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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    La Santa Muerte, (Sainte Mort), une sainte Mexicaine

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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 19:58

    La Santa Muerte, (Sainte Mort), une sainte Mexicaine

     
    Dona Queta, gardienne du culte - Santa Muerte


     

     Octobre 2015, Mexico City, dans le quartier de Tepito, Dona Queta,  la soixantaine, nous explique comment elle est devenue malgré elle la  gardienne du culte de la Santa Muerte, culte qui s'est propagé au  Mexique de manière fulgurante et spontanée à partir de 2001, date à  laquelle Dona Queta a convaincu Rey, son mari, d'installer devant leur  maison une sculpture de 2 mètres représentant la Santa Muerte. De  secret, ce culte devenait public.

    La Santa Muerte, culte des noctambules 


     
    La nuit tombe sur le quartier de Tepito, les fidèles de la Santa  Muerte prient toujours et se préparent pour la veillée. La Santissima  est parmi eux. Elle les touche, ils sentent sa présence et sont heureux.  Mais la célébration nocturne laisse place à une atmosphère plus  étrange. Les codes du quartier de Tepito refont surface. 

    Sainte protectrice des narcotrafiquants, des prostituées, des  voleurs à la tire, des marchands ambulants et prisonniers. Ange gardien  des chauffeurs de taxi et des mères de famille, la Santa Muete - Sainte  Mort - est la vierge d’un culte dont la pratique est de plus en plus  importante au sein de la société Mexicaine. Elle compte aujourd’hui plus  de 2 millions de fidèles dont 1 million dans la capitale de Mexico  City. 

    Réalisé par Pierre-Paul Puljiz

     Co-écrit par Déborah Chiarella et Andres Peyrot

     Mis en image et monté par Andres Peyrot

     Produit par francetv nouvelles écritures et MDAM et Tamara Films


     
     



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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 19:59

    La Santa Muerte: culte et culture de la mort à Mexico
    Éric Volant
     
    La Santa Muerte, (Sainte Mort), une sainte Mexicaine P8ks


    Texte  de la conférence tenue le 31 octobre 2011 à la Salle Maisonneuve du  Château Champlain, Hôtel Marriott, Montréal. Activité organisée dans le  cadre de « La fête des morts » en partenariat par le Consulat général du  Mexique à Montréal, le Centre de l'Histoire de Montréal et l'Éco-musée  de l'Au- de-là.
     

    Au cours de mes  recherches sur la mort, un phénomène religieux particulier m’a intrigué.  C’est l’engouement amoureux des gens de la rue pour la Santa Muerte ou la Santisima Muerte  (la Sainte ou de la Très Sainte Mort). Je tiens à vous en parler, non  pas en connaisseur du Mexique - de son histoire et de sa culture - mais  en simple curieux qui s’interroge sur la signification de cette dévotion  populaire répandue parmi les plus démunis de la société à Mexico, la  capitale du Mexique, mais aussi à Los Angeles, plus particulièrement  chez les chicanos. 

     Vous savez qu’au Mexique, le Jour ou la Fête  des morts est loin d'être morbide ou triste. Bien au contraire, elle  est pleine de vie et de lumière, d’imagination et de sensualité. La Muerte  ou la Mort est généralement représentée par un squelette, couvert d'une  tunique de couleur plutôt sombre recouvrant également sa tête, tenant  d'une main une faux et de l'autre main, le monde. Mais ce soir, je  voudrais vous amener dans les rues de Tepito, l’un des quartiers pauvres  de la ville de Mexico, un quartier « spécial et unique, chaleureux et  dangereux, fascinant et familier […], souvent très obscur où « la vie ne  vaut pas grand-chose » et où « la violence peut être extrême » (ce sont  les paroles d’un sociologue et ethnologue qui a bien connu Tepito dans  les années 70 - 80 et qui y retourne de temps en temps).

     Or, là à Tepito, la Santa Muerte  est revêtue d'une longue robe blanche et porte une couronne en or sur  sa tête. Les nombreuses statuettes, riches en couleurs, que l'on expose  de la Santa Muerte ne sont pas sans manifester certaines  ressemblances avec la Vierge Marie. Le culte de la Sainte Mort est  orienté vers la vie et vers la libération, la santé et le bonheur,  l'amour et la protection des exclus qui sont les victimes d’un  environnement où règne la culture de la mort. En effet, la Santa Muerte  rassemble tout ce petit peuple de gens exposés quotidiennement à la  drogue, à la prostitution, au crime, à la délinquance, aux rivalités et  aux rixes. Au creux de leur misère matérielle, physique et morale, la  Sainte Morte vient à leur secours sous les apparences d'une femme, aussi  bonne que belle, qui les accueille dans ses bras avec tendresse et leur  donne de l’espoir au sein de leur détresse. À leurs yeux, la Santa Muerte  est une sainte supplémentaire que, dans leur langage, ils appellent «  Notre Dame des ombres », « Notre Dame Noire », « Notre Dame Blanche » ou  « Petite Sainte ». Elle est l’ultime secours, s’il n’y a ni dieu ni  diable pour les aider, il y a la Sainte Mort !

     Dans les limites  de cette communication, je tenterai de situer cette figure contemporaine  de la Santa Muerte dans le cadre des représentations de la Mort du  passé précolombien et du présent mexicain moderne, mais aussi en lien  avec d'autres figurations de la mort dans la culture médiévale  européenne. Après ce survol historique, nous essayerons de saisir les  enjeux sociaux de la dévotion populaire de la Sainte Mort, en lien  étroit avec le processus d’urbanisation réclamé par les besoins de notre  XXI ° siècle.

    Dans le temps des Aztèques

    « Pour  l’habitant de Paris, New York ou Londres, la mort est ce mot qu’on ne  prononce jamais parce qu’il brûle les lèvres. Le Mexicain, en revanche,  la fréquente, la raille, la brave, dort avec, la fête, c’est l’un de ses  amusements favoris, et son amour le plus fidèle », écrit Octavio  Paz (poète, essayiste et diplomate mexicain, prix Nobel, 1914-1998).  Cette familiarité avec la mort trouve son incarnation la plus éclatante  dans une longue tradition très ancienne et toujours vivante depuis 3 500  ans. Alors que le dernier empereur Aztèque était encore vivant, le  peuple venait sur la tombe des défunts pour danser et chanter. Chez les  Aztèques, les rites d’hommage aux morts étaient liés au calendrier  agricole. Ils marquent la fin du cycle annuel de la culture du maïs. Au  début des récoltes, le premier grand banquet, après les longs mois de la  saison sèche, était organisé et partagé entre tous, y compris les  défunts qui séjournaient dans un endroit terrifiant et sinistre, froid  et obscur. C’est pourquoi les vivants invitaient leurs morts à leurs  festivités et leur offraient une abondance de nourriture et de dons à  apporter dans leur inconfortable séjour souterrain sans soleil ni  chaleur ni lumière. 

     Dans un contexte religieux plus vaste,  notons que les Aztèques versaient du sang, qu’ils appelaient « eau  précieuse », afin que le dieu soleil puisse survivre et éclairer le  monde. Les sacrifices humains –des prisonniers, même des enfants –  doivent être interprétés dans la perspective de la survie de l’espèce  menacée par la noirceur de la mort. La religion des Aztèques n’est donc  pas construite selon l’axe éthique du bien et du mal, mais selon l’axe  existentiel de la vie et de la mort. Afin de braver la mort (avec une  minuscule), qui les prive de la vie, l’imaginaire populaire invente la  Mort (avec une majuscule), figure mythique ou mystique, maîtresse ou  amie, donneuse de vie aux individus et de survie à la nation. 

     Les Aztèques avaient deux fêtes des morts distinctes (juillet-août): l’une pour les enfants (Miccaihuitontli), l’autre 20 jours plus tard, pour les adultes (Hueymiccalhuitl).  Les colons espagnols n'ont pas pu éradiquer ces fêtes, même s’ils ont  beaucoup essayé. Cependant, pour se conformer au calendrier de l’Église  Catholique, c'est maintenant à la Toussaint (le 1er novembre) qu'a lieu  officiellement le Jour des morts pour les enfants, tandis que le 2  novembre les adultes célèbrent le Jour des morts. Depuis l'avènement de  l'Halloween, les enfants, déguisés comme les autres enfants du monde, se  promènent, dans les rues, la veille du 1er novembre, comme c’est le cas  aujourd’hui même le 31 octobre.

    L’Europe du Moyen-Âge

    Il y a des ressemblances entre les débordements joyeux du Dia de los Muertos  au Mexique et les jeux et spectacles autour du personnage de la Mort  dans l’Europe du Moyen-Âge. Le XVe siècle, marqué par la Guerre de cent  ans (1337-1453), garde en mémoire le souvenir terrible des ravages de la  grande Peste (la mort noire) de 1348 qui décima près d'un tiers de la  population de l'Europe. À cette époque, la mortalité infantile resta  toujours très élevée et l'espérance de vie était faible. La mort était  partout. La sensibilité du petit peuple s'en trouve exacerbée, tandis  que les plus riches se noient dans un excès de luxe et de plaisir.  Écrivains, peintres, sculpteurs et musiciens sont nombreux à exprimer  les inégalités sociales devant la mort. 

     Dans ce contexte de « hyper-sensibilisation » de la crise est née La Danse macabre  qui est une sarabande qui mêle morts et vivants. Un rôle prépondérant y  était vraisemblablement attribué aux sept frères macchabées (d'où le  mot « macabre ») à leur mère et à Eléasar. Une représentation eut  d'ailleurs lieu à Paris dans le cloître des Innocents en leur mémoire.  D'autres théories prétendent que le mot macabre vient de l'arabe makabir qui signifie « tombeaux », ou encore d'un peintre du nom de Macabré.  La danse macabre prit souvent une forme de bal masqué, comme à Paris en  1422 et à Bruges en 1449. Des hommes déguisés en squelettes dansaient  avec des personnages incarnant les différentes classes de la société. 
      L'une des œuvres picturales les plus anciennes apparut autour de 1360  dans l'église de Lübeck en Allemagne. La danse macabre y est représentée  sous sa forme la plus simple : vingt-quatre figures humaines,  ecclésiastiques et laïques, dans l'ordre décroissant de pape, empereur,  impératrice, cardinal, roi, jusqu'au paysan, jeune homme, jeune femme et  enfant. Chaque personnage y danse toujours avec sa mort. Cette fresque  fut détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale pendant le  bombardement de Lübeck. Deux vitraux réalisés par Alfred Mahlau en  1955-1956 rappellent aujourd'hui dans cette chapelle ce chef-d'œuvre  disparu. 

     De la danse macabre, les femmes sont généralement  exclues. Par contre, le thème de la Jeune fille et la mort a été très  développé. Chez les anciens Grecs, le rapt de Perséphone (Proserpine  chez les Romains) par Hadès (Pluton chez les Romains), dieu des Enfers,  symbolise originellement la mort et la renaissance des fruits de la  terre mis en terre et annonce le cycle des saisons. Les diverses  cultures se saisiront de ce mythe pour exprimer, à travers les arts et  les lettres la rencontre d'Eros (vie) et de Thanatos (mort). La figure  de la jeune femme est, par excellence, associée aux promesses de la vie.  Sa beauté, objet de contemplation et de désir, la rend fragile et  vulnérable aux outrages du temps et du vieillissement, elle est soumise à  l'oeuvre de la mort. La jeune fille est la préfiguration de la  constante confrontation des deux contraires qui nous habitent: la vie et  la mort.

     Quatuor à cordes en ré mineur D. 810 (mars 1824)  considéré comme son quatuor le plus achevé. Atteint de syphilis,  Schubert puise de sa souffrance et de sa mort éminente une inspiration  pour nous livrer une musique d'une rare profondeur afin d'accompagner le  poème de Matthias Claudius (1740-1815):

    La Jeune Fille
     Va-t'en, ah, va-t'en!
     Disparais, odieux squelette!
     Je suis encore jeune, disparais!
     Et ne me touche pas! »

    La Mort
     Donne-moi la main, douce et belle créature!
     Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
     Laisse-toi faire! N'aie pas peur
     Viens sagement dormir dans mes bras

     La musique de ce quatuor est reprise dans le film La Jeune Fille et la Mort de Roman Polanski (1994).

     Aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre, la mort se présente sous une figure masculine sous le nom d’Elckerlyc, Jederman ou Everyman.  Ce nom signifie «Tous et chacun », aujourd'hui on dirait « Monsieur  Tout le monde ». Le jeu Elckerlyc est mis en scène sur le parvis de  l'église et tente, à travers le destin d'un homme vulnérable et mortel,  de rendre la mort acceptable tout en enseignant à son public la bonne  manière pour ne pas être effrayé de ce mal redoutable. 

      Impossible de raconter le récit en bref avec ses nombreuses anecdotes  souvent hilarantes! Dieu se plaint de la perversion des humains. Il  convoque Elckerlyc qui reçoit le mandat d’entreprendre un pèlerinage qui  le mènera vers la mort. Il tente vainement de ruser avec la Mort, car  celle-ci n’accepte aucun retard. En vain, il cherche des compagnons de  route, mais ses amis, ses parents et ses biens refusent son invitation.  Finalement accompagné de la Vertu, de la Connaissance de soi, de la  Beauté, de la Force et de la Sagesse il se rend jusqu’à sa tombe  ouverte. Seules la Vertu et la Connaissance de soi montent avec lui au  ciel. Pendant son long voyage à travers la mort, il connaît toutes  sortes d’aventures.

     Elckerlyck « porte [en lui] sa propre mort  et danse sa vie durant avec elle ». Il exprime « le contraste formé par  la joie de vivre et l'arrivée brutale de la mort » (Ivan Illich). Le  premier festival de Salzbourg s'est ouvert le 22 août 1920 par une  représentation du Jederman (Everyman) de Hugo von Hofmannstahl  sur la place devant la Cathédrale, sous la direction de Max Reinhardt.  Fait très significatif : le festival de Salzbourg commence, encore à  chaque année, par une représentation de Jederman sur la même place. 

    Au Mexique contemporain

      Pour revenir à Mexico, Enriqueta Romero fut la première à dédier  publiquement une chapelle au culte de la Santa Muerte, en face de chez  elle, au 12 de la rue de Alfarería, dans la Colonia Morelos, l'un des  quartiers les plus populaires. Elle habille et change les vêtements de  la Santa Muerte en principe le premier lundi du mois en  fonction des saisons et selon les demandes des fidèles: le rouge pour la  passion, le vert pour l'espérance tandis que le blanc et le bleu,  couleurs de la Vierge Marie, symbolisent la pureté. Le jour de la fête  des morts, la Santa Muerte est vêtue entièrement de blanc, telle une mariée. C'est le jour de dévotion le plus important de l'année.

      David Romo Guillèn, fondateur et primat de l'Église catholique et  apostolique traditionnelle, évêque non reconnu par Rome, a su récupérer  les dévots de la Santa Muerte. Appelé « Le Seigneur des anneaux » (El Señor de los Anillos),  il s'est imposé comme leur chef de fil. S'il s'objecte à la pratique  des changements de vêtements et leur signification ésotérique, il se  défend, contre et âme, contre les accusations de « satanisme » de la  part de ses détracteurs. David Romo affirme que certains anciens prêtres  catholiques se sont reconvertis au culte de la Santa Muerte parce  qu’ils le considéraient plus ouvert que le culte des morts de l'Église  catholique. Père de cinq fond Santa Muerte ne diffère pas de celle vouée  aux autres saints et qu'elle est un instrument d'évangélisation des  exclus de la société. Il a fondé l'Asociación Nacional de Altares y Santuarios de la Santa Muerte.

     Récemment, les autorités mexicaines ont levé l'autorisation d'exercer librement le culte à la Santa Muerte.  Le chef de l'Église catholique traditionnelle n'a pas manqué de crier  au scandale et à la conspiration de la part de l'Église catholique  mexicaine, du gouvernement et des plus hautes instances du Vatican. Mais  en général les représentants de l'Église catholique romaine montrent  une relative compréhension face à ce qu’ils appellent trop aisément une «  superstition » alors qu’il s’agit d’une tradition ancestrale des  indigènes. Ils ont, par ailleurs, raison d’associer la dévotion à la  Santa Muerte à la situation économique et politique du pays et à la  fracture sociale entre les riches et les pauvres. Cette référence à la  réalité sociale nous mène à jeter un regard sociologique sur la dévotion  de la Santa Muerte pour en comprendre mieux sa signification du point  de vue éthique. Je soumets ces réflexions à votre jugement sachant  qu’elles mériteraient sans doute de multiples nuances.

    Un essai d'interprétation

      Les chansons anonymes abondent en incarnations de la Mort comme  personnage dont on devient amoureux et qui nous accompagne sur la voie  d'une vie meilleure. Voici un exemple dans une chanson de l’époque  révolutionnaire, provenant de la Costa Chica d’Oaxaca :

     Pour avoir une vie meilleure
     je suis tombé amoureux de la mort,
     je suis tombé amoureux de la mort
     pour avoir une vie meilleure.
     Il a été si bon, mon sort,
     (et ma passion eut ses faveurs)
     qu’aujourd'hui je domine la mort :
     c’est que je suis son créateur.

      Au sein de la détresse matérielle, physique et morale, la Mort nous  guide vers une vie meilleure. C'est là que réside la valeur fondamentale  du culte de la Santa Muerte, culte jailli du creux de la crise sociale qui affecte la mégapole de Mexico et toutes les mégapoles du monde.

      Dans les marges de la mégapole, à côté des quartiers bourgeois et  petit-bourgeois, habités par des bons catholiques ou des évangéliques  zélés, mais aussi par une jeunesse porteuse d'une contre-culture, une  autre culture a émergé. En effet, le culte de la Santa Muerte est  parvenu à rassembler un petit peuple hypersensible et exacerbé par la  précarité, la faim, le chômage, la pauvreté, la maladie, la torture, le  viol, la drogue, les armes et autres signes de la mort qui rôde dans ces  quartiers. C’est comme dans le temps de la peste : la mort est partout.  Il paraît que, parmi les victimes, on compte des criminels qui se sont  rendus aux petits sanctuaires afin d'y trouver asile, comme c’était la  coutume dans les temples et les cathédrales. Mexico compterait une  dizaine de petits sanctuaires et 120 autels où la Santa Muerte a installé ses quartiers au coeur même du crime et de la méfiance. 

     Véritable mouvement de résistance aux pièges d'un capitalisme sauvage, le culte de la Santa Muerte véhicule une riche symbolique dotée d'un pouvoir authentique d'autotransformation. La figure de la Santa Muerte  remplit une fonction d'humanisation du « non-humain », c'est-à-dire de  l'ensemble de tous les facteurs qui engendrent l'exclusion et qui  menacent ou qui empêchent la convivialité ou le « bien vivre ensemble »  de tous les humains. Prisonniers d'un régime de vie sans issue, dans  l'impossibilité de mener une existence « choisie » et « voulue » par  eux-mêmes, en se prévalant du pouvoir absolu de la Santa Muerte sur le  monde, les fidèles ont trouvé accès à une puissance auto-créatrice.

     Selon l'auteur mexicain Homero Aridjis, la Santa Muerte est « une vierge sainte dans la religion du crime » (virgin saint in the religion of crime). Le roman d'Aridjis La Santa Muerte. Tres Relatos de Idolatria Pagana  (Alfaguara, 2004) est une fiction à partir de faits réels. L'auteur a  découvert l'existence du culte de la Santa Muerte lors d'une fête à  laquelle auraient participé des trafiquants de drogue et des  fonctionnaires du gouvernement dans les années 1990.

     Le culte de  la Sainte Mort est un espace public d’« accueillance » ou d’«  hospitalité » de la Ville. « La ville n’a de sens que dans sa relation  avec l’individu » (Agnès de Gouvion Saint-Cyr, Des Hommes et la Ville,  Musée du Havre, 2002, p. 3). Voici le paradoxe : Malgré toutes les  vicissitudes des mégapoles, la dévotion populaire de la Sainte Mort peut  rendre la ville habitable, peut rendre la vie vivable. 

     Dans  quelle mesure ce processus d'humanisation de l'existence, entamé par la  Santa Muerte, accomplit-il sa mission et favorise-t-il un processus  d'urbanisation capable de transformer les espaces chaotiques des grandes  villes en « un monde habité », libéré de la violence et de la  suspicion, ou en un « lieu de convivialité et de paix », voilà une  question qui mériterait d'être discutée. La définition du verbe habiter  dans le Petit Robert est : « occuper une demeure ». Thierry Paquot a  inventé une nouvelle définition : habiter, c’est « être présent au monde  et à autrui » (La ville. L’État des savoirs). 

    Sources

    Élisabeth Legros, « Représentations de la mort dans le Mexique contemporain» dans L'Encyclopédie de la mort
    http://agora.qc.ca/thematiques/mort.nsf/Dossiers/Representations_de_la_mort…

     Silvia Mancini, « La Santa Muerte et l'histoire des religions » dans Francis Mobio, Santa Muerte. Mexico, la Mort et ses dévots, Paris, Auzas, « Imago », 2010.

      La Santa Muerte d'Eva Aridjis. Film documentaire mexicain en couleur,  2007. Description: « Au Mexique, le culte de la Sainte-Morte commence à  se propager à grande vitesse. La Santa Muerte est considérée  comme une sainte par ses fidèles et ‘satanique’ par l'Eglise catholique.  Elle est vénérée par certains individus à la vie pleine de dangers et  de violence : criminels, travestis, malades, drogués et familles qui  habitent dans les quartiers les plus dangereux. Le film examine les  origines du culte et nous emmène à travers les autels, prisons et  quartiers du Mexique où se trouvent les dévots les plus fervents de La Santa Muerte ».

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    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 19:59

    Santa Muerte
     
    La Santa Muerte, (Sainte Mort), une sainte Mexicaine 8vxt
     
    La Santa Muerte ou La Santisima Muerte (The Saint of Death ou The Holly Death)  est généralement représentée par un squelette, couvert d'une tunique de  couleur recouvrant également sa tête, tenant d'une main une faux et de  l'autre le monde. Sous sa forme féminine, la Santa Muerte est revêtue  d'une longue robe blanche et porte une couronne en or sur sa tête. La  figuration féminine de la Santa Muerte semble avoir certaines  ressemblances avec la Vierge Marie, la masculine a des affinités avec  St-Michel Archange.

     On prie la Santa Muerte dans les cas  désespérés, c'est-à-dire quand les recours à Dieu, à la Vierge, à Jésus  ou à d'autres saints n'ont pas obtenu les résultats espérés. Les  personnes gravement malades ou handicapés, les pauvres, les prisonniers,  les victimes de l'injustice, les marginaux ou les exclus l'invoquent  ainsi que ceux qui cherchent un emploi ou la protection du foyer, bref,  tous ceux qui sont dans des situations intenables ou inextricables: pris  dans la drogue, le crime, la délinquance, les rivalités.

     Au  début, la dévotion à Santa Muerte était pratiquée en privé. La pratique a  commencé à évoluer lorsque les fidèles dans le quartier populaire de  Tepito, à Mexico City, ont commencé à placer des icônes de Santa Muerte  dans la rue. Aujourd'hui, cette dévotion est pratiquée à travers tout le  pays et aux États-Unis dans les communautés hispaniques. On estime même  à environ deux millions le nombre de ceux qui la vénèrent parmi  lesquels on compte des narco-trafiquants et des prisonniers, issus des  quartiers défavorisés, mais aussi bien des hommes politiques ou des  handicapés que des mères de famille.

     A Mexico, Enriqueta Romero  fut la première à dédier publiquement une chapelle au culte de la Santa  Muerte, en face de chez elle, au 12 de la rue de Alfarería, dans la  Colonia Morelos, l'un des quartiers les plus populaires, mais aussi les  plus dangereux. Elle habille et change les vêtements de la Santa Muerte  en principe le premier lundi de chaque mois en fonction des saisons et  des demandes des fidèles. La signification des couleurs est en fait très  occidentale : le rouge pour la passion, le vert pour l'espérance et le  blanc et le bleu, couleurs de la Vierge Marie, symbolisent la pureté. Le  jour de la fête des morts, la Santa Muerte est vêtue entièrement de  blanc, telle une mariée. C'est le jour de dévotion le plus important de  l'année.

     Le fondateur de l'«Église catholique traditionnelle»,  l'évêque David Romo, non reconnu par Rome, a su récupérer les dévots de  la Santa Muerte et s'est imposé comme leur chef de fil. S'il s'objecte à  la pratique des changements de vêtements et leur signification  ésotérique, il refuse, cependant, les accusations de «satanisme» de la  part des détracteurs de cette dévotion. David Romo affirme que certains  anciens prêtres catholiques se sont reconvertis au culte de la Santa  Muerte, qu'il considère comme plus ouvert que celui de l'église  catholique. En effet, l'«Église traditionnelle» autorise le mariage des  prêtres.

     Récemment, les autorités mexicaines ont levé  l'autorisation d'exercer librement le culte à la Santa Muerte. Le chef  de l'Église catholique traditionnelle n'a pas manqué de crier au  scandale et à la conspiration de la part de l'Église catholique  mexicaine, du gouvernement et des plus hautes instances du Vatican.  Pourtant de nombreux catholiques mexicains considèrent la Santa Muerte  comme une sainte catholique supplémentaire et lui attribue des titres  comme «Notre Dame des ombres», «Notre Dame Noire», «Notre Dame Blanche»,  «Petite Sainte». L'église catholique romaine montre une relative  compréhension face à ce phénomène en estimant que cette pratique est  plutôt une «superstition», liée en grande partie à la situation  économico-politique du pays.

     Du point de vue anthropologique ou  sociologique, on peut dire que le culte de la Santa muerte s'est  développé dans un pays où règne une culture de la mort. Le culte de la  Santa Muerte lui-même n'est pas mortifère, car il est orienté vers la  vie et la libération, la santé et le bonheur, l'amour et la protection  des gens de milieu modeste. Mais il est né au creux de la crise sociale  qui affecte le Mexique contemporain où la mort s'actualise de plusieurs  manières: meurtres, assassinats, drogue, torture, viol.

     Du point  de vue historique, le culte contemporain de la Santa Muerte a pris son  essor de la sorcellerie dans l'état de Veracruz depuis les années 1960.  Mais il est lié aux célébrations populaires de la Fête des morts* du  premier novembre où foi chrétienne et manifestations folkloriques  forment un mélange de joyeuse extase. Cependant, la figure de la Santa  Muerte plongerait ses racines dans les croyances préhispaniques des  Aztèques qui vénéraient le dieu de la mort appelé Mictlantecuhtli* et  son épouse Mictecacihuatl

    «La Santísima muerte» http://www.monmexique.com/santa-muerte.htm

    «Santa Muerte» http://www.statemaster.com/encyclopedia/Santa-Muerte
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    La Santa Muerte, (Sainte Mort), une sainte Mexicaine Empty Re: La Santa Muerte, (Sainte Mort), une sainte Mexicaine

    Message  Arlitto Dim 11 Oct 2020 - 20:00

    Au Mexique, de plus en plus de dévots à la "Santa Muerte"




    Au  Mexique, où le pape François entame vendredi une visite de cinq jours,  le culte de la Santa Muerte bien que fermement rejeté par le Vatican,  est en plein essor.


    Reportage : la fête des morts au Mexique - ZAPPING NOMADE



    Extrait du documentaire "Festivals du monde : la fête des morts" réalisé par Deborah Perkin et diffusé sur France 5.

      La date/heure actuelle est Jeu 21 Nov 2024 - 11:33