Jérusalem : ville de David
Étant donné la place qu’occupa Jérusalem dans l’histoire d’Israël, et sa signification dans l’expérience religieuse du peuple de Dieu depuis les origines patriarcales (les Jébuséens de Gn 15) jusqu’aux dernières lueurs de l’Apocalypse (Ap 21-22), on n’est pas étonné de voir la longue procession des archéologues qui se succédèrent en ces lieux depuis le milieu du XIXe siècle.
Les résultats ont été, hélas, très décevants pour nombre de ces expéditions. Une première difficulté relève du fait que le site n’a jamais cessé d’être occupé depuis le IIIe millénaire avant J.-C. jusqu’à nos jours. Les vestiges des diverses périodes se présentent très souvent dans un imbroglio inextricable; il faut aussi tenir compte du fait que le site ancien est actuellement occupé dans sa quasi totalité. Les fouilles sont donc à la fois limitées et fragmentaires. Il ne faut pas oublier, enfin, que les nombreuses recherches passées ont évidemment été faites selon des méthodes encore en voie de perfectionnement : pour progresser, il fallait détruire ce qui était mis à découvert. Ainsi les recherches présentes se voient privées de résultats passés vraiment fiables et de certaines couches archéologiques sans doute riches, maintenant disparues à tout jamais. Somme toute, nous ne devons plus nous attendre à des découvertes qui nous donnent une vue complète et équilibrée de l’histoire de Jérusalem, surtout pour ses périodes les plus anciennes. En effet, dans le secteur ou la ville était alors concentrée, nous sommes en présence non seulement da niveaux détruits par les archéologues de jadis, mais aussi de larges superficies de son aire qui ont été nettoyées jusqu’au roc par Hérode le Grand, qui trouva là un terrain de carrière idéal pour la construction de sa nouvelle Jérusalem. Cette longue introduction sur l’histoire des fouilles de Jérusalem veut écarter tout faux espoir de résultats sensationnels; ainsi, nous n’aurons que d’humbles notices à rapporter ici
.
Une première conclusion importante concerne la date de l’origine de la ville et son étendue. Il est maintenant bien acquis que la colline tout juste à l’ouest de la source principale de Jérusalem, appelée Gihon, a été habitée depuis le début de l’Ancien Bronze, soit le début du IIIe millénaire avant J.-C. Il faudra attendre le XVIIIe siècle, le Moyen Bronze II, pour voir apparaître le premier rempart, épais de 4 m en moyenne, et qui restera en usage jusqu’à la chute de Jérusalem en 587. C’est donc là la ville cananéenne que David devra conquérir. D’après les sondages et les fouilles menées jusqu’au roc, la superficie de cette ville cananéenne que David va conquérir à la fin du Xe siècle, ne dépasse pas 400 m de longueur et 150 m de largeur (A sur le plan). Elle se présente donc comme une grosse forteresse, ce que l’historien biblique reconnaît lui-même (2 S 5,6-10).
L’inclinaison de la colline, dans cette région de la source, est très prononcée : elle fait pas moins de 45o! On imagine donc les difficultés qu’il faut surmonter pour accrocher des bâtiments sur une telle pente. Le problème a été réglé, en partie, en allongeant quatre terrasses de pierres sur le travers de la colline, sur lesquelles les maisons sont littéralement soudées. Des escaliers, servant de rues, relient ces terrasses, entre elles. Il faut peut-être voir là ce que l’on appelle le Millo (« remplissage ») de 2 S 5,9. On comprend aussi facilement que le roi prenant l’air frais sur le toit de son palais pouvait observer ce qui se passait sur les toits des maisons en contrebas, dont celle de Bethsabée (2 S 11,2). Aucune ruine de bâtiment n’a encore pu être identifiée à ce palais de David.
Une deuxième découverte importante a trait au tunnel que les Cananéens, appelés ici Jébuséens, avaient creusé dans le roc pour atteindre la source au pied de la colline, et dont l’ouverture donnait à l’intérieur de la ville. Cet ouvrage était nécessaire pour pouvoir s’approvisionner en eau durant les sièges de la ville. Ce tunnel avait déjà été repéré par Warren en 1860 et il a été étudié en détail par Y. Shiloh en 1978. Trois éléments se distinguent nettement : tout d’abord, depuis l’ouverture à l’intérieur de la ville, on creusa une galerie inclinée longue de 14 m; suit ensuite une autre galerie horizontale de 29 m de longueur; et enfin, un puits vertical, haut de 13 m donne un accès direct au bassin de la source! C’est là sans doute le Sinnor que David et ses hommes escaladèrent pour faire irruption soudainement dans la ville, lors de sa conquête (2 S 5,9). Il reste quand même étonnant qu’ils aient pu monter ce puits vertical, qu’un alpiniste réussit à vaincre après deux heures d’efforts ardus en 1979!
David ne fit que réparer les brèches de la ville cananéenne; c’est Salomon qui l’étendra beaucoup vers le nord, pour y insérer son palais et le temple. La superficie a plus que doublé, comme le premier plan nous le montre bien (B).
Cette humble cité-forteresse, si nous la considérons sur le plan géographique, deviendra inestimable au plan religieux quand David décida d’y installer l’arche d’alliance (2 S 6); ce symbole de la présence divine sera toujours le cœur vivant de son mystère.
La cité de David (photo : BiblePlaces.com)
Étant donné la place qu’occupa Jérusalem dans l’histoire d’Israël, et sa signification dans l’expérience religieuse du peuple de Dieu depuis les origines patriarcales (les Jébuséens de Gn 15) jusqu’aux dernières lueurs de l’Apocalypse (Ap 21-22), on n’est pas étonné de voir la longue procession des archéologues qui se succédèrent en ces lieux depuis le milieu du XIXe siècle.
Les résultats ont été, hélas, très décevants pour nombre de ces expéditions. Une première difficulté relève du fait que le site n’a jamais cessé d’être occupé depuis le IIIe millénaire avant J.-C. jusqu’à nos jours. Les vestiges des diverses périodes se présentent très souvent dans un imbroglio inextricable; il faut aussi tenir compte du fait que le site ancien est actuellement occupé dans sa quasi totalité. Les fouilles sont donc à la fois limitées et fragmentaires. Il ne faut pas oublier, enfin, que les nombreuses recherches passées ont évidemment été faites selon des méthodes encore en voie de perfectionnement : pour progresser, il fallait détruire ce qui était mis à découvert. Ainsi les recherches présentes se voient privées de résultats passés vraiment fiables et de certaines couches archéologiques sans doute riches, maintenant disparues à tout jamais. Somme toute, nous ne devons plus nous attendre à des découvertes qui nous donnent une vue complète et équilibrée de l’histoire de Jérusalem, surtout pour ses périodes les plus anciennes. En effet, dans le secteur ou la ville était alors concentrée, nous sommes en présence non seulement da niveaux détruits par les archéologues de jadis, mais aussi de larges superficies de son aire qui ont été nettoyées jusqu’au roc par Hérode le Grand, qui trouva là un terrain de carrière idéal pour la construction de sa nouvelle Jérusalem. Cette longue introduction sur l’histoire des fouilles de Jérusalem veut écarter tout faux espoir de résultats sensationnels; ainsi, nous n’aurons que d’humbles notices à rapporter ici
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Une première conclusion importante concerne la date de l’origine de la ville et son étendue. Il est maintenant bien acquis que la colline tout juste à l’ouest de la source principale de Jérusalem, appelée Gihon, a été habitée depuis le début de l’Ancien Bronze, soit le début du IIIe millénaire avant J.-C. Il faudra attendre le XVIIIe siècle, le Moyen Bronze II, pour voir apparaître le premier rempart, épais de 4 m en moyenne, et qui restera en usage jusqu’à la chute de Jérusalem en 587. C’est donc là la ville cananéenne que David devra conquérir. D’après les sondages et les fouilles menées jusqu’au roc, la superficie de cette ville cananéenne que David va conquérir à la fin du Xe siècle, ne dépasse pas 400 m de longueur et 150 m de largeur (A sur le plan). Elle se présente donc comme une grosse forteresse, ce que l’historien biblique reconnaît lui-même (2 S 5,6-10).
L’inclinaison de la colline, dans cette région de la source, est très prononcée : elle fait pas moins de 45o! On imagine donc les difficultés qu’il faut surmonter pour accrocher des bâtiments sur une telle pente. Le problème a été réglé, en partie, en allongeant quatre terrasses de pierres sur le travers de la colline, sur lesquelles les maisons sont littéralement soudées. Des escaliers, servant de rues, relient ces terrasses, entre elles. Il faut peut-être voir là ce que l’on appelle le Millo (« remplissage ») de 2 S 5,9. On comprend aussi facilement que le roi prenant l’air frais sur le toit de son palais pouvait observer ce qui se passait sur les toits des maisons en contrebas, dont celle de Bethsabée (2 S 11,2). Aucune ruine de bâtiment n’a encore pu être identifiée à ce palais de David.
Une deuxième découverte importante a trait au tunnel que les Cananéens, appelés ici Jébuséens, avaient creusé dans le roc pour atteindre la source au pied de la colline, et dont l’ouverture donnait à l’intérieur de la ville. Cet ouvrage était nécessaire pour pouvoir s’approvisionner en eau durant les sièges de la ville. Ce tunnel avait déjà été repéré par Warren en 1860 et il a été étudié en détail par Y. Shiloh en 1978. Trois éléments se distinguent nettement : tout d’abord, depuis l’ouverture à l’intérieur de la ville, on creusa une galerie inclinée longue de 14 m; suit ensuite une autre galerie horizontale de 29 m de longueur; et enfin, un puits vertical, haut de 13 m donne un accès direct au bassin de la source! C’est là sans doute le Sinnor que David et ses hommes escaladèrent pour faire irruption soudainement dans la ville, lors de sa conquête (2 S 5,9). Il reste quand même étonnant qu’ils aient pu monter ce puits vertical, qu’un alpiniste réussit à vaincre après deux heures d’efforts ardus en 1979!
David ne fit que réparer les brèches de la ville cananéenne; c’est Salomon qui l’étendra beaucoup vers le nord, pour y insérer son palais et le temple. La superficie a plus que doublé, comme le premier plan nous le montre bien (B).
Cette humble cité-forteresse, si nous la considérons sur le plan géographique, deviendra inestimable au plan religieux quand David décida d’y installer l’arche d’alliance (2 S 6); ce symbole de la présence divine sera toujours le cœur vivant de son mystère.