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    Pourquoi les abeilles meurent-elles en masse ?

    Arlitto
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    Pourquoi les abeilles meurent-elles en masse ? Empty Pourquoi les abeilles meurent-elles en masse ?

    Message  Arlitto Sam 17 Avr 2021 - 15:44

    Mais pourquoi les abeilles meurent-elles en masse ?

    Au travers du dossier réalisé par Bernard Duran, vous allez pouvoir découvrir pourquoi, depuis quelques années, les abeilles meurent de façon massive. Les scientifiques, à défaut de trouver une raison unique à ce phénomène, tentent de définir les scénarios susceptibles d’expliquer ces mortalités excessives.

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    Surmortalité des abeilles : une énigme encore non résolue

    Depuis trois à quatre ans, les abeilles meurent de façon massive. L’alarme est lancée depuis que les pouvoirs publics des grands pays industrialisés ont pris conscience du rôle crucial des pollinisateurs dans l’économie

    Les scientifiques, à défaut de trouver une raison unique à ce phénomène, tentent de définir les scénarios susceptibles d’expliquer ces mortalités excessives.

    Pour quelles raisons les abeilles domestiques meurent-elles de façon anormale un peu partout dans le monde depuis quatre à cinq ans ? Dans quelle mesure ce phénomène touche-t-il l’ensemble des pollinisateurs (rappelons qu’aux côtés de l’abeille domestique Apis mellifera, on compte en Europe quelque 2.500 espèces d’abeilles sauvages) ? Y-a-t-il une cause majeure de la fragilisation des abeilles ou faut-il rechercher une combinaison plus complexe de différents agresseurs ?

    Ces questions qui mobilisent aujourd’hui de nombreux scientifiques en Europe et aux États-Unis ne trouvent pas encore de réponse satisfaisante. 

    Or, il y a urgence à comprendre pourquoi les abeilles sont malades. En effet, la survie de la grande majorité des plantes à fleurs et la production de plus de 80 % des plantes cultivées dans le monde dépendent étroitement du service de pollinisation rendu par les butineurs. Un déclin prononcé des pollinisateurs pourrait porter de graves atteintes à la production alimentaire mondiale ainsi qu'à la biodiversité. 

    Ce dossier permet de mieux saisir les principaux aspects d’un débat très sensible. Après un rappel des faits et des principales pistes de recherche, nous étudierons la responsabilité éventuelle des pesticides dans la vulnérabilité des abeilles. Puis nous nous pencherons sur les agents pathogènes, à commencer par un redoutable parasite, l’acarien Varroa destructor. Enfin sera exposée la thèse d’une éventuelle combinaison de facteurs dépressifs pour les abeilles. 

    Cela fait des années que les apiculteurs français dénoncent les effets mortels des pesticides sur les abeilles. Gaucho, Régent, Cruiser et autres insecticides neuro-systémiques utilisés pour traiter les grandes cultures (maïs, tournesol, colza…) sont désignés comme responsables de la grande fragilisation de l’abeille domestique. Nombre de scientifiques partagent cette opinion mais les preuves incontestables de cette implication sont difficiles à rassembler.

    Pesticides : la course à la puissance

    L’essor de l’industrie des pesticides s’apparente en grande partie à une sorte de course à l’armement. Depuis la seconde guerre mondiale, des nouvelles générations de produits se succèdent, toujours plus puissantes, toujours plus concentrées. Fin des années 1960- début des années 1970, les organophosphorés (par exemple, le phosalone) et les carbamates (dérivés de l’acide carbamique) prennent la relève du DDT et des organochlorés. Dans les années 1970, apparaît une nouvelle famille d’insecticides, les pyréthrinoïdes, à la structure et aux effets comparables aux pyrètres naturels (tirés de la plante du même nom et du chrysantème).

    Parmi les pyréthrinoïdes les plus connus, citons la deltaméthrine, utilisé pour lutter contre la chrysomèle, un coléoptère ravageur des cultures du maïs. Courant des années 1990, apparaissent les néonicotinoïdes, des molécules apparentées à la nicotine qui se fixent sur les récepteurs neuronaux. Le plus connu est l’imidaclopride, commercialisé sous le nom de Gaucho, aujourd’hui largement utilisé en France sur les céréales (blé, orge, avoine…). Autre « vedette », le fipronil de la famille des phényls pyrazoles est la matière active du très controversé Régent-TS:registered:. 

    Les insecticides néonicotinoïdes tuent les insectes par choc neurotoxique : la substance se fixe sur des récepteurs neuronaux et perturbe les neurotransmetteurs de façon irrémédiable, en bloquant le transport des ions et donc l’influx nerveux. Pour cela, il suffit d’employer des doses très faibles (de l’ordre de 30 à 70 grammes de matière active par hectare). Selon Jean-Marc Bonmatin, chimiste au CNRS, néonicotinoïdes et fipronil sont 5 à 7.000 fois plus toxiques pour les abeilles que le DDT. 

    Des produits mortels pour les abeilles à des doses infimes 

    Les nouvelles substances chimiques sont opérantes à l’échelle du milliardième de gramme (nanogramme) voire moins. Selon Luc Belzunces, chercheur à l’Inra, « l’ingestion d’un picogramme d’imidaclopride par jour (un millième de milliardième de gramme) suffit à tuer une abeille en dix jours »! (1). Soit des traces infimes de produit, largement inférieures à celles retrouvées dans le pollen ou le nectar des plantes traitées. Autre souci, l’insecticide néonicotinoïde persiste dans l’environnement. C’est ce que l’on appelle la rémanence. Tant la matière active de ces insecticides que leurs métabolites (parfois encore plus destructeurs) tuent « silencieusement » mais systématiquement les insectes en contact avec ces substances. 

    (1) Luc Belzunces, directeur de l’UMR-Université Avignon et Pays de Vaucluse « Abeilles et environnement » cité dans « Le déclin des abeilles, un casse-tête pour la recherche », Inra Magazine N°9. Juin 2009. 

    Un bain toxique pour les abeilles

    La banalisation des pesticides dans l’agriculture et la diffusion de substances insecticides extrêmement puissantes contribuent à baigner les abeilles dans un environnement toxique. Dans des régions de grandes cultures, une butineuse, en visitant plusieurs centaines de fleurs par jour, s’intoxique en confectionnant des pelotes de pollen et en prélevant du nectar de fleurs contaminé. 

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    Abeilles en train de boire. Les pollutions de l'air et de l'eau, par les pesticides notamment sont suspectées de contribuer à affaiblir l'immunité des abeilles, guêpes et de nombreux autres insectes dont les populations sont en régression.

    Pour son voyage de retour, elle consomme une partie du nectar récolté et peut ainsi absorber jusqu’à plusieurs centaines de picogrammes de substance toxique active par jour. Les nourrices, chargées de soigner le couvain (les œufs, larves, nymphes abrités dans les alvéoles en cire), consomment de grandes quantités de pollen les premiers jours de leur vie (jusqu’à 60 mg les huit à dix premiers jours de leur vie). 

    En zone de cultures intensives, le pollen qui a servi à la confection du pain d’abeilles risque fort d’être contaminé. Les nourrices peuvent ainsi absorber entre 40 et 160 picogrammes de matière active par jour. Au bout de quelques jours, une larve peut ingérer jusqu’à plusieurs dizaines de picogrammes d’imidaclopride (plus de 80 pg au bout de cinq jours) lorsque le pollen et le nectar d’origine ont été contaminés. 

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    Rayon de cire d'abeilles domestiques portant des œufs et des larves. Les parrois des cellulles ont été enlevées. Les larves (des faux-bourdons) sont âgées de 3 à 4 jours.

    Aussi, suspecte-t-on de plus en plus une forme d’empoisonnement lent de l’abeille dès le stade larvaire : une intoxication chronique qui expliquerait la fragilisation de la colonie et un fort risque d'effondrement. Même si l’on a du mal à isoler dans la réalité ce phénomène, la vulnérabilité du couvain à l’exposition chimique et en particulier aux neurotoxiques, semble très plausible. 

    Source : rapport du comité scientifique et technique de l’étude multifactorielle des troubles de l’abeille, « Imidaclopride utilisé en enrobage de semences (Gaucho) et troubles des abeilles », septembre 2003. 

    Effets sublétaux 

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    Les travaux mettant en évidence les effets sublétaux des insecticides sur les abeilles ne manquent pas. Des quantités infimes de produits chimiques suffisent à perturber des comportements vitaux tels que l’échange de nourriture, la communication par les antennes, les danses tremblantes (danses servant à indiquer aux autres abeilles la localisation et l’abondance des sources de nectar). Les néonicotinoïdes en particulier, en mettant à mal les facultés d’orientation, d’apprentissage et de mémorisation (essentielles pour la localisation des sources de nectar) des butineuses, et même de thermorégulation de la colonie, pourraient contribuer à ruiner la cohésion de la colonie et à précipiter sa chute.

    Même les adversaires les plus virulents des pesticides reconnaissent que l’abeille est victime de nombreuses autres « agressions ». Parasites, virus, champignons… un ensemble d’agents pathogènes affaiblit en permanence Apis mellifera. À commencer par un acarien redoutable, Varroa destructor.

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    De nombreux agents pathogènes menacent les abeilles. 

    Le varroa, saigneur des abeilles

    Depuis le début des années 1980, les abeilles en Europe sont rongées par un mal insidieux et apparemment impossible à éradiquer : le varroa (Varroa destructor).

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    Varroa destructor. :copyright: Domaine public

    Le varroa, un acarien d’environ 1,5 millimètre venu d’Asie qui parasite l’abeille et se nourrit de son hémolymphe, c'est-à-dire son sang. Pour cela, on l’a surnommé le vampire des abeilles. De forme aplatie, très agile, le varroa infiltre le couvain de la ruche ou s’accroche à l’abeille. Il se développe très vite : la femelle pond de deux à huit œufs qui vont donner naissance à un mâle et plusieurs femelles, et pompe littéralement le sang des nymphes et des abeilles adultes. En la privant de ses protéines, le varroa vieillit prématurément l’abeille, diminue les capacités de reproduction de la colonie. 

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    Couvain, ouvrières, œufs et larves d'abeilles

    De surcroît, le varroa, en piquant l’abeille, lui transmet de multiples agents pathogènes (bactéries, virus…), en particulier, le virus des ailes déformées (DWV), celui de la paralysie aiguë (ABPV), celui du Cachemire (KBV), le virus sacciforme (SBV) qui entraîne la mort des larves, et diverses autres maladies du couvain. On soupçonne également l’acarien de contribuer à déprimer le système immunitaire de l’abeille. Cet effet pourrait être aggravé par le manque de ressources alimentaires disponibles pour l’abeille. En effet, le système de défense de l’abeille repose sur les protéines apportées par le pollen. Si le pollen vient à manquer ou si sa qualité laisse à désirer (cas des pollens de maïs ou de tournesol relativement pauvres en protéines et en acides aminés), alors l’abeille devient moins apte à se défendre et le parasite prend le dessus. 

    (1) « Une bithérapie, voire une trithérapie contre Varroa destructor semble désormais nécessaire. » La Semaine Vétérinaire. N°1347. 13 février 2009.

    (2) « Mortalités, effondrements et affaiblissements de colonies d’abeilles » Afssa. Novembre 2008. 

    Quasiment aucune colonie d’abeilles dans le monde, n’échappe actuellement au varroa, à l’exception de l’Australie qui a pu miraculeusement s’en prémunir. Si la ruche n’est pas traitée, elle est condamnée à mourir de la varroatose au bout de deux à trois ans. Désormais, personne dans le monde apicole ne sous-estime l’ennemi. « Le varroa est responsable à 60 % des maladies des abeilles et de l’affaiblissement des colonies. Il cristallise tous les problèmes de l’apiculture », analyse un apiculteur.

    Contamination de la ruche et de la reine 

    Pour contenir le seuil d’infestation de varroa, l’apiculteur doit inspecter régulièrement chaque ruche et appliquer des traitements très précis, à la bonne période, sous peine de voir s’effondrer ses colonies. Il dispose de divers traitements possibles : l’Apistan:registered: à base de fluvalinate, l’Apivar:registered: à base d’amitraze, ainsi que des produits « bio » (thymol, acide formique, acide oxalique). Mais aucun ne permet d’éradiquer le parasite. Inévitablement, des phénomènes de « résistance » apparaissent qui impliquent de traiter avec plusieurs produits (bithérapies ou trithérapies). 

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    Reine (point blanc) entourée de ses ouvrières

    Autre problème tout aussi inquiétant, les traitements chimiques contre le varroa semblent contaminer les ruches et concourrir au dépérissement des abeilles. On retrouve en effet souvent dans les cires des doses élevées de résidus chimiques d’acaricides. Ces produits chimiques, pour certains liposolubles (solubles dans les graisses), se concentrent dans les cires et cumulent leurs effets toxiques. La plus exposée à cette « pollution interne » serait la reine qui vit deux à trois ans dans l’espace confiné de la ruche. « Certains traitements à base de produits liposolubles (coumaphos et fluvalinate) de la varroase sont source de contamination importante des cires pouvant entraîner des effets délétères sur les reines » (1). Si la reine est intoxiquée de façon chronique, il ne peut qu’en découler une fragilité accrue de la descendance et de toute la colonie.

    (1) Enquête prospective multifactorielle. Afssa. Février 2008. 

    Maladies et virus : une liste mortelle 

    L’abeille est en réalité affectée par une liste étonnamment longue de pathologies. Nosema ceranae ou son cousin Nosema apis, qui déclenche la nosémose, une maladie parasitaire, est cité comme l’un des grands suspects dans l’enquête sur la surmortalité des abeilles, notamment par des chercheurs espagnols. Ce champignon (plus précisément un microsporidie) est un parasite qui se développe au sein d’une cellule de l’hôte, en l’occurrence des cellules de l’intestin de l’abeille. Quand une épidémie de nosémose se déclare, elle peut engendrer la perte de la colonie entière. Mais pour donner une idée de l’ampleur des problèmes rencontrés par les abeilles, il faut citer : les champignons générant les maladies du couvain (couvain plâtré, couvain pétrifié…), la maladie de la loque américaine due à une bactérie (Paenibacillus larvae), un éventail impressionnant de virus : virus des ailes déformées - DWV -, du couvain sacciforme -SBV-, le virus du Cachemire - KBV -, le virus de la paralysie chronique ou maladie noire - CPV - … 

    Le virus le plus célèbre étant l’APV (Acute Paralysis Virus), tout spécialement la version découverte en Israël, IAPV, Israelian Acute Paralysis Virus. Pour certains, les maladies sont les « facteurs prépondérants » de la mortalité des abeilles. C’est l’avis de Martial Saadier, auteur du rapport officiel commandé par le gouvernement à la fin 2008 (1). Analyse contestée par de nombreux chercheurs pour qui les abeilles deviennent vulnérables aux maladies parce qu’elles sont fragilisées par des contaminations chimiques ou une sous-alimentation chronique. 

    Les polémiques nées autour du dépérissement des abeilles font émerger une thèse fourre-tout, « le multifactoriel ». Selon cette thèse, il n’y a pas une cause unique de mortalité des abeilles, mais une combinaison de causes. Les principaux facteurs de fragilisation des abeilles, à savoir la dégradation de l’environnement, la toxicité des pesticides, les agents pathogènes, la pénurie de ressources nutritives se combineraient pour entraîner les abeilles dans une spirale mortelle.

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    Mortalité des abeilles : qu'est-ce que l'approche multifactorielle ?

    Les scénarios majeurs de la mortalité des abeilles

    Au cœur de l’âpre bataille médiatique concernant les abeilles, l’approche multifactorielle a tendance à mettre toutes les causes sur le même plan. « Dans la plupart des cas de dépérissement des ruchers, ce sont très probablement plusieurs facteurs qui agissent en synergie pour provoquer ces situations d’affaiblissement ; les cas où un unique facteur serait le seul responsable sont sans aucun doute extrêmement rares. » peut-on lire sur le site 
    [ltr]http://www.jacheres-apicoles.fr[/ltr]
    , un site en partie financé par la firme Bayer qui cherche implicitement à désarmorcer les attaques contre l’industrie phytosanitaire. 

    Si un discours aussi flou se diffuse, c’est bien parce qu’aucune équipe scientifique n’a pu mettre en lumière une combinaison des facteurs expliquant la majorité des cas de mortalités. À ce propos, Yves Le Conte, chercheur à l’Inra, parle de « boîte noire des synergies entre facteurs » (1). En fait, trois à quatre combinaisons de facteurs sont souvent avancées. L’une d’entre elles met en avant le varroa qui affaiblit considérablement l’abeille. En lui pompant l’hémolymphe et ses protéines, le parasite contribue à réduire les défenses immunitaires de son hôte et ouvre la voie aux virus, aux champignons parasites tel que Nosema, et à diverses affections.

    L’autre grand scénario présente l’intoxication chimique, comme une cause première. L’intoxication chronique des abeilles, notamment via le pollen contaminé, fragilise les colonies. Les larves sont empoisonnées dès les premiers jours de vie. Dans certains cas, la reine affaiblie ralentit voire cesse la ponte. La colonie qui n’est plus assez populeuse, est mal armée pour « passer l’hiver ». Le phénomène est aggravé par les autres facteurs (pollen de faible qualité protéinique) ou amplifié par des facteurs opportunistes tels que la montée du varroa, le développement des virus... 

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    Varroa sur le corps d'une abeille. Cet acarien pompe l'hémolymphe de l'abeille et lui transmet de multiples virus et bactéries.
    La survie de la colonie ne tient plus qu’à un fil : les conditions climatiques, le savoir-faire de l’apiculteur et les soins qu’il apporte à ses abeilles (complément alimentaire, médicaments)… Une erreur humaine (mauvais traitement), une saison trop pluvieuse ou trop sèche, et la colonie finit par s’effondrer. 

    (1) Yves Le Conte, directeur de recherche UMR Inra-Université Avignon et Pays de Vaucluse « Abeilles et environnement », dans Le déclin des abeilles, un casse-tête pour la recherche. Inra Magazine n°9. Juin 2009 

    Une toile de fond déprimante 

    La moindre profusion de fleurs et la mauvaise alimentation contribue sans doute à affaiblir les défenses immunitaires des abeilles. Diverses études mettent en avant des corrélations entre carences alimentaires et vulnérabilité aux produits chimiques. Ainsi, les abeilles ayant reçu une alimentation pauvre en protéines durant les premiers jours de leur vie, deviendraient à l’âge adulte plus sensibles aux pesticides et moins résistantes. Par ailleurs, le stress provoqué par les transhumances et l’exposition à des cultures traitées accroît probablement la sensibilité des abeilles aux maladies. 

    Pour certains chercheurs américains, la spirale dépressive typique est la suivante : des butineuses exposées à de fortes doses de contaminants meurent en nombre, la colonie est désorganisée, affaiblie, est devient incapable de résister aux parasites ou aux maladies. Phénomène accéléré par l’éventuelle défaillance du système immunitaire de l’abeille. 

    (1)Wahl O. & Ulm K. 1983 - Influence of pollen feeding and physiological condition on pesticide sensitivity of the honey bee Apis mellifera carnica, Oecologia, 59: 106-128. 

    Couple de criminels et cocktail explosif 

    Malgré la diversité des scénarios d’effondrement, y-aurait-t-il néanmoins un responsable majeur de cet accident écologique ? De plus en plus, les scientifiques explorent l’hypothèse non pas d’un « serial killer » isolé, mais plutôt d’un couple de criminels. L’un des couples désignés est celui d’un champignon et d’un insecticide. Les champignons sont en effet utilisés comme arme biologique contre les ravageurs (sauterelles, pyrale du maïs), avec une efficacité grandement accrue quand ils sont combinés avec un puissant insecticide de type néonicotinoïde. « Il est courant de traiter des cultures de maïs avec un mélange de spores de champignons (hyphomycètes entomopathogènes) et d’imidaclopride, dont la synergie est puissante et ravageuse » peut-on lire dans un article du ministère de la Recherche . 

    Typiquement, les abeilles pourraient être les victimes d’une association champignon-insecticide neurosystémique, combinaison qui peut facilement se former aujourd’hui dans la ruche. Des équipes de l’Inra viennent de réaliser une série d’expériences édifiantes sur le couple formé par le champignon Nosema et l’insecticide imidaclopride (famille des néonicotinoïdes). Cette étude met en évidence les effets de synergie mortels de cette association. « Il y a potentialisation des effets de mortalité, c’est-à-dire une mortalité beaucoup plus élevée que la somme des effets de chaque facteur pris séparément. On observe notamment une altération de l’immunité collective de la ruche en présence de Nosémose et d’imidaclopride », expose Jean-Louis Brunet de l’Inra. 

    Autre piste explorée, le cocktail explosif formé par une accumulation inquiétante dans la ruche de nombreuses substances chimiques (insecticides, fongicides, acaricides…). Avec à la clé, la question cruciale des « synergies » entre produits chimiques, et celle de la croissance exponentielle de leur toxicité. « En association avec des pyréthrinoïdes ou des insecticides néonicotinoïdes, les fongicides peuvent avoir des effets cent fois plus toxiques que chacun de ces produits utilisés seuls », avertit James Frazier, chercheur au Penn State University (3). D’autres toxicologues parlent d’une multiplication de la puissance toxique des produits par un facteur mille. Les abeilles qui sont en échange permanent avec l’environnement sont des victimes toutes désignées de ces combinaisons chimiques dont on ne connaît pas encore les effets précis.

    Pour en savoir plus, consultez le livre de l'auteur sur les abeilles et leur importance pour la planète. 
    En savoir plus sur les abeilles. :copyright: Jean-Pierre Hamon GNU Free Documentation License, Version 1.2

    •Les abeilles, la planète et le citoyen, Bernard Duran, Editions Rue de l’Échiquier.

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    Quelle est la gravité exacte de la situation ? Quelles sont les causes du déclin des pollinisateurs ? Quel peut être l’impact réel sur la société, tant sur le plan économique qu’écologique ? Et surtout, quelles sont les solutions possibles et les initiatives utiles pour améliorer la situation ? Chacun, à son niveau, a en effet les moyens d’agir.

    Les dossiers Futura-Sciences :

    •L'abeille, sentinelle écologique : un dossier très complet et richement illustré de Patrick Straub ;
    •Abeilles, accueillir une ruche chez soi : avoir un ruche sur sa terrasse, faire miel, un dossier très bien expliqué de Sylvie Cardon-Nomblot ;
    •La pollinisation un service écologique gratuit : tout savoir sur la pollinisation un dossier de Patrick Straub.

    Revue :

    L’Unaf édite par ailleurs la revue mensuelle Abeilles et Fleurs. 
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    Message  Arlitto Sam 17 Avr 2021 - 15:44

    DES FRELONS TUEURS

    Depuis quelques jours, les Etats-Unis sont en état d'alerte maximale à cause de l'invasion de dangereux insectes géants tueurs. Installez-vous bien confortablement et oubliez tout ce qui se passe en ce moment dans le reste du monde, car aujourd'hui nous partons aux Etats-Unis. Quel est donc cet insecte qui menace la plus grande puissance mondiale ? A quel point est-il dangereux pour l'Homme? La situation aux Etats-Unis est-elle réellement critique en ce moment? Aujourd'hui nous vous dirons tout à propos de celui qui représente actuellement le nouvel ennemi des américains !
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    Sources :
    https://anotepad.com/notes/q83iry9t


    Des frelons géants d'Asie repérés aux États-Unis

    Ces insectes sont capables d'attaquer les essaims d'abeilles et de guêpes en bande: un véritable danger pour la faune locale.


    Un frelon asiatique géant tue une souris en quelques secondes





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