MARIE DE NAZARETH - L’IMMACULÉE CONCEPTION
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L’IMMACULÉE CONCEPTION
Le dogme de l’Immaculée Conception est le dogme catholique selon lequel dès le premier instant de sa création, l'âme de la Vierge Marie était libre du péché originel.
Cette doctrine ne doit pas être confondue avec celle de la virginité de Marie, à savoir le dogme selon lequel Jésus-Christ a été enfanté par une mère vierge.
La conception miraculeuse (Immaculée Conception) de Marie est célébrée le 8 décembre.
La conception miraculeuse (le 8 décembre) et la naissance de Marie (Miryam) le 8 septembre de l’an 16 av. J.-C. selon la tradition, sont racontées dans le Protévangile de Jacques et l'Evangile du Pseudo-Matthieu qui affirment qu’elle naquit d'Anna et de Jérémie (Joachim dans la tradition). Ceux-ci habitaient à Jérusalem ; mariés depuis vingt ans, ils n’avaient pas encore eu d’enfant. Le Protévangile de Jacques précise que Marie est née à 7 mois de grossesse.
Il existait très anciennement, à Jérusalem, une maison appelée "la Maison d’Anne".
Depuis le VIe siècle, on vénère à Jérusalem, près de la piscine de Bézatha, le lieu où serait née la Vierge Marie.
Lorsque Marie eut atteint l'âge de 3 ans, elle fut consacrée à Dieu et reçue au nombre des vierges qui desservaient le temple (une autre tradition indique qu'étant orpheline de la tribu de Lévi, elle fut élevée au Temple). Lorsqu'elle fut en âge d'être mariée, vers 11 ans, les prêtres lui choisirent (parmi plusieurs prétendants grâce à un signe) pour époux Joseph, de la tribu de Juda, né à Bethléem, un homme âgé (70 ans ?), qui vint s'établir avec elle à Nazareth.
Cependant, une tradition galiléenne situe le village natal de Marie à Sepphoris, à 7 km de Nazareth, à vol d'oiseau.
Marie avait des parents à Cana, à cinq miles au nord de Zippori (Sepphoris) et neuf miles au nord de Nazareth, lesquels furent témoins de ces fameuses noces où Jésus changea l'eau en vin. Marie aurait habité à Cana après la mort de Joseph.
Chronologie historique
Une fête de la Conception d'Anne (grande fête chômée à Byzance) est célébrée le 9 décembre dans l'Église orientale dès le Ve siècle. On conserve de Théodote (+ 446), théologien byzantin et évêque d’Ancyre (aujourd’hui Ankara), un Sermon sur la fête des lumières en l'honneur de la Vierge Marie. L'Eglise grecque célèbre la Conception de Marie au VIe siècle, comme on le voit par le Type ou Cérémonial de saint Sabbas.
En Occident elle est établie dès le VIIIe siècle, dans l'Eglise gothique d'Espagne.
Au IXe siècle, la fête de la Conception d'Anne est célébrée le 3 mai par l'Eglise d'Irlande. Un célèbre calendrier gravé sur le marbre, pour l'usage de l'Eglise de Naples, nous la montre instituée à cette époque. Paul Diacre, secrétaire de Charlemagne, puis moine au Mont-Cassin, célèbre le mystère de l'Immaculée-Conception dans une Hymne remarquable.
En 1049, la fête est sanctionnée à Mayence en Allemagne par un concile présidé par Léon IX. En 1050, au concile de Verceil, ce pape recommande vivement qu'on honore la conception de la Vierge.
En 1066, la fête, célébrée le 8 décembre, s'établit en Angleterre à la suite d'un prodige opéré sur mer en faveur du pieux abbé Helsin, et bientôt elle s'étend dans cette île par les soins du grand Anselme, moine et archevêque de Cantorbéry. Pour Anselme de Cantorbéry (+1109) : "Il convenait que cette Vierge à qui le Père se disposait à donner son Fils unique, ce Fils engendré de son cœur, égal à lui et qu'il aime comme lui-même, qu'il voulait lui donner de sorte qu'il fût naturellement un seul et même Fils, commun à Dieu et à la Vierge, il convenait que cette Vierge fût ornée de la plus haute sainteté qui se puisse concevoir après celle de Dieu." (De conceptu virginali et originali peccato).
D'Angleterre, la fête passe en Normandie et prend possession du sol français. Nous la trouvons à l'abbaye d'Irach dans la Navarre, en 1090 ; à Liège en Belgique, en 1142.
Le pape Innocent III (1198-1216) déclare : « Eve a été formée sans péché, mais elle a conçu dans le péché ; Marie a été conçue dans le péché, mais elle a conçu sans péché. »
Le pape Innocent V (1276) affirme : « La bienheureuse Vierge, a été sanctifiée dans le sein de sa mère, non pas avant que son âme eût été unie à son corps, parce qu'elle n'était pas encore capable de grâce, ni dans le moment même de cette union, parce que si cela était, elle aurait été exempte du péché originel et n'eût pas eu besoin de la rédemption de Jésus-Christ, nécessaire à tous les hommes, ce qu'on ne doit pas dire. Mais il faut croire pieusement qu'elle a été purifiée par la grâce et sanctifiée très peu de temps après cette union : par exemple le même jour, ou dans la même heure, non pas cependant dans l'instant même de l'union. »
La doctrine de l’Immaculée Conception (la conception nostre dame) selon laquelle Marie fut conçue sans péché originel, est prêchée par les frères franciscains, notamment par le théologien écossais John Duns Scot (1266-1308), Doctor Subtilis, béatifié le 20 mars 1993 : « Il faut comprendre l’Immaculée Conception, non pas seulement comme une exemption virginale de la tache originelle, mais comme une sanctification qui s’opère dès la naissance de la vie de la Vierge, dans la vision des mérites de Jésus-Christ ».
L'opposition à cette doctrine est menée au XIIe siècle par Bernard de Clairvaux, et, au XIIIe siècle, par Thomas d'Aquin malgré sa dévotion pour Marie qu'il qualifie magnifiquement de "Trône de la Trinité" :
- Des chanoines venant d'instituer à Lyon la fête de la Conception de Marie, Bernard de Clairvaux n'hésite pas à blâmer cette innovation qu'il traite de superstitieuse, et qu'il condamne : « Je ne puis assez admirer à quoi pensent quelques-uns d'entre vous de vouloir introduire une nouvelle fête pour l'usage de l'Église ignare, et qui n'est ni approuvée par la raison, ni autorisée par l'ancienne tradition... Pourquoi établir cette fête ? Pour honorer la conception de Marie ?... Mais comment cette conception eût-elle pu être sainte et devrait-elle être honorée ? Parce qu'elle fut prévenue par la sanctification ?... Mais Marie ne put être sainte avant d'exister. La sainteté se serait-elle donc tellement unie à la conception au milieu des embrassements conjugaux, que la Vierge fut à la fois et conçue et sanctifiée ? La raison ne permet pas non plus de l'admettre. En effet, la sainteté existerait-elle sans l'Esprit sanctifiant ? Ou bien l'Esprit sanctifiant aurait-il quelque société avec le péché ? Ou bien enfin pourrait-il ne pas y avoir de péché là où la concupiscence fut indubitablement présente. Resterait donc à prétendre que Marie a été conçue du Saint-Esprit, non d'un homme : mais c'est ce que nul n'a encore osé dire... Si cependant on avait le dessein d'établir cette fête, il fallait auparavant consulter le Saint-Siège, et ne pas suivre ainsi précipitamment la simplicité de quelques ignorants. J'avais déjà remarqué cette erreur chez quelques-uns ; mais je le dissimulais, excusant une dévotion qui venait de la simplicité de cœur et d'amour pour la sainte Vierge. Mais trouvant cette superstition chez des personnes sages et dans une Église si fameuse, et dont je suis particulièrement le fils, je ne sais si j'aurais pu la dissimuler sans commettre une grande faute, même contre vous (…) Il faut, en définitive, croire que la Vierge, déjà existante dans le sein maternel (in utero jam existens) reçut la sanctification après la conception. Quoiqu'il ait été accordé à un petit nombre d'hommes de naître avec la sainteté, cependant il ne leur a pas été donné d'être conçus avec la sainteté, afin que la prérogative d'une conception sainte fût conservée à celui-là seul qui devait sanctifier tous les hommes, et que, venu seul sans péché, il apportât la purification des péchés. »
- Thomas d'Aquin explique : « Quoique la bienheureuse Vierge ait été conçue dans le péché originel, on croit cependant qu'elle fut sanctifiée dans le sein de sa mère avant sa naissance ; et c'est pourquoi diverses coutumes se sont établies dans les Églises à l'égard de la célébration de la Conception ; car l'Église romaine et beaucoup d'autres, considérant que la Vierge a été conçue sans le péché originel, ne célèbrent point la Fête de la Conception. Quelques-unes, de leur côté, considèrent qu'elle a été sanctifiée dans le sein de sa mère, sans qu'on sache le temps. On croit, en effet, qu'elle fut sanctifiée aussitôt après la conception et l'infusion de l'âme. D'où l'on voit que cette fête ne doit pas être rapportée à la conception, par le motif de la conception même, mais par le motif de la sanctification. Ainsi donc, on ne doit pas célébrer la fête de la Conception, parce que la Vierge aurait été conçue sans le péché originel (...) C’est déjà une merveille pour les saints de recevoir une grâce qui sanctifie leur âme. Mais la grâce que reçut l’âme de la Vierge fut une telle abondance qu’elle rejaillissait sur sa chair, afin que cette chair conçut le Fils de Dieu. »
Les professeurs et les prédicateurs dominicains soutiennent vigoureusement que la doctrine de l’Immaculée Conception contredit le rôle de Sauveur universel du Christ.
Le théologien franciscain Pierre Auriol (1280-1322) estime, contre les Dominicains, que "Dieu a préservé la Vierge Marie du péché originel".
Le pape Boniface VIII (1294-1303) accorde une indulgence aux habitants d'Anagni qui célèbrent la fête de la Conception.
Dès 1310, les statuts synodaux de l'église de Cambrai ordonnent de célébrer la fête de la Conception. Le synode diocésain de Soissons la prescrit en 1344.
Vers l'an 1370, Brigitte de Suède place dans la bouche de la Vierge Marie les paroles suivantes : « Il a plu à Dieu que quelques-uns de ses amis doutassent pieusement de ma conception, pour que chacun montrât son zèle à la défendre, jusqu'à ce que la vérité éclatât dans tout son jour au temps préordonné pour sa manifestation. »
En 1398, Jean Ier, roi d'Aragon, donne une charte solennelle pour mettre sa personne et son royaume sous la protection de Marie conçue sans péché.
En 1439, le concile de Bâle-Ferrare-Florence reconnaît l'immaculée conception de Marie qu’il décrète "indemne de toute faute originelle" et étend la fête de la Visitation à la Chrétienté tout entière.
En 1476, le pape Sixte IV, dévoué à l'ordre des franciscains d'où il vient, institue, dans l'Église de Rome, la fête de la Conception, qui est célébrée le 8 décembre 1477, et fait construire une chapelle de l'Immaculée Conception. Il attache des indulgences à un office propre, composé par Léonard de Nogarolis, et approuvé par lui.
Le 4 septembre 1483, ému par les dissensions et les discordes qui troublent l’Eglise à l’occasion de la fête de la Conception, et surtout de l’office (approuvé par le bref Libenter ad ea du 4 octobre 1480), il reprend, par une bulle, la constitution Grave nimis de 1482, et défend, sous peine d'excommunication, d'une part, de taxer d'hérésie ou de péché mortel ceux qui tiennent l'opinion de l'immaculée conception ou qui récitent l'office de Nogarolis ; d'autre part, de taxer d'hérésie ou de péché mortel ceux qui tiennent l'opinion que la bienheureuse Vierge a été conçue dans le péché originel.
Le concile de Trente, lors de la congrégation générale du 8 juin 1546, décrète : « Le saint concile déclare qu'il n'a pas l'intention, par ce décret touchant le péché originel, d'y comprendre la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, mère de Dieu ; que, sur cette question, il ne veut rien décider présentement de plus que ce qui a été décrété par Sixte IV, d'heureuse mémoire, sous les peines contenues dans ces constitutions qu'il renouvelle. »
L'office que Sixte IV a approuvé renferme plusieurs propositions qui impliquent l'immaculisme.
En 1568, dans son Bréviaire Romain, Pie V (1566-1572) le supprime et le remplace par un nouvel office. De plus, le 30 novembre 1570, pour apaiser les troubles et les scandales qui continuent à s'élever autour de la pieuse croyance, il défend, par la bulle Super speculam Domini, de traiter de cette controverse, ni pour ni contre, dans les assemblées publiques d'hommes et de femmes, et d'en disputer dans des écrits en langue vulgaire.
En 1602, la fête de l'Immaculée Conception est promue au rite double majeur par Clément VIII.
Paul V (1605-1621) renouvelle la constitution de Sixte IV sur l’Immaculée Conception. Sa constitution Sanctissimus Dominus (12 septembre 1617) interdit l'expression publique d'opinions contraires à l'Immaculée Conception.
Grégoire XV (1621-1623), pressé par le roi d'Espagne de décréter le dogme de l'immaculée conception de Marie, répond que « la sagesse éternelle n'a pas encore révélé ce mystère à l'Église. »
Le 4 juin 1622, il publie la constitution Sanctissimus Dominus de son prédécesseur, ordonne « à tous en général, et en particulier à chaque ecclésiastique, tant séculier que régulier, de ne se servir dans la célébration du saint sacrifice de la messe ou dans l'office divin, d'une manière publique ou privée, d'aucun autre mot que de celui de conception » et ajoute l'obligation de fêter la Conception, mais il permet aux dominicains d'en discuter entre eux (28 juillet 1622).
Le 15 décembre 1640, le duc de Bragance est proclamé roi du Portugal et prend le nom de Jean IV ; il place son royaume sous la protection de l'Immaculée Conception.
Alexandre VII (1655-1667) fait un pas énorme vers l'immaculisme. Dans sa constitution Sollicitudo omnium ecclesiarum (1661), il déclare : « C'est une ancienne piété des fidèles du Christ envers la bienheureuse Vierge Marie, de penser que son âme, au premier instant de la création et de l'infusion dans le corps, fut, par grâce spéciale et privilège de Dieu, par égard des mérites de Jésus-Christ son fils, rédempteur du genre humain, préservée de la tache du péché originel, et de célébrer, dans ce sens, en rite solennel, la fête de la Conception ». Il ajoute que cette piété s'est accrue depuis la constitution de Sixte IV, renouvelée par le concile de Trente ; qu'elle s'est partout propagée depuis que les pontifes romains ont approuvé des confréries et des ordres religieux et accordé des indulgences à l'occasion de cette dévotion, et que maintenant, presque tous les catholiques l'ont embrassée. Il termine en renouvelant et ordonnant d'observer les constitutions et décrets de ses prédécesseurs, et principalement de Sixte IV, de Paul V et de Grégoire XV, « en faveur du sentiment qui assure que l'âme de la bienheureuse Vierge Marie, dans sa création et son infusion dans le corps, fut douée de la grâce de l'Esprit saint et préservée du péché originel. »
La France, par l'entremise de Louis XIV, obtient de Clément IX (1667-1669) que la fête soit célébrée avec Octave dans le royaume ; cette faveur est bientôt étendue à l'Eglise universelle par Innocent XII (1691-1700). Déjà, depuis des siècles, la Faculté de théologie de Paris astreignait tous ses Docteurs à prêter serment de soutenir le privilège de Marie.
En 1647, l'empereur Ferdinand III, fait élever sur la grande place de Vienne (Autriche) une splendide colonne couverte d'emblèmes et de figures (qui sont autant de symboles de la victoire que Marie a remportée sur le péché) et surmontée de la statue de la Reine immaculée.
La fête de la Conception est étendue à toute l'Église universelle par le pape Clément XI : bulle Commissi nobis du 6 décembre 1708.
En 1735, les insurgés corses choisissent l'Immaculée Conception comme patronne de l'île.
Le 26 novembre 1742, Benoît XIV décrète, pour chaque 8 décembre, la tenue, à Sainte-Marie Majeure, de la chapelle pontificale en l'honneur de la Conception de la bienheureuse Vierge Marie immaculée. Il précise qu'il ne faut pas dire "Immaculée conception de la bienheureuse Vierge Marie", mais "Conception de la bienheureuse Vierge Marie immaculée".
Charles III obtient de Clément XIII (1758-1769) que la "Conception Immaculée" devienne la fête patronale des Espagnes.
Le 16 avril 1846, le concile de Baltimore proclame "patronne des Etats-Unis la Bienheureuse Vierge Marie conçue sans péché".
Par la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854, le bienheureux Pie IX proclame le dogme de l'Immaculée Conception 22 et déclare la Vierge Marie indemne du péché originel : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la bienheureuse vierge Marie fut, dans le premier moment de sa conception, par une grâce et un privilège singulier de Dieu tout-puissant, et en vue des mérites de Jésus-Christ, sauveur du genre humain, réservée intacte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et que par conséquent elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. Les Pères et les écrivains ecclésiastiques, instruits par les enseignements célestes, n'ont rien eu de plus cher dans les livres élaborés par eux pour expliquer les Écritures, défendre et instruire les fidèles, que de proclamer à l'envi et de prêcher de toutes parts, de la manière la plus variée et la plus admirable, la souveraine sainteté de la Vierge, sa dignité, sa pureté intacte de toute souillure du péché et sa victoire éclatante sur le détestable ennemi du genre humain. C'est pourquoi, interprétant ces paroles : J'établirai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta race et la sienne, ils ont enseigné que ce divin oracle désigne d'avance, ouvertement et clairement, la vierge Marie ; laquelle, unie au Christ par le lien le plus étroit et le plus indissoluble, exerçant avec lui et par lui ces inimitiés éternelles entre le serpent, a, dans son complet triomphe, écrasé de son pied immaculé la tête de ce dragon venimeux. Ces mêmes Pères et écrivains ecclésiastiques, considérant dans leur esprit et dans leur cœur que la bienheureuse Vierge, en recevant de l'ange Gabriel l'annonce de la sublime dignité de mère de Dieu, a été, par l'ordre et au nom de Dieu lui-même, appelée pleine de grâce, ont enseigné que cette singulière et solennelle solution, jusque-là inouïe, signifiait que la mère de Dieu était le siège de toutes les grâces divines ; tellement que, étrangère à la malédiction et participant avec son Fils à la bénédiction perpétuelle, elle a mérité d'entendre Elisabeth, inspirée par l'Esprit saint, lui dire : Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. »
La proposition est rejetée par les protestants, les vieux-catholiques et l'Église orthodoxe, qui, bien que d’accord sur le fond, n’acceptent pas son caractère dogmatique.
Le 3 janvier 1857, alors qu’il célèbre la messe à Saint-Étienne-du-Mont, Monseigneur Sibour est poignardé par Jean Verger, un prêtre interdit, aux cris de : « A bas l’Immaculée Conception ! A bas les déesses ! »
Le 25 mars 1858, apparaissant à Lourdes, Marie déclare à Bernadette Soubirous : « Je suis l’Immaculée Conception. »
Pie IX fait publier un nouvel office en 1863.
Léon XIII, en 1879, décide que la fête sera de rite double de première classe avec octave et une vigile.
Dans l'Ordo liturgique de Paul VI (1963-1978) elle devient une solennité.
Du 8 décembre 2007 au 8 décembre 2008 : Jubilé à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions de l'Immaculée Conception à Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858.
Sous le titre d'Immaculée Conception, la Vierge Marie est invoquée en tant que patronne des États-Unis, du Brésil, du Portugal et de la Corse.
La Vierge de Fourvière et la Fête des Lumières à Lyon
En 1852, une statue de bronze doré de la Vierge (œuvre du sculpteur Fabisch) doit être inaugurée le 8 septembre au sommet du clocher de la chapelle ; le 8 septembre est le jour de la fête de la Nativité de Marie et de la commémoration du vœu des échevins qui, en 1643, demandèrent à la Vierge que la ville fût délivrée de la peste ; le vœu des échevins est encore commémoré chaque 8 septembre : le Maire de Lyon monte à Fourvière, remet un écu d'or et un cierge à l’archevêque qui bénit la ville. Une inondation dans l'atelier du fondeur, due à une crue de la Saône, retarde la cérémonie qui est reportée au 8 décembre, jour de la fête de la Conception de Marie. Ce jour-là, un orage extrêmement violent s'abat sur la ville et contraint les organisateurs à annuler les festivités prévues ; mais, la pluie ayant cessé, les Lyonnais, dans une ferveur unanime, allument spontanément des lampions sur le rebord de leurs fenêtres : ainsi apparaissent les premières illuminations de Lyon.
Aujourd’hui, si les flambeaux de la procession montent encore de Saint-Jean à Fourvière, la Fête des Lumières a perdu son caractère exclusivement religieux. Depuis 1999, la ville de Lyon a transformé cette fête religieuse en un festival féérique de 4 jours, dédié aux dernières évolutions technologiques liées à la lumière, qui attire 3 à 4 millions de visiteurs.
En 1630, Louis XIII et Anne d’Autriche font un vœu à Notre Dame de Fourvière en lui demandant la grâce d’avoir un fils.
Le 10 février 1638, la grossesse de la reine étant certaine, le roi promulgue la consécration du royaume de France à Marie ; la naissance du dauphin a lieu le 5 septembre.
Une cérémonie traditionnelle commémore le vœu de Louis XIII, le 5 août.
Dès 1645, la dévotion mariale propre à Fourvière se réfère à la "Vierge immaculée" et, en 1659, lors de l’érection d’une statue de la Mère de Dieu, les échevins lyonnais font graver sur son socle : "A la Vierge conçue sans péché".
En 1832, le choléra menace Lyon. De nombreux pèlerinages sont organisés pour demander à Marie d'épargner la ville. Un tableau, réalisé en remerciement, se trouve dans la basilique au-dessus de la porte d'entrée.
Le 8 octobre 1870, devant l'avancée des troupes prussiennes dans l'est de la France, les Lyonnais font le voeu de construire une grande église à la Vierge si la ville est épargnée par la guerre. C'est l'origine de la basilique de Fourvière construite, en 1872, à côté de l'ancienne chapelle, et consacrée en 1896.
En 2014, l’archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, délocalise exceptionnellement la Fête des lumières en Irak, aux côtés des réfugiés chrétiens du Kurdistan qui ont fui les violences de l’Etat islamique. Ce voyage veut montrer la solidarité des chrétiens de France dans le cadre d'un jumelage entre les diocèses de Lyon, Mossoul et Karakosh. 26
- Origine du sanctuaire marial de Fourvière -
En 177, sous le pape Eleuthère, les communautés chrétiennes de Lyon et de Vienne, accusées d’avoir déclenché une émeute (ils auraient été dénoncés par des adorateurs de Cybèle), sont victimes d’une flambée de fanatisme local et persécutées.
Le tribun de la treizième cohorte et les magistrats de la ville font arrêter tous ceux que la voix publique désigne comme chrétiens.
L’évêque Pothin, âgé de 90 ans, brutalisé, meurt dans la prison du Vieux Forum de Trajan ("Forum vetus" qui se transformera en "Fourvière"), près du temple de Lug transformé en sanctuaire de Cybèle en 160. Blandine et une cinquantaine d’autres chrétiens sont livrés aux bêtes, à l’occasion de la grande fête fédérale du 1er août, dans l’amphithéâtre situé sur la colline de la Croix Rousse (près du sanctuaire des Trois Gaules où se réunissaient les représentants des tribus gauloises). Eusèbe de Césarée conserve une lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs frères d’Asie et de Phrygie qui fait le récit de la persécution.
Venu d’Orient à Lyon vers 122, Pothin aurait apporté un portrait de la Vierge attribué à saint Luc : c’est de cette époque que date le premier sanctuaire marial de Fourvière.
La théologie mariale proprement dite est développée par son successeur, Irénée, lequel, selon la tradition, meurt, en 202, dans la prison du Vieux Forum, comme Pothin ; il est le premier docteur de l'Église à célébrer Marie dans son rôle de nouvelle Ève.
Après l’écroulement du Vieux Forum de Trajan qui servait de chapelle à la Vierge Noire, une nouvelle chapelle est édifiée en 840. Reconstruite en 1168, elle est dédiée à Marie et à saint Thomas Becket, puis agrandie en 1740.
Citations
Marie est un commencement des œuvres de Dieu : il n'est donc pas étonnant que le Dieu qui devait racheter le monde, ait commencé son œuvre par sa mère, afin que celle par qui le salut était préparé à tous, jouisse la première du fruit du salut. (Ambroise de Milan + 397, Commentaire sur l'Evangile selon saint Luc)
Heureux et trois fois heureux êtes-vous, ô Joachim et Anne ! Mais cent fois plus heureuse est la fille alliée à la lignée de David, votre fille. Car vous autres, vous êtes terre, mais elle est un ciel. Vous êtes terrestres, tandis que c'est par elle que les fils de la terre deviennent habitants du ciel (...) C'est que le Créateur lui-même a fait avec la terre vieillie un ciel nouveau et un trône qui défie les flammes. Il a transformé le vieil homme pour préparer au Verbe un séjour tout céleste. (Jean d'Eubée, + 730, Homélie sur la conception de la Vierge)
Approche, ô toi vue par nos yeux comme un petit enfant, mais perçue par notre esprit comme l’atelier de Dieu. Approche et purifie le seuil du sanctuaire. Car ce n’est pas le temple qui te sanctifie et te purifie, mais c’est toi qui purifies entièrement le temple. (Germain de Constantinople + 733, Homélie pour la présentation)
La Theotókos Marie, refuge commun de tous les chrétiens, a été la première à être libérée de la chute de nos ancêtres. (André de Crète + 740, Homélie IV sur la Nativité, PG 97, 880 A)
(…) Joachim et Anne, couple heureux ! Toute la création vous est redevable ; par vous elle a offert au Créateur le don, de tous les dons le plus excellent, une mère vénérable, seule digne de celui qui l'a créée. Heureux lombes de Joachim, d'où sortit un germe tout immaculé ; admirable sein d'Anne, grâce auquel se développa lentement, où se forma et d'où naquit une enfant toute sainte ! Entrailles qui avez porté un ciel vivant, plus vaste que l'immensité des cieux ! Aire où fut amoncelé le blé vivifiant, selon la déclaration même du Christ : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul (Jean 12,24) » ; sein qui allaitas celle qui nourrit le nourricier du monde ! Merveille des merveilles, paradoxe des paradoxes ! Oui, l'inexprimable incarnation de Dieu, pleine de condescendance, devait être précédée par ces merveilles… (Jean Damascène + vers 750, Homélie sur la Nativité de Marie, 2]
Plantée dans la Maison de Dieu et nourrie de l’Esprit, semblable à un olivier fertile, elle devient la demeure de toutes les vertus. Détachant son cœur de toutes les convoitises de cette vie et de la chair, elle conserve son âme vierge autant que son corps, comme il convient à celle qui allait concevoir Dieu en son sein. (Jean Damascène, De la foi orthodoxe)
Aie pitié de moi, pécheur et viens à mon aide, ô ma Dame. Ta glorieuse naissance de la race d’Abraham, de la tribu de Juda, de la souche de David, n’a-t-elle pas apporté la joie au monde entier ? Qu’elle me remplisse aussi de joie et me purifie de tout péché. (Prière anonyme du Moyen Age)
Vous êtes toute belle, ô Marie, et il n’y a pas de tache en vous. Qu’elle est belle, qu’elle est suave dans les délices, votre Conception immaculée ! En vous est l’espoir de la vie et de la vertu, toute grâce de vie et de vérité. Sur notre terre une voix s’est fait entendre, voix très douce, voix de la tourterelle, voix de la colombe. Prenez votre vol, ô colombe infiniment belle ! Levez-vous, hâtez-vous et venez ! (Texte d'un anonyme du XIVe siècle)
Si tout est singulier en Marie, qui pourra croire qu'il n'y ait rien eu de surnaturel en la conception de cette princesse, et que ce soit le seul endroit de sa vie qui ne soit marqué par aucun miracle ? (Bossuet + 1704)
Pour la raison même de son Immaculée Conception, Marie eut dès le commencement de son existence, une parfaite connaissance de Dieu. Cette connaissance enflammant de plus en plus l'ardeur de l'amour qui la consumait, lui fit accepter d'avance tous les sacrifices que Dieu lui demanda, surtout au moment où, alors qu'elle lui offrait son Divin Fils au Temple, le vieillard Siméon lui fit une douloureuse prédiction. Marie comprit alors à quoi elle était appelée et l'amour dont elle aimait son Dieu lui fit aussi aimer les hommes qui lui coûtaient si cher. Dès lors et particulièrement au moment où son Divin Fils lui présenta dans la personne de saint Jean, tous les hommes, Marie, debout sous la Croix, se montra véritablement notre co-rédemptrice, notre Mère. (Madeleine-Sophie Barat + 1865, Conférence de 1858)
Dicton
Jour de l'Immaculée ne se passe jamais sans gelée.
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L’IMMACULÉE CONCEPTION
Le dogme de l’Immaculée Conception est le dogme catholique selon lequel dès le premier instant de sa création, l'âme de la Vierge Marie était libre du péché originel.
Cette doctrine ne doit pas être confondue avec celle de la virginité de Marie, à savoir le dogme selon lequel Jésus-Christ a été enfanté par une mère vierge.
La conception miraculeuse (Immaculée Conception) de Marie est célébrée le 8 décembre.
La conception miraculeuse (le 8 décembre) et la naissance de Marie (Miryam) le 8 septembre de l’an 16 av. J.-C. selon la tradition, sont racontées dans le Protévangile de Jacques et l'Evangile du Pseudo-Matthieu qui affirment qu’elle naquit d'Anna et de Jérémie (Joachim dans la tradition). Ceux-ci habitaient à Jérusalem ; mariés depuis vingt ans, ils n’avaient pas encore eu d’enfant. Le Protévangile de Jacques précise que Marie est née à 7 mois de grossesse.
Il existait très anciennement, à Jérusalem, une maison appelée "la Maison d’Anne".
Depuis le VIe siècle, on vénère à Jérusalem, près de la piscine de Bézatha, le lieu où serait née la Vierge Marie.
Lorsque Marie eut atteint l'âge de 3 ans, elle fut consacrée à Dieu et reçue au nombre des vierges qui desservaient le temple (une autre tradition indique qu'étant orpheline de la tribu de Lévi, elle fut élevée au Temple). Lorsqu'elle fut en âge d'être mariée, vers 11 ans, les prêtres lui choisirent (parmi plusieurs prétendants grâce à un signe) pour époux Joseph, de la tribu de Juda, né à Bethléem, un homme âgé (70 ans ?), qui vint s'établir avec elle à Nazareth.
Cependant, une tradition galiléenne situe le village natal de Marie à Sepphoris, à 7 km de Nazareth, à vol d'oiseau.
Marie avait des parents à Cana, à cinq miles au nord de Zippori (Sepphoris) et neuf miles au nord de Nazareth, lesquels furent témoins de ces fameuses noces où Jésus changea l'eau en vin. Marie aurait habité à Cana après la mort de Joseph.
Chronologie historique
Une fête de la Conception d'Anne (grande fête chômée à Byzance) est célébrée le 9 décembre dans l'Église orientale dès le Ve siècle. On conserve de Théodote (+ 446), théologien byzantin et évêque d’Ancyre (aujourd’hui Ankara), un Sermon sur la fête des lumières en l'honneur de la Vierge Marie. L'Eglise grecque célèbre la Conception de Marie au VIe siècle, comme on le voit par le Type ou Cérémonial de saint Sabbas.
En Occident elle est établie dès le VIIIe siècle, dans l'Eglise gothique d'Espagne.
Au IXe siècle, la fête de la Conception d'Anne est célébrée le 3 mai par l'Eglise d'Irlande. Un célèbre calendrier gravé sur le marbre, pour l'usage de l'Eglise de Naples, nous la montre instituée à cette époque. Paul Diacre, secrétaire de Charlemagne, puis moine au Mont-Cassin, célèbre le mystère de l'Immaculée-Conception dans une Hymne remarquable.
En 1049, la fête est sanctionnée à Mayence en Allemagne par un concile présidé par Léon IX. En 1050, au concile de Verceil, ce pape recommande vivement qu'on honore la conception de la Vierge.
En 1066, la fête, célébrée le 8 décembre, s'établit en Angleterre à la suite d'un prodige opéré sur mer en faveur du pieux abbé Helsin, et bientôt elle s'étend dans cette île par les soins du grand Anselme, moine et archevêque de Cantorbéry. Pour Anselme de Cantorbéry (+1109) : "Il convenait que cette Vierge à qui le Père se disposait à donner son Fils unique, ce Fils engendré de son cœur, égal à lui et qu'il aime comme lui-même, qu'il voulait lui donner de sorte qu'il fût naturellement un seul et même Fils, commun à Dieu et à la Vierge, il convenait que cette Vierge fût ornée de la plus haute sainteté qui se puisse concevoir après celle de Dieu." (De conceptu virginali et originali peccato).
D'Angleterre, la fête passe en Normandie et prend possession du sol français. Nous la trouvons à l'abbaye d'Irach dans la Navarre, en 1090 ; à Liège en Belgique, en 1142.
Le pape Innocent III (1198-1216) déclare : « Eve a été formée sans péché, mais elle a conçu dans le péché ; Marie a été conçue dans le péché, mais elle a conçu sans péché. »
Le pape Innocent V (1276) affirme : « La bienheureuse Vierge, a été sanctifiée dans le sein de sa mère, non pas avant que son âme eût été unie à son corps, parce qu'elle n'était pas encore capable de grâce, ni dans le moment même de cette union, parce que si cela était, elle aurait été exempte du péché originel et n'eût pas eu besoin de la rédemption de Jésus-Christ, nécessaire à tous les hommes, ce qu'on ne doit pas dire. Mais il faut croire pieusement qu'elle a été purifiée par la grâce et sanctifiée très peu de temps après cette union : par exemple le même jour, ou dans la même heure, non pas cependant dans l'instant même de l'union. »
La doctrine de l’Immaculée Conception (la conception nostre dame) selon laquelle Marie fut conçue sans péché originel, est prêchée par les frères franciscains, notamment par le théologien écossais John Duns Scot (1266-1308), Doctor Subtilis, béatifié le 20 mars 1993 : « Il faut comprendre l’Immaculée Conception, non pas seulement comme une exemption virginale de la tache originelle, mais comme une sanctification qui s’opère dès la naissance de la vie de la Vierge, dans la vision des mérites de Jésus-Christ ».
L'opposition à cette doctrine est menée au XIIe siècle par Bernard de Clairvaux, et, au XIIIe siècle, par Thomas d'Aquin malgré sa dévotion pour Marie qu'il qualifie magnifiquement de "Trône de la Trinité" :
- Des chanoines venant d'instituer à Lyon la fête de la Conception de Marie, Bernard de Clairvaux n'hésite pas à blâmer cette innovation qu'il traite de superstitieuse, et qu'il condamne : « Je ne puis assez admirer à quoi pensent quelques-uns d'entre vous de vouloir introduire une nouvelle fête pour l'usage de l'Église ignare, et qui n'est ni approuvée par la raison, ni autorisée par l'ancienne tradition... Pourquoi établir cette fête ? Pour honorer la conception de Marie ?... Mais comment cette conception eût-elle pu être sainte et devrait-elle être honorée ? Parce qu'elle fut prévenue par la sanctification ?... Mais Marie ne put être sainte avant d'exister. La sainteté se serait-elle donc tellement unie à la conception au milieu des embrassements conjugaux, que la Vierge fut à la fois et conçue et sanctifiée ? La raison ne permet pas non plus de l'admettre. En effet, la sainteté existerait-elle sans l'Esprit sanctifiant ? Ou bien l'Esprit sanctifiant aurait-il quelque société avec le péché ? Ou bien enfin pourrait-il ne pas y avoir de péché là où la concupiscence fut indubitablement présente. Resterait donc à prétendre que Marie a été conçue du Saint-Esprit, non d'un homme : mais c'est ce que nul n'a encore osé dire... Si cependant on avait le dessein d'établir cette fête, il fallait auparavant consulter le Saint-Siège, et ne pas suivre ainsi précipitamment la simplicité de quelques ignorants. J'avais déjà remarqué cette erreur chez quelques-uns ; mais je le dissimulais, excusant une dévotion qui venait de la simplicité de cœur et d'amour pour la sainte Vierge. Mais trouvant cette superstition chez des personnes sages et dans une Église si fameuse, et dont je suis particulièrement le fils, je ne sais si j'aurais pu la dissimuler sans commettre une grande faute, même contre vous (…) Il faut, en définitive, croire que la Vierge, déjà existante dans le sein maternel (in utero jam existens) reçut la sanctification après la conception. Quoiqu'il ait été accordé à un petit nombre d'hommes de naître avec la sainteté, cependant il ne leur a pas été donné d'être conçus avec la sainteté, afin que la prérogative d'une conception sainte fût conservée à celui-là seul qui devait sanctifier tous les hommes, et que, venu seul sans péché, il apportât la purification des péchés. »
- Thomas d'Aquin explique : « Quoique la bienheureuse Vierge ait été conçue dans le péché originel, on croit cependant qu'elle fut sanctifiée dans le sein de sa mère avant sa naissance ; et c'est pourquoi diverses coutumes se sont établies dans les Églises à l'égard de la célébration de la Conception ; car l'Église romaine et beaucoup d'autres, considérant que la Vierge a été conçue sans le péché originel, ne célèbrent point la Fête de la Conception. Quelques-unes, de leur côté, considèrent qu'elle a été sanctifiée dans le sein de sa mère, sans qu'on sache le temps. On croit, en effet, qu'elle fut sanctifiée aussitôt après la conception et l'infusion de l'âme. D'où l'on voit que cette fête ne doit pas être rapportée à la conception, par le motif de la conception même, mais par le motif de la sanctification. Ainsi donc, on ne doit pas célébrer la fête de la Conception, parce que la Vierge aurait été conçue sans le péché originel (...) C’est déjà une merveille pour les saints de recevoir une grâce qui sanctifie leur âme. Mais la grâce que reçut l’âme de la Vierge fut une telle abondance qu’elle rejaillissait sur sa chair, afin que cette chair conçut le Fils de Dieu. »
Les professeurs et les prédicateurs dominicains soutiennent vigoureusement que la doctrine de l’Immaculée Conception contredit le rôle de Sauveur universel du Christ.
Le théologien franciscain Pierre Auriol (1280-1322) estime, contre les Dominicains, que "Dieu a préservé la Vierge Marie du péché originel".
Le pape Boniface VIII (1294-1303) accorde une indulgence aux habitants d'Anagni qui célèbrent la fête de la Conception.
Dès 1310, les statuts synodaux de l'église de Cambrai ordonnent de célébrer la fête de la Conception. Le synode diocésain de Soissons la prescrit en 1344.
Vers l'an 1370, Brigitte de Suède place dans la bouche de la Vierge Marie les paroles suivantes : « Il a plu à Dieu que quelques-uns de ses amis doutassent pieusement de ma conception, pour que chacun montrât son zèle à la défendre, jusqu'à ce que la vérité éclatât dans tout son jour au temps préordonné pour sa manifestation. »
En 1398, Jean Ier, roi d'Aragon, donne une charte solennelle pour mettre sa personne et son royaume sous la protection de Marie conçue sans péché.
En 1439, le concile de Bâle-Ferrare-Florence reconnaît l'immaculée conception de Marie qu’il décrète "indemne de toute faute originelle" et étend la fête de la Visitation à la Chrétienté tout entière.
En 1476, le pape Sixte IV, dévoué à l'ordre des franciscains d'où il vient, institue, dans l'Église de Rome, la fête de la Conception, qui est célébrée le 8 décembre 1477, et fait construire une chapelle de l'Immaculée Conception. Il attache des indulgences à un office propre, composé par Léonard de Nogarolis, et approuvé par lui.
Le 4 septembre 1483, ému par les dissensions et les discordes qui troublent l’Eglise à l’occasion de la fête de la Conception, et surtout de l’office (approuvé par le bref Libenter ad ea du 4 octobre 1480), il reprend, par une bulle, la constitution Grave nimis de 1482, et défend, sous peine d'excommunication, d'une part, de taxer d'hérésie ou de péché mortel ceux qui tiennent l'opinion de l'immaculée conception ou qui récitent l'office de Nogarolis ; d'autre part, de taxer d'hérésie ou de péché mortel ceux qui tiennent l'opinion que la bienheureuse Vierge a été conçue dans le péché originel.
Le concile de Trente, lors de la congrégation générale du 8 juin 1546, décrète : « Le saint concile déclare qu'il n'a pas l'intention, par ce décret touchant le péché originel, d'y comprendre la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, mère de Dieu ; que, sur cette question, il ne veut rien décider présentement de plus que ce qui a été décrété par Sixte IV, d'heureuse mémoire, sous les peines contenues dans ces constitutions qu'il renouvelle. »
L'office que Sixte IV a approuvé renferme plusieurs propositions qui impliquent l'immaculisme.
En 1568, dans son Bréviaire Romain, Pie V (1566-1572) le supprime et le remplace par un nouvel office. De plus, le 30 novembre 1570, pour apaiser les troubles et les scandales qui continuent à s'élever autour de la pieuse croyance, il défend, par la bulle Super speculam Domini, de traiter de cette controverse, ni pour ni contre, dans les assemblées publiques d'hommes et de femmes, et d'en disputer dans des écrits en langue vulgaire.
En 1602, la fête de l'Immaculée Conception est promue au rite double majeur par Clément VIII.
Paul V (1605-1621) renouvelle la constitution de Sixte IV sur l’Immaculée Conception. Sa constitution Sanctissimus Dominus (12 septembre 1617) interdit l'expression publique d'opinions contraires à l'Immaculée Conception.
Grégoire XV (1621-1623), pressé par le roi d'Espagne de décréter le dogme de l'immaculée conception de Marie, répond que « la sagesse éternelle n'a pas encore révélé ce mystère à l'Église. »
Le 4 juin 1622, il publie la constitution Sanctissimus Dominus de son prédécesseur, ordonne « à tous en général, et en particulier à chaque ecclésiastique, tant séculier que régulier, de ne se servir dans la célébration du saint sacrifice de la messe ou dans l'office divin, d'une manière publique ou privée, d'aucun autre mot que de celui de conception » et ajoute l'obligation de fêter la Conception, mais il permet aux dominicains d'en discuter entre eux (28 juillet 1622).
Le 15 décembre 1640, le duc de Bragance est proclamé roi du Portugal et prend le nom de Jean IV ; il place son royaume sous la protection de l'Immaculée Conception.
Alexandre VII (1655-1667) fait un pas énorme vers l'immaculisme. Dans sa constitution Sollicitudo omnium ecclesiarum (1661), il déclare : « C'est une ancienne piété des fidèles du Christ envers la bienheureuse Vierge Marie, de penser que son âme, au premier instant de la création et de l'infusion dans le corps, fut, par grâce spéciale et privilège de Dieu, par égard des mérites de Jésus-Christ son fils, rédempteur du genre humain, préservée de la tache du péché originel, et de célébrer, dans ce sens, en rite solennel, la fête de la Conception ». Il ajoute que cette piété s'est accrue depuis la constitution de Sixte IV, renouvelée par le concile de Trente ; qu'elle s'est partout propagée depuis que les pontifes romains ont approuvé des confréries et des ordres religieux et accordé des indulgences à l'occasion de cette dévotion, et que maintenant, presque tous les catholiques l'ont embrassée. Il termine en renouvelant et ordonnant d'observer les constitutions et décrets de ses prédécesseurs, et principalement de Sixte IV, de Paul V et de Grégoire XV, « en faveur du sentiment qui assure que l'âme de la bienheureuse Vierge Marie, dans sa création et son infusion dans le corps, fut douée de la grâce de l'Esprit saint et préservée du péché originel. »
La France, par l'entremise de Louis XIV, obtient de Clément IX (1667-1669) que la fête soit célébrée avec Octave dans le royaume ; cette faveur est bientôt étendue à l'Eglise universelle par Innocent XII (1691-1700). Déjà, depuis des siècles, la Faculté de théologie de Paris astreignait tous ses Docteurs à prêter serment de soutenir le privilège de Marie.
En 1647, l'empereur Ferdinand III, fait élever sur la grande place de Vienne (Autriche) une splendide colonne couverte d'emblèmes et de figures (qui sont autant de symboles de la victoire que Marie a remportée sur le péché) et surmontée de la statue de la Reine immaculée.
La fête de la Conception est étendue à toute l'Église universelle par le pape Clément XI : bulle Commissi nobis du 6 décembre 1708.
En 1735, les insurgés corses choisissent l'Immaculée Conception comme patronne de l'île.
Le 26 novembre 1742, Benoît XIV décrète, pour chaque 8 décembre, la tenue, à Sainte-Marie Majeure, de la chapelle pontificale en l'honneur de la Conception de la bienheureuse Vierge Marie immaculée. Il précise qu'il ne faut pas dire "Immaculée conception de la bienheureuse Vierge Marie", mais "Conception de la bienheureuse Vierge Marie immaculée".
Charles III obtient de Clément XIII (1758-1769) que la "Conception Immaculée" devienne la fête patronale des Espagnes.
Le 16 avril 1846, le concile de Baltimore proclame "patronne des Etats-Unis la Bienheureuse Vierge Marie conçue sans péché".
Par la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854, le bienheureux Pie IX proclame le dogme de l'Immaculée Conception 22 et déclare la Vierge Marie indemne du péché originel : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la bienheureuse vierge Marie fut, dans le premier moment de sa conception, par une grâce et un privilège singulier de Dieu tout-puissant, et en vue des mérites de Jésus-Christ, sauveur du genre humain, réservée intacte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et que par conséquent elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. Les Pères et les écrivains ecclésiastiques, instruits par les enseignements célestes, n'ont rien eu de plus cher dans les livres élaborés par eux pour expliquer les Écritures, défendre et instruire les fidèles, que de proclamer à l'envi et de prêcher de toutes parts, de la manière la plus variée et la plus admirable, la souveraine sainteté de la Vierge, sa dignité, sa pureté intacte de toute souillure du péché et sa victoire éclatante sur le détestable ennemi du genre humain. C'est pourquoi, interprétant ces paroles : J'établirai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta race et la sienne, ils ont enseigné que ce divin oracle désigne d'avance, ouvertement et clairement, la vierge Marie ; laquelle, unie au Christ par le lien le plus étroit et le plus indissoluble, exerçant avec lui et par lui ces inimitiés éternelles entre le serpent, a, dans son complet triomphe, écrasé de son pied immaculé la tête de ce dragon venimeux. Ces mêmes Pères et écrivains ecclésiastiques, considérant dans leur esprit et dans leur cœur que la bienheureuse Vierge, en recevant de l'ange Gabriel l'annonce de la sublime dignité de mère de Dieu, a été, par l'ordre et au nom de Dieu lui-même, appelée pleine de grâce, ont enseigné que cette singulière et solennelle solution, jusque-là inouïe, signifiait que la mère de Dieu était le siège de toutes les grâces divines ; tellement que, étrangère à la malédiction et participant avec son Fils à la bénédiction perpétuelle, elle a mérité d'entendre Elisabeth, inspirée par l'Esprit saint, lui dire : Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. »
La proposition est rejetée par les protestants, les vieux-catholiques et l'Église orthodoxe, qui, bien que d’accord sur le fond, n’acceptent pas son caractère dogmatique.
Le 3 janvier 1857, alors qu’il célèbre la messe à Saint-Étienne-du-Mont, Monseigneur Sibour est poignardé par Jean Verger, un prêtre interdit, aux cris de : « A bas l’Immaculée Conception ! A bas les déesses ! »
Le 25 mars 1858, apparaissant à Lourdes, Marie déclare à Bernadette Soubirous : « Je suis l’Immaculée Conception. »
Pie IX fait publier un nouvel office en 1863.
Léon XIII, en 1879, décide que la fête sera de rite double de première classe avec octave et une vigile.
Dans l'Ordo liturgique de Paul VI (1963-1978) elle devient une solennité.
Du 8 décembre 2007 au 8 décembre 2008 : Jubilé à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions de l'Immaculée Conception à Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858.
Sous le titre d'Immaculée Conception, la Vierge Marie est invoquée en tant que patronne des États-Unis, du Brésil, du Portugal et de la Corse.
La Vierge de Fourvière et la Fête des Lumières à Lyon
En 1852, une statue de bronze doré de la Vierge (œuvre du sculpteur Fabisch) doit être inaugurée le 8 septembre au sommet du clocher de la chapelle ; le 8 septembre est le jour de la fête de la Nativité de Marie et de la commémoration du vœu des échevins qui, en 1643, demandèrent à la Vierge que la ville fût délivrée de la peste ; le vœu des échevins est encore commémoré chaque 8 septembre : le Maire de Lyon monte à Fourvière, remet un écu d'or et un cierge à l’archevêque qui bénit la ville. Une inondation dans l'atelier du fondeur, due à une crue de la Saône, retarde la cérémonie qui est reportée au 8 décembre, jour de la fête de la Conception de Marie. Ce jour-là, un orage extrêmement violent s'abat sur la ville et contraint les organisateurs à annuler les festivités prévues ; mais, la pluie ayant cessé, les Lyonnais, dans une ferveur unanime, allument spontanément des lampions sur le rebord de leurs fenêtres : ainsi apparaissent les premières illuminations de Lyon.
Aujourd’hui, si les flambeaux de la procession montent encore de Saint-Jean à Fourvière, la Fête des Lumières a perdu son caractère exclusivement religieux. Depuis 1999, la ville de Lyon a transformé cette fête religieuse en un festival féérique de 4 jours, dédié aux dernières évolutions technologiques liées à la lumière, qui attire 3 à 4 millions de visiteurs.
En 1630, Louis XIII et Anne d’Autriche font un vœu à Notre Dame de Fourvière en lui demandant la grâce d’avoir un fils.
Le 10 février 1638, la grossesse de la reine étant certaine, le roi promulgue la consécration du royaume de France à Marie ; la naissance du dauphin a lieu le 5 septembre.
Une cérémonie traditionnelle commémore le vœu de Louis XIII, le 5 août.
Dès 1645, la dévotion mariale propre à Fourvière se réfère à la "Vierge immaculée" et, en 1659, lors de l’érection d’une statue de la Mère de Dieu, les échevins lyonnais font graver sur son socle : "A la Vierge conçue sans péché".
En 1832, le choléra menace Lyon. De nombreux pèlerinages sont organisés pour demander à Marie d'épargner la ville. Un tableau, réalisé en remerciement, se trouve dans la basilique au-dessus de la porte d'entrée.
Le 8 octobre 1870, devant l'avancée des troupes prussiennes dans l'est de la France, les Lyonnais font le voeu de construire une grande église à la Vierge si la ville est épargnée par la guerre. C'est l'origine de la basilique de Fourvière construite, en 1872, à côté de l'ancienne chapelle, et consacrée en 1896.
En 2014, l’archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, délocalise exceptionnellement la Fête des lumières en Irak, aux côtés des réfugiés chrétiens du Kurdistan qui ont fui les violences de l’Etat islamique. Ce voyage veut montrer la solidarité des chrétiens de France dans le cadre d'un jumelage entre les diocèses de Lyon, Mossoul et Karakosh. 26
- Origine du sanctuaire marial de Fourvière -
En 177, sous le pape Eleuthère, les communautés chrétiennes de Lyon et de Vienne, accusées d’avoir déclenché une émeute (ils auraient été dénoncés par des adorateurs de Cybèle), sont victimes d’une flambée de fanatisme local et persécutées.
Le tribun de la treizième cohorte et les magistrats de la ville font arrêter tous ceux que la voix publique désigne comme chrétiens.
L’évêque Pothin, âgé de 90 ans, brutalisé, meurt dans la prison du Vieux Forum de Trajan ("Forum vetus" qui se transformera en "Fourvière"), près du temple de Lug transformé en sanctuaire de Cybèle en 160. Blandine et une cinquantaine d’autres chrétiens sont livrés aux bêtes, à l’occasion de la grande fête fédérale du 1er août, dans l’amphithéâtre situé sur la colline de la Croix Rousse (près du sanctuaire des Trois Gaules où se réunissaient les représentants des tribus gauloises). Eusèbe de Césarée conserve une lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs frères d’Asie et de Phrygie qui fait le récit de la persécution.
Venu d’Orient à Lyon vers 122, Pothin aurait apporté un portrait de la Vierge attribué à saint Luc : c’est de cette époque que date le premier sanctuaire marial de Fourvière.
La théologie mariale proprement dite est développée par son successeur, Irénée, lequel, selon la tradition, meurt, en 202, dans la prison du Vieux Forum, comme Pothin ; il est le premier docteur de l'Église à célébrer Marie dans son rôle de nouvelle Ève.
Après l’écroulement du Vieux Forum de Trajan qui servait de chapelle à la Vierge Noire, une nouvelle chapelle est édifiée en 840. Reconstruite en 1168, elle est dédiée à Marie et à saint Thomas Becket, puis agrandie en 1740.
Citations
Marie est un commencement des œuvres de Dieu : il n'est donc pas étonnant que le Dieu qui devait racheter le monde, ait commencé son œuvre par sa mère, afin que celle par qui le salut était préparé à tous, jouisse la première du fruit du salut. (Ambroise de Milan + 397, Commentaire sur l'Evangile selon saint Luc)
Heureux et trois fois heureux êtes-vous, ô Joachim et Anne ! Mais cent fois plus heureuse est la fille alliée à la lignée de David, votre fille. Car vous autres, vous êtes terre, mais elle est un ciel. Vous êtes terrestres, tandis que c'est par elle que les fils de la terre deviennent habitants du ciel (...) C'est que le Créateur lui-même a fait avec la terre vieillie un ciel nouveau et un trône qui défie les flammes. Il a transformé le vieil homme pour préparer au Verbe un séjour tout céleste. (Jean d'Eubée, + 730, Homélie sur la conception de la Vierge)
Approche, ô toi vue par nos yeux comme un petit enfant, mais perçue par notre esprit comme l’atelier de Dieu. Approche et purifie le seuil du sanctuaire. Car ce n’est pas le temple qui te sanctifie et te purifie, mais c’est toi qui purifies entièrement le temple. (Germain de Constantinople + 733, Homélie pour la présentation)
La Theotókos Marie, refuge commun de tous les chrétiens, a été la première à être libérée de la chute de nos ancêtres. (André de Crète + 740, Homélie IV sur la Nativité, PG 97, 880 A)
(…) Joachim et Anne, couple heureux ! Toute la création vous est redevable ; par vous elle a offert au Créateur le don, de tous les dons le plus excellent, une mère vénérable, seule digne de celui qui l'a créée. Heureux lombes de Joachim, d'où sortit un germe tout immaculé ; admirable sein d'Anne, grâce auquel se développa lentement, où se forma et d'où naquit une enfant toute sainte ! Entrailles qui avez porté un ciel vivant, plus vaste que l'immensité des cieux ! Aire où fut amoncelé le blé vivifiant, selon la déclaration même du Christ : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul (Jean 12,24) » ; sein qui allaitas celle qui nourrit le nourricier du monde ! Merveille des merveilles, paradoxe des paradoxes ! Oui, l'inexprimable incarnation de Dieu, pleine de condescendance, devait être précédée par ces merveilles… (Jean Damascène + vers 750, Homélie sur la Nativité de Marie, 2]
Plantée dans la Maison de Dieu et nourrie de l’Esprit, semblable à un olivier fertile, elle devient la demeure de toutes les vertus. Détachant son cœur de toutes les convoitises de cette vie et de la chair, elle conserve son âme vierge autant que son corps, comme il convient à celle qui allait concevoir Dieu en son sein. (Jean Damascène, De la foi orthodoxe)
Aie pitié de moi, pécheur et viens à mon aide, ô ma Dame. Ta glorieuse naissance de la race d’Abraham, de la tribu de Juda, de la souche de David, n’a-t-elle pas apporté la joie au monde entier ? Qu’elle me remplisse aussi de joie et me purifie de tout péché. (Prière anonyme du Moyen Age)
Vous êtes toute belle, ô Marie, et il n’y a pas de tache en vous. Qu’elle est belle, qu’elle est suave dans les délices, votre Conception immaculée ! En vous est l’espoir de la vie et de la vertu, toute grâce de vie et de vérité. Sur notre terre une voix s’est fait entendre, voix très douce, voix de la tourterelle, voix de la colombe. Prenez votre vol, ô colombe infiniment belle ! Levez-vous, hâtez-vous et venez ! (Texte d'un anonyme du XIVe siècle)
Si tout est singulier en Marie, qui pourra croire qu'il n'y ait rien eu de surnaturel en la conception de cette princesse, et que ce soit le seul endroit de sa vie qui ne soit marqué par aucun miracle ? (Bossuet + 1704)
Pour la raison même de son Immaculée Conception, Marie eut dès le commencement de son existence, une parfaite connaissance de Dieu. Cette connaissance enflammant de plus en plus l'ardeur de l'amour qui la consumait, lui fit accepter d'avance tous les sacrifices que Dieu lui demanda, surtout au moment où, alors qu'elle lui offrait son Divin Fils au Temple, le vieillard Siméon lui fit une douloureuse prédiction. Marie comprit alors à quoi elle était appelée et l'amour dont elle aimait son Dieu lui fit aussi aimer les hommes qui lui coûtaient si cher. Dès lors et particulièrement au moment où son Divin Fils lui présenta dans la personne de saint Jean, tous les hommes, Marie, debout sous la Croix, se montra véritablement notre co-rédemptrice, notre Mère. (Madeleine-Sophie Barat + 1865, Conférence de 1858)
Dicton
Jour de l'Immaculée ne se passe jamais sans gelée.
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