Pallas Athéna
Nom formes et étymologies.
Dans les poèmes homériques prévalent les formes Άθήνη, Άθηναίη, Παλλάς, Άθήνη, Παλλάς, Άθηναίη. Les inscriptions attiques antérieures à Euclide donnent Άθηναία et Άθηναίη (forme ionienne), qui se réduisent ensuite en Άθηνάα et Άθηνάη d’où la forme contracte Άθηνα.
En dorien et en éolien : Άθανάα (Alcée), Άθάνα (Pindare), Άθαναία (arcadien, argien, corinthien), usitée dès le IVè siècle et dominante à dater du milieu du IVè siècle. Παλλάς est une épithète poétique très ancienne, qui accompagne dans Homère et dans Hésiode le nom d’Athéna. Ce n’est que chez les lyriques (Pindare) qu’elle apparaît isolément, comme le nom propre de la divinité.
Aucune interprétation vraiment satisfaisante n’a encore été trouvée. Celles des anciens sont, comme toujours, les moins plausibles : Hérodote a le premier identifié Athéna avec Neith ou Nit, la déesse égyptienne de Saïs ; les auteurs postérieurs ont justifié cette identification par toutes sortes de légendes, telles que l’origine égyptienne de Cécrops.
De même l’assimilation d’Athéna avec l’Anaïtis ou Anâhita persane dérive d’un passage assez peu explicite de Plutarque. Les étymologies sanscrites tirées du mot énigmatique Ahanâ, peut-être épithète védique de l’aurore, ou de vadh, frapper, sont fantaisistes. Peut-être celles qui dérivent Athéna de dhanus, convexité, ou de adh, collines sont-elles plus spécieuses ?Les étymologies grecques ne valent guère mieux : citons Άθήνη = Άνθήνη de άυθος (Athènes = Florence ?) ; Άθήνη = τιθήνη , la mère nourricière.
II semble, en tout cas, que le nom de la déesse et celui de la ville soient étroitement liés ; l’un dérive de l’autre ; mais la question de priorité entre les deux n’est pas tranchée. Une hypothèse séduisante à première vue fait d’Άθηναία une épithète dérivée du nom de la ville : Athéna serait alors l’Athénienne. Mais la forme simple Άθήνη paraissant être la plus ancienne, les rôles doivent plutôt être intervertis : c’est Athéna qui a donné son nom à la ville d’Athènes, où son culte n’est pas d’ailleurs le plus ancien : la forme Άθηναι peut être soit un pluriel, soit un locatif. C’est seulement plus tard que le nom propre de la déesse aurait été identifié, sous forme d’épithète, avec l’ethnique de sa ville préférée.
Quant à Pallas, on en reste aux étymologies anciennes : παλάς de πάλλω brandir, désignerait la déesse qui brandit la lance ; on préfère aujourd’hui la dérivation de πάλλαξ, jeune fille, rapprochée de l’épithète παρθένος.
Caractère primitif : légende de la naissance.
La figure d’Athéna est assez complexe. Dans ses traits généraux, elle parait issue du fonds commun de la mythologie hellénique. Mais, par son contact avec les religions locales, sa figure s’est enrichie de détails qui lui ont donné un aspect composite. Nous essayerons de suivre, dans la mesure du possible, l’évolution historique de la personnalité et du culte d’Athéna.
Dans la hiérarchie des dieux homériques, Athéna vient immédiatement après Zeus, avant Apollon.
Elle est la fille favorite de Zeus, qui l’a enfantée lui-même ; elle est pour son père comme un autre lui-même. Ainsi que Zeus, elle manie l’égide, le terrible bouclier armé du Gorgoneion [AEGIS] et qui résiste à la foudre elle-même. Dans l’épopée, la déesse joue le rôle de protectrice de ses guerriers favoris, Diomède, Ulysse, Achille, Agamemnon. Elle fait jaillir du feu de la tète et des épaules de Diomède, entoure Achille de flammes, fait retentir le tonnerre en l’honneur d’Agamemnon ; elle-même se cache dans un nuage de feu. Elle a le regard clair ; elle est τριτογένεια, née près du fleuve Triton. Ces traits sont complétés par les récits ultérieurs de la naissance d’Athéna dans les hymnes homériques, dans Hésiode, dans Pindare, dans Apollodore.
Les hymnes homériques ne connaissent pas de mère à Athéna. Ils la font naître tout armée de la tète de Zeus, sans l’intervention d’un tiers ; à peine née, la jeune déesse pousse un cri dont les échos ébranlent le ciel et la terre. La Théogonie ne fait pas allusion à l’intervention d’un secours pour la délivrance de Zeus, mais elle attribue comme mère à Athéna la déesse Métis, que Zeus aurait avalée , alors qu’elle était encore grosse d’Athéna, afin de prévenir la naissance d’un fils qui le détrônerait. Toutefois, ce dernier passage, interpolé, parait n’être qu’une adaptation apocryphe du mythe de Kronos avalant ses enfants.
La figure 5041, empruntée à un vase de Vulci, représente Άθεναία sortant tout armée de la tète de Zeus, assis sur un trône, en face d’Ilithye, derrière qui se tiennent Héraclès et Arès (ces deux derniers très restaurés) ; derrière Zeus, Apollon joue de la cithare, suivi de Poseidon et d’Héra ; à gauche Héphaistos s’enfuit effrayé. Sur cette figure, comme sur d’autres analogues et plus anciennes, la déesse sort du crâne de son père. L’art classique, trouvant cette représentation peu esthétique, parce qu’elle obligeait l’artiste à donner à la déesse des dimensions trop exiguës, préféra reproduire la scène au moment suivant, quand Athéna a mis pied à terre et marche à la victoire. Tel était, sans doute, le parti adopté par Phidias pour la composition du fronton Est du Parthénon.
La figure 5042 reproduit un bas-relief du IVè siècle av. J-C., connu sous le nom de Putéal de Madrid ; on y reconnaît une imitation de l’œuvre de Phidias : derrière Zeus, Héphaistos (ou Prométhée) se retire avec sa double hache ; Athéna, couronnée par Niké, s’éloigne d’une allure rapide ; sa main droite tenait sans doute la lance. A droite, le groupe des Trois Parques.
De ces traits, combinés avec les légendes locales des luttes d’Athéna contre les Géants et la Gorgone [GIGANTES, GORGONA], quelques mythologues, Lauer, Schwartz, Roscher, ont voulu déduire le caractère primitivement naturiste de la déesse : Athéna aurait été d’abord une déesse de l’orage, des nuages, du tonnerre et de l’éclair qui jaillit au faite du ciel. Welcker Preller l’interprètent comme la souveraine de l’éther tantôt clair et serein, tantôt tumultueux, de qui relèvent le soleil, la lune, les eaux, la fécondité de la terre, aussi symbole de la sérénité intellectuelle et morale, de la pensée, du travail. Mais toutes ces interprétations ont un caractère plus spéculatif et théorique que réel :
ni dans la légende ni dans le culte Athéna ne préside directement aux phénomènes atmosphériques. Si l’Athéna hellénique, comme la Valkyrie germanique, a pour berceau le nuage orageux d’où jaillit l’éclair, cette conception s’est assez vite obscurcie dans l’imagination des Hellènes. Aucune des épithètes de la déesse n’a perpétué le souvenir précis des antécédents qu’on lui attribue. On ne saurait donc, sans forcer les données de la légende, comme l’a fait Roscher4, parler des attributions effectives d’Athéna comme déesse de l’orage et de l’éclair, mais seulement constater que les détails de sa naissance ne s’expliquent qu’en référence aux phénomènes dont on lui confère arbitrairement la direction ou la personnification. En réalité, ces phénomènes sont pour elle un cadre accessoire dont l’a entourée l’imagination poétique, plutôt que son entité personnelle ou la manifestation propre de son activité. Toute cette météorologie a pour point de départ l’adoration très ancienne et quasi fétichiste des Palladia, pierres censées tombées du ciel et où l’on croyait renfermé le pouvoir protecteur qui rendait les villes inviolables. A ces talismans fournis par la nature, se substituèrent, sous le même nom de Palladia, des ξόανα anthropomorphiques, personnifications de la ville armée et sauvegardes de sa puissance militaire.
Le caractère sacré de ces bétyles leur venait de l’origine céleste qu’on leur attribuait à tous [BAETYLIA] alors qu’elle n’était réelle que pour quelques-uns. On les considérait comme des débris de foudre, tombés du ciel violemment déchiré par l’éclair, au milieu des éclats du tonnerre.
Les premiers Palladia anthropomorphiques bénéficièrent du même honneur ; on vit en eux les images d’une vierge sortie tout armée du faîte du ciel entr’ouvert, brandissant un bouclier étincelant, et poussant un cri de guerre. La conception anthropomorphique du ciel lui-même donna naissance au mythe d’Athéna sortie de la tête de Zeus, près de la source Trito (de τιτράω, percer), c’est-à-dire du nuage entr’ouvert d’où s’échappe la pluie d’orage. L’égide (de άϊσσ, briller) est le symbole de l’éclair, dont on fit une peau de chèvre décorée du Gorgoneion. De là les épithètes primitives d’Athéna (au regard étincelant), (au regard de Gorgone), etc.
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Athéna, Déesse de la guerre et de la Sagesse (Mythologie Grecque)
Minerve est la déesse italienne de l’Athéna (Άθηνα) hellénique.
Nom formes et étymologies.
Dans les poèmes homériques prévalent les formes Άθήνη, Άθηναίη, Παλλάς, Άθήνη, Παλλάς, Άθηναίη. Les inscriptions attiques antérieures à Euclide donnent Άθηναία et Άθηναίη (forme ionienne), qui se réduisent ensuite en Άθηνάα et Άθηνάη d’où la forme contracte Άθηνα.
En dorien et en éolien : Άθανάα (Alcée), Άθάνα (Pindare), Άθαναία (arcadien, argien, corinthien), usitée dès le IVè siècle et dominante à dater du milieu du IVè siècle. Παλλάς est une épithète poétique très ancienne, qui accompagne dans Homère et dans Hésiode le nom d’Athéna. Ce n’est que chez les lyriques (Pindare) qu’elle apparaît isolément, comme le nom propre de la divinité.
Comme presque tous les noms des grandes divinités helléniques, celui d’Athéna reste énigmatique.
Aucune interprétation vraiment satisfaisante n’a encore été trouvée. Celles des anciens sont, comme toujours, les moins plausibles : Hérodote a le premier identifié Athéna avec Neith ou Nit, la déesse égyptienne de Saïs ; les auteurs postérieurs ont justifié cette identification par toutes sortes de légendes, telles que l’origine égyptienne de Cécrops.
De même l’assimilation d’Athéna avec l’Anaïtis ou Anâhita persane dérive d’un passage assez peu explicite de Plutarque. Les étymologies sanscrites tirées du mot énigmatique Ahanâ, peut-être épithète védique de l’aurore, ou de vadh, frapper, sont fantaisistes. Peut-être celles qui dérivent Athéna de dhanus, convexité, ou de adh, collines sont-elles plus spécieuses ?Les étymologies grecques ne valent guère mieux : citons Άθήνη = Άνθήνη de άυθος (Athènes = Florence ?) ; Άθήνη = τιθήνη , la mère nourricière.
II semble, en tout cas, que le nom de la déesse et celui de la ville soient étroitement liés ; l’un dérive de l’autre ; mais la question de priorité entre les deux n’est pas tranchée. Une hypothèse séduisante à première vue fait d’Άθηναία une épithète dérivée du nom de la ville : Athéna serait alors l’Athénienne. Mais la forme simple Άθήνη paraissant être la plus ancienne, les rôles doivent plutôt être intervertis : c’est Athéna qui a donné son nom à la ville d’Athènes, où son culte n’est pas d’ailleurs le plus ancien : la forme Άθηναι peut être soit un pluriel, soit un locatif. C’est seulement plus tard que le nom propre de la déesse aurait été identifié, sous forme d’épithète, avec l’ethnique de sa ville préférée.
Quant à Pallas, on en reste aux étymologies anciennes : παλάς de πάλλω brandir, désignerait la déesse qui brandit la lance ; on préfère aujourd’hui la dérivation de πάλλαξ, jeune fille, rapprochée de l’épithète παρθένος.
Caractère primitif : légende de la naissance.
La figure d’Athéna est assez complexe. Dans ses traits généraux, elle parait issue du fonds commun de la mythologie hellénique. Mais, par son contact avec les religions locales, sa figure s’est enrichie de détails qui lui ont donné un aspect composite. Nous essayerons de suivre, dans la mesure du possible, l’évolution historique de la personnalité et du culte d’Athéna.
Dans la hiérarchie des dieux homériques, Athéna vient immédiatement après Zeus, avant Apollon.
Elle est la fille favorite de Zeus, qui l’a enfantée lui-même ; elle est pour son père comme un autre lui-même. Ainsi que Zeus, elle manie l’égide, le terrible bouclier armé du Gorgoneion [AEGIS] et qui résiste à la foudre elle-même. Dans l’épopée, la déesse joue le rôle de protectrice de ses guerriers favoris, Diomède, Ulysse, Achille, Agamemnon. Elle fait jaillir du feu de la tète et des épaules de Diomède, entoure Achille de flammes, fait retentir le tonnerre en l’honneur d’Agamemnon ; elle-même se cache dans un nuage de feu. Elle a le regard clair ; elle est τριτογένεια, née près du fleuve Triton. Ces traits sont complétés par les récits ultérieurs de la naissance d’Athéna dans les hymnes homériques, dans Hésiode, dans Pindare, dans Apollodore.
Les hymnes homériques ne connaissent pas de mère à Athéna. Ils la font naître tout armée de la tète de Zeus, sans l’intervention d’un tiers ; à peine née, la jeune déesse pousse un cri dont les échos ébranlent le ciel et la terre. La Théogonie ne fait pas allusion à l’intervention d’un secours pour la délivrance de Zeus, mais elle attribue comme mère à Athéna la déesse Métis, que Zeus aurait avalée , alors qu’elle était encore grosse d’Athéna, afin de prévenir la naissance d’un fils qui le détrônerait. Toutefois, ce dernier passage, interpolé, parait n’être qu’une adaptation apocryphe du mythe de Kronos avalant ses enfants.
La figure 5041, empruntée à un vase de Vulci, représente Άθεναία sortant tout armée de la tète de Zeus, assis sur un trône, en face d’Ilithye, derrière qui se tiennent Héraclès et Arès (ces deux derniers très restaurés) ; derrière Zeus, Apollon joue de la cithare, suivi de Poseidon et d’Héra ; à gauche Héphaistos s’enfuit effrayé. Sur cette figure, comme sur d’autres analogues et plus anciennes, la déesse sort du crâne de son père. L’art classique, trouvant cette représentation peu esthétique, parce qu’elle obligeait l’artiste à donner à la déesse des dimensions trop exiguës, préféra reproduire la scène au moment suivant, quand Athéna a mis pied à terre et marche à la victoire. Tel était, sans doute, le parti adopté par Phidias pour la composition du fronton Est du Parthénon.
La figure 5042 reproduit un bas-relief du IVè siècle av. J-C., connu sous le nom de Putéal de Madrid ; on y reconnaît une imitation de l’œuvre de Phidias : derrière Zeus, Héphaistos (ou Prométhée) se retire avec sa double hache ; Athéna, couronnée par Niké, s’éloigne d’une allure rapide ; sa main droite tenait sans doute la lance. A droite, le groupe des Trois Parques.
De ces traits, combinés avec les légendes locales des luttes d’Athéna contre les Géants et la Gorgone [GIGANTES, GORGONA], quelques mythologues, Lauer, Schwartz, Roscher, ont voulu déduire le caractère primitivement naturiste de la déesse : Athéna aurait été d’abord une déesse de l’orage, des nuages, du tonnerre et de l’éclair qui jaillit au faite du ciel. Welcker Preller l’interprètent comme la souveraine de l’éther tantôt clair et serein, tantôt tumultueux, de qui relèvent le soleil, la lune, les eaux, la fécondité de la terre, aussi symbole de la sérénité intellectuelle et morale, de la pensée, du travail. Mais toutes ces interprétations ont un caractère plus spéculatif et théorique que réel :
ni dans la légende ni dans le culte Athéna ne préside directement aux phénomènes atmosphériques. Si l’Athéna hellénique, comme la Valkyrie germanique, a pour berceau le nuage orageux d’où jaillit l’éclair, cette conception s’est assez vite obscurcie dans l’imagination des Hellènes. Aucune des épithètes de la déesse n’a perpétué le souvenir précis des antécédents qu’on lui attribue. On ne saurait donc, sans forcer les données de la légende, comme l’a fait Roscher4, parler des attributions effectives d’Athéna comme déesse de l’orage et de l’éclair, mais seulement constater que les détails de sa naissance ne s’expliquent qu’en référence aux phénomènes dont on lui confère arbitrairement la direction ou la personnification. En réalité, ces phénomènes sont pour elle un cadre accessoire dont l’a entourée l’imagination poétique, plutôt que son entité personnelle ou la manifestation propre de son activité. Toute cette météorologie a pour point de départ l’adoration très ancienne et quasi fétichiste des Palladia, pierres censées tombées du ciel et où l’on croyait renfermé le pouvoir protecteur qui rendait les villes inviolables. A ces talismans fournis par la nature, se substituèrent, sous le même nom de Palladia, des ξόανα anthropomorphiques, personnifications de la ville armée et sauvegardes de sa puissance militaire.
Le caractère sacré de ces bétyles leur venait de l’origine céleste qu’on leur attribuait à tous [BAETYLIA] alors qu’elle n’était réelle que pour quelques-uns. On les considérait comme des débris de foudre, tombés du ciel violemment déchiré par l’éclair, au milieu des éclats du tonnerre.
Les premiers Palladia anthropomorphiques bénéficièrent du même honneur ; on vit en eux les images d’une vierge sortie tout armée du faîte du ciel entr’ouvert, brandissant un bouclier étincelant, et poussant un cri de guerre. La conception anthropomorphique du ciel lui-même donna naissance au mythe d’Athéna sortie de la tête de Zeus, près de la source Trito (de τιτράω, percer), c’est-à-dire du nuage entr’ouvert d’où s’échappe la pluie d’orage. L’égide (de άϊσσ, briller) est le symbole de l’éclair, dont on fit une peau de chèvre décorée du Gorgoneion. De là les épithètes primitives d’Athéna (au regard étincelant), (au regard de Gorgone), etc.
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