La première découverte d’un crucifié
En 1968, lors d’excavations à Civ’at Hamivtar (Ras el-Masaref), un quartier du nord-est de Jérusalem, des tombes furent découvertes, dont le riche matériel a fait l’objet d’une publication une dizaine d’année plus tard. Mais on ne tarda pas à faire connaître aussitôt le contenu d’un ossuaire (coffret en calcaire tendre pour y déposer les ossements d’un défunt), inscrit au nom de « Yehohanan (Jean) fils de Hagqol (?) ». Il contenait les restes d’un jeune enfant de 3 à 4 ans, et ceux d’un homme de 24 à 28 ans. D’après la poterie du tombeau, il faut dater ces restes du Ier siècle de notre ère.
En 1968, lors d’excavations à Civ’at Hamivtar (Ras el-Masaref), un quartier du nord-est de Jérusalem, des tombes furent découvertes, dont le riche matériel a fait l’objet d’une publication une dizaine d’année plus tard. Mais on ne tarda pas à faire connaître aussitôt le contenu d’un ossuaire (coffret en calcaire tendre pour y déposer les ossements d’un défunt), inscrit au nom de « Yehohanan (Jean) fils de Hagqol (?) ». Il contenait les restes d’un jeune enfant de 3 à 4 ans, et ceux d’un homme de 24 à 28 ans. D’après la poterie du tombeau, il faut dater ces restes du Ier siècle de notre ère.
Une surprise à la fois macabre et excitante attendait l’anthropologue qui se devait d’étudier ces ossements. Les deux talons du squelette adulte étaient rivés l’un à l’autre par un gros clou de fer, environ 7 pouces de longueur, et recourbé à son bout pointu. Entre la tête du clou et le talon droit, des restes de bois d’acacia ou de pistachier étaient bien reconnaissables; par contre, entre le talon gauche et le bout crochi du clou, c’était du bois d’olivier qui révéla à l’analyse. On ne pouvait donc pas douter du fait que l’on était en présence du cadavre d’un crucifié de l’époque romaine, dans le voisinage des années de la vie de Jésus.
L’étude des tibias révéla que les jambes du crucifié avaient été cassées de façon violente. Le tibia droit semble avoir reçu le coup le plus dur, car il était fractionné en de multiples éclisses; par contre le tibia gauche portait une seule cassure en dents de scie. Les os des poignets ne portent aucune trace de clou, mais des éraflures sont bien marquées sur le radius droit. Il semble donc que ce soit là les signes de la place des clous, qu’il nous faut placer plus haut que le poignet. Cette position des clous dans les bras exige donc qu’un petit siège soit placé sous les fesses du supplicié, sinon le poids du corps aurait déchiré les bras.
Reconstitution de la position du supplicié
Pouvons-nous préciser davantage la position des pieds sur la croix? Les anthropologues ne s’entendent encore pas sur ce point. Il me semble que l’opinion du docteur V. Moeller-Christensen soit la plus vraisemblable; je la reproduis donc dans cette chronique. On remarque que les pieds sont cloués dans une sorte de petit coffret de bois, qui sera ensuite cloué sur la croix. Ainsi on commence par fixer les pieds dans cet étau; puis on doit sans doute clouer les bras à la barre horizontale de la croix (patibulum), pour hisser ensuite le corps au poteau (stipes crucis), en prenant soin de l’asseoir sur le petit siège déjà en place. Quoiqu’il en soit diverses façons de reconstituer la position du crucifié sur la croix, il reste que le fait lui-même de la crucifixion vient de recevoir son premier témoignage archéologique.
Ce mode d’exécution des condamnés à mort était toutefois bien connu par des textes anciens. Déjà sous Alexandre Jannée (103-76 av. J.-C.), la crucifixion était largement pratiquée; cette politique des chefs juifs sera tout simplement maintenue au temps de la domination romaine; Ponce Pilate ne semble pas avoir été hésitant à utiliser ce supplice selon le témoignage de Flavius Josèphe.