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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Peut-on être bouddhiste et chrétien

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    Message  Arlitto Dim 8 Nov 2020 - 14:31

    Peut-on être bouddhiste et chrétien

    Peut-on être bouddhiste et chrétien  Bym0 Peut-on être bouddhiste et chrétien ? par Michele Michael

    Peut-on être bouddhiste et chrétien  Syjt

    Notre époque nous permet d'entrer en contact avec toutes les traditions spirituelles de la planète d’une manière qui était impensable autrefois. Rencontres, échanges, colloques, traductions de textes d’autres cultures, d’autres horizons, tout cela mène à s’interroger sur la possibilité de fusionner des aspects de plusieurs religions et ainsi se demande-t-on parfois : ne peut-on pas être chrétien et bouddhiste ?

    A cette question certains ont répondu avec force par l’affirmative, et d’autres, tout aussi catégoriques, par la négative. Peut-être est-il d’abord nécessaire de préciser ce que recouvrent ces mots : être chrétien et être bouddhiste ?

    Est-on chrétien parce qu’on est né chrétien comme d’autres ont respiré le bouddhisme ? On célèbre des fêtes religieuses, on assiste à quelques rituels. Le bouddhisme étant à la mode — « restez zen » —, pourquoi ne pas essayer de pratiquer un peu de méditation de temps à autre, d'assister à une conférence pour y entendre quelques généralités ? L’implication personnelle dans la religion dans laquelle on est né étant faible, les occasions de conflits internes sont tout aussi faibles, et l’on peut passer de l’un à l’autre sans problèmes.

    Si, par contre, on vit son christianisme de façon beaucoup plus profonde, en adhérant aux dogmes enseignés par l’Eglise et en regardant les textes chétiens comme des vérités révélées, est-il possible de devenir bouddhiste ? Certainement pas sans conflits majeurs ni sans déchirements intérieurs.
    Que dit le credo catholique ?
    Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, 
    Créateur du ciel et de la terre.
    Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur; 
    qui a été conçu du Saint Esprit, 
    est né de la Vierge Marie, 
    a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, 
    est mort et a été enseveli, 
    est descendu aux enfers ; 
    le troisième jour est ressuscité des morts, 
    est monté aux cieux, 
    est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, 
    d'où il viendra juger les vivants et les morts. 
    Je crois en l'Esprit Saint, à la sainte Église catholique, 
    à la communion des saints, à la rémission des péchés, 
    à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. 

    Le bouddhisme est une voie expérimentale, le christianisme une voie de foi et de croyance. Peut-on être bouddhiste et croire que le Christ est le fils unique de Dieu et qu'il est né de la vierge Marie ? cela paraît difficile. Certes il est possible d’être chrétien et d’appliquer des techniques de méditation bouddhistes, mais c'est tout autre chose que d'entrer dans la vision bouddhiste du monde ; si ce n'est pas le cas peut-on se dire bouddhiste ?
    Comment être chrétien et bouddhiste si l'on refuse la réincarnation, si l'on regarde les êtres comme des "individus" autonomes et permanents ?
    C'est par le chemin des contemplatifs qu'il est possible de retrouver et de comprendre les pratiquants des autres religions, car ce n’est que par le chemin de l’intériorité que l’on peut se dégager des dogmes, de l’influence culturelle et historique des religions instituées.

    Or, la religion chrétienne s'est tragiquement éloignée de l'intériorité. L'Evangile selon Saint Luc contient un passage célèbre, considéré comme l'affirmation de la supériorité de la voie contemplative sur la voie active, qui dit ceci :
    "Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une soeur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit :"Seigneur, cela ne te fait rien que ma soeur me laisse servir toute seule ? dis-lui donc de m'aider." Mais le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ; pourtant, il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas otée." (10, 38-42).

    Malgré ces paroles du Christ, du fait que les mystiques ne ressentent pas le besoin de l'intercession de l'Eglise entre eux-mêmes et leur Dieu, celle-ci les a toujours regardé avec suspicion, elle les a même souvent persécutés avant de les canoniser, Jean de la Croix en étant un exemple emblématique.

    Des prêtres, des moines, attirés par l'intériorité de l'Orient, par ce qu'ils ressentaient profondément comme un manque dans leur propre tradition et comme un appel vers une spiritualité plus profonde, se sont lancés dans une quête du bouddhisme ou de l'hindouisme.

    Ainsi, le père Lassalle qui a été reconnu comme maitre dans la tradition du bouddhisme zen. Mais, était-il encore chrétien au sens que l'Eglise Catholique donne à ce mot ?

    Le père Le Saux, qui était moine bénédictin, découvrit l’hindouisme et la ferveur de ses dévots. Il a longuement écrit sur l'écartèlement douloureux qu'il subit pendant des années entre le monde chrétien d’un Dieu personnel et le monde hindou du Brahman Impersonnel de l’advaïta vedanta — qui est un autre nom pour la Nature-de-bouddha. Il parvint au terme d’une longue quête à une expérience d’illumination qui ne lui laissait aucun doute sur la nature sacrée du grand JE SUIS impersonnel qu’il avait connu en lui. Aussi l’intégration à laquelle il parvint vers la fin de sa vie laissait en route une bonne part du dogme chrétien.

    Si l’on regarde le Christ comme un Éveilleur et que l’on est touché par son message en ignorant les dogmes établis après sa mort en vue de répandre une doctrine de salut basé sur la simple croyance, alors on ne peut que retrouver la même vérité que celle qui est le but des autres religions, et l’on peut par conséquent être chrétien et bouddhiste.

    En effet lorsque le mystique connaît l’expérience intérieure, il se situe au delà de tout dogme. Angèle de Foligno confiait à son confesseur : "Quand je suis plongée en Dieu et que je le contemple, je ne me souviens plus de l'humanité de Jésus-Christ, ni de l'Incarnation, ni de quoi que ce soit qui ait une forme. Je vois tout, cependant, et je ne vois rien." .

    A ce moment-là, on peut se dire bouddhiste et chrétien, comme Gandhi qui disait qu’il était hindou, musulman, boudhiste et chrétien, comme Edouard Salim Michaël qui parle aussi bien de Dieu que de l’Infini ou de la Nature de bouddha en soi, et comme Thich Nat Han qui écrit : Bouddha vivant, Christ vivant.
     
    Michèle Michael a traduit le Dhammapada avec son mari Edouard Salim Michael dont elle a également publié une biographie.
    Source : Intuitions octobre 2002
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    Message  Arlitto Dim 8 Nov 2020 - 14:32

    Emission Sagesses Bouddhistes du 21 septembre 2008

    Etre bouddhiste et chrétien




    Peut-on être bouddhiste et chrétien  Py2z

    Invité : Eric Vinson
    Présentation : Aurélie Godefroy
     Réalisateur :
    Michel Baulez

    Peut-on être bouddhiste et chrétien  Ewgx

     


    EXTRAITS DE L'EMISSION
    Aurélie Godefroy : Eric Vinson, que j’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui, a un parcours original et très riche, puisqu’il pratique le bouddhisme tibétain et le christianisme  depuis son enfance. Cette double appartenance touche un nombre grandissant de personnes. Les passerelles sont de plus en plus assumées entre chrétiens et bouddhistes. Et c’est quelquefois même, comme nous allons le voir, une manière de revivifier sa tradition d’origine. Comment s’y retrouver lorsqu’on grandit au sein de deux traditions spirituelles différentes ? Est-ce que cela engendre des difficultés, voire des souffrances ?  Comment est-il possible de s’investir vraiment dans chacune des deux traditions ? Doit-on faire un choix ? Nous allons voir toutes ces questions avec notre invité.
    Eric Vinson, bonjour. Vous êtes bouddhiste. Vous avez pris refuge à l’âge de onze ans. Vous êtes un disciple de Lama *  et vous êtes également chrétien. Je précise que vous dirigez le magazine Prier dont vous êtes le rédacteur en chef et vous enseignez également le fait religieux à Sciences Po. Merci beaucoup d’être avec nous aujourd’hui. C’est vrai que vous êtes un cas rare, si l’on peut dire. Est-ce qu’on peut revenir sur ce parcours personnel et professionnel, qui est quand même très porté sur la spiritualité et ce, dès le départ ?
    Eric Vinson : Ma famille était un peu particulière, parce que la spiritualité et la question religieuse étaient vraiment au cœur de notre vie, à la fois quotidienne et en même temps dans nos débats. Une vie intellectuelle assez riche et qui prenait la forme d’un double enracinement, à la fois chrétien et bouddhiste. Chrétien principalement par ma mère, qui est d’origine Lozérienne, donc du Massif Central et mon père, qui est décédé aujourd’hui, qui était Réunionnais et qui avait déjà une ouverture sur l’Orient par son origine. Elevé dans le catholicisme, il s’est converti au bouddhisme tibétain à peu près au milieu des années 70, donc  parmi la première génération d’Occidentaux à faire ce chemin, et après avoir rencontré le seizième karmapa, Kalo Rimpoché et d’autres grands maîtres.
     Ce qui fait que j’ai reçu, avec ma sœur, cette éducation un peu bizarre, à la fois chrétienne la semaine, si l’on peut dire et bouddhiste le WE. La semaine, j’allais dans une école catholique et le WE, j’allais à * avec mon père.
    A.G. : Comment fait-on pour s’y retrouver, lorsqu’on est enfant, dans un cadre tel que celui- ci ?
    Eric Vinson : Lorsque vous êtes enfant, c’est assez évident parce que c’est la vie qui vous est  proposée. Les questions viennent plus tard, en grandissant et en se rendant compte qu’on n’est pas tout à fait comme les autres. 
     Ceci dit, quand je vous disais que j’étais dans une école catholique, j’avais déjà conscience, avant mes dix ans, d’être un peu différent, ce qui fait que je ne parlais pas trop de ma vie bouddhiste à mes camarades.
    Je crois aussi que ce qui m’a permis de m’y retrouver, c’est d’avoir été bien formé, d’avoir eu des parents qui m’ont bien expliqué les choses et d’avoir eu aussi des enseignants de bonne qualité, notamment les enseignants que je rencontrais à * , en particulier * qui présentait les choses de façon très simple et en prenant la peine de souligner les ponts, les points de rencontre entre les deux religions.
     Mon père a pas mal cherché lui-même dans ces années là, avant de trouver la voie. Il a donc fréquenté un peu tout ce qui se faisait dans les années 60-70 en la matière, jusqu’à ce qu’il rencontre Arnaud Desjardins et l’œuvre de René Guénon, qui est un maître des critères dans la quête spirituelle et qui a séparé le bon grain de l’ivraie, a trouvé des choses authentiques.
    A.G. : Une rencontre également très importante pour vous est celle de Kalo Rimpoché et vous le comparez à Saint François d’Assise ?
    Eric Vinson : C’est vrai que, spontanément, quand j’essaye de faire comprendre mon cheminement à des Occidentaux, je leur dis cela :
    « Quand vous avez rencontré Saint François d’Assise à l’âge de douze ans, vous ne pouvez pas l’oublier. Il vous marque à jamais et vous ne pouvez pas choisir. »
    Il est impossible de choisir pour moi, entre la vérité d’Orient et celle d’Occident.
     J’aime aussi citer Simone Weil, la philosophe, qui disait :
    « Chaque religion est la seule vraie. » Je ressens profondément cela.
     Et c’est vrai que des personnes comme Kalo Rimpoché nous faisaient voir cela de près, nous faisaient toucher cela par leur être même.
    A.G. : Vous avez pris refuge à l’âge de onze ans, vous avez même voulu devenir moine et faire la retraite de trois ans. Et là, vous êtes allé voir des maîtres qui vous ont dit non. Comment ça s’est passé ?
    Eric Vinson : Ayant rencontré ces maîtres dans ma jeunesse, je me suis beaucoup construit  sur leur modèle. Pour moi, c’était des modèles humains.
     En vieillissant, je me suis dit que c’était cela que je voulais faire, que je voulais être, en sachant que cela n’allait pas de soi. Ce n’est pas un choix facile, notamment par rapport à mes parents, même s’ils étaient très engagés dans tout cela. Mais de là à passer le pas et à se marginaliser un peu quand même, en arrêtant des études etc, ça n’était pas évident. Donc je suis allé prendre les initiations à *, dans le monastère de Kalo Rimpoché, en 95, dans le but de faire la retraite de trois ans, et là, j’ai rencontré Bokar Rimpoché et lui ai demandé ce qui était le mieux pour moi, sachant que mon but était d’aider les êtres.
     Le mieux est-il de faire la retraite maintenant ou de rester à l’extérieur pour travailler d’une autre façon ? Et il m’a dit de rester à l’extérieur. Donc c’est ce que j’ai fait.
    A.G. : Vous avez à peu près une vingtaine d’années, je crois, et vous revenez peu à peu vers le christianisme. Au départ, c’était quelque chose de sociologique ?
    Eric Vinson : Ce qui était sociologique, c’était que, lorsqu’on est français et qu’on veut se consacrer à la spiritualité, comme c’est mon cas, le christianisme s’impose d’une certaine façon.
    Dans le bouddhisme et même dans les autres voies, il y a très peu de possibilités de se consacrer en temps que laïc au quotidien, c'est-à-dire par un métier en fait, à la diffusion de la spiritualité, à sa connaissance, à sa transmission.
     Donc, assez naturellement à Sciences Po, j’étais étudiant et je me suis rapproché de ceux qui étaient actifs. Il n’y avait pas de bouddhiste à Sciences Po, en tous cas pas visibles. En revanche, il y avait une aumônerie catholique et comme pour moi, c’était une espèce de bilinguisme, je me sentais à l’aise dans les deux univers, très naturellement, je suis allé vers eux.
      Ce qui m’a rapproché spontanément de cet univers chrétien et qui m’a amené aussi à m’impliquer davantage, à faire des sessions, à créer avec des amis une association qui s’appelait « Jeunes chrétiens en politique », parce que l’intérêt pour la politique est quelque chose qui m’a toujours animé aussi.
      « Jeunes bouddhistes en politique », ça n’était pas possible !  Voilà comment je me suis rapproché du christianisme.
    A.G. : On a l’impression qu’au niveau du bouddhisme, ça n’était pas trop compliqué à gérer pour vous. Est-ce qu’on peut dire la même chose du christianisme ? Quel était le regard sur cette double appartenance ?
    Eric Vinson : Je dois dire que ce n’était pas facile d’en parler, donc j’en parlais peu quand j’étais dans une école chrétienne.
     Du côté bouddhiste, ayant des enseignants pour qui cela ne posait pas problème, il n’y avait pas ce sentiment de devoir être prudent. C’est un fait que dans le cadre chrétien, ce type de position n’est pas facilement compréhensible et pose beaucoup de questions. C’est important d’avoir le temps d’expliquer. C’est ce que j’essaye de faire aujourd’hui, mais quand on n’est pas sûr d’avoir ce temps là, il vaut mieux ne pas en parler parfois.
    A.G. : Vous venez de parler d’une des difficultés d’être à la fois chrétien et bouddhiste. Est-ce qu’il y en a d’autres ? Est-ce qu’il y a même une certaine souffrance ?
    Eric Vinson : Chaque cas est particulier car cela rejoint la question du chemin personnel, du chemin spirituel et psychologique aussi, de l’articulation entre l’identité psychologique, l’identité sociale, c’est une question extrêmement complexe, personnelle et intime.
     Oui, il y a des moments un peu difficiles, car ce n’est pas simple.
     La spiritualité, c’est faire un chemin, ce n’est pas simplement recevoir des influences ou lire des livres ou rêver à de belles histoires de saints. Non, la spiritualité, c’est vraiment avancer vers la sainteté. C’est cela l’essentiel.
     Et une fois qu’on a posé les choses dans ces termes là, ce chemin est difficile, ardu, il faut le faire. Il y a des crises, des moments où l’on se pose des questions très profondes.
    A.G. : Il y a un danger de dispersion aussi ?
    Eric Vinson : Tout à fait. C’est vrai que la double appartenance est une position qui ne va pas du tout de soi.
     Et d’ailleurs je tiens à dire ici que je ne suis pas dans une position de prosélyte, c'est-à-dire que je ne veux pas inciter les gens à faire la même chose.
    Je témoigne simplement de ce qu’a été ma vie. J’ai été placé dans cette situation là.  Comme dit Obélix : « Je suis tombé dedans quand j’étais petit. » Donc je fais avec, mais je crois que certains peuvent le vivre difficilement.
     Il y a des personnes pour qui ça peut être vécu comme un divorce. Ou aussi, par exemple, ils s’engagent dans une voie et tout à coup ils ont une espèce de remontée d’autre chose. Je sais que cela arrive à pas mal de gens qui s’engagent dans le bouddhisme et qui, de façon plus ou moins harmonieuse, tout à coup, ont une espèce de retour de christianisme. Parfois, c’est positif. Parfois ils se disent que finalement tout ce dont on leur a parlé dans leur enfance, ils le comprennent mieux maintenant.
    Le fait d’avoir accès à des maîtres qui ont un accomplissement indéniable et aussi d’avoir accès à une tradition vivante qui a peut-être mieux conservé une science de l’intériorité, des méthodes spirituelles, une vision positive du corps et de la sexualité –il y a tout un tas de choses qu’on pourrait détailler- tout cela permet de dépasser des blocages ou des blessures qu’on a pu avoir avec un christianisme parfois mal compris, parce qu’on était trop jeune ou que la transmission n’a pas été faite de façon idéale.
    Là aussi il faut dire une chose très importante, c’est qu’en Occident, nous avons eu la chance d’avoir accès à ce qu’il y avait de mieux, en termes de maîtres.
     Tout à l’heure, on parlait de Kalo Rimpoché, de *, de *, je parle de la tradition que je connais. Mais il y a aussi Taisen Deshimaru etc  Vraiment on a accès à la crème des enseignants.
     Alors qu’évidemment, lorsqu’on compare ces gens là avec le  curé du village qui vous fait le catéchisme ou la dame patronnesse que vous aviez il y a trente ou quarante ans, on ne peut pas comparer. Je crois qu’il faut comparer les sommets avec les sommets.
     Et parfois, d’être confronté à la qualité des enseignements bouddhistes, nous permet de redécouvrir le christianisme dans ce qu’il a de plus authentique et de plus beau.
    A.G. : Est-ce que vous, vous avez le sentiment de vous être investi de manière égale, dans le bouddhisme et dans le christianisme ?
    Eric Vinson : Là aussi, c’est à chaque fois des petits arrangements avec la vie, avec son chemin spirituel. Moi, ma synthèse en fait, prend la forme de cet engagement professionnel : je suis devenu rédacteur en chef  d’une revue chrétienne, chrétienne et ouverte, avec une forte composante interreligieuse.
     Mon engagement au quotidien - on travaille beaucoup dans ce genre de métier - est donc orienté dans le christianisme, ce qui ne m’empêche pas de garder un lien profond et aussi quotidien avec le bouddhisme par de la méditation, par des retraites régulières. Ma vie est cette espèce de dialogue intérieure entre les deux traditions.
    A.G. : Revenons à un thème essentiel pour les deux religions : Dieu. Comment l’expliquez-vous du point de vue bouddhiste et chrétien ? Dieu et la vacuité en fait.
    Eric Vinson : Je pense qu’on peut essayer de faire une analogie en remarquant que Dieu et la vacuité ou la nature de l’esprit ou la nature de Bouddha, ce sont des mots qu’on plaque sur une réalité qui nous dépasse infiniment, sur un mystère absolu : l’infini et donc, chaque tradition va le présenter d’une certaine façon et cette façon est indispensable : c’est un chemin, ce sont des outils, mais il ne faut jamais oublier que ce sont des outils.
    La double appartenance me permet de faire cette espèce d’aller - retour entre les formes et le fond et de ne jamais idolâtrer les formes.
    A.G. : Vous êtes vous-même père de famille de deux jeunes enfants qui ont deux et quatre ans, je crois. Quelle éducation allez-vous leur donner ?
    Eric Vinson : Je crois qu’on va essayer de prouver le mouvement en marchant. On ne transmet que ce qu’on est.
     Je suis cette double appartenance, je la vis au quotidien intimement. Donc je témoigne en vérité auprès de mes enfants et je ne veux pas leur cacher quoi que ce soit. Je leur parle assez spontanément de l’une ou de l’autre, selon l’opportunité. Nous fêtons toutes les fêtes chrétiennes parce qu’en tant que français, là aussi, notre vie est rythmée par Noël, par Pâques etc et en même temps, nous les emmenons dans les centres bouddhistes.
     Ce n’est pas intentionnellement la volonté de leur transmettre la double appartenance, mais c’est ma vie, cela se fait tout seul.
    A.G. : Merci beaucoup, Eric Vinson, d’avoir été avec nous aujourd’hui.
    Remerciements à Madame de Mareuil pour sa gracieuse et fidèle collaboration à la rédaction de la transcription de l'émission.


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    Alain Delaye
    Editions Accarias l’originel
     ISBN  978 2 86316 146 3

     
    Bouddhisme et christianisme sont ici confrontés avec une grande précision et une grande érudition dans les dimensions des croyances et de la métaphysique, du pouvoir et de l’éthique, des mythes et des rites, de la foi et de la mystique. Ceci dans le but de mettre en regard leurs lignes de force. La rigueur thématique, la précision historique, l’importance des sujets de réflexions, font de ce texte un ouvrage de référence, habité aussi par une « expérience personnelle ». 
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