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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    LES BOGOMILES

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:39

    LES BOGOMILES

    Vers 940, en Bulgarie, le pope "Bogomil" ("ami de Dieu" en bulgare) prend la tête d’un mouvement de contestation du régime féodal et du pouvoir de la hiérarchie ecclésiastique.
    En 973, le prêtre Kosmas lance un appel contre les insurgés bogomiles.

    La pensée bogomile est fondée sur un système manichéen qui oppose lumière et ténèbres, esprit et matière (Bien et Mal) et puise ses préceptes dans l’Evangile, n'acceptant dans l'Ancien Testament que les Psaumes et le Livre des Prophètes.

    Les bogomiles considèrent que la création, qu'ils jugent mauvaise, ne peut être que l'œuvre d'un Dieu obscur, à laquelle ne saurait participer le Dieu bon.
    Ils s'opposent à l’Eglise officielle, pratiquent un ascétisme très strict, refusent les images (la croix, en particulier) et le temple ; ils rejettent la Trinité (qui, pour eux, fait du Père une personne supérieure au Fils et au Saint-Esprit), la naissance divine du Christ (et même la réalité de sa forme humaine) et les sacrements du baptême, de l’eucharistie et du mariage.
    Les initiés sont appelés "Parfaits".

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:40

    Il refusent les images (la croix, en particulier) et le temple


    L’iconoclasme byzantin

    Le terme "iconoclasme" (du grec "eikon"= image et "kloein" = briser) désigne toute doctrine et tout mouvement qui s'élèvent contre l'utilisation religieuse d'images (icônes), notamment celui qui ravagea l'Empire byzantin aux VIIIe et IXe siècles.
    Le néologisme "iconoclasti"e est la disposition à être partisan de l'iconoclasme, à briser les images.
    Le partisan de l'iconoclasme ou de l'iconoclastie est un "iconoclaste".

    En opposition au courant iconoclaste, "l'iconodulie" ou "iconodoulie", est un courant de pensée favorable aux icônes et à leur vénération.
    "L'iconolâtrie" est l'adoration des icônes.

    "L’icône" est la représentation religieuse peinte sur bois que l'on rencontre surtout dans les églises chrétiennes orientales.
    D'une grande beauté artistique, les icônes font souvent, dans l'Église orthodoxe, l'objet d'une véritable vénération et de nombreux pèlerinages.

    C'est par obéissance au deuxième commandement du Décalogue : « Tu ne te feras pas d'idole (image) ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel » (Exode 20,4-6), qu'il est interdit, dans de nombreux cultes issus de la Bible, de représenter un être divin ou une autre entité. Ce commandement a pour but de lutter contre "l’idolâtrie" (adoration des images ou d'une divinité sculptée ou peinte).

    Dans le judaïsme, puis dans le christianisme et l'islam, les cultes rendus aux idoles ainsi que leur représentation étaient absolument interdits.
    À l'origine, la chrétienté a interdit les images ("Petits enfants, gardez-vous des idoles." ) ; elle représentait toutefois des symboles tels que la croix, l'agneau, le poisson, l'étoile de la Nativité et quelques autres manifestations du mystère chrétien.
    Au Moyen Âge, l'interdit disparut, et de nombreuses images, notamment sculptées, de Jésus, de la Vierge et des saints ornèrent les monuments romans et clunisiens, provoquant une réaction de saint Bernard et des cisterciens qui dénoncèrent ces débordements imagiers et prônèrent un retour à la rigueur et au dépouillement.

    Chronologie historique

    Vers 725 l’empereur byzantin Léon III et quelques évêques d’Asie Mineure, amorcent une propagande contre l’icône, surtout celle du Christ.

    En 726, l’empereur détruit une image du Christ très vénérée qui se trouve au-dessus de la porte de bronze de son palais à Constantinople et proscrit les images par un décret désavoué par le patriarche Germain qui abdique, et réprouvé à Rome, par le pape Grégoire II, et à Jérusalem par le moine Jean de Damas.
    L’argument opposé à l'iconoclasme, formulé par Jean Mansour (dit Jean de Damas ou Jean Damascène + 749), théologien syrien et père de l'Église, consiste à affirmer que cette doctrine renie l'un des principes fondamentaux de la foi chrétienne : la doctrine de l'incarnation. La naissance du Christ en tant qu'homme permet sa représentation qui, dans un certain sens, participe de la divinité, à l'instar du sujet évoqué. Le rejet des images correspond donc au rejet de leur sujet.
    « Lorsque Celui qui existe de toute éternité dans la forme de Dieu, s’est dépouillé en assumant la forme d’esclave, devenant ainsi limité dans la quantité et la qualité, ayant revêtu la marque de la chair, alors figure-Le sur une planche et expose à la vue de tous Celui qui a voulu apparaître. » (Jean Damascène).


    LES BOGOMILES Jeandamascus

    Jean de Damas,
    d’après une peinture murale du monastère de Varlaam des Météores (Grèce)


    En 727, dans un concile, Grégoire II fait excommunier Léon et condamner l’iconoclasme.
    Ligué avec les Lombards contre l'empereur Léon l'Isaurien et les iconoclastes, le pape soulève l'Italie contre la puissance impériale ; l’empereur, de son côté, veut le faire déposer et arme même des meurtriers contre lui. C'est le premier épisode de la crise iconoclaste, d’une politique impériale de destruction des images sacrées, confirmée par un nouvel édit interdisant la vénération des images en 730.

    En 732, un concile romain, réuni par  Grégoire III (731-741), condamne l’iconoclasme et excommunie les iconoclastes.

    Mais l’iconoclasme atteint son point culminant sous le règne de Constantin V Copronyme (741-775), fils et successeur de Léon III le fondateur de "l’aniconisme" 1 byzantin, lorsque des moines subissent le martyre pour défendre les images.
    Constantin V, fait condamner le culte des images comme idolâtrie lors d’un concile qui se déroule au palais d'Hieria du 10 février au 8 août 754 : "Toute image résultant de l'art maléfique des peintres, quels que soient les couleurs et les matériaux utilisés, doit être rejetée, éliminée, condamnée..."
    En 764, Constantin V fait détruire dans le Milion la fresque des six conciles œcuméniques et la remplace par une représentation des jeux de l’hippodrome et de son cocher préféré.

    Le 6 février 780, Byzance connaît un renouveau de l'iconoclasme après la mort du patriarche de Constantinople Nicétas. Le 8 septembre, Irène, épouse de l’empereur byzantin Léon IV, est chargée, à la mort de son mari, de la tutelle de son fils Constantin VI (âgé de dix ans) et couronnée en même temps que lui ; au cours de la même année, elle déjoue un complot vraisemblablement fomenté par les iconoclastes dans le but de placer sur le trône le demi-frère de Léon IV, Nicéphore.

    En 787, la régente Irène et le patriarche de Constantinople, Tarasios (ou Taraise), organisent le deuxième concile de Nicée (septième concile œcuménique et dernier concile considéré comme œcuménique par les orthodoxes) qui reconnaît la légitimité du culte des images. Tarasios qui conduit les « débats », le fait avec habileté. Le décret doctrinal du concile est très mesuré ; les iconodoules obtiennent satisfaction ; les évêques compromis sont accueillis avec compréhension ; l’honneur de l’Empire est sauf car personne ne souffle mot des doléances du pape Adrien Ier qui réclame un retour aux frontières juridictionnelles d’avant l’iconoclasme.
    Charlemagne ne reconnaît pas toutes les clauses du concile de Nicée et envoie un ambassadeur à Rome présenter au pape 85 remontrances : les Libri Carolini, publiés en 791, affirment que c’est effectivement une erreur de détruire les icônes, mais que c’en est aussi une d’imposer leur vénération.
    A la suite du concile de Francfort, en juin 794, Charlemagne prend parti contre l’iconoclasme.


    L’empereur Léon V l’Arménien réunit en 815 un deuxième concile iconoclaste dans la cathédrale Sainte-Sophie, présidé par le patriarche Théodote.

    Le pape Pascal Ier (817-824) établit à Rome une maison de refuge pour les Grecs qui fuient la persécution des iconoclastes.

    En 824, le basileus Michel II écrit au carolingien Louis le Pieux une lettre de justification où il expose ce qu’est devenue dans la pratique la dévotion aux icônes et demande l’appui de Rome. En guise de réponse, le pape Eugène II prescrit l’adoration des images, ce qui lui est reproché par le concile de Paris de 825.

    La querelle prend fin, en 843, avec la condamnation finale de l'iconoclasme au concile de l'Orthodoxie, sous le patronage de l'impératrice Théodora II (régente au nom de son fils Michel III) assistée par le moine Méthode.
    A partir de ce moment, tous les ennemis des images sont poursuivis et traqués comme des bêtes fauves ; les pauliciens qui, comme descendants des gnostiques, se sont toujours montrés d'ardents iconoclastes, sont en butte à d'horribles persécutions.

    Les icônes ne seront plus contestées mais elles devront être exécutées selon de rigoureux principes théologiques. La vénération ne va pas à la représentation matérielle mais au prototype, la personne de ceux qui sont représentés et dont l’image fixe la présence.

    Le mouvement iconoclaste affaiblit la position de l'Empire en suscitant des querelles internes et en exacerbant les différends avec la papauté, qui commença à abandonner l'alliance avec Byzance pour se tourner vers les Francs.

    L'apparition de l'iconoclasme (vers 725) et sa condamnation lors des conciles de 787 et 843 furent en définitive le résultat de décisions plus impériales qu'ecclésiastiques, les conciles ne faisant que répondre aux ordres impériaux.

    Citations

    Nous n'adorons pas les croix ; nous ne désirons pas même en avoir des représentations. (Minucius Félix, IIe/IIIe s.)

    Images et religion sont incompatibles. (Lucius Caecilius Firmianus dit Lactantius + vers 325)

    Ce que l'écrit procure aux gens qui lisent, la peinture le fournit aux analphabètes. (Grégoire I, +604)

    Ce n’est pas la matière que j’adore mais le créateur de la matière qui, à cause de moi, s’est fait matière, a choisi sa demeure dans la matière. Par la matière, il a établi mon salut. En effet, "le Verbe s’est fait chair et il a dressé sa tente parmi nous"… Cette matière, je l’honore comme prégnante de l’énergie et de la grâce de Dieu. (Jean de Damas 676-749, Discours sur les images, 730)

    [.] Notre agenouillement devant l’icône du Fils incarné n’est pas l’adoration de son icône, mais l’agenouillement devant le Fils incarné qui est une gloire pour nous. (Triode orthodoxe pour le temps pascal)

    Iconoclastes, ce ne sont pas tant les idoles de pierre, de bois ou de métal que vous devez rejeter, mais les idoles de chair ! (Jean-Paul Coudeyrette, Autocitations)

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:40

    Ils rejettent la Trinité (qui, pour eux, fait du Père une personne supérieure au Fils et au Saint-Esprit)


    LA TRINITE

    La Trinité est le dogme central du christianisme, le mystère de trois personnes, le Père, le Fils et le saint Esprit, en un Dieu unique.
    Le mot mystère désigne une réalité divine inaccessible à la raison humaine mais que Dieu donne à connaître de lui-même quand il se révèle ; c’est aussi un mystère dans le sens où l'homme ne peut ni expliquer, ni comprendre, ce que Dieu lui révèle ainsi.

    Le christianisme admet l'existence de Dieu en trois personnes distinctes, mais consubstantielles d'une même nature.
    Le Père, créateur de tout ce qui est, le Fils, engendré de toute éternité et qui s'est fait homme.
    Le Christ est le Verbe actif, la Parole, tandis que le Saint Esprit est l'amour du Père et du Fils.

    Le mot "Trinité" ne se trouve pas dans le Nouveau Testament, mais la doctrine de la Trinité y a bien son fondement : « La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l‘amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! » (II Corinthiens 13, 13) ; « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». (Évangile selon Matthieu 28, 19)

    Le Nouveau Testament affirme la divinité de Jésus-Christ, qui se révèle comme le "Seigneur Jésus" (1ère épître aux Corinthiens 8, 5-6) par sa résurrection.
    Jésus lui-même prétend à une relation unique à Dieu, qu'il appelle "son Père" (Jean 14, 11).
    L'Esprit saint est présenté comme don de Dieu aux hommes, au moment du baptême du Christ (Marc 1, 10) et à la Pentecôte (Actes 2, 1-4).
    Le mot Dieu renvoie en général au Père dans le Nouveau Testament mais, en même temps, il est dit que "le Fils et l'Esprit appartiennent bien à Dieu, tout en étant distincts du Père".

    Lors de son discours d’adieu dans l’Évangile de Jean, Jésus parle du Saint-Esprit comme de celui qui continuera son œuvre dans le monde après son retour au Père.
    Il est "l’Esprit de la vérité", qui agira comme "un autre avocat" (paraklètos) pour enseigner et guider ses disciples (Jean 14, 16-17), leur rappelant tout ce que Jésus lui-même a enseigné (Jn 14, 26).

    Dans cette section de l’Évangile Jésus nous donne de mieux percevoir la relation entre le paraclet, lui-même et son Père. Jésus promet de l’envoyer "d’auprès du Père", comme "l’Esprit de la vérité qui procède du Père". (Jn 15, 26)
    La vérité qu’Il enseigne sera celle que Jésus a révélée dans sa personne (Jn 1, 14 ; 14, 6) : « Il me glorifiera, parce qu’Il prendra ce qui est à moi et vous l’annoncera. Tout ce que le Père a est à moi. C’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra ce qui est à moi et vous l’annoncera. » (Jn 16, 14-15)

    La foi en un Dieu trinitaire peut être considérée comme le centre de la foi chrétienne.
    Le dogme trinitaire fait l'unité de toutes les Églises chrétiennes, divisées sur beaucoup d'autres points.

    Les communautés chrétiennes reconnaissent la valeur du baptême reposant sur la Trinité.
    C'est le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit qui marque l'entrée dans une Église.
    Le baptême au Nom de Jésus supposait sans doute à l’origine l'emploi d'une formule où le Christ était seul mentionné.
    La formule trinitaire qui a ensuite prévalu (Didachê 7, 1-3) dérive de Matthieu 28,19.
    Elle exprime excellemment que le baptisé, uni au Fils, l'est en même temps aux deux autres personnes : le croyant reçoit en effet le baptême au nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de Dieu (I Corinthiens 6, 11) ; il devient le temple de l'Esprit (6, 19), l'enfant adoptif du Père (Galates 4, 5), le frère et cohéritier du Christ, vivant intimement de sa vie et destiné à partager sa gloire (Romains 8, 2-9-17-30 ; Ephésiens 2,6). 1

    La fête de la Trinité, célébrée depuis le Xe siècle dans certains diocèses, a été étendue à tout le rite romain latin et fixée au premier dimanche après la Pentecôte par Jean XXII en 1334.
    Avant le concile Vatican II, elle marquait pour les catholiques la fin d'une période de trois semaines pendant laquelle les mariages étaient interdits : cette période commençait le dimanche des Rogations (cinquième dimanche après Pâques).

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:41

    Ils rejettent la naissance divine du Christ (et même la réalité de sa forme humaine) et les sacrements du baptême, de l’eucharistie et du mariage. Les initiés sont appelés "Parfaits".


    LE BAPTEME

    Le mot "baptême" dérive du verbe grec "baptein/baptizein" (plonger, laver).
    Le baptême comporte normalement une immersion dans l'eau (Ac 8,38) ou du moins, si elle n'est pas possible, une aspersion d'eau sur la tête, ainsi qu'en témoigne la Didachê (7,3).

    C’est au XIVème siècle qu'est substitué au baptême par triple immersion le baptême par triple "infusion" en faisant couler l'eau sur la tête de l'enfant.
    Le baptême est suivi de l'imposition des mains qui obtient le don plénier du Saint Esprit (Actes 8,15 ; 19,6).

    Le symbolisme de l'eau comme signe de purification et de vie est trop fréquent dans l'histoire des religions pour que son existence puisse surprendre dans les mystères païens (eau lustrale).
    Grecs et Romains utilisent de l'eau bénite.
    Tertullien nous apprend que ceux qui célébraient les jeux Apollinaires et Eleusiniens étaient obligés de se baptiser, c'est-à-dire de prendre un bain, afin de se régénérer et d'obtenir l'impunité de leurs crimes.

    Longtemps avant que les premières lueurs du christianisme eussent pénétré dans le Nord, le baptême, sous la forme d'une ablution avec de l'eau, était en usage chez les peuples scandinaves.
    La première partie de l'Edda, la partie poétique, la plus ancienne, met dans la bouche même d'Odin, le Dieu suprême, ces paroles significatives : « Si je veux qu'un homme ne périsse jamais dans les combats, je l'arrose avec de l'eau lorsqu'il vient de naître. »
    Les Livoniens (au sud de l’Estonie et au nord de la Lettonie actuelles) pratiquaient la même coutume, qui n'était pas inconnue des Germains, puisque le pape Grégoire III (731-741), dans une lettre adressée à Boniface, l'apôtre du christianisme en Allemagne, lui prescrit tout ce qu'il doit faire pour ménager les usages déjà existants et les concilier avec le nouveau cérémonial.

    Le baptême apparaît dans plusieurs événements de l'Histoire sainte qui seront regardés dans la suite comme des préfigurations du baptême : le déluge par exemple (I Pierre 3,20) ou le passage de la mer Rouge (I Corinthiens 10,1).
    La Loi impose dans de nombreux cas d'impureté des ablutions rituelles qui purifient et rendent apte au culte (Nombres 19,2-10 ; Deutéronome 23,10).
    Les prophètes annoncent une effusion d'eau purificatrice du péché (Zacharie 13, 1).
    Ézéchiel associe cette lustration eschatologique au don de l'Esprit de Dieu (Ezéchiel 36,24-28 ; Psaumes 51,9-12).

    Le judaïsme postexilien multiplie les ablutions rituelles. Elles deviennent d'une minutie extrême et n'échappent pas au formalisme chez les pharisiens contemporains de l'Évangile (Marc 7,1-5). Ces pratiques symbolisent la purification du cœur et peuvent contribuer à l'obtenir quand s'y joignent des sentiments de repentir. Vers l'époque du Nouveau Testament, les rabbins baptisent les prosélytes, païens d'origine, qui s'agrègent au peuple juif (Matthieu 23,15). Il semble même que certains considèrent ce baptême comme aussi nécessaire que la circoncision.

    Les bains rituels sont fréquents chez les Esséniens (selon Josèphe), ainsi que dans les communautés de Damas et de Qumran.
    Cependant le bain n'est pas ici un rite d'initiation ; on n'y est admis qu'après une longue épreuve destinée à manifester la sincérité de la conversion.
    Il est quotidien, exprimant l'effort vers une vie pure et l'aspiration à la grâce purificatrice.
    On se plonge soi-même dans l'eau, tandis que les pénitents qui se présenteront à Jean recevront le baptême de ses mains et une fois pour toutes.

    Carl Gustav Jung (1875-1961) et d'autres psychanalystes pensent que le baptême (immersion) symbolise la vie intra utérine qui précède un nouvel être.

    L'Église catholique reconnaît également le baptême de sang : une personne n'ayant pas reçu le baptême par l'eau mais morte à cause de ses convictions chrétiennes est pleinement baptisée.

    Le baptême de Jean

    Le baptême de Jean peut être comparé au baptême des prosélytes qui introduisait dans le peuple d'Israël. Le baptême de Jean réalise une sorte d'agrégation à la véritable postérité d'Abraham (Mt 3, 9), au Reste d'Israël, désormais soustrait à la colère de Dieu (Matthieu 3, 7-10) et attendant le Messie qui vient. Il est proposé au peuple juif tout entier et non pas seulement aux pécheurs et aux prosélytes. C'est un baptême unique, donné dans le désert, en vue du repentir et du pardon (Marc 1, 4). Il comporte l'aveu des péchés et un effort de conversion définitive que le rite doit exprimer (Mt 3 ,6). Jean insiste sur la pureté morale ; il ne demande ni aux publicains ni aux soldats d'abandonner leurs fonctions (Luc 3, 10-14).
    Le baptême de Jean n'établit qu'une économie provisoire : c'est un baptême d'eau, préparatoire au baptême messianique dans l'Esprit Saint et le feu (Mt 3, 11 ; Actes 1, 5 - 11, 16 - 19, 3), purification suprême (Psaumes 51) qui inaugurera le monde nouveau et dont la perspective paraît ici se confondre avec celle du jugement. En fait, le don de l'Esprit, envoyé par le Messie glorifié va se distinguer du jugement (Lc 3, 16).

    En se présentant pour recevoir le baptême de Jean,  Jésus se soumet à la volonté de son Père (Mt 3, 14) et se range humblement parmi les pécheurs. Il est l'Agneau de Dieu qui prend ainsi sur lui le péché du monde (Jean 1, 29-36). Le baptême de Jésus dans le Jourdain annonce et prépare son baptême "dans la mort" (Lc 12, 50 ; Mc 10, 38), encadrant ainsi sa vie publique entre deux baptêmes. C'est aussi ce que veut dire Jean l'évangéliste, quand il rapporte que l'eau et le sang s'écoulèrent du côté de Jésus transpercé (Jean 19,34) et quand il affirme que l'Esprit, l'eau et le sang sont intimement unis (I Jean 5 ,6-8). Le baptême de Jésus par Jean est couronné par la descente de l'Esprit Saint sous forme de colombe et la proclamation par le Père céleste de sa filiation divine. La venue de l'Esprit sur Jésus est une investiture qui répond aux prophéties (Isaïe 11, 2 ; 42, 1 ; 61, 1) ; elle est en même temps l'annonce de la Pentecôte, qui inaugurera le baptême dans l'Esprit, pour l'Église (Ac 1, 5 ; 11, 16) et pour tous ceux qui y entreront (Ephésiens 5, 25-32 ; Tite 3, 5). La reconnaissance de Jésus comme Fils annonce la filiation adoptive des croyants, participation à celle de Jésus et conséquence du don de l'Esprit (Galates 4 ,6). En effet, le "baptême dans la mort" doit conduire Jésus à sa résurrection. En recevant la plénitude de l'Esprit, son humanité glorifiée sera constituée "Esprit vivifiant" (I Corinthiens 15, 45), communiquant l'Esprit à ceux qui croient en lui. Jean-Baptiste annonçait le baptême dans l'Esprit et dans le feu (Mt 3, 11). L'Esprit est le don messianique promis. Le feu est le jugement qui commence à s'accomplir à la venue de Jésus (Jn 3, 18-21 ; 5, 22-25 ; 9, 39). L'un et l'autre sont inaugurés dans le baptême de Jésus qui prélude à celui de ses fidèles.

    Paul voit le baptême chrétien annoncé dans le passage de la mer Rouge qui délivre Israël de la servitude (I Co 10, 1). Sa réalisation effective commence à la Pentecôte qui est comme le baptême de l'Église dans l'Esprit et le feu. Pierre prêche aussitôt à ses auditeurs, attirés par le prodige, la nécessité de recevoir le baptême dans des sentiments de repentir, afin d'obtenir la rémission des péchés et le don du Saint Esprit ; ce qui a lieu aussitôt (Ac 2, 38-41). Cette manière d'agir suppose un ordre donné par le Christ, tel qu'il est annoncé par Jn 3, 3 et expressément formulé après la Résurrection (Mt 28, 19 ; Mc 16, 16).

    Le 3 juillet 2015, l'UNESCO inscrit, parmi les Trésors de l'humanité, le lieu du baptême du Christ sur la rive jordanienne du Jourdain.

    Doctrine baptismale de Paul

    Paul approfondit et complète la doctrine baptismale qui résultait des enseignements du Sauveur (Marc 10, 38) et de la pratique de l'Église (Romains 6, 3).
    Le baptême conféré au nom du Christ (I Corinthiens 1, 13) unit à la mort, à l'ensevelissement et à la résurrection du Sauveur (Romains 6, 3 ; Colossiens 2, 12).
    L'immersion représente la mort et la sépulture du Christ ; la sortie de l'eau symbolise la résurrection en union avec lui.
    Le baptême fait mourir le corps en tant qu'instrument du péché (Rm 6,6), et fait participer à la vie pour Dieu dans le Christ (6, 11). La mort au péché et le don de la vie sont inséparables ; l'ablution d'eau pure est en même temps aspersion du sang du Christ, plus éloquent que celui d'Abel (Hébreux 12, 24 ; I Pierre 1, 2), participation effective aux mérites acquis en droit pour tous par le Christ au Calvaire, union à sa résurrection et, en principe, à sa glorification (Ephésiens 2,5).

    Le baptême est donc un sacrement pascal, une communion à la Pâque du Christ ; le baptisé meurt au péché et vit pour Dieu dans le Christ (Rm 6, 11), il vit de la vie même du Christ (Galates 2, 20 ; Philippiens 1, 21). La transformation ainsi réalisée est radicale ; elle est dépouillement et mort du vieil homme et revêtement de l'homme nouveau (Rm 6, 6 ; Colossiens 3, 9 ; Ephésiens 4, 24), création nouvelle à l'image de Dieu (Galates 6, 15). Un enseignement analogue, mais plus sommaire, se trouve dans I P 3, 18-21, qui voit dans le passage de Noé à travers les eaux du déluge l'annonce du passage du chrétien pas les eaux du baptême, passage libérateur grâce à la résurrection du Christ.

    Le baptême au Nom de Jésus-Christ ou du Seigneur Jésus (Actes 2, 38 ; 8, 16 ; 10, 48 ; 19, 5 ; I Co 6, 11) signifie que le baptisé appartient au Christ, qu'il est intérieurement associé à lui. Cet effet capital est détaillé sous diverses formes : le baptisé revêt le Christ, il est un avec lui (Ga 3, 27 ; Rm 13, 14) ; tous ceux qui reçoivent le baptême sont en outre unis entre eux dans l'unité même du Christ (Ga 3, 28) et de son Corps glorifié (I Co 12, 13 ; Ep 4, 4) ; ils ne font plus désormais qu'un esprit avec le Christ (I Co 6, 17). Le baptême au Nom de Jésus supposait sans doute l'emploi d'une formule où le Christ était seul mentionné. La formule trinitaire, qui a ensuite prévalu (Didachê 7, 1-3), dérive de Matthieu (28, 19) : "Je te baptise au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit" (Ego te baptizo in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti). Elle exprime que le baptisé, uni au Fils, l'est en même temps aux deux autres personnes : le croyant reçoit en effet le baptême au nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de Dieu (I Corinthiens 6, 11) ; il devient le temple de l'Esprit (6, 19), l'enfant adoptif du Père (Galates 4, 5), le frère et cohéritier du Christ, vivant intimement de sa vie et destiné à partager sa gloire (Romains 8, 2-9-17-30 ; Ephésiens 2 ,6).

    Le baptême suppose qu'on a entendu la prédication évangélique et confessé la foi en Jésus-Christ (Actes 16, 30), dont l'article essentiel qui résume et contient les autres est la résurrection du Christ (Rm 10, 9). L'objet de la foi peut cependant être implicitement connu quand l'Esprit est donné avant le baptême (Ac 10, 44-48), et il semble que la foi du père de famille peut valoir pour tous les siens : ainsi pour Corneille et le geôlier de Philippes (Ac 10, 47 ; 16, 33). Mais la foi au Christ n'est pas seulement adhésion de l'esprit au message évangélique ; elle comporte une conversion totale, une donation entière au Christ qui transforme toute la vie. Elle aboutit normalement à la demande du baptême qui en est le sacrement et dans la réception duquel elle reçoit sa perfection. Paul ne l'en sépare jamais ; et quand il parle de la justification par la foi, c'est pour l'opposer à la prétendue justification par les œuvres de la Loi dont se réclamaient les judaïsants. Il suppose toujours que la profession de foi est couronnée par la réception du baptême (Ga 3, 26). Par la foi, l'homme répond à l'appel divin que lui a manifesté la prédication apostolique (Rm 10, 14), réponse qui d'ailleurs est l'œuvre de la grâce (Ep 2 ,8). Au baptême l'Esprit s'empare du croyant, l'agrège au corps de l'Église et lui donne la certitude qu'il est entré dans le Royaume de Dieu. Le sacrement n'agit pas d'une manière magique. La conversion totale qu'il exige doit être le point de départ d'une vie nouvelle dans une fidélité inébranlable.

    D'autres aspects soulignent la profondeur de la transformation spirituelle réalisée au baptême. Celui-ci a été pour le catéchumène une nouvelle naissance de l'eau et de l'Esprit (Jean 3, 5), un bain de régénération et de renouvellement dans l'Esprit Saint (Tite 3,5), un sceau imprimé dans son âme (2 Co 1, 22 ; Ep 1, 13 ; 4, 30), une illumination qui l'a fait passer des ténèbres du péché à la lumière du Christ (Ep 5, 8-14 ; Hébreux 6, 4), une circoncision nouvelle, qui l'a agrégé au nouveau peuple de Dieu (Colossiens 2, 11 ; Ep 2, 11-22). Tout se résume dans la qualité de fils de Dieu (I Jean 3, 1) qui lui confère une dignité incomparable. Il ne s'agit pas d'un état nouveau statique, mais d'une entrée dans un état dynamique, vie supérieure dont le chrétien ne doit jamais déchoir, d'où l'existence d'un effort constant pour rendre toujours plus effective la mort au péché et la vie pour Dieu (Rm 6, 12).

    L'accent est mis tantôt sur l'union à la Passion, tantôt sur la Résurrection ; ces deux aspects se réfèrent à l'unique réalité pascale et demeurent indissolublement liés. Uni à la Pâque du Christ par des efforts et une fidélité généreuse, le baptisé se prépare à entrer dans son Royaume glorieux (Colossiens 1, 12) et dans la possession du céleste héritage dont il possède les prémices par le don de l'Esprit (2 Corinthiens 1, 22 ; Ephésiens 1, 14).

    Effets du baptême

    Les effets attribués au baptême par la doctrine catholique sont de trois sortes :

    - l'effacement du péché originel
    - la rémission des péchés actuels
    - l’impression dans l'âme du baptisé d'un caractère surnaturel indélébile.

    Athanase écrit, vers 318, (Sur l’incarnation du Logos), que le Logos (la Parole) est devenu homme afin que les hommes deviennent dieux. Le péché a voué les hommes à une corruption dont l’aboutissement est la mort. En prenant une chair, le Logos a "récapitulé" en lui l’humanité tout entière et l’a revêtue de sa propre incorruptibilité. Le baptême permet à tout homme de participer à cette divinisation.

    Baptême pour les morts

    Certains se font "baptiser pour les morts" à l’époque de Paul qui ne condamne pas cette pratique (I Corinthiens 15,29).
    Le concile de Carthage interdit le baptême pour les morts en 397.

    Les membres de la communauté des Mormons, fondé en 1820, se font baptiser pour leurs morts (leurs ancêtres) afin de les retrouver dans la vie éternelle, car ils croient qu'il faut être baptisé pour être sauvé.
    Anne Frank et sa famille figurent sur les registres des baptisés mormons, tout comme Adolf Hitler, Joseph Staline, Winston Churchill, Charles De Gaulle, Gengis Khan, Jeanne d'Arc, et même Bouddha.

    L'Église catholique enseigne que, sans le baptême, Dieu peut donner la vie éternelle, car les dons de Dieu ne sont pas limités aux sacrements : ceux-ci en sont les signes.

    Baptême des enfants

    L'usage de baptiser les enfants est introduit de très bonne heure dans l'Église.

    Si on trouve dans quelques Pères, tels qu'Irénée (130-208), Origène (185-250) et Cyprien de Carthage (200-258), des traces du baptême accordé aux jeunes enfants, on trouve chez d'autres Pères la condamnation formelle de cet usage : « Quelle nécessité y a-t-il, dans un âge innocent, de se hâter de racheter ses péchés ? » (Tertullien 155-220)

    Origène nous apprend que le baptême des enfants était, de son temps, général en Égypte.
    Il le justifie par la tradition apostolique ; il y puise même un argument en faveur de sa théorie de la préexistence des âmes.

    Grégoire de Nazianze (+ 390) dit que les enfants morts sans baptême "n’auront ni gloire céleste, ni tourments. Celui qui ne mérite pas le supplice n’est pas, par le fait, digne d’honneur, de même que celui qui est indigne de l’honneur ne mérite pas par le fait même le supplice".

    Grégoire de Nysse (+ 395) affirme, sans autre précision, que "ces petites âmes ne sont pas destinées à souffrir dans l'au-delà".

    Le pape Innocent Ier (401-417) déclare : « Que les petits enfants peuvent, même sans la grâce du baptême, jouir des récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus haut point. Si, en effet, ils ne mangent pas la chair du Fils de l’homme et ne boivent pas son sang, ils n’auront pas la vie en eux. Ceux qui soutiennent que ces enfants l’auront sans être renés, me paraissent vouloir rendre vain le baptême lui-même, en prêchant qu’ils ont ce que la foi professe ne pouvoir leur être conféré que par le baptême ».

    Augustin d'Hippone (354-430) formule la théorie catholique du baptême des enfants : « On baptise les enfants pour les incorporer à l'Église, c'est-à-dire les unir au corps et aux membres du Christ ; donc ils ne sont pas innocents, donc ils seraient damnés sans le baptême. » A l'objection tirée de la nécessité de la foi pour l'efficacité du baptême, Augustin répond que la foi des parents et des parrains, ou plutôt la foi de toute l'Église, tient lieu au nouveau-né de celle qu'il ne peut avoir. Cette théorie est acceptée par les décisions dogmatiques. Pour Augustin, il n'existe aucune possibilité de destin intermédiaire entre le paradis et l'enfer : les âmes des enfants non baptisées, n'étant donc pas lavées du péché originel, sont vouées à l'enfer ; ce qui explique son insistance en faveur d'un baptême immédiat des enfants. Il précise toutefois que ces âmes ne souffrent en enfer que de la peine la plus douce (Enchiridion, 103). Il finit par conclure : « Les enfants n’ayant pas de faute personnelle, ils sont certainement séparés de Dieu, mais sans aucune souffrance. Ils vivent donc dans un bonheur naturel, sans regret de ne pas voir Dieu puisque, de toute façon, cela dépasse les possibilités de leur nature humaine. »

    L’Église arménienne, qui, au concile de Chalcédoine (451), passe dans l’opposition, rejette la doctrine augustinienne de la damnation des enfants morts sans baptême, car, dit-elle, ce n'est pas la faute de ces enfants, s'ils n'ont pas été baptisés.

    Clotilde (475-545), reine des Francs, fait cette prière, après la mort d'Ingomer, son premier enfant : « Je rends grâces au puissant Créateur de toutes choses qui ne m'a pas jugée indigne de voir admis dans son Royaume l'enfant né de mon sein. Cette perte ne m'a pas affectée de douleurs parce que je sais que les enfants que Dieu retire du monde, quand ils sont dans les aubes, sont nourris par sa vue. »

    Le pape Innocent IV (1243-1254) indique : « Il n'est pas nécessaire, pour que le baptême soit valide, que le baptisant entende ce que veut et ce que fait l'Église, ni même qu'il sache ou croie que l'Église existe. »

    Thomas d’Aquin (+ 1274) explique : « Bien que séparés de Dieu d’un point de vue surnaturel, ils (les enfants, ndlr) restent unis à lui par les biens naturels qu’ils possèdent, ce qui suffit pour jouir de Dieu par la connaissance et l’amour naturels. Ils ont en Dieu leur vie, leur lumière, leur joie, leur bonheur ».

    Le concile de Florence (1442) recommande : "Au sujet des enfants, en raison du péril de mort qui peut souvent se rencontrer, comme il n’est pas possible de leur porter secours par un autre remède que par le sacrement du baptême, par lequel ils sont arrachés à la domination du diable et sont adoptés comme enfants de Dieu, l’Eglise avertit qu’il ne faut pas différer le baptême."

    Le réformateur Zwingli (1484-1531) n'admet pas que les enfants morts sans baptême soient exclus du salut.

    Pour Thérèse de l’Enfant Jésus (+1897) : « Un petit enfant, cela ne se damne pas. »

    Pie X, dans son  Grand Catéchisme (1905), écrit : "à cause de la fragilité de leur âge, ils (les enfants, ndlr) sont exposés à bien des dangers de mourir et qu’ils ne peuvent se sauver sans le baptême" ; il précise : "Les pères et mères qui, par leur négligence, laissent mourir leurs enfants sans baptême pèchent gravement, parce qu’ils privent leurs enfants de la vie éternelle ; ils pèchent même gravement en différant longtemps le baptême, parce qu’ils les exposent au danger de mourir sans l’avoir reçu".

    Pour Paul VI (Credo du peuple de Dieu, 30 juin 1968) : "Le baptême doit être administré même aux petits enfants qui n’ont pu encore se rendre coupables d’aucun péché personnel, afin que, nés privés de la grâce surnaturelle, ils renaissent "de l’eau et de l’Esprit Saint" à la vie divine dans le Christ Jésus."

    Les limbes

    "(...) Les enfants morts sans baptême étaient le plus souvent inhumés aux endroits les plus saints : dans les canalisations du baptistère ou les fondations de l’église, dont les murs étaient creusés pour accueillir les petits corps, dans le chœur, sous le parvis de l’église (surnommé le Paradis) ou bien sous une gouttière : ils étaient ainsi baignés pour l’éternité dans l’eau ruisselant du toit de l’église et sanctifiée". (Marie-Odile Mergnac 3)
    Au XIIIe siècle, pour résoudre la question de la destinée de ces petites âmes, les théologiens inventent les limbes (de limbus : marge, bordure) dont l’existence n’a jamais été enseignée officiellement par l’Église.

    Les papes affirment le droit d’enseigner soit, comme Paul III, Benoît XIV et Clément XIII, la position augustinienne, soit, comme Pie VI, la punition de la peine du "dam" (la privation de Dieu) à l’exclusion de la peine du "sens" (le feu).

    "Le lieu des enfers (que les fidèles appellent en général limbes des enfants) où les âmes de ceux qui meurent avec le seul péché originel sont punies de la peine du dam sans la peine du sens, est rejeté comme une fable pélagienne, comme si ceux qui rejettent la peine du feu affirmaient, par le fait même, l’existence d’un lieu et d’un état intermédiaire, exempt de faute et de peine, entre le royaume de Dieu et la damnation éternelle, comme l’imaginaient les pélagiens. Cette doctrine est fausse, téméraire, injurieuse pour les écoles catholiques". (Bulle Auctorem fidei de Pie VI)
    En 1984, le cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI) se déclare partisan, à titre personnel, de l'abandon de cette "hypothèse de l'existence des limbes".
    Le Catéchisme de l'Église catholique, promulgué en 1992 par Jean-Paul II, explique (§ 1261) : « Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu. En effet, la grande miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2,4), et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas » (Mc 10,14), nous permettent d’espérer qu’il y ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême. »
    Le 19 avril 2007, Benoît XVI approuve la commission théologique internationale de l'Église catholique romaine qui conclue que les limbes, "hypothèse théologique", reflètent une "vue excessivement restrictive du Salut", et, que Dieu, miséricordieux, voulant "le salut de tous les êtres humains", il y a des fondements théologiques et liturgiques pour "espérer que les enfants non baptisés soient sauvés et bénéficient de la vision béatifique de Dieu.

    L’ondoiement

    Le baptême est un sacrement qui ne peut être donné qu’une fois, mais l’ondoiement (d'"unda" : eau courante) est un rite simplifié qui permet de sauver une âme en la lavant du péché originel, sans accomplir toutes les étapes du baptême.
    L'ondoiement consiste à verser un peu d’eau (à défaut apposer un peu de salive) sur la tête nue de la personne en danger mortel en disant à voix haute : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».

    Toute personne baptisée de l’une des trois grandes religions chrétiennes peut officier. Si la personne survit, le prêtre complète le rite sacramentel : la personne est nommée, elle reçoit l’onction du Saint Chrême, le sel, le cierge symbole de la lumière ; les parrain et marraine prononcent la profession de foi. 5
    L'ondoiement concerne surtout les nouveau-nés dont la viabilité est incertaine. Comme tout baptême, l'ondoiement doit faire l'objet d'une inscription au registre paroissial.
    Le 22 novembre 1439, au concile de Florence, la constitution Exultate Domino stipule : « Le ministre ordinaire du baptême est le prêtre, mais dans le cas de nécessité, non seulement le prêtre ou le diacre, mais même un laïque ou une femme, bien plus, un hérétique, un païen, peut baptiser, pourvu qu’il observe la forme de l’Eglise et qu’il ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise ».

    Chronologie historique

    Le baptême est rejeté par plusieurs sectes hérétiques des premiers siècles, telles que les ascodrutes ou ascodrupites (qui rejettent tous les sacrements), les valentiniens, les marcosiens (partisans de Marc, disciple de Valentin ; ils donnent le baptême avec de l'eau mêlée d'huile et de baume) et les quintiliens ou quintillianistes, qui pensent tous que la grâce, étant un don spirituel, ne peut être communiquée ni exprimée par des signes sensibles.
    Tertullien (155-225) indique, dans son traité Du Baptême,  que Quintille et les caïnites ont trompé beaucoup de fidèles en luttant contre le baptême, notamment en rejetant l'emploi de l'eau.

    Les séleuciens et les hermiens (disciples de Hermias qui enseigne les doctrines de Seleucus) changent la matière du sacrement ; ils ne veulent pas qu'on le donne avec de l'eau ; ils emploient le feu, sous prétexte que Jean-Baptiste a assuré que le Christ baptiserait ses disciples dans le feu.

    Ménandre (1er siècle, disciple de Simon le magicien) baptise en son propre nom ; il qualifie le baptême de résurrection et lui attribue la propriété de donner une jeunesse perpétuelle et l’immortalité.

    Les éluséens baptisent en invoquant les démons.

    Les montanistes joignent le nom de Montan, leur chef, et de Priscille, leur prophétesse, aux noms du Père et du Fils.

    Les archontiques (qui attribuent la création du monde aux  Principautés ou Archontes et nient la Trinité), les sabelliens, les disciples de Paul de Samosate, les eunomiens (ariens) et quelques autres hérétiques qui repoussent la Trinité, ne baptisent pas au nom des 3 personnes divines.

    Au moyen âge, un grand nombre de sectes (manichéens, cathares, patarins, bulgares, albigeois) s'attaquent au baptême de l'Église.
    C'est, disent-ils, un simple baptême d'eau pure, incapable de communiquer le Saint-Esprit au néophyte, et par conséquent fort inférieur au sacrement de l'imposition des mains, appelé par eux le baptême spirituel. Aussi rebaptisent-ils les catholiques qui embrassent leurs doctrines, en invoquant sur eux le Saint-Esprit, en psalmodiant l'oraison dominicale, et en leur imposant les mains.

    Les pétrobrusiens de Pierre de Bruys (mort en 1132/33), les henriciens d'Henri l’Ermite (XIIe siècle) et les vaudois (excommuniés par le concile de Vérone en 1184) rejettent le baptême des enfants comme inutile, les enfants ne pouvant avoir la foi requise.

    Les béguins (condamnés par le concile de Vienne en 1311), les lollards (condamnés par le concile de Londres en 1382) et autres mystiques n'admettent aucun sacrement, parce que, selon eux, les sacrements sont bons pour des enfants, et non pour des adultes en religion.

    Wyclif (1328-1384) et Jean Hus (1370-1415) enseignent que le baptême, au moins celui des enfants, n'est point absolument nécessaire au salut.

    Dans sa bulle Exultate Domino, le pape Eugène IV (1431-1447) écrit : "Le ministre ordinaire du baptême est le prêtre, mais dans le cas de nécessité, non seulement le prêtre ou le diacre, mais même un laïque ou une femme, bien plus, un hérétique, un païen, peut baptiser, pourvu qu'il observe la forme de l'Église et qu'il ait l'intention de faire ce que fait l'Église."

    Luther (1483-1546) accepte, après quelques vacillations dans ses opinions, la théorie augustinienne du baptême, telle qu'elle a été modifiée par Thomas d'Aquin (1224-1274).
    Augustin soutient que la foi est indispensable pour jouir des bienfaits attachés au baptême, mais que cette foi, qui ne peut exister chez le nouveau-né, peut être suppléée par celle des parents et des parrains, ou plutôt par celle de toute l'Église.
    Thomas fait un pas de plus : il prétend que l'efficacité du baptême dépend de la foi des enfants eux-mêmes, et non d'une foi étrangère.
    Luther admet cette idée d'une foi qui sommeille dans l'enfant : "On m'opposera qu'il faut croire pour être baptisé et sauvé, et que le nouveau-né ne saurait avoir de foi personnelle. Mais cela ne me touche en rien. Comment, en effet, prouver que le nouveau-né n'a pas la foi ? Est-ce parce que, privé de la parole, il ne peut exprimer cette foi ? Mais, à ce compte, que devient notre foi à nous-mêmes lorsque nous dormons. Est-ce que Dieu ne peut conserver la foi dans le cœur pendant le temps de l'enfance, qui n'est qu'un sommeil continuel ? Et si Dieu peut conserver la foi dans le cœur lorsqu'elle y est entrée, pourquoi ne pourrait-il pas l'y susciter en vertu de la foi et des prières de ceux qui viennent présenter l'enfant au baptême ?"
    Les luthériens professent que le baptême tire toute son efficacité des paroles sacramentelles, qu'il est nécessaire au salut, et qu'il faut baptiser les enfants, chez qui l'ablution baptismale opère, par le Saint-Esprit, quelque chose d'analogue à la foi et à l'amour.

    Les calvinistes enseignent que les enfants des chrétiens prédestinés au salut sont sanctifiés dès le sein de leur mère.
    Calvin (1509-1564) déclare formellement dans ses Institutions que le baptême des enfants n'a pas pour but de les rendre enfants de Dieu, mais qu'il doit être considéré simplement comme un signe extérieur et solennel d'admission dans l'Église.

    Partant d'un tout autre principe que celui de la prédestination absolue, les sociniens (milieu du XVIe siècle) sont arrivés, par une route fort différente, au même but que Calvin. Ils n'attachent aucune vertu régénératrice au baptême dans lequel ils ne voient qu'un symbole. Ils le conservent cependant comme un rite innocent.

    A l'exemple des sectes mystiques du Moyen Âge, les  anabaptistes (XVIe siècle), mouvement issu de la Réforme, rejettent le baptême des petits enfants comme inutile, parce que, disent-ils, sans la foi le baptême est nul, et que la foi des parrains ne saurait tenir lieu à l'enfant de celle qu'il ne peut avoir.
    Ils baptisent les adultes, même ceux déjà baptisés durant leur enfance.

    Le concile œcuménique de Trente (1545-1563) reconnaît 7 sacrements (baptême, pénitence, eucharistie, confirmation, mariage, ordre, extrême onction) qui agissent ex opere operato, en vertu de Dieu lui-même, indépendamment de la foi ou de la vertu du prêtre qui les administre :
    "Si quelqu'un prétend que le baptême qui est donné, même par les hérétiques, au nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, avec l'intention de faire ce que fait l'Église, n'est pas le vrai baptême ; qu'il soit anathème."

    "Si quelqu'un nie que le mérite du Christ Jésus soit appliqué par le sacrement de baptême régulièrement conféré, dans la forme de l'Église, tant aux adultes qu'aux enfants ; qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé, si ce n'est à l'âge ou le Christ fut baptisé, ou à l'article même de la mort ; qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que les enfants, par cela qu'ils n'ont pas la foi en acte après le baptême reçu, ne doivent pas être réputés au nombre des fidèles, et pour cette raison doivent être rebaptisés quand ils sont parvenus à l'âge de discrétion ; ou qu'il vaut mieux ne pas les baptiser que de les baptiser dans la foi générale de l'Église, sans qu'ils croient par un acte propre ; qu'il soit anathème."
    "Si quelqu'un prétend que le baptême est libre, c'est-à-dire qu’il n'est pas nécessaire au salut ; qu'il soit anathème."
    Le concile de Trente enjoint au clergé de veiller à ce que les enfants reçoivent au baptême "le nom d'un saint qui leur servirait de modèle".

    Pour le pape Alexandre VII (1655-1667) : « Le baptême n'est pas valide si celui qui le confère tout en observant les rites extérieurs et la forme du sacrement, prend la résolution de ne pas s'associer intérieurement à ce que fait l'Église. »

    Le quakerisme, fondé par Georges Fox (1624-1691), nie l'utilité du baptême d'eau, parce qu'il ne l'envisage que comme un symbole du baptême intérieur ou spirituel, lequel consiste dans la régénération opérée par la lumière de l'Esprit. Il se fonde également sur ce que Jésus-Christ ne baptisa aucun de ses disciples.

    Le 29 avril 2007, en la cathédrale de Magdebourg, les représentants de 11 Églises chrétiennes d'Allemagne (les 3 principales étant l'Église catholique, l'Église luthérienne et l'Église orthodoxe) signent une déclaration de reconnaissance mutuelle de la pleine validité du sacrement du baptême, quelle que soit l'Église qui le confère.

    Le 22 février 2013, par un décret concernant le rite du baptême (entré en vigueur le 31 mars 2013), Benoît XVI décide que l'on dise "Église de Dieu" au lieu de "communauté chrétienne".

    Le dimanche 12 janvier 2014, lors d'une cérémonie dans la chapelle Sixtine qui a réuni 32 enfants, le pape François baptise l'enfant d'une mère célibataire ainsi que la fille d'un couple marié civilement seulement.

    Le baptistère

    Primitivement, le baptême était donné dans une rivière ou dans la mer.

    Mais, au IVe siècle, l’usage s’établit de réserver pour cette cérémonie une salle dans les dépendances de l’église : le baptistère. Une piscine y est creusée dans le sol. L’eau de cette piscine doit être normalement une eau courante.

    Plus tard, les baptistères deviennent des édifices jouxtant l’église.
    Ces petites constructions sont édifiées sur le côté nord des cathédrales (généralement placée à l'angle de la façade occidentale) dans laquelle l'évêque confère le baptême par immersion, une fois l'an, le jour du Samedi saint.

    Toujours dédiés à saint Jean-Baptiste, les baptistères sont circulaires ou polygonaux (plus rarement octogonaux) et comportent un grand bassin dans leur centre.
    Ils sont constitués de deux parties afin de séparer les hommes et les femmes.
    La disposition Est-Ouest des baptistères, leur entrée principale étant à l’Ouest, précise le sens spirituel et symbolique du baptême qui amène à quitter les ténèbres de la nuit (Ouest) pour arriver à la lumière (Est, au soleil levant).

    Le cierge remis après le baptême est un souvenir de la procession nocturne qui conduisait les baptisés du baptistère à l’église.

    Les catéchumènes

    Dans le christianisme, un catéchumène est un étudiant recevant l'enseignement religieux et préparant son baptême.

    À l'origine du christianisme, seuls les adultes qui se convertissent peuvent recevoir le baptême après un temps d'attente assez long destiné à leur permettre d'être enseignés et à éprouver leur foi.
    Durant cette période, ils ne peuvent assister qu'à une partie de la messe (la messe des catéchumènes) et doivent rester dans le narthex jusqu'à leur baptême qu'ils reçoivent à Pâques.

    Au IVe siècle, l’usage semble d’introduire les enfants dans le catéchuménat par la signation de la croix et le sel, et d’attendre qu’ils soient adultes pour le baptême lui-même.

    Les Églises chrétiennes, catholique, orthodoxe et protestante instituent le baptême des enfants et permettent qu’ils assistent aux offices (le pédobaptisme est l’usage normal au Moyen Age).

    Le temps du baptême n’est pas déterminé.
    Mais, dès le IIe siècle, l’usage s’établit de le donner de préférence durant la vigile pascale.
    Les 40 jours qui précédaient, répartis sur 6 semaines en Occident et sur 8 en Orient, étaient consacrés à la préparation.
    Ils étaient inaugurés, le premier dimanche de Carême, par l’inscription du nom.

    Les réunions comprenaient un enseignement sur l’Écriture et sur la formule de foi, et des exorcismes. Ces exorcismes consistaient primitivement en un jeûne.

    Un autre rite prébaptismal était celui de l’onction de l’huile sur tout le corps.

    Cette onction d’huile était faite par le diacre pour les hommes et par la diaconesse pour les femmes.
    Dans l’ensemble des Églises, l’onction d’huile est interprétée comme communiquant une force en vue du baptême, mais les Églises syriennes et cappadociennes l’ont entendue comme une assistance de l’Esprit nécessaire à l’acte de foi.

    Le dépouillement des vêtements anciens symbolisait le dépouillement du "vieil homme". On remettait un vêtement blanc au nouveau baptisé qui le portait durant la semaine pascale, appelée à cause de cela, en Occident,  "semaine in albis".

    Puis venait une onction d’huile (un mélange d’huile et de parfum appelé chrisma ou chrême) sur le front, en forme de croix. Ce rite paraît avoir son origine dans les onctions utilisées dans le judaïsme pour les rois et les prêtres. Cette onction devint par la suite un sacrement particulier : la confirmation.

    Léon Ier le Grand, pape de 440 à 461, rappelle aux évêques la date du baptême : Pâques ou Pentecôte.

    L’apostasie

    On est libre de ne plus adhérer au christianisme, d’apostasier sa religion, en demandant au responsable de la paroisse de mentionner, sur le registre des baptêmes, que le baptisé "déclare renoncer à son baptême en date du ... ou que les parents demandent que leur enfant ne soit plus considéré comme chrétien".
    Cependant, le baptême, sacrement indélébile, ne peut être annulé.
    L’apostat (du grec apostatès : déserteur) qui reviendrait à la foi chrétienne ne serait pas baptisé de nouveau.

    Le 6 octobre 2011, le Tribunal de Grande Instance de Coutances ordonne à l'association diocésaine de Coutances et Avranches de procéder à l'effacement définitif sur le registre de la mention du baptême de M. Lebouvier (membre de la Fédération nationale de la libre pensée), cette décision étant motivée par la notion de droit au respect de la vie privée. Monseigneur Stanislas Lalanne, évêque de Coutances et Avranches, décide de faire appel de ce jugement qui ne lui semble pas acceptable.
    En effet, le baptême constitue un événement à caractère public : des parents, des parrains et marraines sont présents et manifestent par cet acte leur volonté de faire baptiser un bébé. C'est un acte qui a eu lieu, il fait partie de l'histoire, il ne peut donc pas être effacé. Cependant, l'Église accueille les demandes des personnes qui souhaitent renier leur baptême. La procédure consiste à inscrire en marge du nom du demandeur, dans le registre concerné, la mention "a renié son baptême par lettre du... " 8
    Le 10 septembre 2013, la Cour d'appel de Caen annule la décision du tribunal de Coutances (Manche) ; pour la Cour, "la liberté de M. Lebouvier de ne pas appartenir à la religion catholique est (ainsi) respectée sans qu'il y ait lieu à effacement ou correction supplémentaire du document litigieux".

    Les anciens chrétiens considéraient trois sortes d'apostasies :

    1° a supererogatione, celle du prêtre qui revient à l'état laïc
    2° a mandatis Dei, l'apostasie de quiconque, tout en conservant sa croyance, la répudie extérieurement
    3° a fide, celle qui indique une défection totale, un changement de conviction réel.

    Cyrille d'Alexandrie (+ 444), dans son traité De lapsis, nous apprend que, durant les premiers siècles de la religion chrétienne, on infligeait aux apostats qui retournaient au sein de l'Église les pénitences les plus dures.

    L'apostasie (du grec apostasia = abandon) fut aussi sujette à la vindicte des lois civiles et canoniques : l'excommunication, la privation du droit de cité, la perte de toute juridiction étaient les châtiments ordinaires.
    Louis XIV publie des édits très rigoureux contre les catholiques qui embrassent la Réforme ; il ordonne qu'ils soient condamnés à l'amende honorable, au bannissement perpétuel et à la confiscation de tous leurs biens.

    Il n'existe pas de description claire dans le Coran de l'attitude à adopter face à l'apostasie : le Coran indique essentiellement que l'apostasie existe et que Dieu la réprouve : « Et ceux parmi vous qui abjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. » (II, 217)
    Certains pays musulmans punissent de la peine de mort l'apostat, notamment en raison du hadith (propos attribué à Mahomet) suivant : « Le sang d'un musulman, qui accepte qu'il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et que je suis Son prophète, ne peut être versé que dans trois conditions : en cas de meurtre, pour une personne mariée qui s'adonne au sexe de manière illégale, et pour celui qui s'éloigne de l'islam et quitte les musulmans. » 6
    La plupart des théologiens musulmans considèrent que l'islam interdit aux musulmans de changer de religion.

    La loi rabbinique établit que le caractère de juif est transmis par le sang maternel et qu’il est indélébile : même en cas d'apostasie du judaïsme ou de mariage mixte (qui équivaut à une apostasie), tout sujet reste juif selon le Talmud.

    Citations

    Puisque le Baptême signifie la libération du péché et de son instigateur, le diable, on prononce un (ou plusieurs) exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l’huile des catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il renonce explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut confesser la foi de l’Église à laquelle il sera « confié » par le Baptême. (Epître aux Romains 6, 17 et Catéchisme de l'Église catholique, § 1237, 1998)

    Ce bain du baptême est appelé « illumination » parce que ceux qui reçoivent cette connaissance sont illuminés. C'est aussi au nom de Jésus Christ, crucifié sous Ponce Pilate, et nom de l'Esprit Saint qui a proclamé d'avance par les prophètes tout ce qui se rapporte à Jésus, — c'est en leur nom qu'est baptisé celui qui reçoit la lumière. (Première Apologie de Justin + 165)

    L'eau fut, à l'origine des choses, le siège de l'Esprit saint ; l'eau fut le premier des éléments où se manifesta la vie ; est-il donc surprenant que l'eau se retrouve dans le baptême pour donner la vie ? [.] Heureux sacrement que celui de notre baptême ! Quel effet ne produit-il pas ? Il efface la tache de nos péchés passés, il nous rend enfants de Dieu, et nous ouvre l'entrée à la vie éternelle. (Tertullien 230/240, Traité du baptême)

    Quand nous plongeons notre tête dans l’eau, comme dans un sépulcre, le vieil homme est immergé, enseveli tout entier ; quand nous sortons de l’eau, le nouvel homme apparaît simultanément. (Jean Chrysostome 349-407)

    Après le baptême, nous sommes devenus des temples de Dieu ; et si nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n’habite pas seulement dans des temples faits de la main de l’homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l’âme créée à l’image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C’est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous. (Homélie de Césaire d'Arles + 542)

    On dit que le baptême nous nettoie, parce qu'il efface le péché que nous apportons en naissant. (Bossuet 1627-1704)

    Le baptême dans les premiers siècles de l'Église, bien qu'il fût ouvert à tous, conservait néanmoins les caractères d'une initiation. Le baptême était une cérémonie ordinaire de l'introduction des prosélytes dans le sein de la religion juive. (Renan 1823-1892)

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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:42

    Ils rejettent l’eucharistie


    LE SACREMENT DE L'EUCHARISTIE

    Explication théologique

    L’Eucharistie (du grec ancien "eukharistia" : action de grâce) est, pour les Orthodoxes, les Catholiques, les Anglicans, et d'autres Églises chrétiennes qui y reconnaissent un sacrement, l’actualisation du sacrifice du Christ, offert en sacrifice sur la croix et ressuscité. Elle se fonde sur la Cène, le dernier repas de Jésus de Nazareth avec ses apôtres 3.
    "Pendant le repas, Jésus prit du pain et après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : "Prenez et mangez, ceci est mon corps." Il prit ensuite une coupe et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : "Buvez-en tous, car ceci est mon sang, (le sang) de l'alliance, répandu pour beaucoup en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père." (Matthieu 26, 26-29)
    "Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim ; qui croit en moi n’aura jamais soif." (Jean, 6, 35)
    "Qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour." (Jean, 6, 54)

    Le passage qui s’opère du pain au Corps et du vin au Sang reproduit à sa manière sacramentelle le passage de l'ancien monde au monde nouveau, qu'a franchi le Christ en allant par la mort vers la vie.

    Le rite pascal, comme l'Exode qu'il commémorait, est déjà, lui-même un rite de passage : de la captivité d'Égypte à la liberté de la Terre promise, et puis, de plus en plus, de la captivité de la souffrance, du péché, de la mort, à la liberté du bonheur, de la justice, de la vie. Mais les biens messianiques y restent objet d'espérance, et les aliments que l'on bénit ne peuvent les faire goûter que de façon symbolique.

    Dans la Pâque du Christ cela est changé, car l'ère messianique est effectivement arrivée par sa résurrection, et en lui les biens promis sont acquis. Les paroles et les gestes, qui ne pouvaient jadis que symboliser des biens futurs, peuvent désormais réaliser des biens actuels.

    Le corps et le sang eucharistiques ne sont donc pas que le mémorial symbolique d'un événement révolu ; ils sont toute la réalité du monde eschatologique où vit le Christ. Comme tout l'ordre sacramentel 1 dont elle est le centre, l'eucharistie procure au croyant encore plongé dans l'ancien monde le contact physique avec le Christ dans toute la réalité de son être nouveau, ressuscité, "spirituel" (Jean 6,63). Les aliments qu'elle assume changent d'existence et deviennent le vrai "pain des anges" (Psaumes 78,25 ; Sagesse 16,20), la nourriture de l'ère nouvelle. Par leur présence sur l'autel, le Christ mort et ressuscité est réellement présent dans sa disposition éternelle de sacrifice. C'est pourquoi la messe est un sacrifice, identique au sacrifice historique de la croix par toute l'offrande aimante du Christ qui le constitue. Par elle l'Église unit en tout lieu et jusqu'à la fin du monde les louanges et les offrandes des hommes au sacrifice parfait de louange et d'offrande, en un mot "d'eucharistie", qui seul vaut devant Dieu et seul les valorise (Hébreux 13,10-15).

    Le sacrifice est une offrande faite rituellement à une divinité, à un esprit afin de s’attirer ses faveurs, son pardon ou simplement de s’approprier les qualités qu’on lui attribue. Dans les anciens cultes, les sacrifices, avec connotations magiques, étaient nombreux, allant des sacrifices humains aux offrandes de fruits des vergers sacrés ou produits issus du travail des hommes. Dans la Loi de Moïse se distinguent les sacrifices d’expiation, d’oblation, d’action de grâce tandis que l’islam orthodoxe n’emploie le sacrifice que lors du pèlerinage à La Mecque. Il existe de nombreux sacrifices d’animaux dans l’hindouisme offerts notamment aux déesses Kali et Shiva au moment de leurs fêtes. Pour sa part, le bouddhisme refuse les sacrifices car les animaux sont aussi compris dans la règle interdisant de tuer tout être vivant. Pour le christianisme, le sacrifice exemplaire et définitif est celui du Christ devenu lui-même l’Agneau immolé. Ce sacrifice est commémoré par l’eucharistie qui renouvelle par les espèces (pain et vin) le mystère de la Passion du Christ.

    Le service eucharistique

    Le service eucharistique est appelé "eucharistie, sainte Cène ou communion" dans la plupart des Églises protestantes. Il porte le nom de "liturgie divine" chez les orthodoxes de l'Est. Il est nommé "messe" chez les catholiques romains et chez certains anglicans.
    C'est la liturgie chrétienne la plus fondamentale et la plus solennelle.

    Le service comporte deux parties :
    - La première, appelée "liturgie de la parole", comporte la lecture des Écritures, un sermon et des prières. Cette partie, apparemment inspirée du culte célébré par les juifs à la synagogue, fut consacrée au service du pain et du vin depuis le milieu du IIe siècle
    - La seconde partie du service, nommée "service de l'élévation", comprend l'offrande de pain et de vin (associée à des dons en numéraire de la congrégation), la prière eucharistique (ou consécration), la distribution aux fidèles des aliments consacrés, enfin, une bénédiction finale et la dissolution. Cette partie du service trouve son origine dans les anciennes prières traditionnelles, prononcées par les juifs lors des repas.

    La prière eucharistique principale ou "anaphore" (du grec anaphora : offrande), comprend généralement une prière de remerciement pour la création du monde et pour la rédemption de celui-ci par le Christ. Il inclut également un récit de la Sainte Cène, "l'oblation" (ou "anamnèse", l'offrande du pain et du vin en reconnaissance et en souvenir du Christ), "l'épiclèse" ou l'invocation du Saint-Esprit par le pain, le vin et les fidèles, ainsi que des prières d'intercession.

    Chronologie historique

    Le fait de manger un repas en souvenir du Seigneur et de croire en la présence du Christ en rompant le pain est universel dès les premiers temps de l'Église chrétienne.
    La "Didachê", un apocryphe des premiers temps chrétiens, se réfère deux fois assez longuement à l'eucharistie.

    Certaines sectes gnostiques (IIe et IIIe siècles) refusent tous les sacrements, tandis que d'autres observent le baptême et l'eucharistie qu'elles interprètent comme les signes de l'éveil de la gnose.
    Les marcionites (IIe s.) célèbrent le sacrement de l'Eucharistie sans le vin.
    Les encratites et les aquariens emploient l’eau à la place du vin.
    Les artotyrites utilisent du pain et du fromage.

    Ignace d’Antioche (disciple des apôtres, martyrisé en 107), parlant de certains hérétiques qui nient la présence réelle, écrit dans sa Lettre aux habitants de Smyrne : « Ils s'éloignent de l'eucharistie, parce qu'ils ne confessent pas que l'eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, celle qui a souffert pour nos péchés. »

    Justin le Philosophe (+165), élevé dans les idées platoniciennes, est le premier à affirmer positivement la présence réelle du Christ dans le sacrement : « Nous tenons des apôtres que cet aliment qu'on appelle chez nous l'eucharistie, c'est le corps et le sang de celui qui s'est fait homme pour nous. » (Apologétique à l'empereur Antonin). Mais il ne s'était nullement expliqué sur la question de savoir si la substance du pain et du vin disparaissait (transsubstantiation) ou persistait.

    Irénée de Lyon (130-208) admet la présence réelle, mais sans que la substance du pain ou du vin disparaisse (cette opinion sera partagée par Luther) ; il pense même que l'eucharistie communique au corps l'incorruptibilité et la faculté de ressusciter.
    Hilaire de Poitiers (315-367) et Ambroise de Milan (339-397) reprennent sa doctrine.

    Zéphyrin, pape de 199 à 217, établit l’obligation de communier au moins une fois l'an à Pâques.

    Clément d'Alexandrie (150-215), Origène (185-254), Tertullien (155-220), Athanase (295-373), Grégoire de Nazianze (330-390) et Basile de Césarée (329-379) professent l'opinion de la présence mystique, figurée ou spirituelle (cette conception sera celle de Zwingli et Calvin).

    L’évêque et martyr Cyprien de Carthage (+ 258) justifie que le prêtre, avant d'offrir le vin, le mélange d'un peu d'eau : « Si quelqu'un n'offre que du vin, le sang du Christ se trouve être sans nous. Si ce n'est que de l'eau, c'est le peuple qui se trouve sans le Christ » (Lettre 63).

    Le premier concile de Nicée (325) proclame : « Entendons que sur l'autel se trouve l'agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, et qui est immolé par les prêtres d'une manière non sanglante ; et, recevant son corps et son sang précieux, croyons que ce sont là les symboles de notre rédemption. »

    Le premier qui expose nettement la transsubstantiation est Cyrille de Jérusalem (315-386) qui écrit 23 traités sur le credo de l'Église, les rites, le baptême, l'eucharistie et les autres sacrements 1 : « Nous invoquons Dieu miséricordieux pour qu'il envoie son Esprit Saint sur les oblats (ndlr : le pain et le vin) qui sont exposés, afin qu'Il transforme le pain en corps du Christ et le vin en sang du Christ. Ce que l'Esprit Saint touche est sanctifié et transformé totalement ». (Cyrille de Jérusalem, Catéchèses)

    Cyrille est suivi par Jean Chrysostome (344-407) et par Jérôme de Stridon (347-420).
    En revanche, Augustin d'Hippone (354-430) se prononce pour le sens figuré.

    Gélase Ier, pape de 492 à 496, ordonne que le pain et le vin soient utilisés dans la célébration de l'eucharistie ; mais, à son avis, il n’y avait pas de changement de substance ou de nature dans les espèces sacramentelles qui restaient du pain et du vin.

    Césaire d'Arles (470-542), archevêque d’Arles en décembre 502, prescrit : "Tous les hommes qui désirent communier, doivent se laver les mains. Et toutes les femmes doivent porter un voile de lin, sur lequel elles recevront le corps du Christ." (Sermo 227, 5).

    Le concile iconoclaste de Hieria (10 février au 8 août 754) décrète que la "seule icône possible et permise du Christ est l’eucharistie, parce qu’en elle seule se trouvent réunies les deux natures du Christ, l’humaine et la divine".

    Le  second concile de Nicée, tenu en 787, insiste sur la présence réelle : « Il est évident que le Seigneur, ni les apôtres, ni les Pères n'ont jamais parlé de figure ; mais ils ont dit que l'eucharistie contient le corps même et le sang de Jésus-Christ. » (Actes VI)

    Jean Scot Erigène (810-877) écrit un Traité sur l’Eucharistie, considéré comme hérétique, mais approuvé par Bérenger de Tours pour qui le corps et le sang du Christ sont présents sur l’autel, mais d’une présence spirituelle, symbolique du Christ réel, devant laquelle ne disparaissent pas les natures du pain et du vin.

    Bérenger (1000-1088), archidiacre d'Angers, voulant relever l'opinion d'Augustin d'Hippone, celle de la cène purement figurée, le clergé français le défère à un concile tenu à Rome en 1050, concile qui l'excommunie. Cette sentence est renouvelée par plusieurs autres conciles tenus à Brionne (en Normandie), à Verceil, à Paris, à Tours, et plus tard encore à Rome où il se trouve cependant encore une minorité active pour appuyer l'opinion de Bérenger (finalement amené à la conversion et au repentir) et la soutenir opiniâtrement durant trois jours.
    La question est reprise par les protestants au XVIe siècle.

    Jusqu’au XIIe siècle, les enfants communient, aussitôt après leur baptême, avec une petite goutte de vin consacré (cette coutume est encore observée par les Églises d’Orient).
    A partir du XIII siècle, l’usage, entériné par le concile de Trente (1562), est d’attendre "l’âge de discrétion" (12 ans pour les filles, 14 ans pour les garçons). Cet âge sera ramené à 7 ans par Pie X en 1910.

    En 1215, le 4ème concile de Latran définit pour la première fois la transsubstantiation : « Il n'y a qu'une seule Église universelle des fidèles, hors de laquelle nul n'est absolument sauvé, et dans laquelle Jésus-Christ est le prêtre et la victime, dont le corps et le sang sont véritablement dans le sacrement de l'autel sous les espèces du pain et du vin ; le pain étant transsubstantié au corps de Jésus-Christ, et le vin en son sang, par la puissance divine... » (Canon 1).
    Il décrète que tous les fidèles doivent se confesser et communier au moins une fois par an, à Pâques (canon 21 : Omnis Utriusque Sexus).

    Thomas d’Aquin (1225-1274) explique la présence du Christ dans l’eucharistie par la transsubstantiation.

    Pour lutter contre la pratique des hussites, nommés utraquistes parce qu’ils communient sous les deux espèces (en latin sub utraque species), le concile de Constance, qui condamne Jan Hus, décrète : « Quoique dans la primitive Église ce sacrement ait été reçu par les fidèles sous les deux espèces, néanmoins, dans la suite, il n'a été reçu sous l'une et l'autre espèce que par les prêtres célébrants, et sous la seule espèce du pain pour les laïques, parce qu'on doit croire fermement et sans aucun doute, que tout le corps et le sang de Jésus-Christ est vraiment contenu sous l'espèce du pain. C'est pourquoi cette coutume introduite par l'Église doit être regardée comme une loi qu'il n'est pas permis de rejeter ou de changer à son gré, sans l'autorité de l'Église : et, dire que l'observation de cette coutume est sacrilège ou illicite, c'est tomber dans l'erreur ; et ceux qui assurent opiniâtrement le contraire doivent être chassés comme hérétiques et grièvement punis ou même livrés au bras séculier s'il était nécessaire » (XIIIe session, 15 juin 1415).

    Du 1er au 4 octobre 1529, le colloque de Marbourg réunit les personnages clés du protestantisme pour débattre de la présence du Christ lors de la Cène : d'un côté se trouvent Martin Luther, Brenz, Osiander et Melanchthon, de l'autre Zwingli et Oecolampade.
    Martin Luther (1483-1546) enseigne la consubstantiation, selon laquelle le Christ est présent "dans, avec et sous les éléments" (la présence du Christ est réelle mais la substance des espèces demeure).

    Ulrich Zwingli (1484-1531) réfute toute liaison réelle entre le pain et le vin et le corps et le sang du Christ. Selon lui, lors de la célébration de la Sainte Cène, qui rappelle aux fidèles les paroles et les actes du Seigneur, le Christ est parmi eux par le pouvoir du Saint-Esprit ; le pain et le vin rappellent la Sainte Cène, mais ils ne subissent aucune transformation métaphysique.
    Jean Calvin (1509-1564) affirme que le Christ est présent symboliquement et par son pouvoir spirituel, qui est transmis par son corps, aux âmes des fidèles lorsqu’ils partagent l'eucharistie. Ce point de vue, appelé "présence dynamique", représente le juste milieu entre la doctrine de Luther et celle de Zwingli.
    Guillaume Farel nie la transsubstantiation.

    La doctrine anglicane affirme la présence réelle du Christ, sans préciser comment.

    Le concile œcuménique de Trente (1545-1563) décrète : « Si quelqu'un dit que les sacrements de la Nouvelle Loi n'ont pas été tous institués par notre Seigneur Jésus-Christ ; ou qu'il y en a plus ou moins de 7, savoir, le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage ; ou que quelqu'un de ces 7 n'est pas proprement et véritablement un sacrement : qu'il soit anathème. »

    Les sacrements agissent "ex opere operato", en vertu de Dieu lui-même, indépendamment de la foi ou de la vertu du prêtre qui les administre.

    Le concile confirme le dogme de la transsubstantiation : « Avant tout, le saint concile professe nettement et simplement que "in almo sanctae Eucharistiae sacramento post panis et uini consecrationem Dominum nostrum lesum Christum uerum Deum atque hominem uere, realiter ac substantialiter sub sperie illamm rerum sensibilium contineri " (dans le saint sacrement de l'eucharistie, après la consécration du pain et du vin, Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est réellement présent sous les apparences de ces choses sensibles). » (Session XIII, chap. I) « Si quelqu'un dit que, dans le très saint sacrement de l'eucharistie, la substance du pain et du vin demeure avec le corps et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ, et qu'il nie ce changement admirable et unique de toute la substance du pain en son corps et de toute la substance du vin en son sang, tandis que demeurent les apparences du pain et du vin, changement que l'Église catholique appelle de manière très appropriée "transsubstantiation", qu'il soit anathème ! » (Session XIII, Canon 2)]

    L’assemblée tridentine rejette non seulement la doctrine des sacramentaires (la cène, cérémonie du souvenir) et celle de Calvin (présence réelle mais spirituelle) mais encore la consubstantiation luthérienne ("le Christ est dans le pain et le vin comme le feu dans le fer rouge"). Elle réaffirme la "merveilleuse et unique conversion de toute la substance du pain au corps et de toute la substance du vin au sang du Christ" et, contre tous les protestants, déclara que la messe est bien un sacrifice par lequel le Sauveur continue d’appliquer la vertu salutaire de sa mort à la rémission des péchés.

    En 1548 Charles Quint autorise la communion sous les deux espèces.

    Le 19 février 1563, la Convocation de Cantorbéry en Angleterre débouche sur la publication des 39 articles de foi approuvés par la Chambre des communes, le 13 décembre 1562 : ils rejettent les principes théologiques du catholicisme, notamment celui de la transsubstantiation, lors de l'Eucharistie, tout en affirmant la présence réelle du Christ, mais sans préciser comment.

    En 1905, Pie X appelle à la communion fréquente et même quotidienne.
    Le 8 août 1910, le décret Quam singulari sur la première communion des enfants précise : "L'âge de discrétion, aussi bien pour la communion que pour la confession, est celui où l'enfant commence à raisonner, c'est à dire vers sept ans, soit au-dessus, soit même au-dessous. Dès ce moment commence l'obligation de satisfaire au double précepte de la confession et de la communion".

    Par l’encyclique Mysterium fidei du 3 septembre 1965, Paul VI rappelle l’enseignement traditionnel afin de corriger les opinions de quelques théologiens catholiques modernes qui insistent plus sur la valeur de l'eucharistie pour celui qui la reçoit que sur la réalité de la présence du Christ dans le pain et le vin.

    Le 30 juin 1968, Paul VI prononce solennellement le Credo du peuple de Dieu qui proclame : "Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la Sainte Cène ont été changés en son Corps et son Sang qui allaient être offerts pour nous sur la croix, de même le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés au corps et au sang du Christ glorieux siégeant au ciel, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous ce qui continue d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est une présence vraie, réelle et substantielle."

    Selon le canon 924 du Code de droit canon de 1983 : « Le pain eucharistique doit être de pur froment et confectionné récemment. Le vin doit être du vin naturel de raisin et non corrompu ».
    En France, on utilise généralement du vin blanc car il tache moins. En pays de mission, lorsqu’il n’est pas possible de trouver du vin, on peut faire macérer des raisins secs dans de l’eau et en extraire le jus.

    Le 94ème synode protestant, réuni du 24 au 27 mai 2001, décide de rendre possible la communion avant le baptême.

    Le 17 avril 2003, l’encyclique de Jean-Paul II (sa 14ème) sur l’eucharistie rappelle qu’il désapprouve les intercommunions.

    Le 15 juillet 2010, la Congrégation pour la doctrine de la foi publie les Nouvelles Normes sur les délits les plus graves (modifications apportées aux Normae de gravioribus delictis de 2001).

    "Art. 3 - § 1. Les délits les plus graves contre la sainteté du très auguste Sacrifice et sacrement de l’Eucharistie réservés au jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sont :

    1° le détournement ou la conservation à une fin sacrilège, ou la profanation des espèces consacrées dont il s’agit au can. 1367 du Code de droit canonique et du can. 1442 du Code des Canons des Églises orientales
    2° la tentative de célébration liturgique du Sacrifice eucharistique dont il s’agit au can. 1378 § 2 n. 1 du Code de droit canonique
    3° la simulation de la célébration liturgique du Sacrifice eucharistique dont il s’agit au can. 1379 du Code de droit canonique et du can. 1443 du Code des Canons des Églises orientales
    4° la concélébration du Sacrifice eucharistique interdite par le can. 908 du Code de droit canonique et du can. 702 du Code des Canons des Églises orientales, dont il s’agit au can. 1365 du Code de droit canonique et du can. 1440 du Code des Canons des Églises orientales, avec des ministres des communautés ecclésiales qui n’ont pas la succession apostolique et ne reconnaissent pas la dignité sacramentelle de l’ordination sacerdotale.

    Est également réservé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le délit consistant à consacrer à une fin sacrilège une seule matière ou les deux au cours de la célébration eucharistique ou en dehors d’elle. Celui qui commet ce délit sera puni selon la gravité du crime, sans exclure le renvoi ou la déposition."

    Le 14 avril 2012, Benoît XVI écrit aux évêques allemands que "Jésus, lors de la dernière Cène, dit que son sang sera répandu pour beaucoup". Les versions postconciliaires ont lu dans le pro multis un imaginaire "pro omnibus" ; et, au lieu de "pour beaucoup", elles ont traduit "pour tous". Dans cette affaire, Benoît XVI exhorte les évêques à préparer le clergé et les fidèles, par une catéchèse appropriée, à un changement qui devra de toute façon être effectué. Après cette lettre, il est donc facile de prévoir que le "pour beaucoup" sera également rétabli dans les messes célébrées en Italie, en dépit du vote contraire émis par les évêques en 2010 (source : VIS et Chiesa) : "Pendant le repas, Jésus prit du pain et après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : "Prenez et mangez, ceci est mon corps." Il prit ensuite une coupe et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : "Buvez-en tous, car ceci est mon sang, (le sang) de l'alliance, répandu pour beaucoup en rémission des péchés." (Mathieu XXVI, 26-27, Traduction en français du Chanoine Crampon)

    Le tabernacle

    Le tabernacle, du latin "tabernaculum" (tente) est, dans le culte catholique, une petite armoire réservée aux hosties consacrées (elle avait autrefois la forme d’une église miniature). Le voile (conopée) recouvrant le tabernacle symbolise la tente de l’Exode.
    Chez les Hébreux, le tabernacle contenait l'arche de l'alliance. Dans le temple de Jérusalem édifié par Salomon, il devint le Saint des saints.
    Où qu’il se trouve, le tabernacle rappelle le temple des origines, l'arche de l'alliance, le coffre recelant une part de l'énergie divine ; il préfigure la Jérusalem céleste. Dans une synagogue, le tabernacle renferme les rouleaux de la Torah.
    La fête des Tabernacles (Soukkoth) est l'une des grandes fêtes du judaïsme.
    Chez les Égyptiens, le tabernacle renfermait les représentations des grands dieux de la cosmogonie osirienne.

    Le pain azyme

    Le pain azyme est un pain sans levain que les Juifs mangent pour la Pâque en mémoire de la manne qui leur fut donnée alors qu'ils étaient dans le désert après la traversée de la mer Rouge et leur sortie d'Égypte.
    Dans le culte catholique, le pain azyme est utilisé pour confectionner les hosties de l'Eucharistie.
    À l'inverse de l'Église catholique romaine, l'Église orthodoxe utilise du pain avec levain, ce qui constitua l'un des griefs dressés contre les azymites lors du schisme de 1054.

    Le baiser de paix

    « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser ! » (2 Corinthiens 13,12)
    « Saluez tous les frères par un saint baiser ! » (1 Thessaloniciens 5,26)
    Le baiser était le signe de reconnaissance des premiers chrétiens entre eux et rappelait le "baiser de paix" donné pendant la messe.
    Le rite du baiser de paix s’est conservé sous des formes variées et à des places diverses dans les différents rites.
    En 416 le pape Innocent Ier souhaita que le baiser de paix fût donné une fois la messe achevée pour manifester l’effet ultime du sacrement : l’amour mutuel de tous les communiants.
    Au Moyen Âge, pendant la messe et avant la communion, les fidèles se transmettaient de l'un à l'autre le baiser de la foi (ou baiser de paix) que l'officiant avait donné, en premier, à la personne la plus proche de lui.

    Disparu progressivement à partir du XIIIe siècle, ce rite du baiser de paix a été repris depuis par le concile Vatican II et s'accompagne désormais de la formule : "La Paix du Christ".

    Citations

    Nous ne prenons pas l'Eucharistie comme un pain ordinaire ou une boisson ordinaire. De même que Jésus Christ notre Sauveur, en s'incarnant par la Parole de Dieu, a pris chair et sang pour notre salut : ainsi l'aliment devenu eucharistie par la prière contenant sa parole, et qui nourrit notre sang et notre chair en les transformant, cet aliment est la chair et le sang de ce Jésus qui s'est incarné. Voilà ce qui nous est enseigné (Justin le Martyr + 165, Première apologie).
    Personne ne doit prendre part à l'Eucharistie, sinon celui qui croit à la vérité de notre doctrine, qui a été baptisé pour obtenir le pardon des péchés et la nouvelle naissance, et qui vit selon l'enseignement que le Christ nous a transmis (Justin le Martyr).

    Notre chair se nourrit du corps et du sang de Jésus-Christ, en sorte que notre âme s'engraisse de Dieu même. (Tertullien + 222, Livre de la Résurrection des corps)

    Lorsque vous recevez la sainte nourriture et cet aliment incorruptible, lorsque vous goûtez le pain et la coupe de la vie, vous mangez la chair et vous buvez le sang du Seigneur. (Origène + 254)

    Durant la Cène, Jésus s’est immolé lui-même ; sur la Croix, Il fut immolé par les autres. (Ephrem le Syrien + 313)

    C'est une chose merveilleuse, que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères, et qu'ils aient mangé quotidiennement cet aliment du ciel. De là cette parole : L'homme a mangé le pain des anges. Et pourtant, ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Au contraire, cette nourriture que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit la substance de la vie éternelle, et celui qui le mange ne mourra jamais, car c'est le corps du Christ [.]
    Le pain, avant la consécration, c'est du pain ; mais quand le moment de la consécration est venu, du pain se fait la chair de Jésus-Christ ! Par quelle parole ? Par la parole qui a tout créé. Avant la création, le ciel n’était pas ; mais écoutez ce que dit la sainte Écriture : « Il a parlé, et ces choses ont été faites ; il a commandé, et elles ont été créées. » Ainsi je vous réponds : avant la consécration, ce n'était pas le corps de Jésus-Christ ; mais après la consécration, c'est le sacrement du corps de Jésus-Christ. Le Seigneur Jésus lui-même nous crie : "Ceci est mon corps". (Ambroise de Milan + 397, Livre des Mystères, IX)

    Cette cité rachetée tout entière, c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, est offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le grand prêtre qui, sous la forme d’esclave, est allé jusqu’à s’offrir pour faire de nous le corps d’une tête si admirable. [...] Voilà pourquoi, après nous avoir exhortés à offrir nos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, comme un hommage spirituel [...] parce que le sacrifice en sa totalité c’est nous-mêmes [...] Tel est le sacrifice des chrétiens : à plusieurs n’être qu’un seul corps dans le Christ. (Augustin d'Hippone + 430, La Cité de Dieu, X, 6)

    Quand tu reçois le Corps du Christ, tu dis « Amen » à ce que tu deviens ! (Augustin)

    Le Christ est le pain semé dans le sein de la Vierge Marie, levé dans la chair, formé dans sa Passion, cuit ans le four du tombeau, conservé dans les églises et distribué chaque jour aux fidèles comme une nourriture céleste placée sur les autels. (Pierre Chrysologue + 451, Sermon sur le Notre Père)

    Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature afin de diviniser les hommes, lui qui s'est fait homme. En outre, ce qu'il a pris de nous, il nous l'a entièrement donné pour notre salut. En effet, sur l'autel de la croix il a offert son corps en sacrifice à Dieu le Père afin de nous réconcilier avec lui ; et il a répandu son sang pour qu'il soit en même temps notre rançon et notre baptême : rachetés d'un lamentable esclavage, nous serions purifiés de tous nos péchés. Et pour que nous gardions toujours la mémoire d'un si grand bienfait, il a laissé aux fidèles son corps à manger et son sang à boire, sous les dehors du pain et du vin. ~ Aucun sacrement ne produit des effets plus salutaires que celui-ci : il efface les péchés, accroît les vertus et comble l'âme surabondamment de tous les dons spirituels ! Il est offert dans l'Église pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous. Enfin, personne n'est capable d'exprimer les délices de ce sacrement, puisqu'on y goûte la douceur spirituelle à sa source et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable, que le Christ a montré dans sa passion. (Thomas d'Aquin + 1274, Le mystère de l'eucharistie)

    Je vous rends grâces, Seigneur, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel : moi pécheur, votre indigne serviteur, sans aucun mérite de ma part, mais uniquement à cause de votre miséricorde, vous avez bien voulu me rassasier du Corps et du Sang si précieux de votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Et je vous demande que cette communion sainte ne fasse pas de moi un homme digne de châtiment, mais qu'elle m'assure le bienfait du pardon. Qu'elle soit l'armure de ma foi, le bouclier de ma volonté dans le bien. Qu'elle me débarrasse de mes défauts, qu'elle fasse disparaître de moi concupiscence et inclinations impures ; qu'elle fasse croître charité et patience, humilité et obéissance et toutes les vertus. Qu'elle m'aide à éviter les pièges de mes ennemis, visibles et invisibles ; qu'elle apaise parfaitement en moi les mouvements de la chair et de l'esprit ; que, par des liens solides, elle m'attache à vous, unique et vrai Dieu ; qu'elle me conduise heureusement jusqu'au terme de ma destinée. Je vous demande enfin de bien vouloir m'introduire, moi pécheur, à ce festin ineffable, où vous êtes pour vos saints, avec votre Fils et l'Esprit-Saint, la lumière véritable, la plénitude du bonheur, la joie éternelle, le comble de tous les désirs et la béatitude parfaite. Par le Christ notre Seigneur. Amen. (Prière de Thomas d'Aquin)

    Béni sois-tu, Jésus-Christ, mon Seigneur, qui as prédit ta mort avant l’heure. Qui, à la dernière Cène, as merveilleusement consacré avec du pain matériel ton corps qui nous rachète. Qui l’as donné par amour aux apôtres en mémoire de ta très précieuse passion. Toi qui, en leur lavant les pieds de tes très saintes et nobles mains, leur as donné humblement un modèle d’humilité. (Prière attribuée à Brigitte de Suède + 1373)

    Jésus-Christ est en personne dans l'eucharistie, et nous y donne son corps en substance. (Bossuet + 1704)

    Averroès a appelé la religion chrétienne une religion impossible à cause de l'eucharistie. (Renan +1892)

    Adorer le Dieu de Jésus-Christ, qui, par amour, est devenu pain rompu, est le plus valable et radical recours contre les idolâtries d’hier et d’aujourd’hui. S’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté : celui qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit pas se prosterner devant tout pouvoir terrestre, quel qu’en soit la force. Nous les chrétiens nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement, parce qu'en lui nous savons et nous croyons qu'est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l'a tant aimé au point de lui donner son Fils unique. (Benoît XVI, 24 mai 2008)

    La lecture du 6ème chapitre de l’évangile de Jean, qui nous accompagne dans la liturgie de ces dimanches, nous a conduits à réfléchir sur la multiplication du pain, par laquelle le Seigneur a nourri une foule de cinq mille hommes, et sur l’invitation qu’adresse Jésus à tous ceux qu’il a rassasiés, à travailler pour une nourriture qui demeure pour la vie éternelle. Jésus veut les aider à comprendre la signification profonde du prodige qu’il a opéré : en rassasiant leur faim physique de manière miraculeuse, il les dispose à accueillir l’annonce qu’il est le pain descendu du ciel (cf Jn 6, 41), qui rassasie définitivement. (Benoît XVI, 12 août


    LES BOGOMILES Eucharistie
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