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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Papyrus 66 également appelé codex saint Jean

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 8:57

    Papyrus 66 également appelé codex saint Jean



    Le Papyrus 66 (référencé sous le sigle Papyrus 66 également appelé codex saint Jean C3945eee4633c095c5059f9a67aca5f766), également appelé codex saint Jean, est un codex presque complet de l'Évangile selon Jean. Il fait partie de la collection des Papyri Bodmer.

    Papyrus Papyrus 66 également appelé codex saint Jean C3945eee4633c095c5059f9a67aca5f766

    Papyrus 66 également appelé codex saint Jean 220px-Papyrus66

    Jean 7,52-8,16

    nom : P. Bodmer II
    texte : Jean 1:1-6:11; 6:35-14:26,29-30; 15:2-26; 16:2-4,6-7; 16:10-20:20,22-23; 20:25-21:9,12,17
    date : - 200
    trouvé : Jabal Abu Mana
    maintenant à (Genève )


    Le manuscrit contient Jean 1:1-6:11, 6:35b-14:26, 29-30; 15:2-26; 16:2-4, 6-7; 16:10-20:20, 22-23; 20:25-21:9, 12, 171. C'est un des plus anciens manuscrits connus du Nouveau Testament. Daté des alentours de 200, il appartient au groupe des textes chrétiens d'Alexandrie où se développait une culture chrétienne florissante à la fin du IIe siècle. Il est proche du texte du codex Sinaiticus.

    Le Papyrus 66 ne contient pas l'épisode de la femme adultère (Jean 7,53-8,11)5,6; il n'est pas une transcription bout-à-bout de l'Évangile selon Jean, mais de passages choisis. Il utilise fréquemment des Nomina sacra.

    Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque Bodmer à Cologny près de Genève. Il est composé de 39 folios (soit 78 feuilles et 156 pages), d'une taille de 14,2 cm x 16,2 cm pour chaque feuille avec 15 à 25 lignes par page.

    Selon de récentes études menées par les spécialistes des papyri Karyn Berner7 et Philip Comfort8, il est évident que \mathfrak{P}66 est le fruit du travail de trois individus: un scribe professionnel, un correcteur principal et un correcteur secondaire.

    Selon de récentes études menées par les spécialistes des papyri Karyn Berner et Philip Comfort, il est évident que Papyrus 66 également appelé codex saint Jean C3945eee4633c095c5059f9a67aca5f766 est le fruit du travail de trois individus: un scribe professionnel, un correcteur principal et un correcteur secondaire.
    Une transcription de P66 est disponible dans l'ouvrage Text of the Earliest New Testament Greek manuscripts (cf bibliographie).

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 8:58

    Le Papyrus Bodmer Evangile selon saint jean Corpus Christi

    Le Papyrus Bodmer Evangile selon saint jean Corpus Christi Documentaire christianisme Judas et Paque 


    Corpus Christi est une série documentaire en douze parties réalisées par Jérôme Prieur et Gérard Mordillat qui présente l'état de la recherche historique sur Jésus de Nazareth. Elle a commencé par une série de cinq émissions télévisées diffusée en 1997 sur la chaîne franco-allemande ARTE puis a été complétée de sept autres émissions lors de sa diffusion sur France 5.

    Les origines du christianisme y sont traitées au travers de l'étude de l'évangile selon Jean par 27 chercheurs laïcs et théologiens de confessions diverses.


    Ils portent le nom de Martin Bodmer qui les a alors acquis. Ils contiennent des morceaux de l'Ancien et du Nouveau Testament, de la littérature chrétienne ancienne, des textes d'Homère et de Ménandre. Le plus ancien, P66 est daté d'environ 200. La plupart des papyri sont conservés à la Bibliotheca Bodmeriana, à Cologny, près de Genève en Suisse1. Trois papyri sont conservés actuellement à la Bibliothèque vaticane: en 2007 elle a reçu les papyri Bodmer XIV et XV (P75). Elle avait reçu auparavant le Papyrus Bodmer VIII

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 8:58

    Papyrus P52 

    Le papyrus P52 ou P. Rylands GK. 457 est un fragment de papyrus conservé à la John Rylands Library de Manchester. Il contient deux passages du chapitre 18 de l'Évangile selon Jean et daterait de la première moitié du IIe siècle.

    Papyrus 66 également appelé codex saint Jean E9ytPapyrus 66 également appelé codex saint Jean Sr1u
    Papyrus P52, recto..............................Papyrus P52, verso.

    Histoire
    Découvert en Égypte au début du XXe siècle, probablement lors de fouilles archéologiques sur le célèbre site d'Oxyrhynque, ce papyrus est acquis en 1920 par Bernard Pyne Grenfell.
    En 1934, alors qu’il réalise le tri de vieux papyrus grecs pour le compte de la bibliothèque John Rylands, le professeur Colin H. Roberts de l’université d'Oxford (Angleterre) tombe sur ce morceau de papyrus qu’il reconnaît très vite comme étant un extrait de l’Évangile selon Jean.
    Il publie ses premières conclusions en 1936 sous le titre « An Unpublished Fragment of the Fourth Gospel in the John Rylands Library » (Un fragment inédit du quatrième Évangile à la Bibliothèque John Rylands).
    Il s'agit d'un extrait de codex et non de rouleau de papyrus, le codex étant devenu le medium normal des textes chrétiens dès le IIe siècle
    La datation et son importance

    La datation du fragment P52 peut être faite par son étude paléographique, en comparant l'écriture et la forme des lettres à celles de manuscrits dont on connaît la date (en général des lettres ou des documents administratifs ou officiels, les textes littéraires ne portant en général pas de date).

    Roberts fait la comparaison avec quatre manuscrits datés et d'écriture similaire : Abb 34 (un document d'avant la mort de Trajan en 117), P. Fayum 110 (94), P. London 2078 (une lettre écrite pendant le règne de Domitien, 81-96), et P. Oslo 22 (une pétition de 127). P. Fayum 110 est le seul qui présente aussi l'utilisation simultanée de deux formes du alpha, alors que P. Oslo 22 est celui qui présente le plus de ressemblance sur les formes de lettres les plus distinctives, eta, mu et iota. Roberts fait également la comparaison avec deux textes littéraires P. Berol. 6845 (un fragment de l'Iliade dont la date est estimée des environs de 100) qu'il trouve être le plus similaire, en dehors de la forme du alpha, et le papyrus Egerton 2 (qui était alors daté des environs de 150) auquel il trouve la plupart des caractéristiques de P52, bien que de façon moins marquée. Avec l'ensemble de ces éléments, Roberts propose comme datation approximative la première moitié du IIe siècle, opinion appuyée par les papyrologues Frederic George Kenyon (qui note des ressemblances avec un autre manuscrit, P. Flor I, daté de 153), W. Shubart and H. I. Bell. La même année, A. Deissmann place de façon indépendante, l'écriture du fragment sous le règne de Trajan (98-117) ou d'Hadrien (117-138). En 1936 Ulrich Wilcken confirme cette datation par comparaison avec la collection de papyrus d'Apollonios (datés 113-120)2.

    La datation au début du IIe siècle, et la précision avec laquelle elle peut être établie, ont été récemment contestées. En 1989, A. Schmidt, par l’étude de l’écriture a proposé l’an 170 avec une incertitude de 25 ans3. En 2005, B. Nongbri de l'Université Yale4 a critiqué la précision avec laquelle a été datée P52, la paléographie, surtout dans le cas des petits fragments, n'étant pas une science exacte, et les caractéristiques de l'écriture de P52 se rencontrant aussi bien sur des papyrus du début du deuxième siècle, que dans des manuscrits ultérieurs, de la fin du deuxième siècle, et même du début du troisième siècle de notre ère. Selon lui, « P52 ne peut pas être utilisé comme élément de preuve pour trancher d'autres débats sur l'existence (ou la non-existence) de l'Évangile de Jean dans la première moitié du deuxième siècle ».

    La datation dans la première moitié du IIe siècle reste cependant celle généralement acceptée.

    Le P52 apparaît donc comme le second extrait du Nouveau Testament le plus ancien en notre possession (le plus ancien étant un papyrus de l’Évangile de Marc datant d'avant l'année 90, découvert en 2012). L’importance de ce fragment est qu’il prouverait l’existence et la diffusion de l’Évangile selon Jean (dont la composition est généralement datée d'environ 95) dès la première moitié du IIe siècle.

    Le texte de P52 est trop court pour permettre une comparaison avec des versions complètes du même évangile, qui sont plus tardives.

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 8:59








    "Moi non plus je ne te condamne pas"

     
    Le récit de la femme adultère est non moins universellement connu que celui du serpent à la langue tortueuse du jardin d'Eden; ce qu'on sait moins, c'est qu'il a été écrit par LUC et non par Jean. 

    Il est en effet absent des grands onciaux (codex Alexandrinus, Vaticanus, Sinaiticus) et de la plus part des manuscrits. Où donc le trouve-t'on alors? Après le verset 7:52 de l'évangile de Jean dans le codex Bezæ et la Vetus Latina (et quelques autres manuscrits qui ne sont pas antérieurs au IXème siècle , K M S U, 579, 118, 700 1071...) , sinon tout à la fin dans les cinq manuscrits de la série f1. Par contre dans une série de 13 manuscrits, la série f13 à laquelle il faut ajouter le ms 1346, on le trouve à la jointure des chapitres 21/22 de l'évangile de Luc . Par le style il se rattache à cet auteur ce dont convient lacritique textuelle dans une large majorité.






    Luc 21/22, série f



     1 Et Jésus se rendit au mont des oliviers; 
     2 or dès l'aurore à nouveau il vint au Temple. 
    3 et lui amènent de force, les scribes et les pharisiens une femme saisie sur l' adultère et la plaçant au milieu 4 - lui dirent: Rabbi, cette femme là a été prise en flagrant délit d'adultère.5 - Or dans notre Loi, Moïse a intimé de lapider de telles (femmes). Or toi que dis-tu d'elle?
    Or ils disaient cela pour l'éprouver afin d'avoir une accusation contre lui.
    6 - Or Jésus se baissant écrivit du doigt sur le sol;
    7 - or comme ils restaient à l' interroger, levant les yeux il leur dit: "celui qui est sans péché parmi vous, le premier qu'il jette une pierre sur elle."
    8 - Et à nouveau se baissant, du doigt
    il écrivit sur le sol.
    9 - Et ils sortirent un par un commençant par les plus
    anciens, jusqu'aux derniers.
    Aussi Jésus fut-il laissé seul ainsi que la femme qui était au milieu.
    10 - Or levant les yeux, Jésus la vit et dit : femme
    Où sont-ils? Personne ne t'a condamnée?
    11 - or elle lui dit: personne seigneur
    Et Jésus lui dit: moi non plus je ne te condamne pas.
    Va, ne pèche plus.
     




    Jean VIII 1-11



    1Or Jésus se rendit au mont des oliviers;2 - or dès l'aurore à nouveau il arrive dans le Templeet tout le peuple venait à lui.
    3 - Amènent alors les scribes et les pharisiens prise sur (le) péché une femme et la plaçant au milieu 4 - lui disent, les prêtres pour l'éprouver afin d'avoir à l'accuser:
    Rabbi, cette femme là a été saisie en flagrant délit d'adultère.
    5 - Or Moïse dans la Loi, a appelé à
    lapider de telles (femmes). Or toi à présent que dis-tu?
     6 - Or Jésus se baissant écrivit du doigt sur le sol;7 - or comme ils restaient à interroger,il se releva et leur dit: 
    "celui qui est sans péché parmi vous, le premier sur elle qu'il jette une pierre."8 - Et à nouveau se baissant, du doigt
    il écrivit sur le sol.
    9 - Or chacun des juifs s'en alla en commençant par les
    plus âgés, de sorte que tous sortirent.
    Aussi fut-il laissé seul ainsi que la femme qui était au milieu.
    10 - Or se relevant Jésus dit à la femme:
    Où sont-ils? Personne ne t'a condamnée?
    11 - et celle-ci lui dit: personne seigneur
    Or il lui dit: moi non plus je ne te condamne pas.
     retire-toi, à partir de maintenant, ne pèche plus.
    Le texte originel , celui de la série f13 est dans la colonne de gauche. Le copiste lui a fait subir quelques modifications en l'intégrant au chapitre VIII de Jean (colonne de droite), qui porte en partie sur les origines et le péché : “nous sommes de la descendance d'Abraham...Quiconque commet le péché est esclave du péché” Jn 8:34. Et en effet au v 3 le mot péché a remplacé celui de l'adultère. 
    L'insertion des "prêtres" au v 4  est étrange car on attendrait plutôt les "grands-prêtres" , un terme fréquent en Jean alors que celui de prêtres n'y est qu'une fois (1:19). 
    Au verset 7 le scribe a préféré dire que Jésus s'était relevé, car dans le parallèle Lucanien, on a l'impression que Jésus avait levé les yeux sur la foule de la position basse où il se trouvait; mais le lecteur en est détrompé puisqu'il est indiqué à la phrase suivante qu'il s'était baissé à nouveau. 

    La péricope se trouvait initialement placée par  l'évangéliste Luc à un moment clé, comme une épreuve ultime, ce que   souligne le commentaire de l'évangéliste au v 5: "Ils disaient cela pour l'éprouver”. Jésus avait été interrogé sur son autorité, puis sur l'argent de l'impôt, puis sur la loi du lévirat et la vie après la mort. Luc insérait alors avec son chapitre 21 une prophétie de Jésus sur le siège et la destruction de Jérusalem suivie d' un tableau de fin du monde et d'un appel à la vigilance. C'est alors qu'on pouvait lire la péricope de la femme adultère, ultime tentative pour confondre Jésus devant le peuple. Et quel épisode venait ensuite? Celui de la trahison de Judas, comme s'il en était la conséquence. 
    Pour que la déferlante satanique entrât en Judas, ne fallait-il pas une cause déclenchante?

    Luc 22, 1
    - Approcha alors la fête des azymes celle dite Pâque. 2 - Or les grands-prêtres et des scribes cherchaient comment ils le perdraient mais ils craignaient le peuple. 3 - Or Satan entra en Judas, celui appelé Iscarioth, qui était du nombre des Douze 4 - Et s'en allant, il s'entretint avec les grands-prêtres sur la façon dont il le livrerait. 5 - Et ils se réjouirent et ils ourdirent de lui donner de l'argent. Et il fut d'accord 6 - aussi cherchait-il une opportunité pour le livrer à l'écart de la foule. 

    La rançon n'était pas la motivation de la trahison, puisqu'elle vint d' une proposition des grands-prêtres et des scribes, et non d'une demande de Judas.
    Dans l'affaire de la femme adultère, l'attitude de Jésus semblait invalider les commandements de la Loi . Aussi la trahison de l'Apôtre pourrait s'expliquer par une volonté fougueuse de défendre la Loi; différentes tentatives ont été faites en ce sens pour le réhabiliter. Toutefois une fougue peut en cacher une autre et la liberté consentie aux femmes, dans l'Évangile de Luc précisément, ne devait pas forcément plaire à tous.

    Mis en demeure par les accusateurs de choisir entre la défense de la femme accusée ou celle de la Torah, Jésus avait pris le temps avant de répondre : 
    Que celui qui n'a pas commis de péché soit le premier à lui jeter une pierre.Les accusateurs s'étant tous retirés, il pouvait laisser les choses où elles en étaient et se suffire de ce qu'il avait écrit sur le sol. 
    Qu'avait-il écrit? 

      - Le rappel du décalogue ?: "tu ne commettras pas l'adultère...tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain" 
    Or le décalogue était sensé avoir été écrit par Dieu lui-même:
    Le Seigneur  dit à Moïse : Taille deux tables de pierre comme les premières, et J'y écrirai les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées.(Exode 34,1). 
    Ou bien Jésus avait-il rappelé que le châtiment de la lapidation était requis non seulement contre la femme mais aussi contre l'homme adultère que les accusateurs  avaient subrepticement laissé échapper?
    «Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s'il commet un adultère avec la femme de son prochain, l'homme et la femme adultères seront punis de mort.» Lv 20:10
    C'est alors que regardant la femme Jésus lui dit:
    Moi non plus je ne te condamne pas; va ne pèche plus.


    Or, cette non condamnation de la transgression du décalogue, les accusateurs allaient la faire signer à Jésus de son sang.

    Sylvie Chabert d'Hyères

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    Message  Arlitto Lun 26 Oct 2020 - 9:00

    L’épisode dit de la « femme adultère ».



    INTRODUCTION
    Dissipons d’abord une ambiguïté : le titre de la formation pourrait sembler racoleur pour qui ne connaît pas cet extrait de l’Évangile de saint Jean… et même pour qui se souvient de l’avoir lu. Mais quel rapport entre l’infidélité conjugale et l’enseignement du fait religieux à l’école primaire ? Eh bien aucun. Et si vous attendez un exposé sur l’adultère, vous serez déçus aussi ; il vaudra mieux lire l’ouvrage d’Aldo Naouri, à paraître en septembre 2006, dont le quotidien Le Monde a publié de « bonnes feuilles » au cours de cet été. Même s’il sera permis de se demander pourquoi, s’agissant d’un récit exemplaire de condamnation sociale hâtive et de pardon, le récit sacré retient précisément une « faute » de ce type-là plutôt qu’une autre.

    Alors pourquoi ce choix en juin 2004, date qui a marqué ma première participation à cet enseignement nouvellement inscrit dans le programme ? D’abord des circonstances déterminées par l’actualité. Amnesty International venait de faire campagne pour sauver Amina, une jeune femme musulmane menacée de lapidation après avoir mis au monde un enfant hors mariage. On en était au début de la guerre en Irak, et le terrible attentat de Madrid avait remis au premier plan la menace terroriste en Europe, contribuant à confondre Islam, obscurantisme et violence aveugle. Ensuite, surtout, un fait divers qui nous avait marqués dans l’Académie de Strasbourg. Dans une école maternelle d’Altkirch, une petite fille avait été la victime de la « violence » sidérante de deux camarades de sa classe, dans un coin non surveillé de la cour de récréation. L’affaire, hypermédiatisée, avait pris des proportions énormes, non seulement dans la presse locale, mais dans les journaux nationaux. Il m’a semblé alors que ce récit de Jean pouvait être intéressant à lire parce qu’il contient quelques pistes, très simples, pour nous aider, le moment venu, à maîtriser des situations conflictuelles, voire potentiellement explosives. Et là, nous sommes quand même plus proches de nos enjeux professionnels !

    Mon choix essaye aussi de répondre à un problème posé par cette formation. Notre mission se borne à l’enseignement non de la religion, normalement confiée en Alsace et en Moselle à des formateurs spécialisés, mais au « fait ». Mais qu’est-ce qu’un « fait » ? En l’occurrence, aussi loin que l’on puisse remonter, il s’agit non de « faits » mais de croyances, qui ont évidemment eu dans notre civilisation un impact énorme. Les formateurs d’histoire-géographie sont mieux placés que moi pour faire l’inventaire, ne serait-ce par exemple qu’à Colmar, de ces traces inscrites dans l’espace urbain. Mais ce n’est pas forcément dépasser la limite qui m’est imposée par le principe de laïcité si je m’aventure (un peu) sur le versant « subjectif ». Non pas pour faire partager une croyance, mais à mieux comprendre les faits par l’intentionnalité qui leur  préside. Il y a là de ma part une option, sans doute contestable, en tous cas défendable : celle d’une lecture « anthropologique ». Le fait religieux « fait sens » d’abord en tant que fait humain , donc d’un point de vue subjectif. Cette subjectivité devient alors une dimension essentielle. Le philosophe Paul Ricoeur évoque ce problème pour qui se donne pour but de comprendre la pensée de la Bible : corpus foisonnant de « faits » qui sont des textes inséparables des communautés de lecteurs qui les ont produits, traduits, réécrits : « entrer dans ce cercle, c’est participer au moins en imagination et sympathie à l’acte d’adhésion par lequel une communauté historique se reconnaît fondée et, si l’on peut dire, comprise, en tous les sens du mot, dans et par ce corpus si particulier de textes ». En quelque sorte, c’est se donner le droit de lire le texte biblique exactement comme un récit de fiction, l’imagination et la sympathie relevant alors de la même posture de lecteur que celle que nous induisons, avec nos élèves, lorsque nous entrons avec eux dans un album ou un roman de jeunesse. Ecrivains et peintres ne s’en sont pas privés comme on le verra dans la dernière partie.

    Il n’y a donc dans mon entreprise aucun prosélytisme, puisqu’on n’ira pas au-delà. L’adhésion en elle-même relève de l’engagement intime de chacun.

    Le fait : approche textuelle
    Voici le texte , dans la TOB (traduction œcuménique de la Bible) aujourd’hui scientifiquement reconnue (sans en exclure d’autres) :
    Le fait religieux procède de textes, aussi loin que l’on puisse remonter.


    L’historien, dans sa quête des origines, ne peut être que déçu. Les faits ne nous sont accessibles que par des textes, dont les plus anciennes versions connues sont des écrits postérieurs de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles aux événements qu’ils rapportent. Contrairement à l’Islam qui n’a pas intégré jusqu’à présent les méthodes de la critique historique, l’exégèse fonde ses interprétations sur une étude scientifique des textes. Ces derniers n’ont eux-mêmes rien d’historique au sens moderne du terme. Ils fondent un ensemble de croyances.

    Les indices archéologiques.
    Forts de ce constat, les premières approches « positivistes » des Ecritures en ont conclu, un peu vite, à l’absence de faits : tout aurait été inventé. En effet, de Jésus, le fondateur du christianisme, on sait très peu de choses : à peu près rien de sa naissance et de sa jeunesse ; les premières informations précises concernent les trois dernières années de sa vie (dite « publique ») et sa mort (la Passion), mais il s’agit là d’un récit plus théologique qu’historique, tout comme celui de sa naissance, popularisé par le folklore de Noël . Mais l’existence de Jésus, un temps mise en doute, ne semble plus vraiment contestée aujourd’hui. L’archéologie moderne a trouvé des preuves épigraphiques des données historiques évoquées par les évangiles : en 1961, une stèle découverte à Césarée porte les noms de Tibère et de Pilate, gouverneur de Judée de 26 à 36, qui, toujours d’après les textes, condamna Jésus au supplice de la crucifixion.

    Plus récemment, en 2002, l’archéologue français André Lemaire a découvert un ossuaire sur lequel une inscription en araméen semble correspondre à trois personnages des Evangiles : « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». Mais en 2003, les scientifiques ont dû relativiser la portée de la trouvaille : l’inscription serait postérieure à l’ossuaire, dont la provenance est inconnue.

    Avant d’évoquer les textes dits « canoniques » (ceux que les Eglises ont retenus pour leur portée théologique), on peut faire un bref inventaire des textes d’auteurs non chrétiens rédigés à l’époque de Jésus. Non suspects de complaisance envers cette nouvelle religion qui allait bientôt s’imposer au judaïsme, puis à tout le monde romain, ces témoignages sont a priori fiables. L’historien juif Flavius Josèphe, mort en 100 de notre ère, rapporte dans ses « Antiquités juives » le martyre de Jacques, « frère de Jésus, dit le Christ ». Ce texte remonte à 93-94, et son authenticité paraît sérieuse. Il y a chez le même auteur d’autres mentions, plus explicites, mais ces passages peuvent avoir été retouchées par des auteurs chrétiens. Flavius Josèphe est plus neutre (plus « objectif » dirions-nous aujourd’hui selon nos catégories scientifiques qui n’existaient pas à cette époque) que les historiens latins, comme Pline le Jeune, Tacite et Suétone, qui évoquent la naissance d’une nouvelle secte, se réclamant d’un certain Christos (« celui qui a reçu l’onction »), mais dans des termes polémiques, voire méprisants. Un roman de Marguerite Yourcenar, Les Mémoires d’Hadrien, reconstitue de manière magistrale, cette naissance du christianisme du point de vue de ses adversaires romains, mais aussi juifs), qui font preuve moins d’une hostilité fanatique que d’une incompréhension d’hommes cultivés, mais incapables d’empathie parce qu’ils sont sur d’autres bases..

    Les textes canoniques.
    Le mot « kanon » évoque en grec l’idée de norme juridique. Le corpus de textes qui contient aujourd’hui l’ensemble dit « canonique » était au départ plus large. La détermination de l’ensemble de 27 livres que nous découvrons aujourd’hui en ouvrant le « Nouveau Testament » remonte à l’aube du III° siècle. Pour comprendre ce processus, il faut prendre en compte le fait que les adeptes de la nouvelle religion « chrétienne » n’ont pas éprouvé au départ la nécessité de posséder des textes. Dans ce domaine leur référence était l’Ancien Testament. Leur lien avec le judaïsme est longtemps resté très fort, leur foi nouvelle s’appuyant par contre sur l’autorité de ceux qui avaient été les premiers témoins de Jésus dit  le Christ : les apôtres. Ces témoignages « apostoliques » restèrent longtemps des traditions orales. Elles furent fixées par écrit dans un contexte souvent polémique, lorsqu’il fallut défendre cet héritage premier contre de nouvelles interprétations. Ainsi s’éclaire une constante dans le Nouveau Testament : ses livres sont pour la plupart désignés par le nom d’un témoin direct (un « apôtre ») : l’évangile de Marc, le deuxième épître de Jean, etc. Ce n’est pas l’exactitude historique qui garantit pour les lecteurs de l’époque la fiabilité de ces textes, mais leur filiation apostolique. Ce terme de « filiation » ne signifie pas que les apôtres soient « auteurs » au sens moderne : les textes dans leur état actuel peuvent résulter de transmissions orales.

    En même temps que s’affirme  ce Canon, prolifèrent des textes dits « apocryphes », autrement dit secrets ou cachés. Le terme n’était pas forcément péjoratif. Il pouvait désigner des ouvrages utiles, mais qui ne devaient pas être lus en public lors des liturgies (rites de prière publique). Mais comme ils servaient aussi à alimenter des controverses, et que leurs auteurs les rattachaient aussi à des apôtres, les textes apocryphes furent assez rapidement considérés comme véhicules d’erreur. Le monde romain, grande machine à unifier, où le christianisme se développa, ne fut pas pour peu dans la marginalisation de la littérature apocryphe. De ce fait, pour des raisons techniques liées à la reproduction des textes manuscrits, les apocryphes furent beaucoup moins bien conservés, et souvent nous n’en possédons que des fragments. Cette situation alimente la spéculation, et le dernier exemple en a été le débat récent, après le succès du Da Vinci Code, autour de l’Evangile dit de Judas… qui remonte tout de même au IV° siècle !

    Les épîtres et les évangiles
    En ouvrant un Nouveau Testament, on découvre d’abord les quatre évangiles (vies de Jésus) : Matthieu, Marc, Luc et Jean, puis les Actes des Apôtres (première histoire de la prédication), puis la série des épîtres : d’abord les 14 de Paul, puis une série d’autres, dites pastorales,  attribuées à d’autres apôtres, et enfin un grand texte poétique, qui raconte la fin du monde : l’Apocalypse, attribué à l’apôtre Jean. Cet ordre est trompeur. Chronologiquement, ce sont les épîtres de Paul qui ont été produites les premières. Ce sont des lettres (« épître » vient du latin « epistola » qui a donné en français « épistolaire »), adressées entre 50 et 58 aux premières communautés de convertis. Il s’agit non de récits mais de traités de théologie, d’une importance inégale. La première dans l’ordre est la fameuse « épître aux Romains », qui est un monument de la culture occidentale.

    La reconnaissance des quatre évangélistes comme les auteurs de référence s’est faite assez rapidement. Pour autant, s’ils ont été les compagnons de Jésus crucifié vers 33, ils ne peuvent pas avoir été écrits par eux. Le plus ancien est celui de Marc, écrit à Rome vers 65. L’Evangile de Matthieu d’adresse à des Juifs, et a été produit en Palestine entre 75 et 90. Les lecteurs de l’évangile de Luc sont des communautés de culture grecque, entre 65 et 80. C’est le même Luc qui aurait composé les « Actes ». L’évangile de Jean remonte à 90-100 et est donc le plus tardif.

    Les trois premiers évangiles : Matthieu, Marc et Luc ont de grandes similitudes, c’est pourquoi on les appelle les « synoptiques ». En général dans les éditions modernes, des notes en marge renvoient le lecteur à ces correspondances. L’exégèse a fait l’hypothèse de sources communes : un « proto » évangile de Marc et une source commune à Matthieu et à Luc, appelée par les allemands (pionniers en la matière) « die Quelle », la source. L’évangile de Jean, si sa trame est la même, ne raconte pas les mêmes épisodes, et son écriture est très différente.

    L’exégèse et l’épisode dit de la «femme adultère »
    Cet évangile de Jean pose des problèmes de toutes sortes. Ses parties narratives sont entrecoupées de longs développements théologiques, fortement influencées par une philosophie « gnostique », en vogue à cette époque. Son propos est de rendre compte de l’événement de l’Incarnation du Verbe pour le salut des hommes. Entendons : comment Dieu s’est fait homme en Jésus. Mais le récit de la Passion (procès et mort de Jésus) est d’une meilleure qualité historique que ceux des synoptiques. Le passage de la femme adultère a intrigué les exégètes. Dans les plus anciens manuscrits, il est à une autre place et parfois même absent. Le verset initial : « Et ils allèrent chacun chez soi » n’a pas la forme d’une amorce de récit. Et le style évoque plutôt Luc. D’un point de vue scientifique, cette attribution est hautement probable, et on peut même situer en Luc 21,38, la place où le texte devrait s’emboîter :

    « Pendant le jour, il était dans le Temple à enseigner ; mais pendant la nuit il s’en allait le passer en plein air sur le mont dit des Oliviers. Et dès l’aurore, tout le peuple venait à lui dans le Temple pour l’écouter ».


    En effet, le lieu où se passe la scène est le Temple, et les peintres innombrables qui ont essayé la représenter ont donné souvent une grande importance à ce détail…

    Pour l’enseignement du fait religieux, ce texte est un exemple qui permet ainsi d’illustrer la genèse des textes fondateurs. Ils ne sont pas tombés du ciel, et je n’hésite pas à l’écrire : le Coran, qui leur est postérieur,  pas davantage. Ce mot de Coran évoque d’ailleurs par son étymologie une transmission orale. Ils ont été longtemps médités, reformulés, réélaborés par des communautés, qui parlaient l’araméen et le grec avant d’être écrits en grec, puis traduits en latin. Pour achever d’esquisser cette complexité, il faudrait dire un mot des manuscrits. Il existe dans le monde environ 2000 manuscrits grecs de référence, et les plus anciens datent du 4° siècle. Les deux plus importants sont le Sinaïticus, conservé au British Museum, et le Vaticanus. Mais on possède quelques fragments remontant au 3° et au 2° siècle, qui attestent la fiabilité de ces manuscrits de référence.

    L’épisode de la femme adultère : quels rapports avec le « fait religieux » ?

    1.                       Le point de vue juridique
    Dans mon introduction, j’évoquais l’histoire d’Amina,  une affaire emblématique qui avait il y a quelques années défrayé la chronique. Cette jeune nigériane était devenue mère d’un enfant conçu hors mariage, et le gouvernement islamique menaçait d’appliquer la « charia », et précisément de la condamner à la lapidation. Du moins c’est ainsi que l’affaire fut médiatisée. Largement diffusée sur internet, elle est même inséparable du média qui l’a fait connaître. En effet Amina fut acquittée, mais des messages pour la sauver circulèrent longtemps après cette fin heureuse. Amnesty International dut faire beaucoup d’efforts pour arrêter la déferlante des mails. Ainsi, un fait qu’il n’est pas question de nier contribua à une construction : de proche en proche furent confondus charia, Islam, oppression de la femme. Il y eut « folklorisation » du fait religieux musulman. Ici quelques mises au point s’imposent et nous le ferons d’abord en nous appuyant sur l’article « adultère » de l’Encyclopédia Universalis. La répression violente de l’adultère est une constante de toutes les sociétés antiques, et notamment de celles qui sont réparties sur le pourtour de la Méditerranée. Elle marque un territoire déterminé par le code de l’honneur ; là s’impose un code archaïque de la famille, d’où une tension non résolue avec la loi qui régit la société. Corollairement, l’adultère de la femme est toujours puni plus sévèrement que celui de l’homme : l’amant complice, lui-même mari volage ou non,  s’en sort en général assez bien ! Ce déséquilibre se maintient en France jusqu’aux codes napoléoniens, qui jugent plus sévèrement l’incartade de la femme que de l’époux !

    Conclusion : c’est dans les structures sociales qu’il faut rechercher les racines de l’oppression et non pas dans le « fait religieux ».

    Voilà qui est un peu surprenant, puisqu’il est possible de citer des dizaines de textes de condamnation de l’adultère tant dans le judaïsme, que le christianisme et dans  l’Islam. Certes, mais pour nous en tenir au contexte de la Bible, qui est l’arrière-plan du récit, les textes peuvent être interprétés comme des tentatives de réguler autant que faire se peut des pratiques qui relevaient par ailleurs, depuis des temps immémoriaux, d’une vengeance à l’évidence justifiée. La condamnation de l’adultère est formulée de façon plutôt générale, et la responsabilité de l’homme n’est pas occultée. Un passage comme Deutéronome, XXII, 23-29 n’est pas précisément obscurantiste, si on le situe dans son contexte. Très important : la lapidation ne pouvait se faire que si les premières pierres étaient lancées par des témoins. On retrouve mention implicite de cette disposition juridique dans l’épisode que nous allons voir de plus près.

    Pour mieux cerner encore ce qui dans ce texte concerne le « fait religieux », c’est sur une lecture de femme d’aujourd’hui que nous pouvons nous appuyer. Théologienne, France Quéré rassemble dans un recueil « Les femmes de l’évangile » (Seuil Paris, 1982) une série d’analyses qui invitent à retrouver la fraîcheur des textes enfouis sous 2000 ans de contention entre la religion et les femmes ! D’abord, fait observer Quéré, les Pharisiens en veulent moins à la femme qu’à Jésus lui-même. En effet, la coutume de lapider les femmes infidèles était à l’époque tombée en désuétude, et les Juifs n’avaient pas le droit de mettre quelqu’un à mort sans en référer à l’occupant romain. Surtout, une lapidation dans l’enceinte du Temple paraît impensable. Leur véritable adversaire est ce trublion qui réinterprète la religion à sa façon et surtout l’affiche dans un comportement qui met à mal leur autorité. C’est lui qu’ils aimeraient lapider, et la fin du long chapitre 8 de l’évangile de Jean le dit explicitement : « Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se déroba et sortit du Temple » (8,59).

    Quant à la stratégie mise en œuvre par Jésus pour sortir du piège, la théologienne la qualifie d’ironique. « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » est une façon de reprendre, avec des spécialistes du droit, l’argument juridique : que les témoins se manifestent ! mais en même temps ces témoins sont interpellés en tant que fauteurs potentiels, façon de suggérer : « Où est l’amant ? ». Cette  finesse de Jésus prend ces juristes à revers : comment ces gens si respecteux du code pourraient-ils se conduire en assassins hors la loi ? En quelque sorte les voilà « contraints au pardon », ce qui semble explicite dans la formule : « Moi non plus, je ne te condamne pas ». Quant à la femme, Jésus abandonne avec elle toute ironie, et la laisse libre de reconnaître ou non si faute il y avait…



    2Le point de vue anthropologique
    Si nous voulons aborder le « fait religieux » autrement que sous la forme d’une collection de savoirs, forcément émiettés et terriblement lacunaires, une voie peut être l’approfondissement d’un texte assez bien choisi pour qu’il rende le « religieux » intelligible. Ce postulat d’intelligibilité fonde le christianisme par essence. Il ne saurait y avoir contradiction, en toute dernière instance, entre ce message « religieux » et la rationalité, et ce malgré le contentieux historique lourd entre l’Eglise et la philosophie des Lumières[url=http://j-marc.muller.pagesperso-orange.fr/a propos de Jean,8_ancien.htm#_ftn3][3][/url] . Ce texte en est une illustration magnifique. Il suffit de le lire en oubliant qu’il nous a été transmis par une institution religieuse pour qu’il nous devienne singulièrement utile, et pour commencer sur le plan professionnel. Voilà une situation dite de « conflit » et qui pourrait dégénérer en « violence ». Cette fois c’est l’analyse du philosophe René Girard[url=http://j-marc.muller.pagesperso-orange.fr/a propos de Jean,8_ancien.htm#_ftn4][4][/url] qui peut servir d’éclairage. Comme F.Quéré, il observe que l’épisode marque une étape dans un drame qui aboutira à l’explosion de violence du Golgotha, lieu où Jésus mourra crucifié. Mais au cours de cette scène qui se déroule au Temple, la spirale de violence est enrayée. Cette spirale, que Girard nomme aussi « l’escalade » est toujours mimétique ; elle procède d’un entraînement mutuel et aboutit dans un cercle fermé, où, comme dans un chaudron, la tension monte, les pulsions violentes convergeant vers une victime placée sans défense  « au milieu du groupe ». La réponse apportée par cet artiste de la non violence qu’est Jésus tient ici d’abord à une attitude. « Mais Jésus, se baissant, se mit à tracer des traits sur le sol ». Les yeux baissés évitent ainsi la rencontre des regards. Or c’est de leur croisement que procède la violence mimétique. Il faut en avoir fait l’expérience pour comprendre à quel point une formule comme « Regarde-moi dans les yeux ! » peut être vécue comme agressive lorsque le maître, outré, croit ainsi provoquer les aveux de l’élève !  Donc, sans regarder cette troupe d’excités, Jésus s’absorbe dans une autre occupation : « il trace des traits sur le sol ».

    Le verbe  « graphein » qui a donné « graphie » pointe aussi bien l’écriture que le dessin. Dommage pour les commentateurs ultérieurs qui y voyaient la relativisation de la Loi de l’Ancien Testament, destinée à être dépassée, puisqu’écrite sur le sable. Mais le terme « gué » n’a pas ce sens : c’est la « terre », ou le « sol », ce socle qui nous est commun, que nous soyons agresseurs ou agressés. Il est possible d’ailleurs que Jésus ait su lire, mais non écrire, ce qui était courant à l’époque. Tout au plus, mais c’est là l’interprétation que me suggère mon enthousiasme, pourrait-on comprendre que l’activité graphique, par la concentration qu’elle requiert, oblige à prendre du recul, et contribue à la résolution du conflit !


    Les peintres quant à eux, astreints à rassembler dans une image immobile un développement narratif, anticiperont souvent la suite, et inscriront dans leur représentation la parole de Jésus : « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre »[url=http://j-marc.muller.pagesperso-orange.fr/a propos de Jean,8_ancien.htm#_ftn5][5][/url] . Cette phrase est un coup de génie, parce que c’est aussi la solution la plus simple. D’abord l’énonciation se fait au singulier, sans pour autant désigner nommément quelqu’un. La spirale du « défoulement », toujours collectif, est rompue. Mais avec un grand doigté, par un protagoniste qui prend le risque calculé de l’accompagner : « Allez-y, lapidez-la, mais… ». La phrase reprend très certainement la disposition juridique du Deutéronome  relative aux témoins, mais en procurant un éclairage aigu sur son fondement. En matière de lapidation, c’est « commencer » qui est la grande affaire ! Le fait de pointer ainsi la nature du phénomène suffit apparemment à l’inverser : le cercle mortel se défait, et les agresseurs s’en vont, « à commencer par les plus vieux »…

    L’épisode de la femme adultère dans la littérature et la peinture

    Il y aurait avec un tel sujet de quoi alimenter des années de recherche… Dans cet apport, je ne retiendrai que deux exemples.

    Dans son Jésus comme un roman… (Bayard Jeunesse, 2001), Marie-Aude Murail raconte la vie de Jésus comme celle d’un personnage de fiction, donc hors de toute intention théologique, mais avec une grande sobriété et un respect scrupuleux des textes. Le narrateur est l’apôtre Pierre, ce qui est certes inventé, mais conforme à l’essence des Evangiles, qui se donnent comme des « témoignages ». Voici le chapitre intitulé La femme condamnée .

    A chacun d’apprécier le travail de l’écrivain. J’avoue que je le préfère largement à celui de Eric-Emmanuel Schmitt, dans L’Evangile selon Pilate, et cela pour la raison inverse ; cette fiction débridée n’ajoute rien, voire altère la force des textes d’origine. Et surtout Schmitt, que cette outrecuidance n’arrête pas, écrit l’histoire de Yéchoua-Jésus… à la première personne, ce qui me paraît un non sens théologique. Ce jugement qui n’engage que moi ne doit pas dissuader de lire le livre. Voici le passage qui évoque l’épisode de la femme adultère.

    En peinture, parmi des représentations innombrables, et facilement téléchargeables sur le web, je n’ai retenu qu’un seul tableau, celui de Nicolas Poussin . Ici le commentaire s’impose, s’agissant d’une œuvre particulièrement codée. Je me servirai pour cela d’une étude de Joséphine Le Foll, dans un ouvrage collectif (Le Christ et la femme adultère, Dominique Meens, Joseph Caillot, Joséphine Le Foll, Desclee de Brouwer, 2001). Lire ce commentaire .
    un site à consulter :

      La date/heure actuelle est Jeu 21 Nov 2024 - 13:29