Unitarisme (théologie)
L’unitarisme est une doctrine qui affirme que Dieu est une seule personne, et non pas une seule nature ou "ousie" en trois hypostases comme l'affirme le dogme de la Trinité : Père, Fils et Esprit. Selon le dogme de la Trinité, ces trois personnes divines participent d'une seule nature divine unique. Le « trinitarisme » est la doctrine officielle du christianisme depuis le premier concile de Nicée (325) et le concile de Chalcédoine (451). Les trois grandes Églises chrétiennes (catholicisme, orthodoxie et protestantisme) sont trinitariennes. Luther écrit par exemple : « Dieu, en lui-même, n'est pas autre chose que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Trinité et les choses qui sont dites à l'accoutumée à propos de l'Unité et de la Procession. »
Le courant unitarien se définit comme « antitrinitaire » et nie la divinité de Jésus-Christ. Selon cette doctrine, Jésus est l'homme le plus proche de Dieu ou encore son principal prophète, mais il n'est pas Dieu. L'unitarisme rejette le christianisme majoritaire en l'accusant de ne pas être strictement monothéiste. Il trouve son origine dans des mouvements antérieurs au concile de Chalcédoine, dont le plus connu est l'arianisme, au IVe siècle . Après la disparition de l'arianisme, l'unitarisme renaît en Europe presque simultanément en Pologne-Lituanie et en Transylvanie au milieu du XVIe siècle, sous l'impulsion de Ferenc Dávid et Jean Sigismond Zápolya. La première église unitarienne en Angleterre est créé en 1774 et la doctrine apparaît officiellement aux États-Unis en 1784 avec James Freeman.
L'unitarisme ne doit pas être confondu avec les Églises uniates ou encore les Églises unies.
Principes de foi
Contrairement aux christologies chrétiennes, celles, par exemple, des catholiques, orthodoxes ou protestants, les unitariens ne reconnaissent pas la Trinité.
À côté de ces chrétiens unitariens, présents en Roumanie et en Pologne, un courant unitarien universaliste s'attache à développer une théologie où la référence à la Bible n'est ni obligatoire ni nécessaire. Les participants aux assemblées unitariennes
universalistes peuvent provenir de diverses voies spirituelles, ou ne s'inscrire dans aucune tradition religieuse, chacun restant libre de sa recherche et de sa voie.
Histoire
Christologie :
Les unitariens se réclament des courants non trinitaires du christianisme en particulier des judéo-chrétiens ébionites et ariens, qui avant le concile de Nicée ne reconnaissaient pas la division de Dieu en trois personnes.
Les judéo-chrétiens
Après la mort de Jésus, ceux qui avaient vu en lui un prophète et qui attendaient l'avènement du Royaume promis, se regroupèrent en petites communautés, rejetant tout autre magistère que celui de Jésus. On les nomme aujourd'hui judéo-chrétiens5.
Ces communautés, parfois rivales6, faisaient partie intégrante du judaïsme dont elles respectaient les prescriptions incluant la circoncision, l'abstention de viandes réputées impures, etc.
Une large partie d'entre elles reconnaissaient en Jacques le pilier principal du christianisme de par le fait qu'il avait été le « frère » du Messie.
Le débat entre certaines de ces communautés et Paul de Tarse sur la conversion des non-juifs donna naissance au christianisme qualifié parfois de paulinien. Tourné vers la conversion des gentils, ce courant que certains nomment aussi pagano-christianisme8, l'emporta d'autant plus vite que les Romains détruisirent le Temple de Jérusalem en 70. Dès ce moment, et selon cette lecture, les judéo-chrétiens n'eurent plus de centre spirituel et les communautés qui se développèrent furent alors surtout celles centrées autour des enseignements de Paul et de ses partisans.
Ébionisme
Cependant parmi les groupes judéo-chrétiens qui subsistèrent, certains finirent par donner naissance à l'ébionisme. Ébionite vient d'un mot hébreu signifiant pauvre. Leur doctrine se résume en quelque sorte au Sermon sur la Montagne, texte qui pourrait trouver son inspiration d'un autre texte apocryphe juif, Les Testaments des douze patriarches. Apparus au IIIe siècle, les ébionites continuaient à observer la loi mosaïque (celle de Moïse), notamment la circoncision, et ne retenaient des quatre Évangiles, qu'une réélaboration grecque de l'Évangile selon Matthieu. Pour eux Jésus n'était nullement Dieu incarné. Il était né comme tout un chacun d'un homme et d'une femme. Certes, il possédait, en tant que prophète, une stature différente de celle des humains ordinaires, mais s'il leur était supérieur c'était uniquement par ses vertus et sa qualité de prophète. Quant à savoir s'il avait été le Messie, les ébionites ne se prononçaient pas, laissant toute liberté aux fidèles. L'ébionisme finit par disparaître sans bruit, se fondant dans d'autres communautés.
Arianisme
Aèce d'Antioche :
Au début du IVe siècle naît une école de pensée à l'origine de la création d'une orthodoxie chrétienne par réaction : l'arianisme, du nom de son fondateur, le prêtre Arius (256-336). Celui-ci était probablement l'élève de Mélèce, organisateur de la résistance interne à Alexandrie lors de la persécution de Dioclétien, en 306. Il se trouva donc à la tête d'une des communautés d'Alexandrie et y jouissait d'une grande considération car il était un prédicateur ardent, poète, disposant d'arguments solides.
Ses idées sur les relations de Jésus et de son Père du ciel renouaient en partie avec le judéo-christianisme : Jésus sans être un simple prophète, n'était pas Dieu mais un dieu. Nombreux seront ceux qui se joindront à lui, prêtres et laïques, délaissant les doctrines qu'Arius dénonçait comme non conformes aux Évangiles. Il fut plusieurs fois anathématisé, ce qui ne l'empêcha nullement de continuer à prêcher, enregistrant alors tour à tour approbations et condamnations (cf. arianisme).
La Réforme
Antitrinitariens de la Réforme radicale
Antitrinitarisme :
La première branche, théologique et sociale, dont le mouvement le plus connu est contemporain de Martin Luther est celui de l'anabaptisme de Thomas Müntzer. Parmi les divers courants de cette Réforme radicale, certains étaient antitrinitaires tout en ayant des positions assez diverses :
A. Les uns contestaient simplement que le Saint-Esprit soit « une personne » à laquelle l'on pourrait prier (par exemple Johannes Campanus à Juliers).
B. D'autres, comme Cellarius en 1527, pensaient que la divinité de Jésus était celle que tout homme peut revêtir lorsqu'il était habité par le Saint-Esprit.
C. Un troisième groupe d'antitrinitaires voyait en Jésus un homme divinisé après sa mort et ayant pris place, par la Résurrection, parmi les êtres célestes (Sozzini).
D. D'autres encore voyaient enfin en Jésus : un prophète, non préexistant, né de Joseph et de Marie, non divinisé (cf. les « judaïsants » de Transylvanie)
Il y eut donc des antitrinitaires dans tous les pays de l'Europe occidentale : en Allemagne, en Hollande, en Alsace, en France, en Suisse (Bâle, Zurich et Genève), aux Grisons et en Italie du Nord.
Il convient d'insister sur le rôle important joué par les antitrinitaires italiens, favorables à l'anabaptisme et ayant leur centre à Venise. En 1550, dans cette même ville, le synode des évêques anabaptistes italiens, représentant environ soixante-dix paroisses, adopta une confession de foi en 10 articles, dont le premier article stipulait la foi de ce synode en Jésus « vrai homme et non-Dieu »' !
La réaction fut immédiate : l'Inquisition italienne sévit contre tous les réformés quels qu'ils soient, poussant ces derniers à l'exode vers les Grisons, vers la Suisse, etc. Calvin accueillit un groupe de ces réformés italiens qui organisa bientôt une Église réformée italienne à Genève. Parmi ces réfugiés il y avait des antitrinitaires : Georges Biandrata (qui fut condisciple de François Rabelais à Montpellier et qui était professeur à Pavie) ; Alciati et Giovanni Valentino Gentile, ainsi que Mathieu Gribaldi, qui habitant à Farges dans le pays de Gex visitait souvent ses amis à Genève, ou encore, autre visiteur à Genève, Lelio Sozzini. Ces deux derniers tentèrent, en 1553, mais en vain, d'infléchir à la clémence, les adversaires de Michel Servet. Persécutés par Calvin, Biandratra, Alciati et Gentile s'enfuirent de Genève en 1558 et se rendirent en Pologne.
L’unitarisme est une doctrine qui affirme que Dieu est une seule personne, et non pas une seule nature ou "ousie" en trois hypostases comme l'affirme le dogme de la Trinité : Père, Fils et Esprit. Selon le dogme de la Trinité, ces trois personnes divines participent d'une seule nature divine unique. Le « trinitarisme » est la doctrine officielle du christianisme depuis le premier concile de Nicée (325) et le concile de Chalcédoine (451). Les trois grandes Églises chrétiennes (catholicisme, orthodoxie et protestantisme) sont trinitariennes. Luther écrit par exemple : « Dieu, en lui-même, n'est pas autre chose que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Trinité et les choses qui sont dites à l'accoutumée à propos de l'Unité et de la Procession. »
Le courant unitarien se définit comme « antitrinitaire » et nie la divinité de Jésus-Christ. Selon cette doctrine, Jésus est l'homme le plus proche de Dieu ou encore son principal prophète, mais il n'est pas Dieu. L'unitarisme rejette le christianisme majoritaire en l'accusant de ne pas être strictement monothéiste. Il trouve son origine dans des mouvements antérieurs au concile de Chalcédoine, dont le plus connu est l'arianisme, au IVe siècle . Après la disparition de l'arianisme, l'unitarisme renaît en Europe presque simultanément en Pologne-Lituanie et en Transylvanie au milieu du XVIe siècle, sous l'impulsion de Ferenc Dávid et Jean Sigismond Zápolya. La première église unitarienne en Angleterre est créé en 1774 et la doctrine apparaît officiellement aux États-Unis en 1784 avec James Freeman.
L'unitarisme ne doit pas être confondu avec les Églises uniates ou encore les Églises unies.
Principes de foi
Contrairement aux christologies chrétiennes, celles, par exemple, des catholiques, orthodoxes ou protestants, les unitariens ne reconnaissent pas la Trinité.
À côté de ces chrétiens unitariens, présents en Roumanie et en Pologne, un courant unitarien universaliste s'attache à développer une théologie où la référence à la Bible n'est ni obligatoire ni nécessaire. Les participants aux assemblées unitariennes
universalistes peuvent provenir de diverses voies spirituelles, ou ne s'inscrire dans aucune tradition religieuse, chacun restant libre de sa recherche et de sa voie.
Histoire
Christologie :
Les unitariens se réclament des courants non trinitaires du christianisme en particulier des judéo-chrétiens ébionites et ariens, qui avant le concile de Nicée ne reconnaissaient pas la division de Dieu en trois personnes.
Les judéo-chrétiens
Après la mort de Jésus, ceux qui avaient vu en lui un prophète et qui attendaient l'avènement du Royaume promis, se regroupèrent en petites communautés, rejetant tout autre magistère que celui de Jésus. On les nomme aujourd'hui judéo-chrétiens5.
Ces communautés, parfois rivales6, faisaient partie intégrante du judaïsme dont elles respectaient les prescriptions incluant la circoncision, l'abstention de viandes réputées impures, etc.
Une large partie d'entre elles reconnaissaient en Jacques le pilier principal du christianisme de par le fait qu'il avait été le « frère » du Messie.
Le débat entre certaines de ces communautés et Paul de Tarse sur la conversion des non-juifs donna naissance au christianisme qualifié parfois de paulinien. Tourné vers la conversion des gentils, ce courant que certains nomment aussi pagano-christianisme8, l'emporta d'autant plus vite que les Romains détruisirent le Temple de Jérusalem en 70. Dès ce moment, et selon cette lecture, les judéo-chrétiens n'eurent plus de centre spirituel et les communautés qui se développèrent furent alors surtout celles centrées autour des enseignements de Paul et de ses partisans.
Ébionisme
Cependant parmi les groupes judéo-chrétiens qui subsistèrent, certains finirent par donner naissance à l'ébionisme. Ébionite vient d'un mot hébreu signifiant pauvre. Leur doctrine se résume en quelque sorte au Sermon sur la Montagne, texte qui pourrait trouver son inspiration d'un autre texte apocryphe juif, Les Testaments des douze patriarches. Apparus au IIIe siècle, les ébionites continuaient à observer la loi mosaïque (celle de Moïse), notamment la circoncision, et ne retenaient des quatre Évangiles, qu'une réélaboration grecque de l'Évangile selon Matthieu. Pour eux Jésus n'était nullement Dieu incarné. Il était né comme tout un chacun d'un homme et d'une femme. Certes, il possédait, en tant que prophète, une stature différente de celle des humains ordinaires, mais s'il leur était supérieur c'était uniquement par ses vertus et sa qualité de prophète. Quant à savoir s'il avait été le Messie, les ébionites ne se prononçaient pas, laissant toute liberté aux fidèles. L'ébionisme finit par disparaître sans bruit, se fondant dans d'autres communautés.
Arianisme
Aèce d'Antioche :
Au début du IVe siècle naît une école de pensée à l'origine de la création d'une orthodoxie chrétienne par réaction : l'arianisme, du nom de son fondateur, le prêtre Arius (256-336). Celui-ci était probablement l'élève de Mélèce, organisateur de la résistance interne à Alexandrie lors de la persécution de Dioclétien, en 306. Il se trouva donc à la tête d'une des communautés d'Alexandrie et y jouissait d'une grande considération car il était un prédicateur ardent, poète, disposant d'arguments solides.
Ses idées sur les relations de Jésus et de son Père du ciel renouaient en partie avec le judéo-christianisme : Jésus sans être un simple prophète, n'était pas Dieu mais un dieu. Nombreux seront ceux qui se joindront à lui, prêtres et laïques, délaissant les doctrines qu'Arius dénonçait comme non conformes aux Évangiles. Il fut plusieurs fois anathématisé, ce qui ne l'empêcha nullement de continuer à prêcher, enregistrant alors tour à tour approbations et condamnations (cf. arianisme).
La Réforme
Antitrinitariens de la Réforme radicale
Antitrinitarisme :
La première branche, théologique et sociale, dont le mouvement le plus connu est contemporain de Martin Luther est celui de l'anabaptisme de Thomas Müntzer. Parmi les divers courants de cette Réforme radicale, certains étaient antitrinitaires tout en ayant des positions assez diverses :
A. Les uns contestaient simplement que le Saint-Esprit soit « une personne » à laquelle l'on pourrait prier (par exemple Johannes Campanus à Juliers).
B. D'autres, comme Cellarius en 1527, pensaient que la divinité de Jésus était celle que tout homme peut revêtir lorsqu'il était habité par le Saint-Esprit.
C. Un troisième groupe d'antitrinitaires voyait en Jésus un homme divinisé après sa mort et ayant pris place, par la Résurrection, parmi les êtres célestes (Sozzini).
D. D'autres encore voyaient enfin en Jésus : un prophète, non préexistant, né de Joseph et de Marie, non divinisé (cf. les « judaïsants » de Transylvanie)
Il y eut donc des antitrinitaires dans tous les pays de l'Europe occidentale : en Allemagne, en Hollande, en Alsace, en France, en Suisse (Bâle, Zurich et Genève), aux Grisons et en Italie du Nord.
Il convient d'insister sur le rôle important joué par les antitrinitaires italiens, favorables à l'anabaptisme et ayant leur centre à Venise. En 1550, dans cette même ville, le synode des évêques anabaptistes italiens, représentant environ soixante-dix paroisses, adopta une confession de foi en 10 articles, dont le premier article stipulait la foi de ce synode en Jésus « vrai homme et non-Dieu »' !
La réaction fut immédiate : l'Inquisition italienne sévit contre tous les réformés quels qu'ils soient, poussant ces derniers à l'exode vers les Grisons, vers la Suisse, etc. Calvin accueillit un groupe de ces réformés italiens qui organisa bientôt une Église réformée italienne à Genève. Parmi ces réfugiés il y avait des antitrinitaires : Georges Biandrata (qui fut condisciple de François Rabelais à Montpellier et qui était professeur à Pavie) ; Alciati et Giovanni Valentino Gentile, ainsi que Mathieu Gribaldi, qui habitant à Farges dans le pays de Gex visitait souvent ses amis à Genève, ou encore, autre visiteur à Genève, Lelio Sozzini. Ces deux derniers tentèrent, en 1553, mais en vain, d'infléchir à la clémence, les adversaires de Michel Servet. Persécutés par Calvin, Biandratra, Alciati et Gentile s'enfuirent de Genève en 1558 et se rendirent en Pologne.