Ils rejettent la naissance divine du Christ (et même la réalité de sa forme humaine) et les sacrements du baptême, de l’eucharistie et du mariage. Les initiés sont appelés "Parfaits".
LE BAPTEME
Le mot "baptême" dérive du verbe grec "baptein/baptizein" (plonger, laver).
Le baptême comporte normalement une immersion dans l'eau (Ac 8,38) ou du moins, si elle n'est pas possible, une aspersion d'eau sur la tête, ainsi qu'en témoigne la Didachê (7,3).
C’est au XIVème siècle qu'est substitué au baptême par triple immersion le baptême par triple "infusion" en faisant couler l'eau sur la tête de l'enfant.
Le baptême est suivi de l'imposition des mains qui obtient le don plénier du Saint Esprit (Actes 8,15 ; 19,6).
Le symbolisme de l'eau comme signe de purification et de vie est trop fréquent dans l'histoire des religions pour que son existence puisse surprendre dans les mystères païens (eau lustrale).
Grecs et Romains utilisent de l'eau bénite.
Tertullien nous apprend que ceux qui célébraient les jeux Apollinaires et Eleusiniens étaient obligés de se baptiser, c'est-à-dire de prendre un bain, afin de se régénérer et d'obtenir l'impunité de leurs crimes.
Longtemps avant que les premières lueurs du christianisme eussent pénétré dans le Nord, le baptême, sous la forme d'une ablution avec de l'eau, était en usage chez les peuples scandinaves.
La première partie de l'Edda, la partie poétique, la plus ancienne, met dans la bouche même d'Odin, le Dieu suprême, ces paroles significatives : « Si je veux qu'un homme ne périsse jamais dans les combats, je l'arrose avec de l'eau lorsqu'il vient de naître. »
Les Livoniens (au sud de l’Estonie et au nord de la Lettonie actuelles) pratiquaient la même coutume, qui n'était pas inconnue des Germains, puisque le pape Grégoire III (731-741), dans une lettre adressée à Boniface, l'apôtre du christianisme en Allemagne, lui prescrit tout ce qu'il doit faire pour ménager les usages déjà existants et les concilier avec le nouveau cérémonial.
Le baptême apparaît dans plusieurs événements de l'Histoire sainte qui seront regardés dans la suite comme des préfigurations du baptême : le déluge par exemple (I Pierre 3,20) ou le passage de la mer Rouge (I Corinthiens 10,1).
La Loi impose dans de nombreux cas d'impureté des ablutions rituelles qui purifient et rendent apte au culte (Nombres 19,2-10 ; Deutéronome 23,10).
Les prophètes annoncent une effusion d'eau purificatrice du péché (Zacharie 13, 1).
Ézéchiel associe cette lustration eschatologique au don de l'Esprit de Dieu (Ezéchiel 36,24-28 ; Psaumes 51,9-12).
Le judaïsme postexilien multiplie les ablutions rituelles. Elles deviennent d'une minutie extrême et n'échappent pas au formalisme chez les pharisiens contemporains de l'Évangile (Marc 7,1-5). Ces pratiques symbolisent la purification du cœur et peuvent contribuer à l'obtenir quand s'y joignent des sentiments de repentir. Vers l'époque du Nouveau Testament, les rabbins baptisent les prosélytes, païens d'origine, qui s'agrègent au peuple juif (Matthieu 23,15). Il semble même que certains considèrent ce baptême comme aussi nécessaire que la circoncision.
Les bains rituels sont fréquents chez les Esséniens (selon Josèphe), ainsi que dans les communautés de Damas et de Qumran.
Cependant le bain n'est pas ici un rite d'initiation ; on n'y est admis qu'après une longue épreuve destinée à manifester la sincérité de la conversion.
Il est quotidien, exprimant l'effort vers une vie pure et l'aspiration à la grâce purificatrice.
On se plonge soi-même dans l'eau, tandis que les pénitents qui se présenteront à Jean recevront le baptême de ses mains et une fois pour toutes.
Carl Gustav Jung (1875-1961) et d'autres psychanalystes pensent que le baptême (immersion) symbolise la vie intra utérine qui précède un nouvel être.
L'Église catholique reconnaît également le baptême de sang : une personne n'ayant pas reçu le baptême par l'eau mais morte à cause de ses convictions chrétiennes est pleinement baptisée.
Le baptême de Jean
Le baptême de Jean peut être comparé au baptême des prosélytes qui introduisait dans le peuple d'Israël. Le baptême de Jean réalise une sorte d'agrégation à la véritable postérité d'Abraham (Mt 3, 9), au Reste d'Israël, désormais soustrait à la colère de Dieu (Matthieu 3, 7-10) et attendant le Messie qui vient. Il est proposé au peuple juif tout entier et non pas seulement aux pécheurs et aux prosélytes. C'est un baptême unique, donné dans le désert, en vue du repentir et du pardon (Marc 1, 4). Il comporte l'aveu des péchés et un effort de conversion définitive que le rite doit exprimer (Mt 3 ,6). Jean insiste sur la pureté morale ; il ne demande ni aux publicains ni aux soldats d'abandonner leurs fonctions (Luc 3, 10-14).
Le baptême de Jean n'établit qu'une économie provisoire : c'est un baptême d'eau, préparatoire au baptême messianique dans l'Esprit Saint et le feu (Mt 3, 11 ; Actes 1, 5 - 11, 16 - 19, 3), purification suprême (Psaumes 51) qui inaugurera le monde nouveau et dont la perspective paraît ici se confondre avec celle du jugement. En fait, le don de l'Esprit, envoyé par le Messie glorifié va se distinguer du jugement (Lc 3, 16).
En se présentant pour recevoir le baptême de Jean, Jésus se soumet à la volonté de son Père (Mt 3, 14) et se range humblement parmi les pécheurs. Il est l'Agneau de Dieu qui prend ainsi sur lui le péché du monde (Jean 1, 29-36). Le baptême de Jésus dans le Jourdain annonce et prépare son baptême "dans la mort" (Lc 12, 50 ; Mc 10, 38), encadrant ainsi sa vie publique entre deux baptêmes. C'est aussi ce que veut dire Jean l'évangéliste, quand il rapporte que l'eau et le sang s'écoulèrent du côté de Jésus transpercé (Jean 19,34) et quand il affirme que l'Esprit, l'eau et le sang sont intimement unis (I Jean 5 ,6-8). Le baptême de Jésus par Jean est couronné par la descente de l'Esprit Saint sous forme de colombe et la proclamation par le Père céleste de sa filiation divine. La venue de l'Esprit sur Jésus est une investiture qui répond aux prophéties (Isaïe 11, 2 ; 42, 1 ; 61, 1) ; elle est en même temps l'annonce de la Pentecôte, qui inaugurera le baptême dans l'Esprit, pour l'Église (Ac 1, 5 ; 11, 16) et pour tous ceux qui y entreront (Ephésiens 5, 25-32 ; Tite 3, 5). La reconnaissance de Jésus comme Fils annonce la filiation adoptive des croyants, participation à celle de Jésus et conséquence du don de l'Esprit (Galates 4 ,6). En effet, le "baptême dans la mort" doit conduire Jésus à sa résurrection. En recevant la plénitude de l'Esprit, son humanité glorifiée sera constituée "Esprit vivifiant" (I Corinthiens 15, 45), communiquant l'Esprit à ceux qui croient en lui. Jean-Baptiste annonçait le baptême dans l'Esprit et dans le feu (Mt 3, 11). L'Esprit est le don messianique promis. Le feu est le jugement qui commence à s'accomplir à la venue de Jésus (Jn 3, 18-21 ; 5, 22-25 ; 9, 39). L'un et l'autre sont inaugurés dans le baptême de Jésus qui prélude à celui de ses fidèles.
Paul voit le baptême chrétien annoncé dans le passage de la mer Rouge qui délivre Israël de la servitude (I Co 10, 1). Sa réalisation effective commence à la Pentecôte qui est comme le baptême de l'Église dans l'Esprit et le feu. Pierre prêche aussitôt à ses auditeurs, attirés par le prodige, la nécessité de recevoir le baptême dans des sentiments de repentir, afin d'obtenir la rémission des péchés et le don du Saint Esprit ; ce qui a lieu aussitôt (Ac 2, 38-41). Cette manière d'agir suppose un ordre donné par le Christ, tel qu'il est annoncé par Jn 3, 3 et expressément formulé après la Résurrection (Mt 28, 19 ; Mc 16, 16).
Le 3 juillet 2015, l'UNESCO inscrit, parmi les Trésors de l'humanité, le lieu du baptême du Christ sur la rive jordanienne du Jourdain.
Doctrine baptismale de Paul
Paul approfondit et complète la doctrine baptismale qui résultait des enseignements du Sauveur (Marc 10, 38) et de la pratique de l'Église (Romains 6, 3).
Le baptême conféré au nom du Christ (I Corinthiens 1, 13) unit à la mort, à l'ensevelissement et à la résurrection du Sauveur (Romains 6, 3 ; Colossiens 2, 12).
L'immersion représente la mort et la sépulture du Christ ; la sortie de l'eau symbolise la résurrection en union avec lui.
Le baptême fait mourir le corps en tant qu'instrument du péché (Rm 6,6), et fait participer à la vie pour Dieu dans le Christ (6, 11). La mort au péché et le don de la vie sont inséparables ; l'ablution d'eau pure est en même temps aspersion du sang du Christ, plus éloquent que celui d'Abel (Hébreux 12, 24 ; I Pierre 1, 2), participation effective aux mérites acquis en droit pour tous par le Christ au Calvaire, union à sa résurrection et, en principe, à sa glorification (Ephésiens 2,5).
Le baptême est donc un sacrement pascal, une communion à la Pâque du Christ ; le baptisé meurt au péché et vit pour Dieu dans le Christ (Rm 6, 11), il vit de la vie même du Christ (Galates 2, 20 ; Philippiens 1, 21). La transformation ainsi réalisée est radicale ; elle est dépouillement et mort du vieil homme et revêtement de l'homme nouveau (Rm 6, 6 ; Colossiens 3, 9 ; Ephésiens 4, 24), création nouvelle à l'image de Dieu (Galates 6, 15). Un enseignement analogue, mais plus sommaire, se trouve dans I P 3, 18-21, qui voit dans le passage de Noé à travers les eaux du déluge l'annonce du passage du chrétien pas les eaux du baptême, passage libérateur grâce à la résurrection du Christ.
Le baptême au Nom de Jésus-Christ ou du Seigneur Jésus (Actes 2, 38 ; 8, 16 ; 10, 48 ; 19, 5 ; I Co 6, 11) signifie que le baptisé appartient au Christ, qu'il est intérieurement associé à lui. Cet effet capital est détaillé sous diverses formes : le baptisé revêt le Christ, il est un avec lui (Ga 3, 27 ; Rm 13, 14) ; tous ceux qui reçoivent le baptême sont en outre unis entre eux dans l'unité même du Christ (Ga 3, 28) et de son Corps glorifié (I Co 12, 13 ; Ep 4, 4) ; ils ne font plus désormais qu'un esprit avec le Christ (I Co 6, 17). Le baptême au Nom de Jésus supposait sans doute l'emploi d'une formule où le Christ était seul mentionné. La formule trinitaire, qui a ensuite prévalu (Didachê 7, 1-3), dérive de Matthieu (28, 19) : "Je te baptise au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit" (Ego te baptizo in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti). Elle exprime que le baptisé, uni au Fils, l'est en même temps aux deux autres personnes : le croyant reçoit en effet le baptême au nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de Dieu (I Corinthiens 6, 11) ; il devient le temple de l'Esprit (6, 19), l'enfant adoptif du Père (Galates 4, 5), le frère et cohéritier du Christ, vivant intimement de sa vie et destiné à partager sa gloire (Romains 8, 2-9-17-30 ; Ephésiens 2 ,6).
Le baptême suppose qu'on a entendu la prédication évangélique et confessé la foi en Jésus-Christ (Actes 16, 30), dont l'article essentiel qui résume et contient les autres est la résurrection du Christ (Rm 10, 9). L'objet de la foi peut cependant être implicitement connu quand l'Esprit est donné avant le baptême (Ac 10, 44-48), et il semble que la foi du père de famille peut valoir pour tous les siens : ainsi pour Corneille et le geôlier de Philippes (Ac 10, 47 ; 16, 33). Mais la foi au Christ n'est pas seulement adhésion de l'esprit au message évangélique ; elle comporte une conversion totale, une donation entière au Christ qui transforme toute la vie. Elle aboutit normalement à la demande du baptême qui en est le sacrement et dans la réception duquel elle reçoit sa perfection. Paul ne l'en sépare jamais ; et quand il parle de la justification par la foi, c'est pour l'opposer à la prétendue justification par les œuvres de la Loi dont se réclamaient les judaïsants. Il suppose toujours que la profession de foi est couronnée par la réception du baptême (Ga 3, 26). Par la foi, l'homme répond à l'appel divin que lui a manifesté la prédication apostolique (Rm 10, 14), réponse qui d'ailleurs est l'œuvre de la grâce (Ep 2 ,8). Au baptême l'Esprit s'empare du croyant, l'agrège au corps de l'Église et lui donne la certitude qu'il est entré dans le Royaume de Dieu. Le sacrement n'agit pas d'une manière magique. La conversion totale qu'il exige doit être le point de départ d'une vie nouvelle dans une fidélité inébranlable.
D'autres aspects soulignent la profondeur de la transformation spirituelle réalisée au baptême. Celui-ci a été pour le catéchumène une nouvelle naissance de l'eau et de l'Esprit (Jean 3, 5), un bain de régénération et de renouvellement dans l'Esprit Saint (Tite 3,5), un sceau imprimé dans son âme (2 Co 1, 22 ; Ep 1, 13 ; 4, 30), une illumination qui l'a fait passer des ténèbres du péché à la lumière du Christ (Ep 5, 8-14 ; Hébreux 6, 4), une circoncision nouvelle, qui l'a agrégé au nouveau peuple de Dieu (Colossiens 2, 11 ; Ep 2, 11-22). Tout se résume dans la qualité de fils de Dieu (I Jean 3, 1) qui lui confère une dignité incomparable. Il ne s'agit pas d'un état nouveau statique, mais d'une entrée dans un état dynamique, vie supérieure dont le chrétien ne doit jamais déchoir, d'où l'existence d'un effort constant pour rendre toujours plus effective la mort au péché et la vie pour Dieu (Rm 6, 12).
L'accent est mis tantôt sur l'union à la Passion, tantôt sur la Résurrection ; ces deux aspects se réfèrent à l'unique réalité pascale et demeurent indissolublement liés. Uni à la Pâque du Christ par des efforts et une fidélité généreuse, le baptisé se prépare à entrer dans son Royaume glorieux (Colossiens 1, 12) et dans la possession du céleste héritage dont il possède les prémices par le don de l'Esprit (2 Corinthiens 1, 22 ; Ephésiens 1, 14).
Effets du baptême
Les effets attribués au baptême par la doctrine catholique sont de trois sortes :
- l'effacement du péché originel
- la rémission des péchés actuels
- l’impression dans l'âme du baptisé d'un caractère surnaturel indélébile.
Athanase écrit, vers 318, (Sur l’incarnation du Logos), que le Logos (la Parole) est devenu homme afin que les hommes deviennent dieux. Le péché a voué les hommes à une corruption dont l’aboutissement est la mort. En prenant une chair, le Logos a "récapitulé" en lui l’humanité tout entière et l’a revêtue de sa propre incorruptibilité. Le baptême permet à tout homme de participer à cette divinisation.
Baptême pour les morts
Certains se font "baptiser pour les morts" à l’époque de Paul qui ne condamne pas cette pratique (I Corinthiens 15,29).
Le concile de Carthage interdit le baptême pour les morts en 397.
Les membres de la communauté des Mormons, fondé en 1820, se font baptiser pour leurs morts (leurs ancêtres) afin de les retrouver dans la vie éternelle, car ils croient qu'il faut être baptisé pour être sauvé.
Anne Frank et sa famille figurent sur les registres des baptisés mormons, tout comme Adolf Hitler, Joseph Staline, Winston Churchill, Charles De Gaulle, Gengis Khan, Jeanne d'Arc, et même Bouddha.
L'Église catholique enseigne que, sans le baptême, Dieu peut donner la vie éternelle, car les dons de Dieu ne sont pas limités aux sacrements : ceux-ci en sont les signes.
Baptême des enfants
L'usage de baptiser les enfants est introduit de très bonne heure dans l'Église.
Si on trouve dans quelques Pères, tels qu'Irénée (130-208), Origène (185-250) et Cyprien de Carthage (200-258), des traces du baptême accordé aux jeunes enfants, on trouve chez d'autres Pères la condamnation formelle de cet usage : « Quelle nécessité y a-t-il, dans un âge innocent, de se hâter de racheter ses péchés ? » (Tertullien 155-220)
Origène nous apprend que le baptême des enfants était, de son temps, général en Égypte.
Il le justifie par la tradition apostolique ; il y puise même un argument en faveur de sa théorie de la préexistence des âmes.
Grégoire de Nazianze (+ 390) dit que les enfants morts sans baptême "n’auront ni gloire céleste, ni tourments. Celui qui ne mérite pas le supplice n’est pas, par le fait, digne d’honneur, de même que celui qui est indigne de l’honneur ne mérite pas par le fait même le supplice".
Grégoire de Nysse (+ 395) affirme, sans autre précision, que "ces petites âmes ne sont pas destinées à souffrir dans l'au-delà".
Le pape Innocent Ier (401-417) déclare : « Que les petits enfants peuvent, même sans la grâce du baptême, jouir des récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus haut point. Si, en effet, ils ne mangent pas la chair du Fils de l’homme et ne boivent pas son sang, ils n’auront pas la vie en eux. Ceux qui soutiennent que ces enfants l’auront sans être renés, me paraissent vouloir rendre vain le baptême lui-même, en prêchant qu’ils ont ce que la foi professe ne pouvoir leur être conféré que par le baptême ».
Augustin d'Hippone (354-430) formule la théorie catholique du baptême des enfants : « On baptise les enfants pour les incorporer à l'Église, c'est-à-dire les unir au corps et aux membres du Christ ; donc ils ne sont pas innocents, donc ils seraient damnés sans le baptême. » A l'objection tirée de la nécessité de la foi pour l'efficacité du baptême, Augustin répond que la foi des parents et des parrains, ou plutôt la foi de toute l'Église, tient lieu au nouveau-né de celle qu'il ne peut avoir. Cette théorie est acceptée par les décisions dogmatiques. Pour Augustin, il n'existe aucune possibilité de destin intermédiaire entre le paradis et l'enfer : les âmes des enfants non baptisées, n'étant donc pas lavées du péché originel, sont vouées à l'enfer ; ce qui explique son insistance en faveur d'un baptême immédiat des enfants. Il précise toutefois que ces âmes ne souffrent en enfer que de la peine la plus douce (Enchiridion, 103). Il finit par conclure : « Les enfants n’ayant pas de faute personnelle, ils sont certainement séparés de Dieu, mais sans aucune souffrance. Ils vivent donc dans un bonheur naturel, sans regret de ne pas voir Dieu puisque, de toute façon, cela dépasse les possibilités de leur nature humaine. »
L’Église arménienne, qui, au concile de Chalcédoine (451), passe dans l’opposition, rejette la doctrine augustinienne de la damnation des enfants morts sans baptême, car, dit-elle, ce n'est pas la faute de ces enfants, s'ils n'ont pas été baptisés.
Clotilde (475-545), reine des Francs, fait cette prière, après la mort d'Ingomer, son premier enfant : « Je rends grâces au puissant Créateur de toutes choses qui ne m'a pas jugée indigne de voir admis dans son Royaume l'enfant né de mon sein. Cette perte ne m'a pas affectée de douleurs parce que je sais que les enfants que Dieu retire du monde, quand ils sont dans les aubes, sont nourris par sa vue. »
Le pape Innocent IV (1243-1254) indique : « Il n'est pas nécessaire, pour que le baptême soit valide, que le baptisant entende ce que veut et ce que fait l'Église, ni même qu'il sache ou croie que l'Église existe. »
Thomas d’Aquin (+ 1274) explique : « Bien que séparés de Dieu d’un point de vue surnaturel, ils (les enfants, ndlr) restent unis à lui par les biens naturels qu’ils possèdent, ce qui suffit pour jouir de Dieu par la connaissance et l’amour naturels. Ils ont en Dieu leur vie, leur lumière, leur joie, leur bonheur ».
Le concile de Florence (1442) recommande : "Au sujet des enfants, en raison du péril de mort qui peut souvent se rencontrer, comme il n’est pas possible de leur porter secours par un autre remède que par le sacrement du baptême, par lequel ils sont arrachés à la domination du diable et sont adoptés comme enfants de Dieu, l’Eglise avertit qu’il ne faut pas différer le baptême."
Le réformateur Zwingli (1484-1531) n'admet pas que les enfants morts sans baptême soient exclus du salut.
Pour Thérèse de l’Enfant Jésus (+1897) : « Un petit enfant, cela ne se damne pas. »
Pie X, dans son Grand Catéchisme (1905), écrit : "à cause de la fragilité de leur âge, ils (les enfants, ndlr) sont exposés à bien des dangers de mourir et qu’ils ne peuvent se sauver sans le baptême" ; il précise : "Les pères et mères qui, par leur négligence, laissent mourir leurs enfants sans baptême pèchent gravement, parce qu’ils privent leurs enfants de la vie éternelle ; ils pèchent même gravement en différant longtemps le baptême, parce qu’ils les exposent au danger de mourir sans l’avoir reçu".
Pour Paul VI (Credo du peuple de Dieu, 30 juin 1968) : "Le baptême doit être administré même aux petits enfants qui n’ont pu encore se rendre coupables d’aucun péché personnel, afin que, nés privés de la grâce surnaturelle, ils renaissent "de l’eau et de l’Esprit Saint" à la vie divine dans le Christ Jésus."
Les limbes
"(...) Les enfants morts sans baptême étaient le plus souvent inhumés aux endroits les plus saints : dans les canalisations du baptistère ou les fondations de l’église, dont les murs étaient creusés pour accueillir les petits corps, dans le chœur, sous le parvis de l’église (surnommé le Paradis) ou bien sous une gouttière : ils étaient ainsi baignés pour l’éternité dans l’eau ruisselant du toit de l’église et sanctifiée". (Marie-Odile Mergnac 3)
Au XIIIe siècle, pour résoudre la question de la destinée de ces petites âmes, les théologiens inventent les limbes (de limbus : marge, bordure) dont l’existence n’a jamais été enseignée officiellement par l’Église.
Les papes affirment le droit d’enseigner soit, comme Paul III, Benoît XIV et Clément XIII, la position augustinienne, soit, comme Pie VI, la punition de la peine du "dam" (la privation de Dieu) à l’exclusion de la peine du "sens" (le feu).
"Le lieu des enfers (que les fidèles appellent en général limbes des enfants) où les âmes de ceux qui meurent avec le seul péché originel sont punies de la peine du dam sans la peine du sens, est rejeté comme une fable pélagienne, comme si ceux qui rejettent la peine du feu affirmaient, par le fait même, l’existence d’un lieu et d’un état intermédiaire, exempt de faute et de peine, entre le royaume de Dieu et la damnation éternelle, comme l’imaginaient les pélagiens. Cette doctrine est fausse, téméraire, injurieuse pour les écoles catholiques". (Bulle Auctorem fidei de Pie VI)
En 1984, le cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI) se déclare partisan, à titre personnel, de l'abandon de cette "hypothèse de l'existence des limbes".
Le Catéchisme de l'Église catholique, promulgué en 1992 par Jean-Paul II, explique (§ 1261) : « Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu. En effet, la grande miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2,4), et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas » (Mc 10,14), nous permettent d’espérer qu’il y ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême. »
Le 19 avril 2007, Benoît XVI approuve la commission théologique internationale de l'Église catholique romaine qui conclue que les limbes, "hypothèse théologique", reflètent une "vue excessivement restrictive du Salut", et, que Dieu, miséricordieux, voulant "le salut de tous les êtres humains", il y a des fondements théologiques et liturgiques pour "espérer que les enfants non baptisés soient sauvés et bénéficient de la vision béatifique de Dieu.
L’ondoiement
Le baptême est un sacrement qui ne peut être donné qu’une fois, mais l’ondoiement (d'"unda" : eau courante) est un rite simplifié qui permet de sauver une âme en la lavant du péché originel, sans accomplir toutes les étapes du baptême.
L'ondoiement consiste à verser un peu d’eau (à défaut apposer un peu de salive) sur la tête nue de la personne en danger mortel en disant à voix haute : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».
Toute personne baptisée de l’une des trois grandes religions chrétiennes peut officier. Si la personne survit, le prêtre complète le rite sacramentel : la personne est nommée, elle reçoit l’onction du Saint Chrême, le sel, le cierge symbole de la lumière ; les parrain et marraine prononcent la profession de foi. 5
L'ondoiement concerne surtout les nouveau-nés dont la viabilité est incertaine. Comme tout baptême, l'ondoiement doit faire l'objet d'une inscription au registre paroissial.
Le 22 novembre 1439, au concile de Florence, la constitution Exultate Domino stipule : « Le ministre ordinaire du baptême est le prêtre, mais dans le cas de nécessité, non seulement le prêtre ou le diacre, mais même un laïque ou une femme, bien plus, un hérétique, un païen, peut baptiser, pourvu qu’il observe la forme de l’Eglise et qu’il ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise ».
Chronologie historique
Le baptême est rejeté par plusieurs sectes hérétiques des premiers siècles, telles que les ascodrutes ou ascodrupites (qui rejettent tous les sacrements), les valentiniens, les marcosiens (partisans de Marc, disciple de Valentin ; ils donnent le baptême avec de l'eau mêlée d'huile et de baume) et les quintiliens ou quintillianistes, qui pensent tous que la grâce, étant un don spirituel, ne peut être communiquée ni exprimée par des signes sensibles.
Tertullien (155-225) indique, dans son traité Du Baptême, que Quintille et les caïnites ont trompé beaucoup de fidèles en luttant contre le baptême, notamment en rejetant l'emploi de l'eau.
Les séleuciens et les hermiens (disciples de Hermias qui enseigne les doctrines de Seleucus) changent la matière du sacrement ; ils ne veulent pas qu'on le donne avec de l'eau ; ils emploient le feu, sous prétexte que Jean-Baptiste a assuré que le Christ baptiserait ses disciples dans le feu.
Ménandre (1er siècle, disciple de Simon le magicien) baptise en son propre nom ; il qualifie le baptême de résurrection et lui attribue la propriété de donner une jeunesse perpétuelle et l’immortalité.
Les éluséens baptisent en invoquant les démons.
Les montanistes joignent le nom de Montan, leur chef, et de Priscille, leur prophétesse, aux noms du Père et du Fils.
Les archontiques (qui attribuent la création du monde aux Principautés ou Archontes et nient la Trinité), les sabelliens, les disciples de Paul de Samosate, les eunomiens (ariens) et quelques autres hérétiques qui repoussent la Trinité, ne baptisent pas au nom des 3 personnes divines.
Au moyen âge, un grand nombre de sectes (manichéens, cathares, patarins, bulgares, albigeois) s'attaquent au baptême de l'Église.
C'est, disent-ils, un simple baptême d'eau pure, incapable de communiquer le Saint-Esprit au néophyte, et par conséquent fort inférieur au sacrement de l'imposition des mains, appelé par eux le baptême spirituel. Aussi rebaptisent-ils les catholiques qui embrassent leurs doctrines, en invoquant sur eux le Saint-Esprit, en psalmodiant l'oraison dominicale, et en leur imposant les mains.
Les pétrobrusiens de Pierre de Bruys (mort en 1132/33), les henriciens d'Henri l’Ermite (XIIe siècle) et les vaudois (excommuniés par le concile de Vérone en 1184) rejettent le baptême des enfants comme inutile, les enfants ne pouvant avoir la foi requise.
Les béguins (condamnés par le concile de Vienne en 1311), les lollards (condamnés par le concile de Londres en 1382) et autres mystiques n'admettent aucun sacrement, parce que, selon eux, les sacrements sont bons pour des enfants, et non pour des adultes en religion.
Wyclif (1328-1384) et Jean Hus (1370-1415) enseignent que le baptême, au moins celui des enfants, n'est point absolument nécessaire au salut.
Dans sa bulle Exultate Domino, le pape Eugène IV (1431-1447) écrit : "Le ministre ordinaire du baptême est le prêtre, mais dans le cas de nécessité, non seulement le prêtre ou le diacre, mais même un laïque ou une femme, bien plus, un hérétique, un païen, peut baptiser, pourvu qu'il observe la forme de l'Église et qu'il ait l'intention de faire ce que fait l'Église."
Luther (1483-1546) accepte, après quelques vacillations dans ses opinions, la théorie augustinienne du baptême, telle qu'elle a été modifiée par Thomas d'Aquin (1224-1274).
Augustin soutient que la foi est indispensable pour jouir des bienfaits attachés au baptême, mais que cette foi, qui ne peut exister chez le nouveau-né, peut être suppléée par celle des parents et des parrains, ou plutôt par celle de toute l'Église.
Thomas fait un pas de plus : il prétend que l'efficacité du baptême dépend de la foi des enfants eux-mêmes, et non d'une foi étrangère.
Luther admet cette idée d'une foi qui sommeille dans l'enfant : "On m'opposera qu'il faut croire pour être baptisé et sauvé, et que le nouveau-né ne saurait avoir de foi personnelle. Mais cela ne me touche en rien. Comment, en effet, prouver que le nouveau-né n'a pas la foi ? Est-ce parce que, privé de la parole, il ne peut exprimer cette foi ? Mais, à ce compte, que devient notre foi à nous-mêmes lorsque nous dormons. Est-ce que Dieu ne peut conserver la foi dans le cœur pendant le temps de l'enfance, qui n'est qu'un sommeil continuel ? Et si Dieu peut conserver la foi dans le cœur lorsqu'elle y est entrée, pourquoi ne pourrait-il pas l'y susciter en vertu de la foi et des prières de ceux qui viennent présenter l'enfant au baptême ?"
Les luthériens professent que le baptême tire toute son efficacité des paroles sacramentelles, qu'il est nécessaire au salut, et qu'il faut baptiser les enfants, chez qui l'ablution baptismale opère, par le Saint-Esprit, quelque chose d'analogue à la foi et à l'amour.
Les calvinistes enseignent que les enfants des chrétiens prédestinés au salut sont sanctifiés dès le sein de leur mère.
Calvin (1509-1564) déclare formellement dans ses Institutions que le baptême des enfants n'a pas pour but de les rendre enfants de Dieu, mais qu'il doit être considéré simplement comme un signe extérieur et solennel d'admission dans l'Église.
Partant d'un tout autre principe que celui de la prédestination absolue, les sociniens (milieu du XVIe siècle) sont arrivés, par une route fort différente, au même but que Calvin. Ils n'attachent aucune vertu régénératrice au baptême dans lequel ils ne voient qu'un symbole. Ils le conservent cependant comme un rite innocent.
A l'exemple des sectes mystiques du Moyen Âge, les anabaptistes (XVIe siècle), mouvement issu de la Réforme, rejettent le baptême des petits enfants comme inutile, parce que, disent-ils, sans la foi le baptême est nul, et que la foi des parrains ne saurait tenir lieu à l'enfant de celle qu'il ne peut avoir.
Ils baptisent les adultes, même ceux déjà baptisés durant leur enfance.
Le concile œcuménique de Trente (1545-1563) reconnaît 7 sacrements (baptême, pénitence, eucharistie, confirmation, mariage, ordre, extrême onction) qui agissent ex opere operato, en vertu de Dieu lui-même, indépendamment de la foi ou de la vertu du prêtre qui les administre :
"Si quelqu'un prétend que le baptême qui est donné, même par les hérétiques, au nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, avec l'intention de faire ce que fait l'Église, n'est pas le vrai baptême ; qu'il soit anathème."
"Si quelqu'un nie que le mérite du Christ Jésus soit appliqué par le sacrement de baptême régulièrement conféré, dans la forme de l'Église, tant aux adultes qu'aux enfants ; qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé, si ce n'est à l'âge ou le Christ fut baptisé, ou à l'article même de la mort ; qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que les enfants, par cela qu'ils n'ont pas la foi en acte après le baptême reçu, ne doivent pas être réputés au nombre des fidèles, et pour cette raison doivent être rebaptisés quand ils sont parvenus à l'âge de discrétion ; ou qu'il vaut mieux ne pas les baptiser que de les baptiser dans la foi générale de l'Église, sans qu'ils croient par un acte propre ; qu'il soit anathème."
"Si quelqu'un prétend que le baptême est libre, c'est-à-dire qu’il n'est pas nécessaire au salut ; qu'il soit anathème."
Le concile de Trente enjoint au clergé de veiller à ce que les enfants reçoivent au baptême "le nom d'un saint qui leur servirait de modèle".
Pour le pape Alexandre VII (1655-1667) : « Le baptême n'est pas valide si celui qui le confère tout en observant les rites extérieurs et la forme du sacrement, prend la résolution de ne pas s'associer intérieurement à ce que fait l'Église. »
Le quakerisme, fondé par Georges Fox (1624-1691), nie l'utilité du baptême d'eau, parce qu'il ne l'envisage que comme un symbole du baptême intérieur ou spirituel, lequel consiste dans la régénération opérée par la lumière de l'Esprit. Il se fonde également sur ce que Jésus-Christ ne baptisa aucun de ses disciples.
Le 29 avril 2007, en la cathédrale de Magdebourg, les représentants de 11 Églises chrétiennes d'Allemagne (les 3 principales étant l'Église catholique, l'Église luthérienne et l'Église orthodoxe) signent une déclaration de reconnaissance mutuelle de la pleine validité du sacrement du baptême, quelle que soit l'Église qui le confère.
Le 22 février 2013, par un décret concernant le rite du baptême (entré en vigueur le 31 mars 2013), Benoît XVI décide que l'on dise "Église de Dieu" au lieu de "communauté chrétienne".
Le dimanche 12 janvier 2014, lors d'une cérémonie dans la chapelle Sixtine qui a réuni 32 enfants, le pape François baptise l'enfant d'une mère célibataire ainsi que la fille d'un couple marié civilement seulement.
Le baptistère
Primitivement, le baptême était donné dans une rivière ou dans la mer.
Mais, au IVe siècle, l’usage s’établit de réserver pour cette cérémonie une salle dans les dépendances de l’église : le baptistère. Une piscine y est creusée dans le sol. L’eau de cette piscine doit être normalement une eau courante.
Plus tard, les baptistères deviennent des édifices jouxtant l’église.
Ces petites constructions sont édifiées sur le côté nord des cathédrales (généralement placée à l'angle de la façade occidentale) dans laquelle l'évêque confère le baptême par immersion, une fois l'an, le jour du Samedi saint.
Toujours dédiés à saint Jean-Baptiste, les baptistères sont circulaires ou polygonaux (plus rarement octogonaux) et comportent un grand bassin dans leur centre.
Ils sont constitués de deux parties afin de séparer les hommes et les femmes.
La disposition Est-Ouest des baptistères, leur entrée principale étant à l’Ouest, précise le sens spirituel et symbolique du baptême qui amène à quitter les ténèbres de la nuit (Ouest) pour arriver à la lumière (Est, au soleil levant).
Le cierge remis après le baptême est un souvenir de la procession nocturne qui conduisait les baptisés du baptistère à l’église.
Les catéchumènes
Dans le christianisme, un catéchumène est un étudiant recevant l'enseignement religieux et préparant son baptême.
À l'origine du christianisme, seuls les adultes qui se convertissent peuvent recevoir le baptême après un temps d'attente assez long destiné à leur permettre d'être enseignés et à éprouver leur foi.
Durant cette période, ils ne peuvent assister qu'à une partie de la messe (la messe des catéchumènes) et doivent rester dans le narthex jusqu'à leur baptême qu'ils reçoivent à Pâques.
Au IVe siècle, l’usage semble d’introduire les enfants dans le catéchuménat par la signation de la croix et le sel, et d’attendre qu’ils soient adultes pour le baptême lui-même.
Les Églises chrétiennes, catholique, orthodoxe et protestante instituent le baptême des enfants et permettent qu’ils assistent aux offices (le pédobaptisme est l’usage normal au Moyen Age).
Le temps du baptême n’est pas déterminé.
Mais, dès le IIe siècle, l’usage s’établit de le donner de préférence durant la vigile pascale.
Les 40 jours qui précédaient, répartis sur 6 semaines en Occident et sur 8 en Orient, étaient consacrés à la préparation.
Ils étaient inaugurés, le premier dimanche de Carême, par l’inscription du nom.
Les réunions comprenaient un enseignement sur l’Écriture et sur la formule de foi, et des exorcismes. Ces exorcismes consistaient primitivement en un jeûne.
Un autre rite prébaptismal était celui de l’onction de l’huile sur tout le corps.
Cette onction d’huile était faite par le diacre pour les hommes et par la diaconesse pour les femmes.
Dans l’ensemble des Églises, l’onction d’huile est interprétée comme communiquant une force en vue du baptême, mais les Églises syriennes et cappadociennes l’ont entendue comme une assistance de l’Esprit nécessaire à l’acte de foi.
Le dépouillement des vêtements anciens symbolisait le dépouillement du "vieil homme". On remettait un vêtement blanc au nouveau baptisé qui le portait durant la semaine pascale, appelée à cause de cela, en Occident, "semaine in albis".
Puis venait une onction d’huile (un mélange d’huile et de parfum appelé chrisma ou chrême) sur le front, en forme de croix. Ce rite paraît avoir son origine dans les onctions utilisées dans le judaïsme pour les rois et les prêtres. Cette onction devint par la suite un sacrement particulier : la confirmation.
Léon Ier le Grand, pape de 440 à 461, rappelle aux évêques la date du baptême : Pâques ou Pentecôte.
L’apostasie
On est libre de ne plus adhérer au christianisme, d’apostasier sa religion, en demandant au responsable de la paroisse de mentionner, sur le registre des baptêmes, que le baptisé "déclare renoncer à son baptême en date du ... ou que les parents demandent que leur enfant ne soit plus considéré comme chrétien".
Cependant, le baptême, sacrement indélébile, ne peut être annulé.
L’apostat (du grec apostatès : déserteur) qui reviendrait à la foi chrétienne ne serait pas baptisé de nouveau.
Le 6 octobre 2011, le Tribunal de Grande Instance de Coutances ordonne à l'association diocésaine de Coutances et Avranches de procéder à l'effacement définitif sur le registre de la mention du baptême de M. Lebouvier (membre de la Fédération nationale de la libre pensée), cette décision étant motivée par la notion de droit au respect de la vie privée. Monseigneur Stanislas Lalanne, évêque de Coutances et Avranches, décide de faire appel de ce jugement qui ne lui semble pas acceptable.
En effet, le baptême constitue un événement à caractère public : des parents, des parrains et marraines sont présents et manifestent par cet acte leur volonté de faire baptiser un bébé. C'est un acte qui a eu lieu, il fait partie de l'histoire, il ne peut donc pas être effacé. Cependant, l'Église accueille les demandes des personnes qui souhaitent renier leur baptême. La procédure consiste à inscrire en marge du nom du demandeur, dans le registre concerné, la mention "a renié son baptême par lettre du... " 8
Le 10 septembre 2013, la Cour d'appel de Caen annule la décision du tribunal de Coutances (Manche) ; pour la Cour, "la liberté de M. Lebouvier de ne pas appartenir à la religion catholique est (ainsi) respectée sans qu'il y ait lieu à effacement ou correction supplémentaire du document litigieux".
Les anciens chrétiens considéraient trois sortes d'apostasies :
1° a supererogatione, celle du prêtre qui revient à l'état laïc
2° a mandatis Dei, l'apostasie de quiconque, tout en conservant sa croyance, la répudie extérieurement
3° a fide, celle qui indique une défection totale, un changement de conviction réel.
Cyrille d'Alexandrie (+ 444), dans son traité De lapsis, nous apprend que, durant les premiers siècles de la religion chrétienne, on infligeait aux apostats qui retournaient au sein de l'Église les pénitences les plus dures.
L'apostasie (du grec apostasia = abandon) fut aussi sujette à la vindicte des lois civiles et canoniques : l'excommunication, la privation du droit de cité, la perte de toute juridiction étaient les châtiments ordinaires.
Louis XIV publie des édits très rigoureux contre les catholiques qui embrassent la Réforme ; il ordonne qu'ils soient condamnés à l'amende honorable, au bannissement perpétuel et à la confiscation de tous leurs biens.
Il n'existe pas de description claire dans le Coran de l'attitude à adopter face à l'apostasie : le Coran indique essentiellement que l'apostasie existe et que Dieu la réprouve : « Et ceux parmi vous qui abjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. » (II, 217)
Certains pays musulmans punissent de la peine de mort l'apostat, notamment en raison du hadith (propos attribué à Mahomet) suivant : « Le sang d'un musulman, qui accepte qu'il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et que je suis Son prophète, ne peut être versé que dans trois conditions : en cas de meurtre, pour une personne mariée qui s'adonne au sexe de manière illégale, et pour celui qui s'éloigne de l'islam et quitte les musulmans. » 6
La plupart des théologiens musulmans considèrent que l'islam interdit aux musulmans de changer de religion.
La loi rabbinique établit que le caractère de juif est transmis par le sang maternel et qu’il est indélébile : même en cas d'apostasie du judaïsme ou de mariage mixte (qui équivaut à une apostasie), tout sujet reste juif selon le Talmud.
Citations
Puisque le Baptême signifie la libération du péché et de son instigateur, le diable, on prononce un (ou plusieurs) exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l’huile des catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il renonce explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut confesser la foi de l’Église à laquelle il sera « confié » par le Baptême. (Epître aux Romains 6, 17 et Catéchisme de l'Église catholique, § 1237, 1998)
Ce bain du baptême est appelé « illumination » parce que ceux qui reçoivent cette connaissance sont illuminés. C'est aussi au nom de Jésus Christ, crucifié sous Ponce Pilate, et nom de l'Esprit Saint qui a proclamé d'avance par les prophètes tout ce qui se rapporte à Jésus, — c'est en leur nom qu'est baptisé celui qui reçoit la lumière. (Première Apologie de Justin + 165)
L'eau fut, à l'origine des choses, le siège de l'Esprit saint ; l'eau fut le premier des éléments où se manifesta la vie ; est-il donc surprenant que l'eau se retrouve dans le baptême pour donner la vie ? [.] Heureux sacrement que celui de notre baptême ! Quel effet ne produit-il pas ? Il efface la tache de nos péchés passés, il nous rend enfants de Dieu, et nous ouvre l'entrée à la vie éternelle. (Tertullien 230/240, Traité du baptême)
Quand nous plongeons notre tête dans l’eau, comme dans un sépulcre, le vieil homme est immergé, enseveli tout entier ; quand nous sortons de l’eau, le nouvel homme apparaît simultanément. (Jean Chrysostome 349-407)
Après le baptême, nous sommes devenus des temples de Dieu ; et si nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n’habite pas seulement dans des temples faits de la main de l’homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l’âme créée à l’image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C’est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous. (Homélie de Césaire d'Arles + 542)
On dit que le baptême nous nettoie, parce qu'il efface le péché que nous apportons en naissant. (Bossuet 1627-1704)
Le baptême dans les premiers siècles de l'Église, bien qu'il fût ouvert à tous, conservait néanmoins les caractères d'une initiation. Le baptême était une cérémonie ordinaire de l'introduction des prosélytes dans le sein de la religion juive. (Renan 1823-1892)
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