Canon de Muratori
Pourquoi Canon ? À l’origine, le roseau (héb. : qanèh) servait de règle ou d’instrument de mesure (Éz 40:3-8; 41:8 ; 42:16-19). L’apôtre Paul appliqua le mot kanôn au " territoire " mesuré qui lui était attribué, ainsi qu’à la " règle de conduite " au moyen de laquelle les chrétiens devaient mesurer leurs manières d’agir (2Co 10:13-16 ; Ga 6:16). Le "canon de la Bible" en vint à désigner le catalogue des livres divinement inspirés dignes de servir de règle en matière de foi, de doctrine et de conduite.
Un article sur le Canon de Muratori :
Une confirmation ancienne du canon biblique
CHAQUE ligne semble avoir été écrite tout spécialement pour stimuler la curiosité de qui porte un certain intérêt à l’histoire du christianisme primitif. ” Voilà ce qui a été dit au sujet d’un document de l’Antiquité. Savez-vous lequel ?
Il s’agit du Canon de Muratori. Que vous en ayez entendu parler ou non, vous vous demandez peut-être ce que ce document a de particulier.
C’est, à ce jour, le plus vieux canon, c’est-à-dire la plus vieille liste faisant autorité, des livres des Écritures grecques chrétiennes.
Si l’appartenance de certains livres à la Bible est pour vous une évidence, vous serez alors surpris d’apprendre qu’il fut un temps où des doutes existaient quant à leur canonicité.
Le Canon de Muratori dresse la liste des écrits considérés comme inspirés. Le contenu exact de la Bible est d’une importance primordiale, vous en conviendrez. Que révélait donc le Canon de Muratori concernant les livres qui constituent aujourd’hui les Écritures grecques chrétiennes ? Intéressons-nous tout d’abord aux origines de ce document.
Sa découverte
Le Canon de Muratori fait partie d’un codex de 76 feuilles de parchemin, mesurant chacune 17 centimètres sur 27. Il doit son nom à Ludovico Antonio Muratori (1672-1750), célèbre historien italien, qui l’a découvert à la Bibliothèque ambrosienne de Milan (Italie) et l’a publié en 1740.
Il semble que le codex ait été rédigé au VIIIe siècle, dans l’ancien monastère de Bobbio, près de Piacenza, dans le nord de l’Italie. Il a été transféré à la Bibliothèque ambrosienne au début du XVIIe siècle.
Le Canon de Muratori se compose de 85 lignes de texte qui se situent sur les feuilles 10 et 11 du codex. Le texte, en latin, a été de toute évidence copié par un scribe peu méticuleux. Mais on a identifié certaines de ses erreurs en comparant le document avec quatre manuscrits du XIe et du XIIe siècle contenant le même passage.
Quand a-t-il été écrit ?
Vous vous demandez peut-être à quand remonte la rédaction originelle des informations contenues dans le Canon de Muratori. Apparemment, le texte original a été écrit en grec plusieurs siècles avant le Canon, qui est de fait sa traduction en latin. Un indice permet de déterminer plus précisément la date de rédaction. Le Canon de Muratori mentionne un livre non biblique, le Pasteur, et déclare qu’un homme du nom d’Hermas l’a écrit “ bien plus récemment, en nos temps, [...] à Rome ”. Or, les historiens situent la version finale du Pasteur d’Hermas entre 140 et 155 de notre ère. Voilà pourquoi on estime que le texte grec original, repris en latin dans le Canon de Muratori, a été rédigé entre 170 et 200 de notre ère.
Les allusions directes et indirectes à Rome donnent à penser que le texte a été écrit dans cette ville. En revanche, l’identité de l’auteur ne fait pas l’unanimité. On a évoqué Clément d’Alexandrie, Méliton de Sardes et Polycrate d’Éphèse. Mais la plupart des historiens optent pour Hippolyte, un auteur prolifique qui écrivait en grec et qui vivait à Rome au moment de la rédaction supposée du manuscrit original. Quoiqu’il en soit, vous voudrez sans doute en savoir plus sur le précieux contenu du Canon de Muratori.
Les renseignements qu’il contient
Le texte ne se limite pas à une liste des livres des Écritures grecques chrétiennes. Il fait quelques remarques sur ces livres et sur leurs auteurs respectifs. En lisant le manuscrit, on constate que les premières lignes manquent et qu’il se termine de façon abrupte.
Il commence par mentionner l’Évangile de Luc et ajoute que l’auteur de ce livre de la Bible était médecin (Colossiens 4:14). Étant donné qu’il précise qu’il s’agit du troisième Évangile, on en déduit que la partie initiale manquante faisait allusion à ceux de Matthieu et de Marc. Une conclusion qu’atteste la suite du document, selon laquelle le quatrième Évangile est celui de Jean.
Le Canon de Muratori confirme que le livre des Actes d’apôtres a été écrit par Luc pour le “ très excellent Théophile ”. (Luc 1:3 ; Actes 1:1.)
Puis il énumère les lettres de l’apôtre Paul aux Corinthiens (deux), aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Galates, aux Thessaloniciens (deux), aux Romains, à Philémon, à Tite et à Timothée (deux). La lettre de Jude et deux lettres de Jean sont également mentionnées comme des livres inspirés.
La première lettre de l’apôtre Jean est citée plus haut, en même temps que son Évangile. L’Apocalypse, ou Révélation, clôt cette liste des livres considérés comme inspirés.
Autre détail intéressant : le Canon parle d’une Apocalypse de Pierre, mais il ajoute que, selon certains, les chrétiens ne devraient pas la lire. L’écrivain met en garde le lecteur contre de faux écrits qui circulaient déjà à son époque.
Le Canon de Muratori explique qu’il ne faut pas les accepter, car “ le fiel [...] ne doit pas être mélangé avec le miel ”.
Il fait aussi allusion à d’autres textes qui ne faisaient pas partie des écrits sacrés parce que leur rédaction était soit postérieure aux temps apostoliques, comme le Pasteur d’Hermas, soit destinée à soutenir des hérésies.
Vous vous êtes sans doute aperçu que la lettre aux Hébreux, les deux lettres de Pierre et celle de Jacques ne figurent pas dans ce catalogue des livres authentiques de la Bible. Toutefois, après s’être exprimé sur les compétences du scribe qui a copié le manuscrit, le professeur Geoffrey Mark Hahneman fait observer qu’il est “ raisonnable de penser que le Canon faisait allusion à d’autres références aujourd’hui perdues, et que parmi elles figuraient Jacques et Hébreux (et 1 Pierre) ”. — Le codex de Muratori et le canon biblique (angl.).
Le canon de Muratori confirme donc que la plupart des livres qui appartiennent aujourd’hui aux Écritures grecques chrétiennes étaient déjà considérés comme canoniques au IIe siècle de notre ère.
Pourquoi Canon ? À l’origine, le roseau (héb. : qanèh) servait de règle ou d’instrument de mesure (Éz 40:3-8; 41:8 ; 42:16-19). L’apôtre Paul appliqua le mot kanôn au " territoire " mesuré qui lui était attribué, ainsi qu’à la " règle de conduite " au moyen de laquelle les chrétiens devaient mesurer leurs manières d’agir (2Co 10:13-16 ; Ga 6:16). Le "canon de la Bible" en vint à désigner le catalogue des livres divinement inspirés dignes de servir de règle en matière de foi, de doctrine et de conduite.
Un article sur le Canon de Muratori :
Une confirmation ancienne du canon biblique
CHAQUE ligne semble avoir été écrite tout spécialement pour stimuler la curiosité de qui porte un certain intérêt à l’histoire du christianisme primitif. ” Voilà ce qui a été dit au sujet d’un document de l’Antiquité. Savez-vous lequel ?
Il s’agit du Canon de Muratori. Que vous en ayez entendu parler ou non, vous vous demandez peut-être ce que ce document a de particulier.
C’est, à ce jour, le plus vieux canon, c’est-à-dire la plus vieille liste faisant autorité, des livres des Écritures grecques chrétiennes.
Si l’appartenance de certains livres à la Bible est pour vous une évidence, vous serez alors surpris d’apprendre qu’il fut un temps où des doutes existaient quant à leur canonicité.
Le Canon de Muratori dresse la liste des écrits considérés comme inspirés. Le contenu exact de la Bible est d’une importance primordiale, vous en conviendrez. Que révélait donc le Canon de Muratori concernant les livres qui constituent aujourd’hui les Écritures grecques chrétiennes ? Intéressons-nous tout d’abord aux origines de ce document.
Sa découverte
Le Canon de Muratori fait partie d’un codex de 76 feuilles de parchemin, mesurant chacune 17 centimètres sur 27. Il doit son nom à Ludovico Antonio Muratori (1672-1750), célèbre historien italien, qui l’a découvert à la Bibliothèque ambrosienne de Milan (Italie) et l’a publié en 1740.
Il semble que le codex ait été rédigé au VIIIe siècle, dans l’ancien monastère de Bobbio, près de Piacenza, dans le nord de l’Italie. Il a été transféré à la Bibliothèque ambrosienne au début du XVIIe siècle.
Le Canon de Muratori se compose de 85 lignes de texte qui se situent sur les feuilles 10 et 11 du codex. Le texte, en latin, a été de toute évidence copié par un scribe peu méticuleux. Mais on a identifié certaines de ses erreurs en comparant le document avec quatre manuscrits du XIe et du XIIe siècle contenant le même passage.
Quand a-t-il été écrit ?
Vous vous demandez peut-être à quand remonte la rédaction originelle des informations contenues dans le Canon de Muratori. Apparemment, le texte original a été écrit en grec plusieurs siècles avant le Canon, qui est de fait sa traduction en latin. Un indice permet de déterminer plus précisément la date de rédaction. Le Canon de Muratori mentionne un livre non biblique, le Pasteur, et déclare qu’un homme du nom d’Hermas l’a écrit “ bien plus récemment, en nos temps, [...] à Rome ”. Or, les historiens situent la version finale du Pasteur d’Hermas entre 140 et 155 de notre ère. Voilà pourquoi on estime que le texte grec original, repris en latin dans le Canon de Muratori, a été rédigé entre 170 et 200 de notre ère.
Les allusions directes et indirectes à Rome donnent à penser que le texte a été écrit dans cette ville. En revanche, l’identité de l’auteur ne fait pas l’unanimité. On a évoqué Clément d’Alexandrie, Méliton de Sardes et Polycrate d’Éphèse. Mais la plupart des historiens optent pour Hippolyte, un auteur prolifique qui écrivait en grec et qui vivait à Rome au moment de la rédaction supposée du manuscrit original. Quoiqu’il en soit, vous voudrez sans doute en savoir plus sur le précieux contenu du Canon de Muratori.
Les renseignements qu’il contient
Le texte ne se limite pas à une liste des livres des Écritures grecques chrétiennes. Il fait quelques remarques sur ces livres et sur leurs auteurs respectifs. En lisant le manuscrit, on constate que les premières lignes manquent et qu’il se termine de façon abrupte.
Il commence par mentionner l’Évangile de Luc et ajoute que l’auteur de ce livre de la Bible était médecin (Colossiens 4:14). Étant donné qu’il précise qu’il s’agit du troisième Évangile, on en déduit que la partie initiale manquante faisait allusion à ceux de Matthieu et de Marc. Une conclusion qu’atteste la suite du document, selon laquelle le quatrième Évangile est celui de Jean.
Le Canon de Muratori confirme que le livre des Actes d’apôtres a été écrit par Luc pour le “ très excellent Théophile ”. (Luc 1:3 ; Actes 1:1.)
Puis il énumère les lettres de l’apôtre Paul aux Corinthiens (deux), aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Galates, aux Thessaloniciens (deux), aux Romains, à Philémon, à Tite et à Timothée (deux). La lettre de Jude et deux lettres de Jean sont également mentionnées comme des livres inspirés.
La première lettre de l’apôtre Jean est citée plus haut, en même temps que son Évangile. L’Apocalypse, ou Révélation, clôt cette liste des livres considérés comme inspirés.
Autre détail intéressant : le Canon parle d’une Apocalypse de Pierre, mais il ajoute que, selon certains, les chrétiens ne devraient pas la lire. L’écrivain met en garde le lecteur contre de faux écrits qui circulaient déjà à son époque.
Le Canon de Muratori explique qu’il ne faut pas les accepter, car “ le fiel [...] ne doit pas être mélangé avec le miel ”.
Il fait aussi allusion à d’autres textes qui ne faisaient pas partie des écrits sacrés parce que leur rédaction était soit postérieure aux temps apostoliques, comme le Pasteur d’Hermas, soit destinée à soutenir des hérésies.
Vous vous êtes sans doute aperçu que la lettre aux Hébreux, les deux lettres de Pierre et celle de Jacques ne figurent pas dans ce catalogue des livres authentiques de la Bible. Toutefois, après s’être exprimé sur les compétences du scribe qui a copié le manuscrit, le professeur Geoffrey Mark Hahneman fait observer qu’il est “ raisonnable de penser que le Canon faisait allusion à d’autres références aujourd’hui perdues, et que parmi elles figuraient Jacques et Hébreux (et 1 Pierre) ”. — Le codex de Muratori et le canon biblique (angl.).
Le canon de Muratori confirme donc que la plupart des livres qui appartiennent aujourd’hui aux Écritures grecques chrétiennes étaient déjà considérés comme canoniques au IIe siècle de notre ère.