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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Les patarins

    Arlitto
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    Message  Arlitto Jeu 19 Nov 2020 - 15:37

    Les patarins

    Les cathares d’Italie sont appelés "patarins" (de l'italien patarino : chiffonnier, de Pataria, quartier pauvre de Milan).

    A l’origine, les patarins forment une communauté de clercs du XIe siècle qui tente de réformer le clergé concubinaire et simoniaque avec l'assentiment du pape Grégoire VII.
    Elle finit par se lier aux bogomiles et aux cathares au XIIe siècle.



    Grégoire VII

    Ildebrando (Hildebrand) Aldobrandeschi, fils d’un charpentier de Soana (Toscane), naît vers 1020.
    Il est élevé à Rome au couvent Sainte-Marie de l'Aventin puis au palais du Latran.
    Après avoir été chapelain de Grégoire VI, il est moine bénédictin et prieur de Cluny.

    Abbé du monastère de Saint-Paul hors les murs de Rome, il est le conseiller de Léon IX (qui le nomme cardinal), de Victor II, de Etienne X (IX), de Nicolas II et de Alexandre II.
    Celui que Pierre Damien qualifie d'"homme de conseil très saint et très pur", est envoyé en France par Victor II, en qualité de légat a latere, en 1055 ; il force l'archevêque de Lyon, qui était souillé de la simonie, à confesser son crime, et contraint le théologien Bérenger (998-1088) à abjurer de nouveau son erreur (doctrine mettant en cause la transsubstantiation et le réalisme eucharistique) dans un concile tenu à Tours.

    Il parvient aussi par son énergie à comprimer le schisme de Pierre Cadalus (antipape Honorius II, 1061-1064).
    Après la mort de Alexandre II, le 21 avril 1073, son conseiller, Hildebrand de Soana, est acclamé le 22 par les clercs et les fidèles romains pendant la cérémonie funèbre, aux cris de « Hildebrand évêque ! » ; bien que cette désignation soit contraire aux dispositions du récent décret de Nicolas II sur l’élection pontificale, Hildebrand, reconnu pape, choisit le nom de "Grégoire" ; il est intronisé le 29 juin.

    Autoritaire, intransigeant (Pierre Damien le surnomme : "mon saint satan"), réformateur (réforme grégorienne), Grégoire VII adopte dès le début de son pontificat une attitude très énergique à l’encontre des évêques simoniaques, se proclame adversaire résolu du mariage des prêtres et prend des mesures contre les clercs vivant en concubinage ; il tente de mettre fin au scandale dû à la situation des prêtres ou évêques mariés et en mal de pourvoir leurs enfants ; il n’hésite pas à surveiller les métropolitains et les évêques en confiant des pouvoirs de décision à ses légats (« Le pontife romain, qui seul mérite d’être appelé universel, à tout pouvoir sur les évêques, qu’il peut à son gré déposer »).
    Il interdit l’investiture laïque, ce qui le conduit à un très grave conflit avec l’empereur Henri IV, mais il reçoit l’appui de la comtesse Mathilde de Toscane et des descendants des seigneurs venus jadis de Normandie se fixer dans le sud de l’Italie, inaugurant ainsi une politique d’expansion des États de l’Église et une diplomatie fondée sur l’alliance normande.
    Favorable à Cluny, Grégoire VII tente une réforme consistant à séparer les abbayes du pouvoir de l’Empire.

    Devant une noblesse, notamment française, coutumière des adultères et des répudiations, il impose son modèle de mariage. Le mariage grégorien, qui s’impose progressivement dans tout l’Occident, est 1°) un mariage unique et monogamique (concubinage et divorce sont interdits), 2°) un mariage indissoluble, s’appuyant sur l’Évangile : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ! » (Matthieu 19,6), 3°) un mariage qui repose sur le consentement mutuel des époux (l’Église s’oppose aux stratégies matrimoniales des familles pour lesquelles, en général, le mariage est une affaire de raison et un moyen de renforcer les alliances), 4°) un mariage exogamique, c’est-à-dire interdisant d’épouser un parent en deçà du 7e degré (le concile de Latran IV en 1215 ira jusqu’au 4e degré).

    Grégoire, le « serviteur des serviteurs de Dieu » comme il se fait appeler, meurt en exil le 25-5-1085 à Salerne. « J'ai aimé la justice et j'ai haï l'iniquité ; c'est pour cela que je meurs en exil. » furent ses dernières paroles. Son corps repose dans l'église cathédrale de Salerne.
    Canonisé en 1606, il est fêté le 25 mai.

    "Si le Saint-Siège a reçu de Dieu le pouvoir de juger les choses spirituelles, pourquoi ne jugerait-il pas aussi les choses temporelles ?" (Grégoire VII).

    "Sous le nom d’Hildebrand, il (Grégoire VII, ndlr) mena à Rome la vie monastique et, chargé de diverses missions, il aida les pontifes de son temps dans la réforme de l’Église. Élevé sur la chaire de Pierre, il revendiqua, face au pouvoir des princes, la liberté de l’Église avec une grande autorité et un esprit résolu, et défendit avec force la sainteté du clergé. Pour cela il fut contraint de fuir Rome et mourut en exil à Salerne en Campanie, l’an 1085." 1


    1073. 22 avril, élection du pape par acclamation. 29 juin, intronisation du pape. A Jérusalem, les Turcs commencent à persécuter les juifs et les chrétiens.

    1074. L’Asie Mineure ayant été envahie par les musulmans, le pape reçoit des appels à l’aide de la part des Grecs et des Arméniens : il tente d’organiser une expédition de secours en convoquant les vassaux du Saint-Siège et envisage de se joindre à l’expédition qui doit s’achever par un pèlerinage au Saint-Sépulcre (le projet échoue). Grégoire VII écrit aux évêques de France : « Entre tous les princes qui, par une cupidité abominable, des Français, tient le premier rang. Cet homme, qu'on doit appeler tyran et non roi, est la tête et la cause de tous les maux de la France. S'il ne veut pas s'amender, qu'il sache qu'il n'échappera pas au glaive de la vengeance apostolique. Je vous ordonne de mettre son royaume en interdit. Si cela ne suffit pas, nous tenterons, avec l'aide de Dieu, par tous les moyens possibles, d'arracher le royaume de France de ses mains ; et ses sujets, frappés d'un anathème général, renonceront à son obéissance, s'ils n'aiment mieux renoncer à la foi chrétienne. Quant à vous, sachez que, si vous montrez de la tiédeur, nous vous regarderons comme complices du même crime, et que vous serez frappés du même glaive ». En mars, un concile romain prend des décrets sur l’incontinence des clercs : il interdit le mariage sacerdotal, ordonne aux prêtres mariés de renvoyer leurs femmes et interdit aux laïques d'assister à leurs offices ; le moine Sigebert de Gembloux se fait le porte-parole des Liégeois contre le décret interdisant aux fidèles d’assister aux célébrations liturgiques de prêtres mariés (ne pouvant parvenir à imposer le célibat aux prêtres, le pape se sert des moines pour soulever les populations contre eux, les fait arracher des autels et les livre aux fureurs des exécutions populaires).

    1075. En février, un synode romain condamne, comme simonie, toute investiture de bénéfice ou de dignité ecclésiastique, donnée par des laïcs, défendant, en conséquence, aux seigneurs de la donner, et aux évêques et aux abbés de la recevoir ; il décrète que "toute fonction ecclésiastique sera interdite aux clercs incontinents, qu'aucun prêtre ne pourra épouser une femme, et que s'il en a une, qu'il la renvoie, sous peine de déposition". Au printemps, Grégoire VII édicte un ensemble de 27 propositions : le Dictatus papae, qui ne sera publié ni dans le Saint-Empire, ni en Espagne, ni en Angleterre : Grégoire proclame l’évêque de Rome souverain absolu de l’Eglise, affirme son autorité sur les rois et interdit les investitures laïques, inaugurant ainsi la Querelle des investitures entre la papauté et le S.E.R.G. ; l’empereur réplique en installant son chapelain comme évêque de Milan ; la querelle durera jusqu’en 1122. En novembre, le pape excommunie cinq conseillers d'Henri IV, coupables de simonie, et dépose les évêques qui ont reçu d’eux l'investiture. A Noël, à Rome, Censius, chef de la noblesse opposée aux réformes organise une révolte, arrête le pape alors qu'il officie dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure et le fait enfermer dans une tour ; mais le pape, délivré par le peuple dont il a le soutien, réprime la révolte.

    1076. 24 janvier, la Diète de Worms (Henri IV et les évêques allemands et lombards) déclare le pape "irrégulièrement élu, hérétique, magicien, adultère, flatteur de la populace, usurpateur de l’Empire, bête féroce et sanguinaire" et le somme d'abandonner le siège pontifical. En février, Grégoire riposte par le synode romain de carême qui excommunie le roi de Germanie, délie ses sujets du serment de fidélité et annule les nominations faites par l'empereur. En Afrique, les Almoravides liquident le royaume de Ghana et l’empire animiste du Mali.

    1077. 25 au 28 janvier, l’empereur Henri IV, en pénitent, implore le pape qui lève son excommunication après l’avoir fait patienter trois jours dans la cour du château de Canossa (qui appartient à la comtesse Mathilde dont on connaît le dévouement au Saint-Siège). 15 mars, à la diète de Forchheim, les princes déclarent Henri IV déchu et élisent à sa place Rodolphe de Souabe qui est sacré à Mayence. 25 avril, mort de Géza de Hongrie : son frère Ladislas Ier Arpad est élu roi de Hongrie. 28 juin, dans une lettre aux rois et princes d'Espagne, le pape revendique les droits du Saint-Siège sur la péninsule. 14 juillet, dédicace de la cathédrale de Bayeux. En Corse, les Sarrasins, qui occupaient le littoral depuis le IXe siècle, sont expulsés ; le pape confie l’administration de l’île à son légat, l’archevêque de Pise ; les Corses reconnaissent le pape pour leur suzerain ; en 1091, Urbain II confiera l'administration de la Corse à Pise. En Inde, les sultanats musulmans se multiplient au Nord. Au Caire, au marché aux esclaves, des milliers de femmes berbères d’une tribu révoltée sont mises en vente. Les Turcs Seldjoukides s'emparent de Jérusalem en révolte depuis 1076, massacrent une grande partie de la population réfugiée dans les mosquées et profanent le Saint-Sépulcre ; les académies rabbiniques se replient sur Tyr ; les pèlerinages cessent ; les chrétiens s’enfuient ; la croisade sera la réaction de l'occident chrétien face à cette situation.

    1078. 3 mars, Robert Guiscard, qui assiège Bénévent depuis décembre 1077, est excommunié par le pape, avec les autres barons normands. 9 mars, le concile de Rome excommunie une nouvelle fois Henri IV, le "simulateur de Canossa", le déclare déchu des couronnes d'Allemagne et d'Italie, reconnaît Rodolphe comme roi légitime et lui donne sa bénédiction ; Grégoire VII confirme la prohibition de l'investiture par les laïcs. 5 avril, à la mort de son père Richard, Jourdain Ier d'Aversa lève le siège de Naples et se réconcilie avec le pape, alors qu'un soulèvement éclate en Pouilles contre Robert Guiscard ; Grégoire VII autorise l'abbé du Mont-Cassin, Didier, très lié avec Jourdain de Capoue aussi bien qu'avec Robert Guiscard à négocier la paix entre eux. En été, Nicéphore Basilakios, qui s'est fait proclamer empereur byzantin à Thessalonique, est battu par Alexis Comnène sur le Vardar ; capturé, il est conduit à Constantinople et aveuglé ; Alexis est reçu en triomphe dans la capitale et obtient la dignité de sébaste. Le roi de France, Philippe Ier, s’octroie la régale du chapitre de Notre Dame, privant l’évêque de ses revenus : celui-ci réplique en mettant le diocèse en interdit. En novembre, au cinquième concile de Rome, le pape excommunie Nicéphore III. En décembre, Guillaume le Conquérant met le siège devant Gerberoy où son fils Robert Courteheuse s'est révolté à l’instigation de Philippe de France : le roi d'Angleterre, blessé au cours des affrontements, est battu.

    1079. 19 avril, bulle de Grégoire VII confirmant la primatie de Lyon à l'archevêque Gébuin (primat des Gaules). Le pape refuse d'autoriser les catholiques de Bohême à célébrer la messe en langue slavonne. Devant un concile romain, Bérenger s’explique sur sa doctrine. A Cracovie, le roi débauché, Boleslas dit le Cruel, égorge, au pied de l'autel, l’évêque Stanislas qui l'a excommunié : « Si vous avez le souci de sauver votre âme, vous devez écouter mes conseils. C’est l’unique moyen de vivre en paix avec Dieu et de régner glorieusement sur vos sujets. » (Stanislas au roi Boleslas).

    Vers 1080. L’utilisation du terme de métier "compagnon" est attestée.

    1080. 27 janvier, victoire de Rodolphe de Souabe sur l'empereur Henri IV à Flarchheim. 7 mars, au concile de Rome, deuxième excommunication d'Henri IV, Grégoire reconnaît solennellement Rodolphe de Souabe comme roi des Romains. 25 juin, au concile de Brixen (30 évêques), Henri IV fait destituer Grégoire VII et élire pape, l’archevêque Guibert de Ravenne, sous le nom de Clément III. Les Castillans atteignent Tolède. Le concile d’Avignon révoque l’archevêque d’Arles, Aicard, et nomme Gibelin à sa place ; Gibelin est consacré par le pape. 15 octobre, bataille de Hohenmölsen : Rodolphe de Souabe est vainqueur de l’empereur Henri IV près de l'Elster, mais, blessé, il meurt le lendemain à Mersebourg.

    1081. Philippe Ier est battu à Yèvres-le-Châtel par Hugues du Puiset. A Rome, un concile attribue à Grégoire VII le titre de "pape", synonyme d’évêque universel.

    1082. Philippe Ier annexe le Vexin. Venise obtient des concessions foncières et honorifiques et une exemption totale des droits de douanes dans l’Empire byzantin, mais le commerce dans la mer Noire lui reste fermé.

    1084. 21 mars, Henri IV, escorté de son antipape, Clément III, entre dans Rome qu'il dévaste ; Grégoire résiste pendant quelque temps, défendu par les troupes de la comtesse Mathilde, puis est assiégé dans le château Saint-Ange. 24 mars, sacre de l'antipape Clément III. 31 mars, l’antipape Clément III couronne Henri IV de Germanie "empereur". 24 mai, Guiscard le Normand, appelé au secours par Grégoire, délivre ce dernier, mais saccage Rome et capture des habitants qu’il vendra comme esclaves ; Grégoire se réfugie à Salerne où il mourra le 25 mai 1085. 23 juin, Bruno de Cologne s’établit dans une solitude" du massif de la Chartreuse qu'Hugues, l'évêque de Grenoble, a mise à sa disposition 2. A Spire, l’évêque Rüdiger crée en faveur des juifs un quartier entouré de murs, afin de les attirer dans sa cité ; une charte stipule qu’il sera clos pour sa défense, que les juifs pourront commercer dans leur quartier et au-dehors, qu’il leur est concédé un cimetière, qu’ils peuvent faire venir des juifs étrangers parmi eux, que leur bourgmestre sera l’égal de celui de Spire, qu’ils monteront la garde sur leurs murs et défendront la cité en commun avec les archers de l’évêque. Le concile de Constantinople approuve la vénération des reliques. En novembre, à Salerne, Grégoire VII convoque un synode qui excommunie à nouveau l'empereur Henri IV et l'antipape Clément III.

    1085. 25 mai, à Salerne, mort du pape Grégoire VII. 25 mai, Alphonse VI de Castille-León s’empare du royaume musulman de Tolède (Tulaytala en arabe) ; les musulmans sont autorisés à rester à Tolède ; Alphonse VI, "emperador de las dos religiones" (empereur des deux religions), veut réunir sous son autorité les musulmans et les chrétiens ; en fait, Tolède va réaliser la synthèse de trois mondes : le chrétien, le mudéjar et le juif ; la capitulation garantit aux musulmans leurs biens, leurs mosquées, leur statut personnel, l’usage de leur langue et leurs coutumes traditionnelles ; la communauté juive, nombreuse, active et influente, donne naissance à une riche oligarchie ; dans une ville où de grandes bibliothèques arabes sont demeurées intactes, se développe une importante école de traducteurs juifs ou chrétiens, qui va restituer à l’Occident une partie de la science et de la philosophie grecques.


    Vacance du Saint-Siège

    1085 (suite). 15 juillet, Robert Guiscard meurt en tentant de s’emparer de l’Empire byzantin. 25 décembre, à Gloucester, Guillaume Ier ordonne un recensement, le Domesday Book, surnommé Livre du Jugement Dernier (achevé en 1087).


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