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Ex-témoin de la watch Ven 16 Fév 2024 - 15:53
"On m’a volé 40 ans de ma vie" : Sophie Grimbert raconte l'embrigadement vécu chez les Témoins de Jéhovah
"Mes choix étaient constamment dictés par le fait qu’Armageddon arrivait demain et que je n’aurais pas le temps de vieillir." Photo La petite Elfe
J’avais, depuis pas mal de temps, des doutes par rapport aux dogmes qui étaient enseignés. En grandissant, j’ai eu de plus en plus accès aux livres et dès mes 13 ou 14 ans, j’ai essayé de poser des questions sur l’évolution, l’archéologie ou la datation de l’apparition de l’Homme sur la Terre... Le déluge était dur à accepter. Que les plus hautes montagnes soient recouvertes d’eau, je trouvais ça un peu fort !
L’école vous force à vous poser des questions. Mais les Témoins de Jéhovah avaient anticipé et donnaient des explications qui pouvaient tenir la route puisqu’on était complètement plongés dans leur façon de voir les choses. Ils disaient que c’était des pièges de Satan qui dirigeait le monde et aussi les scientifiques.
Dans mon livre, j’explique comment le processus d’embrigadement fait que je m’auto-censure. J’étais entourée de Témoins de Jéhovah que j’aimais et, comme je les aimais, je restais. Mais à un moment donné, mon corps m’a dit « stop ». J’avais des étouffements et tout ce que j’entendais à la salle me donnait envie de vomir.
Soit je me suicidais pour ne pas trahir ce qu’on m’avait appris, soit je déclenchais un tsunami. J’ai choisi la deuxième option.
J’ai commencé à travailler à mi-temps, je me suis inscrite au Cned. Je n’avais pas le bac car on nous disait qu’il fallait plutôt offrir sa jeunesse à Jéhovah. Mes choix étaient constamment dictés par le fait qu’Armageddon arrivait demain et que je n’aurais pas le temps de vieillir. Je suis partie habiter chez un collègue avec ma fille et j’ai été exclue. C’est très douloureux et c’est très violent.
Mais on vous a dit que vous pouviez revenir...
Oui, que si je revenais, ils seraient très contents de me revoir. C’est une forme de chantage affectif.
Quel est le mode de vie au quotidien d’un Témoin de Jéhovah ?
Ce sont des heures de réunion, d’études, de prédication... C’est un véritable mode de vie qui s’inscrit dans le retour au « vrai christianisme », qui aurait été dévoyé par la chrétienté dirigée par Satan et qui aurait inclus des cultes païens pour plaire à tout le monde. On nous dit : « Allez à l’école, apprenez les leçons, obtenez votre diplôme puis engagez-vous dans le service des pionniers (des prédicateurs bénévoles, NDLR). »
Et si vous avez désobéi à un commandement de Jéhovah, il faut avouer sa faute, se repentir, passer devant un comité judiciaire. Mon mari et moi, quand nous étions fiancés, avons commis la fornication. Il y a eu une réprimande privée puis un discours à la congrégation où il a été dit qu’il y a eu un péché. Et quand vous êtes les seuls jeunes mariés du coin, tout le monde comprend que c’est vous qui êtes réprimandé.
premium Une église évangélique, variante du protestantisme, s'ouvre tous les dix jours en FranceComment ont-ils su ?C’est nous qui leur avons dit ! On est tellement conditionnés qu’on pense que toute la congrégation va être pénalisée si nous n’avouons pas.Comment vous êtes-vous adaptée à cette nouvelle vie ?
J’ai fêté mon anniversaire, Noël, le jour de l’An... Des expériences nouvelles mais gâchées car elles n’avaient pas la même saveur que si j’avais connu cela petite. Je me suis rendu compte que j’étais passée à côté de beaucoup de petits plaisirs, que j’avais été plongée très tôt dans des choses très lourdes à porter - avec cette peur de la fin du monde - qu’on m’avait volé 40 ans de ma vie.
"Si vous vous arrêtez, ils vont vous proposer une étude biblique, vous poser des questions pour savoir quelles sont vos préoccupations…" Photo Corentin Garault
Il a fallu que j’apprenne des codes : même si on n’est pas coupé du monde, mentalement, on est dans une prison et quand on en sort, il y a beaucoup de travail à faire. En reprenant mes études, je me suis épanouie, j’ai lu plein de choses, j’ai cherché des réponses… C’est pas possible, tout ce que j’ai découvert ! J’ai vécu ma vie en personne autonome, libre de choisir, autant que faire se peut. Car si je suis un esprit libre, je ne suis pas vraiment une femme libre. Car qui peut se vanter de l’être ? On met cette liberté à toutes les sauces mais cela me fait rire, on doit bien gagner de l’argent… Je pensais être libérée de certains carcans et je me rends compte qu’ils existent partout.
À part cela, j’essaie d’être une citoyenne, engagée, responsable. Mes luttes ne sont pas finies et le retour au religieux m’inquiète beaucoup.Pour le grand public, les Témoins de Jéhovah, ce sont ces personnes discrètes que l’on croise sur les marchés ou devant les gares, avec un présentoir devant eux. Qu’attendent-ils ?
Si vous vous arrêtez, ils vont vous proposer une étude biblique, vous poser des questions pour savoir quelles sont vos préoccupations… Si vous dites que vous venez de perdre votre mère, ils vont embrayer sur l’espérance en la résurrection. Ils sont formés pour, psychologiquement, s’adapter, faire parler les gens et leur porter les merveilleuses nouvelles de la Bible.
C’est une organisation mondiale de prédication qui pense représenter les vrais chrétiens et qui doit, sous peine de dette de sang, faire du prosélytisme à mort. Moi, j’ai connu l’époque où on allait de porte en porte.En librairie. Une vie d’enfer, le combat d’une femme pour en sortir, de Sophie Grimbert. Aux éditions Max Milo,Propos recueillis par Pauline Mareixhttps://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/on-ma-vole-40-ans-de-ma-vie-sophie-grimbert-raconte-l-embrigadement-vecu-chez-les-temoins-de-jehovah_14406051/
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Tout ce que vous avez dit en secret sera crié sur les toits en terrasse - Luc 13:3. C'est bien ce qui se passe avec internet depuis une bonne dizaine d'années
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"Une vie d'enfer" de Sophie Grimbert aux éditions Max Milo.
fils depuis des années ainsi que mes petit enfants . Une manipulation inouïe. Je suis juste une mamie normale, et pleins d'amour. 
