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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:43

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    Au VIIe siècle, les pauliciens, apparus au sein du christianisme d'Asie Mineure et sans doute influencés par le manichéisme perse, adoptent à leur tour une théologie dualiste et ascétique.

    Les hérésiarques pauliciens, aux tendances gnostiques, rejettent tout le Nouveau Testament, sauf Paul.

    La secte paulicienne se développe surtout en Arménie où elle subit les persécutions des empereurs byzantins à partir du VIIIe siècle.
    Le VIIIe siècle est une période florissante pour les manichéens de Mésopotamie, grâce au régime de tolérance dont ils jouissent durant le khalifat des Omayyades.
    L’avènement des Abbassides en 775 amène un revirement de la situation. Al-Madhi (775-785) entame des persécutions sanglantes plus ou moins pratiquées par ses successeurs.
    Sous al-Moqtadir (908-932), les manichéens doivent chercher refuge dans le Khorasan.

    Sur l’ordre de l’empereur Constantin V Copronyme (741-775), puis de Jean Ier Tzimiskès (969-976), les pauliciens sont déportés en masse de Syrie et d’Arménie en Thrace et dans les environs de Philippopolis (Plovdiv), en Bulgarie, d'où leur surnom de "Bulgares", transformé en "Bougres" par les Français qui désigneront ainsi les cathares (voir ci-après).
    Ils contribuent, avec d’autres groupes gnostiques tels que les messaliens, à faire naître dans ces régions, vers 940, le mouvement des bogomiles que le patriarche de Constantinople, Théophylacte (933-956), dénonce, dans une lettre au tsar Pierre de Bulgarie comme "un manichéisme mâtiné de paulicianisme".

    En 843, Théodora, veuve de l’empereur Théophile (829-842) et régente au nom de son fils, le petit Michel III, persécute les manichéens qu’elle fait périr en grand nombre.
    Sous le règne de Michel III l’ivrogne (+ 867), deux grands hommes d’État, le logothète Théoctistos et le césar Bardas, frère de Théodora, prennent l’offensive contre les Arabes et aussi contre les hérétiques pauliciens qui, persécutés par Théodora, ont constitué sur le haut Euphrate un État indépendant, allié aux Arabes.
    Les pauliciens apparaissent dans une chronique latine de la première croisade : on les mentionne comme alliés des Sarrasins à la bataille de Dorylée, en juillet 1097.

    Pour échapper à l'autorité du patriarche de Constantinople, les pauliciens se font catholiques au XIIIe siècle. Aujourd’hui 70 000 fidèles pratiquent le rite paulicien, proche du rite arménien et forment deux diocèses (distincts de l'exarchat bulgare de rite byzantin) : Nicopoli (à Roussé) et Sofia-Philippopoli (à Plovdiv).


    D’après un fragment de texte provenant d’Asie centrale, le manichéisme fait son apparition en Chine en 675.

    Le 16 juillet 731, sur ordre de l’empereur Xuanzong, le Catéchisme de la religion du Buddha de Lumière, Mani (Moni guangfo jiao fa yi liüe) est composé par un "évêque" manichéen.

    Le texte, adroit mélange de taoïsme, de bouddhisme et de manichéisme et présentant Laozi et Sakyamuni (Bouddha) comme des précurseurs ou des avatars antérieurs de Mani, est destiné à renseigner les autorités sur les dogmes, les Écritures, la discipline de la secte afin de la faire agréer officiellement.

    En 732, un édit accorde la liberté de culte à la "doctrine de Mo-mo-ni" (Mar Mani).

    Entre 754 et 775, "l’Église de la Lumière" a pour chef suprême, pour "imam", un Africain, Abu Hilal al-Dayhuri.

    La conversion, en 763, d’un souverain des Ouïghours (Turcs septentrionaux), sans doute Buqu Qan, fait du manichéisme la religion officielle de l’État ouïghour.

    En 843, l’empereur Wuzong interdit le manichéisme dans le Royaume du Milieu et persécute ses adeptes.

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:43

    LA PENSÉE GNOSTIQUE

    Ce mouvement religieux ésotérique, peut-être influencé par l’hermétisme hellénistique, se développa au cours des IIe et IIIe siècles après J.-C. et constitua un défi majeur pour le christianisme orthodoxe.

    "La gnose (du grec gnosis : connaissance révélée) est une doctrine ésotérique, proposant à ses initiés une voie vers le salut par la connaissance de certaines vérités cachées sur Dieu, le monde et l'homme. Dans ces théories, l’homme est un être divin, qui par suite d'un événement tragique, est tombé sur terre d'où il peut se relever pour retourner à son état premier par la Révélation. Dès les temps apostoliques, l’Eglise s'opposa à la gnose pour les raisons suivantes : bien que reconnaissant le Christ comme porteur de la Révélation, elle en niait la réalité historique (docétisme) ; elle niait la création comme œuvre de Dieu lui-même et refusait l'Ancien Testament ; elle évacuait l'attente chrétienne de l'accomplissement eschatologique." 1
    Le gnosticisme se caractérise principalement par la croyance que les hommes sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais (le démiurge).
    A ses adeptes, le gnosticisme promettait une connaissance secrète du royaume divin. Des étincelles ou graines de l'Être divin (éons) tombaient de ce royaume transcendant dans l'univers matériel, qui est tout entier la proie du mal, et étaient emprisonnées dans les corps humains. Réveillé par la connaissance, l'élément divin de l'humanité peut retourner vers ce qui est sa place normale, le royaume céleste transcendant.

    La mythologie gnostique pourrait tirer son origine de spéculations de sectes juives basées en Syrie et en Palestine à la fin du Ier siècle après J.-C., qui auraient elles-mêmes été influencées par des religions dualistes perses, notamment le mazdéisme.
    Les gnostiques expliquaient l'origine de l'univers matériel par la chute de l’esprit dans la matière. A partir du Dieu originel inconnaissable, une série de divinités inférieures fut générée par émanation. La dernière de ces divinités, Sophia (Sagesse), conçut le désir de connaître l'Être suprême inconnaissable. Ce désir illégitime donna le jour à un dieu mauvais et difforme, le démiurge, qui créa l'univers. Les étincelles divines qui habitent l'humanité tombèrent dans cet univers. Le Dieu suprême envoya un émissaire (Christ-Jésus) révéler aux parcelles divines leur vraie nature et les aider à retrouver leur unité perdue pour qu’elles pussent s’extraire du monde corrupteur.
    Les gnostiques assimilaient le dieu du Mal au Dieu de l'Ancien Testament qu'ils interprétaient comme le récit des efforts de ce dieu pour maintenir l'humanité dans l'ignorance et le monde matériel et pour punir leurs tentatives d'appropriation de la connaissance. C'est ainsi qu'ils comprenaient l'expulsion d'Adam et Eve hors du paradis, le Déluge et la destruction de Sodome et de Gomorrhe.

    Les gnostiques chrétiens refusaient d'identifier le Dieu du Nouveau Testament, père de Jésus, et le Dieu de l'Ancien Testament, et ils élaborèrent une interprétation non orthodoxe du ministère de Jésus.

    Ils écrivirent des évangiles apocryphes (comme l'Evangile de Thomas, l'Evangile de Marie-Madeleine, l'Evangile de Vérité, l'Evangile de Philippe, l'Evangile de Judas) pour étayer leur thèse selon laquelle Jésus ressuscité révéla à ses disciples l'interprétation juste, gnostique, de ses enseignements : le Christ, esprit divin, habitait le corps de l'homme Jésus et ne mourut pas sur la croix mais retourna dans le royaume divin d'où il venait.
    Les gnostiques rejetaient donc les souffrances et la mort expiatrices du Christ, ainsi que la résurrection du corps. Ils rejetaient aussi d'autres interprétations littérales et traditionnelles des Évangiles.

    Des rites visaient à faciliter l'ascension de l'élément divin de l'âme humaine vers le royaume spirituel, le plérôme (pleroma), composé d'une succession d'éons (en grec : émanations) procédant d'un être divin primordial.
    Des hymnes et des formules magiques étaient récités pour tenter d'obtenir une vision de Dieu ; d'autres formules étaient récitées au moment de la mort pour chasser les démons, de crainte qu'ils ne capturent l'esprit pendant son ascension et ne l'emprisonnent à nouveau dans un corps.
    La doctrine selon laquelle le corps et le monde matériel sont mauvais amena certaines sectes à renoncer au mariage et à la procréation. D'autres gnostiques prétendaient que du fait que leur âme était totalement aliénée à ce monde, peu importait ce qu'ils faisaient.
    Les gnostiques rejetaient généralement les commandements moraux de l'Ancien Testament qu’ils considéraient comme faisant partie de la stratégie du mauvais dieu pour prendre l'humanité au piège.

    Certaines sectes gnostiques refusaient tous les sacrements, tandis que d'autres observaient le baptême et l'eucharistie, qu'elles interprétaient comme les signes de l'éveil de la gnose.
    Les barboniens et les phibioniens (ou phibionites), faisaient consister leur philosophie dans une débauche effrayante.
    Les barbélognostiques, donnait une place importante à une figure mythique, Barbélo, la mère du mauvais Créateur de ce monde.
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:43

    LES MESSALIENS OU MASSALIENS

    La secte des messaliens (ou massaliens) apparaît en Asie Mineure vers le milieu du IVe siècle.

    On les appelle aussi euchites ou euthites (du mot grec correspondant au mot syriaque : "celui qui prie") ou eustathiens, adelphiens, marcianites ou marciens d’après les noms de leurs porte-parole les plus connus : Adelphius, Eustathe et Marcien. Ils se nomment eux-mêmes : les "spirituels".

    Leur mythologie est très proche de celle de beaucoup d’autres sectes gnostiques. Satan, qui était le fils aîné de Dieu, s’est, dans son orgueil, révolté contre son père. Expulsé du ciel, il a créé le monde matériel, qui est donc nécessairement mauvais. Ce mythe cosmogonique a probablement influencé les doctrines bogomiles.

    Les messaliens prient sans cesse (seule oraison : le Notre Père) pour expulser le mauvais démon qui, selon eux, réside dans l’âme de chacun et qui doit sortir par les liquides de la bouche et du nez. Une fois libérés du démon, ils se regardent comme unis avec le Saint-Esprit et incapables de commettre des péchés.

    Ils rejettent l’Ancien Testament comme la plupart des sectes dualistes, ne vénèrent pas la Vierge, se refusent à honorer la Croix (moyen de supplice du Christ et non pas symbole de la Rédemption) et ne croient pas à l’efficacité des sacrements.

    Les messaliens sont persécutés et condamnés comme hérétiques dès leur apparition.

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:44

    LES BOGOMILES

    Vers 940, en Bulgarie, le pope "Bogomil" ("ami de Dieu" en bulgare) prend la tête d’un mouvement de contestation du régime féodal et du pouvoir de la hiérarchie ecclésiastique.
    En 973, le prêtre Kosmas lance un appel contre les insurgés bogomiles.

    La pensée bogomile est fondée sur un système manichéen qui oppose lumière et ténèbres, esprit et matière (Bien et Mal) et puise ses préceptes dans l’Evangile, n'acceptant dans l'Ancien Testament que les Psaumes et le Livre des Prophètes.

    Les bogomiles considèrent que la création, qu'ils jugent mauvaise, ne peut être que l'œuvre d'un Dieu obscur, à laquelle ne saurait participer le Dieu bon.

    Ils s'opposent à l’Eglise officielle, pratiquent un ascétisme très strict, refusent les images (la croix, en particulier) et le temple ; ils rejettent la Trinité (qui, pour eux, fait du Père une personne supérieure au Fils et au Saint-Esprit), la naissance divine du Christ (et même la réalité de sa forme humaine) et les sacrements du baptême, de l’eucharistie et du mariage.

    Les initiés sont appelés "Parfaits".

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