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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Petit orchestre cultuel

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    Message  Arlitto Mer 7 Avr 2021 - 17:36

    Petit orchestre cultuel
     

    Étonné, le jeune Saül vient de recevoir l'onction des mains du prophète Samuel. Aussitôt après, la rencontre d'un groupe de prophètes sautillants vient lui garantir le caractère divin de l'événement.


         Ces prophètes sortent d'un lieu de culte et des joueurs de harpe, de lyre, de flûte et de tambourin (1 S 10,5) les accompagnent. En Isaïe 5,12, les mêmes types de musiciens agrémentent les banquets de la classe riche de Jérusalem. Un seul ou plusieurs instruments rehaussent les cérémonies liturgiques et les fêtes populaires. Cette double pratique est bien connue dans l'histoire de l'Antiquité. Le petit orchestre peut prendre de l'ampleur comme nous l'apprennent le Psaume 150 et Daniel 3,4-15.

    Surprise

         Les fouilles de la ville d'Ashdod, sur la côte méditerranéenne d'Israël, nous réservaient une surprise. Dans le secteur d'un temple, un objet, en assez bon état de conservation, surgissait des ruines de cette ville du Xe siècle av. J.-C. À cette époque, Ashdod porte encore l'empreinte de la culture des 
    [ltr]Philistins; ces ennemis d'Israël s'y étaient établis après leur migration de la Grèce, deux siècles plus tôt. L'objet retrouvé en est un témoin sûr.[/ltr]


    Petit orchestre cultuel Arc_030516
    Coupe sur pied pour le culte

    Fin du XIe siècle - début du Xe siècle avant notre ère

    Terre cuite
    Collection Israel Antiquities Authority
    © Musée d'Israël, Jérusalem

         Les archéologues rangent cet objet dans la catégorie des supports; si le support se trouve dans un lieu de culte ou dans son voisinage immédiat on le qualifie alors de « cultuel ». Cet assemblage de deux pièces est constitué dans sa partie supérieure d'un bol rond et profond, dont la paroi carénée épouse la forme d'une coquille de bateau. Ce bol repose sur une base cylindrique au pied évasé. Ces deux éléments sont bien soudés, ici; ils pourraient être deux pièces détachées. La hauteur de l'ensemble est de 35 cm. Nous comptons quelques dizaines de tels supports, mais le nôtre, illustré ici, présente une ornementation unique (figure).

    Quel hasard!

         Un treillis de lignes rouges et noires se détache d'une peinture blanche dont le support fut recouvert. Mais ce qui saute aux yeux, c'est la décoration en ronde-bosse, ou en reliefs prononcés, qui recouvre presque toute la partie cylindrique. L'élément le plus remarquable de cet ornement, ce sont les cinq fenêtres rectangulaires percées dans le corps du cylindre, lesquelles servent de cadres d'exposition à cinq musiciens. Quatre d'entre eux sont modelés de la même façon : les corps apparaissent dans leurs trois dimensions; les yeux et le nez sont énormes. Ils jouent de quatre instruments : la harpe, la lyre, la flûte, soit la double-flûte de l'époque, et le tambourin. Le cinquième musicien est tout simplement découpé dans le cylindre, donc à deux dimensions, avec ses yeux exorbités et son gros nez appliqués sur la paroi. Il pourrait jouer de la flûte, mais ce n'est pas assuré. Des carrés et quelques dessins d'animaux surmontent les musiciens. Au-dessus, sur la base évasée, on a percé trois petites fenêtres arquées. Le motif, plutôt grossier, rappelle celui d'autres supports découverts en Palestine et ailleurs au Proche-Orient. Le groupe de personnages représentés étonne ici : c'est la première fois qu'un orchestre, pour ainsi dire, apparaît dans une telle décoration! Et c'est sans doute un coup de hasard, mais quel hasard que cet orchestre soit constitué des musiciens rencontrés par Saül et dénigrés par Isaïe! Au fond, il ne faut pas trop s'en surprendre, car les instruments représentés constituent la base de tout orchestre : instruments à vent, cordes pincées et percussions.


         À quoi pouvait servir ce support dit « cultuel  »? Nous le savons depuis fort longtemps : on déposait dans le bol les offrandes végétales et liquides, sortes de sacrifices non sanglants, ou on y faisait brûler de l'encens. Le culte israélite comprenait aussi de telles pratiques : dans la salle centrale du temple, on brûle l'encens et on dépose les pains. L'animal est sacrifié dehors, sur le grand autel de la cour.

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