Du grand art à Sepphoris
Qui, avant aujourd’hui, a entendu parler de la ville de Sepphoris ou de Zippori? À peu près personne, à moins de s’intéresser à l’archéologie d’Israël, ou à l’histoire juive. Pourtant, cette ville fut l’une des plus importantes cités romaines de la Palestine à l’époque du Nouveau Testament. Toutefois, comme pour l’autre grande ville de la région, Tibériade, le Nouveau Testament n’en parle jamais. Les mosaïques de Sepphoris sont d’une richesse et d’une qualité d’exécution peu commune. Elles ornaient les demeures de quelques riches familles de la ville.
On sait que dans le monde romain, et chez les Byzantins par la suite, les gens appréciaient particulièrement les décorations, fresques murales et mosaïques aux planchers. Quelques maisons de Sepphoris témoignent de cet engouement. Certains propriétaires n’ont pas hésité à investir une partie de leur fortune pour rehausser le niveau de leur demeure grâce à ces décorations.
Dans l’un des édifices byzantins retrouvés dans la partie est de la ville, on a découvert une magnifique mosaïque représentant des scènes associées à un festival du Nil qui célébrait les crues du fleuve et l’apport de la prospérité dans les champs. L’ensemble de la mosaïque fait 6,2 m x 6,7 m. On y a représenté divers animaux et plantes de la région du Nil, ainsi que des scènes mythiques qui racontent l’origine du grand fleuve.
La portion que nous voyons ici (petite portion en regard de l’ensemble de la mosaïque) se trouve au coin supérieur gauche de la grande mosaïque. On y voit une dame personnifiant l’Égypte, comme l’indiquent les quelques lettres grecques, « AIG », visibles dans le coin supérieur gauche. La dame est vêtue d’une tunique qui repose sur ses épaules et sur ses jambes, laissant dévoilée sa poitrine. Elle porte dans la main gauche une corbeille de fruits, tandis que son bras droit repose sur un panier d’osier, bien garni lui aussi. Devant elle, quelques animaux qui broutent dans des buissons. Les bords extérieurs sont décorés de triangles et de torsades intégrés dans des cadres rectangulaires.
Ailleurs sur la mosaïque, on a représenté des scènes de chasse, un nilomètre qui servait à mesurer le niveau des eaux du Nil, des chevaux galopant vers la ville d’Alexandrie, le phare de Pharos, etc. Faut-il en déduire que le propriétaire était originaire d’Égypte et qu’il désirait s’entourer de traditions associées à son pays natal? Difficile à dire. Il peut s’agir simplement d’une volonté de donner un cachet exotique à cette maison de Galilée. Quoiqu’il en soit des intentions, reconnaissons que l’œuvre offre une grande qualité artistique et une maîtrise de l’art des mosaïques assez élevée.
Une ménorah dans la synagogue
Le Talmud, dans une des parties où l’on relate les funérailles du grand rabbin Judah Ha-Nassi, précise que Sepphoris comptait au moins 18 synagogues. Les fouilles n’ont révélé encore aucune synagogue complète. On a cependant trouvé, dans l’un des édifices interprétés comme étant une synagogue, des restes de mosaïques. Sur une de celles-ci, on peut voir un panneau dont le tour est fait de torsades, et au milieu duquel on a reproduit une ménorah, ou chandelier à sept branches. Celle-ci repose sur un piédestal à trois pattes et se compose d’une suite de cercles et de triangles qui s’emboîtent les uns dans les autres. À droite du chandelier, un shophar (corne de bélier), à sa gauche une pomme-grenade, symbole de fertilité. Au-dessus du chandelier, une inscription grecque. Cette œuvre date probablement du début du 5e siècle et montre que l’on n’hésitait pas à décorer également les édifices religieux, comme on en a des exemples ailleurs en Israël.
La Mona-Lisa de Galilée
L’une des plus importantes découvertes de Sepphoris, et probablement d’Israël, se trouve au sud du théâtre de la ville, dans ce que les archéologues appellent le palais de Sepphoris. Il s’agit d’un grand édifice faisant 23 m de large par 30 m de long, construit au 3e siècle.
C’est le hall central qui retient davantage l’attention des visiteurs aujourd’hui, et pour lequel le département des Antiquités d’Israël a investi quelques dizaines de milliers de dollars pour le préserver intact. Ce hall (7 m x 9,25 m) a probablement servi de triclinium (ou salle à manger). Il est décoré d’une grande mosaïque rectangulaire polychrome (plus de 26 teintes différentes) sur laquelle on a reproduit diverses scènes associées à la vie et au culte de Dyonisos, dieu grec des plaisirs et des orgies (le Bacchus des Romains). Quinze panneaux formaient la mosaïque centrale à l’origine. De ceux-ci, onze sont intacts, trois ont été détruits et un a été partiellement conservé. Parmi les scènes dionysiaques, on trouve un concours de beuveries avec Hercules, une procession victorieuse et le mariage de Dyonisos avec Ariane.
Autour des panneaux consacrés à Dyonisos, 22 médaillons de feuilles d’acanthe décorent le tout. C’est un de ces médaillons que l’on voit plus haut. Il s’agit du buste d’une femme, auréolée d’une couronne de laurier et portant des pendentifs aux oreilles. Chacun des médaillons reproduit également des scènes de chasse en incluant un ou deux chasseurs nus, et des animaux.
On peut voir sur le haut de la photo, le bas de quelques panneaux consacrés à Dyonisos. Le médaillon de feuilles d’acanthe est presque complet, il n’y manque que la portion du bas à droite. Le buste de la jeune femme se trouve au centre et, à gauche, un petit chasseur nu à la hauteur du visage de la dame. Il est peu visible, mais on peut le deviner, en haut du petit chasseur, à sa gauche, entre lui et le panneau dionysiaque, on peut voir une caille.
La qualité exceptionnelle de cette mosaïque, le souci du détail et la perfection avec laquelle on a reproduit les traits du visage rendent cette œuvre tout à fait unique. Elle mérite, à elle seule, qu’on se rende sur le site de Sepphoris.
Qui, avant aujourd’hui, a entendu parler de la ville de Sepphoris ou de Zippori? À peu près personne, à moins de s’intéresser à l’archéologie d’Israël, ou à l’histoire juive. Pourtant, cette ville fut l’une des plus importantes cités romaines de la Palestine à l’époque du Nouveau Testament. Toutefois, comme pour l’autre grande ville de la région, Tibériade, le Nouveau Testament n’en parle jamais. Les mosaïques de Sepphoris sont d’une richesse et d’une qualité d’exécution peu commune. Elles ornaient les demeures de quelques riches familles de la ville.
On sait que dans le monde romain, et chez les Byzantins par la suite, les gens appréciaient particulièrement les décorations, fresques murales et mosaïques aux planchers. Quelques maisons de Sepphoris témoignent de cet engouement. Certains propriétaires n’ont pas hésité à investir une partie de leur fortune pour rehausser le niveau de leur demeure grâce à ces décorations.
Dans l’un des édifices byzantins retrouvés dans la partie est de la ville, on a découvert une magnifique mosaïque représentant des scènes associées à un festival du Nil qui célébrait les crues du fleuve et l’apport de la prospérité dans les champs. L’ensemble de la mosaïque fait 6,2 m x 6,7 m. On y a représenté divers animaux et plantes de la région du Nil, ainsi que des scènes mythiques qui racontent l’origine du grand fleuve.
La portion que nous voyons ici (petite portion en regard de l’ensemble de la mosaïque) se trouve au coin supérieur gauche de la grande mosaïque. On y voit une dame personnifiant l’Égypte, comme l’indiquent les quelques lettres grecques, « AIG », visibles dans le coin supérieur gauche. La dame est vêtue d’une tunique qui repose sur ses épaules et sur ses jambes, laissant dévoilée sa poitrine. Elle porte dans la main gauche une corbeille de fruits, tandis que son bras droit repose sur un panier d’osier, bien garni lui aussi. Devant elle, quelques animaux qui broutent dans des buissons. Les bords extérieurs sont décorés de triangles et de torsades intégrés dans des cadres rectangulaires.
Ailleurs sur la mosaïque, on a représenté des scènes de chasse, un nilomètre qui servait à mesurer le niveau des eaux du Nil, des chevaux galopant vers la ville d’Alexandrie, le phare de Pharos, etc. Faut-il en déduire que le propriétaire était originaire d’Égypte et qu’il désirait s’entourer de traditions associées à son pays natal? Difficile à dire. Il peut s’agir simplement d’une volonté de donner un cachet exotique à cette maison de Galilée. Quoiqu’il en soit des intentions, reconnaissons que l’œuvre offre une grande qualité artistique et une maîtrise de l’art des mosaïques assez élevée.
La mosaïque d'une ménorah (avant sa restauration)
Une ménorah dans la synagogue
Le Talmud, dans une des parties où l’on relate les funérailles du grand rabbin Judah Ha-Nassi, précise que Sepphoris comptait au moins 18 synagogues. Les fouilles n’ont révélé encore aucune synagogue complète. On a cependant trouvé, dans l’un des édifices interprétés comme étant une synagogue, des restes de mosaïques. Sur une de celles-ci, on peut voir un panneau dont le tour est fait de torsades, et au milieu duquel on a reproduit une ménorah, ou chandelier à sept branches. Celle-ci repose sur un piédestal à trois pattes et se compose d’une suite de cercles et de triangles qui s’emboîtent les uns dans les autres. À droite du chandelier, un shophar (corne de bélier), à sa gauche une pomme-grenade, symbole de fertilité. Au-dessus du chandelier, une inscription grecque. Cette œuvre date probablement du début du 5e siècle et montre que l’on n’hésitait pas à décorer également les édifices religieux, comme on en a des exemples ailleurs en Israël.
La Mona-Lisa de Galilée
L’une des plus importantes découvertes de Sepphoris, et probablement d’Israël, se trouve au sud du théâtre de la ville, dans ce que les archéologues appellent le palais de Sepphoris. Il s’agit d’un grand édifice faisant 23 m de large par 30 m de long, construit au 3e siècle.
C’est le hall central qui retient davantage l’attention des visiteurs aujourd’hui, et pour lequel le département des Antiquités d’Israël a investi quelques dizaines de milliers de dollars pour le préserver intact. Ce hall (7 m x 9,25 m) a probablement servi de triclinium (ou salle à manger). Il est décoré d’une grande mosaïque rectangulaire polychrome (plus de 26 teintes différentes) sur laquelle on a reproduit diverses scènes associées à la vie et au culte de Dyonisos, dieu grec des plaisirs et des orgies (le Bacchus des Romains). Quinze panneaux formaient la mosaïque centrale à l’origine. De ceux-ci, onze sont intacts, trois ont été détruits et un a été partiellement conservé. Parmi les scènes dionysiaques, on trouve un concours de beuveries avec Hercules, une procession victorieuse et le mariage de Dyonisos avec Ariane.
Autour des panneaux consacrés à Dyonisos, 22 médaillons de feuilles d’acanthe décorent le tout. C’est un de ces médaillons que l’on voit plus haut. Il s’agit du buste d’une femme, auréolée d’une couronne de laurier et portant des pendentifs aux oreilles. Chacun des médaillons reproduit également des scènes de chasse en incluant un ou deux chasseurs nus, et des animaux.
On peut voir sur le haut de la photo, le bas de quelques panneaux consacrés à Dyonisos. Le médaillon de feuilles d’acanthe est presque complet, il n’y manque que la portion du bas à droite. Le buste de la jeune femme se trouve au centre et, à gauche, un petit chasseur nu à la hauteur du visage de la dame. Il est peu visible, mais on peut le deviner, en haut du petit chasseur, à sa gauche, entre lui et le panneau dionysiaque, on peut voir une caille.
La qualité exceptionnelle de cette mosaïque, le souci du détail et la perfection avec laquelle on a reproduit les traits du visage rendent cette œuvre tout à fait unique. Elle mérite, à elle seule, qu’on se rende sur le site de Sepphoris.