Clément de Rome
Corinthiens 01
CLÉMENT DE ROME
L'Épître aux Corinthiens : préambule
Bien que nombre de détails restent obscurs, il est généralement admis que Clément est l'auteur de la lettre écrite vers 95 à l'Église de Corinthe à l'occasion d'un schisme. C'est le plus ancien témoignage d'une intervention autoritaire de Rome dans les affaires d'une autre Église apostolique. On y voit d'importantes exhortations qui supposent la prééminence de Rome dans les affaires ecclésiastiques dès la fin du premier siècle. La lettre contient aussi des informations utiles sur la mort de Pierre et de Paul à Rome. Apparemment, les Corinthiens ne furent pas surpris du ton de cette lettre et celle-ci était encore l'objet de lectures au cours des cérémonies en 170.
Le culte et la postérité
La légende rapportée par les Actes a fait que Clément est souvent représenté avec une ancre comme emblème et entouré de poissons. Après l'Épître aux Corinthiens, il y eut une seconde Épître, puis des Homélies, des Reconnaissances, sorte de roman de voyages et d'aventures mettant en scène saint Pierre et Clément lui-même et enfin deux Lettres aux vierges. Ainsi toute une littérature dite « pseudoclémentine » lui fut attribuée. Mais si la tradition donne à celle-ci l'autorité du saint, ni le contenu ni le style ni la date de composition des documents qui la composent ne permettent d'affirmer son authenticité.
AUX CORINTHIENS
Mes bien-aimés, comme les dons de Dieu sont bénis et admirables! La vie dans l'immortalité, la splendeur dans la justice, la vérité dans la liberté de parole, la foi dans la confiance, la maîtrise de soi dans la sanctification et tout cela est mis à la portée de notre intelligence ! Quels sont donc les biens préparés pour ceux qui l'attendent? Le créateur et le père des siècles, le Très-Saint, en sait le nombre et la beauté. Luttons donc afin d'être au nombre de ceux qui attendent, afin de participer aux dons qu'il a promis.
Mais comment cela se fera-t-il. mes bien-aimés? Si notre pensée s'attache à Dieu avec foi, Si nous recherchons cc qui lui plaît et ce qu'il approuve, Si nous accomplissons ce qui convient à sa volonté irréprochable, et Si nous suivons le chemin de la vérité en rejetant loin de nous toute injustice et perversité. l'amour des richesses, les disputes, les méchancetés et les fourberies. les murmures et les médisances. la haine de Dieu, l'orgueil et la jactance. la vanité et la dureté pour l'étranger.
Voilà quel est le chemin, mes bien-aimés, par lequel nous avons trouvé le salut: Jésus Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le protecteur et le soutien de notre faiblesse. Par lui, nous fixons nos regards sur les hauteurs des cieux; par lui, nous contemplons comme dans un miroir le visage pur et sublime du Père ; par lui se sont ouverts les yeux de notre coeur; par lui, notre intelligence bornée et ténébreuse s'épanouit à la lumière; par lui, le Maître a voulu nous faire goûter la connais ance immortelle, lui qui est la lumière éclatante de la gloire du Père, placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.
Servons en soldats, mes frères, de toute notre ardeur, sous les commandements de ce chef irréprochable. Dans l'armée, les grands ne peuvent rien faire sans les petits, ni les petits sans les grands: en toutes choses ils sont mélangés, et c'est ainsi qu'ils sont efficaces. Prenons l'exemple de notre corps: la tête n'est rien sans les pieds, et de même les pieds ne sont rien sans la tête. Les moindres de nos membres sont nécessaires et bienfaisants pour le corps entier; et même, tous servent le salut du corps entier en collaborant dans une soumission qui les unifie. Assurons donc le salut du corps entier que nous formons dans le Christ Jésus, et que chacun se soumette à son prochain, selon le charisme que celui-ci a reçu. Que le fort se préoccupe du faible, que le faible respecte le fort.
Que le riche subventionne le pauvre, que le pauvre rende grâce à Dieu qui lui a donné quelqu'un pour compenser son indigence. Que le sage montre sa sagesse non par des paroles, mais par de bonnes actions; que l'humble ne se rende pas témoignage à lui-même, mais qu'il en laisse le soin à un autre. Puisque nous tenons de Dieu tout cela, nous devons lui rendre grâce pour tout. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
LETTRE DU PAPE S. CLÉMENT AUX CORINTHIENS
Ce passage est le témoignage le plus ancien que nous ayons du martyr de Pierre, dans la communauté romaine.
Laissons les exemples de l'antiquité pour en venir aux athlètes les plus proches de nous. Prenons de nobles exemples dans notre génération. C'est par jalousie et par envie que les colonnes de l'Église les plus hautes et les plus justes ont été persécutées et ont lutté jusqu'à la mort. Regardons les saints Apôtres. Pierre. à cause d'une jalousie injuste a subi de nombreuses souffrances, et non pas une ou deux; après avoir ainsi rendu son témoignage. il s'en est allé au séjour de gloire qu'il avait mérité. Par suite de la jalousie et de la discorde, Paul a montré quel prix est réservé à la constance.
Chargé sept fois de chaînes, expulsé, lapidé, devenu prédicateur de l'Évangile en Orient et en Occident, il a reçu la renommée qui correspondait à sa foi. Après avoir enseigné la justice au monde entier jusqu'aux limites de l'Occident, il a rendu son témoignage devant les autorités; c'est ainsi qu'il a quitté ce monde pour s'en aller au séjour de la sainteté, et devenir un illustre modèle de constance. A ces hommes qui ont mené une vie sainte est venue se joindre une grande foule d'élus qui. par suite de la jalousie, ont subi toutes sortes de mauvais traitements et de supplices, et qui ont donné parmi nous un magnifique exemple.
Par suite de la jalousie, des femmes ont été persécutées: déguisées en victimes mythologiques, elles ont subi des outrages atroces et sacrilèges; puis elles ont remporté victorieusement la course de la foi, et elles ont reçu une glorieuse récompense, elles dont le corps était Si faible. C'est la jalousie qui a rendu des épouses étrangères à leurs maris et qui a fait mentir la parole de notre père Adam :Voici l'os de mes os et la chair de ma chair. Jalousie et discorde ont abattu de grandes cités et déraciné de puissantes nations. Nous vous écrivons ainsi, mes bien-aimés, non pas seulement pour votre avertissement, niais pour notre propre mise en garde. Car nous sommes dans la même arène, et le même combat nous attend.
Laissons donc les préoccupations vaines et inutiles pour nous conformer à la règle glorieuse et vénérable de notre tradition. Voyons ce qui est beau, ce qui est agréable, ce qui est digne d'approbation aux yeux de celui qui nous a faits. Fixons nos regards sur le sang du Christ et comprenons combien il a de valeur pour son Père, puisque, répandu pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la conversion.
Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous admirons dans la force de tes martyrs, donne-nous de fêter dans la joie l'anniversaire de saint Clément: à la fois prêtre de ton Fils et victime, il a signé de son témoignage ce qu'il célébrait, il a confirmé par son exemple ce qu'il prêchait.
AUX CORINTHIENS 01
L'Église de Dieu qui séjourne à Rome à l'Église de Dieu qui séjourne à Corinthe, à ceux qui ont été appelés et sanctifiés dans la volonté de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ 2. Que la grâce et la paix vous soient données du Dieu tout-puissant par le Christ Jésus en abondance !
1. Ce sont les malheurs et les épreuves dont nous avons été frappés soudainement et coup sur coup qui nous ont retenus trop longtemps, à notre gré, de nous tourner vers vous, bien-aimés, et de nous occuper des affaires en litige parmi vous, de cette sédition qui n'a ni droit ni place parmi des élus de Dieu, oeuvre de souillure et d'impiété, qu'une poignée d'individus a commencée ; et le feu qu'ils ont allumé, ils l'ont porté à un tel degré de démence, que votre nom révéré, célébré, justement aimé de tous, s'en trouve grandement décrié.
2. Qui donc n'est revenu de chez vous convaincu de la qualité et de la solidité de votre foi, plein d'admiration pour la sagesse et la mesure de votre piété dans le Christ, proclamant partout la générosité de votre accueil, élevant aux nues la perfection et la sûreté de votre connaissance !
3. Vous agissiez en tout sans acception de personnes, vous marchiez dans les commandements de Dieu, vous obéissiez à vos chefs, vous rendiez à vos anciens l'honneur qui leur est dû. Aux jeunes gens vous demandiez une attitude posée et digne ; aux femmes vous recommandiez d'accomplir tous leurs devoirs avec une conscience irréprochable, sainte et pure, aimant leurs maris comme il convient ; vous leur enseigniez à gouverner saintement leur maison, sans se soustraire à la règle de l'obéissance en toute discrétion.
AUX CORINTHIENS 02
1. Tous, vous vous montriez humbles, exempts de jactance, plus prompts à obéir qu'à commander, plus heureux de donner que de recevoir.
Les viatiques du Christ vous suffisaient et c'est à eux que vous appliquiez votre esprit ; oui, vous teniez ses paroles soigneusement gravées dans votre coeur et ses souffrances étaient devant vos yeux.
2. C'est ainsi qu'une paix profonde et féconde vous avait été donnée avec un désir insatiable de faire le bien ;
et une abondante effusion de l'Esprit-Saint s'était répandue sur tous.
3. Il n'y avait en vous que volonté droite, bon zèle, confiante piété, lorsque vous éleviez vos mains vers le Tout-Puissant pour lui demander de vous regarder avec bienveillance, si vous aviez commis quelque faute involontaire.
4. Vous luttiez jour et nuit pour toute la communauté des frères, afin que soit sauvé (grâce à votre compassion et à votre communion de sentiments) le nombre des élus de Dieu.
5. Vous étiez sincères, simples, sans rancune.
6. Toute sédition, tout schisme vous faisait horreur. Vous pleuriez sur les fautes de votre prochain ; ses défaillances étaient les vôtres, selon vous.
7. Vous étiez sans repentir dans toutes vos bonnes actions, " prêts à toute bonne œuvre " (Tt 3, 1).
8. Une vie toute de vertu et d'honneur était votre parure. Vous accomplissiez toutes vos actions dans la crainte de Dieu.
Les commandements et les préceptes du Seigneur étaient écrits sur les tables de votre cœur.
AUX CORINTHIENS 03
1. La gloire et la prospérité vous avaient été données en plénitude et ce mot de l'Écriture s'était accompli pour vous:
" ll a mangé et il a bu, il s'est engraissé et il a regimbé, le bien-aimé " (Dt 32, 15). 2. De là sont nés la jalousie et l'envie, la discorde et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre et la captivité.
3. C'est ainsi que " les manants s'en sont pris aux nobles, les petits aux illustres, les insensés aux sages, les jeunes aux anciens " (Is 3, 5).
4. Aussi, adieu la justice et la paix, puisque désormais chacun a délaissé la crainte de Dieu, obscurci le regard de la foi ; personne ne marche plus dans les commandements de Dieu,personne ne mène une vie digne du Christ,mais chacun marche selon les désirs de son cœur pervers,nourrissant en lui la jalousie ennemie de toute justice et de toute piété,par laquelle " la mort est entrée dans le monde " (Sg 2,24).
AUX CORINTHIENS 04
1. Voici en effet ce qui est écrit :
" Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Dieu et qu'Abel de son côté offrit des premiers-nés de son troupeau et même de leur graisse.
2. Or, le Seigneur agréa Abel et son offrande, mais il n'agréa pas Caïn et son offrande ; 3. et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu.
4. Le Seigneur dit à Caïn :
" Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Ton offrande était bonne mais ton partage était mauvais, n'as-tu donc pas péché en cela ?
5. Apaise ta colère : ton offrande te reviendra et tu en seras le maître. "
6. Et Caïn dit à Abel son frère : " Allons dans la plaine ". Et Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua " (Gn 4, 3-8).
7. Vous le voyez, frères, la jalousie et l'envie ont commis un fratricide.
8. C'est à cause de la jalousie que Jacob, notre père,
a fui devant la face de son frère Ésaü ;
9. c'est à cause de la jalousie que Joseph a subi persécution mortelle et captivité ;
10. c'est la jalousie qui a contraint Moïse de s'enfuir devant la face de Pharaon, roi d'Égypte. Voici, en effet, ce que lui avait dit l'un de ses compatriotes :
" Qui t'a établi notre arbitre ou notre juge ?
Veux-tu me tuer, moi aussi, comme l'Égyptien que tu as tué hier ? " (Ex 11, 14). 11.
C'est à cause de la jalousie qu'Aaron et Marie furent chassés du camp ;
12. la jalousie a précipité Dathan et Abiron tout vivants en enfer,
parce qu'ils s'étaient soulevés contre le serviteur de Dieu, Moïse.
13. C'est à cause de la jalousie que David encourut non seulement la haine des étrangers, mais encore la persécution de Saul, roi d'Israël.
AUX CORINTHIENS 05
1. Mais laissons les exemples des anciens, et passons aux héros qui nous touchent de tout près ; prenons les généreux exemples que nous ont donnés des hommes de notre génération.
2. C'est à cause de la jalousie et de l'envie que les plus grands
et les plus justes d'entre eux, les colonnes, ont subi la persécution et combattu jusqu'à la mort.
3. Oui, regardons les saints Apôtres :
4. Pierre, victime d'une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s'en est allé au séjour de la gloire, où l'avait conduit son mérite.
5. C est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience :
6. chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante.
7. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu'aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c'est ainsi qu'il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience.
AUX CORINTHIENS 06
1. A ces héros dont la vie a été sainte vient s'adjoindre une grande foule d'élus qui ont souffert, par suite de la jalousie, toutes sortes d'outrages et de tortures, et sont devenus pour nous d'admirables exemples.
2. C'est poursuivies par la jalousie que des femmes, nouvelles Danaïdes et Dircés, victimes d'outrages atroces et sacrilèges, ont parcouru jusqu'au bout d'un pas ferme la carrière de la foi, et ont remporté le prix glorieux, malgré l'infirmité de leur nature.
3. C'est la jalousie qui a séparé épouses et maris, faisant mentir le mot de notre père Adam: " Voici l'os de mes os et la chair de ma chair " (Gn 2, 23).
4. La jalousie et la discorde ont renversé de grandes cités et ruiné de puissantes nations.
AUX CORINTHIENS 07
1. En vous écrivant tout cela, bien-aimés, nous ne faisons pas que vous réprimander, nous nous avertissons aussi nous-mêmes, car nous sommes dans la même arène et le même combat nous attend.
2. C'est pourquoi laissons là toutes les préoccupations vaines et inutiles et revenons à la règle glorieuse et sainte de la tradition ;
3. et voyons ce qu'approuve, ce qu'aime, ce qu'agrée celui qui nous a faits.
4. Fixons nos regards sur le sang du Christ et apprenons combien il est précieux aux yeux de Dieu son Père : répandu pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la pénitence.
5. Parcourons tous les âges et nous verrons que, de génération en génération, le Maître " a laissé place à la pénitence " (Sg 12, 10) pour tous ceux qui ont voulu se convertir à lui.
6. Noé prêcha la pénitence, et ceux qui l'écoutèrent furent sauvés.
7. Jonas annonça leur ruine aux Ninivites, mais ceux-ci firent pénitence de leur péché, et Dieu se laissa fléchir par leur supplication, bien qu'ils fussent pour lui des étrangers.
AUX CORINTHIENS 08
1. Les ministres de la grâce de Dieu, sous l'inspiration du Saint-Esprit, ont parlé de pénitence ;
2. et le Maître de toutes choses lui-même a dit de la pénitence, avec serment :
" Je suis vivant, dit le Seigneur, je ne veux pas tant la mort du pécheur que sa conversion " (Ez 33, 11). 3. "
Repentez-vous, maison d'Israël, de votre iniquité.
Dis aux fils de mon peuple : quand même vos péchés iraient de la terre au ciel, qu'ils seraient plus rouges que l'écarlate et plus noirs que le sac,
si vous vous tournez vers moi de tout votre coeur et me dites: Père ! je vous exaucerai comme un peuple saint " (Aut. incon.).
4. Et ailleurs:
" Lavez-vous, purifiez-vous; ôtez de ma vue la méchanceté de vos âmes ;
cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien, recherchez le droit, secourez l'opprimé, soyez juste pour l'orphelin, plaidez pour la veuve ;
et alors venez et nous discuterons, dit le Seigneur.
Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, ils deviendront candides comme la neige ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, je les rendrai blancs comme la laine.
Si vous consentez à m'écouter vous mangerez les produits du terroir ;
mais si vous ne consentez pas à m'écouter, c'est le glaive qui vous mangera.
La bouche du Seigneur a parlé " (Is. 1, 16-20).
Dans son désir de faire participer tous ceux qu'il aime à la pénitence,
voilà ce qu'a décidé la toute-puissante volonté de Dieu.
Corinthiens 01
CLÉMENT DE ROME
L'Épître aux Corinthiens : préambule
Bien que nombre de détails restent obscurs, il est généralement admis que Clément est l'auteur de la lettre écrite vers 95 à l'Église de Corinthe à l'occasion d'un schisme. C'est le plus ancien témoignage d'une intervention autoritaire de Rome dans les affaires d'une autre Église apostolique. On y voit d'importantes exhortations qui supposent la prééminence de Rome dans les affaires ecclésiastiques dès la fin du premier siècle. La lettre contient aussi des informations utiles sur la mort de Pierre et de Paul à Rome. Apparemment, les Corinthiens ne furent pas surpris du ton de cette lettre et celle-ci était encore l'objet de lectures au cours des cérémonies en 170.
Le culte et la postérité
La légende rapportée par les Actes a fait que Clément est souvent représenté avec une ancre comme emblème et entouré de poissons. Après l'Épître aux Corinthiens, il y eut une seconde Épître, puis des Homélies, des Reconnaissances, sorte de roman de voyages et d'aventures mettant en scène saint Pierre et Clément lui-même et enfin deux Lettres aux vierges. Ainsi toute une littérature dite « pseudoclémentine » lui fut attribuée. Mais si la tradition donne à celle-ci l'autorité du saint, ni le contenu ni le style ni la date de composition des documents qui la composent ne permettent d'affirmer son authenticité.
AUX CORINTHIENS
Mes bien-aimés, comme les dons de Dieu sont bénis et admirables! La vie dans l'immortalité, la splendeur dans la justice, la vérité dans la liberté de parole, la foi dans la confiance, la maîtrise de soi dans la sanctification et tout cela est mis à la portée de notre intelligence ! Quels sont donc les biens préparés pour ceux qui l'attendent? Le créateur et le père des siècles, le Très-Saint, en sait le nombre et la beauté. Luttons donc afin d'être au nombre de ceux qui attendent, afin de participer aux dons qu'il a promis.
Mais comment cela se fera-t-il. mes bien-aimés? Si notre pensée s'attache à Dieu avec foi, Si nous recherchons cc qui lui plaît et ce qu'il approuve, Si nous accomplissons ce qui convient à sa volonté irréprochable, et Si nous suivons le chemin de la vérité en rejetant loin de nous toute injustice et perversité. l'amour des richesses, les disputes, les méchancetés et les fourberies. les murmures et les médisances. la haine de Dieu, l'orgueil et la jactance. la vanité et la dureté pour l'étranger.
Voilà quel est le chemin, mes bien-aimés, par lequel nous avons trouvé le salut: Jésus Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le protecteur et le soutien de notre faiblesse. Par lui, nous fixons nos regards sur les hauteurs des cieux; par lui, nous contemplons comme dans un miroir le visage pur et sublime du Père ; par lui se sont ouverts les yeux de notre coeur; par lui, notre intelligence bornée et ténébreuse s'épanouit à la lumière; par lui, le Maître a voulu nous faire goûter la connais ance immortelle, lui qui est la lumière éclatante de la gloire du Père, placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.
Servons en soldats, mes frères, de toute notre ardeur, sous les commandements de ce chef irréprochable. Dans l'armée, les grands ne peuvent rien faire sans les petits, ni les petits sans les grands: en toutes choses ils sont mélangés, et c'est ainsi qu'ils sont efficaces. Prenons l'exemple de notre corps: la tête n'est rien sans les pieds, et de même les pieds ne sont rien sans la tête. Les moindres de nos membres sont nécessaires et bienfaisants pour le corps entier; et même, tous servent le salut du corps entier en collaborant dans une soumission qui les unifie. Assurons donc le salut du corps entier que nous formons dans le Christ Jésus, et que chacun se soumette à son prochain, selon le charisme que celui-ci a reçu. Que le fort se préoccupe du faible, que le faible respecte le fort.
Que le riche subventionne le pauvre, que le pauvre rende grâce à Dieu qui lui a donné quelqu'un pour compenser son indigence. Que le sage montre sa sagesse non par des paroles, mais par de bonnes actions; que l'humble ne se rende pas témoignage à lui-même, mais qu'il en laisse le soin à un autre. Puisque nous tenons de Dieu tout cela, nous devons lui rendre grâce pour tout. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
LETTRE DU PAPE S. CLÉMENT AUX CORINTHIENS
Ce passage est le témoignage le plus ancien que nous ayons du martyr de Pierre, dans la communauté romaine.
Laissons les exemples de l'antiquité pour en venir aux athlètes les plus proches de nous. Prenons de nobles exemples dans notre génération. C'est par jalousie et par envie que les colonnes de l'Église les plus hautes et les plus justes ont été persécutées et ont lutté jusqu'à la mort. Regardons les saints Apôtres. Pierre. à cause d'une jalousie injuste a subi de nombreuses souffrances, et non pas une ou deux; après avoir ainsi rendu son témoignage. il s'en est allé au séjour de gloire qu'il avait mérité. Par suite de la jalousie et de la discorde, Paul a montré quel prix est réservé à la constance.
Chargé sept fois de chaînes, expulsé, lapidé, devenu prédicateur de l'Évangile en Orient et en Occident, il a reçu la renommée qui correspondait à sa foi. Après avoir enseigné la justice au monde entier jusqu'aux limites de l'Occident, il a rendu son témoignage devant les autorités; c'est ainsi qu'il a quitté ce monde pour s'en aller au séjour de la sainteté, et devenir un illustre modèle de constance. A ces hommes qui ont mené une vie sainte est venue se joindre une grande foule d'élus qui. par suite de la jalousie, ont subi toutes sortes de mauvais traitements et de supplices, et qui ont donné parmi nous un magnifique exemple.
Par suite de la jalousie, des femmes ont été persécutées: déguisées en victimes mythologiques, elles ont subi des outrages atroces et sacrilèges; puis elles ont remporté victorieusement la course de la foi, et elles ont reçu une glorieuse récompense, elles dont le corps était Si faible. C'est la jalousie qui a rendu des épouses étrangères à leurs maris et qui a fait mentir la parole de notre père Adam :Voici l'os de mes os et la chair de ma chair. Jalousie et discorde ont abattu de grandes cités et déraciné de puissantes nations. Nous vous écrivons ainsi, mes bien-aimés, non pas seulement pour votre avertissement, niais pour notre propre mise en garde. Car nous sommes dans la même arène, et le même combat nous attend.
Laissons donc les préoccupations vaines et inutiles pour nous conformer à la règle glorieuse et vénérable de notre tradition. Voyons ce qui est beau, ce qui est agréable, ce qui est digne d'approbation aux yeux de celui qui nous a faits. Fixons nos regards sur le sang du Christ et comprenons combien il a de valeur pour son Père, puisque, répandu pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la conversion.
Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous admirons dans la force de tes martyrs, donne-nous de fêter dans la joie l'anniversaire de saint Clément: à la fois prêtre de ton Fils et victime, il a signé de son témoignage ce qu'il célébrait, il a confirmé par son exemple ce qu'il prêchait.
AUX CORINTHIENS 01
L'Église de Dieu qui séjourne à Rome à l'Église de Dieu qui séjourne à Corinthe, à ceux qui ont été appelés et sanctifiés dans la volonté de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ 2. Que la grâce et la paix vous soient données du Dieu tout-puissant par le Christ Jésus en abondance !
1. Ce sont les malheurs et les épreuves dont nous avons été frappés soudainement et coup sur coup qui nous ont retenus trop longtemps, à notre gré, de nous tourner vers vous, bien-aimés, et de nous occuper des affaires en litige parmi vous, de cette sédition qui n'a ni droit ni place parmi des élus de Dieu, oeuvre de souillure et d'impiété, qu'une poignée d'individus a commencée ; et le feu qu'ils ont allumé, ils l'ont porté à un tel degré de démence, que votre nom révéré, célébré, justement aimé de tous, s'en trouve grandement décrié.
2. Qui donc n'est revenu de chez vous convaincu de la qualité et de la solidité de votre foi, plein d'admiration pour la sagesse et la mesure de votre piété dans le Christ, proclamant partout la générosité de votre accueil, élevant aux nues la perfection et la sûreté de votre connaissance !
3. Vous agissiez en tout sans acception de personnes, vous marchiez dans les commandements de Dieu, vous obéissiez à vos chefs, vous rendiez à vos anciens l'honneur qui leur est dû. Aux jeunes gens vous demandiez une attitude posée et digne ; aux femmes vous recommandiez d'accomplir tous leurs devoirs avec une conscience irréprochable, sainte et pure, aimant leurs maris comme il convient ; vous leur enseigniez à gouverner saintement leur maison, sans se soustraire à la règle de l'obéissance en toute discrétion.
AUX CORINTHIENS 02
1. Tous, vous vous montriez humbles, exempts de jactance, plus prompts à obéir qu'à commander, plus heureux de donner que de recevoir.
Les viatiques du Christ vous suffisaient et c'est à eux que vous appliquiez votre esprit ; oui, vous teniez ses paroles soigneusement gravées dans votre coeur et ses souffrances étaient devant vos yeux.
2. C'est ainsi qu'une paix profonde et féconde vous avait été donnée avec un désir insatiable de faire le bien ;
et une abondante effusion de l'Esprit-Saint s'était répandue sur tous.
3. Il n'y avait en vous que volonté droite, bon zèle, confiante piété, lorsque vous éleviez vos mains vers le Tout-Puissant pour lui demander de vous regarder avec bienveillance, si vous aviez commis quelque faute involontaire.
4. Vous luttiez jour et nuit pour toute la communauté des frères, afin que soit sauvé (grâce à votre compassion et à votre communion de sentiments) le nombre des élus de Dieu.
5. Vous étiez sincères, simples, sans rancune.
6. Toute sédition, tout schisme vous faisait horreur. Vous pleuriez sur les fautes de votre prochain ; ses défaillances étaient les vôtres, selon vous.
7. Vous étiez sans repentir dans toutes vos bonnes actions, " prêts à toute bonne œuvre " (Tt 3, 1).
8. Une vie toute de vertu et d'honneur était votre parure. Vous accomplissiez toutes vos actions dans la crainte de Dieu.
Les commandements et les préceptes du Seigneur étaient écrits sur les tables de votre cœur.
AUX CORINTHIENS 03
1. La gloire et la prospérité vous avaient été données en plénitude et ce mot de l'Écriture s'était accompli pour vous:
" ll a mangé et il a bu, il s'est engraissé et il a regimbé, le bien-aimé " (Dt 32, 15). 2. De là sont nés la jalousie et l'envie, la discorde et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre et la captivité.
3. C'est ainsi que " les manants s'en sont pris aux nobles, les petits aux illustres, les insensés aux sages, les jeunes aux anciens " (Is 3, 5).
4. Aussi, adieu la justice et la paix, puisque désormais chacun a délaissé la crainte de Dieu, obscurci le regard de la foi ; personne ne marche plus dans les commandements de Dieu,personne ne mène une vie digne du Christ,mais chacun marche selon les désirs de son cœur pervers,nourrissant en lui la jalousie ennemie de toute justice et de toute piété,par laquelle " la mort est entrée dans le monde " (Sg 2,24).
AUX CORINTHIENS 04
1. Voici en effet ce qui est écrit :
" Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Dieu et qu'Abel de son côté offrit des premiers-nés de son troupeau et même de leur graisse.
2. Or, le Seigneur agréa Abel et son offrande, mais il n'agréa pas Caïn et son offrande ; 3. et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu.
4. Le Seigneur dit à Caïn :
" Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Ton offrande était bonne mais ton partage était mauvais, n'as-tu donc pas péché en cela ?
5. Apaise ta colère : ton offrande te reviendra et tu en seras le maître. "
6. Et Caïn dit à Abel son frère : " Allons dans la plaine ". Et Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua " (Gn 4, 3-8).
7. Vous le voyez, frères, la jalousie et l'envie ont commis un fratricide.
8. C'est à cause de la jalousie que Jacob, notre père,
a fui devant la face de son frère Ésaü ;
9. c'est à cause de la jalousie que Joseph a subi persécution mortelle et captivité ;
10. c'est la jalousie qui a contraint Moïse de s'enfuir devant la face de Pharaon, roi d'Égypte. Voici, en effet, ce que lui avait dit l'un de ses compatriotes :
" Qui t'a établi notre arbitre ou notre juge ?
Veux-tu me tuer, moi aussi, comme l'Égyptien que tu as tué hier ? " (Ex 11, 14). 11.
C'est à cause de la jalousie qu'Aaron et Marie furent chassés du camp ;
12. la jalousie a précipité Dathan et Abiron tout vivants en enfer,
parce qu'ils s'étaient soulevés contre le serviteur de Dieu, Moïse.
13. C'est à cause de la jalousie que David encourut non seulement la haine des étrangers, mais encore la persécution de Saul, roi d'Israël.
AUX CORINTHIENS 05
1. Mais laissons les exemples des anciens, et passons aux héros qui nous touchent de tout près ; prenons les généreux exemples que nous ont donnés des hommes de notre génération.
2. C'est à cause de la jalousie et de l'envie que les plus grands
et les plus justes d'entre eux, les colonnes, ont subi la persécution et combattu jusqu'à la mort.
3. Oui, regardons les saints Apôtres :
4. Pierre, victime d'une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s'en est allé au séjour de la gloire, où l'avait conduit son mérite.
5. C est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience :
6. chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante.
7. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu'aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c'est ainsi qu'il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience.
AUX CORINTHIENS 06
1. A ces héros dont la vie a été sainte vient s'adjoindre une grande foule d'élus qui ont souffert, par suite de la jalousie, toutes sortes d'outrages et de tortures, et sont devenus pour nous d'admirables exemples.
2. C'est poursuivies par la jalousie que des femmes, nouvelles Danaïdes et Dircés, victimes d'outrages atroces et sacrilèges, ont parcouru jusqu'au bout d'un pas ferme la carrière de la foi, et ont remporté le prix glorieux, malgré l'infirmité de leur nature.
3. C'est la jalousie qui a séparé épouses et maris, faisant mentir le mot de notre père Adam: " Voici l'os de mes os et la chair de ma chair " (Gn 2, 23).
4. La jalousie et la discorde ont renversé de grandes cités et ruiné de puissantes nations.
AUX CORINTHIENS 07
1. En vous écrivant tout cela, bien-aimés, nous ne faisons pas que vous réprimander, nous nous avertissons aussi nous-mêmes, car nous sommes dans la même arène et le même combat nous attend.
2. C'est pourquoi laissons là toutes les préoccupations vaines et inutiles et revenons à la règle glorieuse et sainte de la tradition ;
3. et voyons ce qu'approuve, ce qu'aime, ce qu'agrée celui qui nous a faits.
4. Fixons nos regards sur le sang du Christ et apprenons combien il est précieux aux yeux de Dieu son Père : répandu pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la pénitence.
5. Parcourons tous les âges et nous verrons que, de génération en génération, le Maître " a laissé place à la pénitence " (Sg 12, 10) pour tous ceux qui ont voulu se convertir à lui.
6. Noé prêcha la pénitence, et ceux qui l'écoutèrent furent sauvés.
7. Jonas annonça leur ruine aux Ninivites, mais ceux-ci firent pénitence de leur péché, et Dieu se laissa fléchir par leur supplication, bien qu'ils fussent pour lui des étrangers.
AUX CORINTHIENS 08
1. Les ministres de la grâce de Dieu, sous l'inspiration du Saint-Esprit, ont parlé de pénitence ;
2. et le Maître de toutes choses lui-même a dit de la pénitence, avec serment :
" Je suis vivant, dit le Seigneur, je ne veux pas tant la mort du pécheur que sa conversion " (Ez 33, 11). 3. "
Repentez-vous, maison d'Israël, de votre iniquité.
Dis aux fils de mon peuple : quand même vos péchés iraient de la terre au ciel, qu'ils seraient plus rouges que l'écarlate et plus noirs que le sac,
si vous vous tournez vers moi de tout votre coeur et me dites: Père ! je vous exaucerai comme un peuple saint " (Aut. incon.).
4. Et ailleurs:
" Lavez-vous, purifiez-vous; ôtez de ma vue la méchanceté de vos âmes ;
cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien, recherchez le droit, secourez l'opprimé, soyez juste pour l'orphelin, plaidez pour la veuve ;
et alors venez et nous discuterons, dit le Seigneur.
Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, ils deviendront candides comme la neige ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, je les rendrai blancs comme la laine.
Si vous consentez à m'écouter vous mangerez les produits du terroir ;
mais si vous ne consentez pas à m'écouter, c'est le glaive qui vous mangera.
La bouche du Seigneur a parlé " (Is. 1, 16-20).
Dans son désir de faire participer tous ceux qu'il aime à la pénitence,
voilà ce qu'a décidé la toute-puissante volonté de Dieu.