Roch Hachana 2019. De la soirée du : dimanche 29 septembre À la soirée du : mardi 1 octobre.
Roch Hachana 5780 - 2019
La tête de l'année juive
Roch Hachana est le Nouvel An juif. C’est l’anniversaire de la création d’Adam et Ève, et un jour de jugement et de couronnement de D.ieu comme roi.
Roch Hachana 2019 (le Nouvel An juif) : 29-30 septembre-1er octobre 2019
D’une façon ou d’une autre, chaque Juif participe à Roch Hachana ou à Yom Kippour. Ce n’est pas sans raison : la signification de ces jours est si profonde qu’elle atteint chaque âme juive, quel que soit son niveau.
À Roch Hachana, (qui, littéralement, signifie la « tête de l’année »), D.ieu a achevé la création de ce monde en créant le premier homme, Adam. Et le premier geste d’Adam, lorsqu’il s’adressa à toutes les créatures, a été de Le proclamer Roi de l’univers en disant :
C’est pour cela qu’à Roch Hachana, nous aussi nous proclamons la Royauté de D.ieu et notre engagement à Le servir. Comme au premier Roch Hachana où D.ieu créa le monde, chaque année, Il reconsidère Sa création, examine la qualité des liens par lesquels nous nous unissons à Lui et détermine la nature de Sa relation avec nous pour l’année qui commence.
La liste ci-dessous présente les principales fêtes juives :
Shabbat chaque vendredi soir au coucher du soleil. Roch Hodech à chaque nouvelle lune. 10 Tevet
aucune date en 2019
mardi 7 janvier 2020 et vendredi 25 décembre 2020
mardi 14 décembre 2021
Tou Bichvat
lundi 21 janvier 2019
lundi 10 février 2020
jeudi 28 janvier 2021
Pourim katan
mardi 19 février 2019
Chouchan Pourim katan
mercredi 20 février 2019
Jeune d'Esther
mercredi 20 mars 2019
lundi 9 mars 2020
jeudi 25 février 2021
Pourim
jeudi 21 mars 2019
mardi 10 mars 2020
vendredi 26 février 2021
Jeûne des premiers-nés
vendredi 19 avril 2019
mercredi 8 avril 2020
samedi 27 mars 2021
Pessa'h
du samedi 20 avril au samedi 27 avril 2019
du jeudi 9 avril au jeudi 16 avril 2020
du dimanche 28 mars au dimanche 4 avril 2021 Yom HaShoah
jeudi 2 mai 2019
mardi 21 avril 2020
jeudi 8 avril 2021
Yom Haatsmaout
jeudi 9 mai 2019
mercredi 29 avril 2020
jeudi 15 avril 2021
Pessa'h Sheni
dimanche 19 mai 2019
vendredi 8 mai 2020
lundi 26 avril 2021
Lag Ba'omer
jeudi 23 mai 2019
mardi 12 mai 2020
vendredi 30 avril 2021
Journée de Jérusalem (Yom Yeroushalayim)
dimanche 2 juin 2019
vendredi 22 mai 2020
lundi 10 mai 2021
Chavouot
dimanche 9 et lundi 10 juin 2019
vendredi 29 et samedi 30 mai 2020
lundi 17 et mardi 18 mai 2021
17 Tammouz
dimanche 21 juillet 2019
jeudi 9 juillet 2020
dimanche 27 juin 2021
Tisha Beav
dimanche 11 août 2019 À Paris, début le samedi à 21:16 et fin le dimanche à 21:59
jeudi 30 juillet 2020 À Paris, début le mercredi à 21:33 et fin le jeudi à 22:19
dimanche 18 juillet 2021 À Paris, début le samedi à 21:47 et fin le dimanche à 22:37
Tou be’av
vendredi 16 août 2019
mercredi 5 août 2020
samedi 24 juillet 2021
Roch Hachana
lundi 30 septembre et mardi 1er octobre 2019 À Paris, début le dimanche à 19:35 et fin le mardi à 20:10
samedi 19 et dimanche 20 septembre 2020 À Paris, début le vendredi à 19:57 et fin le dimanche à 20:32
mardi 7 et mercredi 8 septembre 2021 À Paris, début le lundi à 20:22 et fin le mercredi à 20:58
Jeûne de Guédalia
mercredi 2 octobre 2019
lundi 21 septembre 2020
jeudi 9 septembre 2021
Yom Kippour
mercredi 9 octobre 2019 À Paris, début le mardi à 19:16 et fin le mercredi à 19:53
lundi 28 septembre 2020 À Paris, début le dimanche à 19:37 et fin le lundi à 20:14
jeudi 16 septembre 2021 À Paris, début le mercredi à 20:03 et fin le jeudi à 20:41
Souccot
du dimanche 13 octobre le soir, au mardi 22 octobre 2019
du vendredi 2 octobre le soir, au dimanche 11 octobre 2020
du lundi 20 septembre le soir, au mercredi 29 septembre 2021
Chemini Atseret
lundi 21 et mardi 22 octobre 2019
samedi 10 et dimanche 11 octobre 2020
mardi 28 et mercredi 29 septembre 2021
Sim'hat Torah
mardi 22 octobre 2019
dimanche 11 octobre 2020
mercredi 29 septembre 2021
Hanouka
du dimanche 22 décembre le soir, au lundi 30 décembre 2019
du jeudi 10 décembre le soir, au vendredi 18 décembre 2020
du dimanche 28 novembre le soir, au lundi 6 décembre 2021
Un grand merci au site calj.net, indiqué par un visiteur, pour la précision dans les dates des fêtes juives.
Les fêtes juives
Un calendrier festif élaboré sur le temps long
Les fêtes juives les plus anciennement attestées sont celles qui sont réputées avoir été instaurées par Dieu et qui sont donc intégrées dans la Torah, c’est-à-dire les 5 premiers livres de la Bible hébraïque dont la rédaction est attribuée à Moïse. Il est question d’une une fête hebdomadaire, le sabbat), d’une fête mensuelle (Roch Hodech) et d’une série de fêtes annuelles. Comme dans toutes les civilisations antiques, la fête est avant tout définie comme une offrande de sacrifices, moment de rapprochement entre les hommes et la divinité. Parmi elles, les fêtes de pèlerinage au temple de Jérusalem qui marquaient les temps forts du calendrier agro-pastoral furent interprétées comme des commémorations de grands épisodes de la Bible. Contrairement au sens le plus courant du mot « fête en français », les fêtes juives comprennent non seulement des occasions de réjouissance, mais également des pratiques de deuil que l’on peut qualifier de « fête triste » ; néanmoins, ces deux catégories ne sont pas hermétiques : Kippour est ainsi une fête de pénitence marquée par un jeûne mais interprétée comme une occasion joyeuse.
Les destructions successives du temple de Jérusalem (en 587/6 av. n.è. par les Babyloniens, en 70 de n.è. par les Romains) et la dispersion des communautés juives ont conduit à l’élaboration de rituels indépendant du sanctuaire de Jérusalem. Par ailleurs, le calendrier festif des communautés juives n’a cessé de s’enrichir au cours des siècles, que ce soit par le développement festif de rituels et de récits antiques ou par l’ajout de commémorations d’événements historiques.
Il est donc possible de reconstituer au moins en partie la chronologie de l’apparition des fêtes juives :
Les fêtes prescrites par la Torah : le sabbat, Roch Hodech, Roch Hachana, Kippour, Souccot, Chemini Atseret, Pessah, Chavouot.
Les fêtes dont l’origine se trouve dans d’autres livres de la Bible hébraïque : jeûne de Guédalia, jeûne du 10 Tevet, jeûne du 17 Tammouz, Tisha beav, Pourim.
Les fêtes instaurées dans l’Antiquité, aux époques hellénistiques et romaine : Hanoucca, jeûne des premiers-nés, Tou beav.
Les fêtes apparues entre la fin du Moyen Age et le début de la période moderne : Simhat Torah, jeûne d’Esther, Lag Baomer, Tou bishvat.
Les fêtes apparues dans la deuxième moitié du XXe siècle : Yom Haatsmaout et Yom HaShoah.
En outre, les fêtes juives n’ont pas toutes connu une évolution linéaire : certaines sont pendant une longue période tombée en désuétude avant de réapparaître. Au cours du temps, des significations nouvelles sont venues d’ajouter à celle(s) d’origine.
Hiérarchie des fêtes et disparités d’observance Du point de vue religieux, toutes les fêtes n’ont pas la même importance. Concernant les fêtes annuelles, il existe des fêtes considérées comme majeures : ce sont les fêtes de réjouissance qualifiées de yom tov (en français, « jour faste ») ainsi que Kippour et Tisha beav. Par opposition, les autres fêtes et jours de jeûne sont dits mineurs. Globalement et malgré quelques exceptions, les fêtes les plus importantes sont les fêtes de la Torah définies comme des jours fériés et d’« assemblée sacrée ». Les plus observées par les fidèles sont celle de Pessah, au printemps, ainsi que celle de Kippour, qui a lieu pendant la séquence automnale des fêtes de Tishri. Durant cette période de 3 semaines s’enchaînent Roch Hachana, le jeûne de Guedalia, Kippour, Souccot, Hochana Rabbah, Chemini Atseret et Simhat Torah.
Beaucoup de fêtes ont une double voire une triple dimension : elles se caractérisent à la fois par des offices à la synagogue, des rites individuels et ainsi que des pratiques domestiques accomplies dans le cadre de la famille. Ainsi, toutes les fêtes de réjouissance sont l’occasion de repas particulièrement copieux et élaborés. Parmi les autres rituels les plus connus, on peut citer le jeûne intégral accompagnés de pratiques d’affliction notamment lors de Kippour, la construction de cabanes à Souccot, l’allumage de bougies à Hanoucca, les déguisements à Pourim et l’abstention de la consommation de tout aliment comportant de la farine levée à Pessah.
Les jours fériés des fêtes annuelles majeures de la Torah, sauf Kippour, sont redoublés en dehors d’Israël, ce qui conduit à des variations de dates entre les fidèles vivants en Israël et ceux qui vivent ailleurs dans le monde. Enfin, il faut noter qu’il n’existe pas d’autorité religieuse centrale universellement reconnue par tous les fidèles juifs, et que le judaïsme contemporain est composé de différents courants, lesquels n’observent pas toutes les fêtes de la même façon. Certaines fêtes et jeûnes mineurs ne sont ainsi pas observés par tous les fidèles, voire seulement par une minorité. De plus, il existe des fêtes locales qui ne sont célébrées que par une seule communauté.
La mise en place progressive d’un calendrier luni-solaire. La Bible ne donne que de rares indices sur le calendrier hébraïque originel, et les spécialistes débattent de la nature exacte du calendrier ou des calendriers en vigueur dans les royaumes de Juda et d’Israël à l’Age du Fer. La majorité des chercheurs pensent qu’au plus tard au VIe siècle av. notre ère, influencées par les Babyloniens, les communautés juives adoptèrent majoritairement un calendrier lunaire, où le début de chaque mois était défini par la nouvelle lune. Il existe néanmoins des exceptions, dont la plus célèbre est la communauté dite des manuscrits de la Mer morte installée à Qumrân, laquelle utilisa un calendrier solaire jusqu’à sa disparition au Ier siècle de n.è.
L’année lunaire, constituée de 12 lunaisons, comporte 11 jours de moins que l’année solaire, définie par la révolution de la terre autour du soleil. La conséquence de ce décalage est que lorsqu’on adopte des mois lunaires, le début de chaque mois a lieu chaque année 11 jours plus tôt que l’année précédente. Dans les calendriers strictement lunaires, il n’y a donc aucun lien entre les mois et les saisons, comme c’est le cas actuellement dans le calendrier musulman. Or, la majorité des fêtes juives définies dans la Torah sont intrinsèquement liées aux saisons. Pour que les mois correspondent chaque année à la même saison, il faut faire coïncider les mois lunaires avec l’année solaire par un système de rattrapage qu’on nomme l’intercalation. On élabore ainsi un calendrier dit luni-solaire.
Si, dès le IVe siècle av. n.è., les Babyloniens mirent en place un système d’intercalation fixe fondé sur des calculs astronomiques, qu’on appelle communément le cycle métonique, ce n’était pas le cas des communautés juives dont le calendrier était à l’époque empirique : le début d’un nouveau mois était proclamé après l’observation du premier croissant de lune. D’après la tradition rabbinique juive du Talmud, après une première tentative au cours du IIe siècle de n.è., c’est au IVe siècle de n.è. que le rabbin Hillel II aurait introduit un calendrier juif fondé sur le cycle métonique. Vraisemblablement œuvre d’un processus long et collectif, ce calendrier se diffusa progressivement et s’imposa définitivement dans toutes les communautés juives dès le début du Moyen Age.
Ce calendrier est composé de 12 mois lunaires qui durent chacun alternativement 29 ou 30 jours. Pour rattraper le retard pris chaque année sur la révolution solaire, on intercale tous les 2 ou 3 ans (les années 3, 6, 8, 11, 14, 17 et 19 du cycle métonique de 19 ans) un mois supplémentaire en redoublant le mois nommé Adar.
Tableau récapitulatif des fêtes juives.
[th]Date[/th][th]Nom[/th]
A partir du coucher du soleil le vendredi jusqu’à la tombée de la nuit le samedi
Le calendrier hébraïque est un calendrier luni-solaire composé d’années solaires, de mois lunaires, et de semaines de sept jours commençant le dimanche et se terminant le samedi, jour du chabbat. Comme point de départ, il se réfère à la Genèse (« Beréshit » : « commencement »), le premier livre de la Bible, dont il fait correspondre le début à l’an -3761 du calendrier grégorien (proleptique). Ainsi, le 10 septembre 2018 correspond, selon le calendrier hébraïque, au Nouvel An de 5779.
Chaque nouveau mois commence avec la nouvelle lune. Le calendrier s’aligne sur une année solaire et sur des lunaisons de 29 jours 12 heures 44 minutes et 3 secondes + ⅓ de seconde et alterne des mois de vingt-neuf et de trente jours. Une année lunaire de douze mois fait 354,36 jours. Comme une année solaire fait 365,24 jours, près de onze jours se perdent chaque annéen 1. Pour rattraper ces jours perdus, les années comportent successivement douze ou treize mois lunaires, selon un cycle métonique.
Que de tentatives, dont les calendriers julien, grégorien, républicain, avant d'aboutir au calendrier civil que nous connaissons. En revanche, il y a trente-cinq siècles, le système du calendrier hébraïque nous a été livré par la Torah sous toute sa rigueur. De génération en génération, nous avons su préserver cette véritable merveille. Quel peuple au monde peut s'enorgueillir de posséder un calendrier si précis à bien des égards et si humain dans son utilisation quotidienne ? Ce livre se propose de vous faire connaître les lois qui régissent ce calendrier en mettant à la portée du lecteur un sujet peu connu sous ses aspects théoriques et pratiques. Par l'utilisation de l'informatique, vous pouvez rapidement effectuer des calculs complexes et précis. Enfin, un calendrier de 120 années offre à son utilisateur de nombreux services. Unique en la matière, cet ouvrage comble une lacune réelle dans les publications en langue française.
Roch Hachana, littéralement « début de l’année », ouvre le cycle des 5 fêtes célébrées au mois de Tichri (septembre-octobre) et est observée le 1er jour de ce mois. La fête trouve son origine dans la Torah1, mais n’a pas toujours marqué le Jour de l’an. Cette signification s’est imposée progressivement au cours de l’Antiquité, en même temps que son association avec le Jugement divin.
Dans la Torah, une fête de la clameur à la signification mystérieuse
À un moment donné de l’Histoire, on a fini par associer la sonnerie de la trompette caractérisant cette fête à la nouvelle année. La plus ancienne référence à Roch Hachana se trouve dans un texte rabbinique de la Mishna, un recueil légal datant de 200 ap. J.-C.
Dates de Roch Hachana
Rosh Hashana (ou Roch Ha-Chanah) est prévu aux dates suivantes :
samedi 16 et dimanche 17 septembre 2023 À Paris, début le vendredi à 19:48 et fin le dimanche à 20:47
jeudi 3 et vendredi 4 octobre 2024 À Paris, début le mercredi à 19:10 et fin le vendredi à 20:09
mardi 23 et mercredi 24 septembre 2025 À Paris, début le lundi à 19:32 et fin le mercredi à 20:31
Roch Ha-Chanah dure deux jours et est célébré le 1er et le 2 du mois de Tichri dans le calendrier hébreu.
Roch Hachana, Jour de l’an et Jour du jugement
Aussi écrit : Rosh Hashanah, Rosh Hashana. Roch Hachana, littéralement « début de l’année », ouvre le cycle des 5 fêtes célébrées au mois de Tichri (septembre-octobre) et est observée le 1er jour de ce mois. La fête trouve son origine dans la Torah1, mais n’a pas toujours marqué le Jour de l’an. Cette signification s’est imposée progressivement au cours de l’Antiquité, en même temps que son association avec le Jugement divin.
Dans la Torah, une fête de la clameur à la signification mystérieuse
La première mention du 1er Tichri se trouve dans Lévitique, intégrée dans un calendrier où l’année commençait au mois de Nissan, au printemps. Suivant ce décompte, Tichri était le septième mois de l’année. Le jour de la nouvelle lune, qui marque le premier jour du mois dans le calendrier hébraïque, apparaît dans la liste des fêtes à célébrer par les Israélites :
Lévitique 23,23-24 : « Le Seigneur adressa la parole à Moïse : "Parle aux fils d’Israël : Le septième mois, le premier du mois, c’est pour vous un repos, la commémoration par l’acclamation avec réunion sacrée" ».
Pour autant, la signification de la fête n’est pas explicite. Celle-ci est définie comme un sabbaton, c’est-à-dire un jour où les activités profanes sont suspendues. Il est en outre question d’un mémorial mais les événements à commémorer ne sont pas précisés. Ce n’est que dans l’Antiquité tardive que des rabbins y verront un « mémorial du commencement » en souvenir du premier jour de la Création2. La « clameur » ou l’ « acclamation » (en hébreu teruah) parait constituer l’élément central de la définition originelle de la fête puisque, contrairement à la dimension commémorative, il est repris dans le second passage de la Torah qui ordonne l’observance de la fête.
Nombres 29,1 : « Le septième mois, le premier du mois, vous aurez une réunion sacrée. Vous ne ferez aucun travail pénible. Ce sera pour vous un jour d’acclamation ».
L’expression « Jour d’acclamation » est donc le plus ancien nom attesté de la fête. En quoi consistait donc cette « acclamation », également mentionnée parmi les modalités d’observance de la fête de Kippour ?3 Le mot teruah est employé dans la Torah et dans le reste de la Bible dans différents contextes : il désigne un son produit par un instrument à vent nommé chatsotserah, en général traduit par « clairon » ou « trompette » et utilisé comme signal4, notamment lors des batailles comme dans l’épisode de la prise de Jéricho5. Le même terme est aussi employé pour évoquer les cris poussés par une foule, qu’il s’agisse des soldats au combat6 ou, à l’inverse, des manifestations de joie en présence de Dieu ou du roi7. On en déduit donc que la fête était à l’origine marquée par des manifestations bruyantes, associant vraisemblablement les cris aux instruments à vent. C’est pourquoi, au tournant de notre ère, les communautés juives d’expression grecque lui donnent le nom de « fête des Trompes »8. Par ailleurs, la pratique consistant à signaler une fête par une sonnerie n’était pas réservée qu’à Roch Hachana et à Kippour puisqu’au temple de Jérusalem, le sabbat était également annoncé de cette façon9. La date du 1er Tichri semble avoir gagné en importance après le retour à Jérusalem des juifs exilés à Babylone. En effet, d’après les livres bibliques correspondants, c’est ce jour-là que reprit le sacrifice quotidien à Jérusalem en 539 avant notre ère, après 50 ans d’interruption10 ; c’est également à cette date qu’est placée la lecture publique de la Loi par le scribe Esdras11.
Le nouvel an d’automne
Dans la Bible, la formule Roch Hachana, qui signifie « début de l’année », n’est employée qu’une seule fois et sans lien avec la fête12. C’est seulement dans la Mishna, un recueil rabbinique composé vers 200 de notre ère, qu’elle est pour la première fois explicitement associée à la date du 1er Tichri dans les sources juives. Pour autant, il ne s’agit pas d’un nouvel an unique mais d’un marqueur calendaire spécifique pour le décompte des années civiles ainsi que pour certaines prescriptions à caractère agricole.
Mishna Roch Hachana 1,1 : « Il y a quatre jours de l’an [...] : Le 1er Tichri est le nouvel an pour le décompte des années, pour les années sabbatiques et années jubilaires, pour les plantations et pour les légumes. »
En effet, dans l’Antiquité, plusieurs types de décompte des années pouvaient cohabiter. Certains exégètes postulent que le nouvel an était originellement fixé en automne dans les royaumes de Juda et/ou d’Israël13 jusqu’à ce que l’influence assyrienne et babylonienne ne conduise à lui préférer un nouvel an printanier14 tout en conservant la possibilité de point de départ multiples15. Quoi qu’il en soit, c’est à l’époque hellénistique et romaine que le 1er Tichri est explicitement associé dans les sources juives à un début d’année. Au début du Ier siècle, Philon d’Alexandrie précise que la « fête des Trompes », qu’il connait aussi sous le nom de « Hiéroménie », a lieu au commencement de l’année16. A la fin du siècle, l’écrivain Flavius Josèphe signale qu’il existe chez les juifs deux calendriers distincts, le calendrier cultuel établi par Moïse, qui débute au mois de Nissan, ainsi qu’un « ancien ordre » toujours en vigueur pour les affaires séculières et qui débute en automne17. Cette évolution de la signification du 1er Tichri est consommée dans l’Antiquité tardive puisque, selon les rabbins, en l’absence de précisions, Roch Hachana désigne par défaut le seul le 1er Tichri18.
De la signification guerrière au Jour du jugement
Privilégiée dans les livres prophétiques, la connotation guerrière du terme teruah prend une signification additionnelle dans le livre biblique de Sophonie, puisque cette « clameur » marquera le jugement des pécheurs lors du Jour du Seigneur.
Sophonie 1,14.16-17 : « Il est proche, le grand jour du Seigneur, il est proche, il vient en grande hâte. On criera amèrement au jour du Seigneur, le brave lui-même appellera au secours. Jour de sonneries de cor et de cris de guerre contre les villes fortes et contre les hautes tours d’angle. Je jetterai les hommes dans la détresse, et ils marcheront comme des aveugles, car ils ont péché contre le Seigneur ».
L’association du 1er Tichri au jugement divin est développée à partir de l’époque hellénistique. Dans le Livre des Antiquités bibliques, dont on place la composition au Ier siècle avant notre ère19, c’est à cette date que les fidèles se présentent devant Dieu qui prend alors connaissance des décès et des naissances. Dans la Mishna, il s’agit du jour où Dieu juge chacun des habitants de la Terre20 :
Mishna Roch Hachana 1,2 : « A quatre reprises dans l’année le monde, est jugé […]. A Roch Hachana, le monde entier défile devant Lui comme du bétail, ainsi qu’il est écrit "Lui qui leur modèle un même cœur, lui qui est attentif à toutes leurs œuvres" »21.
Cette évolution de la signification de la fête est complète dans le Talmud de Babylone22, où le 1er Tichri reçoit la dénomination alternative de « Jour du jugement (yom ha-din) ». D’autres passages bibliques sont invoqués en référence, notamment cet extrait des Psaumes,
Psaumes 81,4-5 : « Sonnez du cor au mois nouveau, à la pleine lune, pour notre jour de fête. C’est là pour Israël une loi, une décision du Dieu de Jacob. »
Selon les rabbins, le mot hébreu mishpat, ici traduit par « loi », prend dans le contexte du Psaume sa signification la plus commune de « jugement »23. C’est pourquoi le1er Tichri marque le début d’une période de 10 jours – nommés Techouva, le « retour » – pendant laquelle Dieu procède au jugement des individus24. Néanmoins, la confiance de fidèles en leur Dieu fait de la fête une occasion de réjouissance :
Talmud de Jérusalem, Roch Hachana 1,3 : « Au Jour du jugement, on porte des vêtements blancs, on se rase, on mange, on boit et on se réjouit dans la certitude que Dieu accomplira des miracles pour Israël ».
L’allongement de la durée de la fête à deux jours
Dans l’Antiquité, le calendrier juif était déterminé de manière empirique : le début du nouveau mois était proclamé suite à l’observation de la nouvelle lune, ce qui pouvait engendrer des approximations. La Mishna rapporte ainsi qu’à l’époque du Temple, il arriva qu’on fit une erreur sur la proclamation du 1er jour du mois de Tichri et donc de Roch Hachana parce que les témoins venant attester de l’apparition de la nouvelle lune étaient arrivés trop tard. Les sages décidèrent alors l’extension de la fête à deux jours au lieu d’un à partir du soir du 29 Elul, une période conçue comme un « long jour (en araméen, yoma arikhta) » afin d’éviter de laisser passer le nouvel an sans le solenniser25. Cet usage d’une célébration de la fête pendant deux jours au lieu d’un a été conservé après la fixation définitive du calendrier26. Il semble en réalité avoir été d’origine babylonienne et ne serait imposé en Palestine qu’à la fin de l’Antiquité voire au début du Moyen Age.
A la synagogue, la sonnerie de la corne du bélier
Une corne du bélier ou shofar, représentée sur cette reproduction de la mosaïque de la synagogue de Jéricho vikingman Définie dès l’origine comme une fête chômée, Roch Hachana était marquée par des sacrifices au temple de Jérusalem27. Dès l’époque de la compilation de la Mishna, son rite principal est déduit de sa définition biblique comme « Jour » ou « mémorial de la clameur ». En effet, les rabbins se sont appuyés d’une part sur les passages bibliques où teruah faisait allusion au son d’un instrument et, d’autre part, sur ceux où le même mot, désignant un cri de guerre, était évoqué en même temps que le son produit en soufflant dans une corne28. C’est ainsi que le fait pour l’officiant de souffler dans une corne nommée chofar – la plupart du temps une corne de bélier – est devenu le principal rite de la fête29.
Au cours du temps, ce rite a été paré de multiples significations30. Les modalités de son accomplissement sont longuement débattues et détaillées dans le traité du Talmud consacré à la fête. En effet, les passages bibliques correspondants font allusion à plusieurs types de sons tirés de la corne : une longue sonnerie s’achevant brutalement, une série de trois sonneries brèves et une succession de 9 sonneries saccadées. L’usage s’est imposé de combiner ces 3 types en un cycle de 30 sons successifs, lequel est répété trois fois pendant l’office avec souvent 10 sons additionnels portant le total à 100. Le moment de la sonnerie du cor est l’un des plus solennels de toute la liturgie synagogale.
Les différentes sonneries sont encadrées par la récitation de versets bibliques portant sur la royauté divine et la Rédemption. L’office de Roch Hachana intègre également des prières de supplications ainsi que la lecture de passages de la Bible en lien avec la fête en plus d’extraits de la Genèse et du Premier Livre de Samuel.
Le seder de Roch Hachana
On a coutume de manger un morceau de pain et de pomme trempés dans du miel pour symboliser les vœux de bonheur que l’on formule pour l’année à venir. La nourriture consommée lors des repas de fête a une forte signification symbolique qui varie avec les communautés. Dans beaucoup d’entre elles s’est imposée la coutume, inaugurée par les Kabbalistes31, d’un véritable seder de Roch Hachana, élaborée sur le modèle de celui de Pessah, comprenant, en plus de la pomme et du miel, une tête d’animal – en général de poisson – un fruit nouveau, de la grenade, ainsi que des aliments dont le nom est censé faire allusion à la prospérité, lesquels varient selon les traditions et les langues.
Le Tashlikh, symbole du rejet des péchés
A l’époque moderne est apparue la coutume de se rendre, l’après-midi de la fête, à un point d’eau courante pour y jeter symboliquement ses péchés32. Ce rite a été élaboré à partir de l’exégèse d’un verset du Livre de Michée, un prophète biblique :
Michée 7,19 : « De nouveau, il nous manifestera sa miséricorde, il piétinera nos péchés. Tu jetteras (en hébreu, tashlikh) toutes leurs fautes au fond de la mer. »
Certains fidèles récitent donc ce passage accompagné d’autres textes pénitentiels au bord du point d’eau, parfois en vidant leurs poches.
Święto Trąbek (Rosh Hachana en polonais), Aleksander Gierymski, 1884 Public domain via Wikimedia Commons Maureen Attali
Références
1.La Torah est l’ensemble des cinq premiers livres de la Bible – Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome – réputés écrits par Moïse.
2.Talmud de Babylone, Roch Hachana 27a ; Midrash Rabbah sur Lévitique 29,1.
3.Lévitique 25,9.
4.Nombres 10,5
5.Nombres 31,6
6.Josué 6,5.20 (Jéricho) ; Jérémie 4,19 ; 20,16 et 49,2 ; Ezéchiel 21,22 ; Amos 1,14 et 2,2.
7.Nombres 23,21 ; 1 Samuel 4,5-6 ; 2 Samuel 6,15 ; Esdras 3,11. Cette signification est également prégnante dans les Psaumes.
8.Philon d’Alexandrie, Des lois spéciales II, 188 ; Livre des Antiquités bibliques 13,6.
9.Talmud de Babylone, Shabbat 35a. La pierre du temple de Jérusalem indiquant l’endroit où on se postait les sonneurs a été retrouvée et est conservée au Musée national d’Israël.
10.Esdras 3,6.
11.Néhémie 8,2.
12.Ezéchiel 40,1.
13.D’après les récits bibliques, les royaumes de Juda et d’Israël seraient nés au Xe siècle avant notre ère d’une scission au sein des 12 tribus d’Israël après le règne de Salomon. Ces deux royaumes apparaissent dans les documents extra-bibliques à partir du IX-VIIIe siècle. Le royaume du Nord, Israël, disparait en 721, conquis par les Assyriens tandis que le royaume du sud, Juda, est conquis par les Babyloniens en 586.
14.Voir Shemaryahu Talmon, « The Gezer Calendar and the seasonal cycle of Ancient Canaan », Journal of the American Oriental Society 83/2, 1963, p. 177-187 ; André Lemaire, Inscriptions hébraïques, vol. 1, Paris, Cerf, 1977, p. 147-235.
15.Mark Cohen, The Cultic Calendars of the Ancient Near East, Bethesda (Maryland), CDL Press, 1993 p.6-7 ; Lucien-Jean Bord, « L’adoption du calendrier babylonien au moment de l’Exil », in Christian Grappe et Jean-Claude Ingelaere (ed), Le temps et les temps dans les littératures juives et chrétiennes au tournant de notre ère, Leyde, Brill, 2006, p. 21-36
16.Philon d’Alexandrie, Des lois spéciales I, 180.
17.Flavius Josèphe Antiquités juives I, 81.
18.En dehors de Mishna Roch Hachana 1,1 cette expression fait systématiquement référence au 1er Tichri malgré une confusion encore sensible dans certaines exégèses rabbiniques ; voir notamment Talmud de Babylone, Abodah Zarah 10a.
19.Le Livre des Antiquité bibliques glose l’histoire biblique d’Adam à la mort de Saül. Vraisemblablement composé en hébreu, on n’en connaît qu’une traduction latine élaborée à partir d’une première traduction en grec. Sur les différentes datations proposées pour ce texte, voir Albert-Marie Denis, Introduction à la littérature religieuse judéo-hellénistique, t. 1, Turnhout, Brepols, 2000, p. 416-425.
20.Mishna Rosh Hashanah 1,2.
21.Il s’agit d’une citation de Psaumes 33,14-15.
22.Le Talmud est un recueil composé par des rabbins de l’Antiquité et dont le but et de clarifier la législation biblique. Il existe deux Talmud : le Talmud de Jérusalem (achevé vers 400) et le Talmud de Jérusalem (achevé vers 600).
23.Talmud de Babylone, Roch Hachana 8a-b, 34a ; Talmud de Babylone, Beitza 16a.
24.Talmud de Babylone, Roch Hachana 16b.
25.Mishna Rosh Hashanah 4,4. La formule « long jour » se trouve dans le Talmud de Babylone, Beitza 3b-6a.
26.Talmud de Babylone, Bezah 5a-6a.
27.Lévitique 23, 25 : « Vous ne ferez aucun travail pénible, et vous présenterez un mets consumé au Seigneur. »
28.Josué 6,5.
29.Mishna Roch Hochana 3,2.
30.Voir Louis Jacobs, « Rosh Ha-Shanah », Encyclopaedia Judaica, éditée par Michael Berenbaum et Fred Skolnik, 2e édition, vol. 17, Macmillan Reference USA, 2007, p. 463-466.
31.Les Kabbalistes sont des interprètes des textes sacrés juifs caractérisés par leur mysticisme qui furent actifs à l’époque moderne.
32.La première mention de cette coutume figure chez un rabbin rhénan du XVe siècle, Jacob Meolin, Sefer Maharil 38a.
Paroles de Jésus :
Marc 7:13 annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d'autres choses semblables.
Matthieu 15:6 n'est pas tenu d'honorer son père ou sa mère. Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition.
Marc 7:9 Il leur dit encore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition.
.
_________________________________________________________________________________________________________ Psaumes 33:13 Du haut des cieux Yahweh regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions