Les Enfers bouddhistes
Il y a bien des similitudes entre les Enfers bouddhistes et brahmaniques.
"La raison pour laquelle tant de figures de déités et autres symboles rappellent l'hindouisme et l'ancienne religion du Tibet est que, jadis, les bouddhistes employaient les formes extérieures des fois religieuses locales pour faciliter la transition vers les concepts bouddhistes."
(John Blofeld / Le bouddhisme tantrique du Tibet / P.35)
Les Enfers se divisent en seize grands, huit brûlants et huit glacés. Cette liste des seize grands enfers correspond à celle qui revient dans les textes sanskrits et tibétains chaque fois qu'on y décrit le rire du Bouddha. Il y est dit invariablement que les rayons sortis de sa bouche arrivent froids dans les enfers chauds et chauds dans les enfers froids.
Puis, il y a seize petits enfers situés aux portes de chacun des seize grands, d'où nous pouvons conclure qu'ils sont répétés seize fois.
Il y en aurait donc deux cent cinquante-six qui, ajouté au seize grands, forment un total de deux cent soixante-douze lieux de supplices.
Mais les Bouddhistes du Sud comptent seulement huit enfers principaux et quatre enfers plus petits autour de chacun d'eux, ce qui fait trente-deux petits enfers, quarante au total.
J'arrête ici ce décompte car il faudrait encore y ajouter un troisième.
Nous pouvons faire les mêmes remarques qu'envers l'Enfer chrétien, une grande connaissance des lieux infernaux, qui fluctuent ici selon les régions entre nord et sud.
Les bouddhistes du sud n'ont pas d'enfers froids !
Voyons la description de quelques enfers chauds.
- Le Sanjva : reçoit les violents, ceux qui ont tué et battu les êtres ; ils y sont battus à leur tour. Ils se déchirent les uns les autres avec des ongles de fer et se "croient" morts ; mais l'action d'un vent froid les fait revenir à la vie ; c'est l'enfer des "ressuscités".
- Le Kâlasûtra : pour les menteurs, les mauvais fils, les faux amis, sont fendus et sciés comme des troncs d'arbre, suivant un "fil noir" etc. Dans ce domaine, l'imagination n'a pas de limites
Ce lieu est surtout réservé à ceux qui ont manqué de respect à leurs père et mère, et au Bouddha. - Dans le Sanghâta, les meurtriers d'animaux sont l'objet d'un "carnage complet". C'est l'enfer où les montagnes tombent sur les damnés, les broient et les réduisent en bouillie.
Il y a aussi des éléphants en fer qui les foulent aux pieds et les mettent en pièces, etc. - Dans le Raurava, ceux qui ont infligé des tourments physiques ou moraux...
- Dans le 5ème sont ceux qui détruisent les biens des dieux, de leurs gurus confiés à leurs soins.
Il y a aussi des hérétiques et des malfaiteurs
Dans le Tapana, les incendiaires de forêts subissent la peine du talion.
Tous ces détails sont puisés dans l'école Sarvâstivâdî (bouddhisme indien). Notons le discours adressé aux habitants de ces enfers : "Scélérats, durant votre vie, vous avez semé pour l'enfer, vous avez désobéi à vos père et mère, et suivi toutes sortes d'enseignements hérétiques ; et maintenant vous êtes nés dans l'enfer".
Mais les différentes autorités ne sont pas d'accord sur l'attribution de tel ou tel enfer, à tel crime. L'accord entre les textes n'existe pas ou que partiellement.
Plusieurs crimes punis, selon un même texte, dans des enfers différents, ont entre eux une analogie qui ne paraît pas justifier cette diversité.
Toutes ces informations sont extraites du "Journal Asiatique" septembre - octobre 1892.
Il n'existe pas une tradition homogène appelée "Bouddhisme", avec un système unique de croyance et de pratiques.
A notre époque, l'enfer physique s'efface, et un enfer métaphysique se substitue aux affres d'une cruauté sans pareil, guère différent de l'enfer chrétien. La notion d'enfer est présente depuis toujours, et ce, dans toutes les écoles bouddhiques. Le bouddha ("celui qui s'est éveillé à la vérité") Shâkyamuni, fondateur, de la religion, y fait référence plusieurs fois car la vie est elle-même un enfer où règnent souffrance et illusion.
Mais, c'est bien plus tard que cet enfer métaphysique, victime d'interprétations diverses, devient un enfer physique compris dans un cycle de réincarnation.
Six mondes composent l'enfer bouddhique, mais ils ne constituent pas une punition éternelle.
Selon le Livre Tibétain des Morts, il y a six bardo ou "état intermédiaire".
Le premier est l'état de veille ordinaire, le deuxième, le bardo de l'état de rêve pendant le sommeil. Le troisième, le bardo de la méditation, le quatrième, le bardo du processus de la mort.
Le cinquième bardo, est celui de la réalité, qui provoque la manifestation d'apparitions et d'expériences semblables à des hallucinations. Ces expériences terrifiantes ne sont rien de plus que les manifestations de notre esprit.
Le sixième bardo est celui de la quête d'une renaissance.
Cette renaissance, selon son karma, l'amènera dans un des six mondes - des Dieux - des demi-Dieux - le monde humain - animal - des esprits affamés et le monde infernal.
Tardivement est apparu un paradis, lieu de beauté et de bonheur infini. Cette "Terre pure" située à l'ouest, constitue le dernier stade avant le nirvâna.
Naciketas aux enfers
Ceci est le récit, écrit en Sanskrit, d'une descente aux enfers, chez Yama, le dieu des morts.
Ce récit se trouve dans le Livre XIII, ch. 70 du Mahâbharata, gigantesque épopée sanskrite de l'Inde. Le sanskrit est une très ancienne langue indienne qui nous a laissé de très nombreux textes du XIIe siècle avant jusqu'au XVIe siècle après Jésus-Christ environ.
Vyâsa, auteur légendaire du récit, ou plutôt son compilateur, (c'est ce que signifie vyâsa en sanskrit) est un personnage mythique semi-divin, un rishi, qui participe à la création du monde et qui continue à agir tout au long de l'histoire humaine.
Naciketas demande à son père Ushant, offrant tous ses biens lors d'un sacrifice, "à qui me donneras-tu" (sacrifice humain) Le sacrifice d'un fils par son père est illustré dans la Bible, par le "sacrifice d'Abraham". Agacé, son père l'envoi chez Yama, le dieu des morts. Mais il avertit son fils, que le dieu sera absent. Lorsque le dieu reviendra, Naciketas devra le menacer de prendre tout ce qu'il possède, (descendances, bétail, mérites). Dès le chapitre 58 du Mahâbharata, la question porte sur le don (danam) : à qui donner, à quel moment (en fonctions de certaines constellations). Le don le plus important est celui des vaches, le sacrifice qui mérite le plus de précautions. Dans le Rig Veda (Hymnes associés à des rituels),ces hymnes révèlent la passion des Aryas (Aryens) pour le cheval attelé à un char de guerre, c'étaient des éleveurs nomades, dont les richesses consistaient surtout en vaches et chevaux.
De là, l'importance du don inestimable de la vache. Le chapitre 70, ou l'Histoire de Naciketas, confirme la valeur essentielle de ces dons.
Quand le dieu Yama est de retour, il offre trois faveurs à Naciketas : ce dernier choisit celle de revenir à la vie, puis d'apprendre comment rendre un sacrifice éternel, afin d'éviter la "seconde mort" (la réincarnation).
Le récit de "La Descente de Naciketas aux Enfers", fait partie de ces nombreuses descriptions de visites de l'au-delà telles les visites au sidh celtique, la descente d'Enée, ou d'Ulysse dans l'Odyssée.