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Faunus : "dieu" Pan Ce dieu italique est l’une des plus anciennes divinités de la religion romaine. On l’identifia au dieu Pan après l’hellénisation systématique des dieux romains. C’est ainsi que Faunus finit par apparaître sous un aspect semblable à celui de Pan : cornes au front et pied de chèvre, forme sous laquelle le Diable est lui-même le plus souvent représenté dans l’imagerie populaire chrétienne. De fait, le christianisme vit en Faunus une divinité sombre et mystérieuse autour de laquelle était déployé jadis un rituel terrifiant. Il est dit aussi que Faunus effraie parfois les humains et qu’il prend alors le nom d’
Incubis, soit le nom du Cauchemar qui fut par la suite assimilé aux démons incubes, pendant masculins des démons succubes. Faunus ne tentât-il pas de ravir la compagne lydienne d’Hercule ? Hélas pour le dieu cornu, le héros et sa compagne avaient, ce soir-là, échangé leurs vêtements… C’est également à Faunus que les Romains attribuaient, dit-on, les angoisses soudaines, les terreurs paniques et toutes les formes de fantômes qui sèment l’épouvante parmi les hommes.
Les origines de FaunusFaunus est le fils de Picus et le petit-fils de Saturne. Son épouse porte le nom de Fauna, considérée par les Romains comme la mère du dieu Latinus (Faunus étant désigné par Virgile comme roi du Latium et père de Latinus), un des rois légendaires du Latium. Faunus est un dieu familier des bois, mais également des plaines cultivées et des eaux vives. Il protège les cultures et veille sur les troupeaux. Personnification de la puissance génératrice, Faunus apparaît comme un père de l’agriculture. A l’exemple du Zeus de Dodone, il rend également des oracles en faisant bruisser les arbres et apparaît dans ce rôle sous le nom de Fatuus. L’oracle de Tibur (aujourd’hui, Tivoli), près de la source Albunée, était particulièrement renommé. Faunus passe aussi pour être l’initiateur au culte des dieux et comme l’inventeur des vers saturniens. Avant qu’il prenne l’apparence de Pan, Faunus était généralement représenté sous les traits d’un être barbu, vêtu d’une peau de chèvre, tenant à la main, soit une massue, attribut typique des gardiens de bétail, soit la corne d’abondance, du fait de sa fonction de fertilisateur.
Des Lupercales au commerce des cœurs en passant par la Saint-ValentinLes Lupercales sont des fêtes célébrées chaque année du 13 au 15 février par les luperques, des prêtres de la Rome antique en fin d'année du calendrier romain. Les luperques sont réunis au sein d'un collège qui rassemble les fils descendants des plus anciennes familles qui ont fondé la ville de Rome. Cette série de fêtes célébraient le souvenir de l'allaitement de Romulus et Remus par une louve et rendait aussi hommage à Faunus Lupercus, une divinité de la fertilité et défenseur des troupeaux contre les loups et ayant un aspect mi-homme mi-bouc. Les 12 prêtres luperques sacrifiaient un bouc à leur dieu dans la grotte de Lupercal au pied du Mont Palatin là où la louve aurait allaité Romulus et Remus avant qu'ils ne soient recueillis par un couple de berger dont la femme, une prostituée, était surnommée "Lupa" (la louve en latin). Cette "Lupa" s'appelait Acca Larentia et son commerce de prostitution la rendit prospère et légua à sa mort sa fortune à Romulus.
Romulus et Remus allaités par une louve (Lupa Capitolina - Musée du Capitole, Rome - œuvre étrusque du Ve siècle av. E.E.).
Pan s’accouplant avec une chèvre, IIe siècle av. E.E. (Musée archéologique national de Naples).
Les Lupercales
Faunus Lupercus.
Le 15 février était célébrée la fête de Faunus, également nommée fête des Lupercales. Ce nom vient d’une ancienne divinité italique nommée Lupercus qui fut assimilée par les Romains à Faunus, puis à Pan. Lupercus était également un ami des bergers et un protecteur des troupeaux contre les loups. La fête des Lupercales marque le renouveau de la Nature et le retour prochain du Printemps. Au cours de cette fête, après le sacrifice de chèvres, de boucs et d’un chien, se déroulait la « Course des Luperques » au cours de laquelle des jeunes gens à demi-nus, seulement vêtus de la peau des ovins sacrifiés, se répandaient dans la ville en riant et en buvant. Ils frappaient les spectatrices avec des lanières de cuir, les coups étant supposés apporter la fertilité, faciliter la montée du lait, de même que l’accouchement. Avant le banquet, toutes les jeunes filles de la ville déposaient un morceau de parchemin sur lequel était écrit leur nom dans une grande urne. Ensuite, les jeunes Romains tiraient au sort le nom de celle qui devrait rester avec lui durant toute la durée du banquet.
Deux jeunes hommes en train de flageller des femmes. À droite, une statue de Faunus Lupercus (Museo del Prado, Madrid).
La flagellation des femmes.
La Saint-Valentin Le pape Gélase Ier fit abolir les Lupercales vers 498 et les fit remplacer par la fête de saint Valentin, instituée à la date du 14 février, soit un jour avant les Lupercales qui figurent ainsi parmi les derniers rites païens à avoir été célébrés dans l’Occident latin. Il semble que l’on retrouva toutefois longtemps la trace des
Lupercales dans la Saint-Valentin "chrétienne" qui, à l’origine, n’était pas associée à l’amour romantique mais bien à l’amour physique. De fait, la Saint-Valentin semble avoir gardé longtemps sa signification préchrétienne, à savoir l’union des jeunes célibataires. Quoique l’on puisse en dire, il ne semble exister, à l’origine, aucun lien entre l’amour (courtois ou physique…) et les trois saints Valentin connus, à savoir : 1) un prêtre qui aurait souffert le martyre à Rome dans la seconde moitié du 3ème s. et qui aurait été enterré sur la Via Flaminia ; 2) un évêque de Terni qui aurait subi exactement le même sort, à la même époque ; 3) un autre martyr d’Afrique du nord dont on ne sait pratiquement rien.
La fête de saint Valentin n’a été instituée que pour effacer la mémoire de Faunus et des Lupercales, tout comme ont été institués la Toussaint (1er novembre, en remplacement de la Samain celtique), la Sainte-Brigitte de Kildare (1er février, en remplacement de l’Imbolc celtique), Noël (25 décembre, en remplacement de la fête de Mithra), etc. L’établissement de la première relation de la Saint-Valentin avec l’amour courtois semble remonter à l’Angleterre du 14ème s. : la veille de son martyre, saint Valentin aurait fait parvenir un message d’amour à la fille de son geôlier ; alors que, sous l’empereur Claude II, les mariages étaient interdits, pour les soldats romains, durant une période déterminée, Valentin organisait des mariages clandestins. Légendes que tout cela, bien évidemment, l’association de la Saint-Valentin avec la date du 14 février ayant été décidée arbitrairement pour les raisons déjà citées. Au cours du Moyen Âge, la coutume de la Saint-Valentin courtoise se répandit dans l’ensemble de l’Occident chrétien.
Le commerce des cœurs.Aujourd’hui, comme la Samain-Toussaint devenue l’Halloween des friandises et des masques made in China, comme les fêtes de Mithra et de la Nativité devenues la Noël de la dinde, des achats festifs et du Père Noël revêtu des couleurs rouge et blanche de la Coca-Cola company, la Saint-Valentin est devenue l’occasion de promouvoir le commerce en utilisant le principe de la culpabilisation : « si tu m’aimes vraiment, achète-moi ceci ou invite-moi là ! » Certains tentent bien d’établir une relation bien hypothétique entre l’expédition des cartes de Saint-Valentin et les morceaux de parchemin déposés dans une urne par les jeunes filles romaines, lors des Lupercales, mais bien rares sont ceux qui, parmi les païens ou les chrétiens, pourraient aujourd’hui se reconnaître dans cette Saint-Valentin instituée par les nouveaux marchands du Temple.
Eric TIMMERMANSSources : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Editions Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, marabout, 1998 / Le Charivari, Henri Rey-Flaud, Payot, 1985 (p.23).