fait que certaines sourates récentes (de l'époque médinoise) remplacent et abrogent le contenu d'autres sourates plus anciennes (de l'époque mecquoise). On appelle cela des "sourates abrogeantes" et des sourates "abrogées" (il y en a au moins 550).

    Mais comment donc Allah peut-il donc revenir sur ce qu'il avait lui-même dit ? Le Dieu qui dicte les sourates à la Médine n'est-il plus le même que le Dieu qui les dictait à la Mecque ?

    Pourquoi les sourates anciennes étaient-elles pleines de tolérance et de miséricorde alors que les sourates récentes, qui les remplacent, sont pleines d'intolérance et de dureté ? En effet, on voit très bien que les sourates mecquoises sont les seules à contenir des versets pacifiques à l’égard des chrétiens, des juifs et des non-croyants. Ce qui n’est pas le cas pour les sourates médinoises.

    C'est ainsi que les 124 passages mecquois appelant à la tolérance religieuse sont abrogées par des sourates médinoises plus récentes et plus guerrières :

    "Et quiconque désire une religion autre que l'islam ne sera point agréé, et il sera, dans l'au-delà, parmi les perdants." (Sourate 3, 85)

    "Ne prenez donc pas d'alliés parmi eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent dans le sentier d'Allah. Mais s'ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez; et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur." (4, 89)

    "Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade....
    .... Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit, et ceux d'entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites leur la guerre jusqu'à ce qu'ils versent le tribu de leurs propres mains, après s'être humiliés." (Sourate 9, 5-29)

    Pourtant les abrogations sont des modifications, et cela s'oppose à la sourate 85, 21-22 qui prétend que le Coran est éternel, et immuable :

    "C'est plutôt un Coran glorieux préservé sur une Tablette éternelle (auprès d'Allah)."

    Certains passages affirment que ces modifications sont faites pour améliorer le Coran :

    "Si Nous abrogeons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas qu'Allah est Omnipotent ?" (Sourate 2, 106)

    "Allah efface ou confirme ce qu’Il veut car l’écriture primordiale est auprès de Lui." (sourate 13, 39)


    "Quand Nous remplaçons un verset par un autre – et Allah sait mieux ce qu’Il fait descendre – ils disent : 'Tu n’es qu’un menteur'. Mais la plupart d’entre eux ne savent pas. Dis : 'C’est le Saint-Esprit (Roûh el Qoudous = Gabriel / Djibrîl) qui l’a fait descendre de la part de ton Seigneur en toute vérité, afin de raffermir ceux qui croient.'...’’ (sourate 16, 101-102)


    La parole d'Allah n'est-elle pas parfaite dés qu'elle est révélée ? Pourquoi devrait-il la modifier pour l'améliorer ?
    Est-ce vraiment Allah qui a transformé ses propres paroles ... ou est-ce la l'action de simples humains ?


    Il existe aussi 9 versets coraniques qui prétendent que le Coran a été écrit dans une "langue arabe claire".
    Et pourtant, on peut observer que le Coran contient au moins 275 mots non-arabes. N'est-ce pas une preuve qu'il a été retouché au contact de populations non-arabes converties à l'islam ?

    On trouve, par exemple : "qintâr "(Coran 3;14), d'origine byzantine ; "surâdiq" (75;51), d'origine abyssinienne ; "sundus" (18;31), d'origine persane ; etc. etc..Or le Coran se prétend lui-même être "en arabe pur". La conclusion est donc que ces mots non-arabes ont été rajoutés au texte originel (qui était "en arabe pur") lors de la conquête de territoires perses et byzantins par les Arabes, après la mort du Prophète.

    Exemples de termes persans dans le Coran :

    Abarigh, Estabragh,Tanour,Djahanam, Dinar, Al Rass,Al Rome, Zandjébil, Sédjil, Saradégh, Saghar, Salsabil, Sndass, Ghofl, Kafour, Kanz, Kourte, Madjous, Mardjan, Mask, Maghalid, Mazdjah, Né, Houd, Yagoute, Al Yahoud.


    Exemples de termes abyssins / éthiopiens :

    Ela Raéc, Avâh, Avâb, Al Djabt, Horm, Haub, Dôrï, Sïnïn, Shatre,Tâhâ, Tâghoute, Al Eram, Ghéise, Ghoureh, Kafle, Machcouh, Mansâh, Nachééh,Yassin, Yassdon.


    Exemples de termes romains dans le Coran :

    Sérâte, Tafagh, Ferdôs, Ghéste, Ghéstass.


    Exemples de termes syriens dans le Coran :

    Yam, Houn, Ghouyoum, Addan, Toure.


    Exemples de termes hébraïques dans le Coran :

    Akhlad, Baïre, Raéna, Al Rahmân, Tavâ, Marghoum, Hodnâ, Ghamle.


    Exemples de termes nabatéens dans le Coran :

    Varz, Varâ, Malakoute, Côfre, Ghat, Mazhan, Sinâé, Sôfréh, Havâriyoun, Hasbe, Akvab, Asphar, Al, Alîm.


    Certains versets du Coran sont même des traductions des Gattas de l'Avesta :

    "Lorsqu'au début de l'univers, tu nous as créés, et soufflé de ta nature pour nous offrir la raison, lorsque tu nous as inspiré de la vie."(l'Avesta)
    = la sourate 15, 29 du Coran.

    "Quelle est la punition de celui qui rend maître le menteur impur?"(l'Avesta)
    = "la Sourate 9, 31 du Coran.

    "Quel est la sanction de ce malveillant qui ne gagne sa vie qu'en blessant les agriculteurs honnêtes et les animaux ?" (l'Avesta)
    = la Sourate 9, 34 du Coran.


    Jusqu'aux alentours de l'An Mille, les commentaires autour du Coran ont été innombrables, en liaison avec une grande effervescence intellectuelle.

    Mais en l'an 1019, le calife abasside de Bagdad, Al Qadir, craignant que la libre discussion ne mène à des divisions, a fait lire au palais et dans les mosquées une épître dite "épître de Qadir" (Risala al-qâdiriya) par laquelle il a interdit toute exégèse nouvelle et fermé la porte à l'effort de recherche personnel des musulmans (l'ijithad).


    Cette décision a été d'une importance capitale pour l'islam. Elle a tué l'esprit critique et favorisé l'imitation servile (le taqlid). Toute recherche sur le texte primordial du Coran devenait alors impossible... et toute chance de trouver la vérité aussi.


    En 1972, au cours de travaux de restauration, des ouvriers ont trouvé une cachette dans les combles de la grande mosquée Jama'a al-kabir de Sanaa, capitale du Yémen. une sorte de cachette, ce qu'on appelle une "tombe de papiers".

    Le dr Gerd-Rüdiger Puin a découvert alors qu'on était en présence de manuscrits arabes du Coran parmi les plus anciens connus. Il obtint le droit d'en tirer des microfilms, malgré les réticences de ses hôtes, car les autorités du Yémen ne souhaitaient pas que le contenu des manuscrits soit révélé au grand public. Le Dr Puin soupçonnait même les Yéménites d'avoir volontairement exposé à la lumière ses microfilms, pour les rendre inutilisables. Cependant les pellicules étaient voilées, mais encore lisibles.

    Quelle inavouable vérité renferment donc les manuscrits de Sanaa ? Pour le Dr Puin, ils constituent la preuve que le texte coranique a connu des "évolutions". Bref, qu'il a une histoire. Et cette hypothèse n'est tout simplement pas admissible pour l'islam sunnite.

    Gerd Puin a étudié le fac-similé des manuscrits de Sanaa :"Il s'agit d'un Coran de style hedjazien, qui correspond à la graphie en vigueur à la fin du VIIe siècle dans le Hedjaz, la région de La Mecque et de Médine." Le manuscrit daterait de 680 environ.

    En comparant les manuscrits il relève une dizaine de variantes par page avec le Coran actuel, mais qui ne sont "pas significatives". La découverte qui l'enthousiasme le plus est un palimpseste : un manuscrit sous l'écriture duquel apparaît nettement un autre texte, effacé par lavage. "Ce texte est également un passage du Coran, écrit dans le même style archaïque. Il est malheureusement impossible de le déchiffrer. Sans doute s'agit-il du plus ancien texte coranique connu.

    Pourquoi l'a-t-on 'lavé' ? Peut-être simplement parce que son contenu n'était plus admissible..."
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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:55

    Les versets sataniques


    La plupart des gens associent les versets sataniques au célèbre roman de Salman Rushdie. En 1989, l'ayatollah Khomeiny, en Iran, a déclaré une fatwa, une directive religieuse, lançant un appel à tous les musulmans d'exécuter Rushdie, coupable d'avoir écrit cet ouvrage. Cette condamnation à mort a été de nouveau confirmée par les leaders iraniens.

    Les versets : 18 ; 19 ; 20 de la sourate 53 /18 Ainsi a-t-il contemplé le plus grand des Signes de son Maître 19.  Avez-vous vu al-Lât et al Uzza 20. et  AL Manât, la troisième, l'autre ?  


    Al-Lât, Al-Uzza et Manât sont  les filles d'Allah, les principales déesses de l'Arabie antéislamique; elles avaient leurs statues dans la Ka’bat et dans d'autres sanctuaires. 


    l'Ange Gabriel aurait révélé que les versets incriminés venaient non d'Allah, mais de Satan. 


    L'Islam orthodoxe ne nie aucune véracité à cette affaire, inspirée, à ses yeux, par Satan Sourate 22/52. Nous n'avons envoyé, avant toi, ni Messager ni prophète qui n'ait récité. (Ce qui lui a été révélé) sans que le Diable n'ait essayé d'intervenir [pour semer le doute dans le cœur des gens au sujet] de sa récitation. Allah abroge ce que le Diable suggère, et Allah renforce Ses versets. Allah est Omniscient et Sage. 


    L’affaire Salman Rushdie : fatwa de mort contre les trois déesses-mères pré-islamiques du Coran


    Les filles d’Allah 

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    A l’origine, Mohammed, prophète de l’islam, aurait reconnu plusieurs déesses. Elles auraient un temps survécu dans l’Islam même, où on les aurait appelé dans le Coran les trois filles d’Allah, avant d’être effacées. Leurs noms sont cependant toujours là

    Les déesses arabes dont les noms sont bien dans le Coran sont : Al-Lat (la Déesse), Uzza (Pouvoir), et Manat (Destinée ou Fatalité). D’après le Coran, les Arabes païens ont adoré une triple déesse. Cette divine trinité féminine était adorée à la Mecque, dans la Kaaba. 


    Lors de la révélation de la sourate LIII Mahomet aurait, selon Tabari, dans une première version, recommandé qu’on leur rende un culte. Ces versets prononcés puis abrogés sont appelés les « Versets Sataniques », expression qui a servi de titre au roman controversé de Salman Rushdie.
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    Message  Arlitto Mar 10 Nov 2020 - 13:56

    Le Prophète de Satan

     L'ange que Mohamed a pretendu avoir vu n'est pas Jibril ...Ce Tafsîr nous fait cette déclaration que ce démon est apparu sous la forme de Jibril. ..Al-Qurtubi (arabe) 37/18

    Ce Tafsîr nous fait cette déclaration que ce démon (Al- Abyad - le blanc) est apparu sous la forme de Jibril. ..Al-Qurtubi (arabe) 37/18 / تفسير القرطبي فقال الأبيض ، و هو صاحب الأنبياء ، و هو الذي قصد النبي .. في صورة جبريل

    Traduction: Al-Abyad (un démon) est l'ami des prophètes et c'est lui qui est apparu au Prophète (que la paix soit sur lui) sous la forme de (l'ange) Gabriel - Al-Qurtubi (arabe) 242/19 / تفسير القرطبي"

    Jami’ al-Ahkam -Tafsir de l’Imam al-Qurtubi (m.671h) 

    L’épisode des versets sataniques est devenu mondialement célèbre grâce à la version romancée écrite par Salman Rushdie. L’auteur, qui a échappé à une vingtaine de tentatives d’assassinat, est l’objet d’une fatwa de l’Ayatollah Khomeini (m. 1989). Les traducteurs japonais et italien de l’œuvre ont été agressés à l’arme blanche et son éditeur norvégien fut sérieusement touché. En 2005, l’Ayatollah Ali Khamenei confirme la fatwa de son prédécesseur en déclarant que le meurtre de Rushdie pour apostasie est légal. L’histoire des versets sataniques est pourtant comprise dans l’immense héritage littéraire que nous ont légué les grands noms de la théologie musulmane.

    Un Coran diabolique
    Sirat Rasoul Allah, la toute première source islamique, rédigée par Mohammed Ibn Ishâq (m. 767), a mentionné cette anecdote, cependant, le passage en question a été censuré dans la recension d’Ibn Hichâm (m. 834) intitulée As-Sira an-Nabawiyya



    Par chance, le célèbre érudit Mohammed Ibn Jarir at-Tabari (m. 923), qui possédait un original d’Ibn Ishâq, a recopié ce texte dans ses livres. Ibn Sa’d (m. 845), un historien postérieur, a lui aussi transcrit les versets sataniques d’après la version d’al-Wâqidi (m. 822) au sein de son recueil At-Tabaqât al-Kobra. L’histoire a de même été reprise par les transmetteurs de traditions mahomédiennes. Mais avant d’en prendre connaissance, il serait utile de connaître les circonstances et l’état d’esprit de Mahomet au moment de la révélation de ces fameux versets controversés.

    Les Qoraychites, le peuple qui avait élu La Mecque pour domicile, et dont faisait partie Mahomet, étaient polythéistes et adoraient de nombreux dieux : « le Prophète est entré à La Mecque, rapporte ‘Abdullah bin Mas’oud, et il y avait autour de la Ka’ba trois cent soixante idoles ». On raconte accessoirement que des fresques recouvraient l’intérieur de la Maison sacrée dont certaines représentaient Jésus et sa mère Marie, ainsi qu’un vieil homme, Abraham, tirant au sort au moyen de flèches. Mahomet aurait commandé de les effacer d’après plusieurs rapports, tandis que d’autres prétendent qu’il les a laissés. La péninsule arabique comptait également différents lieux de culte abritant diverses idoles. Il y avait, parmi elles, Manât, al-Lât, et al-‘Ozza. L’historien irakien Hichâm Ibn al-Kalbi (m. 819) a tracé un historique de ces trois divinités dans son Kitâb al-‘Asnâm (le livre des idoles) :

    Manât était la plus ancienne de toutes les idoles. Les Arabes appelaient leurs enfants ‘Abd Manât et Zayd Manât. Elle avait été érigée au bord de la mer aux environs d’al-Mouchallâl à Qoudayd, entre Médine et La Mecque. Tous les Arabes la vénéraient et offraient des sacrifices devant elle. Les Aws, les Khazraj, ainsi que les habitants de Médine et La Mecque et de leurs environs, la vénéraient, lui offraient des sacrifices et lui faisaient des offrandes. (…)

    Puis, ils ont adopté al-Lât. Al-Lât était à at-Tâ’if et elle est plus récente que Manât. C’était une pierre de forme cubique. Il y avait un juif à côté d’elle qui mélangeait de la bouillie sucrée. Les Banou ‘Attâb bin Mâlik de Taqîf étaient chargés de sa garde. Ils avaient bâti pour elle un édifice. Les Qoraychites et tous les Arabes vénéraient al-Lât. (…)

    Ensuite, ils ont adopté al-‘Ozza. Elle est plus récente que al-Lât et Manât, puisque j’ai entendu dire que les Arabes appelaient leurs enfants du nom de ces deux dernières avant al-‘Ozza (…).Celui qui a adopté al-‘Ozza fut Zâlim bin As’ad. L’idole se trouvait dans une vallée de Nakhlat ach-Châmiyya appelée Hourâd, à côté d’al-Ghoumayr, à droite de la route de La Mecque vers l’Irak. C’est au-dessus de Dhât ‘Irq, à neuf mille d’al-Boustân. Il a bâti pour elle une maison et ils entendaient à l’intérieur la voix. Les Arabes et les Qoraychites ont alors appelé leurs enfants ‘Abd al-‘Ozza. C’était la plus grande des idoles chez les Qoraychites. Ils allaient lui rendre visite, lui faisaient des offrandes et des sacrifices afin d’obtenir ses faveurs.

    Les sources concernant le culte que rendait le Prophète à ces divinités sont très rares. Les grandes biographies sont systématiquement épurées de ce genre de « détails » et tentent de faire passer Mahomet pour un monothéiste dès son plus jeune âge. Citons, tout d’abord, Ibn al-Kalbi, qui a écrit que le Messager de Dieu a dit : « j’ai offert à al-‘Ozza un mouton grisâtre et je suivais la religion de mon peuple ». L’élève d’at-Tabarâni (m. 970), le mouhaddith Abou Bakr al-Bazzâr (m. 905), a, de son côté, enregistré dans son Mosnad :

    Zayd bin Hâritha a rapporté :
    Je suis sorti avec le Messager d'Allah et il était monté en croupe par une journée chaude de La Mecque. Nous avions un mouton avec nous que nous avions sacrifié et préparé sur une table servie. Nous avons rencontré Zayd bin ‘Amr bin Noufayl et chacun de nous l’a salué avec la salutation de la période préislamique. Le Prophète a dit : « Ô Zayd – c’est-à-dire Zayd bin ‘Amr – pourquoi est-ce que je vois ton peuple éprouver de la haine envers toi ? » Il a répondu : « par Allah, Ô Mohammad ! Ce n’est pas à cause de moi. Je suis parti à la recherche de cette religion jusqu’à atteindre Khaybar, mais j’ai découvert qu’ils adoraient Allah en lui attribuant des associés. J’ai donc demandé où est-ce que je peux trouver cette religion. Je suis alors allé jusqu’en Syrie, mais j’ai découvert qu’ils adoraient Allah et lui attribuaient des associés. J’ai demandé : « où puis-je trouver cette religion que je cherche ? » Un homme parmi eux a répondu : « tu poses des questions à propos d’une religion que nous ne connaissons pas, personne n’adore Allah seul sauf un vieil homme de la péninsule arabique ». Je suis allé à sa rencontre. Quand je l’ai vu, il m’a dit : « je vois quelqu’un qui est complètement dans l’erreur. D’où viens-tu ? » J’ai répondu : « je fais partie du peuple de la maison d'Allah, je suis un polythéiste et un panégyriste ». Il a dit : « celui que tu recherches est apparu dans ton pays. Un prophète a été envoyé et son étoile s’est levée, mais il n’a pas encore ressenti quelque chose », Ô Mohammad ». Le Prophète a approché vers lui la table servie. Il a demandé : « qu’est-ce que c’est ? » Il a répondu : « un mouton que nous avons sacrifié sur un de ces autels ». Il a dit : « je ne mangerai rien qui a été sacrifié pour un autre que Dieu ».

    L’authenticité du récit est confirmée par al-Boukhâri (m. 870) qui a consigné dans son corpus la tradition suivante :
    ‘Abdullah a rapporté que le Messager d'Allah a rencontré Zayd bin ‘Amr bin Noufayl dans un endroit en-dessous de Baldah. Ceci se passa avant que la révélation ne descende sur le Messager d'Allah. Le Messager d'Allah lui a présenté une table servie sur laquelle il y avait de la viande. Il a refusé d’en manger, puis il a dit : « je ne mangerai pas ce que vous avez sacrifié sur vos autels, je ne mangerai rien sauf ce sur quoi le nom d'Allah a été prononcé ».

    Quelques savants, qui n’ont sans doute jamais eu connaissance du rapport d’al-Bazzâr, ont nié que le Prophète puisse avoir été un jour païen. Ceux-ci ont sorti des explications plus ou moins tarabiscotées contredisant clairement le sens apparent du hadith. Ibn Hajar al-‘Asqalâni (m. 1448) a répertorié les avis divergents dans son commentaire et y a greffé ses propres observations :
    Ibn Battâl a dit : « la table était servie par des qoraychites qui l’ont présentée au Prophète. Il a refusé d’en manger, puis le Prophète l’a présenté à Zayd bin ‘Amr mais il a refusé d’en manger, et il a dit en s’adressant aux qoraychites qui avaient servi la table en premier : je ne mangerai pas ce qui a été sacrifié sur vos autels ». Ce qu’il a dit est possible, toutefois, je ne sais pas d’où il tient cette affirmation (…).
    Al-Kattâbi a dit : « le Prophète ne mangeait pas ce qu’ils sacrifiaient aux idoles sur les autels, il mangeait de tout sauf cela. Ils ne mentionnaient pas le nom d'Allah sur l’offrande, car la loi n’avait pas encore été révélée. La législation interdisant de manger ce sur quoi n’a pas été mentionné le nom d'Allah n’a été révélée que longtemps après la mission » (…). Al-Kattâbi a ajouté : « et il a été dit : l’interdiction de cette chose n’avait pas été révélée au Prophète ». Je dis : c’est envisageable, puisque c’était avant la mission. (…)
    Ad-Dâwoudi a dit : « avant la mission, le Prophète se tenait à l’écart des coutumes païennes bien qu’il ne savait pas quelles étaient les prescriptions relatives aux sacrifices. Zayd le savait grâce aux gens du livre qu’il avait rencontrés ».
    As-Souhayli a dit : « le Prophète a d’abord appris cette vertu de Zayd grâce à sa réponse, dans le hadith, qu’il n’en mangerait pas (…) ».

    Outre cela, le Coran fait lui-même état du paganisme de Mahomet, ainsi nous lisons dans la sourate ach-Choura : « tu n’avais aucune connaissance du Livre ni de la foi » (42.52), et dans la sourate ad-Douha : « ne t’a-t-Il pas trouvé égaré ? Alors Il t’a guidé » (93.7). La grande majorité des rituels islamiques ne sont en réalité que la continuation de cérémonials païens pratiqués par Mahomet dans sa jeunesse. Les rites des idolâtres ont fortement imprégné le dogme musulman, et de toute évidence, le fondateur de la nouvelle religion était auparavant un païen jusqu’à la découverte du monothéisme.
    Lorsque le Prophète a commencé à prêcher l’islam, les mecquois n’ont pas vu d’un très bon œil cette nouvelle doctrine. Humiliation, persécution, et parfois même torture, étaient le quotidien des adeptes de la secte naissante. Les musulmans jouaient parfois la provocation et blasphémaient contre les dieux des idolâtres : « suce le clitoris d’al-Lât ! », avait l’habitude de dire Abou Bakr. Mahomet était devenu un paria et cela l’affligeait grandement. Un jour, on vient lui dire : 

    « Ô Mohammad ! Viens, pour que nous adorions ce que tu adores, et que tu adores ce que nous adorons. Nous et toi serons unis dans cette affaire. Si celui que tu adores est mieux que ce que nous adorons, nous prendrons une part de lui, et si ce que nous adorons est mieux que ce que tu adores, tu y prendras une part ». Allah a fait descendre à leur sujet : « dis : Ô vous infidèles ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. À vous votre religion, et à moi ma religion » (109.1-6).

    Bien que le Prophète ait dans un premier temps décliné la proposition des qoraychites, l’idée lui a manifestement trotté dans la tête pendant un petit moment, en effet, « le Messager de Dieu était attaché au bien-être de son peuple, remarque Tabari, et il souhaitait se rapprocher d’eux d’une façon ou d’une autre. On a dit qu’il cherchait un moyen pour se rapprocher d’eux ». C’est alors qu’il décida de revenir sur ses propos et d’accepter l’offre de ses concitoyens. Ce revirement est à l’origine de ce qu’on appellera plus tard les « versets sataniques », car le diable sera accusé à la place de Mahomet.

    Ibn Hamîd nous a rapportés : Salama nous a rapportés : Mohammed bin Ishâq m’a rapporté d’après Yazîd bin Ziyâd al-Madani que Mohammed bin Ka’b al-Qorazi a dit :

    Quand le Messager de Dieu a vu son peuple se détourner de lui, il fut attristé de les voir rejeter ce qu’il était venu leur apporter d'Allah. Il souhaitait en lui-même que quelque chose vienne d'Allah afin de se rapprocher de son peuple. Avec son amour pour son peuple et son attachement à leur bien-être, il serait heureux si certaines difficultés qu’il subissait venaient à disparaître. Il parlait de cela en lui-même et désirait une issue.

    Et Allah a fait descendre : « par l’étoile à son déclin ! Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur, et il ne prononce rien par désir » (53.1-3). Quand il est arrivé à ses mots : « avez-vous considéré al-Lât et al-‘Ozzâ, ainsi que Manât, cette troisième autre ? » (53.19-20), Satan a jeté sur sa langue, comme il parlait en lui-même et voulait que son peuple vienne à lui : « ces gharânîq sont prééminentes, et leur intercession est fortement espérée ».

    Quand les Qoraychites ont entendu cela, ils se sont réjouis. Ils étaient heureux et ont aimé la façon dont il a parlé de leurs dieux et ils l’écoutèrent, tandis que les croyants avaient confiance en leur prophète dans ce qu’il leur avait apporté venant de leur Seigneur et ne lui avaient reproché aucune faute ni chimère ni erreur. Quand il est arrivé à la prosternation, après avoir fini la sourate, il s’est prosterné et les musulmans se sont prosternés avec leur prophète et croyaient en ce qu’il avait apporté et suivaient son exemple. Les païens qoraychites et d’autres présents dans la mosquée se sont également prosternés quand ils ont entendu la mention de leurs dieux. Il n’y avait personne dans la mosquée, croyant ou mécréant, qui ne s’était pas prosterné, excepté al-Walîd bin al-Moughîra, qui était un très vieil homme et ne pouvait pas se prosterner, mais il a pris une poignée de terre dans sa main et s’est incliné sur elle.

    Ensuite, les gens se sont dispersés de la mosquée. Les Qoraychites sont partis et ils avaient le cœur joyeux parce qu’ils avaient entendu la mention de leurs dieux, ils disaient : « Mohammad a parlé de nos dieux de la meilleure des façons en affirmant dans sa récitation que les gharânîq sont prééminents et leur intercession fortement espérée ».

    Les compagnons du Messager d'Allah qui était en Éthiopie ont eu vent de la prosternation. On a dit : « les Qoraychites se sont convertis à l’islam ! » Certains hommes se sont levés et d’autres sont restés. Djibril est venu trouver le Messager d'Allah, il a dit : « Ô Mohammad, qu’as-tu fait ? Tu as récité aux gens ce que je ne t’ai pas apporté venant d'Allah et tu as dit ce qui ne t’a pas été dit ». Le Messager d'Allah en était peiné et cela l’attristait profondément. Il craignait beaucoup Allah. Allah a fait une révélation, car il lui était clément, afin de le réconforter et d’alléger son fardeau. Il lui a informé qu’il n’y a jamais eu avant lui de prophète ou de messager qui n’a désiré ce qu’il désirait et souhaité ce qu’il souhaitait, sans que Satan ne jette son souhait, comme il a jeté sur sa langue. Allah a abrogé ce que Satan a jeté et renforcé ses versets, c’est-à-dire, tu es comme certains prophètes et messagers. Dieu a révélé : « Nous n’avons envoyé, avant toi, ni Messager ni prophète qui n’ait émis un souhait sans que le Diable ne jette dans son souhait. Allah abroge ce que le Diable jette, et Allah renforce ses versets. Allah est omniscient et sage » (22.52). Allah a ôté le chagrin de son Prophète et l’a rassuré à propos de ce dont il craignait. Il a abrogé la mention de leurs dieux que Satan a jeté sur sa langue : les gharânîq sont prééminents et leur intercession fortement espérée.

    Allah a dit après « al-Lât et al-‘Ozzâ, ainsi que Manât, cette troisième autre ? » : « avez-vous le mâle et Lui la femelle ? Cela, alors, serait un partage inique ! », c’est-à-dire, faussé, « ce ne sont que des noms dont vous les avez nommées, vous et vos pères » (53.21-23), jusqu’à sa parole : « en faveur de qui Il veut et qu’Il agrée » (53.26).

    C’est-à-dire : comment l’intercession de leurs dieux peut-elle être profitable auprès de Lui ? Quand Allah a fait venir ce qui a abrogé ce que Satan a jeté sur la langue de son Prophète, les Qoraychites ont dit : « Mohammad s’est repenti sur ce qu’il a dit à propos de la position de nos dieux par rapport à Allah et il apporté autre chose ». Ces deux phrases que Satan a jetées sur la langue du Messager d'Allah étaient dans la bouche de tous les païens. Ils lui faisaient encore plus de tort et étaient violents envers les convertis qui suivaient le Messager d'Allah. Les compagnons du Messager d'Allah qui ont quitté l’Éthiopie, quand ils ont entendu que les mecquois avaient accepté l’islam en se prosternant avec le Messager d'Allah, approchaient. Quand ils furent arrivés près de La Mecque, on leur a dit que la nouvelle de la conversion des mecquois à l’islam était infondée. Aucun d’entre eux n’est entré sans protection ou alors en secret. Parmi ceux qui sont rentrés à La Mecque et y sont restés jusqu’à l’émigration à Médine et étaient présents avec lui à Badr, il y avait parmi les Bani ‘Abd Chams bin ‘Abd Manâf bin Qousayy : ‘Othmân bin ‘Affân bin Abi al-‘Âs bin Omayya, accompagné de sa femme Rouqayya, la fille du Messager d'Allah, et Abou Houdhayfa bin ‘Otba bin Rabî’a bin ‘Abd Chams, accompagné de sa femme Sahla bint Souhayl. Eux et d’autres étaient au nombre de trente-trois personnes.

    Al-Qâsim bin al-Hassan m’a rapporté : al-Hussein bin Dâwoud nous a rapportés : Hajjâj nous a rapportés d’après Abi Ma’char que Mohammed bin Ka’b al-Qorazi et Mohammed bin Qays ont dit :

    Le Messager d'Allah était assis dans une assemblée de qoraychites, il y avait beaucoup de gens de son peuple. Il souhaitait ce jour-là qu'Allah ne lui apporte pas quelque chose qui les ferait s’éloigner de lui. Allah lui a révélé : « par l’étoile à son déclin ! Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur » (53.1-2). Le Messager d'Allah l’a récité jusqu’à ce qu’il arrive à : « avez-vous considéré al-Lât et al-‘Ozzâ, ainsi que Manât, cette troisième autre ? » (53.19-20). Satan a jeté sur lui deux phrases : « ces gharânîq sont prééminentes, et leur intercession est fortement espérée ». Il leur a parlé ainsi et a continué de réciter la sourate. Il s’est prosterné à la fin de la sourate et tous les gens avec lui se sont prosternés.

    Al-Walîd bin al-Moughîra a levé de la poussière jusqu’à son front et il s’est incliné sur elle. C’était un très vieil homme et il n’était pas capable de se prosterner. Ils étaient satisfaits par ce qu’il avait prononcé. Ils ont dit : « nous reconnaissons que c’est Allah qui donne la vie et la mort. C’est lui qui a créé et qui donne la subsistance, mais si nos dieux intercèdent pour nous auprès de Lui et si tu leur donnes une part, alors nous sommes avec toi ! » Ce soir-là, Djibril est venu le trouver. Il a révisé avec lui la sourate. Quand il est arrivé aux deux phrases que Satan a jeté sur lui, il a dit : « je ne t’ai pas apporté ces deux-là ! »

    Le Messager d'Allah a dit : « j’ai inventé des choses sur Allah et j’ai dit des choses sur Allah qu’il n’a pas dites ! » Allah lui a révélé : « ils ont failli te détourner de ce que Nous t’avions révélé, pour que tu forges quelqu’autre chose contre Nous », jusqu’à sa parole « et ensuite tu n’aurais pas trouvé de secoureur contre Nous » (17.73-75). Il était troublé et inquiet jusqu’à ce que descende : « Nous n’avons envoyé, avant toi, ni Messager ni prophète » jusqu’à sa parole « Allah est omniscient et sage » (22.52). Quand ceux qui avaient émigré en Éthiopie ont entendu que les mecquois s’étaient tous convertis à l’islam, ils sont retournés vers leurs familles, ils ont dit : « ils nous aiment », mais ils ont découvert que le peuple avait changé d’avis quand Dieu a abrogé ce que Satan a jeté.

    Cet évènement se déroula en l’an 4 de la mission, au mois de ramadan, selon l’historien al-Wâqidi, et ceux qui avaient émigré en Afrique sont rentrés chez eux presque un an plus tard.

    Gharânîq est le pluriel de ghournouq ou ghirnîq qui signifie « grue » (l’animal). Dans ce contexte, le terme renvoie aux trois idoles. Le verset 22.52 est la plupart du temps traduit de cette façon : « Nous n’avons envoyé avant toi ni messager ni prophète qui n’ait récité sans que le Diable n’ait essayé d’intervenir dans sa récitation » (Hamidullah), seulement, cette traduction est erronée et se base sur une mauvaise interprétation des commentateurs du Coran : « la majorité des exégètes a dit : le sens de sa parole « tamanna » est de réciter le livre d'Allah ; « Satan a jeté dans oumniyyatihi », c’est-à-dire, dans sa récitation ».

    Or, tamanna et oumniyya signifient respectivement, d’après le dictionnaire : « aimer que, souhaiter que, faire le vœu de » et « désir, souhait, vœu ». Blachère a tenté une traduction en ce sens : « avant toi, Nous n’avons envoyé nul Apôtre et nul Prophète, sans que le Démon jetât [l’impureté (?)] dans leur souhait, quand ils [le] formulaient ».

    Les paroles attribuées à Satan ont bel et bien une origine humaine. Ibn al-Kalbi a noté que « les Qoraychites circumambulaient autour de la Ka’ba et disaient : « par al-Lât, al-‘Ozza, et Manât, cette troisième autre ! Ce sont des gharânîq prééminentes, et leur intercession est fortement espérée ». Ils disaient que celles-ci étaient les filles d’Allah et qu’elles intercédaient auprès de lui ».

    Et avant que ne sortent ces mots de la bouche de Mahomet, la tradition rapporte plusieurs autres incidents où le Prophète était à deux doigts de céder aux exigences des polythéistes, ceci mena à la révélation du verset : « ils ont failli te détourner de ce que Nous t’avions révélé, pour que tu forges quelqu’autre chose contre Nous » (17.73).

    ‘Atâ’ a rapporté qu’Ibn ‘Abbâs a dit : ceci fut révélé à propos de la délégation de Taqîf. Ils sont allés trouver le Messager d'Allah et ils ont posé des questions outrancières. Ils ont dit : « laisse-nous jouir d’al-Lât pendant une année, et déclare sacrée notre vallée comme La Mecque est sacrée : ses arbres, ses oiseaux, et sa faune ». Ils ont insisté mais le Messager d'Allah ne leur a pas répondu et a refusé toutes leurs demandes. Ils ont dit : « nous voulons que les Arabes sachent que nous sommes favorisés par rapport à eux. Si tu n’aimes pas ce que nous disons, et que tu crains que les Arabes ne disent : « tu leur as donné ce que tu ne nous as pas donné », dis-leur : Allah m’a ordonné cela ». Le Messager d'Allah ne leur a pas répondu alors qu’ils le désiraient fortement. ‘Omar leur a crié : « ne voyez-vous pas que le Messager d'Allah ne vous répond pas parce qu’il déteste ce pourquoi vous êtes venus ? » Le Messager d'Allah allait leur accorder cela et Allah a fait descendre ce verset.

    Sa’ïd bin Joubayr a dit : les païens ont dit au Prophète : « nous ne te laisserons pas tranquille tant que tu ne te seras pas rapprocher de nos dieux, même si c’est avec le bout de tes doigts ! » Le Prophète a répondu : « que m’arrivera-t-il ? Allah sait que je déteste cela ! » Allah a fait descendre ce verset : « ils ont failli te détourner de ce que Nous t’avions révélé » jusqu’à sa parole « de secoureur » (17.73-75).

    Qatâda a dit : on nous a rapportés qu’une nuit les Qoraychites sont allés voir le Messager d'Allah, leur rencontre a duré jusqu’à l’aube. Ils lui ont parlé. Ils l’ont honoré et se sont rapprochés de lui. Ils ont dit : « tu as apporté quelque chose que personne avant n’avait apporté, tu es notre seigneur et le fils de notre seigneur ». Ils ont continué jusqu’à ce qu’il soit presque d’accord avec certaines choses qu’ils souhaitaient. Mais Allah l’a protégé contre cela et Allah a révélé ce verset.

    Cela démontre que Mahomet n’était pas fermement convaincu par le monothéisme et qu’il était encore très attaché à ses racines païennes. Ses doutes sur la véritable voie à suivre ont inévitablement ressurgi dans le Coran, on peut y lire : « et si tu es en doute sur ce que Nous avons fait descendre vers toi, interroge alors ceux qui lisent le Livre avant toi. La vérité certes t’est venue de ton Seigneur, ne sois donc point de ceux qui doutent. Et ne sois point de ceux qui traitent de mensonge les versets d’Allah. Tu serais alors du nombre des perdants » (10.94-95).


    Comment un homme qui prétend voir régulièrement un ange de Dieu pourrait-il tergiverser sur ce qui lui est révélé ? Mahomet était un imposteur qui a utilisé à des fins personnelles les balivernes du vieil homme sénile rencontré par Zayd ibn ’Amr et s’est fait passer pour le prophète en question.

    Authentification du récit
    Une minorité de savants a affaibli l’histoire des versets sataniques, néanmoins, aucun d’entre eux ne l’a intégralement rejetée, pour la simple et bonne raison qu’il n’existe pas d’autre cause de révélation pour le verset 22.52. Comme nous le verrons ci-après, le fait d’abaisser le degré de recevabilité du hadith est une porte ouverte à la réinterprétation.



    Parmi ceux qui l’ont affaibli, l’exégète ar-Râzi (m. 1210) a signalé que « l’imam Abou Bakr Ahmed bin al-Hussein al-Bayhaqi a dit que cette histoire n’a pas été transmise d’une manière fiable », al-Qortobi a considéré que « les hadiths rapportés à propos de la révélation de ce verset n’ont rien de vrai », et Abou Bakr Ibn al-‘Arabi (m. 1148) a rejoint l’opinion du cadi ‘Iyâd (m. 1149) qui a déclaré :

    Ce hadith n’a été rapporté ni par une personne véridique ni par une personne digne de confiance par une bonne chaîne de transmission ininterrompue. Ceux qui y portent de l’intérêt sont le genre de commentateurs ou d’historiens intéressés par tous récits étranges, ils ont compilé et couché sur papier tout ce qui est authentique ou faible.

    Ibn Kathir (m. 1373) est, lui, plus sceptique : « les voies sont toutes moursal, dit-il, et je ne pense pas que l’une d’elles soit authentique. Allah seul le sait ». « Moursal », dans la terminologie du hadith, signifie que la chaîne de transmission s’arrête au tabi’ et que le nom d’un compagnon est manquant en bout de chaîne (les mouhaddithin sont divisés concernant l’acceptabilité du moursal). Le juriste chaféite se trompe ici, car il existe bien un isnâd sahih remontant jusqu’à Sa’ïd bin Joubayr (m. 714). Ce dernier apprenait d’Abdullah bin ‘Abbâs (m. 687) qui avait connu le Prophète. Jalâl ad-Din as-Souyouti (m. 1505) a authentifié ce moursal dans son tafsir, et il a également inséré une tradition, avec « une chaîne de transmission dont les hommes sont dignes de confiance », citant Ibn ‘Abbâs par la voie d’Ibn Joubayr. C’est suffisant pour réfuter les arguments de nos précédents savants. Il existe, qui plus est, deux autres moursal sains. Ibn Hajar, le maître incontesté dans la science du hadith, y a fait référence et condamne l’ignorance des oulémas susmentionnés dans cette affaire :

    Toutes les voies sont ou faibles ou discontinues sauf celle de Sa’ïd bin Joubayr, toutefois, les nombreuses voies indiquent que l’histoire a une origine, et il y a en plus deux autres voies moursal dont les hommes répondent aux conditions des deux Sahih. La première des deux a été rapportée par Tabari par la voie de Younous bin Yazîd d’après Ibn Chihâb : Abou Bakr bin ‘Abd ar-Rahman bin al-Hârith bin Hichâm m’a rapporté, etc… Et la seconde qui a été rapporté par la voie d’al-Mou’tamir bin Soulaymân et Hammâd bin Salama d’après Dâwoud bin Abi Hind d’après Abi al-‘Âliyya. Comme à son habitude, Abou Bakr Ibn al-‘Arabi a osé dire que Tabari a mentionné de nombreux faux rapports sans aucun fondement. C’est aussi l’avis d’Iyâd : « ce hadith n’a pas été rapporté par une personne véridique ou de confiance ni par une bonne de chaîne de transmission ininterrompue (…) ». Si les voies sont nombreuses et variées, cela indique que le rapport a une origine. Comme je l’ai dit, il y a trois chaînes de transmission dont certaines remplissent les conditions des deux Sahih bien qu’elles soient moursal. Ceci constitue une preuve aussi bien pour ceux qui considèrent le moursal comme argument concluant comme pour ceux qui le nient, à cause de la fortification mutuelle des chaînes.

    As-Souyouti partage l’analyse d’Ibn Hajar. Al-Boukhâri appuie d’autant plus le compte rendu des historiens étant donné que le récit de la prosternation collective figure dans son recueil : « le Prophète s’est prosterné à la sourate de l’étoile. Les musulmans, les païens, les djinns, et les hommes se sont prosternés avec lui » ; « ceux qui étaient avec lui se sont prosternés sauf un vieil homme qui a pris une poignée de pierres ou de terre et l’a levée jusqu’à son front et a dit : « ceci est assez pour moi ». Après cela, je l’ai vu être tué en tant que mécréant ». Le vieil homme aurait été tué à la bataille de Badr d’après un rapport d’Abou Dâwoud at-Tayâlisi (m. 819), on dit que c’était al-Walîd bin al-Moughîra ou Abou Ohayha Sa’ïd bin al-‘Âs, ou bien Omayya bin Khalaf. Tabarâni a de surcroît relevé un hadith selon lequel les juifs et les nazaréens se sont aussi prosternés avec les païens et les musulmans ! Tous ces éléments démontrent sans conteste l’authenticité de l’incident des versets sataniques et il serait bien malhonnête d’affirmer le contraire. Ceux qui la nient ne se basent sur aucune preuve tangible.

    Réinterprétation
    Malgré qu’Ibn Hajar ait authentifié le récit, celui-ci n’accepte pas l’histoire telle quelle : « le sens littéral n’est pas possible ici, car il est impossible pour lui (le Prophète) d’ajouter intentionnellement ou par inadvertance quelque chose qui ne fasse pas partie du Coran ». L’association de divinités avec Allah a de quoi faire vaciller la foi du plus fervent des croyants, si bien qu’on a imaginé toutes sortes d’interprétations afin d’innocenter Mahomet. Il a été dit : « le Prophète récitait le Coran et le Satan attendait qu’il fasse une pause. Il a prononcé ces mots avec le même timbre de voix et ceux qui étaient près du Prophète ont entendu cela et ont cru que ces mots étaient de lui ». C’est l’avis d’Ibn al-‘Arabi. Certains ont prétendu, comme l’a rapporté l’imam Abou Bakr al-Jassâs (m. 980), que les versets ont été récités par un polythéiste ou un djinn :

    Il y a eu des désaccords concernant le sens de « le Satan a jeté ». On a dit : lorsque le Prophète a récité cette sourate et qu’il y a mentionné les idoles, les mécréants savaient qu’il les invectiverait, alors l’un d’eux a dit quand le Prophète est arrivé à avez-vous considéré al-Lât et al-‘Ozza : « ces gharânîq sont prééminentes », et ce fut en présence d’un grand nombre de qoraychites dans la mosquée sacrée. Les autres mécréants qui étaient éloignés de lui ont dit : « Mohammad a loué nos dieux ! » Et ils ont pensé que cela faisait partie de sa récitation. Ensuite, Dieu a infirmé leurs dires et montré que le Prophète n’a pas récité ceci, mais c’était la récitation d’un païen. Il a appelé « Satan » celui qui a jeté cela dans la récitation du Prophète, car c’est un démon parmi les hommes comme Il a dit : « des diables d’entre les hommes et les djinns » (6.112). Satan est le nom de tout rebelle parmi les djinns et les hommes. Et on a dit qu’il était possible que ce soit un satan parmi les djinns démons.

    Chacune de ces hypothèses est infondée et nul hadith ne peut les soutenir. Elles sont en réalité le fruit d’une réinterprétation tardive de théologiens du Xe siècle, attendu que les premières générations de musulmans ont littéralement cru à cette histoire, à savoir que c’est le Prophète en personne qui a prononcé ces deux versets. Ibn Taymiyya (m. 1328) a confirmé ce fait dans Minhâj as-Sunna : « quant à ce qui s’est passé pendant la sourate de l’étoile à propos de sa parole : « ces gharânîq sont prééminentes, et leur intercession est fortement espérée », il est connu que, d’après les salafs et leurs successeurs, ceci était sur sa langue, ensuite Dieu l’a abrogé et infirmé ».

    En plus d’Ibn ‘Abbâs, on trouve, entre autres, parmi les exégèses, les commentaires de son esclave affranchi ‘Ikrima (m. ~723), de son élève as-Souddi (m. 745), ainsi que ceux d’Abou-l-‘Âliyya (m. 712), Mouqâtil ibn Jabr (m. 722), et ad-Dahâk (m. 720), le disciple d’Abdullah Ibn ‘Omar (m. 693), qui ont tous assuré que ces mots étaient sortis de la bouche de Mahomet. Et Qatâda (m. 734) a pareillement stipulé : « le Prophète somnolait et ceci a couru sur sa langue par la prononciation du Satan sans en être informé ». C’est, par ailleurs, le point de vue de la plupart des savants de l’islam. Le moufassir al-Baghawi (m. 1122) a indiqué que « la majorité a dit : cela a couru sur sa langue d’une manière inattentionnée par la prononciation du Satan et Allah n’a pas tardé à le prévenir ». Il n’y a par conséquent pas matière à débat ici. Si les disciples des compagnons ont tous affirmé en cœur la même chose, cela veut dire que la version originale de l’histoire est établie avec certitude.

    Point de vue chiite
    Les théologiens de l’autre grand courant de la religion musulmane ont également mentionné l’épisode des versets sataniques dans leurs travaux en alléguant que c’est le peuple qui colporte cette histoire. La tradition chiite ne semble pas l’avoir référencé, et pour les mollahs comme Mohammed Baqir al-Majlisi (m. 1689), cela relèverait presque du blasphème :

    Le hadith des gharânîq que le peuple rapporte est une thèse qui n’a aucun fondement. Il est étonnant que les oulémas parmi les gens de la sunna (ahl as-sunna) aient rapporté cela dans leurs livres et humilient ainsi gravement le Messager, le purifié, et outragent sa sainteté. Comment est-il possible pour un musulman, qui croit en Allah et qui connaît son Messager et sa sincérité, de prononcer de telles paroles contre le Prophète qui ne prononce rien d’autre que la révélation et ne fait que ce qui satisfait le Seigneur ?

    Il existe un hadith chiite permettant d’élucider le verset 22.52, toutefois, l’explication est difficile à croire et on ne peut que soupçonner une fabrication à la hâte :
    Abi ‘Abdullah a rapporté : le Messager était dans le besoin. Il est allé voir un homme des Ansârs et lui a dit : « as-tu quelque chose à manger ? » Il a répondu : « oui, Ô Messager d'Allah ! » Il a abattu un mouton et l’a fait cuir. Quand il s’est approché de lui, le Messager d'Allah a souhaité qu’Ali, Fatima, al-Hassan, et al-Hussein soient avec lui. Deux hypocrites sont arrivés, ensuite ‘Ali est arrivé après eux. Allah a fait descendre concernant cela : « Nous n’avons envoyé avant toi ni Messager ni prophète ni mouhaddath qui n’ait émis un désir sans que Satan ne jette dans son désir. Allah abroge ce que Satan jette », c’est-à-dire, quand ‘Ali est venu après eux. « Puis Allah renforce ses versets », c’est-à-dire que le commandant des croyants est venu prêter assistance.

    « Ni mouhaddath » n’apparaît pas dans le Coran actuel. Le verset a subi une modification, à l’instar de beaucoup d’autres, vu que l’on constate que la tradition sunnite a aussi conservé cette variante : « Ibn ‘Atiyya a dit : on a rapporté qu’Ibn ‘Abbâs récitait : « Nous n’avons envoyé, avant toi, ni Messager ni prophète[size=130] [/size]
    ni mouhaddath ». Le mouhaddath est « celui qui reçoit la révélation dans son sommeil, en a déduit l’imam Abou Bakr al-‘Anbâri (m. 940), car les rêves des prophètes sont inspirés ». La tradition chiite est particulièrement intéressante à cause d’éléments tel que celui-ci qui permettent de dénombrer les multiples retouches apportées au Coran.
     
    Les versets sataniques sont la démonstration de l’errance spirituelle de Mahomet, tiraillé entre la foi de ses pères et le monothéisme prêché par des étrangers. Il n’a jamais pu décrocher de son addiction aux bétyles puisqu’il a continué d’embrasser et de saluer la pierre noire de la Ka’ba jusqu’à son dernier souffle. L’islam est, en fait, une religion monothéiste sur la forme et païenne sur le fond.
     
     
     
    1 Sahih al-Boukhâri [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    2 Kitâb al-‘Asnâm, Hichâm Ibn al-Kalbi, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Kotob al-Misriyya, 2000
    3Ibid[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    4 Al-Bahr al-Zakhâr, Abou Bakr al-Bazzâr, volume 4, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Maktabat al-‘Ouloum wa-l-Houkm, 1988-2009
    5 Sahih al-Boukhâri [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    6 Fath al-Bâri Charh Sahih al-Boukhâri, Ibn Hajar al-‘Asqalâni, volume 7, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Ma’rifa, 1379
    7 Sahih al-Boukhâri [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    8 As-Sira an-Nabawiyya, Ibn Hichâm, volume 1, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Mou'assassa ‘Ouloum al-Qor’ân
    9 Târîkh ar-Rousoul wa-l-Moulouk, Mohammed Ibn Jarîr at-Tabari, volume 2, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr at-Tourâth, 1387
    10 Ibid[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    11 At-Tabaqât al-Kobra, Mohammed Ibn Sa’d, volume 1, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr as-Sâder, 1968
    12 Ma’âlim at-Tanzîl fi Tafsir al-Qor’ân, Abou Mohammed al-Baghawi, volume 3, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], sourate 22 verset 52, Dâr Ihyâ’ at-Tourâth al-‘Arabi, 1420
    13 Kitâb al-‘Asnâm, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    14 Asbâb an-Nouzoul, ‘Ali bin Ahmed al-Wâhidi an-Naysâbouri, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Kotob al-‘Ilmiyya, 1411
    15 At-Tafsir al-Kabir, Fakhr ad-Din al-Râzi, volume 23, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], sourate 22 verset 52, Dâr Ihyâ’ at-Tourâth al-‘Arabi, 1420
    16 Al-Jâmi’ li-Ahkâm al-Qor’ân, Mohammed bin Ahmed al-‘Ansâri al-Qortobi, volume 12, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], sourate 22 verset 52, Dâr al-Fiker
    17 Kitâb ach-Chifâ’ bi-Ta’rîf Houqouq al-Moustapha, ‘Iyâd bin Moussa bin al-Yahsoubi, volume 2, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Fiker, 2002
    18 Tafsir al-Qor’ân al-‘Azîm, Ismâ’il Ibn Kathir, volume 5, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], sourate 22 verset 52, Dâr Tayba, 2002
    19 Ad-Dourr al-Manthour fi-t-Tafsir bi-l-Mâ’thour, Jalâl ad-Din as-Souyouti, volume 6, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Fiker
    20 Fath al-Bâri Charh Sahih al-Boukhâri, volume 8, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    21 Loubâb an-Nouqoul fi Asbâb an-Nouzoul, Jalâl ad-Din as-Souyouti, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Kotob al-‘Ilmiyya
    22 Sahih al-Boukhâri [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    23 Mosnad Abi Dâwoud at-Tayâlisi, Abou Dâwoud Soulaymân bin Dâwoud bin al-Jâroud at-Tayâlisi, volume 1, p.228, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Hijr, 1999
    24 Al-Mou’jam al-Kabir, Abou-l-Qâsim at-Tabarâni, volume 11, p.318, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr Ibn Taymiyya
    25 Fath al-Bâri Charh Sahih al-Boukhâri, volume 8, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    26 Ibid[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    27 Ahkâm al-Qor’ân, Abou Bakr Ibn al-‘Arabi, volume 3, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr al-Kotob al-‘Ilmiyya, 2003
    28 Ahkâm al-Qor’ân, Abou Bakr al-Jassâs, volume 5, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr Ihyâ’ at-Tourâth al-‘Arabi, 1405
    29 Minhâj as-Sunnat an-Nabawiyya fi Naqd Kalâm ach-Chi’a al-Qadariyya, Taqi ad-Dîn Ibn Taymiyya, volume 2, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Maktaba Ibn Taymiyya, 1986
    30 Ma’âlim at-Tanzîl fi Tafsir al-Qor’ân, volume 3, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    31 Ibid[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    32 Bihâr al-‘Anwâr, Mohammed Baqir al-Majlisi, volume 17, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Dâr Ihyâ’ at-Tourâth al-‘Arabi, 1983
    33 Tafsir al-Qoummi, ‘Ali bin Ibrâhîm al-Qoummi, volume 2, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Maktabat al-Houda, 1387. Les deux hypocrites sont Abou Bakr et ‘Omar d’après le récit recensé par al-Majlisi, cf. Bihâr al-‘Anwâr, volume 31, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
    34 Al-Jâmi’ li-Ahkâm al-Qor’ân, volume 12, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

    35 Ibid[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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