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Le mythe d'Osiris ou la version égyptienne d'Abel et Caïn
Le premier livre de la Bible, la Genèse, retrace le début de l'humanité. L'un des tout premiers récits fondateurs, relaté au chapitre IV , raconte l'histoire de deux frères ennemis.
Il est intéressant de noter que le mythe osirien est similaire à l'histoire biblique de Caïn et d'Abel. Comment expliquer les similitudes de ce que Mircea Eliade définit comme une « œuvre fondatrice de l’imaginaire occidental » qui renvoie au temps « primordial » et aux « fabuleux des commencements »? Et que dire de ces coïncidences troublantes que l'on retrouvent aussi dans d'autres cultures et traditions ? Une origine commune, décrite dans la Genèse, et la quête de l'immortalité en lien avec le premier mensonge sont une explication plausible. Analyse de la question à travers les textes et les salles.
Le mythe d'Osiris
La progéniture de Nout, déesse du Ciel et de Geb, dieu de la Terre, compte 3 hommes :
Osiris, l'aîné des fils,
Seth et Horus l'ancien et 2 femmes, Isis et Nephhtys qui s'entraident dans leur amour commun pour Osiris.
Osiris et Seth étaient frères. Seth est l'antithèse de son frère. Il est fauteur de troubles quand Osiris est pacificateur. Il rend le désert aride alors qu'Osiris est le dieu de la fertilité. Jaloux d'Osiris,
Seth son frère cadet, l'assassine, coupe son corps en morceaux qu'il renferme dans un coffre et jette à la mer. Après de multiples recherches, Isis retrouve le corps de son mari et frère. Et par ses larmes et ses baisers elle ranime son cadavre et engendre un fils, Horus. Le martyre d'Osiris lui vaut de gagner le monde de l'au-delà dont il devient le souverain et le juge suprême des lois de Maât. La légende faisait aborder à Byblos le corps d'Osiris.
Le récit biblique du meurtre d'AbelOn retrouve le récit au
chapitre 4 versets 1 à 8 du livre de la Genèse.
"Adam eut des relations conjugales avec sa femme Eve. Elle tomba enceinte et mit au monde Caïn. Elle dit: « J'ai donné vie à un homme avec l'aide de l'Eternel. » Elle mit encore au monde le frère de Caïn, Abel. Abel fut berger et Caïn fut cultivateur. Au bout de quelque temps, Caïn fit une offrande des produits de la terre à l'Eternel. De son côté, Abel en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L'Eternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande, mais pas sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité et il arbora un air sombre. L'Eternel dit à Caïn: « Pourquoi es-tu irrité et pourquoi arbores-tu un air sombre? Certainement, si tu agis bien, tu te relèveras. Si en revanche tu agis mal, le péché est couché à la porte et ses désirs se portent vers toi, mais c'est à toi de dominer sur lui. » Cependant,
Caïn dit à son frère Abel: « Allons dans les champs» et, alors qu'ils étaient dans les champs, il se jeta sur lui et le tua.. " -
Bible Segond 21Caïn a été regardé comme le type des persécuteurs des justes.
Jésus-Christ le dit assez clairement en Matthieu 23:35 et Luc 11:51. Ces paroles du Christ, témoin oculaire céleste, sont pour le chrétien l'argument suprême en faveur d'un événement réel et non mythique. Il est question de Caïn dans
trois passages du NT, Hébreux 11:4, 1 Jean 3:12 et Jude 11. Abel est le premier cité dans la longue liste d'Hébreux 11. L'apôtre Paul parle aussi du sang d'Abel en Hébreux 12:24.
Le lecteur de la Bible ne sera pas surpris par les similitudes et coïncidences avec ce récit de la Genèse. Le récit biblique de la
rivalité fratricide dans le livre de la Genèse en évoque d'autres présentes sur tous les continents,
ce qui laisse penser qu'elle a une origine très ancienne.Des frères rivaux dans plusieurs civilisationsLe récit biblique de la rivalité fratricide dans le livre de la Genèse en évoque d'autres présentes sur tous les continents, ce qui laisse penser qu'elle a une origine très ancienne. Ancré structurellement dans l'histoire culturelle de l'humanité,
le récit biblique de Caïn et d'Abel se manifeste dans la série interminable des échos du motif dans la mythologie des différentes cultures et traditions, babylonienne (Tammouz et Ishtar),
persane (Ahriman et Ahura Mazda),
égyptienne (
Seth et Osiris),
romaine (Romulus et Remus) et
grecque (Etéocle et Polynice).
Il est intéressant de noter
la lumière que fait la Bible sur l’origine possible des différents mythes.
Selon Genèse 6:1-13, avant le déluge des fils angéliques de Dieu vinrent sur la terre. Ils engendrèrent les Nephilim ou ‘ Tombeurs ’. A cause de cette union contre nature de créatures spirituelles et d’humains, la terre se remplit d’immoralité et de violence (Jude 6; 2 Pierre 2:4).
Les écrits attribués à Homère et à Hésiode sont peut-être le reflet amplifié, embelli et dénaturé du récit que rapporte la Genèse. Ces légendes parlent des amours adultères de ces innombrables dieux et déesses de forme humaine, de grande beauté mais au caractère souvent violent et cruel. Autre parallèle étonnant : en plus des dieux principaux, il est fait mention de demi-dieux, doués d’une force supra-humaine mais mortels.
Ressemblance frappante avec les Nephilim du texte biblique.« Dans les panthéons grec et romain, comme dans le panthéon chaldéen, on reconnaît le
même groupement général, et souvent la même succession généalogique.
La ressemblance est trop étendue pour que cette coïncidence soit le fait du pur hasard. » Remarquant aussi cette correspondance fondamentale, l’orientaliste E. Speiser fait remonter le thème des mythes grecs jusqu’en Mésopotamie. Là où se trouvait justement Babylone et l’endroit d’où les humains se dispersèrent après la confusion du langage. – Genèse 11:1-9.
Concernant ces peuples du passé, on retrouve partout des coïncidences les plus surprenantes dans les rites, les fêtes populaires, les traditions ainsi que dans les relations avec les dieux. Tous ces peuples ont pu puiser leurs conceptions religieuses à une
source commune. Ces traits communs peuvent trouver leur explication biblique dans la dispersion des humains à partir de
Babylone. Et si la finalité de ce premier mensonge n'était pas aussi de faire croire que le récit biblique de la Genèse n'était qu'une fable …
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